AVANT-PROPOS : Nous faisons un bond de sept ans dans le futur, en imaginant la probable évolution de nos personnages. Certains faits ne sont pas totalement avérés et nous permettent de garder quelques points en suspens. Ne sachant pas comment le couple Bryan/Ida évoluera mais imaginant quand même Ida en couple, j’utiliserai le nom de Ryan (Bryan, Ryan… vous voyez le truc) pour parler de son compagnon. Bref. Enjoy!
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7 Years Later,
Je me remet à me ronger les ongles. C’est fou, ça ne m’avait pas pris depuis mon divorce avec Thomas. Les médecins m’ont ordonné le repos et le stress ne joue pas en ma faveur. Un mois sans rien pouvoir faire, ça me rend dingue. Je sais que c’est de la folie de re-tomber enceinte à mon âge. Le bébé a l’air d’aller bien, malgré qu’il ne soit bien accroché au placenta. J’ai dû arrêter de travailler prématurément, au plus grand regret de Paola. J’étais moi-même triste de devoir quitter quelques temps la boîte, d’autant plus que j’adorais ce que je faisais. Pourtant Ryan et moi, voulions cet enfant. Nous en avions longtemps discuté et malgré les risques que cela pouvait engendrer, nous voulions ce bébé. Si Clara a sauté au plafond en apprenant la nouvelle, Alex lui n’a rien dit. Dans le fond, je m’en veux que mon fils se referme autant. Bien que nos relations avec Thomas et Myrddin se soient nettement améliorées, il nous en veut encore de lui avoir fait subir la séparation. Après tout, ce n’était qu’un enfant, on aurait dû mieux le préserver de nos disputes. Avec l’âge, je me rend compte qu’être parent n’est pas toujours une tâche facile. J’en ai souvent voulu à ma mère. Et puis l’année dernière, j’ai appris sa mort par un proche. J’ai remis les pieds à Oslo après presque vingt ans d’absence. J’en ai ressenti le besoin. Je voulais faire mes adieux à cette mère que j’ai très souvent détesté. J’ai voulu tourner la page sur des moments de ma vie qui n’avaient pas été facile à vivre. J’ai pu compter sur le soutien de Ryan mais également de Thomas et de Myrddin.
J’ai cru qu’en revenant, je serais moins en colère. Dans le fond, ça m’a fait bizarre de revenir chez moi. De notre maison, rien n’avait changé. Je pensais que peu de monde n’allait la regretter. Je fus surprise de voir qu’elle avait essayé de s’en sortir. Des centaines de personnes avaient fait le déplacement. J’ai voulu rester en retrait, après tout j’ignorais tout de cette bonne femme. Tout ce dont je me rappelais, c’était l’adolescence cauchemardesque qu’elle m’avait fait subir. Pendant des années, j’avais appris à la détester. Je lui en voulais du mal qu’elle m’avait causé. Après tout, nous étions l’une pour l’autre notre seule famille et elle n’avait pas su me préserver. Et pourtant, lorsque je me suis approchée de son cercueil, j’ai éclaté en larmes. C’était bien elle, quelques rides en plus et une magnifique chevelure argenté, dormant là, paisiblement dans cette petite boite en sapin. Elle était radieuse. Une vieille dame est venue par la suite me consoler. Je ne suis pas restée plus de trois jours à Oslo. La réalité a été trop éprouvante pour moi, et la dernière image que j’ai eu de ma mère ne correspondait pas à celle que je m’étais faites. Elle avait changé. Elle était aimée et appréciée de beaucoup de personnes. Elle avait rejoins un bons nombres d’associations caritatives pour venir en aide aux plus démunies. Son cancer l’avait tué, elle avait refusé de suivre de traitement. Personne n’a réussi à lui faire changer d’avis. J’aurais pu creuser encore et encore dans mon passé, profiter de ce bref passage à Oslo pour essayer de comprendre certaines choses mais j’ai jugé que ma place était mieux auprès des miens. Clara, Alex, Ryan, Thomas, Myrddin, Arthur et le futur bébé sont ma famille, malgré les hauts et les bas que nous avons eu, nous seront à jamais tous liés.
« Je m’inquiète, Alex n’est toujours pas rentré. » dis-je à Ryan qui ne semble pas plus inquiété que ça : « Il n’est que 20 heures, il doit surement être avec ses copains, tu t’inquiètes trop pour rien. » Il a surement raison, je suis trop protectrice avec mes enfants et j’ai du mal à les laisser grandir. La veille, au diner, Ryan et Alex se sont disputés. Alex n’accepte aucune autorité sur lui et encore moins de Ryan. Il s’amuse à me taquiner et à jouer avec mes nerfs. J’ai de moins en moins de contrôle sur mon adolescent, il pousse les limites pour voir jusqu’où il peut les franchir. Il prend un malin plaisir à me punir parfois. J’ai toujours fait en sorte d’être une bonne mère mais j’ai parfois fauté. J’ai du mal à lui tenir tête mais son comportement m’agace et m’attriste. Il sait comment me faire crier. J’angoisse aussi, et malheureusement toutes ces crises sont mauvaises pour le bébé. Malgré que ce soit mes enfants, Ryan est parfois obligé d’intervenir. Et c’est là qu’Alex prend le plus de plaisir. Il tient tête à son beau-père, pousse ses nerfs à bout. De toute façon, qu’est ce qu’il pourrait bien lui faire. A l’école, ses notes ont complètement flanché. On a beau sanctionné, rien n’y fait, il continue son jeu de provocation. Ce n’est qu’à 21 heures que Ryan enfile son blouson pour aller le chercher dans le quartier. Son téléphone est éteint et je suis à deux doigts d’appeler les flics. Il a l’habitude de se retrouver avec des copains prêt du parc pour faire du skateboard. A 22 heures, toujours rien. Ryan le cherche encore. J’ai essayé de joindre plusieurs fois Thomas sur son portable. Après tout, il est peut être chez son père mais j’ai une mauvaise présentement. Le téléphone de Thomas sonne plusieurs fois sans répondre. J’essaye le fixe, ce n’est qu’au bout de quelques seconde que l’on me répond. Au bout du fil, c’est Myrddin. Il voit à ma voix que ça ne va pas, dans le fond, je suis contente d’être tombée sur lui. Je lui explique la situation. Alex rentre toujours à 19 heures. Ça ne lui ressemble pas de rester aussi tard à l’extérieur, quelque chose lui est surement arrivé.
Je me sens prisonnière dans cette maison et déchirée entre la vie de mon bébé et celle de mon adolescent. Je suis au septième mois de grossesse. Je devrais rester assise, comme me l’a ordonné le médecin. Au lieu de ça, je reste debout, le téléphone à la main scrutant par la fenêtre l’arrivée éventuelle d’Alex. Au bout de quelques minutes, c’est Myrddin et Thomas que je vois arriver. Je m’empresse de leur ouvrir la porte.
Dernière édition par Ida Beauregard le Mer 1 Fév 2017 - 20:40, édité 1 fois
AVANT-PROPOS : Nous faisons un bond de sept ans dans le futur, en imaginant la probable évolution de nos personnages. Certains faits ne sont pas totalement avérés et nous permettent de garder quelques points en suspens. Thomas et Myrddin sont toujours ensemble (ils ne se quitteront plus les petits choux ), Thomas est professeur dans la Navy, Myrddin réussi bien dans sa carrière d'acteur, Arthur et Clara ont tous les deux 8 ans et s'aiment comme frère et sœur. Voilà, have fun !
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7 Years Later,
Une bonne petite soirée en perspective. En compagnie de Myrddin, Arthur et même Nathan, je me trouve dans notre duplex pour fêter le nouvel achat. Les papiers ont été signé à l'instant et nous sommes sur le point de trinquer. Car oui, alors que pendant plusieurs années Myrddin et moi n'avons jamais investi dans l'immobilier, préférant notre liberté et ne sachant pas si nous resterons éternellement à Brisbane. Le métier de mon amant étant très prenant et moi essayant de le suivre le plus souvent possible lors de ses déplacements en Australie ou en Nouvelle Zélande mais aussi en Europe sur différent lieux de tournages, nous aurions presque élu domicile sur la route. Nous avons, finalement, vécu un peu partout en Australie pendant tout le temps où Arthur n'avait pas besoin d'aller à l'école. Ce n'est que lorsqu'il a eu 5 ans que je suis rester plus souvent à Brisbane histoire d'assurer la scolarité du petit. C'est là que j'ai donc réellement repris le travail moi aussi. J'avoue que le statut de professeur dans la royal Navy me convient totalement. Je forme les jeunes recrues et interagir avec eux est quelque chose de formidable.
En tout et pour tout, ma vie avec Myrddin ne pourrait pas être plus parfaite. Ma relation avec Ida s'est très bien arrangée, celle avec Nathan aussi. D'ailleurs, entre nous, c'est lui qui a le plus évolué ces dernières années. Si bien que j'ai du mal à me dire qu'il a un jour été ce gamin trop naïf et trop gentil qui me faisait régulièrement sortir de mes gonds. Maintenant, il marche, est en dernière année d'architecture et s'est carrément épanouie dans ses études. Et puis il fait un parrain carrément parfait pour Arthur. Gentil, patient, agréable, il est le genre de parrain chez qui Arthur va chercher refuge lorsque ses pères sont trop méchants à ses yeux.
Le petit Arthur, lui, c'est un rayon de soleil quoiqu'on sente que les changements qu'il a vécu dans la première année de sa vie l'ont pas mal affecté. Il est très calme, très gentil, mais quelque peu apeuré. Il semble avoir développé une sorte de peur de l'abandon et est très accroché à Myrddin. Ça commence a aller mieux, mais ce n'est toujours pas ça. Parfois, lorsque Myrddin part en tournage et que nous ne pouvons pas le suivre, Arthur se referme sur lui et ne s'ouvre à nouveau que lorsque son papa revient à la maison. Nous sommes déjà aller voir un psychologue pédiatrique avec lui et il nous a pas mal aider malgré tout.
Souvent, lorsque je n'arrive plus atteindre Arthur, qu'il s'enferme dans son mutisme, c'est Clara qui réussi l'impossible. Clara, cette adorable petit fille. Avec Arthur, ils ont le même âge, et je savais qu'ils s'entendraient à merveille. Des caractères totalement opposé, mais c'est ce qui fait leur force à tous les deux. Clara, elle gère admirablement bien ses problèmes cardiaque, est déjà pas mal indépendante avec son traitement à prendre, mais ne connaît pas encore ses limites. Et j'avoue que je crains réellement le moment où elle les dépasseras, ces limites. Mais elle reste une petite fille très populaire, qui a beaucoup d'amis, qui est aimé par tout le monde, très ouverte et très expressive. Mais ses seule et unique loyautés vont à Arthur et son grand frère, Alex.
Alex, ce fils que j'aime tellement. Mais ce fils qui commence à nous faire beaucoup de soucis, à Ida et a moi. Notre divorce l'a bien plus marqué qu'on ne le pensait. Il a 14 ans, va sur ses 15 ans, et ça ne va pas du tout dans sa vie. Ses crises sont de plus en plus fréquentes, ses notes sont en chutes libres, il devient insolent et par dessus tout, il ne supporte plus l'autorité. Encore moins celle de Ryan, le nouveau copain d'Ida. Entre Ryan et moi, ça a longtemps été tendu, mais ça doit faire un an à peu près, que nous nous entendons de mieux en mieux. Encore plus depuis que j'ai appris pour la grossesse de mon ex femme. Au lieu d'être choqué, j'ai été super content pour elle. Je savais qu'elle voulait un nouvel enfant avec Ryan et je l'ai donc soutenu, dans tout ce qu'elle faisait. Même lorsqu'elle est reparti en Oslo pour l'enterrement de sa mère. J'aurais vraiment voulut allez avec elle, mais obligation familiale oblige, j'ai été obligé de rester ici. Enfin, peu importe.
C'est justement cet Alexander qui nous fait la misère encore aujourd'hui. Alors que j'étais tranquillement assis sur le canapé avec Myrddin, Nathan ayant prit place au sol pour construire des maisons en Légo avec Arthur, je n'entends pas mon portable qui est entrain de charger dans la cuisine. Et lorsque le fixe sonne, c'est Myrddin qui y réponds. Je n'ai pas besoin de longtemps avant de comprendre que quelque chose ne va pas. Et c'est le cas. En revenant, il m'explique rapidement qu'Alex n'est pas rentré à la maison ce soir. Il ne m'en faut pas longtemps pour réagir. Je me lève brusquement et renverse une partie de ma bière sur la table. Je grogne, jure contre moi-même puis va chercher une éponge et revient au salon. Mon regard se pose sur Arthur et je soupire, me disant qu'il ne peut vraiment pas venir avec nous.
«Laisse, je m'en occupe » me dis Nathan qui s'est levé pour attraper l'éponge que je tiens en main. Son regard se tourne vers Myrddin puis vers Arthur et il hoche la tête «je reste ici pour m'occuper d'Arthur aussi » il reporte son attention sur moi «Allez-y tous les deux, maintenant » dit-il sur un ton assez ferme. Je cligne quelque peu des yeux et si j'avais le temps je l'aurais pris dans mes bras mais je lui laisse simplement l'éponge et je sors dans le couloir. «tenez moi au courant ! » entendais-je encore Nathan nous lancer avant de refermer la porte derrière nous.
Avec Myrddin, nous ne mettons pas longtemps avant d'arriver chez Ida. Nous entrons directement, sans frapper et je me dirige vers mon ex femme qui me semble totalement paniqué. «Ida ... » soufflais-je en m'approchant d'elle pour la prendre furtivement dans mes bras « Qu'est-ce qui s'est passé ? T'as une idée pourquoi il est parti ? Tu l'as appelé sur son portable ? Tu sais où il était ? Avec qui il était ?» toutes ces questions sortent de ma bouche sans que je ne puisse les retenir. Mais putain on parle de mon fils quoi ! « T'as appelé les flic ?» demandais-je. Lorsqu'elle secoue la tête, je plonge ma main dans la poche de mon pantalon et remarque avec horreur que j'ai oublié mon portable dans la cuisine chez moi.
Fort heureusement, Myrddin est doté de pouvoir télépathique et c'est son portable à lui qui arrive dans mon champs de vision. Je lui adresse un très rapide sourire et attrape son téléphone alors que je compose le numéro de la police pour signaler la disparition d'Alex.
Et dire qu’il fût un temps où je n’imaginais pas avoir une vie de famille. Encore jeune, j’étais bien trop pris par ma carrière de comédien, et personne ne m’avait donné envie de ne serait-ce que penser à avoir un enfant. Ensuite vint la dépression cette année de vide ; et puis les retrouvailles avec Thomas ont fait tourner la roue. La difficulté des débuts n’était qu’un bien mince prix à payer comparé au bonheur de ces dernières années. A présent je peux dire que je ne regrette rien, car mon chemin m’a donné un fils merveilleux, inespéré.
Et à présent, avec Thomas, nous faisons notre premier achat immobilier. La signature a eu lieu à peine plus tôt, et c’est avec Nathan en plus que nous trinquons à cette nouvelle étape. Pendant quelques années, Tom, Arthur et moi, avons quasiment fait le tour de l’Australie, passant par le Royaume-Uni pour quasiment un an cumulé, et plusieurs mois en Nouvelle-Zélande. J’ai eu droit à quatre bonnes années de vadrouille, de tournages en pièces de théâtre, renouant avec un métier dont le manque aurait rendu ma vie incomplète. La première année de reprise fût essentiellement à Brisbane, et puis ça a pris. Les castings, les appels, les tournages, les répétitions, les représentations... Je dois faire avec mes défaillances de mémoire, mais elles se font rares, et puis, concentré sur le bonheur de mon petit Arthur, je n’ai plus le temps de déprimer de tout. Thomas m’avait surpris en acceptant de me suivre au maximum au début. J’avais déjà prévu d’embarquer Arthur le plus possible. Finalement, Tom a facilité grandement les choses. Ce qui me manquait pour trouver un équilibre en vie professionnelle et personnelle, c’était simplement un Thomas, qui se montrerait patient...
Cette vie avait été merveilleuse, j’en ai énormément profité. Ce fût aussi très bon pour Arthur, qui s’éveilla de mille façons. Il n’alla pas à l’école avant que ce fût obligatoire, et pourtant il commença à lire avant d’entrer à l’école. J’ai conscience d’avoir reproduit un certain schéma ; comme ma mère me donna le goût de la culture, par les histoires et l’imagination, je fis de même avec mon fils. Je m’occupais de lui dès que mon travail me le permettait, et bien souvent il me suivait sur les tournages, son calme olympien étant bien pratique pour le faire accepter. Il suffisait qu’il me voie ou m’entende pour devenir un petit ange de sérénité, d’autant que me voir « ne pas être moi » le fascinait. Et il gagnait le cœur de tout équipe technique, personne ne lui résistait. Lorsqu’il lui fallut prendre le chemin des classes, nous choisîmes Brisbane comme point de chute. Thomas reprit alors le travail du même coup, comme professeur dans la Royal Navy, et cela lui convient plus que parfaitement. J’ai continué ma carrière en ralentissant nettement sur l’étranger, et restai de plus en plus dans les environs de Brisbane. A présent, c’est lorsque je vais plus loin que Sydney que la situation est exceptionnelle. Tout cela nous amenant à investir, et acheter pour la première fois un « chez nous », comme l’appelle Arthur.
Malgré les années, il a toujours autant peur de l’abandon. Nous sommes fusionnels, sans aucun doute. Lorsque je dois m’absenter, il se referme parfois à tel point que même Thomas n’arrive plus à rien. Et ça dure jusqu’à mon retour. Ceci dit, c’est beaucoup moins violent qu’avant. D’une part car j’évite de partir trop loin ou trop longtemps, et d’autre part car un pédopsychiatre nous a bien aidé. Mais il y a une petite qui sait toujours y faire avec Arthur : Clara. Ils sont très proches, ayant grandi ensemble. Leurs caractères se sont révélés très différents – c’est une petite viking en herbe, je ne l’imagine pas autrement, qui combine le caractère franc de son père et l’indépendance de sa mère –, mais de la même façon que pour ma relation avec Nathan, cela marche d’autant mieux.
Comme quoi, notre vie est parfaite. Savourer ces petits instants de bonheur fait que la globalité devient idéale. Même nos liens avec Ida se sont vraiment améliorés. Elle et son copain – que Tom a appris à apprécier –, attendent un bébé, dont le terme est prévu pour dans deux mois. Cela a été reçu comme une très bonne nouvelle, de la part de tout le monde, sauf d’Alex. Alors que même Arthur a bien réagi, après tout le nouveau venu ne prendrait pas ses papas, et puis Clara était heureuse, alors ça lui allait. C’est ce qu’il m’a dit. Ces dernières années, cette famille en morceau s’est retrouvée unie, petit à petit. Nathan est inclus, pour moi, jouant son rôle de tonton à merveille. Soit.
Notre souci principal, surtout pour Ida et Thomas, c’est le comportement du jeune Alexander qui entre dans l’adolescence de façon turbulente. Le divorce l’a beaucoup plus impacté qu’on pouvait le penser. Il ne supporte plus l’autorité, il malmène sa mère alors que ce n’est pas le moment, ses notes dégringolent. Tom a quelques bribes d’autorité encore, mais pas assez pour rectifier convenablement son comportement. Pour ma part je reste en soutien, n’ayant jamais agis plus que mon rôle de compagnon de son père. Sauf une fois. Au début, il n’avait pas accepté l’arrivée d’Arthur, cela avait amené des gestes et un comportement de sa part qui lui avait valu une très sévère remise à l’ordre, de ma part. Il n’a plus jamais recommencé, et il apprécie maintenant Arthur, notamment parce que Clara aime autant l’un que l’autre. Autrement je ne m’immisce pas dans l’éducation de l’adolescent, et seuls les récits de Thomas me font souhaiter que le temps s’arrête pour que jamais mon petit ours ne vive cet âge difficile. Ou tout du moins, qu’il me ressemble à ce niveau-là et ne fasse pas plus de vagues que nécessaire.
Lorsque le téléphone fixe sonne, je me demande tout d’abord qui cela peut bien être, à une heure pareille. 22h, j’allais coucher Arthur, qui a eu droit à carrément plus de temps pour profiter de son parrain. Décrochant, je le vois même bailler. Dieu soit loué, la fatigue ne se montre que rarement synonyme de crises de pleurs chez lui. Mais la voix d’Ida me tire bien vite de ses pensées. Elle me raconte tout, et je lui assure que nous arrivons. Je m’empresse d’expliquer la situation à Thomas ; Alex n’est pas rentré, et demeure introuvable. Dans son élan, Tom renverse un peu de sa bière, mais Nathan vient à la rescousse. De plusieurs manières. Il s’occupe de la table basse et d’Arthur, ce dernier, voyant bien qu’il y a de l’agitation dans l’air, me regarde avec de grands yeux. Je m’approche de lui, et il vient m’enserrer la taille de ses bras avec force. Je le rassure, lui explique que nous allons retrouver Alexander et que tout ira bien. En attendant, pour nous faciliter la tâche, il doit rester avec Nathan. Je l’embrasse une dernière fois sur la joue, puis file à la suite de Thomas.
Plus rapidement que jamais, nous nous retrouvons devant la maison d’Ida. Cette dernière est déjà dans l’entrée, nous ayant vu arriver. Je referme simplement la porte derrière nous, laissant Tom parler le premier. J’ai bien envie de lui dire de ralentir le rythme, mais je le vois finalement chercher son portable. Sa main ressort bredouille de sa poche et avant même qu’un juron ne sorte de sa bouche, je lui tends mon propre portable. Il m’offre un léger sourire de remerciement avant de chercher à contacter la police, chose que n’avait pas encore faite Ida. Pendant ce temps de répit, je vais prendre la femme dans mes bras. Nous sommes tous les deux parents, je ne peux que comprendre sa peine et imaginer son désarroi. L’arrivée d’Arthur a mis en perspective beaucoup de choses, et je crois que ça beaucoup aidé à améliorer l’idée que j’avais d’elle. Je me sépare d’elle, gardant une main sur son bras.
— Ryan est allé le chercher c’est ça ? Tu as des nouvelles de sa part ? demandais-je avec calme. Certes, il est plus facile de ne pas paniquer quand ce n’est pas la chair de ta chair qui a disparu, mais ils ont aussi besoin de ça pour ne pas se laisser submerger par le stress. On va le retrouver, ne t’inquiète pas. C’est certain. On est là, Ida, on est tous ensemble, ok ? dis-je pour essayer de la détendre un peu. Le stress n’est pas bon pour une femme enceinte, et elle n’a pas dû arrêter le travail plus tôt pour rien. Tu sais où Alex aurait pu aller.. ?
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Des deux grossesses qui ont précédés, celui ci est le plus dur. A croire que le bébé a déjà le caractère de son père. Elle ou Il, peut importe, on s’est mis d’accord de ne pas savoir le sexe de l’enfant avant l’accouchement. Ryan s’est occupée de retaper la future chambre du bébé. Il est fou à l’idée de devenir papa. Depuis que le médecin m’a ordonné de ne pas bouger de la maison, il est au petit soin, à croire que je sois faite en verre. Il m’a fallu beaucoup de temps avant de concrétiser ma relation avec lui. L’idée même d’officialiser notre histoire aux yeux de mes proches n’a pas été très évidente. Je voulais être sûre de mes sentiments et surtout des siens, pour ne plus avoir a être déçue comme dans le passé. Alex a mal vécu l’arrivé de Ryan à la maison. Depuis le départ de Thomas de la maison, il était l’homme de la maison. Jusqu’à qu’un autre ne prenne son statut. Il a commencé à se rebeller en début d’année. J’ai voulu lui changer d’établissement, pensant que peut être que ses influences étaient mauvaises mais Thomas ne m’a pas laissé. Il fallait qu’on arrête de trop le couvrir. Et puis, au fil du temps, j’ai perdu le contrôle sur mon fils. Faut dire, que les gamins de 14 ans de cette époque ne sont pas ceux de mon époque et ça me fait peur pour mes enfants. Lorsqu’un jour, j’ai découvert un paquet de cigarette dans ses affaires, il a nié en bloc. la boite était vide, il a prétexté l’avoir pris à Ryan pour un sujet d’art à l’école. Je me suis sentie impuissante. Dans le fond, je savais qu’il mentais mais j’ai préféré le croire. Les choses se sont empiré avec son bulletin. Je sais qu’il se venge de son père et moi.
Je me laisse prendre dans les bras de mon ex-mari. On ne s’est pas vu depuis un bon baille, si ce n’est de loin après avoir déposé Clara et Alex chez l’autre. Et puis, avec le futur bébé, c’est Ryan qui a joué le rôle de chauffeur car même conduire m’était interdit. Je suis bombardée de question à la minute même où il rentre et je suis un peu chamboulée pour y répondre clairement. « Ryan est parti voir dans tout les endroits où il a l’habitude de trainer mais rien. Son téléphone est éteint. » Je commence de nouveau à avoir des crampes dans le bas du ventre. « Je n’ai pas encore appelé la police, j’attendais que tu viennes. » m’adressais-je cette fois à Thomas. Je caresse le bras de Myrddin lorsqu’il me promet de le retrouver. C’est fou comment notre relation a beaucoup changé ces dernières années. Je pensais ne jamais trouver la force de lui pardonner mais la venue du petit Arthur a changé beaucoup de chose. Je commence a avoir la tête qui tourne mais ne montre rien. Au même moment Clara descend de sa chambre et saute dans les bras de son père. « Alex a appelé? » me demande-t-il. Je sais qu’elle est inquiet et j’essaye de me montrer rassurante.« Ryan est parti le chercher. » répétais-je.
« Hier soir, on a eu un petit accrochage » avouais-je. Clara était d’ailleurs présente, pendant le diner. « Rien de très grave en soi, mais ça ne lui a pas plu que je lui demande de sortir de table. » dis-je sans réellement trop rentrer dans les détails. Je ne sais pas pour Thomas, mais Alex n’en faisait qu’à sa tête à la maison. Au même moment le téléphone sonne, je décroche en voyant le nom de mon chéri. « Comment ça il n’est nulle part. » répétais-je affolée. « Il faut qu’on aille voir la police. » dis-je en regardant mon ex-mari.
Mon cerveau s'est mit sur off en apprenant qu'Alex n'est pas rentré. Même a l'autre bout de la terre j'aurais tout abandonné pour sauter dans le premier avion et retrouver mon fils. Pour mes enfants, je ferais tout. Littéralement. Je pense que je donnerais même ma vie s'il le fallait. Mais nous n'en sommes pas là. Arrivé chez Ida dans notre ancienne maison qu'elle habite maintenant avec Ryan et nos deux enfants, je vais directement la prendre dans mes bras, ma rassure un peu dans une étreinte, avant de me reculer et lui poser un nombre incalculable de question. Elle dit que Ryan est parti le chercher mais que son portable est éteint. Je soupire vivement, jure, traite furtivement Alex d'idiot, puis attrape le portable que Myrddin me tends.
Je m'éloigne un peu pour officialiser la disparition chez les flic. Fort heureusement, je tombe sur un gentil policier qui dit qu'ils vont prendre les directives et que nous devrions les attendre à la maison. Je lui donne l'adresse puis raccroche avant que ma Clara ne vienne me sauter dans les bras. Je la soulève et la sert contre moi, fermant un instant les yeux. Mais même la présence de ma fille chérie n'aide pas à me calmer. D'autant plus lorsqu'elle demande si Alex a appelé. Je la repose sur le sol puis relève le regard vers Ida qui s'exclame que nous devrions allez voir les flic.
«Ils vont venir » dis-je avec un coup d’œil vers ma montre. Je sers le portable dans ma main puis prends une profonde inspiration «Un accrochage, tu dis ? Quel genre ? » je me passe une main sur le visage puis dans les cheveux et soupire « Putain, qu'est-ce qui lui prend à Alex, ces derniers temps ?» demandais-je. Le genre de question dont personne ne peut avoir une réponse. « Il s'est même engueuler avec Jonathan à l'école ce midi » intervient Clara. La moue qu'elle affiche sur son visage montre bien à quel point elle est inquiète. « Tu sais pourquoi ils se sont engueulé ?» demandais-je en me tournant vers ma fille. « John l'a traité d'intello de merde...» explique-t-elle en baissant le regard «ça lui plaît pas à Alex, qu'on dise ça de lui »
J'hoche la tête en me redressant. Lorsque notre fils a eu 8 ans, Ida et moi avons décidé de lui faire passer un test de QI. Les résultats étaient sans équivoques : surdoué. Un esprit essentiellement scientifique. Nous avons tout fait pour qu'Alex ne se lasse pas en cours, garder cet esprit de génie en alerte et continuer de l’entraîner. Peut-être lui avons-nous mis un peu trop de pression ? Je soupire et me gratte la nuque. « Ils se sont battu dans la cours » reprends subitement Clara «Mais Alex ne fait pas le poids face à John, tu sais papa ? Il … enfin, il s'est enfuit. J'ai voulu le rattraper mais ... » la voix de ma fille se brise et je sens l'émotion la gagner. Instantanément je me baisse à sa hauteur et la prends dans mes bras. « ça va aller ma chérie, on va le retrouver ...» soufflais-je « Qu'est-ce qui s'est passé ensuite, hm ?» lui demandais-je en me reculant, gardant mes mains sur ses épaules «Il m'a dit de le lâcher, qu'il en avait marre et que ... » mon cœur se brise un peu en voyant les larmes couler sur ses joues. Mais il faut qu'elle continue ! Merde, chaque information peut nous être utiles. «que quoi, Clara ? » demandais-je doucement « il m'a dit de ne rien vous dire... j'ai son skate board dans ma chambre. Je … je pensais qu'il allait rentrer mais … papa !» elle se jette dans mes bras et commence à pleurer.
Je relève mon regard sur Myrddin et Ida, pinçant les lèvres et serrant ma fille contre moi. « ça va aller ma chérie. Ça va aller ...» soufflais-je. Je me redresse lorsque je vois les gyrophares bleus de la police devant la porte. J'imagine d'un coup que les flic arrivent avec Alex déjà, mais lorsque je vois seulement deux officier à la porte que Myrddin a ouvert, je soupire doucement, avant de me tourner à nouveau vers Clara. Je lui caresse les cheveux puis la relâche et me redresse. M'avançant vers les officiers, je leur sers la main, et discute avec eux. Je leur donne une photo d'Alex et Clara trouve le courage pour leur expliquer en détail ce que portait Alex aujourd'hui.
«ok, très bien. Nous nous occupons de ça. Et nous vous contacterons dès que nous avons des nouvelles » indique l'un des hommes. J'hoche la tête et leur donne mon numéro de portable, celui de Myrddin et aussi celui d'Ida. Ils repartent en même temps que Ryan arrive. Nous nous saluons rapidement et je me tourne vers mon ex femme. Je l'observe quelques instants puis hoche la tête « Ida, tu pars avec Ryan. Restez dans le quartier» j'étais sur le point de dire à Ida de rester ici, vu sa condition ce n'est pas judicieux pour elle de se balader partout. Mais je la connais, je connais sa fierté et surtout je sais qu'elle ne m'aurait jamais écouter. «Je viens av-... » je me tourne vers Clara «Non » dis-je sur un ton ferme avant de soupirer en voyant son regard surpris « Je te ramène chez moi, tu resteras avec Arthur et Nathan » ma fille fronce les sourcils «Mais je veux venir ! Papa ! C'est mon frère ... » j'hoche la tête «Je sais ma belle, je sais » dis-je tendrement en lui caressant les cheveux «Mais c'est trop dangereux pour toi. Et tu seras bien mieux avec Arthur et Nathan. Allez, habilles-toi » lui ordonnais-je. Son regard accroche celui de sa mère, avant qu'elle ne se détourne et monte les escaliers.
Je ferme les yeux et ma passe la main sur le visage en prenant une profonde inspiration. «Je ... » je me tourne vers Ida et Ryan «Je ramène Clara chez nous, je récupère mon portable et avec Myrddin on ira à Bayside » je m'approche d'Ida qui ne semble pas aller très bien «Tu fais attention, ok ? » demandais-je doucement en lui mettant une mèche rebelle derrière l'oreille. « pas de folie. Dès que ça ne va plus, tu rentres » je lui donne le double de la clef de notre duplex à Myrddin et moi. « Tu rejoins Nathan et les enfants, je préfère te savoir là-bas, chez eux, plutôt que d'être seule ici, ok ?» je plonge mon regard dans celui de la jeune femme puis la prends dans mes bras « ça va aller » soufflais-je en lui caressant les cheveux «On va le retrouver »
« Tien papa !» Clara me sort de mes pensées en nous tendant deux vestes à Ida et à moi « Alex risque d'avoir froid ...» qu'elle explique. Je souris, attendrit et attrape le manteau jaune de mon fils. « Merci» dis-je en passant affectueusement ma main sur sa tête avant de regarder tout à tour Ida Ryan puis Myrddin « on est d'accord ? » demandais-je. Dès fois que l'un d'eux aurait un meilleur plan. « Si non, qu'il le dise maintenant, je ne vais pas attendre 1 minutes de plus avant de partir »
Thomas adopte une sorte de sang-froid nerveux. Il est inquiet, cela se voit, mais arrive à penser de façon cohérente. Son premier réflexe est de rassurer son ex-femme dans une étreinte, n’oubliant pas de lui poser des questions. Puis son second réflexe, c’est d’appeler la police. Ida voulait attendre son arrivée pour le faire. Alors avec mon portable, puisqu’il a oublié le sien, Tom contacte les flics. Pendant ce temps, et avec plus de calme, je repose une ou deux questions à Ida. Elle nous explique que Ryan est déjà parti à sa recherche, dans les endroits qu’Alex fréquente habituellement. Avec un sourire, et de l’assurance, je lui dis qu’on va retrouver ce petit garnement, qu’on est tous là, et qu’on se serre les coudes. Bon sang, même Nathan nous aide en gardant Arthur. Il faut de toute façon qu’Ida se détende un peu, tout ce remue-ménage n’est pas bon pour elle. Même Alex devrait en avoir conscience, il met la vie de sa mère et du bébé en danger. J’allais lui demander si elle n’a pas une tisane, ou une bêtise comme ça, que je pourrais lui faire pour repousser ce mauvais stress, mais la petit Clara descend à ce moment-là. Elle a dû nous entendre arrivée.
La fillette va directement dans les bras de son père, qui vient de raccrocher. Elle s’inquiète pour son frère, néanmoins sa mère répond simplement avec un masque d’assurance que Ryan est sur le coup. Puis elle voue qu’ils se sont disputés hier soir. Je fronce les sourcils, échangeant un regard avec Thomas à l’entente du récit. Restant assez vague, elle nous dit qu’il n’a pas apprécié qu’elle lui demande de sortir de table. Je savais qu’Alexander devenait difficile, surtout avec sa mère. Je n’avais pas les détails à ce sujet, mais chez nous ça n’était pas facile non plus, quoique Thomas arrivait sans doute à mieux gérer son fils. Le téléphone sonne soudain, Ida répond sans attendre, pour recevoir des mauvaises nouvelles : Ryan a fait chou blanc. Elle commence doucement mais sûrement à s’affoler. Cependant les policiers vont bientôt arriver, d’après Tom, ce qui est assez rassurant… Enfin je ne sais pas s’ils seront vraiment utiles.
Tom essai dans savoir plus sur ce que nous a appris Ida, cependant Clara a aussi des infos. Alexander s’est disputé, et même battu, avec un garçon de l’école qui la traité d’intello. Fort étonnant, car malgré sa précocité, Alex a vu ses notes baissées énormément. Et puis il n’a pas la tête d’un intello. Les gamins sont vraiment épuisant, et ça me désole. J’espère qu’Arthur ne deviendra pas comme ça. Et si on le cherche à l’école, je me ferais un plaisir de le défendre, comme j’ai pu le faire pour Nathan à l’époque. Racontant son histoire, et comment Alex s’est enfui car ne faisant pas le poids, Clara est à deux doigts de pleurer. Thomas la rassure instantanément, puis lui demande d’élaborer. Tout renseignement pourrait être utile. Elle l’avait suivi, mais son frère l’avait repoussée, lui demandant aussi de ne rien dire à leurs parents. Je me demande, si ça a lieu le midi, pourquoi l’école n’a pas contacté les parents pour l’absence de l’ado, il avait bien cours non ?
Alex a de gros problèmes, de comportement, et tout, il faudra bien faire quelque chose pour l’aider après l’avoir retrouvé, sinon ça ne servira à rien. Peut-être un psychologue pourrait aider, comme l’un a réussi à nous aider avec Arthur. Enfin, ça ne sera pas facile avec le grand. Sa sœur a gardé son skateboard, pensant qu’ainsi, il rentrerait forcément. J’écoute le tout, un peu à l’écart. J’essaie de réfléchir à ce qui pourrait nous aider, faire avancer tout ça. Clara pleure alors, vraiment, et son père la réconforte. A part un regard pour lui, qui doit porter beaucoup de choses, je ne peux rien faire. Des lumières bleues intermittentes réfléchissent dans la maison, et bientôt je me retrouve à aller ouvrir la porte aux deux policiers. Je me recule pour laisser à Thomas tout le loisir de leur parler, et rejoins Clara. Je lui parle un peu, la rassurant avec une certaine efficacité grâce à mes talents de comédien, cachant mon anxiété. Elle trouve alors le courage d’expliquer aux filcs comment Alex était habillé la dernière fois qu’elle l’a vu. Mon amant leur donne encore nos numéros de portable, avant qu’ils ne repartent. Il faut attendre leurs nouvelles maintenant, mais je doute que ça soit utile.
Ryan arrive peu après. De rapides salutations, et Tom reprend les choses en main. Il propose à Ida et à Ryan de poursuivre les recherches dans le quartier. Clara veut venir, mais il la convainc, après quelques protestations de la part de la petite, de rester avec Arthur et Nathan ; nous l’emmèneront à l’appartement, ça nous permettra aussi de récupérer le portable de Tom, et ensuite nous irons à Bayside. Il rappelle à Ida, qui ne semble pas au mieux, de faire attention avant tout, et d’aller rejoindre Nathan et les enfants si elle se sent mal. Elle ne restera pas seule ainsi, ce qui est sûrement mieux. Et je croise le regard de Ryan, qui ne me plaît pas des masses. Pour le moment il ne dit rien. Tom enlace Ida, la rassure, car elle en a bien besoin. Puis Clara redescend de sa chambre, avec deux vestes pour Alex qu’elle distribue entre ses deux parents. Je souris doucement à l’attention. Thomas demande alors, puisqu’il est temps de se séparer, si tout le monde est d’accord. Et on ne peut pas dire que je sois surpris quand Ryan prend la parole.
— Je suis pas d’accord moi, Ida, tu dois rester ici, ou alors aller chez Thomas avec Clara, mais tu ne peux pas venir. Ça va te fatiguer, et tu dois faire attention. Il s’attend à la réprimande de sa compagne, mais tente une carte que j’appellerais culpabilité. Pense au bébé, dit-il avec douceur, s’approchant d’elle et posant une main délicate sur son ventre. T’épuiser pour rien ne fera pas revenir Alex plus vite, et tu n’es pas en état… Tu dois te reposer dans un environnement calme. Je te promets qu’on retrouva ton garçon, je te le jure. Mais repose-toi.
Je sens que ça va mal se mettre. Tom est soudain tendu, et Ida aussi. Je parie qu’elle va lui tenir tête, ça se voit dans ses yeux. Elle est peut-être affaiblie par la grossesse, elle doit peut-être faire attention pour son bébé, mais c’est d’Alex qu’on parle. La viking ne restera pas sans rien faire. Et Thomas… Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça. Peut-être de voir son autorité et sa décision remise en cause, qui sait. Avant qu’il n’intervienne, je pose une main sur avant-bras, le serrant légèrement. Après un regard à son intention, je regarde Ryan et Ida. Cette dernière, bien évidemment, n’est pas d’accord avec le premier. Si on commence à se disputer entre nous maintenant, ça ne va pas le faire.
— Excusez-moi, excusez-moi eh ! les coupais-je, avant que Tom ne le fasse et que ce soit bien plus musclé. Ça ne me regarde pas mais je sais qu’Ida ne t’écoutera pas Ryan… Rien ne pourra la faire changer d’avis, fis-je remarquer avec un léger sourire, d’un ton toujours amical. Puis je redeviens sérieux. Enfin bref, j’ai une idée. Pendant qu’on ramène Clara chez nous et qu’on va chercher de notre côté, vous pourriez appeler la famille et les amis d’Alex. Pas seulement ceux chez qui il a l’habitude d’aller, mais le plus de gens possible. Mes yeux se baladent entre les trois visages des adultes. Peut-être qu’il est chez quelqu’un, ou même que quelqu’un l’a simplement croisé. Ça pourrait nous aider non ?
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7 Years Later,
Je ne répondis pas à Thomas; ne me souvenant même plus vraiment la nature de notre dispute. De toute façon, un rien pouvait déclencher une guerre à la maison. Alex n’en faisait que des siennes et Ryan et moi étions à bout de nerf à cause du bébé. Clara arriva au même moment. « Encore Jonathan » soupirais-je. Il passait son temps à l’harceler. « Je te jure que si ce morveux… » bien sur, j’eus du mal à contenir ma colère. Ce que Clara nous révéla me m’irrita d’avantage « Si quelque chose arrive à Alex, je lui fais la peau. » dis-je en regardant mon ex-mari qui tentait de consoler notre fille. Je m’étais de nouveau mise à me ronger les ongles quand le bébé donna son premier coup. A force de contracter mes membres, il venait de réagir. Sa façon surement de me mettre en garde. Je ne laissais rien apparaitre et de nouveau, mon agressivité se projette sur notre fille : « Clara, si tu sais quelque chose, tu dois nous le dire. » . C’est Myrddin qui m’éloigna un peu de Thomas et de Clara pour me calmer. Nous étions tous à bout de nerfs et bien évidemment, j’étais la plus irritable de part mes hormones mais aussi à cause des coups que donné le bébé. Tout arrivait d’un coup.
La police arrive avant Ryan. Myrddin les accueille, je n’ai plus vraiment la force de rester debout. C’est bien le fils de son père, ou la fille d’ailleurs. Je n’ai pas voulu savoir le sexe du bébé, préférant attendre le jour de l’accouchement pour le découvrir. Alexander était sorti tôt ce matin pour aller à l’école. Je lui avais préparé son déjeuner mais je n’avais même pas fait gaffe à sa tenue. J’étais tellement fatiguée ces derniers temps. Autant Clara me rendait la tâche facile, autant mon fils compliquait tout pour moi. En voyant mon amant sur le pas de la porte, je me léve enfin espérant qu’il vient avec de bonne nouvelle. Mais non, Alex n’est toujours pas retrouvé. « Bon sang. » jurais-je au énième coup que je recevais. Thomas et Ryan s’échangent une brève poignée de main. Entre mon ex-mari et mon petit ami, les choses n’ont jamais été facile. Ils ne s’apprécient pas mais accepte de jouer le jeu devant les enfants et moi. « HORS DE QUESTION. » cria Ryan en apprenant le plan imaginé par Thomas. « Je vais chercher Alex. » dis-je à Ryan. De toute façon, il savait très bien qu’il ne pourrait me faire changer d’avis. Me prenant à part, il essaye tout de même de m’amadouer. Bien sur, s’il savait ce qui se passait réellement à l’intérieur de moi, il se montrerait plus inquiet. « T’inquiéte mon amour, je gère. » lui dis-je peu convaincu moi même de mon état de santé.
Ryan est contrarié, mais j’ai le fin mot. Il n’ose pas vraiment me tenir tête depuis qu’il sait que la grossesse est dangereuse. Il soupire, un soupire qui en dit long sur sa pensée. « Fait ce que tu veux. » abdique-t-il. Il retourne vers le groupe formé par mon ex-mari et son chéri. J’aimerai les rejoindre mes j’ai du mal à vraiment marché. J’entends au loin la voix de Myrddin qui essaye de trouver une solution. De plus en plus, les mots qu’il prononce deviennent flou, tout comme ma vue. J’ai vraiment du mal à tout saisir et je finis par m’écrouler au sol.
Évidement, Ryan n'est pas d'accord avec ce que je dis. Il ne veut pas qu'Ida vienne avec nous. Je le comprends bien, dans le fond je n'ai pas non plus envie qu'elle se fatigue de trop, mais je la connais, moi, mieux que quiconque ici. Nous étions marié 7 ans, nous nous connaissons maintenant depuis 17 ans. Je sais qu'Ida a ce caractère de femme indépendante, je sais à quel point elle aime Alex. Je ne peux rien faire, rien décidé à sa place. Mais Ryan ne l'entends pas de cette manière et s'il n'y avait pas Myrddin je crois bien que je serais entrer dans son jeu.
Au final, c'est Ida qui parvient à le tempérer en le prenant un peu à part. J'échange un coup d’œil avec Myrddin et lui tend son portable «Tu peux appeler Nathan ? Lui dire qu'on arrive et qu'il prépare mon portable déjà ? Histoire qu'on ne perde pas de temps Il est accroché dans la cuisine » je lance un coup d’œil vers ma fille « Et dit lui aussi qu'on arrive avec Clara » la petite fillette me regarde puis pousse un cris strident « MAMAAN !!» hurle-t-elle en se précipitant vers sa mère.
Je me tourne brusquement et mon regard tombe sur Ida, inconsciente, au sol. Ayant du mal à contrôler mon cœur qui s'affole sous la panique, je la rejoins et pose une main sur son épaule. Je la secoue un peu et remarque avec soulagement qu'elle reprends conscience assez rapidement. Je soupire doucement et la retiens de se lever. « Ida, fait doucement » soufflais-je. Je l'aide tout de même à s'asseoir sur le sol et grimace « Je … crois que Ryan a raison» dis-je «Je ne veux pas que tu risques autant ta vie que celle du bébé. Et toi non plus t'en as pas envie, je le sais bien » je lui caresse les cheveux puis me redresse un peu « Myrddin, Ryan et moi nous allons partir ensemble. Nous allons retrouver Alex, je te le promet» j'oblige Ida à me regarder «nous resterons en contact, pendant tout le long de la recherche. Ok ? » je lui souris doucement « Toi, tu vas rester chez moi, ok ? Avec Clara, Nathan et Arthur. Ça vaut mieux pour tout le monde, vraiment Ida » je la regarde et espère silencieusement qu'elle décide de me suivre sur ce coup. Je suis le premier à la défendre, elle et sa fierté, mais aussi le premier à la retenir lorsque sa fierté prend le dessus et quelle risque de mettre deux vies en jeu. Je pince les lèvres et relève le regard vers Myrddin « Et tu ne seras pas inutile là-bas » je regard va fille «Clara, tu sais où Alex range le répertoire de tous ses amis ? Tu sais où se trouve les numéros de ses camarades de classe ? » lui demandais-je. Après un petit temps de réflexion, Clara hoche la tête et monte très rapidement les escaliers. Je souris doucement, attendrit. Elle me comprends, ma fille, elle sait ce que je veux. «Myrddin a raison, on a besoin de quelqu'un qui appelle tout ceux qu'Alex est susceptible de connaître. Tu vas faire ça, ok Ida ?» demandais-je. Clara revient en dévalant les escaliers et, complètement essoufflée, me donne un carnet et quelques feuilles «Merci ma chérie » souriais-je. Je donne le tout à Ida « Appelle mes frères, ma sœur et mon père. Les copines de mes frères, les amis de ma famille, bref tout le monde » je me redresse et me tourne vers Clara qui a vraiment du mal à respirer «ça va ? » demandais-je, inquiet. «Oui oui t'inquiète pas, je gère » souffle-t-elle. J'adorerais quelle vienne avec nous, elle connaît son frère, je pense qu'instinctivement elle saurait le retrouver. Mais ce genre d'action est trop dangereux pour elle. Sa condition physique de l'autorise pas à faire trop d'effort.
Ida n’est pas calme du tout. Et chaque phrase, chaque nouvelle, rajoute une couche de tension sur ses épaules. L’histoire avec Jonathan, notamment, la met sur les nerfs et cela s’en ressent dans sa communication avec sa fille. Mais Thomas s’occupe de sa fille et de ce qu’elle sait, alors j’éloigne légèrement Ida pour qu’elle reprenne un peu ses esprits. Elle est la plus sensible d’entre nous tous. Lorsque la police arrive, je les accueille avant que Thomas ne prenne les choses en mains. Je me charge de rassurer Clara pour qu’elle accepte de raconter tout ce qu’elle sait aux policiers. Quand ceux-ci repartent, je prends soin de garder mes réserves pour moi. Je ne sais pas s’ils seront vraiment utiles, s’ils prendront tout cela au sérieux. De toute façon, Ryan arrive presque aussitôt, ce qui réactive Ida, littéralement. De sa place sur le canapé, elle se lève vivement, avide de nouvelles malheureusement mauvaises.
Tom et Ryan se saluent brièvement, l’heure n’est pas à la mésentente. Et pourtant. Mon australien prend les choses en main, décidant de la marche à suivre sans attendre que quelqu’un donne son avis. Il le demande bien à la fin de son monologue pourtant, sachant où ça va en venir. Ryan n’est pas d’accord ; il veut qu’Ida reste en retrait, pour le bébé. Le couple commence à argumenter, à se disputer, mais avant que Tom n’intervienne je le fais pour lui. Ça aurait été pire sinon. Je tente d’apaiser la situation. Ryan n’approuve pas le choix de sa compagne, mais l’accepte néanmoins. Puis Thomas me prend à part et me demande, en me rendant mon portable, de prévenir Nathan de notre retour avec Clara. J’hoche la tête, en commençant déjà à chercher le numéro de mon meilleur ami, quand le cri de la fillette nous alerte. Ida vient de s’écrouler sur le sol, évanouie.
Tout le monde se retrouve en moins de temps qu’il ne faut pour battre des cils autour de la forme inconsciente. L’inquiétude, la tension, est à présent absolument palpable. Ryan et Thomas cherchent à réveiller Ida, tandis que reste avec Clara, une main sur son épaule. La femme se réveille assez rapidement, au grand soulagement de tout le monde ici présent. Si Alex savait ce qu’il fait endurer à sa mère… Si Tom ne le lui dit pas en premier, je me ferais un plaisir. Malmener ainsi sa mère, n’a-t-il pas honte. Finalement, Thomas est d’accord avec Ryan, elle devrait vraiment y aller doucement, car elle risque plus que jamais sa vie et celle du bébé. Il tente de la convaincre de venir avec nous chez Nathan, et d’y rester avec sa fille. Il demande d’ailleurs à cette dernière d’aller chercher les numéros des copains d’Alex, tout ce qui pourrait être utile pour joindre des gens qui le côtoient. Il rappelle à Ida ce que j’ai dit un peu plus tôt. Il faut contacter un maximum de monde, peut-être qu’Alex a croisé certaines personnes, ou est chez quelqu’un. Et Tom confit cette tâche à son ex-femme, lui assurant que nous serons toujours en contact.
Clara revient alors, avec un carnet et des feuilles volantes, qui finissent dans les mains d’Ida, avec la demande d’appeler les Beauregard, toute la famille et les amis. La petite paraît un peu à bout de souffle, mais elle nous assure qu’elle gère la situation. Je souris légèrement, toujours étonné par cette gamine. Je vais lui ébouriffer les cheveux gentiment, et me penche vers elle.
— Arthur va être content de te voir, lui soufflais-je avec un sourire rassurant.
Même si elle voudrait aller à la recherche de son frère, elle est bien trop jeune pour cela. Et en soi, tenir compagnie à Arthur aura son utilité. Je l’imagine assez bien ne pas être calme le moins du monde en ce moment même. D’ailleurs, pendant que Ryan rassemble quelques affaires pour Ida et Clara, je me charge d’appeler Nathan. Je l’informe que nous n’avons toujours aucune nouvelle d’Alexander, mais que la police est venue. Puis je lui dis que nous ramenons Clara et sa mère, et qu’ils devront passer quelques coups de fil… Cela aidera sans doute, pendant que nous serons sur le terrain. Je raccroche finalement, et attends le top départ. Cette nuit s’annonce longue.
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7 Years Later,
Je sens mon poul cogner violemment dans mes tympans. Clara est la première à se jeter sur moi, je l’entend mais ma langue est trop lourde pour prononcer quoique ce soit. Je ne sais pas ce qui vient de m’arriver, une chute de tension violente? Thomas s’approche de moi en premier, il me secoue plusieurs fois avant que je ne daigne enfin lui envoyer un signe que ça va. Doucement, je reprends conscience de ce qui m’arrive. Si mon médecin apprend ce qui vient de se passer, il m’obligera surement à être plus prudente. Thomas m’aide à me relever tandis que Ryan qui avait quitté quelques secondes la pièce revient en furie. Myrddin l’arrête net avant qu’il ne prononce quoique ce soit. Ce n’est pas le moment de stresser d’avantage. « Je t’emmène à l’hôpital » dit-il, tandis que je lui fit non de la tête. Pas tant que je saurais que mon fils est en sécurité. « Retrouve juste mon fils. » lui dis-je tandis qu’il m’aider à m’installer sur le canapé. Je sais que cette fois ci personne ne me soutiendra si je décide de les aider à le chercher et mettre en danger mon autre bébé serait suicidaire. L’idée que Clara puisse aller chez Arthur n’est pas une mauvaise idée, je sais qu’elle bouillonne également de l’intérieur et se sent tout aussi coupable.
« Il a facebook. » dis-je à Thomas. Notre fils est plutôt branché réseaux sociaux. Ce n’est pas plus mal, c’est un peu comme ça que la nouvelle génération communique. Avant de travailler avec Elise, je n’ai jamais ressenti le besoin de me connecter au monde. Un peu vieillotte dans mon comportement, je me contentais de lire le journal et regarder la télé pour m’informer de ce qui se passe. Mais depuis que je bosse pour Baumann's events, je suis toujours du mon ordinateur à nourrir nos pages FB, Instagram et Twitter. « J’ignore juste son mot de passe. » dis-je légèrement dépitée. Clara, elle, le connait, je sais qu’elle fouine dans les affaires de son frère malgré qu’on les lui a tout les deux interdits. Je suis pour que chacun respecte la vie privée de l’autre. Parfois je fais entorse à la règle, mais ça personne ne le sait. Sans que je lui demande, elle monte à l’étage récupérer l’ordinateur de son frère. Cette fois-ci c’est vers mon ex-mari que je me retourne, hochant de la tête : « retrouve le » lui dis-je.
La maison se vide peu à peu. Ryan est le dernier à partir, vérifiant une dernière fois que je n’ai besoin de rien. Si ça ne tenait qu’à lui, il aurait surement priviligié le fait de m’emmener à l’hôpital mais je vais bien, je me sens un peu étourdie mais ça va aller. Je le rassure une dernière fois, on échange un dernier baiser tandis qu’il me promet de revenir rapidement.
Une heure passe avant que je n’entendes les clefs de la maison s’enfoncer difficilement dans la serrure. C’est Alex, j’en suis sure. « Alex? », aucune réponse, j’insiste une nouvelle fois puis me lève enfin pour aller voir. C’est bien lui, il détourne le visage alors que je m’approche de lui. A vrai dire j’hésite entre le réprimander ou le serrer fort contre moi. Plus de 3 heures que nous le cherchons. « Ou étais-tu? » il ne répond pas. Il pense peut être pouvoir monter dans sa chambre sans me donner aucune explication. « Lâche moi. » hurle t-il alors que j’essaye de le prendre par son bras. Son visage. Je recule d’un pas le voyant quasi défiguré. « Qu’est ce que… » il ne répond pas, manque de me pousser et monte s’enfermer dans sa chambre.
Je saisis une nouvelle fois le téléphone, appelle Ryan pour lui dire de rentrer. Thomas et Myrddin cherchent de leur côté, je les appellent également racontant à Thomas ce qui venait de se passer. Alex ne veut rien savoir de moi, peut être qu’il saura mieux le gérer...
Au final, Ida préfère rester à la maison, chez elle au cas où Alex pointerait le bout de son nez et je ne peux que la comprendre. Ryan, lui, il veut l'emmener à l'hôpital. Mais ce con ne sait pas ce qu'il dit ! J'ai envie de lui dire de lâcher Ida, qu'elle n'ira nulle part avec lui, mais parler encore et encore me fait trop chier. Je laisse donc Ida ici, en lui donnant le devoir d’appeler tous les numéros de la liste. Ryan, je ne m'en occupe pas, il fait ce qu'il veut tant qu'il fait pas chier. J'embarque Myrddin et nous partons. Nous passons chez nous et je ne m'occupe pas d'Arthur. De manière totalement égoïste je ne laisse pas non plus le temps à Myrddin de s'en occuper. Je lui fait comprendre que s'il veut rester ici pour rassurer son fils il a cas rester, mais moi je ne vais pas perdre mon temps ici. Arthur le comprendre, je lui expliquerais plus tard lorsqu'Alex sera retrouver.
Myrddin ne semble pas tenir rigueur. Ou alors, si c'est le cas, il ne me le fait pas sentir. Sans doute me dire-t-il quelque chose après, mais là je n'ai juste pas le temps, ni l'envie ni la tête à d'éventuelles explications. Nous décidons de prendre nos vélos. Nous ne seront peut-être pas plus rapide mais nous seront plus mobile. Nous faisons le tours des quartiers, allons chez mes frères, chez Jamie et même chez Joanne. Nous sonnons l'alerte, leur disant de nous tenir au courant si jamais ils voient ou entendent quelque chose.
Une heure passe. Puis deux. Puis trois. Et toujours aucun signe d'Alex. Et la police ne s'est pas non plus montrer à nouveau. Je suis sur le point de péter un plomb, j'avoue que j'insulte aussi un peu mon fils, mais c'est sur le coup d'émotion. Même si ça n'excuse pas grand chose. Mais peu importe. Mon portable sonne et mon cœur ne fait qu'un bond lorsque je vois le numéro d'Ida apparaître à l'écran. Une bonne et une mauvaise nouvelle. Mais la bonne est tellement inespérée que je n'écoute pas la mauvaise. : Alex est de retour à la maison. Ni une ni deux je tape dans les pédales aussi vite que je le peux, ignorant presque Myrddin. De toute manière il trouvera le chemin.
Arrivé chez Ida, je saute du vélo, le balance dans un coin et entre dans la maison. Je vois mon ex femme et Ryan sur le canapé, dans le salon. J'échange un coup d’œil avec la Norvégienne qui indique le premier étage. Je comprends qu'Alex est dans sa chambre. Sans plus attendre, je retire ma veste et l'envoie valser dans un coin avant de monter. Arriver à l'étage je vois Clara agenouillé devant la porte de la chambre de son frère, entrain de sangloter. Je m'approche d'elle et la prend dans mes bras. « Allez vient là ma chérie» soufflais-je « Va rejoindre ta maman, elle a besoin de toi maintenant » « Mais … et Alex ?» me demande-t-elle d'une petite voix «Je m'occupe de lui, t'inquiète pas » soufflais-je en lui caressant la joue.
Elle me regarde, puis hoche la tête et descend. Au même moment j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je suppose que c'est Myrddin. Je suis un instant tenté de l’appeler et m'excuser, mais ça attendra. Me levant, je soupire doucement et toque. « CASSES-TOI !» hurle Alex. J'entends toute sa rage dans ce ton et j'avoue que ça me surprends un peu. «Alex, ouvre s'il te plaît. Je veux juste te parler un instant. Promis, ce ne sera pas long. Je me casse après et te laisses tranquille » le silence. Puis quelques bruits de pas. La clef qui tourne dans la serrure puis des pas qui s'éloignent. Je pousse la porte et la referme derrière moi, avant de me diriger vers Alex qui assit sur son lit.
Je m'approche de lui et me place à côté de lui. « T'étais où ?» demandais-je «Qu'est-ce ça peut te foutre ? » crache-t-il avec rage en détournant le regard. «ça me fait beaucoup. Tu te rends comptes à quel point on a stressé ta mère et moi ? » il garde le regard détourner, ne disant rien. «Alex écoute... qu'est-ce qui se passe ? » demandais-je plus doucement en m'accroupissant en face de lui « Rien» j'incline la tête sur le côté «Qu'est-ce qui s'est passé avec Jeremy ?» interrogeais-je en posant une main sur son genoux « Rien. C'est un sale con, c'est tout » dit-il en se renfrognant. J'hoche doucement la tête « Mais encore ?» insistais-je. Alex se renferme d'avantage et sert les poings. Je remarque bien que sa main gauche lui fait mal, ses phalanges sont éclatés et toutes rouges. J'ai même l'impression que son poignet à doublé de volume. Et même sa lèvre a connue de meilleurs jours. Je pince les lèvres et déglutis, essayant de garder contenance « Alex, parle moi» le suppliais-je presque.
Et il commence à parler. Pendant presque 20 minutes il me fait comprendre à quel point il déteste Ryan, combien il déteste Arthur, combien il déteste Jeremy, ses profs et tous les autres élèves -sauf John qui est son meilleur amis-, à quel point il a horreur d'aller à l'école, qu'il ne veut pas d'une autre sœur ou un nouveau frère. Il me dit que j'ai agis en égoïste en me mettant avec Myrddin, mais que lui, il l'aime bien. Il sait que je suis heureux, et il est content pour moi, mais il a peur. Voilà le mot. Alex est cet adolescent sensible qui a peur de l'abandon, qui essaie de cacher cette sensibilité aux yeux des autres en se créant une carapace de gros dur rebelle. Mais je connais mon fils, je sais que ce n'est pas lui quand il agit comme ça.
Il finit par éclater en sanglot et je le prends dans mes bras. Je le sers contre moi, lui caresse les cheveux pour le rassurer. J'essaie, autant par les gestes que par les paroles de lui faire comprendre que je serais toujours là pour lui peu importe si j'ai Myrddin et qu'Arthur soit arrivé dans notre vie. Alex et sa sœur sont et seront toujours ma priorité. Je le rassure ainsi encore pendant de longues minutes avant de m’intéressai d'avantage à son poignet. Sensible, chaud et douloureux. Ce n'est peut-être pas grave, mais un tour aux urgences ne pourra pas faire de mal en tout cas. Alex résiste, sans doute par principes, mais il a déjà comprit qu'il ne servait à rien de discuter avec moi. Alors, je lui indique de me suivre et nous descendons tous les deux.
A peine Alex a-t-il poser un pied dans le couloir qui nous sépare du salon, que Ryan saute sur ses pieds et s'avance en l'engueulant comme on engueulerait un chien qui a mal agit. Je me vivement entre l'homme et mon fils et le repousse violemment « Arrête ton cinéma !» hurlais-je «Tu parles pas à mon fils comme ça, ok ?! » grognais-je en fixant durement l'homme. Il soutient mon regard, puis s'en prend à nouveau à mon fils. Je ne peux pas me retenir d'avantage et mon poing attérie dans sa figure, lui éclatant la lèvre et le faisant reculer au passage. « J'emmène Alex à l'hôpital et toi tu dégages d'ici !» m'emportais-je en m'avançant vers lui «Je ne veux plus jamais te voir ne serait-ce qu'à deux mètres de mon fils » « Too bad. J’habite ici » me répond l'adulte avec insolence . Je l'empoigne violemment et le plaque contre le mur « Alors je dirais à Ida de faire en sorte que tu ne sois pas dans la même pièce que mon fils » grognais-je. Je soutiens son regard puis le relâche et me tourne vers Alex qui n'est vraiment pas rassurer. Je soupire doucement et me baisse pour reprendre ma veste.
Finalement Ida est restée chez elle après son malaise. Grâce à Clara, que nous avons plus tard emmenée avec nous pour être auprès d’Arthur et Nathan, elle accède à son facebook. Puis chacun se sépare. Ryan part de son côté, tandis que Tom, sa fille et moi faisons un détour par l’appartement pour déposer la petite. J’ai à peine le temps d’embrasser mon fils que nous repartons aussi ; Thomas est sur les nerfs, pire qu’un lion en cage. J’expliquerais un peu plus tard à Arthur toute la situation, ou Clara s’en chargera, ou Nathan, même, qui doit bien comprendre les motivations de Tom. Je suis donc mon amant à vélo, ce qui est plus maniable tout en étant plus fatiguant. Moi ça va, mais je crois qu’autant de stress n’est pas bon pour Thomas, il n’est plus tout jeune, après tout, et la disparition d’un fils est beaucoup à porter, surtout qu’il ne me parle pas. Nous faisons le tour des quartiers voisins, nous passons chez les oncles et tantes d’Alex, nous leur expliquons rapidement la situation et nul besoin de s’étendre. S’ils ont quelque chose ils nous appelleront.
Nous passons des heures sur ces foutus vélos avant de recevoir un appel d’Ida, qui nous informe du retour de son fils. Je suis de plus en plus déconnecté de la situation, je ne sais même pas quoi ressentir à vrai dire. Une chose est sûre, je suis immensément soulagé qu’Alex soit rentré, enfin. Mais Tom part au quart de tour et j’ai bien envie de simplement rentrer à l’appartement, il me dira tout après non ? Je suis crevé, cependant, après un lourd soupir et un chapelet d’injures, je le suis. Je me perds presque à un moment donné, trop occupé à prier pour que Thomas ne se fasse pas renverser par une bagnole dans son imprudence.
Lorsque j’arrive enfin à la maison d’Ida, le vélo de Tom est là. Nouveau soulagement. A bout de souffle, je descends moi aussi et entre à l’intérieur. Ryan et Ida sont sur le canapé, je les salue d’un léger sourire et d’un signe de la tête, puis décide de leur laisser leur intimité. Je vais m’installer dans le fauteuil, et tente tout d’abord de calmer mon cœur et mon souffle. Je ne suis pas habitué du tout à pédaler autant en si peu de temps, plusieurs heures non-stop, et un dernier sprint forcé. Je suppose sans mal qu’Alex est à l’étage avec son père. Très bien, il s’occupe du gamin, il saura lui parler je pense. On n’a plus qu’à attendre nous. Je ne sais pas ce qu’ils se disent là-haut, puis après un moment, trouve l’idée génial d’appeler tout le monde pour les prévenir qu’Alex est de retour, qu’il n’y a plus à s’inquiéter. D’abord Nathan, qui me passe Clara et Arthur rapidement pour les rassurer. Puis la fratrie Beauregard. Une fois la corvée faite, j’appuie ma tête contre ma main, cherchant un peu de calme. Ça va aller, il n’y a plus rien à craindre, même si ce petit con n’a pas idée de l’angoisse dans laquelle il nous a tous mis.
Bientôt ils descendent enfin, père et fils. Je souris légèrement, avant que la tempête Ryan n’entre en scène. Il engueule copieusement Alex, mais je sais qu’au fond, il s’est fait autant de soucis que tout le monde, encore plus vu l’état dans lequel ça amis Ida. C’est sa façon très maladroite d’extérioriser tout ça. Il a du mal à se faire accepter par le fils, alors il élève la voix. Chacun ses erreurs. Cependant, Thomas réagit tout aussi violemment, il défend son fils, va même jusqu’à le frapper, ce qui me fait me lever de mon siège. Il ne veut plus le voir proche de son fils, le menace clairement, puis se recule.
— Wah mais en fait vous êtes aussi matures l’un que l’autre, soufflais-je, incrédule, en m’approchant de la scène. Je jette un regard désolé à Ryan au passage. Il l’a un peu cherché, mais de là à se faire éclater la lèvre... Emmène Alex à l’hosto et t’occupes plus du reste Tom. J’rentre à l’appartement, tu me tiendras au courant si y’a quoique ce soit ok ? demandais-je à l’australien, avant de me tourner vers Ida. Je demanderais à Nathan de vous déposer Clara ici en rentrant, ok ? Il a une voiture lui. Elle a vraiment hâte de retrouver son frère. Arthur aussi, et il s’est fait beaucoup de soucis, tu sais. Comme nous tous expliquais-je avec un regard et un sourire pour Alex.
Puis je sors, parce que ma place n’est pas réellement ici, pas ce soir. Il y a fort à régler entre eux tous. Je récupère vélo, maudit Thomas une énième fois pour avoir eu l’idée de prendre ces engins de malheur, puis grimpe dessus. Mes muscles hurlent de nouveau, mais je ne les écoute pas. La perspective de retrouver Arthur, Clara et Nathan me motive assez pour trouver une bonne allure. Et je suis bientôt chez moi, à serrer les petits dans mes bras et essuyer les larmes d’angoisse de mon fils, avec l’aide de Clara.
TEENAGERS ARE THE MOST MISUNDERSTOOD PEOPLE ON THE PLANET
7 Years Later,
Thomas peut dire ce qu’il veut Ryan a toujours été là pour notre famille et pour Alex. Malgré leur relation plutôt conflictuel, il essaye tant bien que mal de trouver sa place auprès d’un adolescent quelque peu difficile. Du haut de ses quatorze ans Alex vit toujours aussi mal notre divorce. Pendant longtemps, il a espéré que Thomas et moi nous remettions ensemble. Il a beau apprécié Myrddin, l’arrivée de Ryan mettait fin à son petit rêve de garçon. Lorsqu’il a su que j’attendais un enfant de son beau père, il en est devenu malade. Il a toujours tout fait pour que Ryan se sente mal. Pourtant, ce jour là, Ryan avait passé des heures et des heures à le chercher. Il avait fait les squares, les parcs et même son collége au cas où il s’y cacherait. Il s’était réellement fait du soucis. Il tentait de me rassurer mais au fond de lui, il avait tout aussi peur pour la vie de mon fils. A 46 ans, il connait pour la première fois les joies de la paternité. Malgré qu’il ait toujours pris mes enfants pour les siens, je sais combien il attend l’arrivé de cet enfant avec impatience. A peine eut il franchit le seuil de la porte, qu’il me demande où Alex est. Il est en colère, je tente de le calmer. Son père lui parle déjà, je réussis difficilement à le faire s’assoir prêt de moi. Il ne comprend pas vraiment ce qu’Alex tente de faire, il le voit nous malmener sans jamais nous donner la moindre chance. Myrddin arrive quelques temps après, je répond à son signe de tête tandis que Ryan, un peu à bout de nerfs feint de ne pas l’avoir vu. Je prend ses mains dans les miennes et la presse légèrement pour le calmer. Je sais qu’il se retient pour moi mais que la situation est entrain de l’énerver. Thomas joue la diplomatie avec notre fils, bien que je commence à penser que ce n’est peut être pas la meilleure des solutions.
Lorsque Thomas descend accompagné d’Alex et s’approchent de nous, Ryan se lève furieux, il veut faire prendre conscience à l’adolescent que ce qu’il venait de faire était immature et égoïste. Ses mots sont assez maladroit mais je sais qu’il dit ça pour le bien de tout le monde. Seulement la situation devient vite incontrôlable. Je n’ai pas vraiment le temps de réagir, quand la première fois Thomas pousse Ryan, je sens les problèmes arriver. Je regarde Myrddin mais aucun de nous ne réagit vraiment. « Ça suffit » dis-je fermement mais mon ex-mari ne veut rien savoir. Il continue de défendre, injustement, Alex en accusant mon compagnon d’être à l’origine de tout ses maux. Je pousse un hurlement lorsque Thomas frappe Ryan, personne ne l’a vu venir. J’appréhende la suite et m’approche de Ryan très rapidement avant qu’il ne décide de répondre à ce coup. En 7 ans, l’occasion est trop bonne pour ne rien faire, d’autant plus qu’on sait tous comment sont les relations entre les deux hommes. Bizarrement et pour la première fois mon compagnon fait preuve d’une grande sagesse en se retenant. D’autant plus que je suis la mieux placer pour connaitre ses antécédents de grand bagarreur. « Ça suffit, j’ai dit. » répétais-je plus fort tandis qu’ils continuent de se provoquer verbalement. Thomas en fait des caisses, Alex n’a rien du tout. D’ailleurs ce dernier se protège derrière son père qui lui donne raison malgré qu’il est complètement fautif. « C’est ça l’exemple que tu veux donner à ton fils. » dis-je à Thomas en m’approchant de lui à mon tour. « Tu crois quoi, tu peux venir ici et nous imposer ta loi? » criais-je en m’interposant de nouveau entre les deux. Je jette un regard accusateur à l’adolescent qui l’évite furtivement. « Tu crois qu’on le maltraite? Qu’on est de mauvais parents? » je continue à m’approcher dangereusement de mon ex-mari. Pointant mon doigt sur lui. « Jusqu’à preuve du contraire, je suis encore sa mère. Ryan est chez lui et si ça ne te plait pas, c’est la même chose. » Ma voix tremblote mais je veux me montrer forte. Je regarde vers mon adolescent : « Monte chercher tes affaires, tu as gagné. Je ne veux plus te voir ici. » lui dis-je, en me retenant de verser une quelconque larmes. Il est temps qu’il prenne également ses responsabilité. Même Ryan essaye de me raisonner, étonné de ma décision. Je sais que je vais surement la regretter mais je veux lui donner une bonne leçon. Son père le protège trop. Myrddin est sorti, surement mal à l’aise de la situation. Notre fils est mal élevé, il pense pouvoir jouer sur de bords en profitant de nos tensions. Le voila servit.
La situation a viré au cauchemar. Alex est monté préparer sa chambre tandis que son père l’a rejoint. Personne n’ose plus rien dire. Il fallait que ça sorte. Ce n’est pas que je n’aime pas notre fils, au contraire. Mais je ne supporte pas l’idée qu’il puisse être injuste de la sorte avec moi et son beau père. Il a su trouver un allié de taille en son père et à vrai dire ça me met hors de moi que Thomas profite également de la situation pour plus s’approcher de notre fils. C’est un peu ce qu’il a toujours fait. Avoir le bon rôle quand je sévis, comme si ses discours à la con pouvait éduquer n’importe lequel de nos enfants. Bizarrement, avec Clara les choses sont différentes. J’entends la porte d’entrée claquer, j’imagine que ce sont eux qui sont partie. Ce n’est qu’à ce moment là que je m’autorise quelques larmes.
J'ai frappé Ryan. Et je n'en ai même pas honte. Il le mérite, ce con. Personne, je dis bien personne, ici, sur cette planète, ne s'en prend à MON fils. Alors oui, Ida peu m'engueuler autant qu'elle veut, elle peut s'insurger, dire autant de conneries qu'elle veut, je referais la même chose sans problème. Mais au final, elle s'en prends à Alex et le vire tout bonnement de la maison. Je reste un instant interdit, regarde mon fils que semble totalement perdu et j'hésite quelques instants, avant de me dire que je ne vais pas tenter de résonner Ida. J'offre un rapide sourire à mon fils et hoche la tête puis l'observe monter dans la chambre. Je reporte mon attention sur mon ex femme et secoue simplement la tête, ahuris, avant de suivre mon fils à l'étage. Je l'aide à faire son sac puis redescend et, sans un mot ni même un regard envers Ida, je sors avec lui.
Je pourrais rentrer directement chez moi, mais je n'en fait rien. Après avoir ranger mon vélo dans mon garage, je prends les clefs de ma voiture qui étaient dans la poche intérieure de ma veste et conduit Alex à l'hôpital. Il a beau me dire que ça va, je connais mon fils, je sais qu'il fera tout pour éviter cet endroit et qu'il dira que tout va bien chez lui pour ne pas m'inquiéter. Sauf que j'ai eu raison d'insister. Rien de bien grave, quelques égratignures mais surtout un poignet cassé. L'explication d'Alex au médecin est simple: une chute en skate board. Hors, moi je sais que c'est un mensonge. Mais je ne dis rien et appuie simplement ses propos par un hochement de tête. En partant de l'hôpital une bonne heure plus tard j'envoie un SMS à Myrddin et le préviens simplement que j'arrive, avec Alex, que les explications suivront quand je serais rentrer.
A peine une demi heure plus tard, la voiture est garé et j'ouvre la porte, laissant Alex rentrer avant moi. Il est directement accueillit par sa sœur qui lui tombe dans ses bras. Je souris et tapote l'épaule de mon fils qui s'agenouille pour prendre Clara dans les bras et la serrer contre lui. Je le laisse se débarrasser de ses affaires et vais dans le salon où je retrouve Nathan, Myrddin et Arthur. Je leur souris, sert gentiment Arthur contre moi lorsqu'il vient me prendre dans ses petits bras, puis pose mon regard sur Myrddin. «Je peux te parler, deux secondes ? » demandais-je doucement. Sachant pertinemment qu'Arthur ne nous lâchera pas une deuxième fois, je le prend dans mes bras pour l'emmener avec nous dans la cuisine. Il a aussi le droit de savoir ce qui se passe, d'autant qu'il n'y a rien de grave, non ?
Je dépose mon fils sur le plan de travail où il a l'habitude d'être installer quand il nous aide avec a cuisine. Je soupire doucement puis me tourne vers Myrddin, le regarde quelques instants puis baisse le regard « Désolé Myrddin» dis-je finalement « Je veux dire … enfin tu me comprends. Quand il s'agit de mes enfants je n'arrive plus à réfléchir correctement. Je ...» je pince les lèvres et déglutis « J'aurais pu et j'aurais dû t'écouter et ne pas te laisser pédaler comme un con pendant deux heures. Désolé, vraiment » je soupire doucement et me passe une main dans les cheveux en levant mon regard, le posant sur le salon où Alex a rejoint Nathan sur le canapé avec sa sœur «Ida l'a viré de chez elle » soufflais-je « Ne demande pas pourquoi» dis-je en secouant la tête «Il va rester un peu avec nous, ici, ok ? Juste le temps qu'elle se calme et qu'il puisse rentrer chez lui sans crainte » je croise les bras et pince les lèvres «Je … ça me rassurerait beaucoup de l'avoir un peu ici, histoire de garder un œil sur lui et voir un peu comment ça évolue » et si ça ne s'arrange pas et qu'il reste ici les années qui suivront, pourquoi pas. Tant qu'il ne fasse plus de bêtises et qu'il revienne dans le droit chemin.
Partir était tout à fait la bonne chose à faire. Je pense que Thomas emmènera Alex à l’hôpital, donc dans tous les cas, j’ai un peu de temps devant moi pour rentrer. Pas besoin de me presser et de souffrir davantage. Le vélo m’a déjà éreinté, et je ne suis pas heureux de le retrouver, mais ça vaut toujours mieux que la marche à pied. J’arrive à l’appartement assez facilement, bien que je n’en puisse plus. L’ascenseur est un bonheur car, vraiment, je ne me voyais pas monter les escaliers. J’ouvre la porte en annonçant mon arrivée, et j’ai à peine le temps de la refermer qu’Arthur me saute dans les bras. Je serre mon petit garçon contre moi, avant de le reposer à terre. Nathan et Clara nous ont rejoint dans le hall, inquiet. Avec un sourire, je leur explique que tout s’est arrangé. C’est dans le salon, et avec un grand verre d’eau pour moi, que je leur raconte plus en détail ce qui est arrivé. Entre notre recherche, le retour d’Alex, le fait qu’il doit être à l’hôpital avec Thomas car il avait quelques bobos (pour s’assurer qu’il n’y a rien de grave). Nathan et Clara posent pleins de questions, auxquelles je n’ai pas toujours la réponse. Arthur est sur mes genoux, silencieux, toujours inquiet je parie.
Le sms de Thomas m’annonce qu’ils arrivent, son fils et lui, et je transmets la nouvelle aux autres. Clara est ravie, bien entendu, mais elle me demande alors où est sa maman. Je ne sais quoi lui répondre, alors je lui répète qu’elle est fatiguée, que la disparition d’Alex l’a énormément inquiétée et, qu’étant enceinte, elle doit avoir encore plus de repos que nous autres. Une bonne demi-heure plus tard nous sommes rejoints par Tom et Alex, ce dernier se retrouve directement dans les bras de sa sœur. La vision est belle à voir. Arthur saute bientôt à terre, quand Thomas s’approche de nous sur le canapé, pour aller recevoir un câlin réconfortant. Je suis un peu pris de court quand mon compagnon me demande de parler à part, mais j’hoche la tête et me lève, tandis qu’il prend Arthur dans ses bras pour l’amener avec nous dans la cuisine. Il dépose le garçon sur le plan de travail, sa place habituelle lorsqu’il nous file un coup de main pour les repas. Je reste non loin, les bras croisés, en attendant de savoir ce qu’il a à me dire. Et l’australien commence par s’excuser, expliquer qu’il n’arrive pas à réfléchir quand il s’agit de ses enfants, et qu’il aurait dû m’écouter.
— Disons que t’étais pas obligé de partir comme un dératé en me laissant à l’arrière, je m’inquiétais aussi tu sais. Et non tu réfléchis pas, c’est ça le problème, un jour ce manque de sang-froid va te retomber dessus Tom, c’est ça que je crains. Je me montre un peu ferme, mais bientôt, je soupire, et décroise les bras, allant m’appuyer sur le plan de travail à côté d’Arthur. Et tu te trompes sur Ryan, il n’est pas méchant, tu vois que ça se passe bien avec Clara, il sait juste pas comment s’y prendre avec Alex. Au lieu de te battre avec lui tu pourrais l’aider, ça faciliterait la vie de tout le monde dans cette famille.
Je suis content d’avoir pu sortir ça. Je ne prends parti pour personne, et encore moins pour mon amant si j’estime que celui-ci a tort. Personne n’a besoin d’être conforté dans de faux chemins, ça ne mènera qu’à plus de malheur par la suite. Ici, Ida, Ryan, Tom et Alex ont tous leurs erreurs, leur part de responsabilité. Et s’en prendre ainsi au nouvel homme de son ex-femme n’était vraiment pas la chose à faire. Alex a vu qu’ils étaient en désaccord, et qui il suivra ? Son père naturellement. Cette histoire est donc loin d’être terminée.
— Tu t’es battu papa ?! lâche soudainement Arthur, en fixant Thomas. Surpris et un peu inquiet, aussi.
— Il n’a rien, rassure-toi. Il a perdu son sang-froid, mais ce n’est pas en frappant les gens qu’on résout des problèmes, d’accord Arthur ? répondis-je calmement en lui caressant le dos.
Le garçon hoche alors doucement la tête, prêt, tout comme moi, à écouter la suite. Car Thomas n’a visiblement pas fini. Par exemple : pourquoi il a ramené Alex ici ? Et ce que j’apprends ensuite m’inquiète encore plus pour la cohésion familiale qu’on avait durement réussi à atteindre. Ida a viré Alex de chez elle. Tom ne sait pas pourquoi, mais je suppose que c’est une façon pour elle de le punir. Elle a dû se dire « puisqu’il est mieux avec son père il n’a qu’à partir avec lui », pensant y voir une solution. Je ne saurais dire ce que l’avenir réserve cependant, mais je n’aime pas tellement ça. Tom nous apprend qu’il restera avec nous le temps que ça se calme et qu’il puisse retourner chez sa mère sans problème. Il a raison d’ailleurs, ça sera aussi une bonne façon de veiller sur lui dans les jours à venir, d’essayer de comprendre davantage ses problèmes et de l’aider.
— Tu n’as pas besoin de mon accord Tom, tu l’as déjà, dis-je en souriant légèrement. Je pense que ça ne peut pas faire de mal, Ryan et Ida auront une pause comme ça. Avec le bébé qui arrive, gérer en plus les humeurs d’Alex n’est sûrement pas facile. Puis je regarde Arthur. Alex va rester avec nous un petit moment, tu seras gentil avec lui d’accord ? Sur ce, j’embrasse mon fils sur le front après qu’il ait hoché la tête pour confirmait qu’il comprenait. Il se doute bien quelque chose ne tourne vraiment pas rond, et je lui expliquerai tout un peu plus tard. Et il va bien ? A l’hôpital ils ont dit quoi ? demandais-je en jetant un coup d’œil à l’adolescent, avant de porter mon attention sur Tom. Que fait-on de Clara ? Elle reste dormir ce soir ? J’ai dit à Ida que Nathan la déposerait mais ça peut changer.