J’arrive à faire entendre raison à Thomas et parfois, pour ça, je mériterais une médaille. Je ne sais pas comment mais avec moi, il ne se braque que rarement, et je l’amène davantage à réfléchir qu’à s’énerver. Il s’excuse d’abord, avant d’approuver ce que j’ai à lui dire, mais quand je lui explique qu’il doit agir autrement avec Ryan, il n’est pas d’accord. Du moins, il dit qu’il fera bien des efforts, mais que ça ne donnera rien tant il le supporte pas. J’aurais plus de travail à faire pour qu’il essaie de comprendre mon point de vue. Se disputer avec Ryan n’est absolument pas la bonne solution, ça ne créera que des brèches plus importantes. Pourtant, au lieu de m’en vouloir, d’hausser la voix, Thomas me supplie de ne pas l’obliger à faire quoi que ce soit. On dirait que je force à gamin à se rabibocher avec son camarade de classe avec qui il s’est fortement disputé. Ça serait amusant, si cela n’impactait pas notre famille.
— C’est justement parce qu’il ne sait pas comment se comporter avec Alex que tu dois l’aider espèce d’idiot ! Pour le bien de ton fils ! rétorquais-je sèchement à voix basse. Mais je me reprends bien vite, et j’ai encore quelques arguments dans ma poche. Avec un peu de chance, ça le fera réfléchir les prochains jours. Alex ne t’aimera pas moins parce qu’il acceptera Ryan tu sais, mais lorsqu’ils arriveront à s’entendre, Alex n’ira que mieux dans sa vie... Ida fait ce qu’elle peut, mais elle est seule, dis-je doucement. Je t’oblige à rien, mais réfléchis Tom.
Arthur s’inquiète alors de l’état de son père, en lui demandant s’il s’était battu. Je rassure alors mon fils avec tendresse. En lui rappelant au passage que la violence ne résout rien. Puis Thomas nous annonce qu’Alex a été viré de la maison par sa mère. Voilà, elle a craqué, il a franchi une limite en fuguant... Je pense la comprendre un peu, quelque part. Mais bien évidemment, je n’ai rien contre le fait qu’Alexander reste avec nous quelques temps. Arthur n’a pas l’air contre non plus. Souriant, Thomas ébouriffe les cheveux de notre fils avant de venir m’embrasser en me remerciant. Je lui répète que ce n’est rien, souriant moi aussi, incapable de faire autrement. Observant un instant Alex et sa sœur, je demande comment ça s’est passé à l’hôpital. L’adolescent se retrouve donc avec un poignet cassé. Mais ce qui inquiète Thomas, c’est que le médecin puisse penser qu’il est à l’origine de l’état de son fils.
— Je sais, je sais Tom, mais je pense que ça ira. Tout le monde peut témoigner que tu serais bien le dernier à battre ton fils non ? Le médecin a pas de raison d’appeler les autorités, vraiment, dis-je en souriant légèrement. Rien n’est une preuve, ça seraient de simples suppositions. Je pose une main sur son bras. Je crois qu’on a surtout tous besoin de sommeil, non ? Je vais proposer à Nathan le canapé s’il veut rester, pour Clara et Alex ont leur chambre est prête, et Arthur... Tu dormiras comme un grand dans ta chambre ? lui demandais-je directement. Il me regarde, paraît réfléchir, puis accepte faiblement de dormir seul. Souriant légèrement je le soulève et le prend un instant dans mes bras. Je vais te raconter une histoire avant, d’accord ?
Je l’embrasse sur la joue et le dépose par terre. C’est qu’il n’est plus léger, il a 8 ans maintenant. Je vais alors rejoindre avec lui les autres, non sans un regard rassurant pour Thomas. Ce soir nous laissons retomber les problèmes, Alex est rentré, et ç’aurait pu être bien plus grave qu’un poignet cassé. Il faut savoir profiter de ce qu’on a. Je propose comme prévu à Nathan de rester dormir, mais il m’assure qu’il ne veut pas déranger, et qu’il peut encore rentrer. Je lui laisse donc le choix, avant de dire à Clara et son frère que pour eux, leur chambre est prête. A côté de moi, Arthur manque de se décrocher la mâchoire en baillant, et s’accroche à mon jean comme s’il s’agissait d’un doudou. Ouaip, il est temps d’aller au lit.
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