ne parfaite accalmie plane dans la salle de sport. Sur le tatami, Marisha se trouve face à son professeur de self-défense. « Détendez-vous. Fermez bien les yeux, je ne suis pas là. Il n’est pas là».Soudainement le sac de frappe heurte le buste de Marisha et celle-ci réagit à l’instinct. Elle martèle le sac de frappe de ses gants de boxe. Conjuguant direct du droit, crochet du gauche sous le joug d’une rage oppressante et dévastatrice. « Temps mort ». Hurle de sa voix caverneuse le coach. « On se détend. Respirez Marisha. Fermez les yeux. C’est ça… » Le sac de frappe par la poussée du coach, heurte encore le buste de Marisha et sa voix rauque résonne de nouveau. « Go ! »Marisha se défoule sur le sac. Ses fins muscles luisent de sueur, son souffle est saccadé, ses abdominaux se contractent.
Dans un mouvement rotatif, se protégeant avec des palettes, il s’expose à Marisha pour recevoir ses coups de genoux qui malmènent les palettes. « Plus fort ! Vous allez encore être une victime ? » « Non ! » S’exclame-t-elle le visage froissé par la colère. « Il pourra encore vous faire mal ? » « Non ! » « Même s’il est plus grand ? » « Il est beaucoup plus grand, mais je ne cèderai plus sous le poids de ses coups ! » « Même s’il est plus fort ? » « Il est beaucoup plus fort que moi, mais le désir de protéger ma fille me rend plus forte que lui ! » « Donc s’il vous touche… » « Hors de question ! » « Dites-le ! » « On dépense deux fois plus d’énergie pour frapper et manquer que pour frapper et toucher ! » Le coach retire les palettes et l’attrape à la gorge. « Vous vous croyez prise au piège, que faites-vous ? » « Bras gauche levé, rotation à droite, abaisser le bras et prendre votre main. » Elle exécute parfaitement ses explications. « C’est ça Marisha. C’est très bien. Comment on gagne ? Comment ?» « En attaquant » « Qu’est-ce que vous ferez après avoir attaqué ? » « Rien » « Pourquoi rien ? » « Parce que je n’arrêterai pas d’attaquer. » Et ils reprennent l’entrainement de plus belles.
« Dernière chance. La leçon la plus dure. On n’a pas le contrôle de l’univers. Un moment d’inattention, il vous frappe et vous touche.» « Ce n’est pas possible. » « Pour gagner, il faut se préparer à tout, même à l’impossible. Il y a toujours des limites. Couchez-vous. » Marisha s’allonge sur le tatami. « Vous êtes à terre, immobile, apparemment vaincue. Mais écoutez-moi, raccrochez-vous à ma voix Marisha. Il vous domine, il croit avoir gagné. Sa lâcheté est aussi évidente que son intention de vous donner un coup de pied. Mais comme vous savez ce qui va faire, vous souriez intérieurement. Vous savez quoi faire Marisha n’est-ce pas ?» « Oui je suis prête. Je l’attends.» Les lèvres de Marisha s’étirent largement.
Après son cours de self-défense, Marisha remercie le coach et crie en courant vers les douches. « Je dois me dépêcher coach, ce soir j’ai promis de visionner un film avec ma fille. Mais je dois passer au supermarché avant.» « D’accord file et à la semaine prochaine. » Marisha s’engouffre dans les vestiaires où elle prend son sac de sport dans son casier. Elle file ensuite sous la douche pour détendre ses muscles avec une eau fumante et parfumée à son gel douche vanille. Elle passe de la crème adoucissante sur sa peau de miel et satinée, enfile un jean bleu, un débardeur noir et une veste blanche. Un peu de déodorant, une légère touche de maquillage, les cheveux attachés négligemment, et elle quitte la salle de sport pour le supermarché. Il est alors dix-sept heures trente quand elle arrive au supermarché. Elle prend un caddie, sa liste de course en main, elle commence à circuler dans les rayons. Très vite, son caddie se remplit, mais son téléphone portable sonne et elle marque une pause pour décrocher.
« Oui Katelyne ?...Oui tu peux me la passer. Merci. » Un large sourire suspendu aux lèvres comme à chaque fois qu’elle a sa fille au bout du fil. « Oui ma puce. Qu’est-ce que tu veux ? Je suis justement au supermarch… Oh non Lucia pas ce soir. Mais tu as déjà dormi chez ta copine hier… Ah non je ne cède pas à ton chantage affectif petite coquine… Non non non… Bon d’accord, mais juste pour ce soir hein. Demain tu rentres à la maison… Tu as encore ton argent de poche ?...Très bien ma petite princesse. Bon à demain et tu embrasses Victoria de ma part… Moi aussi ma puce. Allez repasse-moi la maman de Victoria… Tu étais dans le coup Katelyne… Mais bien sûr je vais te croire. » Un léger rire s’échappe des lèvres de Marisha. « Bon je passe à dix heures demain pour prendre Lucia. Oui on se fait ça dès que j’ai un peu de temps pour moi. Bisous ma belle. » Marisha raccroche et range son Smartphone, déçue. Ses projets de soirée sont fichus. Encore en proie à une vive déception, elle lève instinctivement sa main pour attraper le dernier paquet de céréales préféré de sa fille. Seulement son revers de main frôle le revers d’un jeune inconnu qui souhaite également prendre ce paquet. D’ailleurs il est plus rapide qu’elle et elle se permet de l’interpeller. « Bonsoir. Je suis désolée de vous importuner. Mais j’étais sur le point de prendre ce paquet de céréales. C’est le dernier et ma fille en est quasiment accro. Enfin je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Vous connaissez les enfants. Vous voulez m’épargner une crise de ma fille… S’il vous plait ? » Un sourire angélique tracé sur ses lèvres rosées, ses iris bleutés plantés dans les prunelles du jeune homme, Marisha attend le verdict.
Charlie, comme à son habitude, traîne bien après la fermeture de son bar. Il tourne en rond. Il visite encore et encore le bar, la salle, les petites cuisines, avec à chaque passage une nouvel vision. Il se dit le plus souvent que ce n’est pas si mal Brisbane mais qu’il regrette du moins sa bonne vieille Angleterre. Mais le jeune homme est une personne des plus positives et arrive à voir le bon côté des choses. Il a une nouvelle vie, de nouvelles connaissances, un nouveau travail et tout ca le rend heureux.
Après avoir contemplé son bar, il va se servir un verre, comme à peu près tout les soirs pour se détendre, mais la boisson est toujours procédural dépendant de son humeur. Ce soir là, Charlie est de plutôt bonne humeur, sa journée n’a pas eu une seule fausse note, et va donc se servir un petit verre de gin. Son verre à la main, il se dirige vers la sono du bar, y branche son téléphone et met une de ses musiques préférées du moment. La musique est au maximum. Il ferme les yeux et peut sentir les bass, les vibrations, chaque notes le traverser. Il aime cette sensation de renfermement sur lui même. Etre dans sa bulle.
Son verre est vide. La musique ne se fait plus entendre. Charlie prend alors son manteau, éteint les lumières et ferme la porte du bar. Prend ses clefs de voiture, ouvre la portière, démarre la voiture et commence sa route jusqu’à son appartement. Sur le chemin, il voit le supermarché encore ouvert et se dit pourquoi y faire quelque course pour se faire plaisir. Il gare sa voiture dans le parking, sors de sa voiture et prend un sac pour y mettre ses courses futur. L’anglais rentre dans le supermarché sans savoir ce qu’il veut vraiment. Il ère dans le magasin, parcours les rayons, prend des trucs à la volé de ce qu’il aime. Des chips, des bières, du saucisson, des pommes ( vertes de préférences ). Des produits dont il n’a pas besoin mais qui lui donne envie. Viens alors le rayons des céréales. Charlie y pense, mais cela fait bien longtemps qu’il n’a pas pris un vrai petit déjeuné un peu enfantin avec des céréales et du lait, car depuis qu’il est devenu adulte et qu’il dirige son bar, il ne prend qu’un simple café avant d’aller travailler. Il se dirige vers le paquet de céréales de son enfance, il tend la main et son revers frôle alors la main d’une jeune femme. Une femme qu’il ne connaît pas mais qui l'interpelle. « Bonsoir. Je suis désolée de vous importuner. Mais j’étais sur le point de prendre ce paquet de céréales. C’est le dernier et ma fille en est quasiment accro. Enfin je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Vous connaissez les enfants. Vous voulez m’épargner une crise de ma fille… S’il vous plaît ? » Le grand brun comprend sur le moment que c’est une mère de famille. Il est vite troublé par son sourire magnifiquement dessiné sur son visage, et ses yeux d’un bleu sans voix qui le transperce. Il rétorque d’un air sérieux et souriant. «Bien sûr je ne voudrais pas que votre fille soit triste de ne pas avoir ses céréales préférées» Le jeune homme prend le paquet dans ses mains et le tend vers la jeune femme comme une sorte de présent sur lequel il a mit la carte de son bar avec l’adresse. L’homme regarde encore pendant de longues minutes les yeux de cette femme dont il a l’impression que l’océan même s’y trouve. Il prend ses courses et se dirige vers la caisse du supermarché en envoyant un dernier sourire à la jeune femme.
a supplique trouve une oreille compatissante. Le jeune homme ne rechigne pas à céder le dernier paquet pour lui être agréable, mais surtout pour éviter une possible crise de sa fille. Naturellement Marisha lui en est reconnaissante et s’exprime dans ce sens d’un ton enjoué. « Vous êtes bien aimable monsieur. Je vous en remercie. » Marisha lui rend son sourire, mais note qu’il a du mal à détourner les yeux des siens. Ce regard persistant gêne un peu la cubaine qui préfère prendre l’initiative de détourner les yeux en les reportant sur le paquet de céréales. C’est à ce moment qu’elle remarque la carte qui trône sur le paquet. Visiblement une adresse, de quoi intriguer Marisha qui lève la tête pour interroger l’inconnu, mais celui-ci a déjà tourné les talons et se dirige vers la caisse.
Alors elle emboite ses pas et l’interpelle de nouveau quand elle est à sa hauteur. « Excusez-moi. Je m’en voudrais de vous déranger de nouveau, mais je crains de ne pas saisir exactement ce que vous attendez de moi avec cette carte. » Le paquet dans le caddie, elle a la main libre pour agiter doucement la carte en ajoutant. « Il y est inscrit que c’est un bar. Mais je vous avoue que je ne vois pas pourquoi vous me remettez cette carte. Pouvez-vous me donner plus de précision ? Ou peut-être que j’ai la tête d’une femme qui passe sa vie dans les bars et vous souhaitez m’informer de l’ouverture d’un nouveau bar ? » Elle sourit.
Elle badine peut-être avec lui c’est vrai, mais il faut bien reconnaître qu’elle peine à comprendre. Du moins pour le moment. Peut-être que quelques explications s’imposent ? Elle étire ses lèvres dans un sourire espiègle et émet d’autres hypothèses qui pourraient embarrasser l’inconnu. « Ou peut-être est-ce notre prochain lieu de rencontre ? Vous souhaitez peut-être un rendez-vous avec moi ? » La mine enjouée, le regard pétillant d’espièglerie et son index levé pour donner de la consistance à ses mots, elle poursuit. « Je vous préviens tout de suite que je n’ai pas pour habitude de fréquenter les bars. Toutefois, comme vous avez été aimable avec moi, je veux bien y réfléchir si vous me donnez votre petit nom. Moi c’est Marisha, Marisha Zhimmer. » Petit rire, Marisha regarde la caissière qui s’impatiente et se penche légèrement en avant pour murmurer à l’inconnu. « Je pense que c’est à vous de déposer vos courses. »
Marisha finit par passer à la deuxième caisse pour régler ses achats. Chose faite, elle range sa carte bancaire dans son portefeuille et commence à pousser son caddie au moment même où l’inconnu prend ses sacs de courses. « Je crois que j’ai eu la main lourde sur les achats ce soir. Heureusement que j’ai ma voiture pour rentrer. » Souriante, Marisha pousse doucement son caddie en observant l’inconnu qui marche près d’elle.
Charlie, après avoir fait sa bonne action de la soirée et rendu sûrement heureuse une petite fille, se dirige vers la caisse pour payer ses achats. Il sort quelque billets de son portefeuille, qu’il se souvient être un cadeau de sa soeur ce qui le laisse pensant. Mais une chose le fait sortir de ses rêveries, le retour de la jeune femme aux yeux resplendissant. Il tire un grand sourire du fait de la revoir, mais la jeune femme commence à lui poser quelques questions par rapport à sa carte de son bar. A-t-elle mal pris le fait qu’il lui donne la carte ? Charlie commence peu à peu à paniquer et perd son sourire par la même occasion.
La jeune femme assène le jeune homme de question mais il ne sait pas quoi répondre. Il voit alors la jeune femme sourire, peut-être le signe qu’elle ne l’a pas mal pris ? L’anglais répond avec son accent très ‘British’, car quand il stresse son accent ressort de plus belle. « Alors je vous assure que je ne porte aucun jugement à votre égard a part que je vous trouve plus que ravissante» Charlie commence à bégayer par timidité. La jeune femme continue de sourire et pose d’autres questions. « Ou peut-être est-ce notre prochain lieu de rencontre ? Vous souhaitez peut-être un rendez-vous avec moi ? » Cette question fait ouvrir grand les yeux au jeune homme et se sent gêné. Mais sans qu’il puisse répondre un traître mot elle continue « Je vous préviens tout de suite que je n’ai pas pour habitude de fréquenter les bars. Toutefois, comme vous avez été aimable avec moi, je veux bien y réfléchir si vous me donnez votre petit nom. Moi c’est Marisha, Marisha Zhimmer. » Elle sourit et exprime un petit rire. Marisha fait signe à Charlie que c’est son tour et que la caissière s’impatiente.
Il tend les billets à la caissière et tourne sa tête en direction de la jeune femme mais elle n’était plus là, il la voit à la deuxième caisse payer ses courses à son tour. Charlie prend son sac de course et se met en route pour sa voiture. Il la voit finir de prendre ses courses et décide de l’attendre. Tout en marchant le grand brun s'adresse à la jeune femme « Marisha c’est bien ca ? Eh bien pour tout vous dire, oui, je voulais vous revoir et ceci » Il montre la carte. « est la carte de mon bar que j’ai ouvert il y quelque mois. Et je me disais que pour se revoir peut-être voudriez vous venir me voir pendant ou après le service ? » Fier de ne pas avoir été trop timide pour lui parler il s’exclame « Désolé ! Quel manque de politesse. Je m’appelle Charlie, Charlie Rhodes. Heureux de faire votre connaissance » Avec un grand sourire, il pense à une idée. « Vous savez il n’est pas si tard et peut- être que l’on pourrait justement y aller pour y faire un tour ? Enfin si vous n’êtes pas attendu ? » Arrivé au parking, il s’arrête en regardant Marisha et attend une réponse.
’accent British du jeune inconnu est vraiment à tomber. D’ailleurs elle le trouve vraiment craquant. La plupart des femmes ont tendance à préférer les mauvais garçons, les têtes brûlées, les briseurs de cœur. Ce n’est pas le cas de Marisha, ou du moins ce n’est plus son cas. Elle a eu sa dose avec son ex-mari et préfère maintenant côtoyer des personnes bienveillantes qui ressentent de la compassion pour autrui, plutôt que de parfaits égoïstes qui prennent leur plaisir qu’en foutant tout le monde dans les embrouilles.
En outre, si l’accent de son interlocuteur est assez sexy, elle relève tout de même son compliment dans ce flot de mots pour justifier la remise de la carte. Il la trouve ravissante dit-il. Un aveu qui touche Marisha. Bien qu’elle ait conscience de ne pas être une mocheté, et pas seulement à cause de ses yeux azurés, Marisha n’en reste pas moins troublée par ce compliment. Elle n’a plus vraiment l’habitude des compliments des hommes qu’elle a tendance à éviter. Oui c’est vrai, depuis son divorce, Marisha n’a plus connu d’hommes. Même pas un petit flirt. Elle se consacre entièrement à sa fille et en oublie le côté romantique de la vie. Son index coinçant une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, elle fixe son caddie pour ne pas montrer son embarras à ce compliment déstabilisant.
Après avoir réglé séparément leurs achats, Marisha a le plaisir de constater qu’il l’attend. Si Marisha n’est pas douée pour les rendez-vous galants, elle a un don pour se faire apprécier des autres et se faire rapidement des amis. Peut-être parce que c’est une femme souriante, sans méchanceté gratuite en elle, toujours prête à aider les autres, ouverte d’esprit et assez spontanée. Alors oui, elle n’est pas surprise que ce premier contact entre eux, pousse l’inconnu à l’attendre. Un radieux sourire égayant son visage, elle hoche mollement de la tête à sa question alors qu’elle pousse son caddie, la carte coincée entre l’index et le majeur de sa main droite. « Oui c’est bien Marisha. »La jeune femme l’écoute attentivement et comprend qu’il souhaite fixer un rendez-vous pour la revoir. Comme quoi elle a bien fait de demander des précisions hein. Ses iris bleutés rivés sur la carte qu’il désigne, Marisha étire doucement ses lèvres. « C’est assez tentant. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je n’ai pas l’habitude de trainer dans les bars. Mais après ce que vous venez de faire pour moi et ma fille, je suis assez curieuse de voir à quoi ressemble le bar d’un homme aussi charmant. Je vais y faire un tour sans faute. Je vous en fais la promesse. »
Les portes du supermarché coulissent et le duo se retrouve déjà à l’extérieur. C’est à ce moment que celui qui était encore un inconnu il y a quelques minutes, devient Charlie. Elle sourit. « Je suis ravie de faire votre connaissance Charlie. » Marisha est déjà à fixer le parking dont ils se rapprochent quand Charlie propose autre chose. Marisha ouvre grand les yeux, dubitative. Après tout elle ne le connait pas. Il peut très bien être un serial killer ou un truc dans le genre. Pourtant, et elle ne saurait justifier cette décision, c’est spontanément qu’elle rétorque de sa chaude intonation. « J’avais prévu de retrouver ma fille pour regarder des films. Mais elle dort chez une amie ce soir. Alors mes projets sont avortés et je suis libre comme l’air. Donc pour répondre à ta question, Pourquoi pas. Je te suis avec ma voiture. Laisse-moi juste le temps de mettre mes achats dans le coffre et de remettre le caddie. »
Oui elle est passée au tutoiement. C’est tout Marisha ça. Elle ne perd pas de temps pour briser la glace avec ses interlocuteurs. « J’espère que le tutoiement ne te gêne pas ? » Elle n’attend pas vraiment sa réponse et lui fait un clin d’œil avant de se diriger vers sa voiture. Elle ouvre la malle arrière et y dépose ses courses. Heureusement rien qui nécessite d’être conservé au congélateur. Elle ferme la malle arrière et presse le pas pour ranger le caddie. L’acte accompli, elle revient sur ses pas et fait un signe à Charlie en montant dans sa voiture. « C’est bon je suis prête, on peut y aller. »
Il est à peine vingt-et-une heures quand ils se garent près du bar en question. Marisha descend de sa voiture et verrouille les portières avant de rejoindre Charlie devant la porte du bar qu’il ouvre. « En tout cas la façade est très agréable à l’œil. C’est un atout pour attirer la clientèle. C’est vraiment très joli et j’ai hâte de découvrir la décoration intérieure. » La jeune femme le regarde et sourit.
Après avoir accompagné sa nouvelle connaissance jusqu’au parking, Charlie décide d’inviter Marisha à son bar pour y faire un tour et peut-être y prendre un verre ou deux et faire plus ample connaissance. Mais l’anglais est toujours très distrait et ne se rend pas compte qu’il vient de rencontrer cette superbe femme il y peine une demi-heure et qu’il ne connaît rien d’elle. C’est peut être une psychopathe qui va essayer de le tuer pour prendre son argent ou qu’elle a inventé cette histoire de fille juste pour garder le paquet de céréales pour elle. Mais le jeune homme ne fait pas attention à toutes ces questions et préfère être hypnotisé par les yeux de la jeune femme.
Marisha a prévenu Charlie que les bars n’étaient pas son passe-temps favoris mais elle était quand même intriguée de voir à quoi pourrait ressembler le bar “d’un homme aussi charmant” dit-elle. Après avoir entendu ce compliment il sourit bêtement et se gratte la tête gênée avec un petit rire. De plus, une autre nouvelle vient de rendre cette journée encore plus merveilleuse pour notre homme; Marisha accepte de venir au bar. Elle explique que c’est parce que sa fille dort chez une amie ce soir, elle n’a donc plus aucun projet et est donc libre comme l’air. Après une nouvelle pareille, il est encore plus stressé de montrer son bar. Il se dit que c’est son idée et qu’il doit assumer.
Cependant une chose a interpellé Charlie, elle l’a tutoyé. D’abord surpris ensuite il se dit que c’est plutôt normal. De son côté Marisha a peut être remarqué la surprise sur le visage du jeune homme et demande alors si le tutoiement ne le dérange pas. « Bien sûr que non ca ne me dérange pas ». Mais avant même qu’il finisse sa phrase, elle lui fait un clin d’oeil et se dirige vers sa voiture pour ranger ses courses dans le coffre. Une fois les sacs posés et l’arrière de la voiture fermée elle prévient qu’elle est prête à partir.
Il est à peine vingt-et-une heures quand ils se garent devant son bar. Ils descendent de leurs voitures et verrouillent les portières. Charlie engage la marche vers le bar, il ouvre la porte et entend Marisha faire un compliment sur la façade du bar. Il sourit, la regarde et lui dit « Tu n’as encore rien vu » et lui fait un clin d’oeil.
Il rentre, allume les lumières, et sous leurs yeux se dressent une assez grande salle avec environ une dizaine de tables en bois sombre, mais pas du style bistrot parisien mais des tables à un pied avec des sortes de dorures et on peut voir dans le bois des sortes de dessins sculpté. On remarque tout de suite les chaises bordeaux avec une texture un peu de velours qui recouvrent même le dossier des chaises, mais que Charlies préfère qualifier de fauteuil, ça fait plus classe. En regardant au plafond, on voit un plafond d’une blancheur immaculé avec au milieu un énorme chandelier brillant d’or, mais qui n'en est pas, qui à lui seul éclaire tout le bar. Charlie continue de montrer les lieux et se dirige vers le bar. Se trouvant sur la gauche, ce bar est immense mais qui reste d’une certaine simplicité; il est en bois avec autour des dorures comme pour les tables.
L’anglais se met derrière le bar comme pour servir un client. Il regarde Marisha et lui demande «Alors qu’est ce que tu en pense ? » puis il enchaîne avec «Qu’est-ce que je te sers ? » Il sourit.
n retour de clin d’œil ? Visiblement oui. Marisha ne peut réprimer un radieux sourire alors qu’il l’assure en quelque sorte qu’elle sera émerveillée par la décoration de son bar. Intérieurement la jeune femme trépigne d’impatience. La porte est ouverte et la lumière permet une observation plus assidue. Marisha apprécie le côté boiserie et chic du bar. Elle est rassurée de n’être pas tombée sur un bar malfamé de mauvais goût. La salle est splendide et elle oriente ses saphirs en direction de Charlie. Ne trouvant pas d’abord les mots pour exprimer son appréciation. Ensuite, elle emboite ses pas alors qu’il se dirige vers le bar pour passer derrière le comptoir. Il peut alors de cette façon lui faire face et l’interroger sur ce qu’elle pense de son bar. Marisha étire subtilement ses lèvres et se lance d’un ton posé. « C’est magnifique Charlie. Une pure merveille. Ce lieu a un cachet tout à fait attrayant. J’adore. » Elle s’accoude au comptoir et penche un peu la tête en avant pour confier à mi-voix à celui qui n’est pourtant qu’un inconnu. « Tu as bien plus de goût que moi côté décoration. » Souriante, elle se recule un peu et négligemment, ôte son manteau pour rester en débardeur au moment même où il demande ce qu’elle désire boire.
« Un martini blanc s’il te plait. Sec de préférence s’il te plait. » Elle s’assoit sur l’un des tabourets et le regarde à la dérobée tant elle est distraite par une nouvelle observation de la salle. Elle revient alors sur lui et le questionne. « Tu crois qu’on peut mettre une musique de fond ? Rien de bien fort, je ne veux pas te créer de problème avec le voisinage. » Son verre de martini servi, Marisha remercie Charlie et porte un fugace toast avec lui avant de s’intéresser concrètement au jeune homme après une prompte gorgée de son martini. « Tu dois me trouver un peu imprudente de suivre un inconnu comme je viens de le faire ? » Marisha tourne doucement le tabouret de gauche à droite, son verre en main. « Je n’ai pas l’habitude de me retrouver dans ce genre de situation. Je ne sais même pas pourquoi tu as été l’exception ce soir. Enfin ce qui est fait est fait, on ne peut revenir en arrière et je n’en ai pas très envie de toute façon. » Une petite gorgée de son martini, d’ailleurs le seul verre qu’elle s’autorisera puisqu’elle conduit et qu’elle est une femme responsable avec une petite fille qui compte sur elle. Bref, revenons plutôt au fil de la conversation.
« Alors Charlie, parle-moi un peu de toi. Tu viens d’où ? Est-ce que tu as toujours eu pour projet d’ouvrir un bar ? »
Marisha pose son verre encore plein et se lève pour danser doucement sur la musique de fond. Elle lui lance un coup d’œil rieur. « Pas d’inquiétudes. Je ne suis pas ivre. Juste une envie folle de m’amuser un peu. Tu danses avec moi ? » Elle agite doucement ses mains dans la direction de Charlie, puis de son index droit, l’invite à la rejoindre en ramenant machinalement l’index vers elle, le regard toujours rieur.
« Je te préviens juste que je ne sais pas danser. Mais on s’en fiche après tout. Tu ne crois pas ? » Marisha retire l’élastique de ses cheveux qui tombent en cascade sur ses graciles épaules. Elle tourne lentement sur elle-même et enfouit ses doigts fuselés dans sa chevelure de jais pour les rabattre négligemment sur le côté, tout en continuant à tourner lentement sur elle-même au rythme de la musique.
Les compliments qui sortent de la bouche de Marisha sonnent comme une parole divine. Elle aime le bar et cela réchauffe le cœur à Charlie, lui qui avait peur de lui montrer maintenant il est en fière et rempli de joie. Le gérant de bar qu’il est doit respecter son devoir et offrir à boire à la nouvelle rencontre qu’il vient de faire il y à peine une bonne heure peut-être ? Aucune importance, ce qui importait pour lui c’est de profiter de la soirée et ça commence avec ce verre. Par ailleurs il remarque qu’elle se met à l’aise de son côté et ôte son manteau à son tour. Ne l’ayant pas remarqué car il préparait les ustensiles pour les boissons, quand il vit ce corps, il en était subjugué de par sa beauté et sa finesse. De plus il voit que c’est une femme qui prend soin d’elle. Fait-elle du sport ou quelque chose dans le style ? Se dit-il. « Qu’est-ce que je te sers ? » pose-il après avoir récupéré ses esprits.
Elle demande un martini blanc, « Ca arrive tout de suite mademoiselle ! » Il commence à préparer le cocktail, remue le shaker, filtre les glaçons et le sert dans le verre à martini. Pendant qu’il finit de concocter la boisson, il voit Marisha s’installer sur une table et remarque qu’elle passe son regard tout autour de la pièce. Puis elle revient peu après et il la regarde d’un air interrogatif. Elle vient lui demander si on peut mettre un peu de musique. Bien évidemment il accepte avec plaisir. Il allume la sono et met une musique de fond comme demandé. Le barman de ce soir vient servir la nouvelle cliente et dépose le verre sur la table. Elle tend son verre et le remercie en prenant une prompte gorgée. « Tu dois me trouver un peu imprudente de suivre un inconnu comme je viens de le faire ? » demande-t-elle. « Pour être franc et d’un point de vue objectif, oui c’est très imprudent de suivre un inconnu comme ça mais étant l’inconnu en question je suis vraiment heureux que tu sois venue ce soir ». Cependant Marisha avoue que ce genre de situation n’est pas son quotidien mais elle ajoute qu’elle ne regrette en rien sa décision, et Charlie est content de l’entendre et lui adresse un grand sourire.
La conversation continue de plus belle, elle commence la première à poser des questions. D’où vient-il et le bar a-t-il toujours été un projet pour l’anglais ? « Alors je suis originaire d’Angleterre pour tout te dire, je n’ai pas vraiment choisi de venir à Brisbane. La faute a ma sœur mais bref passons.» Il lâche un soupire en se souvenant les événements passés. Il reprend son sourire comme de rien n’était et continue « Je n’ai pas toujours voulu ouvrir un bar, mais il fallait bien que je fasse quelque chose en arrivant à Brisbane alors je me suis intéressé à la restauration mais ne voulant pas m’investir dans un vrai établissement, style restaurant, j’ai préféré prendre un bar et depuis je m’en sors vraiment pas trop mal »
Charlie, le temps qu’il finisse de parler et Marisha d’écouter, elle pose son verre, se lève et commence à danser doucement sur le rythme de la musique de fond. Elle lui lance un coup d’œil rieur. Mais le rassure en lui disant qu’elle n’est pas ivre mais qu’elle a envie de s’amuser et l’invite à danser avec elle. N’étant pas sûr au début et ayant la peur du ridicule, il hésite un peu ne voulant pas passer pour quelqu’un de ridicule. Mais après les tentatives de la belle jeune femme il ne peut plus résister et accepte donc de se lever. Elle le prévient qu’elle ne sait pas danser mais il rétorque que lui non plus ne sait pas du tout dit-il avec un petit rire. Il se dirige vers elle et admire ses cheveux ,qu’elle vient de détacher, qui tombe avec élégance sur ses épaules. L’anglais est hypnotisé de par la beauté sacrée de cette femme qui danse devant lui. Il la voit passer ses mains dans ses cheveux tout en tournant sur elle-même au rythme de la musique, un spectacle plus qu’envoûtant.
Charlie se décide enfin à venir danser avec elle. Il se met derrière elle, pose ses mains sur ses hanches et danse au même rythme qu’elle. Il sent le stresse monter et avec lui son cœur, mais il essaye de garder son calme et suit les mouvements de Marisha qui lui font vite changer d’état d’esprit. Le beau brun chuchote à l’oreille de sa partenaire de danse « Je trouve que tu danses vraiment bien pour une femme qui ne sait pas danser »
harlie se montre de prime abord hésitant. C’est un peu normal aussi. Ils se connaissent à peine et elle peut comprendre que son inexpérience en danse, puisse être un frein à cette invitation peut-être prématurée ? Pourtant Marisha insiste. C’est une femme spontanée, authentique. Elle n’a pas peur du ridicule. Bien au contraire. Elle raffole des esprits libres, un peu déjantés qui ne craignent pas les jugements de la multitude. C’est un peu sa façon d’être aussi. Elle a beau ne pas le connaître, elle s’en fiche qu’il la trouve niaise, trop audacieuse ou un peu fofolle. A quoi bon vivre si c’est pour s’armer de faux-semblants dans le but de plaire aux autres ? Non ce n’est pas la conception de la vie de Marisha. Elle se veut libre de faire ce qu’elle veut et quand elle le veut. Mais en prenant toujours en compte dans le top numéro un de sa liste sa fille adorée. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle n’est aucunement mal à l’aise de danser devant Charlie.
Toutefois, elle doit bien avouer que le regard insistant du jeune homme la trouble quelque peu. Un regard brûlant qui fond sur elle et la contraint à laisser ses yeux rivés sur lui. Il finit par céder et c’est à pas de loup qu’elle le voit s’avancer vers elle et passer doucement derrière elle. Cette présence raidit quelque peu Marisha. Elle s’attendait à une danse frontale sur une touche de légèreté. Cette proximité est troublante, tout en étant agréable. La timidité gagne Marisha, qui inconsciemment, ralentit ses mouvements et replace une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, la tête légèrement inclinée vers le bas pour masquer son trouble à ce poitrail qui rencontre son dos. Machinalement, elle tourne un peu la tête en arrière pour l’observer lorsque ses mains se posent sur ses hanches et ainsi s’adapter au rythme de ses déhanchements qui en deviennent naturellement lascifs.
Au suave chuchotement, Marisha se surprend à étirer ses lèvres dans un sourire, certes timoré, mais radieux qui rehausse la finesse de ses traits. Elle passe les doigts dans ses cheveux pour les rabattre sur le côté et ainsi offrir plus avant le profil de son visage. « C’est peut-être parce que j’ai un bon guide. » Elle ondule doucement des hanches pour le taquiner et se laisse aller à un petit rire cristallin tout en s’autorisant une caresse audacieuse de sa main. « A croire que tu as un effet positif sur mes performances. » Marisha fait complètement volte-face au moment où elle sent fuir sous ses pieds la timidité. Face à face, elle enlace leurs doigts pour l’inciter à lever les bras et elle commence avec des déhanchés circulaires et des jeux de jambes sensuels. Le sourire immaculé suspendu aux lèvres, le regard azuré planté dans celui de Charlie, Marisha tourne doucement sur elle-même en ondulant des hanches au rythme de la musique de plus en plus entrainante. « Tu as des sons du tonnerre. J’aime vraiment. » Marisha rigole un peu et lance en désignant les consommations. « On va s’asseoir ? A force tes voisins vont finir par croire que tu fais aussi boite de nuit.» Souriante, Marisha l’entraine doucement vers le bar l’incite à s’asseoir sur un tabouret près d’elle. Son verre de martini en main, elle l’interroge sur un sujet plus personnel.
« Au risque de paraître indiscrète, tu as dit tout à l’heure que tu n’as pas vraiment choisi de t’installer à Brisbane. Qu’est-ce que tu entends par-là ? Et pourquoi ta sœur en serait la fautive ? »
Alors là elle en demande trop ! Marisha en est consciente. Pourtant, elle pense avoir le droit d’en apprendre plus sur lui, sur le motif de son installation à Brisbane. Elle espère qu’il se sentira suffisamment à l’aise avec elle pour se confier.
Charlie étire un petit sourire se sentant flatté de la réponse de Marisha. Décidément cette femme sait plus danser qu’elle ne le dit, pense-t-il. Les mouvements des hanches qu’elle produit sont juste d’une unique sensualité. Elle complimente son partenaire de danse, ce qu’il apprécie particulièrement. La sentant s’écarter de lui, il ne s’est pas trop quoi faire. Mais il la voit bien assez vite revenir face à face et prendre ses mains dans les siennes. Charlie se sent comme contrôlé par elle, il bouge au même rythme qu’elle. Il voit Marisha repartir de plus belle avec des déhanchés et des mouvements de jambes sensuels. Ils se regardent l’un et l’autre, le jeune homme d’un regard vert émeraude et la jeune femme d’un bleu azure. Ils continuent de danser, il se sent comme hypnotisé par la beauté de sa partenaire mais elle le fait revenir à la réalité en désignant les verres posés sur le bar et propose qu’ils aillent s'asseoir pour ne pas déranger les voisins. Ils se dirigent vers le bar, s’assoient et Marisha interroge Charlie sur un sujet plutôt personnel.
La question sur les détails de la venue à Brisbane et pourquoi avoir cité sa soeur comme fautive de cette situation. « Il est vrai que je n’ai pas réellement choisi de venir à Brisbane. Je l’avoue si j’avais eu le pouvoir de décider j’aurais choisi de rester en Angleterre. C’est mon pays d’origine et ça a été dur de la quitter. Tout ça à cause de ma soeur parce qu’elle a essayé de faire “un pacte avec le diable”. Notre père, que l’on croyait mort, nous avait été révélé qu’il était encore bien vivant et nous avait abandonnés à notre mère pour garder son job. Gabi, ma soeur, voulant se venger essaya de faire chanter notre père : de l’argent sinon elle révèle tout sur lui, qu’il a abandonné ses enfants et cela aurait très mal à sa carrière. Mais c’était trop facile et notre père ne se laissa pas faire et répliqua. Notre maison brûlée nous fit comprendre qu’on ne pouvait pas rivaliser avec lui. Il nous proposa alors un marché : notre départ d’Angleterre plus notre silence contre de l’argent. Et depuis ce jour jaillit ma soeur pour ce qu’elle a fait et j’ai pourtant essayé de l’en dissuader mais rien n’a faire, trop têtu. Et pourquoi Brisbane ? Parce que nous avions de la famille ici. »
Charlie prend son verre et le boit cul sec. Il se racle la gorge et ajoute « Ne t’inquiète pas ça ne me fait plus rien d’en parler » Il tourne sa tête vers Marisha et lui adresse un sourire et instinctivement comme pour la rassurer, il pose sa main sur la sienne. «Arrêtons un peu de parler de moi.» rit-il « Raconte-moi un peu ta vie aussi, d’où tu viens ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » puis d’un ton hésitant «Tu es marié ou quelque chose dans le genre ?»
éponse est apportée à sa curiosité justifiée si on tient compte du fait que Marisha est toujours soucieuse du bien-être de son entourage. Elle est comme ça, c’est presque viscéral chez elle. Alors oui, son écoute est plutôt assidue, même si elle trempe régulièrement ses lèvres dans le liquide transparent sans pour autant perdre de vue les émeraudes de son interlocuteur qui se confie à elle. Elle se raidit quelque peu au fameux pacte avec le diable. Son verre posé, les sourcils légèrement froncés pour indiquer toute son attention, elle le laisse terminer son récit sans broncher. Mais le voir vider son verre cul sec la pousse à prendre la parole. « Je ne me permettrai jamais de comparer ton histoire à la mienne Charlie. Mais j’ai aussi eu un père irresponsable. Je comprends que cet abandon ait pu traumatiser ta sœur. Tu sais le lien affectif entre un père et sa fille est bien plus fort, plus puissant qu’entre un père et son fils. Alors peut-être qu’au fond d’elle, ta sœur avait le réel besoin de revoir ton père, mais la méthode employée a été préjudiciable pour vous tous. » Marisha étire légèrement ses lèvres et ajoute. « Je trouve horrible ce que votre père vous a fait Charlie. Vraiment. Mais peut-être aussi que ta sœur se sent fautive ? Peut-être qu’elle se punit bien plus que la haine que tu ressens pour elle aujourd’hui. Enfin ça ne me regarde pas c’est vrai. Mais pense-y. Un homme aussi charmant que toi doit bien avoir encore assez de clémence pour arranger les choses avec sa sœur. C’est si triste. » Les doigts fuselés saisissent le verre de martini qu’elle porte de nouveau à ses lèvres distraitement en prenant soin de détourner les yeux pour ne pas subir les foudres du frère. Il ne manquerait plus que ça.
Lorsqu’elle tourne son minois pour le regarder, elle est rassurée de le voir arborer un sourire. Signe qu’il n’a pas été froissé. Mieux même, elle le voit poser sa main sur la sienne et l’inviter à parler un peu plus d’elle. Bien que le verre soit vide, Marisha fixe le fond de son verre distraitement, un sourire nerveux ornant ses lèvres. « Je suis née à Cuba, mais j’ai grandi en Allemagne, à Berlin plus précisément, la ville natale de mon père. Nous avons déménagé après le décès de ma mère. » Elle tourne le visage pour le regarder et à l’évocation de son métier, elle sourit. « Je suis galeriste. J’ai une galerie d’art à quelques minutes d’ici. En fait, j’en suis la gérante, pas la propriétaire. Mais c’est agréable comme travail et ça me permet aussi de m’occuper de ma fille Lucia. » Elle le regarde du coin de l’œil d’un air espiègle et lance joyeusement. « Mon petit ange qui pique des crises dès qu’elle n’a pas ses céréales. » Marisha se laisse aller à un prompt rire. La main est ensuite passée dans les cheveux au moment où il demande si elle est célibataire. Elle ne sait pas si elle peut parler du père de Lucia. Considérant que cela risque de plomber la soirée, elle répond simplement : « Il est difficile de trouver un homme quand votre fille constitue tout votre univers. Alors non je ne suis pas mariée, ni fiancée, et encore moins en couple. De toute façon si cela avait été le cas, je ne serais pas ici à boire un verre avec un inconnu qui n’en est plus vraiment un. » Elle rit doucement. « Tu as parlé de famille tout à l’heure que tu aurais ici. Est-ce que tu es marié toi ? Tu as des enfants ? » Marisha ouvre grand les yeux et enchaine. « Oh ça me fait penser que j’organise une exposition dans une semaine. Si ça te dit de venir, alors je te recevrai avec grand plaisir. Il faut juste que tu me files ton numéro de téléphone. » Elle sort son Smartphone et le regarde amusée. « Mais avant, je vais prendre une photo avec toi, histoire de me souvenir de cette soirée. » Le regard pétillant, le sourire radieux, elle se lève pour se mettre à côté de lui. Alors je veux ton plus beau sourire hein. » Elle positionne son téléphone et s’apprête secrètement à faire la grimace sur la photo pour la rendre encore plus inoubliable.
Une réponse qui réchauffe le cœur de Charlie. Enfin quelqu’un qui le comprend. Il écoute avec attention ce qu’elle dit car ca le touche qu’elle soit si compatissante envers lui et ce qui s’est passé. La façon dont elle parle et explique son point de vue est irréprochable. Peut-être Charlie devrait réfléchir à sa haine envers sa sœur, peut-être est-il temps de se réconcilier ? Il voit bien qu’elle essaye de fuir son regard croyant qu’elle pense avoir abordé un sujet sensible mais quand leurs regards se croisent tous deux savent qu’il n’y a pas de mal.
À son tour de se dévoiler, elle commence par où est-elle né puis où a-t-elle passé son enfance. Charlie l’écoute avec insistance. Son histoire l'intéresse. Cuba, Allemagne, que de merveilleux pays. Mais son histoire semble être l’inverse de celle de Charlie, en quelque sorte. Elle avait son père mais pas sa mère. Il n’aurait jamais imaginé sa vie sans sa mère, lui, sa sœur et sa mère formait un parfait trio, vraiment inséparable, sauf pour la mort. Mais avoir perdu sa mère et son père, bien qu’il soit encore en vie, le rapproche d’autant plus d’elle, il comprend ce qu’elle ressent. Charlie peut avoir l’air froid en apparence mais il a un cœur tendre et compréhensif, la première impression qu’il peut donner aux gens n’est qu’une carapace et cette femme a réussi à la transpercer d’un sublime sourire et d’un regard envoûtant. Il était bien seul en vérité, pas de père, pas de mère, plus de sœur, le bar est tout ce qu’il a. Reprenons plutôt cette conversation.
De plus, il lui demande que fait-elle dans la vie. Elle lui explique qu’elle dirige une galerie d’art, un boulot avec lequel elle peut avoir du temps pour sa fille, qui semble être sa raison de vivre. Le jeune a beau avoir trente et un ans, il n’a toujours pas d’enfant, pour cause il n’a jamais vraiment trouvé la bonne femme avec qui rester. Mais il comprend tout de même l’importance qu’elle porte à sa fille. Un petit rire résonne quand elle évoque les céréales du supermarché dans la conversation.
La dernière question, redoutée par Charlie. Est-elle mariée ou en couple ? La réponse résonne dans sa tête comme une douce musique, non-dit-elle. Cependant elle argumente, disant que sa fille est son univers. De plus, si elle avait un mari, elle ne pense pas qu’elle serait dans ce bar avec un inconnu et il trouve ce raisonnement totalement normal. Juste après avoir répondu, elle rétorque la question de savoir s’il était dans une situation amoureuse ou non.« Non, pour ma part je ne suis ni marié, ni en couple. La seule famille qu’il me reste est ma sœur et un demi-frère. Et oui trente et un ans et toujours pas d’enfant. » Dit-il avec un rire gêné.
Durant le cours de la discussion, Marisha se souvient qu’elle organise une exposition dans sa galerie dans une semaine et propose à Charlie d’y venir faire un tour. Il hausse de la tête pour acquiescer un oui. Il lui donne alors son numéro à sa demande pour qu’elle puisse le contacter. Et même s’il ne veut pas l’avouer, il hésitait à demander le numéro de téléphone à sa nouvelle connaissance. Cependant avant qu’il puisse lui donner, elle sort Smartphone pour prendre une photo souvenir de cette soirée que Charlie qualifierait de merveilleuse. Elle se lève se positionne juste à côté de lui et met en place le téléphone. Il prend alors une tête normale avec un grand sourire comme demandé, met sa main discrètement sur la hanche de la jeune femme et fait en même temps un petit clin d’oeil à la caméra. Il espère toutefois que la soirée ne va pas se finir de sitôt et avant qu’elle prenne la photo il lui propose «Je t’offre un autre verre après, ça me fait plaisir»
arisha réalise qu’elle a soulevé un point sensible. Le fait de ne pas avoir d’enfants à trente et un ans semble être un grand embarras pour son interlocuteur. Elle ne souhaite pas s’étendre sur le sujet parce qu’elle ne le connait pas assez. Sinon elle lui aurait dit que c’est plus dramatique pour une femme de ne pas avoir d’enfants à un certain âge plutôt que pour un homme. La femme a son horloge biologique qui fait des siennes. Alors que pour l’homme, la paternité n’est pas aussi alarmante. Il a encore bien du temps pour avoir des enfants. Marisha caresse machinalement le bras de Charlie pour le réconforter à ce moment-là.
Finalement avant la prise de photo, Marisha décide de faire quelques réglages, histoire que la photo ne soit pas gâchée par des problèmes techniques. Lorsqu’elle est satisfaite sur ce point, elle repositionne son Smartphone et lance un rapide coup d’œil à Charlie qui, très sage, se contente d’un simple sourire. Du moins les premières secondes. Elle le voit ensuite faire un clin d’œil à la caméra et elle en profite pour faire les gros yeux et former un grand O avec sa bouche en mode choquée. La photo prise, elle le regarde quand il propose un autre verre. « D’accord. Mais pas d’alcool. Tu dois bien avoir des cocktails sans alcool non ? Je te fais confiance pour le choix. » Marisha consulte distraitement la galerie de son Smartphone et sourit en voyant la photo qu’elle s’empresse de montrer à Charlie, un large sourire égayant son minois. « Alors comment tu nous trouves? On est top comme ça non ? » Bien sûr c’est ironique. Elle sait parfaitement qu’elle est horrible sur la photo avec son expression. Alors elle rit doucement et finit par désigner Charlie sur la photo. « Toi par contre, tu joues le playboy là. Tu es un vrai tombeur en fait. Je crois bien que j’ai percé ton secret petit coquin. » C’est le regard pétillant d’espièglerie qu’elle s’assoit et tapote doucement la cuisse de Charlie en rangeant son téléphone. « Allez au boulot chef. J’attends le fameux cocktail. »
Marisha passe une agréable soirée en compagnie de Charlie. Elle ne se serait jamais doutée que sa soirée finirait de cette façon en sortant de son cours de self-défense. Comme quoi, la vie est surprenante. Souriante, Marisha observe le beau brun affairé à créer un cocktail sans alcool pour elle. Elle s’accoude alors au comptoir et l’interpelle. « Au fait, je te remercie pour les consommations. Mais tu es certain que tu ne veux pas que je règle tout ça ? Après tout c’est ton gagne-pain. Je ne veux pas abuser de ta gentillesse. Tu as été suffisamment sympa avec moi au supermarché. Maintenant ça. Je me demande bien ce que tu dois penser de moi.» Marisha le regarde du coin de l’œil, elle étire subtilement ses commissures. Soudainement elle croise les bras et adopte la mine boudeuse de sa fille. C’est-à-dire, tête relevée, lèvres sur le côté et les paupières fermées. « Je veux payer mes consommations. Voilà c’est dit. » Presque au bord du rire, Marisha ouvre légèrement une paupière pour l’observer et se pince les lèvres pour réprimer le fou rire qui monte, monte, monte, et…
La photo cadrée et bien positionnée, Marisha appuie sur le petit bouton de son Smartphone et au même moment Charlie la voit faire une grosse grimace. Les yeux grand ouvert et sa bouche ouverte en forme d’O lui donnent un air choqué et totalement hilarant, ce qui d’ailleurs provoque un rire du côté du jeune homme. Pour son plus grand plaisir, elle accepte un petit verre de plus mais sans alcool cette fois. « Bien sûr j’ai des cocktails sans alcool, je vais aller en faire un rien que pour toi ». La jeune Cubaine interpelle le jeune Anglais pour lui montrer la photo et lui demande son avis avec ironie. « Moi je nous trouve plutôt pas mal. Très bonne photo, même si j’avoue que je fais tache par rapport à toi.» Dit-il en rigolant.« Je ne suis pas vraiment un tombeur, je n’ai pas autant de succès avec les filles. Tu es même la première que j’invite à prendre un verre dans mon bar.» Et bien oui c’était bien la première fois qu’il invitait une fille à boire un verre. Souvent par manque de courage mais aussi parce que les filles du coin ne sont pas vraiment son style de filles à part certaines qui ont du charme. D’un tapotement sur la jambe de Charlie elle demande son dernier verre de la soirée et il va derrière le bar pour commencer la préparation.
Pendant la préparation du cocktail, son unique cliente de cette belle soirée demande si la gentillesse du beau brun devait peut-être avoir une limite et qu’elle pourrait payer ses consommations en guise de remerciement. « Mais non ne t’inquiète pas, ça me fait plaisir de t’offrir les boissons tu rigoles ? C’est cadeau de la maison ! » Soudain, il voit le beau visage de Marisha adopter une mine boudeuse et croise les bras. Il se demande ce qu’il a bien pu dire de mal pour qu’elle fasse une manifestation de contrariété. « Tout va bien Marisha ? » Elle ferme les yeux et s’exclame « Je veux payer mes consommations. Voilà c’est dit. » Charlie la regarde d’un air confus et surpris avec les yeux grands ouverts. Il réfléchit… encore… et se prononce haut et fort « Tu veux rire ? Tu restes assise et je vais te servir ton cocktail et tu ne vas rien payer. C’est moi qui invite et tu es mon invité » Il se rapproche de son visage, les yeux dans les yeux « Alors non mademoiselle tu ne vas rien payer même si tu boudes. » Il fait un clin d’oeil et s’éloigne. Servant le cocktail dans un verre, il ajoute « Toute façons tu es mignonne quand tu boudes. »
Le barman de ce soir sert donc les derniers verres. « J’espère qu’il te plaira. »
arisha est interloquée face à l’aveu de Charlie. Elle serait la première qu’il invite ? C’est tout à fait charmant, si tenté qu’il dise la vérité. Enfin bref, à cet aveu, Marisha rebondit sur une pointe d’humour. « Mais c’est trop d’honneur que vous me faites là Monsieur. Je ne sais plus où me mettre maintenant. » Sourire au coin des lèvres avait été arboré à ce moment-là.
En prise avec son mine boudeuse pour obliger Charlie à céder comme le fait si souvent son petit ange qui gagne toujours ou presque avec elle. Ben oui, elle a du mal à dire non à sa petite princesse, d’autant que le manque d’une figure paternelle dans sa vie, pousse Marisha à la cajoler deux fois plus. En outre, la cubaine a aussi peur que Friedrich débarque en Australie et décide de prendre sa fille, pire même, de les ramener tous les deux à Berlin et ça sur contrainte. Marisha ne peut l’autoriser. C’est pour cette éventualité qu’elle prend des cours de self-défense, pour être capable de se défendre si cela devait arriver. Elle ne sera plus jamais une victime ! Mais reprenons l’histoire voulez-vous.
Charlie est bien plus intransigeant qu’elle l’aurait cru. Il refuse catégoriquement de la laisser payer et… et… et… Ben ce qui devait arriver arriva ! Marisha se laisse aller à un rire cristallin, un fou rire presque incontrôlable qui résonne mélodieusement dans la salle. Il lui faudra tout de même une minute pour se calmer. Il ne faut pas croire, mais une minute peut vous paraitre parfois interminable. Le souffle entrecoupé par les jets de rire qui s’atténuent, elle pose délicatement sa main sur sa poitrine pour reprendre son souffle et pose s’accoude au comptoir. « Oui chef, je vous obéis chef. » Elle étire ses lèvres dans un radieux sourire et l’observe dans son processus de création. Lorsqu’il lui présente son verre, associé à un compliment à peine voilée, elle sourit et le regarde. « C’est gentil Charlie, Merci. » Elle prend le verre et ajoute avant de le porter aux lèvres. « Je vais te dire ça tout de suite. » Les lèvres trempées pour une première gorgée, ses paupières s’écarquillent et elle s’exclame spontanément. « C’est délicieux Charlie ! Vraiment Chapeau ! » Elle en reprend une gorgée et pousse un soupir d’aise. « J’adore. »
Savourant son cocktail en compagnie de Charlie. Marisha tient à revenir sur l’une des affirmations de son charmant hôte. Le verre délicatement posé, elle l’interpelle. « Dis-moi, pourquoi moi dans ce cas ? Pourquoi m’as-tu invitée ici pour m’offrir un verre ? Tu viens de dire que je suis la première. Est-ce parce que tu viens d’ouvrir ton bar ? Ou parce que tu n’as pas trouvé le temps ? Ou enfin parce que je te plais bien ? »
Vlam ! La bombe est lancée. C’est la méthode Marisha. Elle fait rarement dans la dentelle. Femme de caractère et authentique, quand elle a un truc à dire, elle le dit. Même si cela doit mettre mal à l’aise. Bien sûr le revers de la médaille, c’est qu’elle peut parfois blesser ou se montrer trop directe. Mais c’est plus fort qu’elle. Elle a horreur des sous-entendus et préfère être franche avec ses interlocuteurs sur certains sujets. Alors c’est portant son verre aux lèvres, le regard rieur planté dans les émeraudes de Charlie, que la cubaine attend la réponse de l’Anglais.