Fidèle à elle-même, Lene parle de tout et de rien. Le sujet présent ? Les chèvres. On notera qu’ils ont eu des conversations bien plus intéressantes. « C'est normal si elle tenait du pop corn aussi hein ...» réplique t-il, faisant penser à Lene qu’il y’a quelques années, elle aurait rétorqué la même chose que lui si son rôle avait été autre dans cette conversation. «Je rigole ! Je te comprends bien du coup. Les chèvres ne sont pas connues pour être des animaux très intelligent non plus ...J'espère qu'elles n'ont pas traumatisé ta petite » Elle hausse les épaules, malgré tout habitée de l’envie de voir Maia s’endurcir. « Elle survivra. Ça m’apprendra juste à l’avenir à pas l’emmener là-dedans. » rétorque t-elle, décidée par ses paroles avant de suivre le conseil de Nathan, qui est de faire une petite sieste avant d’être mieux reposée pour repartir, il ne sait pas combien c’est tout indiqué pour Lene qui n’aurait que demandé ça tellement elle est au bord de la fatigue. « Lene ?» prononce Nathan une demi-heure après la mise en veille de la jeune femme. «Lene, c'est l'heure de repartir » Elle commence à ouvrir les yeux, elle geint un peu, pas prête à être réveillée aussi vite, elle sent combien elle n’est pas aussi reposée qu’elle aurait pu l’être. Très rapidement, elle se sent mal, sa gorge la brûle et sans avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, elle vide tout son repas sur l’herbe. «Lene, putain... ça va ? » demande alors Nathan tandis qu’elle continu à vomir. Quelques minutes s’écoulent, du bout de la manche, elle essuie ses lèvres avant de reprendre, de façon peu sérieuse pour ne pas l’inquiéter qu’elle doit avoir un soucis avec la nourriture du coin, comme une tourista chinoise. «Tu …. t'es sûre ? » « Ouais, t’inquiète. C’est passé. » assure t-elle tout en se remettant sur ses deux jambes avec plus ou moins de difficulté. Elle tene de se reprendre. Elle avait été prévenu que ce genre de crise arriverait soudainement, pour disparaître. Elle ne l’avait pas cru, et voilà le résultat. Un regard sur le visage inquiet de Nathan et elle lui assure à nouveau en s’forçant à rire pour détendre l’atmosphère. « Je t’assure, ça va. » « Tien, bois» Il lui tend la bouteille d’eau qu’elle accueille avec beaucoup d’entrain. Ça, elle en a bien besoin. « ça va aller ?» Il parait toujours inquiet, alors qu’elle se rince la bouche, elle referme la bouteille et se re-prépare à partir. « T’inquiète, ça ira. Ce qu’il faut, c’est pas que je fasse trop d’folie, alors on ira pas plus loin que le prochain refuge, ça te va ? »

Lene est quelqu'un de plutôt sportif c'est pour ça que je trouve ce malaise un peu exagérer. Ça ne signifie rien de bon. Je le sais, je le sens comme un sixième sens. Mais Lene est trop fière, elle n'acceptera jamais d'abandonner. Quoiqu'elle ait quand même bien conscience de son état car elle me dit qu'au prochain refuge on s'arrête pour y passer la nuit.  « Oui oui bien sûr» J'hoche vivement la tête et me redresse. Je reste auprès d'elle le temps qu'elle se mette d'aplomb sur ses pieds, puis je me recule  « T'hésiteras pas à me dire quand ça ne va plus, ok ?»  indiquais-je alors que je me remet en route  «Et surtout si je vais trop vite »  Quoi qu'avec la fatigue qui s'installe je ne vais pas non plus faire de folie et je crois qu'en se couchant tôt ce soir et avec une bonne nuit de sommeil je vais devoir m'en sortir. J'espère qu'il en sera de même pour Lene.

Pendant que nous marchons, je ne peux m'empêcher de lui lancer des coups d'oeil inquiet. Elle ne va pas bien, c'est claire et net, ça se voit. Pendant de longues minutes nous marchons en silence, avant que je ne décide de prendre la parole  « tu me dis ce qui se passe Lene ?» demandais-je en m'immobilisant brusquement  «Je veux bien que tu ais mal dormi, jet lag et tout ça, Mais tout de même! Je veux dire, l'effort physique ça te connait, la montagne aussi. Donc vomir? On n'est pas non plus en si haute altitude pour que tu sois malade, ou alors les symptômes seraient apparus bien plus tôt » j’énumère les hypothèses possibles  «Alors dis moi Lene, qu'est-ce qui se passe vraiment ? Ce n'est pas normal et pas non plus dans tes habitudes » Je la connais ma Lene, elle est très peu encline à montrer ses faiblesses.  Je l'observe avec attention, attendant une réaction de sa part.

Sa fierté prend rapidement le dessus. Lene, c’est la fille sans soucis, ou qui ne s’inquiète pas. Et elle était venue ici dans cet exact état d’esprit : sans aucune inquiétude et disposée à passer un bon moment. Certainement qu’elle n’avait pas prévu d’en parler à Nathan et elle espérait que tout ce qu’on lui avait dit sur des nausées à l’hôpital n’était vraiment que du flan, ou bien un truc de faible. Mais là, elle vient d’être mal, chose qui va forcément induire une remise en question de tout son mode de vie. Pour le moment, elle garde le silence. Elle annonce juste qu’ils se ménageront pour la suite, ce qui vaut mieux autant pour elle que pour lui. « Oui oui bien sûr» Nathan n’objecte pas. Lene n’arrête pas de se poser des questions sur ce qu’il pense, les questions qu’ils se posent ou si elle est juste grillée et amenée à tout lui avouer. « T'hésiteras pas à me dire quand ça ne va plus, ok ?» « Bien sûr, tu sais bien que je ne me priverais pas de râler. » répond t-elle en riant quand il insiste. «Et surtout si je vais trop vite » « T’inquiète pas pour ça. » ajoute t-elle doucement avant de se relever, prête à reprendre la route. Après tout, plus vite partis, plus vite revenus. Elle n’arrive cependant pas à s’empêcher de penser à ce qu’il s’est passé, au fait que son secret (si on peut appeler ça comme ça) vient d’être découvert. « tu me dis ce qui se passe Lene ?» finit par demander Nathan après plusieurs minutes de silence. Elle s’attendait à ce que la curiosité le pique, jamais elle n’a été malade. Elle ne dit rien, ne sachant pas comment commencer (ce qui est la raison principal de son silence) «Je veux bien que tu ais mal dormi, jet lag et tout ça, Mais tout de même! Je veux dire, l'effort physique ça te connait, la montagne aussi. Donc vomir? On n'est pas non plus en si haute altitude pour que tu sois malade, ou alors les symptômes seraient apparus bien plus tôt » Elle ne dit rien, pesant intérieurement le pour et le contre sur si elle doit mentir ou non. «Alors dis moi Lene, qu'est-ce qui se passe vraiment ? Ce n'est pas normal et pas non plus dans tes habitudes » Il la connait bien. Elle aurait juste voulu se donner plus de temps. « T’as raison, c’est plutôt inhabituel ce qu’il m’arrive. » Elle cherche ses mots, jamais elle n’aurait pensé qu’elle prononcerait un jour le mot « cancer » et l’y voilà, alors qu’elle s’évite soigneusement d’y penser. « J’attendais de vous voir Myr et toi pour en parler. Je ne veux surtout pas que tu t’inquiètes, c’est bien moins grave que ce dont ça a l’air. » explique t-elle en espérant que ça le ménage un peu, même si elle sait bien que dès que ça sera dit, il se fera les pires scénarios possibles. « J’ai été diagnostiqué d’un cancer du sein, il y’a quelques semaines. Je suis bien traitée. J’ai commencé une chimio et ça se passe bien, c’est juste que, j’en ai des nausées. »