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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyVen 17 Fév 2017 - 23:31


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Remettre couramment les pieds dans un musée pour son métier avait permis à Joanne de retrouver un rythme de vie qui lui correspondait bien plus. Bien sûr, ce n'était que ses premières semaines, mais la différence était flagrante comparée à la période où elle était encore à la tête de la fondation. Elle avait rapidement trouvé ses marques au Queensland Museum et ses collègues s'étaient montrés accueillants avec elle. Ils avaient rapidement compris qu'elle avait une certaine expérience et qu'elle était passionnée par ce qu'elle faisait et un climat de confiance s'était rapidement instauré. La crèche avec des créneaux horaires disponibles pour Daniel pour le moment, mais Joanne savait qu'elle pouvait compter sur ses parents les jours où ça pourrait coincer. D'ailleurs, elle les avait invité pour fêter l'anniversaire du petit. Son premier anniversaire, après tout. Daniel avait pu le fêter avec ses deux parents sans encombre, et les parents de Joanne comptaient bien le gâter comme pas possible autour d'un généreux goûter. Avant de ne se concentrer que sur l'anniversaire, la petite blonde leur avait confié que Jamie avait tenu à lui donner le montant total de la vente de ce qui fut leur résidence secondaire afin qu'elle n'ait pas de problèmes financiers. En effet, n'avoir qu'un mi-temps pour subvenir aux besoins d'un bébé et du sien n'était clairement pas suffisant, surtout lorsqu'il était placé dans une crèche privée et assez onéreuse - mais les services étaient bien évidemment à la juste mesure de son prix. L'Anglais ne lui avait pas vraiment laissé le choix, ou il aurait trouvé un autre moyen de lui verser cet argent. Certes, choisir ce poste à mi-temps n'était pas la solution la plus judicieuse concernant les finances, mais Joanne ne se voyait plus tenir la fondation. Conservatrice était le métier qui lui avait toujours correspondu et cette reconversion professionnelle en était la preuve. "C'est quand même bien généreux de sa part." reconnut Martin. "Cet argent est surtout pour Daniel, je compte en mettre une partie sur son compte bancaire." "Tu dois aussi penser à toi, tu sais." "Je l'ai déjà fait en changeant de métier, en décorant la maison." répondit doucement Joanne en haussant les épaules, une fois que tout le monde était installé au salon. "Permets-toi un peu de décrocher, aussi, je ne pense pas que qui que ce soit t'en voudra de te permettre... un bon massage par exemple. Fut un temps où tu adorais faire ça." Jane, sa mère, avait la même taille que Joanne. Des cheveux mi-longs, un visage on ne peut plus jovial, sa benjamine lui ressemblait beaucoup. Mais cette dernière avait hérité des yeux de son père, c'était indéniable, ceux de Jane étant noisette. Celle-ci était aller faire chauffer de l'eau pour boire du thé avec le gâteau qu'elle avait préparé. Sa mère tenait à tout faire pour le coup. Forcément, Daniel avait eu droit à une avalanche de cadeaux, mais une fois que tout était déballé, il s'intéressait bien plus au papier d'emballage qu'aux jouets eux-mêmes. Il venait réclamer quelques bouts de gâteaux auprès de sa mère. "Et tu as des nouvelles d'Hassan, au fait ?" Cette question s'était tout naturellement mêlée au fil des conversations, et tout ce que Joanne avait su répondre n'était qu'un rire nerveux et un regard baissé. Difficile d'oublier tout ce qui avait pu se passer durant leur dernière rencontre, impossible d'ignorer la marque qu'il avait laissé sur ses lèvres en l'embrassant. Ce méli-mélo d'émotions et de sentiments, allant d'un extrême à l'autre sans de véritables raisons. Ils avaient eu autant besoin de discuter, d'être contrarié contre l'autre, d'être fatigué, tout comme ils ressentaient le besoin de se rapprocher physiquement et de faire surgir des sentiments qui ne s'étaient que taris durant ces quelques années. "Vous vous revoyez ?" Encore une fois, la jeune femme ne répondait pas. Cette question demandait tout et n'importe quoi, et elle ne voulait pas en dire quoi que ce soit parce qu'elle ne le savait pas elle-même. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle était la première à comprendre ce qu'il tentait d'exprimer depuis bien longtemps, avant toutes ces personnes qu'il considérait comme sa famille proche et qui ne voulait finalement rien entendre. Les conversations allaient et venaient, les questions qui dérangeaient Joanne se perdaient et s'oubliaient - et tant mieux. Le temps passait bien plus rapidement que Joanne n'aurait pu le penser. Seize heures, dix-sept heures, dix-huit heures... Et elle n'avait encore rien préparé pour le dîner du soir, alors qu'elle avait invité son ex-mari le soir-même. Son coeur ratait un battement lorsque la sonnette de la porte retentit. "J'y vais." dis Joanne en se levant.

La petite blonde ouvrit la porte au minimum dès qu'elle vit de qui il s'agissait. Forcément, Hassan avait décidé de venir avec un peu d'avance ce jour là. Elle lui sourit tendrement tout en fermant pratiquement la porte d'entrée derrière elle. Ensuite, elle avança de quelques pas afin de pouvoir l'enlacer chaleureusement, pendant un long moment. "Je suis heureuse de te voir." dit-elle avec un sourire. Joanne l'embrassa sur la joue avant de se détacher de lui et recula d'un pas. "Mes parents sont encore là... Nous fêtions l'anniversaire de Daniel." dit-elle tout bas afin que les premiers concernés ne l'entendent pas, d'un air bien plus embarrassé, en jouant nerveusement avec ses doigts. "Je pensais qu'ils seraient partis d'ici là." Mais les conversations s'étaient éternisés, elle ne pensait pas avoir tant de choses à leur dire. A ce moment précis, Jane ouvrit la porte. "Joanne, je sais plus où tu ranges tes... Hassan ?" Bouche bée elle fixa longuement son ex beau-fils - un homme qu'elle avait toujours adoré, et qu'elle avait toujours porté dans son coeur malgré le divorce. Son blason s'était largement redoré lorsque Joanne s'était permise de raconter à ses parents les véritables raisons du divorce. "C'est bien toi ?" dit-elle, tout émue. Jane était une femme chaleureuse, et le laissait toujours largement deviné en prenant Hassan dans ses bras. "Je suis heureuse de te voir. Mais... voyons, ne restez pas plantés là, tous les deux. Viens boire une tasse de thé avec nous !" s'enthousiasma la mère Prescott en l'emmenant avec elle. C'était pleine d'incompréhension que Joanne avait observé cette scène. Pas la moindre amertume, pas la moindre colère ? Rien ? Et elle ne pouvait rien faire. Une fois que Jane avait une idée en tête, impossible de la lui retirer. La jeune femme avait alors simplement suivi le mouvement alors qu'on invitait Hassan à s'asseoir sur le canapé après avoir salué son père. La situation lui semblait improbable, irréelle. Joanne se demandait si elle rêvait ou non. Mais Jane semblait véritablement ravie, même Martin, même si lui attendait certainement quelques réponses de la part du brun - il se montrait tout de même bien moins méfiant que lorsqu'il avait fait la rencontre de Jamie.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyJeu 23 Fév 2017 - 21:22

Machinalement Hassan s'était mis à jouer avec la figurine de wallaby posée devant lui sur le bureau, la faisant passer d'une main à l'autre d'un air pensif avant de reposer les yeux sur Phil « Tu as besoin d'une réponse pour quand ? » Se montrant volontairement dubitatif, Hassan ne souhaitant pas faire de faux espoirs à son interlocuteur, il avait fini par remettre la figurine à sa place « Mi-mars ? Ça te laisse le temps d'y penser, comme ça. » D'y penser, oui, et même de retourner le problème dans tous les sens pendant cent sept ans, ce qui pouvait être autant une bonne chose qu'une mauvaise … A une époque Hassan ne se serait jamais posé la question, pourtant. « Allez, avoue que ça te manque un peu. » Bien sûr que cela lui manquait, et pas forcément qu'un peu … Mais sans savoir pourquoi le brun ne parvenait tout simplement pas à l'admettre. « Je vais y réfléchir, d'accord ? » Au regard entendu de Phil il s'était senti obligé d'ajouter « Promis. » comme pour prouver sa bonne foi, à défaut de l'enthousiasme que son interlocuteur avait sans doute espéré de sa part en premier lieu. « Je vais essayer de m'en contenter. » Roulant des yeux en prenant un air exagérément blasé, Phil avait fini par quitter son fauteuil en même temps qu'Hassan se levait pour quitter le sien « Plus sérieusement. Ça fait plaisir de te revoir dans le coin. » La poignée de main d'abord initiée s'était finalement changée en accolade plus affirmée, et absolument pas dénuée de sens lorsque l'on connaissait le côté un peu brut de pomme de Phil, en temps normal. « Je m'avance un peu trop en te proposant de passer demain après-midi ? C'est la reprise alors il n'y aura pas tout le monde, mais … » Contre toute attente Hassan ne l'avait pas laissé terminer avant de répondre « Non, y'a pas de souci … J'essayerai de faire un saut en milieu d'après-midi. » Il essayerait, c'était toujours sa réponse, parce qu'il ne promettait plus rien en sachant que son humeur pouvait changer du tout au tout d'un jour à l'autre, et que son début de motivation d'aujourd'hui pourrait très bien être remplacé le lendemain par une envie profonde de ne voir personne.

Le brun avait eu beau prendre tout son temps et marcher à l'allure d'un promeneur plutôt qu'à l'allure de quelqu'un qui avait à faire ailleurs, il se savait un peu en avance tandis qu'il rejoignait enfin Toowong. Son rendez-vous dans les bureaux d'ABC en fin d'après-midi avait été annulé, et sur un coup de tête il avait décidé de passer rendre visite à Phil au club de rugby, certain de l'y trouver un samedi à cette heure de l'après-midi. En repartant il avait fait un arrêt pour acheter une boite de biscuits pour le thé – ou le café – la tête encore occupée par la proposition de son (ancien ?) ami, et finalement arrivé dans la rue de Joanne il s'était rendu compte qu'il avait un bon quart d'heure d'avance. Un quart d'heure ce n'était pas grand-chose, il aurait très bien pu attendre patiemment l'heure dite, mais maintenant qu'il était là ce n'était plus tant la proposition de Phil qu'une partie du message envoyé par la blonde un peu plus tôt dans la semaine qui le faisait cogiter … Et cogiter, ces derniers temps, faisait chez lui plus de dégâts qu'autre chose. Alors quart d'heure d'avance ce serait, et si finalement lorsqu'elle était venue lui ouvrir Joanne n'en semblait pas contrariée tandis qu'elle annonçait « Je suis heureuse de te voir. » et piquait un baiser sur sa joue, son ton était immédiatement redevenu plus sérieux au moment d'ajouter « Mes parents sont encore là … Nous fêtions l'anniversaire de Daniel. Je pensais qu'ils seraient partis d'ici là. » Le sourire d'Hassan s'effaçant presque aussitôt, il était resté sans voix quelques instants, sachant pertinemment que l'envie de faire demi-tour que lui inspirait cette révélation n'était pas la solution la plus adéquate. Pour autant, il ne se voyait pas rester non plus, par envie de ne pas s'imposer autant que par crainte à l'idée de confronter ses anciens beaux-parents. « Est-ce que je … enfin, je peux repasser plus tard si tu … » Tentant malgré lui de se dérober, le brun avait été interrompu par l'irruption de Jane et son empressement à demander « Joanne, je ne sais plus où tu ranges tes … Hassan ? » affichant des yeux ronds lorsque son regard s’était posé sur lui. « C’est bien toi ? » Ouvrant la bouche sans pour autant trouver quoi dire, le brun s’était senti pris au dépourvu lorsque son ex-belle-mère avait passé l’encadrement de la porte pour venir l’enlacer un instant, et n’avait pu que jeter à Joanne un regard oscillant entre l’incompréhension et l’appel au secours, puisqu’il se sentait bien incapable de palier à la situation tout seul « Je suis heureuse de te voir. Mais … voyons, ne restez pas plantés là, tous les deux. Viens boire une tasse de thé avec nous ! » Aussi prise au dépourvu que lui, Joanne n’avait pourtant pu qu’assister à la scène et suivre le mouvement, tandis que Jane entraînait Hassan par le bras pour l’inviter à entrer.

L’enthousiasme de la mère de Joanne le laissant déjà un peu incertain, le brun s’était senti empli d’un profond malaise à l’idée de se retrouver nez-à-nez avec Martin Prescott. Le père de Joanne était de ces hommes à qui les cheveux grisonnants donnaient un air distingué supplémentaire, et son visage toujours aussi sérieux, presque sévère, rajoutait à l’intimidation qu’il avait toujours un peu provoqué chez Hassan … et provoquait toujours, assurément. « Hassan, ça pour une surprise ! » Bonne ou mauvaise, le visage de l’homme semblait se vouloir volontairement impassible tandis qu’il se levait et offrait à son ancien gendre une poignée de main vigoureuse. « Monsieur Prescott … » Soutenant le regard de son interlocuteur malgré une folle envie de disparaître dans le sol, Hassan avait finalement pris place sur un bout de canapé sous le regard insistant de Jane, et celui plus désemparé de sa fille, qui récupérant Daniel s’était installée à son tour, son fils sur les genoux. Fût une époque, lorsque Joanne et lui s’étaient mariés, où ses parents avaient insisté pour qu’il se décide enfin à les appeler par leurs prénoms. Et si Hassan n’y était au fil du temps parvenu que partiellement et sans que  cela lui paraisse totalement naturel, autant dire que ce n’était aujourd’hui clairement plus à l’ordre du jour. « Ça me fait plaisir de te voir en si bonne forme. » avait alors repris la mère, le brun ne sachant pas vraiment s’il devait interpréter cela comme une phrase de politesse bateau ou si, depuis qu’ils en avaient parlé tous les deux, Joanne avait finalement décidé de révéler à ses parents les raisons de leur divorce. « Oh, je … merci. Vous semblez en forme également … Joanne m’a dit que vous aviez décidé de vous installer à Brisbane une partie de l’année ? » Sautant sur le premier sujet de conversation qui lui était venu à l’esprit pour tenter de dissiper le côté bizarre de la situation, Hassan avait malgré tout senti le malaise continuer de s’installer tandis que Jane reprenait, mais surtout « Effectivement, nous étions un peu loin pour profiter pleinement de Daniel et de Joanne, alors cela semblait être la meilleure solution. Mais tu sais, nous parlions justement de toi tous les trois tout à l’heure, c’est une bonne coïncidence que tu aies décidé de rendre visite à l’improviste ! » Comprenant ainsi que Joanne n’avait pas mentionné sa venue dans la soirée à ses parents, le brun s’était retrouvé un peu pris au dépourvu et n’avait pu que bafouiller un « Eh bien, je … » tout en jetant reportant son attention sur Joanne, la poussant à répondre à sa place si elle ne souhaitait pas qu’il se rende coupable d’une éventuelle gaffe.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyJeu 23 Fév 2017 - 23:10


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Joanne aurait bien préféré que tout ait collé niveau timing afin d'épargner à Hassan une rencontre non préparée avec les parents Prescott. Il était bien facile de deviner sur son visage qu'il n'était pas prêt - et qu'il ne l'aurait jamais vraiment été - de rencontrer Jane et Martin. Elle aurait espéré pouvoir trouver un moyen pour empêcher sa mère de le prendre ainsi par le bras pour l'entraîner avec elle dans la maison. Le pauvre ne devait pas bien comprendre tout ce qui lui arrivait. Hassan demandait de l'aide à son ex par ses beaux yeux bruns mais Joanne ne savait pas quoi faire. Et surtout, dès que Jane avait une idée derrière la tête, elle mettait tous les moyens en oeuvre pour venir à ses fins. Tout ce que la benjamine Prescott pouvait faire était de suivre le mouvement, en fermant la porte d'entrée derrière elle. Elle jouait nerveusement avec ses mains, et finit par s'installer à côté d'Hassan, sur le canapé. Un peu trop enthousiaste, Jane lui coupa une fine tranche de gâteau  alors qu'elle partageait la joie de voir Hassan qui allait bien. La petite blonde avait bien compris qu'Hassan préférait faire suivre les sujets de conversation le plus rapidement pour ne pas être confronté à ce long silence rempli de non-dits qu'il ne voudrait peut-être pas entendre. Jane tombait facilement dans le panneau, expliquant le fait qu'elle préférait rester à Brisbane pour pouvoir profiter de sa famille, à défaut de pouvoir passer du temps avec Reever et Adele. Depuis que Joanne était revenue de Londres, ils faisaient de leur mieux pour enjoliver la relation avec leur fille adorée. "Je l'ai invité à dîner ce soir." répondit-elle en toute franchise. "Ah bon ?" demanda Jane, l'air ravi. Joanne savait que sa mère allait rapidement se faire des idées. Elle n'avait aucune idée de l'instabilité de sa relation avec Hassan et elle espérait très certainement retrouver le même genre, parce qu'elle l'avait toujours adoré. "Juste pour discuter, passer un peu de temps ensemble, c'est tout." Joanne ne leur avait pas parlé des baisers, encore moins du fait qu'elle les avait apprécié, et qu'elle serait certainement à nouveau tentée par ses lèvres durant cette soirée. Néanmoins, ces quelques informations furent comme si ils allaient se remettre ensemble pour Jane. Martin restait bien silencieux encore, observant Hassan. "Et pourquoi as-tu accepté de venir, de la revoir ?" finit-il par demander, curieux. "Voyons, Martin, ne lui demande pas ça." dit Jane en riant, espérant pouvoir détendre l'atmosphère. "Chérie, je sais que tu essaies de faire comme si de rien n'était, mais le malaise est palpable et ce n'est pas en prétendant de faire comme si de rien n'était que ça va tout résoudre. Autant en parler tout de suite et revenons à des conversations plus agréables par la suite." Son ton était loin d'être agressif, bien au contraire. Martin avait toujours apprécié Hassan, ils s'étaient toujours très bien entendus. Mais il restait avant tout un père qui cherchait à protéger sa fille coûte que coûte. Jane le fusilla tout de même du regard - elle était certainement la seule à profiter de ce bref bon moment. "Hassan, Joanne nous a raconté ce qu'il s'est passé et..." "Non, Papa, ne com-..." Il avait suffi d'un regard de Martin pour que Joanne sache qu'il ne valait mieux pas qu'elle l'interrompe. Daniel jouait tranquillement sur ses genoux. "Et ça n'a pas été facile pour personne. Ni pour toi, ni pour nous, encore moins pour Joanne." reprit-il comme si de rien n'était. "Et je sais pourquoi tu as préféré divorcer. Nous savons tous les deux qu'elle n'aurait jamais tenu le coup si tout... s'était passé comme on te l'avait annoncé." "Papa..." "Joanne, s'il te plaît, laisse moi continuer. Et j'ai un ami qui a eu un cancer, mais pas atteint au point de lui dire qu'il était condamné. Et quand même, ça l'a changé, radicalement. Alors je n'ose pas imaginer ce que ça a pu te faire à toi. Joanne nous a dit que ça t'avait marqué. Ca ne fait que quelques minutes que je te vois, et je peux déjà deviner à quel point c'est le cas." Sa voix était douce, quoi qu'un peu ferme. Mais pas insultant, ni accusateur, loin de là. "Joanne aussi, a beaucoup changé. Les événements se sont enchaînés et... Il n'y a rien que nous puissions faire pour elle." La jeune femme ne savait pas où se mettre, ni quoi dire. Son père avait encore une sacrée autorité sur elle, et Joanne avait un grand respect pour lui. Elle ne se permettrait pas de dire grand chose. "Encore là, je ne suis pas certain qu'elle aille bien. Même si son nouveau travail semble lui avoir donné plus d'entrain qu'avant." Hassan était le seul à avoir entendu de la bouche de la petite blonde combien elle était fatiguée. "Je ne te reproche rien, sache-le. Que si tu nous en avais parlé, à moi et Jane, nous t'aurions soutenu. Seulement... Je cherche à comprendre pourquoi tu as accepté de la revoir ce soir, par exemple. Je cherche à comprendre pourquoi tu n'es pas allé la revoir une fois que l'on t'avait annoncé que tu étais rémission. Parce qu'elle t'aime encore, c'est évident. Ce n'est pas trois ans de séparation qui allait changer ça, tu la connais suffisamment pour le savoir - bien qu'elle soit tombée amoureuse d'un autre homme entre temps, et pas le meilleur qui soit-." Un long moment de silence régna, tous avait le regard bien bas. "Et j'ose espérer que tu ne lui tiens pas rigueur du fait qu'elle n'ait pas insisté à comprendre pourquoi tu voulais te séparer d'elle. Elle en était incapable. Elle s'est toujours dit que c'était parce qu'elle n'arrivait pas à tomber enceinte, et disons que cette pensée a pris tout son sens après sa fausse-couche." Et il n'y avait que Sophia et ses parents pour recoller tous les morceaux, personne d'autre. "Tu es un homme bien Hassan, et je sais que tu l'es toujours, que tu as toujours voulu ou espérer le meilleur pour elle. Je me demande juste ce que tu attends de Joanne. Je... Je n'en peux plus de la voir souffrir." Les yeux de Martin se firent plus brillants, plus émus. Jane lui prit délicatement la main pour apporter son soutien, avec un doux sourire. Aussi fort pouvait-il être, il ne pouvait pas supporter de voir sa fille en pleurs. Et se rappeler de tous ces moments là l'émouvait. Joanne ne savait que dire, ni sur quoi rebondir pour tenter d'apaiser un peu l'atmosphère électrique malgré elle. Le seul réflexe qu'elle avait eu, c'était de glisser doucement ses doigts entre ceux d'Hassan, juste pour lui dire qu'elle était là et qu'elle le soutenait, bien que les mots lui manquaient.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyLun 27 Fév 2017 - 4:40

Si le message envoyé par Joanne quelques jours plus tôt avait laissé Hassan un peu perplexe, pour ne pas dire méfiant – il fallait qu’elle lui parle de quelque chose, le genre de chose qui ne pouvait de toute évidence pas être évoquée dans un SMS – la possibilité de se retrouver face aux parents Prescott ne lui avait à aucun moment traversé l’esprit. Et si le brun ne niait pas avoir développé une certaine affection pour eux au fil des années, il semblait clair à ses yeux que, désormais divorcé de leur fille, plus aucune raison ne pourrait pousser le couple à vouloir entrer en contact avec lui, tout comme de son côté il n’aurait pas trouvé grand-chose à leur dire. Qu’il était désolé, peut-être, mais quand bien même Hassan se sentait fautif de ne pas avoir respecté l'engagement pris auprès d’eux de chérir et de veiller sur leur benjamine pour le restant de ses jours, il estimait devoir surtout se sentir désolé pour la blonde, et non pas pour ses parents. Pour résumer, le brun n’avait tout bonnement jamais pris le temps de réfléchir à ce qu’il pourrait éventuellement leur dire à l’un et à l’autre s’il se retrouvait face à eux, puisqu’il n’était pas envisagé que la situation se produise un jour, les liens qui l'unissaient actuellement à Joanne ne tendant même plus réellement dans cette direction. C'est donc totalement pris au dépourvu et extrêmement mal à l’aise qu’il s’était laissé mener au salon par Jane, sa bienveillance – bien que fidèle aux souvenirs qu’il gardait de la mère de famille – plus inquiétante que rassurante, et contrastant avec le côté toujours très sérieux de son époux. Tentant nerveusement de se plier au jeu de la conversation pour ne pas laisser l’angoisse d’un silence s’installer, Hassan s’était malgré résolu à lancer à Joanne un regard en guise de bouteille à la mer, afin qu’elle ne le laisse pas dire ce qu'elle ne souhaitait peut-être pas qu’il dise. « Je l’ai invité à dîner ce soir. » avait-elle pourtant fait savoir de but en blanc, Hassan un peu surpris mais néanmoins soulagé de ne pas avoir à rajouter un mensonge à la liste des choses dont il avait actuellement à se préoccuper. « Ah bon ? » Jetant un regard en coin du côté de Martin Prescott, dont il sentait le regard peser sur lui, il n’avait écouté que d'une oreille tandis que Joanne ajoutait « Juste pour discuter, passer un peu de temps ensemble, c'est tout. » et senti le vent tourner à peine les lèvres du père s’étaient-elles entrouvertes. « Et pourquoi as-tu accepté de venir, de la revoir ? » La question était suffisamment tombée comme un cheveux sur la soupe pour que Jane se sente obligée d'intervenir, en espérant peut-être désamorcer une situation qui n'apporterait que du mauvais « Voyons, Martin, ne lui demande pas ça. » Loin de se laisser dissuader, l'homme avait fait un geste de la main pour ne pas se laisser interrompre à nouveau « Chérie, je sais que tu essaies de faire comme si de rien n'était, mais le malaise est palpable et ce n'est pas en prétendant de faire comme si de rien n'était que ça va tout résoudre. Autant en parler tout de suite et revenir à des conversations plus agréables par la suite. » Par la suite, quand Hassan aurait pris ses cliques et ses claques et laissé les conversations agréables poursuivre le cours sans lui ? « Joanne m'a demandé de venir, je suis venu. C'est tout. » avait-il simplement réussi à répondre, la gorge nouée mais tentant malgré tout de ne pas laisser Martin le déstabiliser, dans l'hypothèse où là se situerait son intention. Hassan n'avait commis aucun écart en venant ce soir-là, il était là parce que Joanne l'y avait invité, et n'avait pas l'intention de se laisser accusé de Dieu sait quoi, avec cette question en forme de reproche à peine déguisé.

Le père de Joanne n'y allait jamais par quatre chemins, et si Hassan savait était très sérieux c'était parce qu'il se souvenait l'avoir entendu utiliser exactement le même ton la première fois qu'il l'avait pris entre quatre yeux pour tenter de savoir quelles étaient ses intentions envers sa fille. « Je t'accueille sous mon toit, jeune homme, et j'estime pouvoir veiller en retour à ce que ma fille ne tombe pas entre les mains de n'importe qui. » Hassan s'en souvenait encore comme si plus d'une décennie ne le séparait pas désormais de cette conversation. « Hassan, Joanne nous a raconté ce qu'il s'est passé et … » - « Non, Papa, ne com- … » Instinctivement le regard du brun s'était reporté sur Joanne, comme s'il espérait qu'elle trouve un moyen de lui expliquer silencieusement ce qu'elle avait dit ou n'avait pas dit « Et ça n'a été facile pour personne. Ni pour toi, ni pour nous, encore moins pour Joanne. » Encore moins pour Joanne. Tout était dit, Hassan n'avait même pas besoin d'écouter la suite pour savoir qu'il n'aurait jamais gain de cause, que cette discussion, peu importe la direction que l'homme souhaiterait lui donner, ne mènerait à rien. « Et je sais pourquoi tu as préféré divorcer. Nous savons tous les deux qu'elle n'aurait jamais tenu le coup si tout … s'était passé comme on te l'avait annoncé. » - « Papa … » - « Joanne, s'il te plaît, laisse-moi continuer. Et j'ai un ami qui a eu un cancer, mais pas atteint au point de lui dire qu'il était condamné. Et quand même, ça l'a changé, radicalement. Alors je n'ose pas imaginer … » Hassan avait eu un moment de flottement. Quelques instants où son cerveau avait cessé de suivre et d'entendre le monologue qui lui était jeté à la figure, et où la voix de Martin Prescott n'était plus devenue qu'un bourdonnement assourdissant, paralysant. Il avait peut-être loupé une information importante, difficile à dire, toujours est-il que les reproches semblaient avoir continué à s'enchaîner lorsqu'enfin il avait réussi à reprendre le fil de la conversation « … une fois que l'on t'avait annoncé que tu étais en rémission. Parce qu'elle t'aime encore, c'est évident. Ce n'est pas trois ans de séparation qui allaient changer ça, tu la connais suffisamment pour le avoir – bien qu'elle soit tombée amoureuse d'un autre homme entre temps, et pas le meilleur qui soit-. » Et quel intérêt au juste que celui de remettre ce sujet sur le tapis, si ce n'était verser du sel sur les plaies de Joanne, en plus des siennes ? Hassan ne comprenait pas ce que cherchait Martin. « Et j'ose espérer que tu ne lui tiens pas rigueur du fait qu'elle n'ait pas insisté à comprendre pourquoi tu voulais te séparer d'elle. Elle en était incapable. Elle s'est toujours dit que c'était parce qu'elle n'arrivait pas à tomber enceinte, et disons que cette pensée a pris tout son sens après sa fausse-couche. » Cette impression que l'on comprimait son cœur dans un étau était revenue, comme à chaque fois que cet épisode malheureux était à nouveau évoqué. Il fallait qu'il se taise, Hassan avait besoin que le père de Joanne se taise et cesse de l'achever à coup de mots bien choisis comme on frappait un homme déjà à terre. C'était cruel, même pour lui. « Tu es un homme bien Hassan, et je sais que tu l'es toujours, que tu as toujours voulu ou espéré le meilleur pour elle. Je me demande juste ce que tu attends de Joanne. Je … Je n'en peux plus de la voir souffrir. » Enfin le flot de paroles avait cessé, laissant Hassan le souffle presque aussi court que si les mots avaient émané de sa propre bouche. Presque aussi court que si chaque mot l'avait frappé, au lieu de glisser sur lui avec la légèreté d'un discours qui ne compterait pas vraiment.

La main que Joanne avait glissé dans la sienne lui avait arraché un léger sursaut, sans doute perceptible pour elle uniquement, mais s'il avait serré ses doigts instinctivement durant quelques secondes, Hassan avait fini par se détacher d'elle avec la certitude qu'une marque d'affection même aussi minime ne ferait que jouer en sa défaveur à cet instant. « Je n'attends rien de Joanne. Rien de plus que ce qu'elle souhaitera me donner. » Une amertume certaine dans la voix, il avait reposé les yeux sur Martin, occultant volontairement la présence de Joanne et de sa mère autour d'eux. « Et en venant ce soir je ne m'attendais pas non plus à ce que quelqu'un me fasse mon procès. Encore moins en ne me laissant pas les cartes pour me défendre … Parce que votre opinion est déjà faite, j'me trompe ? » Bien sûr que non. Martin n'attendait pas des explications, au fond, simplement d'Hassan qu'il s’aplatisse et avoue ses fautes, et qu'il ravale tout ce qui pourrait de près ou de loin ressembler à une justification, un état d'âme ou l'éventualité que Joanne, quand bien même elle avait souffert plus qu'Hassan ne pouvait l'imaginer, n'ait pas été la seule à dériver pendant des semaines, des mois. Trois ans. « Vous me demandez de ne pas poser de questions sur le fait que Joanne n'ait pas cherché à me retenir, mais vous attendez de moi que je justifie les raisons qui m'ont poussé à ne pas revenir ? Vous m'assurez que vous comprenez, mais vous affirmez avec certitude que les choses ont été difficiles « surtout pour Joanne » ? Vous n'avez absolument aucune idée de ce qu'elles ont été pour moi. Et je ne vous demande même pas d'essayer de le deviner, le bénéfice du doute, c'est tout ce que je demandais. » La gorge serrée, le brun avait marqué une pause nécessaire pour ne pas céder et laisser éclater la colère que lui inspirait la tentative de Martin pour le noyer sous sa montagne de conseils, de directives, de reproches. « Et malgré tout le respect que j'ai toujours eu pour vous, sous-entendre que j'aurais quitté Joanne uniquement parce qu'elle ne pouvait pas tomber enceinte, c'est insultant. Pas seulement pour moi, mais aussi pour l'amour qui alimentait notre mariage. Mais j'espère que maintenant que Daniel est là vous êtes rassuré de savoir que le problème ne venait probablement pas d'elle. » Et bien sûr que c'était humiliant pour Hassan de l'admettre, de reconnaître que ce fils auquel elle semblait tellement se raccrocher Joanne ne l'aurait sans doute jamais eu en restant avec lui. Quelque part c'était l'autre chose pour laquelle il n'avait pas été à la hauteur avec elle.

Il ne se rappelait pas vraiment avoir quitté le canapé, mais pourtant Hassan était désormais debout, et presque satisfait de ne pas avoir pris le temps de retirer son blouson ; Il n'aurait pas à le remettre, maintenant. Glissant un demi-regard vers Jane, puis un autre presque honteux vers Joanne, qu'il avait à peine osé regarder dans les yeux, le brun avait articulé avec difficulté « Je suis désolé pour le dîner. Peut-être une prochaine fois. » Ou peut-être pas, si Prescott Senior en décidait autrement, puisqu'il semblait savoir mieux que personne ce que devait ou ne devait pas accepter sa fille. Hassan, lui, n'avait pas attendu plus longtemps pour quitter le salon et rejoindre la porte d'entrée avec la même urgence que si l'oxygène se trouvait de l'autre côté de la porte après une apnée trop longue. Il étouffait, littéralement, et à peine la porte refermée derrière lui il s'était autorisé quelques secondes de pause devant le pas de la porte pour reprendre son souffle, ses esprits, et Dieu sait quoi d'autre. Il se détestait de s'écraser ainsi en prenant la fuite, le Hassan d'avant, celui dont il ne parvenait pas à faire le deuil, ne se serait jamais écrasé de cette manière. Fuir lui donnerait probablement l'air d'un coupable, mais au fond quelle importance … Hassan était coupable d'être le méchant de l'histoire, parce qu'aux yeux des proches de Joanne il en fallait forcément un. Un méchant, quelqu'un à blâmer pour ne pas avoir à envisager que la malchance soit la seule explication à cette situation sans queue ni tête dont avait résulté un divorce, un enfant qui ne naîtrait jamais, et plus de regrets qu'une paire d'épaules était supposée pouvoir en porter.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyLun 27 Fév 2017 - 18:04


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Joanne avait envie de maudire son père. Qu'il mette ainsi les pieds dans le plat sans laisser le moindre bénéfice de doute à Hassan, sans même lui laisser le temps d'expliquer sa propre visons des choses. Non, Martin s'était senti obligé de foncer dans le lard et de ne pas faire attention aux dommages collatéraux. Elle ne saurait dire si c'était de la maladresse, de la méfiance ou de la méchanceté, mais son comportement agaçait même sa propre femme, et c'est peu dire. Celle-ci s'était tellement réjouie de voir Hassan, même si elle ne s'y attendait pas. Elle avait tenté de le recadrer mais le père Prescott n'était pas d'humeur à se plier à la demande de son épouse. C'était en partie pour son comportement que la petite blonde avait coupé les ponts avec ses parents - elle espérait qu'Hassan comprenne désormais pourquoi elle s'était tant détachée d'eux malgré l'importance de la famille pour elle. Joanne sentait Hassan nerveux. Mais Martin continuait de déverser toute sa méfiance sur lui, n'autorisant pas à ce que sa fille ou sa femme ne lui coupe la parole. La jeune femme avait glissé ses doigts entre ceux d'Hassan, à défaut d'être incapable sur le moment de dire quoi que ce soit. Elle était tellement hébétée par le comportement de son père, et profondément déçue. Mais elle sentit une légère aversion de la part du beau brun lorsqu'elle avait glissé les doigts entre les siens, un petit tressaillement qui en disait bien trop dans l'esprit confus de la jeune femme - perdue depuis sa conversation avec Yasmine. Il préférait alors rompre tout contact physique avec elle. Ce geste un peu hâtif provoqua un vif pincement au coeur de Joanne. Même s'il avait serré ses doigts l'espace d'une poignée de secondes. Pour elle, c'était presque synonyme de rupture du semblant de relation qu'ils avaient, qu'importe le nom qu'on pouvait lui donner. Hassan ne voulait pas se laisser abattre, en ayant tout de même une certaine réparti. Démunie, Joanne ne pouvait qu'écouter, être témoin de cet échange houleux. Le ton amer utilisé par Hassan la rendait nerveuse. Elle s'était mise à jouer nerveusement avec ses doigts, ayant une sainte horreur des conflits. Ca lui donnait toujours envie de se faire toute petite, elle ne voulait rien entendre. Le fait qu'Hassan ait autant de réparti laissait Martin muet. Le beau brun se leva, n'osait même pas regardé Joanne dans les yeux lorsqu'il parvint à articuler qu'il déclinait finalement l'invitation pour le dîner. Cela fit spontanément border ses yeux de larmes. L'estomac noué, elle cligna à peine des yeux pour le voir s'éloigner et refermer la porte derrière lui. Un long moment de silence régna. Même Daniel n'osait pas babiller plus que ça. "Pourquoi papa ?" articula Joanne qui essuya succinctement ses larmes.  "Il fallait qu'il le sache, c'est tout." "Tu as été franchement ingrat avec lui, pour le coup." "Il n'a pas été là, il n'a pas vu ce que tu as..." "Et toi non plus t'étais pas là pour voir ce qu'il vivait." rétorqua-t-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu. "Il a du renoncer à tout, à absolument tout. Parce qu'il préférait que je reprenne ma vie plutôt que je reste avec lui, à le voir décliner de jour en jour."  "Ce n'est pas ce que je..." "Maintenant c'est à toi de me laisser terminer. Tout lui laissait croire qu'il allait mourir. Il s'était préparé à ça, il voulait régler certaines affaires avant de partir, et du jour au lendemain, on lui annonce que finalement, il vivra. Il n'avait plus d'objectif de vie, de plan d'avenir. Il est reparti de rien, Papa. Tu crois franchement que ça, c'est bien moindre comparé à ce que j'ai vécu. Franchement. Tu n'as vraiment pas idée, Papa. Il a tant souffert et il souffre encore énormément, et voilà; toi tu te la ramènes sur tes grands chevaux."  "Je ne faisais que te défendre." s'écria-t-il. "Mais j'ai pas besoin d'être défendue ! En quoi j'ai besoin d'être défendue par rapport à Hassan ? Tu le connais depuis treize ans papa, et voilà que tu doutes de lui comme le premier jour. Oui il a changé, mais tu l'as dit toi-même, ce qu'il a vécu, ça change un homme. On n'a aucune idée de comprendre ce qu'il a pu traverse et c'est même pas ce qu'il demande. Il demande juste qu'on l'accepte tel qu'il est désormais. Et toi, tout ce que tu fais, c'est..." La gorge serrée, elle ne parvenait même pas à terminer sa phrase. Jane fusilla du regard Martin. "Tu aurais pu faire un effort." lui souffla-t-elle sèchement. Joanne prit le petit dans ses bras. "Où est-ce que tu vas ?" "Réparer tes bêtises. Si c'est possible, parce que t'as vraiment fait fort. Si vous pouviez être partis quand je serai revenue, ce serait sympa." Elle visait surtout son père, Jane n'avait rien fait, bien au contraire, elle avait accueilli Hassan à bras ouvert et semblait bien déterminée à passer un agréable moment avec lui. La benjamine embrassa tout de même sa mère, qui ne faisait que s'excuser platement pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait. Daniel dans les bras, Joanne franchit la porte d'entrée et claqua la porte derrière elle. Elle avança jusqu'à se retrouver sur le trottoir et elle cherchait du regard Hassan, qui était déjà bien loin dans la rue. La jeune femme commençait à courir en sa direction pour le rattraper. Elle était rapidement essoufflée, du fait de devoir porter Daniel. "Hassan, attends." dit-elle lorsqu'elle se rapprochait de lui. Il y avait encore une bonne distance entre eux. Mais il ne semblait pas vouloir s'arrêter. "Hassan, s'il te plaît." Elle était à bout de souffle lorsqu'elle parvint à saisir la manche du blouson d'Hassan. Le bras qui avait porté Daniel contre elle était particulièrement douloureux. Ses doigts serraient toujours le vêtement, mais elle était incapable d'aligner deux mots pendant de longues secondes, le temps qu'elle retrouve sa respiration. "Pour commencer, je ne veux pas que tu crois devoir te reprocher ma fausse-couche. J'en ai eu d'autres, j'ai de gros problèmes de fertilité." Elle savait d'avance que son discours allait être décousu. Entre l'émotion et l'essoufflement, elle n'arrivait pas à mettre de l'ordre dans ses idées. "Je... Je vais pas excuser le comportement de mon père, parce que moi-même, je peux pas lui pardonner la manière dont il t'a parlé. Je me suis fâchée avec lui. Encore." De sa main libre, elle passa une main dans ses cheveux. "C'est en très grande partie à cause de lui que j'avais coupé les ponts avec eux en fin d'année dernière." Joanne ne savait pas trop quoi dire de plus. Elle n'était pas certaine qu'il était judicieux de revenir sur tous les points évoqués. "Je sais que tu es en colère, et... ne garde pas tout ça pour toi. Tu peux hurler contre moi si tu veux, si tu penses que ça peut te faire du bien. Ca me gêne pas, vraiment. Je préférerais que tu extériorises tout, même si contre moi, plutôt que tu gardes pour toi." Elle changeait ensuite Daniel de bras. "Je pensais pas qu'ils resteraient aussi tard à la maison, c'était juste pour le goûter. J'aurais voulu pouvoir t'épargner ça. Tout ce que je voulais, c'était... qu'on passe une agréable soirée ensemble." Mais tout venait de s'annuler, en un claquement de doigt. Elle avait préparé en avance des petits toasts pour l'apéritif, mais elle devait préparer encore tout faire pour le dîner. "S'il te plaît, reste ce soir. Je... Je veux tellement passer du temps avec toi." Elle la suppliait presque du regard. Elle comprendrait qu'il refuse tout de même, mais ça l'aurait rendu profondément triste. Alors que la jeune femme comptait reprendre la parole, Jane fit une timide apparition, rongée par la culpabilité. "Hassan, je... Sache que j'ai vraiment été contente de te voir. J'aurais préféré que ça se finisse autrement, discuter autour d'un thé." La pauvre était peinée et devait subir les conséquences du comportement de son époux. "Peut-être que tu ne vas pas bien, encore moins avec ce que Martin vient de dire - ce qu'il m'énerve parfois, celui-là, je te jure. Mais je suis contente que tu sois là, c'est tout ce qui compte. J'espère que nous aurons l'occasion de se revoir, sans l'autre effronté, à l'occasion. Si tu veux toujours me voir. Prends soin de toi, d'accord ? Et je ne sais pas si je peux faire quoi que ce soit pour toi, mais si tu as besoin de quoi que ce soit, quelque chose que je pourrai t'apporter, je suis là." Elle le prit timidement dans ses bras avant de rejoindre la voiture, où Martin l'attendait. Lui ne faisait pas vraiment le fier, loin de là. Suite à quoi, Daniel commençait à se manifester. L'heure du dîner pour lui arrivait, Joanne ne pouvait pas rester plantée indéfiniment. "Il a faim." dit-elle tout bas. "Tu dis que tu veux qu'on te laisse le bénéfice du doute. Et il y a une chose que tu ne veux pas, et je l'ai bien compris la dernière fois qu'on s'est vu : et c'est être seul. Tu ne veux pas être seul, Hassan, bien que tu le recherches malgré toi. Ca, je sais ce que c'est, je fais pareil. Ne sois pas seul ce soir, pas après tout ce que tu viens d'encaisser. Même si tu es contrarié pour la soirée, ou que tu ne veuilles pas parler du tout, ou même si tu préfères rester dans ton coin pour être tranquille, c'est pas grave, ça me va. Tout me va. Tant que tu es là, c'est ce qui compte le plus pour moi, alors... Reste, s'il te plaît." Elle allait timidement venir chercher ses doigts avec les siens, jouant un peu avec. Elle s'attendait tout de même à ce qu'il la rejette encore une fois. "J'ai préparé plein de petits amuse-bouches pour l'apéro, entre autre..." Elle rit nerveusement, trouvant que c'était l'argument le plus nul qui soit pour le convaincre de rester.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyDim 5 Mar 2017 - 3:25

Le tout début de soirée était encore chaud, l'automne se faisait désirer et sans doute auraient-ils droit cette année encore à une sorte d'été indien … Hassan avait froid, pourtant. Le frisson qui lui avait parcouru la colonne vertébrale lui avait fait rentrer un instant la tête dans ses épaules, et tirer sur le col de son blouson pour le remonter un peu. La légèreté dont il s'était senti agréablement saisi en sortant du bureau de Phil un peu plus tôt s'était envolée en même temps que les espoirs du brun de passer une bonne soirée, malgré tout, malgré cette chose dont Joanne disait vouloir lui parler et qui l'avait tenu en haleine tout le long de la semaine. Il était en colère, et malgré cela une partie de lui ne pouvait s'empêcher de se sentir profondément résignée … Qu'espérait-il, au fond ? Rien. Tout était seulement question de moment, les mots de Prescott Senior Hassan aurait pu les entendre avec moins de rancœur s'ils étaient arrivés un autre jour, à un autre endroit, s'ils n'étaient pas venus gâcher le petit espoir qu'il avait eu que cette journée reste légère d'un bout à l'autre. La gorge serrée, le cœur en vrac, le brun avait malgré tout pris une grande inspiration pour tenter de retrouver une contenance, et enfoncé les mains dans les poches de son blouson en remontant la rue par la gauche. Il n'était pas forcé de se presser, la nuit ne tomberait pas tout de suite et il n'avait pas envie de rentrer. Une fraction de seconde il avait envisagé marcher jusque chez Yasmine, mais elle travaillait, et lui réalisait au fil des secondes qu'il n'avait de toute façon aucune envie de faire la conversation ce soir, et ne serait plus de bonne compagnie que pour son chien, qui lui se foutait bien que son maître ne soit pas d’humeur à faire la conversation et préfère binge-watcher dieu sait quoi sur Netflix. Parfois l'humeur d'Hassan lui faisait l'effet d'une boucle, elle s'améliorait lentement mais sûrement, assez pour qu'il commencer à y croire, et là un coup s'abattait à nouveau sur sa nuque et le renvoyait à la case départ, où il lui fallait entamer une nouvelle tentative d'amélioration, et ce malgré l'échec cuisant qui l'attendrait au bout du parcours. « Hassan, attends. » Joanne, sans le savoir, tentait de relancer la boucle, quand Hassan lui semblait vouloir s'en défaire une bonne fois pour toute. « Hassan, s'il te plaît. » Uniquement parce qu’elle l’avait saisi par la manche avait-il consenti à s’arrêter, se sentant un peu bête maintenant qu’il la remarquait essoufflée et son bébé dans les bras. « Laisse tomber, Joanne. C’est pas grave. » Elle n’avait pas à se sentir obligée d’arrondir les angles, ou de vouloir rassembler tout le monde dans la même pièce et y ramener un semblant d’harmonie. Martin avait visiblement à cœur de jeter de l’huile sur le feu en posant les questions qui fâchaient, quant à Hassan il n’avait pas la patience nécessaire pour le laisser faire sans risquer de dire des choses qu’il finirait – sans doute – par regretter.

Pour autant pas décidée à le lâcher Joanne avait gardé le silence de longues secondes, reprenant son souffle, des secondes durant lesquelles le brun n’avait pu s’empêcher de l’observer avec attention, partagé encore le désarroi que lui inspirait la situation et la pointe de tendresse que lui inspirait le fait qu’elle se soit malgré tout donné la peine de vouloir le rattraper. « Pour commencer je ne veux pas que tu penses devoir te reprocher ma fausse-couche. J’en ai eu d’autres, j’ai de gros problèmes de fertilité. » Ce n'était pas vraiment l'argument qu'il s'attendait à entendre, et bien que préférant ne pas faire de commentaire supplémentaire à ce sujet, son esprit lui disait « peu importe » … Au final aujourd'hui le résultat était le même. Elle avait son petit dans ses bras, attentif, les yeux rivés sur sa mère, et Hassan lui n'aurait jamais d'enfant. Fin de l'histoire. « Je … Je vais pas excuser le comportement de mon père, parce que moi-même, je peux pas lui pardonner la manière dont il t'a parlé. Je me suis fâchée avec lui. Encore. C'est en très grande partie à cause de lui que j'avais coupé les ponts avec eux en fin d'année dernière. » Le regard d'Hassan, déjà pas bien vaillant, s'était fait plus fuyant encore. Que Joanne et ses parents n'aient pas besoin de lui pour s'opposer ne l'empêchait pas de se sentir coupable d'en être cette fois-ci la cause. « Ne te sens pas obligée de t'opposer à lui à cause de moi … vraiment, si c'est la seule raison ça ne vaut pas la peine. » Les mains toujours enfoncées dans les poches de son blouson, il donnait l'impression de ne pas savoir quoi faire de lui-même. Au fond c'était un peu le cas. « Je sais que tu es en colère, et … » Bien sûr, qu'il était en colère. Les gens comme Martin Prescott étaient tellement plein de préjugés, gardaient leurs œillères, et se foutaient bien de voir les choses avec d'autres yeux que les leurs. « Ne garde pas tout ça pour toi. Tu peux hurler contre moi si tu veux, si tu penses que ça peut te faire du bien. Ça me gêne pas, vraiment. Je préférerais que tu extériorises tout, même contre moi, plutôt que tu gardes tout pour toi. » Un instant il l'avait scrutée comme si elle venait de lui parler chinois, tandis qu'elle faisait passer Daniel d'un bras à l'autre « Ouais, avec ça je suis sûr que ton père se rendrait tout de suite compte qu'il a été injuste avec moi. » n'avait-il pu s'empêcher de laisser échapper avec ironie, et une certaine résignation « Bien sûr que je suis en colère. Mais la faire subir à quelqu'un d'autre ne me fera pas me sentir mieux, et il est hors de question que tu te retrouves au milieu de tout ça … J'en ai déjà assez fait, je crois. » Et là-dessus même le père de la jeune femme ne pourrait pas le contredire s'il avait vent de cette conversation. Ce dont Hassan doutait fortement, cela dit. « Je pensais pas qu'ils resteraient aussi tard à la maison, c'était juste pour le goûter. J'aurais voulu pouvoir t'épargner ça. Tout ce que je voulais, c'était … qu'on passe une agréable soirée ensemble. S'il te plaît, reste ce soir. Je … Je veux tellement passer du temps avec toi. » Elle avait cette façon de le regarder, comme si une réponse négative n'était pas envisageable … Et malgré tout Hassan restait incertain. « Moi aussi, mais … ce soir je ne pense pas que ce soit une bonne idée. » Il ne serait pas de bonne compagnie et elle était sans doute contrariée, il doutait que cela fasse bon ménage.

Alors que la blonde s'apprêtait visiblement à lui opposer un argument qu'elle devait juger susceptible de lui faire changer d'avis, tous les deux avaient été interrompus par l'arrivée de Jane, ces derniers pas plus incertains maintenant que les deux jeunes gens avaient reporté leur attention sur elle « Hassan, je … Sache que j'ai vraiment été contente de te voir. J'aurais préféré que ça se finisse autrement, discuter autour d'un thé. » Il n'avait rien répondu, touché par la bienveillance de la mère de famille envers lui, mais malgré tout incapable d'insinuer que cela avait été un plaisir pour lui aussi, puisqu'il aurait en tout honnêteté préféré que le tête à tête avec les parents de Joanne ne soit pas à l'ordre du jour. « Peut-être que tu ne vas pas bien, encore moins avec ce que Martin vient de dire – ce qu'il m'énerve parfois cela-lui, je te jure. Mais je suis content que tu sois là, c'est tout ce qui compte. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir, sans l'autre effronté, à l'occasion. Si tu veux toujours me voir. Prends soin de toi, d'accord ? Et je ne sais pas si je peux faire quoi que ce soit pour toi, mais tu as besoin de quoi que ce soit, quelque chose que je pourrais t'apporter, je suis là. » Au fond le comportement des parents de Joanne le laissait entièrement perplexe, il semblait n'y avoir aucune demi-mesure entre l’hostilité latente de Martin et la clémence totale de Jane, et dans les deux cas le brun avait la sensation que quelque chose clochait. Que tout n'était pas comme cela devrait être. « Merci … c'est promis. » En réalité il doutait qu'elle puisse lui être d'un quelconque secours à propos de quelque chose, et il se serait mal vu se tourner vers elle pour quoi que ce soit, mais il restait reconnaissant dans le fait qu'elle propose son aide, et l'avait laissée le serrer un court instant dans ses bras avant de tourner les talons pour rejoindre la voiture, où son époux patientait déjà sur le siège du conducteur, à en juger par le fait que le véhicule avait démarré à peine Jane entrée à l'intérieur.

Laissés à nouveau seuls au milieu de la rue, les deux jeunes gens avaient reportés leur attention l'un sur l'autre, Hassan un peu incertain quant à la manière de prendre congé de son ex-femme. Avant qu'il n'en ait eu le temps Daniel s'était chargé de briser le silence le premier « Il a faim. » avait alors repris timidement Joanne, avant de poursuivre « Tu dis que tu veux qu'on te laisse le bénéfice du doute. Et il y a une chose que tu ne veux pas, et je l'ai bien compris la dernière fois qu'on s'est vus : et c'est être seul. Tu ne veux pas être seul, Hassan, bien que tu le recherches malgré toi. Ça, je sais ce que c'est, je fais pareil. Ne sois pas seul ce soir, pas après tout ce que tu viens d'encaisser. Même si tu es contrarié pour la soirée, ou que tu ne veuilles pas parler du tout, ou même si tu préfères rester dans ton coin pour être tranquille, c'est pas grave, ça me va. Tout me va. Tant que tu es là, c'est ce qui compte le plus pour moi, alors … Reste, s'il te plaît. » Il ne savait pas bien si c'était les mots de la blonde qui étaient en train de le faire flancher, ou bien la façon dont elle avait attrapé ses doigts pour les accrocher aux siens. « J'ai préparé plein de petits amuse-bouches pour l'apéro, entre autres … » Ses doigts se resserrant autour de ceux de Joanne avaient été une réponse plus rapide que celle des mots, qui avait mis quelques secondes encore à franchir la barrière de ses lèvres et de manière un peu timide, incertaine « D'accord. » Un peu à contre-coeur il s'était défait de la main de la jeune femme pour lui permettre de porter à nouveau Daniel à deux bras. Croisant d'ailleurs furtivement le regard du bébé Hassan avait glissé sur le ton de la fausse confidence « Ne le répète pas à ta mère, mais c'est très difficile de lui dire non. » ce à quoi le bambin avait répondu par un gazouillement incompréhensible mais visiblement amusé.

Regagnant la maison il avait laissé la blonde passer la première et refermé la porte derrière eux. Sur la table du salon la part de gâteau coupée par Jane et à laquelle Hassan n'avait pas touché attendait toujours dans son assiette, et tandis que Joanne prenait le chemin de la cuisine avec son fils le brun avait pris quelques instants pour débarrasser la table du salon et les rejoindre, déposant la vaisselle sale dans l'évier. « J'avais oublié à quel point tu ressemblais à ta mère. » avait-il finalement confié d'un ton pensif, remarquant finalement l'existence du lave-vaisselle – un outil qui manquait cruellement dans sa propre maison, pour l'instant – et entreprenant d'y caser la vaisselle. « Encore plus maintenant. » Croisant le regard un peu interrogatif de la jeune femme il avait repris « Parfois elle te regarde de la même manière que tu regardes Daniel. » Et au fond Hassan avait toujours cru comprendre que s'ils avaient trois enfants, les Prescott entretenaient une relation plus particulière avec leur petite dernière … Pas de la préférence – Hassan restait persuadé que l'on ne pouvait pas, en tant que parent, avoir une quelconque préférence entre ses enfants – mais une attention plus particulière, presque exacerbée … Peut-être un peu trop, au fond. « Je peux t'aider à faire quelque chose pendant que tu t'occupes du repas du petit ? » Si rester sans rien faire pendant que les autres s'activaient n'était déjà pas dans ses habitudes, cela lui semblait d'autant plus impensable aujourd'hui qu'il se sentait le besoin de garder l'esprit occupé. « Qu'est-ce que tu as fait de ta ménagerie ? » Depuis qu'il avait mis les pieds dans la maison la première fois, avant que sa confrontation avec le père de la jeune femme ne mette un frein à tout cela, Hassan n'avait en effet pas eu l'occasion de poser les yeux sur l'un ou l'autre des deux chiens de Joanne … Au jardin, peut-être.


Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 5 Mar 2017 - 16:32, édité 1 fois
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyDim 5 Mar 2017 - 16:29


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Joanne n'osait imaginer tout ce que son ex-mari pouvait ressentir à ce moment-là. Elle en voulait énormément à son père de ne pas avoir su se tenir, pas plus que quelques secondes, juste le temps qu'Hassan ne s'installe sur le canapé. Pour le moment, Martin en semblait pas regretter ses dires, mais cela ne saurait tarder. Mais la jeune femme se sentait désormais obligée de recoller les pots cassés alors qu'elle n'était fautive de rien dans cette histoire. D'habitude pas très rancunière, elle n'avait cette fois-ci pas le coeur de pardonner le comportement de son père. Il n'avait pas été juste ni envers Jamie, ni envers Hassan. Alors, bébé dans les bras, elle tentait désespérément de rattraper le beau brun. Lui voulait qu'elle n'insiste pas, qu'elle ne tente pas de tout corriger pour parvenir à profiter un tant soit peu. Elle-même ne savait pas ce qu'il fallait dire pour qu'il soit moins en colère. Joanne reprenait son souffle, sous le regard attentif d'Hassan. Son discours était décousu, elle ne parvenait pas à mettre d'ordre dans ce qu'elle disait et c'était bien le cadet de ses soucis à ce moment précis. Tant qu'il ne partait pas, lassé des paroles de la jeune femme, n'ayant aucune incidence sur sa manière de penser. Elle expliquait que la relation avec son père ces derniers temps n'était pas très simple, et Martin ne faisait pas vraiment de son mieux pour garder contact avec elle. "Je ne me sens pas obligée. J'en ai juste assez qu'il ne fasse pas le moindre effort et qu'il ne veuille plus donner la moindre chance à qui que ce soit. Reever était pareil, à... je sais pas comment dire, à vouloir le contrôle sur ma vie, à décider ce qui est bon pour moi ou non. Au début, je ne m'en souciais pas, mais ça devient insupportable. C'est étouffant. C'est typiquement le type de comportement qui me met hors de moi. Il ne veut pas faire d'effort, c'est ça qui m'énerve." répondit-elle. La petite blonde ne voulait pas qu'Hassan garde toute cette colère pour lui, elle voyait bien qu'il tentait de tout canaliser, afin de ne pas le faire payer à n'importe qui. Elle ne s'attendait pas à une telle répartie de son ex-mari, d'un air presque mauvais. Joanne le regardait avec une certaine surprise, ne sachant comment prendre ou interpréter ses propos. "Je ne veux pas que tu t'en veuilles de ce qui a pu se passer. Mon père a lui besoin d'avoir un coupable, ça rend les choses plus faciles pour lui. Ca ne veut pas dire que tu l'es. Tu ne l'es pas à mes yeux, ni à ceux de ma mère." lui assura-t-elle. "Tu n'as rien fait du tout. C'est juste lui qui... s'est emporté pour un rien. Quelle tête de mule." soupira Joanne. Elle en voulait énormément à Martin, plus que de raison certainement. Mais c'était toute une accumulation de choses. Comme s'il n'y avait plus rien qui pourrait satisfaire Martin, comme s'il n'existait plus personne qui soit digne de sa plus petite fille. Celle-ci suppliait pratiquement Hassan de rester, mais il refusa une nouvelle fois. Joanne sentait son coeur se serrer, sachant pertinemment que s'il ne venait pas ce soir, ils ne se reverraient pas avant longtemps, et que le malaise aurait à nouveau repris place dans leur relation qui semblait aller mieux l'espace d'un temps. Cependant, il reconnaissait que passer du temps avec elle lui aurait plu. Une bien maigre consolation face à la persistance de son refus. Une poignée de secondes plus tard, Jane fit son apparition, attristée de la tournure qu'avaient pris les événements. Elle tenait à échanger encore quelques mots avec lui avant de rejoindre son mari dans la voiture. Joanne sortait tous les arguments possibles pour inviter Hassan à rester, même les plus ridicules qui soient. Mais elle était démunie et ne savait plus quoi faire d'autre. Elle le sentait alors serrer délicatement ses doigts, puis accepter de finalement rester, pour son plus grand soulagement. Il s'adressa ensuite à Daniel, arrachant ainsi un rire à sa mère, qui regardait affection le petit. "A ce point là ?" demanda-t-elle à Hassan, avec un regard complice. Arrivés à la maison, Joanne se dirigea spontanément dans la cuisine pour réchauffer le plat préparé pour le petit. Hassan, quant à lui, s'était chargé de débarrasser la table. "Merci beaucoup." dit-elle lorsqu'il revenait avec les assiettes dans la cuisine. Joanne préparait tous les petits plats pour Daniel. Elle en avait toujours en avance, ayant largement le temps de les faire, même avec son mi-temps. Hassan notait la ressemblance frappante entre mère et fille, encore plus maintenant que Joanne était également maman. Elle sourit d'un air un peu gêné. "C'est un compliment ?" lui demanda-t-elle d'un air taquin. "Je suppose que ça doit être le regard de l'amour d'une maman." Elle haussait les épaules puis embrassa son petit sur la tempe. Refusant catégoriquement de rester planté là, les mains dans les poches, Hassan proposa rapidement son aide. Il avait besoin de se vider l'esprit et pour cela, il devait faire quelque chose de ses mains. C'était bien un point qui n'avait pas changé chez lui. Joanne mit Daniel dans la chaise haute pour se libérer les bras et elle ouvrit le réfrigérateur pour en sortir le petit plat maison. "Eh bien... Je peux me faire passer pour une hôte lamentable en te proposant de commencer à m'aider à préparer le dîner." dit-elle avec un rire nerveux. "Encore une fois, je ne m'attendais pas à ce qu'ils restent aussi longtemps chez moi, je comptais commencer la préparation un peu avant que tu n'arrives." Elle réchauffa le dîner de Daniel et pendant ce temps, elle sortit une grande planche en bois, un couteau, enfin bref, tout le nécessaire pour cuisiner. "Je comptais faire un chili con carne. Ca faisait longtemps que j'en n'avais pas fait. Mais pas trop épicé non plus. Je comptais te laisser le tabasco près de ton assiette si tu ne trouvais pas le plat assez relevé." Parce que Joanne n'aimait pas les plats qui étaient trop épicés : piment, tabasco. Elle y était un peu trop sensible, et c'était une sensation bien désagréable pour elle. "Et je ne peux que te proposer de démarrer par ce qu'il y a de moins chouette à faire, c'est de couper les gousses d'ail et les oignons." Joanne sortait ensuite un grand wok afin d'être sûr d'avoir un contenant assez grand. "Et si vraiment, il y a aussi les poivrons à couper, les tomates à peler et couper aussi. Tu peux me laisser les oignons si t'as pas envie de pleurer devant moi." dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Le repas chauffé, Joanne le récupéra et s'installa face à Daniel, qui avait déjà sa cuillère en plastique en mains. Le bavoir était de rigueur, surtout qu'il voulait commencer à se débrouiller tout seul. Mais il acceptait volontiers l'aide de sa mère - il ne pouvait pas lui refuser grand chose, de toute façon. "Les chiens ? Ils doivent certainement dormir en haut, ou se chamailler dehors." Joanne se leva pour regarder par la fenêtre et Nunki et Sirius étaient en effet en train de jouer à l'extérieur. Certes, deux chiens, c'était deux fois plus d'entretien, mais ils ne se sentaient jamais seuls, surtout qu'ils étaient tous les deux la même portée. Elle n'avait jamais eu à les appeler bien fort pour qu'ils se précipitent vers leur maîtresse - qui était aussi l'équivalent de leur mère étant donné qu'elle les avait recueilli et nourri au biberon tant ils étaient petits. Ils avaient encore l'allure de chiots, mais il grandissaient vite. Voilà que tout le monde se trouvait dans la cuisine, allant soit vers Joanne ou Hassan, pour dire bonjour et réclamer quelques caresses. Ils étaient surexcités et devaient être recadrés à plusieurs reprises par Joanne - qui, encore une fois, n'avait même pas à élever la voix pour se faire comprendre. Son ton se faisait juste plus ferme. Daniel avait bon appétit, comme d'habitude. Il avait surtout hâte d'avoir son dessert et son petit boudoir à mâchouiller. Il en raffolait. "Attends, petit garnement. Avant toute chose, on t'essuie la bouche d'abord, tu en as partout." dit-elle en humidifiant une petite serviette pour le débarbouiller un peu. Joanne le prit dans ses bras. "Tu me fais un câlin, avant d'aller jouer ?" Le genre de choses où il ne fallait pas insister, Daniel était un bébé particulièrement câlin. Elle tenait ensuite les chiens par leur collier afin de laisser le petit aller vers ses jouets. C'était une cuisine à l'américaine, elle pouvait ainsi bien le surveiller d'où elle était. Enfin, elle lâchait enfin les chiens pour rejoindre Hassan et l'aider à préparer le plat qui était au menu. Elle se chargea de sortir huile d'olives et épices du placard pour pouvoir faire revenir ail et oignon dans un premier temps. "On pourra prendre l'apéro une fois que tout sera laissé à mijoter. J'ai même trouvé quelques recettes de cocktails sans alcool pour toi. Ca reste un mélange de jus de fruits, bien souvent, mais certains ont l'air d'être de bons mélanges de jus de fruits." dit-elle en riant. Ayant les mains propres, Joanne se permit de glisser délicatement ses doigts dans ses cheveux. Les mots lui manquaient - et pourtant elle voulait lui parler de sa rencontre avec Yasmine. Juste un petit geste d'affection, rien de plus.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyJeu 9 Mar 2017 - 2:13

Hassan ne se souvenait pas d’avoir un jour réellement vu Joanne tenir tête à son père, Martin lui avait toujours fait l’effet du chef de famille à qui l’on ne disait pas non, et qui par conséquent n’avait pas l’habitude de se voir opposé de véritable argument. En prenant ainsi la mouche le brun savait pertinemment que l’opinion de l’homme à son sujet n’en serait qu’un peu plus entachée, et qu’elle lui donnerait l’air coupable, mais si encore marié à Joanne il se serait sans doute senti l’obligation d’une certaine retenue le fait que la blonde et lui ne soient plus unis de façon formelle ne le contraignait plus en rien, et Hassan n’avait aucunement l’intention de se laisser accuser de tout et n’importe quoi par quelqu’un qui lui avait d’ores et déjà attribué le rôle de méchant de l’histoire. Comme si la situation était aussi simple que noir ou blanc, chaud ou froid, méchant ou gentil. Pour autant, et bien que l’initiative de Joanne pour se ranger de son côté le touche plus qu’il souhaitait l’admettre, il ne jugeait pas judicieux d’écorner la relation qu’elle avait avec son père simplement parce qu’elle s’en sentait obligée vis-à-vis de son ex-époux « Je ne me sens pas obligée. J'en ai juste assez qu'il ne fasse pas le moindre effort et qu'il ne veuille plus donner la moindre chance à qui que ce soit. Reever était pareil, à... je sais pas comment dire, à vouloir le contrôle sur ma vie, à décider ce qui est bon pour moi ou non. Au début, je ne m'en souciais pas, mais ça devient insupportable. C'est étouffant. C'est typiquement le type de comportement qui me met hors de moi. Il ne veut pas faire d'effort, c'est ça qui m'énerve. » Aucune surprise, Hassan avait maintes fois eu l'occasion de constater de ses propres yeux le caractère surprotecteur du père de Joanne, et simplement pas eu d'autre choix que de tenter de montrer patte blanche en espérant finir par prouver sa bonne foi … Peine perdue, désormais. Sa courte – et unique – entrevue avec Reever n'avait quant à elle servie à ce qu'Hassan réalise qu'il n'avait pas envie d'entendre les remontrances d'un homme qui se pensait exempt de toute leçon concernant sa relation avec Joanne. « Je ne veux pas que tu t'en veuilles de ce qui a pu se passer. » avait en tout cas repris la blonde, se doutant pourtant bien que c'était un peu trop en demander à Hassan. « Mon père a besoin d'avoir un coupable, ça rend les choses plus faciles pour lui. Ça ne veut pas dire que tu l'es. Tu ne l'es pas à mes yeux, ni à ceux de ma mère. Tu n'as rien fait du tout. C'est juste lui qui … s'est emporté pour un rien. Quelle tête de mule. » Il avait secoué doucement la tête « Je reste l'homme qui a brisé le cœur de sa fille, c'est normal. Ce n'est pas ce qui me met en colère. » Non, la colère était ailleurs, mais intervenue au bout moment l'irruption de Jane dans la conversation lui avait permis de ne pas avoir à se montrer plus spécifique à ce sujet. Volontairement peu expansif il s'était d'ailleurs contenté de saluer son ex-belle-mère avec politesse, et malgré tout une certaine bienveillance.

Laissés à nouveau tous les deux – ou plutôt tous les trois en comptait le petit qui commençait à s'agiter dans les bras de sa mère – l'argumentation quant à la suite des événements avait finalement tourné cours lorsqu'Hassan avait cédé à la proposition de Joanne, et accepté de revenir sur ses pas. Sans savoir ce qui, du regard peiné de la jeune femme ou de la perspective d'une énième soirée de solitude, avait eu le dernier mot dans son esprit. « A ce point-là ? » avait de son côté demandé la blonde avec une pointe d'amusement lorsqu'il avait sous-entendu ne pas savoir lui refuser grand-chose, et s'il n'avait rien répondu c'était principalement parce qu'elle le savait parfaitement bien : rares étaient les choses qu'il parvenait à lui refuser, fut un temps. Pensif tandis qu'ils regagnaient la maison et que lui se rendait utile en débarrassant la table basse, il avait laissé échapper à voix haute ce qui aurait pu ne rester qu'une pensée silencieuse « C'est un compliment ? » Y'avait-il une chance pour que ce soit autre chose qu'un compliment ? « Je suppose que ça doit être le regard de l'amour d'une maman. » Sans doute, oui. « C'était un compliment, oui. » avait-il finalement répondu, la suivant des yeux tandis qu'elle allait et venait du réfrigérateur au micro-ondes, et qu'il se sentait tout à coup un peu inutile au milieu de cette cuisine « Eh bien … Je peux me faire passer pour une hôte lamentable en te proposant de commencer à m'aider à préparer le dîner. Encore une fois, je ne m'attendais pas à ce qu'ils restent aussi longtemps chez moi, je comptais commencer la préparation un peu avant que tu n'arrives. » Joanne jonglant entre ce qu'elle disait et les placards dont elle avait commencé à sortir de quoi préparer un repas, Hassan l'avait quittée des yeux un instant tandis que Daniel témoignait son impatience « C'est moi, j'étais aussi un peu en avance, mon rendez-vous s'est terminé plus tôt. » Quoi qu'il ne savait pas bien comment qualifier son entrevue avec Phil, en soit on ne pouvait pas vraiment appeler cela un rendez-vous … Et en même temps Hassan savait parfaitement que Phil ne l'avait pas venir sans son idée derrière la tête. « Je comptais faire un chili con carne. » avait en tout cas repris Joanne « Ça faisait longtemps que j'en avais pas fait. Mais pas trop épicé non plus. Je comptais te laisser le tabasco près de ton assiette si tu ne trouvais pas le plat assez relevé. » Il avait acquiescé d'un signe de tête, répondant par un « Ça me convient. » et se gardant bien de préciser que, s'il mangeait déjà relativement épicé à l'origine, les choses étaient encore pires depuis ses soucis de santé. Sa notion du goût s'était un peu estompée, un des effets indésirables de la chimiothérapie qui – du moins c'était ce qu'on lui avait dit pour tenter de le rassurer – ne serait peut-être que temporaire. « Et je ne peux que te proposer de démarrer parce qu'il y a de moins chouette à faire, c'est de couper les gousses d'ail et les oignons. Et si vraiment, il y a aussi les poivrons à couper, les tomates à peler et couper aussi. Tu peux me laisser les oignons si t'as pas envie de pleurer devant moi. » Laissant échapper un léger rire, il l'avait laissée s'en retourner au repas de son fils et avait attrapé les oignons histoire de se débarrasser du plus désagréable en premier. « Moi et ma fierté de mâle robuste tenteront de nous en remettre. » avait-il alors simplement répondu d'un ton taquin avant de s'y mettre.

Qu'on se le dise, tenter de ne pas verser une larme en épluchant des oignons était le genre de challenge stupide que l'on ne pouvait s'empêcher de se lancer chaque fois que le mot « oignon » figurait dans la recette sur laquelle le choix était porté, Hassan ne faisait pas l'exception à la règle et cette fois-ci encore il espérait avoir le dessus. Pour l'heure, et parce que le fait venait de lui revenir à l'esprit, il avait relevé un court instant les yeux vers Joanne pour savoir où se cachaient ses deux boules de poils. « Les chiens ? Ils doivent certainement dormir en haut, ou se chamailler dehors. » Bien que la question n'ait pas été posée dans le but d'interrompre la jeune femme, et donc à nouveau le repas de Daniel, Joanne s'était levée un instant pour jeter un œil au jardin, et appeler les deux chiots – quoi qu'ils en avaient de moins en moins le gabarit – qui s'étaient empressés de rappliquer et avaient bientôt envahi la cuisine de leurs jappements enjoués. « Je crois bien que j'ai un public. » avait-il finalement fait remarquer d'un ton amusé tandis que, les deux animaux s'étant finalement un peu calmés, chaque s'était assis au pied d'Hassan, l'un à droite et l'autre à gauche, le museau tendu vers le plan de travail avec l'espoir sans doute qu'un reste de nourriture – peu importe quoi – n'en vienne à dégringoler sur le sol. « Je n'ai rien pour vous, pas la peine de me regarder avec cet air malheureux pour essayer de me faire croire que votre maîtresse ne vous nourrit pas. » Les deux animaux semblaient posséder le même don de comédie que celui d'Hassan, et cette même tendance à pencher la tête sur le côté pour se donner l'air innocent, arrachant au brun un nouveau rire léger. Retournant néanmoins à l'épluchage et la découpe de ses oignons il avait accéléré un peu la cadence histoire de ne pas y passer la nuit, Joanne terminant de faire manger le petit avant de le laisser vadrouiller jusqu'au salon « On pourra prendre l'apéro une fois que tout sera laissé à mijoter. » Fouillant dans les placards elle était revenue prendre place à côté de lui « J'ai même trouvé quelques recettes de cocktails sans alcool pour toi. Ça reste un mélange de jus de fruit, bien souvent, mais certains ont l'air d'être de bons mélanges de jus de fruits. » Frémissant légèrement en sentant les doigts de Joanne glisser contre ses cheveux, il en avait presque manqué se couper, et avant posté un instant son couteau pour essuyer ses yeux avec le dos de la main. Oignons 1 – 0 Hassan. « Du chili et des cocktails, ça m'émeut aux larmes, tu vois. » Laissant échapper un vague éclat de rire, il avait secoué la tête comme s'il espérait que cela atténue un peu le phénomène, et finalement attrapé un morceau de sopalin pour s'essuyer les yeux. « Plus sérieusement, tu n'avais pas à te donner toute cette peine. Mais ça me fait plaisir. » Ses doigts glissant un instant sur l'avant-bras de Joanne, il avait fini par saisir la planche à découper pour faire glisser l'ail et les oignons dans le wok. « C'est un de ces petits détails de vie quotidienne qui me manquent. » avait-il alors avoué d'un ton plus bas, marquant l'hésitation de son propre aveu « Cuisiner à deux. On formait une bonne équipe. » La majorité du temps Hassan sortait de l'université plus tôt que Joanne ne sortait du musée, aussi c'était souvent lui qui se chargeait de préparer le repas du soir. Mais à de plus rares occasions, le week-end ou lorsque leur emploi du temps le permettait, ils avaient développé une vraie complémentarité en cuisine. « On forme toujours une bonne équipe. » avait-il même fini par se reprendre avec une pointe d'amusement, tandis que les yeux de Joanne eux aussi commençaient à rougir et à se brouiller sous l'effet des oignons qui commençaient tout juste à cuire. Essuyant du bout des doigts une larme qui s'était finalement frayé un chemin sur la joue de la blonde, il avait esquissé un sourire et attrapé à nouveau son couteau pour commencer à s'occuper des tomates. A nouveau la raison qui avait poussé Joanne à l'inviter ce soir-là et le fait qu'elle ait visiblement quelque chose à lui dire lui était revenu en tête, sans qu'il ne se sente malgré tout le courage de poser clairement la question. Sans doute qu'il avait peur de plomber à nouveau l'ambiance d'une soirée qui n'avait pas démarré sous les meilleurs augures.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyJeu 9 Mar 2017 - 23:12


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Hassan comprenait le fait que Martin soit aussi protecteur envers sa benjamine. Bien sûr, il était méfiant envers celui qui avait demandé le divorce sans explication - que Joanne n'avait jamais vraiment cherché. Mais le brun ne put se montrer plus expansif à ce sujet car ils furent couper par l'intervention timide de Jane. Cela semblait l'arranger même, de ne pas avoir à en dire plus. Hassan avait tout de même accepté de dîner avec Joanne, elle qui avait tant acheté -certainement trop- et qui avait déjà mis la main à la pâte afin de ne pas avoir trop à faire une fois qu'il serait là. Hassan, tout comme Jamie, était bien incapable de refuser quoi que ce soit à la jeune femme. A croire que c'était un don, une faculté dont elle était dotée et qui désarmait n'importe quel homme, même son propre père parfois. Elle riait doucement au silence qui suivait et qui était imposée par Hassan. Bien sûr qu'elle connaissait déjà la réponse. Il ne voulait pas ne rien faire, surtout lorsqu'il voyait la jeune femme faire des allers et venus dans la cuisine pour s'occuper de son fils en lui réchauffant son plat. Il n'était pas surprenant qu'il propose son aide et Joanne lui proposa une tâche bien ingrate, mais qui semblait tout à fait lui convenir. Il y avait comme cette complicité qui apparaissait et qui semblait être comme une évidence. Les gestes concordaient, il y avait des regards et des sourires qui s'échangeaient brièvement. Cela faisait forcément remonter quelques souvenirs qui remontaient à plusieurs années de cela. "Ce n'est pas le fait d'être venu un quart d'heure en avance qui m'a mis en retard. J'ai eu un petit défaut d'organisation, je l'avoue." dit-elle en riant. Au contraire, elle aurait adoré qu'il soit venu plus tôt, que ses parents soient déjà partis depuis bien longtemps, afin de profiter de quelques minutes supplémentaires. "C'est trop indiscret de te demander ce que c'était, ce rendez-vous ?" lui demanda-t-elle avec un sourire malicieux, un regard qui pétillait de curiosité. Il semblait satisfait par le menu que Joanne lui proposait et n'hésitait pas à couper les oignons. "Je ne voudrais pas trop non plus heurter ton amour propre." lui rétorqua-t-elle alors en riant. Elle avait ensuite appeler les chiens lorsqu'il demandait où ils pouvaient se trouver. Nunki et Sirius n'étaient absolument pas fuyards. Ils considéraient bien trop Joanne comme leur mère pour qu'ils veuillent s'en séparer. Les deux canidés étaient attentifs aux moindres fais et gestes du beau brun. "Il y a une très grande majorité masculine dans cette maison, cela ne les empêche pas d'être particulièrement intrigué lorsqu'un nouveau mâle pointe le bout de son nez. Ca n'arrive pas souvent." dit-elle d'un air amusé, tout en donnant à manger à Daniel. Une fois que celui-ci était repu, Joanne le laissait aller jouer dans le salon. Elle s'était ensuite approchée d'Hassan pour glisser délicatement ses doigts dans ses cheveux. "Je ne pensais pas que ça te ferait un tel effet." dit-elle avec un large sourire, en parlant tout bas. Pour elle, c'était tout à fait normal d'avoir préparé tout ce qu'elle avait déjà fait. Elle haussa les épaules, et, bien timide, elle baissa les yeux. "Ce n'est pas comme je recevais souvent du monde." Etre mère célibataire n'était pas facile. Malgré toute la volonté du monde, cette activité isolait. Entre le travail, s'occuper du petit, l'entretien de la maison, Joanne peinait à se trouver du temps à s'ouvrir au monde. Elle avait fait la rencontre de quelques voisins, mais rien de plus. "Alors autant faire les choses bien dès qu'une occasion se présente." ajouta-t-elle. "Ca me fait plaisir. De chercher de nouvelles idées de recette, de les faire, et de ne pas être les seuls à en manger, aussi." Elle rit nerveusement. Joanne sentit sa peau frisonner lorsqu'Hassan avait passé ses doigts dessus. Il reprit parole, partageant que c'était quelque chose qui lui avait beaucoup manqué, de cuisiner ensemble. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus courant dans leur couple, mais ils avaient toujours un malin plaisir à se préparer des mets délicieux et de les déguster ensemble. Elle sourit timidement lorsqu'il reprit sa phrase au présent. Tout en se demandant s'il y avait aussi un sens caché, un indice qui permettrait de définir véritablement leur relation à l'heure actuelle. Difficilement de trouver un mot qui correspondrait. "Tu as raison." dit-elle avec un doux sourire. "On formait une bonne équipe pour beaucoup de choses, je trouve." Non seulement il avait été son mari, mais aussi son meilleur ami. Joanne n'avait jamais eu de soucis à se confier à lui, à l'époque. Cette tâche lui semblait bien plus difficile désormais. Alors qu'oignon et ail mijotaient tranquillement au fond du wok dans de l'huile d'olive, Joanne récupérait les poivrons afin de les couper. Un long moment de silence régna avant qu'elle ne se décide à prendre parole. Il était facile de deviner qu'un questionnement planer dans la pièce. Joanne lui avait bien dit qu'elle tenait à lui parler de quelque chose. Mais elle en avait désormais peur. La soirée avait déjà bien mal commencé, et elle savait que ce qu'elle allait lui dire n'allait pas le réjouir. Le regard bas, concentrée sur coupe, elle finit par lui avouer presque en chuchotant. "J'ai vu Yasmine, il y a quelques temps. C'était pas si longtemps après qu'on se soit vu en janvier." Elle ne gardait pas un bon souvenir de cette rencontre. Elle sentait sa gorge se serrer. "On ne peut pas dire que ça se soit très bien passé." Elle rit, mais ce n'était que par pure nervosité. "Nous avions certaines choses à nous dire, mais je ne pensais pas qu'elle... en aurait autant, à vrai dire." Elle haussa les épaules. Joanne ne pouvait pas le lui reprocher, l'Algérienne ne faisait que protéger son ami de toujours. "Ca...ça devait certainement la peser, et je suppose que j'étais la seule personne à qui elle pouvait en parler." Joanne n'avait oublié aucun de ses mots. Rien que de songer à nouveau cette conversation fit border ses yeux de larmes qu'elle essuya rapidement dans l'espoir qu'Hassan ne remarque rien. "Fichus oignons." dit-elle avec un rire nerveux. Mais sa peine pouvait s'entendre par sa voix, devenant progressivement fragile et tremblante. Et quand Joanne était trop perturbée par ses émotions, son discours était décousu. C'était toujours ainsi, chez elle. "Mais elle ne cherche qu'à te protéger, à dire tout haut ce que d'autres doivent penser bien bas." Et Sohan, et Qasim ? Qu'en pensaient-il, eux ? "Je veux bien accepter d'entendre et d'écouter certaines choses, mais là, elle..." Yasmine n'avait aucune idée de la profondeur à laquelle elle l'avait blessée. Des plaies encore béantes et qui saignaient encore constamment et qui n'arrangeaient en rien l'état mental de Joanne. "Mais... nos familles ont certainement besoin de trouver un ou une méchante dans l'histoire, histoire de pouvoir se défouler sur cette personne là, j'en sais rien. Alors que ce n'est que la faute de ton cancer. Mais on ne peut pas se défouler sur ça." Par moment, la petite blonde pensait des phrases, et elle y répondait à voix haute - c'était certainement la raison pour laquelle ses paroles s'entremêlaient. "Alors on trouve des personnes existantes, et on s'acharne. Jusqu'à quoi, j'en n'ai aucune idée." Même lorsqu'elle inspirait et expirait, on la sentait trembler. "Je ne veux pas te mettre dans une position délicate, ni que tu prennes parti pour qui que ce soit, parce que ce n'est pas ton rôle et tu n'as pas à le faire. Je sais que tu nous adorais toutes les deux -enfin je sais que tu l'adores toujours-, et que tu t'attristait à ce que nous ayons jamais eu d'atomes crochus. Et je suis sincèrement désolée que nous n'ayons pas pu avoir d'affinités toutes les deux." En soi, Joanne n'avait jamais rien eu contre Yasmine. "Mais mon père ne t'a jamais dit que tu n'étais pas un époux aimant." C'était l'une des choses que Joanne n'allait certainement jamais oublier. Entendre Yasmine insinuer que la petite blonde n'était pas une bonne épouse. Que pouvait-elle en savoir ? Elle n'a jamais été mariée, elle. C'était presque insultant, mais ça l'avait surtout blessé. "J'ai vraiment rien contre elle, vraiment. Elle a dit ce qui lui semblait bon de dire, peut-être qu'elle se sentait mieux après ça, j'en sais rien. Si c'est le cas, tant mieux pour elle. Mais..." Enfin, Joanne osait lever les yeux vers Hassan. Ils étaient rougis, débordant de larmes, et l'on pouvait deviner que ce n'était vraiment plus à cause des oignons. "... Mais, ce qu'elle pu me dire ou fortement insinue, c'est... ça n'a... pas vraiment contribué à ce que je me sente mieux, surtout après ce que j'ai pu te dire. Cette phrase dont tu étais le seul à en comprendre le sens." Lorsqu'elle avait dit qu'elle était juste fatiguée. Joanne avait ce maigre espoir de tenter de dédramatiser en souriant, mais le reste de son visage ne pouvait s'empêcher d'évacuer ce trop plein de souffrance. "Et... j'aurais peut-être préféré que tu me dises que tu lui avais pour... pour ma fausse-couche. C'est une des rares choses de ma vie sur quoi j'ai un certain contrôle et je ne veux pas que tout le monde soit au courant." Parce que Joanne en avait énormément honte. "Ce n'est pas franchement flatteur de dire que je suis une femme qui n'est pas fichue de pouvoir garder son bébé. Pas même de le faire vivre un tout petit peu." dit-elle en jouant nerveusement avec ses doigts, au point d'en être douloureux. "C'est pas acceptable, c'est même honteux. J'en ai tellement honte. J'ai mis des mois avant d'en parler à Sophia, ou même à mes parents. Quelque part, une partie de moi voulait que personne ne le sache. J'avais tellement peur qu'on me rejette à cause de ça, qu'on me dise que je ne suis qu'une incapable." Ses yeux s'étaient baissés depuis longtemps, signe physique qui montrait clairement à quel point ce fait la rendait honteuse. "C'est pas digne." Oui, Joanne aurait préféré qu'il la prévienne. Elle lui en voulait un peu d'avoir divulgué cette information, à vrai dire. Depuis que Yasmine lui avait dit qu'elle était déjà au courant, la petite blonde venait même à se demander si elle pouvait se confier à lui comme elle avait pu le faire. Elle ne savait plus trop. Trois ans que Joanne avait perdu ce bébé, puis deux autres avec Jamie, mais elle n'avait fait le deuil d'aucun des trois. Elle déglutit difficilement sa salive. "Après l'avoir vu, j'ai beaucoup marché et je me suis longuement demandée si... tout ça, ça valait encore le coup. Mais c'est passé." Joanne se replongeait trop facilement dans ses idées noires, bien que celles-ci se soient atténués une fois qu'elle avait quitté la fondation, qu'elle avait retrouvé un emploi dont elle se passionnait. Elle aurait encore tant à dire, tant à demander, mais Joanne trouvait en avoir trop fait déjà. Elle s'était déjà dit qu'elle devrait se contenter de cela. Toujours les yeux bien bas, elle n'osait même plus les relever. Elle se retourna, songeant à reprendre la coupe de ses poivrons. Mais encore une fois, son corps exprimait ce qu'elle ne voulait pas dire à haute. Trop plongée dans ses pensées, ses mains tremblaient de nervosité. Une demi-seconde d'inattention suffit à ce qu'elle se coupe l'index sur sa longueur. Rien de bien profond, mais comme toute plaie à la main, ça saignait bien. Malgré la douleur issue de la blessure, Joanne ne parvenait pas à se sortir de la conversation avec Yasmine qu'elle ne cessait de se répéter dans sa tête pour pouvoir réagir et prendre soin de sa coupure.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyMer 15 Mar 2017 - 0:39

Un quart d’heure ce n’était pas grand-chose, au fond, raison pour laquelle Hassan ne s’était pas vraiment posé de question en décidant de sonner chez Joanne malgré tout. Mieux valait cela que de passer pour le stalker du coin auprès de l’une des commères du quartier (et chaque quartier en possédait au moins une) … Du moins le brun le pensait-il avant sa courte entrevue avec ses ex-beaux-parents, et la désormais certitude qu’une entrevue avec n’importe quelle harpie de la rue lui aurait causé bien moins de dégâts. C’était le souci majeur d’Hassan, les attaques s’accrochaient à lui avec force, elles s’agrippaient à lui pour ne plus le lâcher … Et les mots rassurants, eux, se contentaient de glisser sans trouver à quoi s’accrocher. De la même manière les mots de Martin avaient trouvé leur emprise bien plus facilement que les tentatives – vaines – de Joanne et même de Jane pour tenter d’inverser la tendance. Et le brun finalement ne pouvait que se désoler et s’excuser de ce quart d’heure d’avance qui soudainement ressemblait à une éternité. « Ce n’est pas le fait d’être venu un quart d’heure en avance qui m’a mis en retard. J’ai eu un petit défaut d’organisation, je l’avoue. » avait malgré tout opposé la blonde avant de questionner « C’est trop indiscret de demander ce que c’était, ce rendez-vous ? » Cela l’était sans doute un peu en effet, indiscret, mais puisqu’il ne s’agissait pas non plus d’un secret Hassan avait répondu sans détour « Phil m’a demandé de passer au club pour discuter. » Et Phil ne faisait jamais rien par hasard, il était plus futé que ça. « Il m'a proposé de reprendre les 8-10 ans pour pouvoir rouvrir un créneau d'entraînement supplémentaire. Je lui ai dit que j'allais réfléchir. » Il n'avait pas envie d'accepter en se précipitant, et uniquement parce que son poste et l'ambiance du club lui manquait un peu, ce serait égoïste. Il voulait être certain d'avoir le temps et l'énergie pour s'y consacrer à nouveau sérieusement. N'en oubliant pas la besogne qui lui avait été confiée Hassan avait pris le risque que les oignons ne lui tirent les larmes bien que Joanne lui ait assuré « Je ne voudrais pas trop non plus heurter ton amour propre. » en riant tandis que les deux animaux, eux, attendaient patiemment qu'un petit quelque chose ne s'échoue du plan de travail jusque sur le carrelage de la cuisine. « Il y a une très grande majorité masculine dans cette maison, cela ne les empêche pas d'être particulièrement intrigués lorsqu'un nouveau mâle pointe le bout de son nez. Ça n'arrive pas souvent. » Les animaux étaient de toute façon généralement curieux avec tout ce qui dépareillait dans leur quotidien, l'absence de méfiance dont faisait preuve Joanne leur servait ici probablement de point de repère.

S'avouant finalement vaincu face aux larmes que les oignons provoquaient involontairement chez lui, il avait essuyé ses yeux d'un revers de main et fait un commentaire amusé à ce sujet concernant le menu prévu par la blonde. Déjà troublé par la main qu'elle avait glissé dans ses cheveux, il était resté un instant interdit lorsqu'elle avait fait remarquer « Je ne pensais pas que ça te ferait un tel effet. » sans être certain de ce à quoi elle faisait référence. Le frémissement qu'avait provoqué ses doigts contre ses cheveux, ou … « Ton menu ? Tu me connais, j'suis bon public pour ce qui est nourriture. » Autrement dit elle aurait bien pu lui proposer des pâtes au ketchup il s'en serait probablement contenté également, bien qu'il connaisse suffisamment Joanne pour savoir qu'elle ne se serait pas contentée de si peu. « Ce n'est pas comme si je recevais souvent du monde. Alors autant faire les choses bien dès qu'une occasion se présente. Ça me fait plaisir, de chercher de nouvelles idées de recette, de les faire, et de ne pas être la seule à en manger, aussi. » Esquissant un vague sourire il avait agité la tête et repris sa besogne, profitant pour une fois que le silence entre eux soit autre chose que pesant et uniquement dû au fait qu'ils soient tous les deux absorbés par ce qu'ils étaient en train de faire. C'était dans ce genre de choses que l'on prenait la mesure d'à quel point quelqu'un pouvait manquer, dans les petits détails qui tous seuls paraissaient totalement insignifiants mais qui bout à bout formaient une connaissance de l'autre et une complicité acquises à force de temps et de sentiments. « Tu as raison. On formait une bonne équipe sur beaucoup de choses, je trouve. » C'était sans doute ce qui rendait les choses aussi compliquées actuellement, tous les deux se trouvaient dans une situation absolument pas ordinaires et pour laquelle ni l'un ni l'autre semblaient vraiment savoir comment réagir … Il n'y avait pas de Manuel des divorcés malgré eux, ou de Guide du mariage avorté. Ils avançaient à l'aveuglette et c'était bien là la preuve qu'Hassan n'avait pas de réponse à apporter à la question principale que lui avait imposé Martin : Pourquoi était-il là, qu'espérait-il en venant ici ? Il n'en savait rien. Il ne savait pas ce qu'il voulait, et en vérité il ne savait même pas ce qu'il était supposé vouloir.

A nouveau le silence s'était installé, l'un et l'autre terminant de s'occuper des légumes en se lançant parfois un regard en coin, et en posant parfois un moment les yeux sur les deux chiens qui continuaient de traîner dans leurs pattes. Il ne faisait pas encore nuit dehors mais le jour avait sérieusement commencé à baisser, et tandis qu'Hassan s'essuyait un moment les mains pour aller allumer la lumière de la cuisine Joanne avait à nouveau brisé le silence, bien qu'à voix basse « J'ai vu Yasmine, il y a quelques temps. C'était pas si longtemps après qu'on se soit vus en janvier. » La surprise se lisant sur son visage, le brun avait froncé les sourcils « On ne peut pas dire que ça se soit très bien passé. Nous avions certaines choses à nous dire, mais je ne pensais pas qu'elle … en aurait autant, à vrai dire. » Sentant l'angoisse lui serrer légèrement la gorge – parce qu'il savait, lui, que Yasmine en avait à dire, peut-être même plus qu'elle ne l'aurait admis auprès de lui – il avait fait un pas dans la direction de Joanne tandis que, lui tournant le dos, elle continuait « Ça … ça devait certainement la peser, et je suppose que j'étais la seule personne à laquelle elle pouvait en parler. » Le brun avait la sensation de n'obtenir que la moitié des informations, et s'était finalement entendu questionner avec incompréhension « Parler à propos de quoi ? » Il ne comprenait pas bien ce que Yasmine pourrait avoir à dire qui ne puisse pas être confié à quelqu'un d'autre que son ex-femme. « Fichus oignons. » Ignorant sa question Joanne avait marqué une pause, essuyé ses yeux, semblé tenter de retrouver une contenance. « Mais elle ne cherche qu'à te protéger, à dire tout haut ce que d'autres doivent penser bien bas. Je veux bien accepter d'entendre et d'écouter certaines choses, mais là elle … » A nouveau elle s'était tue, Hassan se demandant s'il avait vraiment devoir réclamer pour avoir le fin mot de l'histoire. « Mais … nos familles ont certainement besoin de trouver un ou une méchante dans l'histoire, histoire de pouvoir se défouler sur cette personne-là, j'en sais rien. Alors que ce n'est que la faute de ton cancer. Mais on ne peut pas se défouler sur ça. Lors on trouve des personnes existantes et on s'acharne. Jusqu'à quoi, j'en n'ai aucune idée. Je ne veux pas te mettre dans une position délicate – mais cela semblait un peu tard pour cela, désormais – ni que tu prennes parti pour qui que ce soit, parce que ce n'est pas ton rôle et tu n'as pas à le faire. Je sais que tu nous adorais toutes les deux – enfin je sais que tu l'adores toujours – et que tu t'attristais à ce que nous n'ayons jamais eu d'atomes crochus. Et je suis sincèrement désolée que nous n'ayons pas pu avoir d'affinités toutes les deux. » Mais ? Parce qu'il y avait forcément un mais, cette tirade ne pouvait finir que par un mais. « Mais mon père ne t'a jamais dit que tu n'étais pas un époux aimant. » Est-ce que c'était ça, alors ? Est-ce que c'était les mots choisis par Yasmine pour s'adresser à Joanne lors de cette conversation remontant déjà à quelques temps et dont pourtant ni l'une ni l'autre n'avaient semblé vouloir lui parler ? Cela ne ressemblait tellement pas à Yasmine … Balancer ce genre de choses de but en blanc, sans raison, sans qu'il n'y ait autre chose. « Non, il m'a simplement accusé de ne vouloir qu'une mère porteuse et d'être allé la chercher ailleurs. Si ce n'était pas remettre en question le genre d'époux que j'ai pu être, je ne sais pas ce que c'était. » n'avait-il finalement pas pu s'empêcher de faire remarquer d'un ton pincé. Il ne remettait pas en cause les dires de Joanne mais en revanche il s'agaçait de voir qu'elle semblait déjà avoir oublié la teneur de la conversation que Martin lui avait imposé un peu plus tôt.

Hassan était un peu abasourdi par les révélations que venaient de lui faire Joanne. Abasourdi et plein de questions, également, puisqu'il ne croyait pas à l'hypothèse selon laquelle Yasmine serait simplement venue pour traîner la blonde de mauvaise épouse avant de repartir aussi sec … Non, il lui manquait forcément des éléments, des bouts de conversations qui l'aiderait à comprendre. Mais au fond il savait que le seul à blâmer c'était lui-même, s'il n'avait pas soudainement eu besoin de vider son sac auprès de quelqu'un Yasmine n'aurait jamais été au courant de ce qui pouvait se tramer dans sa tête, et n'aurait pas envisagé Joanne comme la cause de tous ses maux à lui. « J'ai vraiment rien contre elle, vraiment. Elle a dit ce qui lui semblait bon de dire, peut-être qu'elle se sentait mieux après ça, j'en sais rien. Si c'est le cas, tant mieux pour elle. Mais … » Il y avait fort peu de chances en réalité. « Mais ce qu'elle a pu me dire ou fortement insinuer, c'est … ça n'a … pas vraiment contribué à ce que je me sente mieux, surtout après ce que j'ai pu te dire. Cette phrase dont tu étais le seul à en comprendre le sens. » Sentant sa gorge se serrer un peu plus et un frisson remonter le long de son dos tandis que la jeune femme relevait ses yeux rougis vers lui, il n'avait cependant pas été capable de trouver quoi répondre. Et finalement regretter de ne pas avoir interrompu la conversation avant lorsque Joanne avait repris, adoptant désormais un ton qu'il reconnaissait comme du reproche « Et … j'aurais peut-être préféré que tu me dises que tu lui avais dit pour … ma fausse-couche. » Appuyé contre le plan de travail, Hassan avait resserré ses doigts contre le bord avec frustration, à mesure que Joanne avait continué de parler, serrant les dents pour s'empêcher de dire quelque chose qui lui échapperait sans qu'il n'ait eu le temps de réfléchir et de peser le pour et le contre. Il savait que ce qu'il dirait maintenant il finirait par le regretter, que cela sortirait probablement du cœur mais que Joanne n'avait pas à payer injustement pour toute la frustration qui s'accumulait intérieurement chez lui depuis plus d'un an. La respiration rendue un peu irrégulière par toute cette conversation, il était resté là un moment à fixer dieu sait quel point invisible devant lui, ne retrouvant finalement l'usage de ses facultés que lorsque Joanne avait murmuré « Après l'avoir vue, j'ai beaucoup marché et je me suis longuement demandée si … tout ça, ça valait encore le coup. Mais c'est passé. » Est-ce que c'était elle, tout ça ? A moins que ce soit eux. La question lui brûlait presque les lèvres, mais alors qu'il s'apprêtait à la poser il avait vu la blonde tressaillir à nouveau et lâcher le couteau qu'elle tenait à la main, la lame entaillant son index sans qu'elle ne réagisse autrement qu'en fixant le sang qui commençait à s'en échapper. Se sortant de l’état de torpeur dans lequel la conversation semblait l’avoir laissé un moment, Hassan avait secoué la tête et rejoint Joanne, la débarrassant toujours en silence du couteau et la guidant jusqu’à l’évier en gardant une main sous la sienne pour éviter qu’elle ne macule le plan de travail de sang. Sans vraiment qu’il n’y prenne garde son autre main s’était posée contre le dos de la blonde tandis qu’il ouvrait le robinet d’eau, un geste auquel il avait mis fin un peu brusquement lorsqu’il s’en était aperçu « Attends-moi là, je vais chercher de quoi désinfecter dans l’armoire à pharmacie. » Parce qu’il l’avait repérée la dernière fois qu’il était venu, après avoir emprunté les toilettes, il n’avait pas eu besoin de demander où elle se trouvait et s’était éclipsé un instant jusqu’à la salle de bain, la fébrilité estompant à peine le goût de l'amertume toujours présent dans sa bouche.

En comparaison de la sienne, bourrée de cachetons en tous genres supposés contrer sa dépression, ses insomnies et les quelques effets secondaires laissés par la chimiothérapie, mais totalement vide du nécessaire de premier secours, l’armoire à pharmacie de Joanne semblait ne manquer de rien, et le brun n’avait eu aucun mal à y trouver désinfectant, gaze et sparadrap avec lesquels il avait rapidement regagné la cuisine après s’être lavé les mains. « Tiens, viens là. » Mécaniquement tous les deux s’étaient installés à table, Hassan déchirant un premier sachet de gaze avant de la tendre à la blonde pour qu’elle appuie avec sur sa coupure. Les yeux fixés sur sa main, la réflexion lui était venue dans un murmure « Je ne vais pas m’excuser. » Relevant les yeux en sentant le regard que la jeune femme posait sur lui il avait repris de façon un peu plus audible « D’en avoir parlé à Yasmine. » Peut-être était-ce ce que Joanne espérait de sa part, des excuses, mais Hassan ne s'estimait pas en faute, quoi qu’elle en pense, et malgré le ton calme qu'il gardait pour s'exprimer. « Je n’ai jamais trop su à quoi tu pensais quand tu as décidé de m’en parler, si c’était par vengeance, pour me donner une leçon, ou j'en sais rien … Mais tu m’as balancé ça comme ça, de but en blanc, et ensuite tu es partie et tu m’as laissé me débrouiller avec ça, mais t'as absolument pas pensé aux conséquences. » Elle pouvait bien lui invoquer n’importe quelle excuse les faits étaient là, elle avait lâché sa bombe et ne s’était pas inquiété un instant du champ de ruines qu’elle laissait derrière son passage. « Ce bébé que tu as perdu … c’était pas ton enfant. C’était notre enfant. Tu ne t’es pas posée la question quand tu en as parlé à Sophia, à tes parents, probablement à Jamie, peut-être même à Moira … y’a juste un moment où t’as eu besoin d’en parler. Et moi aussi, y’a un moment où j’ai eu besoin d’en parler. Et si ce n’était pas à Yasmine je ne vois pas trop à qui d’autre j'aurai pu le faire. » Même à Qasim il n’avait pas osé. Qasim avait déjà deux enfants, et une femme qui l’aimait … Il avait tout ce qu’Hassan déplorait de ne pas avoir, en somme. « Y’a pas un jour où j’ai pas repensé au moment où tu m’as dit que tu avais été enceinte. Et c’est facile pour toi de me le reprocher maintenant que tu as Daniel, mais en ce qui me concerne cet enfant qui n’a pas eu le temps d'exister c’est tout ce dont je devrai me contenter, parce que des enfants j’en n'aurai pas d’autres. Alors je m’excuserai pas d’avoir eu besoin d'en parler à quelqu’un parce que ça fait plus d'un an que ça me bouffe … et ça tu aurais du y penser avant de me le jeter à la figure simplement pour essayer de me prouver à quel point la vérité c’est merveilleux. » C’était quelque chose qu’il ne lui avait jamais pardonné au fond, certaines il avait pardonné mais pas celle-ci, et encore moins maintenant qu'elle agissait comme si elle pensait avoir le monopole de la souffrance à ce sujet. Retrouvant le silence, le brun avait ouvert un second sachet de gaze et versé un peu de désinfectant dessus, tendant la main pour attraper malgré tout avec délicatesse celle de Joanne. « Pour ce qui est du reste … » Parce qu’il ne comptait pas lui faire l'affront d’ignorer la première partie de la conversation « Je parlerai à Yasmine. Mais c’est probablement de ma faute. Je ne lui ai dit qu’on s’était revus qu’à Noël, j’ai pas osé lui en parler avant, et j’étais vraiment amer à ce moment-là alors peut-être que … peut-être qu’elle a eu peur. Que je me laisse à nouveau bouffer par tout ça et que je refasse une connerie. » Involontairement il avait même peur d'avoir laissé penser à Yasmine que les hauts et bas de sa relation avec Joanne étaient la cause principale de sa tentative de suicide. C’était faux, Joanne n’y était certes pas étrangère mais malgré tout le mal être d’Hassan allait bien au-delà d'un cœur brisé. « C'est elle qui a ramassé les morceaux la dernière fois, et on ne peut pas dire que j’ai fait preuve de reconnaissance à l’époque … » avait-il finalement confié d'un air penaud. Les souvenirs restaient vagues mais Hassan savait, il se souvenait d’à quel point il s’était montré infect avec la brune lorsqu’elle avait tenté de le raisonner. « Mais tu sais … quand j’ai décidé de divorcer, elle a tenté de m'en dissuader. Je pense qu’elle a eu peur que je finisse par le regretter, et que sans toi ce soit encore plus difficile pour moi d'aller mieux … Je crois qu'elle espérait vraiment que tu ne me laisserais pas faire. » Et il essayait lui, désormais, il parvenait à prendre le recul nécessaire pour tenter d’adopter le point de vue de Joanne et de se confronter aux justifications qu’elle lui avait donné … Mais au fond il y parvenait parce qu'il l’aimait, parce qu'il avait envie de lui pardonner. Yasmine elle, n'avait à cœur que les intérêts de son ami, au même titre que Martin n’avait à cœur que ceux de sa fille.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyDim 19 Mar 2017 - 15:22


stood there counting every heartbeat
Try not to understand our feeling and would it ever go away

Une fois qu'ils s'étaient connus à l'université, Hassan et Joanne étaient quasiment indissociables. Il n'y avait vraiment que les cours et les activités pour les séparer, et encore. Dès qu'elle en avait l'occasion, la petite blonde s'installait dans les gradins pour étudier alors que le beau brun faisait son entraînement de rugby. Il fallait reconnaître qu'elle se laissait facilement distraire à ce moment là. Tout comme elle ne voulait rater aucun de ses matchs, comme toute petite amie qui avait un compagnon sportif. Alors entendre Hassan parler à nouveau de ce sport qu'il aimait tant ravivait de nombreux souvenirs. C'était étrange. Joanne avait repris la danse il y a peu, c'était son activité à elle durant les études. Son regard s'illumina et elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en entendant la nouvelle, qu'elle trouvait particulièrement réjouissante. "Je trouve que c'est une merveilleuse idée." dit-elle, ne sachant pas trop si son avis allait peser ou non sur la balance. "C'est quelque chose qui te plaît, je pense que tu seras content de pouvoir te remettre là-dedans." En plus d'un sport qu'il aimait bien, il avait toujours eu un excellent contact avec les enfants. Joanne souriait, à la fois réjouie qu'il se penche à nouveau sur des activités et optimiste. Même si au fond, elle savait qu'il ferait certainement beaucoup de choses pour ne plus être seul, reprendre une passion à côté du travail était encourageant. Cela devrait l'aider à remonter la pente. "Tiens-moi au courant, je suis curieuse de savoir si tu accepteras ou non." Et elle espérait qu'il le faisait. Ils se montraient à nouveau tous les eux assez tactiles l'un envers l'autre. De discrets signes d'affection qui n'en étaient pas déroutant ou perturbant. "Mais tu as toujours été meilleur cuisinier que moi." admit-elle en souriant. "En ce moment, je suis la pro des petits pots pour bébé et des purées, c'est beaucoup moins glamour." ajouta-t-elle avec un petit rire. "Mais mon principal client semble être satisfait de ma cuisine." Elle jeta rapidement un oeil sur son fils qui jouait tranquillement dans le salon avec ses peluches préférées. A l'idée de se souvenir tous ces moments de complicité avec Hassan, le coeur de la jeune femme se serrait. Le deuil de leur relation n'était absolument pas fait, et la moindre chose qu'ils pouvaient faire ensemble ne faisait que raviver cette flamme. Il suffisait parfois d'un regard, d'un contact, de trois fois rien. Mais Joanne se sentait obligée de noyer ces sentiments étranges par quelque chose de beaucoup moins plaisant. Elle expliquait dans un discours particulièrement décousu sa rencontre avec Yasmine. L'émotion l'empêchait d'avoir une suite d'idées cohérentes et la peine fut tel qu'elle avait même fini par se couper le doigt à cause de son inattention et de sa nervosité. "Parler de... la manière dont elle a perçu ma réaction face à la demande de divorce." dit-elle tout bas, la gorge bien serrée. Sentir Hassan s'approcher un peu d'elle devint alors angoissant. Elle n'osait pas levé les yeux pour le regarder. Suite à quoi, elle se lançait dans une tirade où il était bien difficile de suivre son courant de pensées. Les proches d'Hassan avaient de l'amertume concernant Joanne et les parents de Joanne en avaient pour Hassan -enfin, surtout Martin. Une situation compliquée à gérer par les deux ex-époux et qui les empêchait d'avancer comme ils pourraient le vouloir. Joanne regardait son index ensanglanté sans parvenir à réagir. Elle se demandait si finalement, l'inviter à dîner et lui parler de sa rencontre avec Yasmine était une bonne idée. Mais elle ne pouvait décemment pas garder tout ça pour elle et elle n'avait personne à qui en parler. Elle se laissait manipuler comme une poupée par Hassan, qui eut un temps de réaction bien plus rapide que le sien en la guidant jusqu'à l'évier pour éviter d'en mettre partout. Elle se demandait pourquoi une partie d'elle espérait qu'il ne revienne pas. Certainement parce qu'elle savait qu'il aurait son mot à dire et que la suite de leur conversation n'allait absolument pas être plaisante. Il réapparut quelques secondes plus tard avec tout le nécessaire pour la panser. Sans trop se poser de questions - et alors que ses jambes étaient bien plus motivées à fuir-, Joanne s'installa comme lui autour de la table. Elle se laissait totalement faire. Il n'y avait que ses yeux qui s'étaient relevés au moment où il avait repris. Elle comprenait qu'il ait eu aussi besoin d'en parler, ce n'était pas ce qu'elle lui reprochait. Elle aurait juste voulu au moins qu'il lui informe d'avoir partagé cette information dont elle avait monstreusement honte. A peine avait-il aussi levé son regard que Joanne baissa le sien. "Tu crois vraiment qu'on a fait mieux pour moi lorsqu'on me l'a annoncé ? La délicatesse des médecins lorsqu'il s'agit de faire des annonces de ce genre, c'est bien connu." répliqua-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne le voulait pas. Mais c'était spontané. "Tu penses vraiment qu'on s'est soucié un seul instant de la suite des événements lorsque le médecine m'a dit que j'avais fait une fausse-couche et que de toute façon, ça ne sera peut-être pas la dernière étant donné qu'il y a ce... quelque chose qui me rend malade et qu'il va falloir s'attendre à ce que je fasse d'autres fausse-couches ? On s'est dit qu'il suffirait que j'aille voir un psychologue, ce que j'ai fait, et dès le premier rendez-vous, tout ce qu'il a jugé bon de me dire, c'est qu'il fallait que je fasse avec, parce que je n'avais pas le choix. Et même si j'en parlais à mes parents, à Sophia. Oui, ils écoutaient, mais ils comprenaient pas. Personne d'autre ne pouvait le comprendre, mis à part toi." Sa voix tremblait (mais il n'y avait absolument de ton qui sous-entendait un reproche envers Hassan), elle se souvenait particulièrement bien de la douleur ressentie au moment de l'annonce. C'était le médecin des urgences qui lui avaient dit ça, son médecin habituel - qui la prenait toujours en charge à l'heure actuelle - qui avait tenté de rattraper les pots cassés. "Il n'y a pas de bonnes façons d'annoncer pareille nouvelle, Hassan. Ce n'était pas le bon moment, ni la meilleure façon. Mais ça l'aurait été quand ?" demanda-t-elle. Joanne était interloquée par ce moment d'égoïsme dont Hassan faisait part. Certes, il avait beaucoup à encaisser, apprendre la perte de son enfant ne faisait que se rajouter à la pile de ses problèmes. Pensait-il que Joanne n'en avait pas ? Qu'elle n'avait que ça à endurer pendant tout ce temps ? Voilà qu'il lui reprochait qu'elle ait pu lui révéler cette nouvelle. Et, encore une fois, ce sentiment de solitude se creusait de plus en plus en elle, créant ainsi un puit sans fond dans lequel elle se jetterait volontiers. Elle avait dit à Hassan qu'elle avait eu cet instant après la rencontre avec Yasmine où elle s'était demandée si ça valait encore le coup, d'être là. Si cette fatigue constante et inexplicable n'était qu'un message pour lui faire comprendre certaines choses. Mais sur le moment, Joanne voulait abandonner énormément de choses. Elle ne savait pas si ces émotions là pouvaient être lues dans un regard. Certainement, surtout chez Joanne. "Parce que tu penses que Daniel a remplacé le bébé que nous aurions pu avoir ? Que son existence a absolument tout résolu ? Non, Hassan. Je l'aime de tout mon coeur, mais ça ne me fera certainement pas oublier à quel point j'aime et j'aimerai toujours ce bébé que nous rêvions d'avoir, tout comme les autres que j'ai pu perdre. Et je suis comme toi, il n'y a pas un jour où je n'ai pas une pensée pour lui -ou pour elle-, et où je me dis combien je l'aime." Sa gorge se serra au possible et elle plaça sa main sur sa bouche pour retenir ses sanglots. Joanne comprenait par tous les dires d'Hassan qu'il aurait préféré qu'elle ne lui en parle pas tout court. C'était certainement faux mais c'était ainsi qu'elle le ressentait sur le moment. Et malgré toute cette rancoeur qui émanait de lui, il semblait déterminé à panser la plaie de son ex-femme avec grand soin. "Non, ne lui en parle pas." dit-elle tout bas, les yeux encore bien rouges. "Ce n'est pas la peine." Joanne pensait que ça ne changerait rien et que ça ne pouvait qu'empirer la situation. Elle força un sourire, désireuse de faire croire que ça allait passer, que ce n'était rien. Alors que c'était parfaitement le contraire. La jeune femme était aussi au plus mal, et cette fatigue indescriptible continuait de prendre de l'ampleur, elle s'était même particulièrement décuplée après tout ce qu'il lui venait de dire. Tous les deux avaient énormément de soucis pour lesquels ils devaient faire face, et une grande partie d'entre eux les liait malgré tout. Et Joanne aurait pu se révolter, s'énerver au possible contre lui, mais elle en était parfaitement incapable. Il lui était impossible d'ouvrir ainsi un conflit et élever la voix contre lui. "Je suis désolée. Pour tout." reprit-elle la gorge serrée. "Je n'aurai pas du t'en parler, ce n'était pas nécessaire, j'ai été égoïste." Joanne pensait à la fois à l'annonce de la fausse-couche tout comme le fait d'avoir révélé sa rencontre avec Yasmine mais elle n'avait pas la force d'énoncer le tout. Elle déglutit difficilement sa salive et resta longuement silencieuse, pendant de très longues minutes. Il n'y avait pas eu un seul moment où elle trouvait le courage nécessaire pour le regarder droit dans les yeux. "Eh bien... Je crois que c'est un véritable don chez moi, de décevoir tout le monde." dit-elle en forçant un sourire, voulant faire croire à une plaisanterie alors qu'à ses yeux, ce n'était qu'une triste réalité. Quoi qu'elle fasse, ça n'allait pas, ce n'était pas bien, pas le bon moment, pas la bonne façon, pas le bon moyen. Voilà que Joanne se mit dans un processus étrangement similaire à la manière de faire qu'elle avait décidé d'adopter à un certain point de sa relation avec Jamie : ne plus rien dire, ne plus se confier alors qu'elle avait énormément de choses qui pesaient extrêmement lourd sur son coeur. Une méthode que Jamie avait approuvé, mais elle n'était pas certaine qu'Hassan soit de la même trempe. Mais la jeune femme savait que, quoi qu'elle dise, ça ne ferait qu'empirer. Percer les abcès, les uns après les autres. Elle pensait pendant longtemps que c'était la meilleure solution, mais elle n'en voyait pas le bout. Et elle était à bout. "Ce chili ne va pas se faire tout seul." dit-elle après un long silence particulièrement pesant. Elle lui fit un de ses doux sourires, mais avait un rire nerveux et triste à la fois. "Merci pour le pansement." La petite blonde se leva de sa chaise pour en terminer avec le plat. "Reste assis, il ne me reste plus grand chose à faire." Elle ferait tout et n'importe quoi pour ne plus avoir à parler de sa rencontre avec Yasmine parce que les autres sujets à aborder auraient été encore moins joyeux que ce qui venait d'être discuté. Elle lui mit sur la table le plat sur lequel elle avait disposé tous les petits mets qu'elle avait préparé pour l'apéritif. C'était bien trop pour deux personnes et il y avait tant de sortes différentes que l'on pouvait aisément deviner qu'elle avait pris beaucoup de temps rien que pour ça. Des petits toasts, des petites brochettes de légumes, fromages, ou charcuteries, des petites verrines diverses et variées. Tout en petite quantité, mais bien trop quand même. "Sers-toi, le temps que je termine." dit-elle doucement avant de lui faire dos pour terminer de couper ses poivrons. Mais les sujets de conversation manquaient cruellement et elle n'avait pas envie de revenir sur la seule chose sur laquelle elle pouvait parler. Elle venait à peine de se promettre de se taire. Pendant qu'elle terminait de couper ses légumes avec une certaine lenteur, Joanne se surprenait à vouloir sentir Hassan contre elle. A ce qu'il vienne poser ses mains sur ses hanche en arrivant derrière elle, à poser son menton sur son épaule et à la prendre dans ses bras pour lui assurer que c'était oublié, que tout était pardonné. Une scène bien idyllique et qui lui faisait plus de mal qu'autre chose parce qu'elle savait qu'il ne voudrait certainement jamais lui pardonner tout ce qu'il pouvait lui reprocher. Cette pensée ne fit que raviver ce chagrin qui venait à peine de se calmer. Difficile pour elle de garder contenance même en restant focalisée sur sa cuisine, alors qu'elle commençait à faire revenir la viande hachée dans le wok. Elle y incorpora ensuite légumes et toutes les épices nécessaires avec le concentré de tomates. Il fallait ensuite laisser le tout mijoter. Voilà, elle n'avait plus vraiment grand chose à faire et elle n'avait plus rien derrière quoi elle pouvait se réfugier. Pas la cuisine, son fils semblait très bien s'occuper tout seul. Elle ne savait plus comment réagir face à Hassan. Elle avait fini par retrouver sa place précédente, les bras posés sur la table. Comme durant tout moment d'inconfort ou de malaise, elle jouait nerveusement avec ses doigts, souvent au point de se faire mal. Dieu sait combien elle avait envie de lui toucher la main ou de lui caresser à nouveau les cheveux, peut-être même de l'embrasser, mais elle se disait qu'il n'en voudrait certainement pas, de son affection. A vrai dire, elle était même encore surprise qu'il veuille toujours rester pour dîner. Elle voulait qu'il reste, plus que tout autre chose. "Tu aimes ?" finit-elle par demander après un long moment de silence, avec une grande timidité, en indiquant du regard le plat de mignardises qu'elle lui avait préparé, sans oser lever les yeux pour croiser les siens.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyVen 24 Mar 2017 - 0:38

C’était à croire que quelque chose les empêchait, inconsciemment, de parvenir à retrouver une capacité à dialoguer avec légèreté et à se contenter de ces petits détails qui rappelaient ce qu’avaient été les neuf années passées ensemble. Comme si l’un et l’autre partageaient cette tendance à s'auto-saboter et à entraîner les autres dans leur chute perpétuelle. La proposition de Phil et le rugby, la cuisine et les petits pots pour bébé, autant de sujets qui n'avaient pas fait long feu face à ce qu'Hassan soupçonnait comme étant la véritable raison ayant poussé Joanne à le faire venir ici ce soir-là. Rien à voir avec de la courtoisie ou même avec une sincère envie de passer un peu de temps avec lui, non, la blonde ne l'avait invité que pour pouvoir mettre sur le tapis la conversation avec Yasmine, assurant qu'elle ne cherchait pas à le mettre dans une situation délicate et n'espérait pas de lui qu'il prenne parti, mais agissant pourtant comme tel. « Parler de … la manière dont elle a perçu ma réaction face à la demande de divorce. » Hassan se demandait pourquoi c'était tellement important, au fond. Pourquoi Joanne semblait décidée à accorder tellement d'importance à l'avis de Yasmine alors que toutes les deux ne s'étaient jamais véritablement appréciées, et que le brun avait fini par se résoudre à devoir se contenter de jongler entre son affection pour l'une et l'autre sans plus essayer de les rapprocher. C'était peine perdue, il en avait été déçu et même peiné pendant une longue période, mais il avait fini par se faire une raison à ce sujet. A mesure que le flots de paroles de Joanne se déversait, pourtant, il avait pris conscience que plus encore que l'inimitié qui liait les deux femmes et avait probablement alimenté la discussion que toutes les deux avaient eu, c'était d'avoir finalement choisi de se confier à la jeune femme qui contrariait la blonde. Ou qu'il se soit confié tout court, en fin de compte, et faisant sournoisement son chemin jusqu'à l'esprit d'Hassan c'était finalement cette idée qui avait provoqué la colère muette dont il avait tenté de se décharger en disparaissant un instant pour rejoindre la salle de bain. Il connaissait Joanne, et ce ton qu'elle avait employé en attendant sans vouloir le dire clairement des excuses de sa part, et si ses quelques instants d'absence lui avaient permis de prendre une respiration censée lui remettre les idées en ordre, la volonté de s'excuser n'était pas venue en même temps.

Faisant son possible pour ne pas laisser transparaître involontairement une colère ou un agacement qu'un ton trop sec auraient eu tendance à décupler, il n'avait malgré tout pas pu faire sans lui mettre sous le nez la rancœur qu'avaient provoqué chez lui la manière dont elle lui avait annoncé l'existence fugace de cet enfant avant de fuir, le laissant ainsi esseulé, incapable de savoir comment gérer cette information supposée être de l'histoire ancienne mais étant malgré tout venue meurtrir sa chair avec la même violence que si elle résultait des jours précédents. « Tu crois vraiment qu'on a fait mieux pour moi lorsqu'on me l'a annoncé ? La délicatesse des médecins lorsqu'il s'agit de faire des annonces de ce genre, c'est bien connu. » La sécheresse dans le ton de Joanne venait de le heurter comme une gifle. « Tu penses vraiment qu'on s'est soucié un seul instant de la suite des événements lorsque le médecin m'a dit que j'avais fait une fausse-couche et que de toute façon, ça ne serait peut-être pas la dernière étant donné qu'il y a ce … quelque chose qui me rend malade et qu'il falloir s'attendre à ce que je fasse d'autres fausse-couches ? On s'est dit qu'il suffirait que j'aille voir un psychologue, ce que j'ai fait, et dès le premier rendez-vous, tout ce qu'il a jugé bon de me dire c'est qu'il fallait que je fasse avec, parce que je n'avais pas le choix. Et même si j'en parlais à mes parents, à Sophia, oui ils écoutaient, mais ils ne comprenaient pas. Personne d'autre ne pouvait le comprendre, mis à part toi. » Et ils en reviendraient toujours au même, au fond. Le coupable resterait Hassan parce qu'il avait posé la première pierre de l'édifice de leur malheur commun, parce qu'il était parti. Et le temps passant le brun prenait conscience que peu importe la teneur de la conversation, Joanne aurait toujours ce reproche derrière lequel se cacher, avec tort ou avec raison. « Donc parce qu'un médecin a manqué de délicatesse avec toi, tu as décidé que je méritais la même chose. » La remarque, faite dans un simple murmure, traduisait sans qu'il ne puisse l'empêcher la déception qu'elle venait de provoquer. Cela n'avait aucun sens, Hassan ne parvenait pas à admettre que la maladresse de Joanne puisse ne résulter que d'une vengeance gratuite envers lui … Elle n'était pas médecin, elle était la femme qui avait partagé sa vie pendant neuf ans. Et pourtant elle avait œuvré de la même manière qu'un inconnu qui voyait ses patients à la chaîne et distillait ses mauvaises nouvelles par automatisme pour ne pas s'impliquer. « Il n'y a pas de bonnes façons d'annoncer pareille nouvelle, Hassan. Ce n'était pas le bon moment, ni la meilleure façon. Mais ça l'aurait été quand ? » Elle n'avait rien compris, attrapé les mots d'Hassan à la volée et en manquant ceux qui auraient du lui permettre d'assembler les pièces du puzzle. « A un moment où tu me l'aurais dit parce que tu aurais eu envie de me le dire. Et pas simplement pour m'obliger à cracher le morceau à propos d'autre chose. » Secouant la tête avec tristesse, la gorge serrée à nouveau, il avait baissé les yeux à son tour. C'était leur enfant, il n'avait peut-être pas eu le temps d'exister mais c'était de lui dont il était question malgré tout, et Joanne l'avait utilisé comme un vulgaire levier à culpabilité. Aux yeux d'Hassan il aurait pourtant mérité tellement mieux que ça.

Sans doute parce qu'il avait gardé tout cela pour lui une trop longue période, le brun ne parvenait pas à relativiser sur le sujet des enfants. Il ne trouvait pas cela moins injuste que lorsque le médecin avait été clair avec lui en lui conseillant de se faire une raison, et le temps n'avait pas encore été un facteur suffisant pour lui faire accepter la réalité. Il y avait des gens qui devenaient parents sans l'avoir voulu, il y avait des enfants avec la malchance d'être nés dans des familles où on ne les traitait pas bien, où ils n'étaient pas en sécurité, et il y avait lui. Dont l'instinct paternel était définitivement là et qui ne s'était jamais imaginé autrement qu'en père de famille une fois adulte, mais qui pourtant n'en serait jamais un. « Parce que tu penses que Daniel a remplacé le bébé que nous aurions pu avoir ? Que son existence a absolument tout résolu ? » Remplacé ? Ce n'était pas ce qu'il avait dit, et certainement pas ce qu'il avait voulu sous-entendre … Elle extrapolait, à nouveau, obnubilée par cette apparente volonté de lui prouver qu'elle était plus malheureuse que lui, plus triste que lui, plus légitime que lui. Comme s'il s'agissait d'une compétition. « Non, Hassan. Je l'aime de tout mon cœur, mais ça ne me fera certainement pas oublier à quel point j'aime et j'aimerai toujours ce bébé que nous rêvions d'avoir, tout comme les autres que j'ai pu perdre. Et je suis comme toi, il n'y a pas un jour où je n'ai pas une pensée pour lui – ou elle – et où je me dis combien je l'aime. » Il ne savait plus, était-ce les sanglots, les mots, ou simplement cette impression que quoi qu'il dise Joanne se méprenait sur ce qu'il essayait désespérément de lui dire … Laquelle de ces solutions était la plus responsable de cette sensation abominable que l'on serrait son cœur dans un étau ? « A aucun moment j'ai remis en cause le fait que tu en aies souffert, ou parlé de remplacer ou d'oublier qui que ce soit. Mais les faits sont là : tu as un fils qui te permet d'aller de l'avant, cet enfant que tu rêvais d'avoir tu l'as eu, peut-être qu'il y en aura d'autres, et y'a rien d'injuste là-dedans parce que tu le mérites, tu le mérites vraiment … Mais tu peux pas comprendre ce que c'est, ce qui se trame dans ma tête, tu peux pas. » Et elle ne voulait pas, à l'évidence. « T'as fait ce que t'avais à faire pour y parvenir, tu t'es confiée à ceux qui étaient présents pour toi à ce moment-là … et ça non plus, je te le reproche pas parce que c'est vrai, j'étais pas là. J'aurais du, mais j'étais pas là, et je cesserai jamais de m'en vouloir pour ça. Mais dis-moi pourquoi, pourquoi moi j'aurais pas le droit d'en faire de même ? Pourquoi je devrais le vivre moins mal que toi, pourquoi je ne devrais pas avoir mon mot à dire là-dessus ? Pourquoi j'aurais pas le droit d'avoir aussi besoin d'en parler à quelqu'un ? » Est-ce qu'elle ne se rendait pas compte de l'injustice dont elle faisait preuve ? De l'égoïsme dont elle faisait preuve en attendant de lui qu'il garde tout pour lui au risque de finir par imploser, quant de son côté elle avait eu tant de personnes à qui parler pour tenter d'aller, à défaut de bien, mieux ? Il ne demandait pas qu'elle s'oublie, simplement qu'elle lui reconnaisse le droit de faire ce qu'il avait à faire pour avancer, comme elle l'avait fait. Et ça lui brisait le cœur de devoir presque supplier pour obtenir ce droit comme si elle ne le connaissait pas assez ou ne l'aimait pas assez pour reconnaître toute seule la souffrance qu'il portait en bandoulière.

Las, la gorge tellement serrée qu'elle en devenait douloureuse, il avait fini par se résoudre à ne pas insister. Au fond il avait probablement surestimé ce qui les liait encore Joanne et lui, et s'il lui avait proposé la dernière fois qu'ils s'étaient vu de lui confier ce qu'elle avait sur le cœur la vérité c'est qu'elle n'avait jamais consenti à en faire de même … Il avait seulement conclu à la réciprocité de l'offre tout seul. Et il avait eu tort. Penaud, il s'était contenté de promettre d'en toucher un mot à Yasmine, faute de pouvoir lui proposer autre chose ; Il savait que Yasmine n'aurait sans doute rien dit s'il n'avait pas voulu se confier à elle en premier lieu, au fond c'était lui le responsable. « Non, ne lui en parle pas. Ce n'est pas la peine. Je suis désolée, pour tout. Je n'aurai pas du t'en parler, ce n'était pas nécessaire, j'ai été égoïste. » Il avait secoué la tête, et passé une main fatiguée sur son visage pour tenter d'en chasser la tristesse latente avant de reprendre un ton plus doux. Une douceur calculée, certes, mais c'était le mieux qu'il avait à offrir pour l'instant. « Si, tu as bien fait de m'en parler. C'est pas … ça paraît d'une bonne intention, comme pour ton père. Mais ce qui se passe entre nous deux … ça ne regarde que nous deux. » Pour les bons côtés mais aussi – surtout en ce moment – pour les mauvais. Impuissant, il avait regardé Joanne se refermer comme une huître et n'avait pas eu le cœur à tenter d'inverser la situation ; Elle n'avait pas envie de l'écouter, elle l'avait prouvé, et il n'avait pas le courage de slalomer à nouveau entre ce qu'il voulait dire et ce qu'il pouvait dire. « Eh bien … Je crois que c'est un véritable don chez moi, de décevoir tout le monde. » Qu'était-il supposé répondre ? Rien, sans doute. Il n'allait pas lui faire l'affront d'un mensonge en prétendant que lui ne l'était pas, déçu ; Ça ne changeait rien à l'attachement qu'il avait pour elle, ça ne remettait pas en cause absolument tout le reste, mais ce soir il était déçu. Qu'elle n'attende de lui que le silence, et une absence d'états d'âme dont il était incapable. A peine avait-il terminé – en silence – d'enrouler le bout de sparadrap autour de son doigt qu'elle s'était finalement levée, décrétant « Ce chili ne va pas se faire tout seul. » et ajoutant simplement « Merci pour le pansement. Reste assis, il ne me reste plus grand-chose à faire. » le laissant un peu désœuvré, et incapable de savoir quoi faire de ses dix doigts. Elle avait mis sur le tapis le sujet pour lequel elle l'avait fait venir ce soir, elle refusait d'entendre son point de vue et maintenant qu'elle espérait simplement qu'il se tourne les pouces à table … A moins que ce ne soit une façon détournée de lui faire comprendre qu'il était peut-être temps qu'il parte, en fin de compte. Jouant nerveusement avec ses doigts Hassan tentait de déterminer si la chose était probable ou s'il s'agissait encore simplement de l'un des accès de paranoïa de sa dépression qui l'empêchait de penser clairement, mais avant qu'il ne soit parvenu à prendre une décision Joanne était revenue à la charge en déposant sur la table le plateau prévu pour l’apéritif. « Sers-toi, le temps que je termine. » Loin d'une invitation à enterrer la hache de guerre, Hassan s'était retrouvé seul face au plateau à peine la blonde lui avait à nouveau tourné le dos.

La vérité c'est que la discussion lui avait coupé l'appétit, et que sa gorge était tellement nouée qu'il doutait de sa capacité à pouvoir avaler quoi que ce soit. Malgré tout, à la fois pour ne pas manquer de respecter pour le temps que Joanne avait passé en cuisine et pare qu'il ne voulait pas se rendre coupable d'un motif supplémentaire de contrariété, il avait picoré un peu avec automatisme, respectant le silence qu'elle avait décidé de leur imposer à tous les deux. De temps à autre son regard remontait jusqu'à elle et l'observait cuisiner, profitant qu'elle ne s'en aperçoive pas et reportant son attention sur la table dès qu'elle donnait l'impression de faire le moindre mouvement pour se retourner vers lui. « Tu aimes ? » Lorsqu'il avait à nouveau relevé les yeux il l'avait trouvée face à lui, à la place qu'elle occupait précédemment, l'esprit occupé par le contenu du plateau et ainsi incapable de voir la façon dont il avait silencieusement secoué la tête pour répondre à sa question. « Tu n'as pas perdu tes talents de cuisinière. » s'était-il finalement décidé à ajouter, faute de pouvoir se contenter d'une réponse silencieuse s'il espérait être pris en compte. La capacité à pouvoir trouver un sujet de conversation qui ne mène pas à désaccord mais qui ne donnerait malgré tout pas l'impression de simplement vouloir meubler la lourdeur du silence lui manquait, pourtant, et ignorant le gouffre que Joanne était en train de creuser sans le savoir dans sa poitrine il s'était contenté de manger en silence jusqu'à ce que le malaise lui paraisse trop difficile à ignorer. « Écoute … » Il avait soupiré, par pure résignation « Tu m'as dit ce que tu avais à me dire, et de toute évidence tu n'attendais pas spécialement de réponse ou d'explication de ma part alors … Si c'est la seule raison pour laquelle tu m'as fait venir ici, je peux m'en aller. » La réaction du brun lui avait déplu, et malgré tout ce dernier n'avait pas pour intention de changer son fusil d'épaule ou de renoncer à son point de vue, chose que Joanne aurait tout le droit de considérer comme un manque de fiabilité de sa part. Hassan était las de voir Joanne ne lui accorder de crédit que s'il était d'accord avec elle. « Le truc c'est que j'ai vraiment cru que tu m'avais demandé de venir parce que tu avais envie qu'on passe la soirée ensemble, c'est ce que tu as dit tout à l'heure … » Mais quand ses parents étaient là, alors au fond il s'agissait peut-être simplement d'une excuse destinée à cacher la partie engloutie de l'iceberg. « J'aurais du me douter que c'était trop beau pour être vrai. » Les épaules basses, il avait laissé ses doigts se refermer dans le vide, ignorant ceux tous proches de Joanne. Elle l'avait mené en bateau, et il n'y avait vu que du feu … Probablement parce qu'il n'y avait vu que ce qu'il avait eu envie de voir.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyVen 24 Mar 2017 - 12:21


stood there counting every heartbeat
Try not to understand our feeling and would it ever go away

Il suffisait d’une suite d’événements dans la vie de chacun pour que deux personnes qui se connaissaient par coeur ne deviennent presque que des inconnus. Ce n’était certainement pas les sentiments pour l’un l’autre qui manquaient, ni l’affection qui était toujours bien présente. Mais là, un dialogue de sourd s’était instauré. Peut-être même un concours de celui ou celle qui vivait le plus mal depuis l’annonce du divorce. Certainement parce qu’aucun des deux ne parvenait à se faire entendre comme ils le voulaient par son entourage et qu’ils avaient un maigre espoir de se faire comprendre par la première personne concernée. Si Joanne avait été touchée par l’avis de Yasmine par rapport au divorce, c’était parce qu’elle savait que la brune était particulièrement proche d’Hassan et que ce dernier lui confiait énormément de choses. Alors forcément, ça comptait, et c’était important pour elle ce qu’elle avait à dire malgré tout, même si les mots avaient été durs par moment. Joanne ressentait l’agacement d’Hassan. Elle le connaissait assez pour deviner ces détails minuscules qui voulaient tout dire. C’était un peu l’avantage, dans ces circonstances, de s’être connu pendant tant d’années. Cela ne l’avait pas empêché de lui rétorquer sèchement le fond de ses pensées. Elle ne voulait pas que le ton soit si abrupte, mais il était trop tard. La réaction d’Hassan était tout aussi surprenante et Joanne avait deviné qu’elle avait une nouvelle fois marqué un point en matière de gaffe. Elle sentait son coeur s’alourdir et son estomac se nouer et se tordre dans tous les sens au point d’en être particulièrement douloureux. Elle déglutit difficilement sa salive et ne trouvait rien à redire, ayant bien trop peur d’empirer la situation. Mais tout le mal était déjà fait, et, quoi qu’elle dise, rien n’était suffisant pour se rattraper, ou justifier ses paroles. Muette, elle écoutait Hassan discourir avec attention sur son point de vue. Ce qu’il ressentait vis-à-vis de cet enfant qu’ils auraient pu avoir tous les deux. Et malgré tout, il y avait énormément de choses qu’il ne lui reprochait pas. Il faisait également part de sa culpabilité, du fait ne pas avoir été présent le moment venu. Il admettait ses erreurs et ses torts mais demandait en retour une justice de la part de celle qui avait été son épouse. Celle-ci ne savait pas quoi dire. Joanne avait baissé les yeux, elle était restée muette, peu à peu rongée par une culpabilité qui ne faisait que grandir ces derniers mois. Elle ravalait ses pleurs du mieux qu’elle pouvait. Un long moment de silence s’imposa, elle regardait ses doigts jouer nerveusement entre eux. “Je…” Sa voix tremblait à cause de sa tristesse, des larmes qui bordaient ses yeux. “Tu as raison.” Elle s’était adoucie, retrouvant un timbre de voix qui lui était beaucoup plus propre. C’était revenu tout seul et de façon tout à fait naturelle. La jeune femme pensait que s’excuser n’allait clairement pas suffire à alléger l’ambiance, ou à retrouver leur complicité d’antan, mais elle reconnaissait cette bien grosse erreur et l’admettait. Elle était surprise d’avoir fait preuve d’autant d’égoïsme, elle peinait même à se reconnaître. Et même cette idée là s’ajoutait à la longue liste d’arguments qu’elle avait pour se définir comme étant un monstre. La couleur dans sa poitrine semblait empirer de jour en jour. Ayant bien trop que tout ceci ne prenne des proportions trop importantes, elle avait quasiment supplié Hassan de ne pas en toucher un mot à son amie. Mais elle était d’accord sur le fait que ce qu’il se passait entre eux devait rester entre eux. Elle avait acquiescé d’un léger signe de tête à ce moment là. Elle aurait aimé être capable de ne pas se laisser si aisément influencer par les personnes externes, même si celles-ci étaient proches d’Hassan ou d’elle. Ils ne devraient pas avoir leur mot à dire ou peser plus lourd sur la balance qu’Hassan lui-même. Le pire dans cette histoire, c’était que Joanne avait été incapable de dire ce qui lui pesait le plus. Le fait que Yasmine ait largement insinué que si le beau brun avait tenté d’attenter à sa vie, c’était en très grande partie de sa faute. Savoir cela l’avait empêché de dormir de nombreuses fois. Et ces longues heures qui étaient censées être consacrées au sommeil lui avaient finalement servi à réfléchir. A bien trop réfléchir d’ailleurs. Une accumulation d’idées noires et de culpabilité qui la rongeaient. Finalement, Joanne ne devenait plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’osait pas en parler à Hassan. Elle avait déjà tourné cette soirée qu’elle attendait tant au désastre. Mais elle ne savait pas à qui en parler et ce n’était pas ce qu’il y avait de plus sain pour elle. Le silence d’Hassan après qu’elle ait pu faire part de sa capacité de décevoir ses proches en disaient. Bien que Joanne en avait parfaitement conscience, le mutisme du brun fut tout de même un coup particulièrement dur. Pour lui, oui, cela ne changeait en rien l’affection qu’il pour elle peut-être. Pour elle, le fait qu’elle ait pu le décevoir à ce point là signifiait l’inverse. Plus d’affection, plus de tendresse, il n’y avait certainement plus rien. Ce n’était pas vrai, mais c’était ainsi que Joanne percevait les choses à ce moment là. Et à côté de ça, il n’avait toujours pas la moindre idée de ce qui lui pesait tant. Joanne préférait tout de même se renfermer et ne rien dire de plus, ayant toujours un maigre espoir que cette soirée se poursuivre plus ou moins normalement. Elle voulait passer à autre chose, utilisant le prétexte du dîner pour se lever et s’éloigner un peu de lui. Ravaler son chagrin, et tenter d’apaiser les tensions. Mais ce n’était pas ce qu’il y avait de plus efficace. L’air était encore très lourd. Peut-être même encore plus lourd. Elle avait fini par s’asseoir à la même place qu’avant une fois qu’elle avait terminé et son coeur se serrait de plus belle lorsqu’il avait repris parole. Pour la première fois depuis longtemps, Joanne avait levé ses yeux brillants vers lui. Il pensait qu’elle ne l’avait invité que pour parler de ça, mais il était bien loin du compte. Il proposait même de partir. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Après quelque secondes de flottement, elle dit. “Tu peux partir, si c’est ce dont tu as envie.” dit-elle la voix tremblante, alors que son regard la trahissait totalement, disant à sa place à quel point elle voulait qu’il reste. Mais elle n’allait pas le forcer s’il n’en avait pas envie. Mais cette fois-ci, elle ne comptait pas le laisser partir sans avoir tout tenter pour le convaincre de rester. “Je voulais t’en parler, oui. Parce que ça me semblait important et que tu aurais fini par l’apprendre d’une manière ou d’une autre. Mais ce n’était pas la raison principale de mon invitation. Je voulais vraiment te voir, passer du temps avec toi. Je pensais vraiment que tu n’allais pas croiser mes parents, et j’ai été suffisamment bête de croire que ce que je voulais te dire ne prendrait que quelques minutes. De commencer par ça afin que nous puissions passer une belle soirée tous les deux.” Joanne passait une main sur son visage, se trouvant bien sotte. Elle avait alors senti ses doigts à peine effleurer la main d’Hassan. Elle se permit alors de la saisir en toute délicatesse et de l’approcher de son visage pour y déposer un baiser. “Je n’ai pas oublié ce que je t’ai dit la dernière fois. Que je voulais te connaître tel que tu es maintenant. Et c’était principalement pour ça que je voulais vraiment te revoir.” Là, pas à un seul instant elle ne le quitta des yeux. “Tu me manques, Hassan. Oui, notre union me manque, ces neuf années passées ensemble me manquent. Et… Même si tout ce que je fais semble prouver parfaitement le contraire, je… Notre complicité me manque et j’ai envie de croire qu’on peut la retrouver. Je pensais juste… qu’il fallait peut-être qu’on mette tout à plat avant de… D’avancer, quoi que ça puisse devenir.” Joanne marqua une pause, songeant à ce qu’elle allait dire ensuite. “J’ai été franchement… égoïste tout à l’heure parce que...  –J’aurais aimé ne pas avoir été aussi touchée par les paroles de Yasmine, mais la manière dont elle me disait les choses, c’est que, ce que tu as vécu toi, c’était mille fois pire que ce que j’avais pu vivre. Qu’une fausse-couche, c’était trois fois rien comparé à ton cancer, à la décision que tu as prise en optant pour le divorce– … j’ai du comprendre que tu pensais peut-être la même chose qu’elle. Je sais combien vous êtes proches. Mais je ne voulais pas instaurer cet esprit de… compétition, de celui qui en a le plus bavé ces dernières années. On a souffert tous les deux, chacun de notre côté, de bien différentes manières. Et ça nous a changé tous les deux. J'ai été bête de croire un instant que tu aurais pu penser de cette manière là, je sais pourtant que ce n'est pas toi. J'ai été tellement stupide.” Joanne avait gardé sa main entre les deux siennes, à la caresser délicatement du bout des doigts. “J’adorerais que tu restes, Hassan. Je veux pas que tu sois et/ou que tu sentes seul, et je comptais vraiment passer cette soirée avec toi. J’aime quand tu es là.” Daniel avait fini par rejoindre la cuisine à quatre pattes, suivi de près par les deux chiens qui l’observaient avec un réel intérêt. Il se redressa en s’appuyant sur la chaise de sa mère. “Dodo...dodo…” dit-il de sa petite voix, en regardant Joanne avec toujours autant d’amour. Il lui arrivait de temps en temps de réclamer de lui-même d’aller au lit. “Tu es déjà fatigué, mon trésor ?” lui demanda-t-elle en le prenant dans ses bras, son ventre contre sa poitrine afin qu’il puisse s’appuyer confortablement contre elle. “J’ai envie de croire qu’on puisse passer une bonne soirée, tous les deux. J’ai toujours envie que ce soit le cas.” Joanne portait délicatement sa main à son visage pour caresser délicatement sa joue. “Je… Je suis désolée de voir t’avoir déçue tant de fois. Et j’aimerais vraiment pouvoir me rattraper. Discuter, réapprendre à se connaître, être tout simplement avec toi. Alors, s’il te plaît, reste.” Joanne se leva de sa chaise. “Je vais juste aller coucher Daniel, je n’en ai pas pour longtemps, je me dépêche.” Elle embrassa Hassan au niveau de son crâne avant de filer à l’étage pour changer Daniel et lui chanter une berceuse et de lui chuchoter quelques mots d’amour avant de le mettre dans son berceau. Il dormait déjà à moitié lorsqu’elle l’avait allongé. Joanne retournait au rez-de-chaussée, Hassan s’était levé et était sorti de la cuisine. Sans dire quoi que ce soit, la jeune femme s’approcha de lui pour le prendre dans ses bras en passant ses mains par-dessus ses épaules. “Reste, s’il te plaît. J’ai vraiment envie de passer cette soirée avec toi.” dit-elle tout bas, quitte à se répéter. Elle ne voulait pas le laisser partir cette fois-ci.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyLun 3 Avr 2017 - 13:24

Quelque part entre les vagues de tristesse successives que provoquaient chacune de leurs – désormais habituelles – disputes, Hassan avait toujours un énorme sentiment de gâchis vis-à-vis de sa relation avec Joanne. Vis-à-vis de cette entente parfaite, presque imperturbable, si loin de l'incompréhension mutuelle qui semblait les miner tous les deux désormais. C'était un peu la preuve ultime des dégâts que deux cœurs brisés et trois ans à vainement tenter de les recoller pouvaient faire sur une relation qui jadis aurait pu être qualifiée d'inébranlable. Dieu sait qu'ils s'étaient aimés pourtant, qu'ils s'aimaient sans doute encore, mais au milieu comme pour leur mettre continuellement des bâtons dans les roues leurs rancœurs et leurs incompréhensions mutuelles s'évertuaient à prendre le plus de place possible. Joanne se sentait accusée – à tort – Hassan se sentait agressé – à tort également, sans doute – et si la logique aurait voulu que tous les deux finissent par tomber d'accord en se disant les choses clairement, ils semblaient incapable de trouver les mots justes et adaptés pour se faire comprendre de l'autre. « Je … Tu as raison. » avait pourtant fini par murmurer la blonde, presque en désespoir de cause, Hassan bien loin d'y voir une quelconque forme de victoire ou d'acceptation. Ce n'était pas ça, il ne cherchait pas à avoir raison, au fond il n'était même pas question de qui avait raison ou qui avait tort … Il aurait simplement voulu que Joanne comprenne. Mais probablement lui avait-il fait trop de mal pour qu'elle puisse réussir à admettre entièrement un jour que ce divorce les avait décimé tous les deux, et Hassan n'avait plus le courage de répliquer ou de faire un nouvel étalage de ce qu'il gardait habituellement pour lui. Il y avait de bonnes raisons pour lesquelles il avait appris à garder pour lui et à compartimenter les choses dans son esprit au cours de ces derniers mois, c'était plus simple ; C'était reculer pour mieux sauter mais c'était plus simple, pour lui, pour les autres. Au fond sa naïveté reposait dans le fait d'avoir cru pouvoir garder tout cela sous clef dans un coin de sa tête le temps de la soirée, qu'il pensait proposée par la blonde sans aucune arrière-pensée.

Sans doute était-ce la déception mêlée à l'orgueil, toujours est-il qu'Hassan se sentait berné et doutait que sa présence soit encore nécessaire sous le toit de Joanne maintenant qu'elle lui avait dit ce qu'elle avait à lui dire. Au fond il lui en voulait de s'être cachée derrière l'excuse d'un dîner pour lui déballer ce qu'elle semblait avoir sur le cœur depuis des jours, mais il savait aussi que ce n'était pas le genre de discussion que l'on avait au téléphone. « Tu peux partir, si c'est ce dont tu as envie. » Non, ce n'était pas ce dont il avait envie. Il n'avait simplement plus l'impression que sa compagnie était souhaitée, sans doute était-elle déçue ou agacée qu'il ait souhaité se défendre plutôt que se contenter d'encaisser et d'éventuellement enfoncer au passage le clou de la culpabilité de Yasmine. « Je voulais t'en parler, oui. Parce que ça me semblait important et que tu aurais fini par l'apprendre d'une manière ou d'une autre. Mais ce n'était pas la raison principale de mon invitation. Je voulais vraiment te voir, passer du temps avec toi. Je pensais vraiment que tu n'allais pas croiser mes parents, et j'ai été suffisamment bête de croire que ce que je voulais te dire ne prendrait que quelques minutes. De commencer par ça afin que nous puissions passer une belle soirée tous les deux. » Elle y croyait sincèrement ? Le mettre en porte-à-faux entre Yasmine et elle, et lui reprocher d'avoir eu ses propres émotions à gérer, et elle pensait que ce serait l'affaire de quelques minutes et que cela passerait comme une lettre à la poste … C'était à se demander si elle s'imaginait que son traitement pour le cancer lui avait également grillé quelques neurones, ainsi que sa capacité à ressentir des choses sans n'être qu'une coquille vide d'émotions. Il ne savait plus quoi penser, quoi croire, et tandis qu'elle attrapait sa main et y déposait un baiser lui se sentait comme piégé dans un aquarium d'où la voix de la blonde ne lui arrivait plus que par résonance « Je n'ai pas oublié ce que je t'ai dit la dernière fois. Que je voulais te connaître tel que tu es maintenant. Et c'était principalement pour ça que je voulais vraiment te revoir. » Son regard avait baissé à nouveau, avec tristesse, laissant la main de Joanne conserver la sienne mais se permettant de remarquer dans un murmure de morosité « Tu n'as pourtant pas l'air de lui porter beaucoup d'estime, à celui que je suis maintenant … » Mais au fond lui-même ne se portait plus beaucoup d'estime non plus, alors qui était-il pour le lui reprocher. Autre forme de gâchis, Hassan n'avait jamais manqué de confiance en lui pourtant … Du moins avant. Le Hassan d'avant ne manquait pas de confiance en lui.

Même sa raison et ses émotions semblaient ne pas vouloir se mettre d'accord, le regard que Joanne posait sur lui lui serrait le cœur, et pourtant sa main refusait de se dérober aux siennes et même avait fini par se resserrer doucement autour de ses doigts. « Tu me manques, Hassan. Oui, notre union me manque, ces neuf années passées ensemble me manquent. Et … Même si tout ce que je fais semble prouver parfaitement le contraire, je … Notre complicité me manque et j'ai envie de croire qu'on peut la retrouver. Je pensais juste … qu'il fallait peut-être qu'on mette tout à plat avant de … D'avancer, quoi que ça puisse devenir. » Alors pourquoi le condamnait-elle au silence lorsque lui aussi en profitait pour faire de même, pour mettre les choses à plat ? Elle avait raison, sa volonté n'était pas de remettre en doute la parole de la jeune femme mais ses actes lui donnaient effectivement à tort l'impression du contraire. « J'ai été franchement … égoïste tout à l'heure parce que … J'aurais aimé ne pas avoir été aussi touchée par les paroles de Yasmine, mais la manière dont elle me disait les choses, c'est que, ce que tu as vécu toi, c'était mille fois pire que ce que j'ai pu vivre. Qu'une fausse-couche, c'était trois fois rien comparé à ton cancer, à la décision que tu as pris en optant pour le divorce … j'ai du comprendre que tu pensais peut-être la même chose qu'elle. Je sais combien vous êtes proches. Mais je ne voulais pas instaurer cet esprit de … compétition, de celui qui en a le plus bavé ces dernières années. On a souffert tous les deux, chacun de notre côté, de bien différentes manières. Et ça nous a changé tous les deux. J'ai été bête de croire un instant que tu aurais pu penser de cette manière-là, je sais pourquoi que ce n'est pas toi. J'ai été tellement stupide. » Au fond de lui il doutait, non pas de la parole de Joanne mais des intentions qu'elle prêtait à Yasmine. Joanne savait que ce n'était pas lui, mais lui savait que ce n'était pas elle, pas Yasmine de minimiser le malheur d'autrui ou de n'y accorder aucun crédit, même s'il s'agissait de celui de Joanne. Hassan le savait et pourtant il s'était résigné à tenir sa langue, persuadé que s'opposer à nouveau à la blonde lui donnerait l'impression qu'il la désavouait sur tout le reste. « J'adorerais que tu restes, Hassan. Je veux pas que tu sois et/ou que tu te sentes seul, et je comptais vraiment passer une soirée avec toi. J'aime quand tu es là. » Les yeux du brun baissant à nouveau vers leurs mains liées avant de remonter jusqu'à Joanne, il avait ouvert la bouche comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose mais finalement incapable de dire quoi que ce soit. Et sauvé in-extremis par l'intervention inopinée de Daniel, réclamant à la fois son lit et les bras de sa mère. « Tu es déjà fatigué, mon trésor ? » Laissant les doigts de Joanne glisser hors des siens, Hassan s'était reculé pour s'appuyer à nouveau contre le dossier de sa chaise « J'ai envie de croire qu'on puisse passer une bonne soirée, tous les deux. » L'attention du brun, un instant partie, était revenue sur la blonde presque aussitôt. « J'ai toujours envie que ce soit le cas. Je … Je suis désolée de t'avoir déçu tant de fois. Et j'aimerais vraiment pouvoir me rattraper. Discuter, réapprendre à se connaître, être tout simplement avec toi. Alors, s'il te plaît, reste. Je vais juste aller coucher Daniel, je n'en ai pas pour longtemps, je me dépêche. » Il avait agité la tête, et frissonné légèrement lorsqu'elle avait déposé un baiser sur le sommet de son crâne « Prend ton temps. Je ne m'évaporerai pas en ton absence. » Il avait tenté un vague sourire, comme pour la persuader de sa sincérité. Il ne lui ferait pas l'affront d'attendre qu'elle ait le dos tourné pour disparaître.

Animé d'une espèce de nervosité dont il ne parvenait plus à déterminer la cause, il avait fini par se lever lui aussi et quitter la table. Évoluant dans la cuisine sans savoir quoi faire de ses dix doigts il avait remué quelques instants le chili qui mijotait toujours à feu doux sur la plaque, par automatisme plus que par réel choix. Migrant finalement jusqu'au salon où son blouson avait été abandonné contre l'accoudoir du canapé, il s'était arrêté un moment devant la bibliothèque qu'il avait mise sur pieds il y avait de cela une éternité – ou du moins cela lui semblait faire une éternité. La tête légèrement penchée, il énumérait silencieusement les titres des ouvrages rangés sur les étagères, y trouvant sans surprise une majorité liés à l'art et même – il avait vérifié une seconde fois comme si la première avait pu être une erreur – l'illustré sur l’œuvre de Michel-Ange qu'il lui avait offert bien onze ou douze ans en arrière. Il ne savait pas pourquoi le fait qu'elle ait décidé de le garder et de le ranger là, à portée de main plutôt qu'au fond d'un placard ou d'un tiroir, avait provoqué chez lui un trouble aussi léger qu'incompréhensible. Ce n'était qu'un bouquin, après tout. « Reste, s'il te plaît. » N'ayant pas entendu la jeune femme redescendre, il avait sursauté légèrement lorsqu'à sa voix s'était ajoutée les bras qu'elle était venue passer autour de son cou, levant les yeux vers lui « J'ai vraiment envie de passer cette soirée avec toi. » Porté par cet inexplicable mélange entre lassitude et lâcher prise, Hassan avait laissé échapper un soupir tandis que son front allait se poser contre celui de Joanne. « Pourquoi est-ce que c'est si compliqué ? » Sa question n'espérait pas vraiment de réponse, il ne s'agissait que du murmure d'une constatation dont il ne semblait pas pouvoir se défaire plus qu'elle. Croisant ses mains dans le dos de la blonde, il avait fermé les yeux un instant et laissé leurs nez se frôler avec douceur, s'accordant un moment de répit, de bêtise ou d'il ne savait pas vraiment quoi. Mais trouvant malgré tout la force de demander « Ne m'oblige pas à mentir à Yasmine … s'il te plaît. » Rouvrant les yeux, il avait accroché son regard à celui de la blonde « T'auras plus à t'en mêler, j't'assure, c'est juste … C'est déjà assez compliqué en ce moment, entre elle et moi, j'ai pas envie d'un énième mensonge. Même par omission. » Il était persuadé qu'elle finirait par s'en rendre compte de toute façon, qu'il se trahirait, ou qu'elle se douterait de quelque chose. Et des motifs de désaccord la brune et lui en avaient déjà à la pelle, sans avoir besoin de rajouter celui-ci à la liste. « Et pour ce qui est de nous … » Penchant sa tête sur le coté il avait décroisé ses doigts de derrière le dos de Joanne, et glissé l'une de ses mains dans la sienne « J'ai cru t'entendre parler de cocktails tout à l'heure ? Il se pourrait bien que je meurs de soif. » Mourir de soif était sans doute un peu exagéré, mais derrière se cachait surtout l'intention de passer définitivement à autre chose, dans une tentative presque désespérée d'alléger un peu l'air mais aussi de lui donner l'excuse suffisante pour se détacher d'elle. Chose que sa simple volonté ne suffisait visiblement pas à lui faire faire. « On s'accorde un cessez-le-feu pour ce soir ? » Pour le reste il ne savait pas, et au fond se cacher sans cesse derrière la volonté de ne pas faire de vagues n'était pas une solution durable … Mais ils s'étaient suffisamment affrontés pour ce soir. Et si Hassan acceptait sans le dire de rester – il était toujours là, preuve en était – c'était dans l'espoir qu'ils puissent se prouver qu'ils étaient encore capable de partager autre chose que de la rancœur et une tristesse commune. Il avait besoin de croire qu'ils n'étaient pas devenus que ça. Comme il avait besoin de croire que le baiser qu'il venait de déposer sur sa tempe n'était pas qu'un grain de sable au milieu du désert, insignifiant.
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Message(#)joassan + stood there counting every heartbeat EmptyLun 3 Avr 2017 - 16:09


stood there counting every heartbeat
Try not to understand our feeling and would it ever go away

Joanne avait pu se réfugier l'espace de quelques minutes dans la chambre de Daniel. Elle avait porté toute son attention sur lui pour le bercer, le changer, et l'allonger. Elle aurait tellement voulu que ces minutes s'éternisent un peu plus. Au moins le temps de sécher un peu ses joues humides, que ses yeux soient moins injectés de sang, qu'elle n'ait plus cette gorge serrée et cette douleur dans sa poitrine devenue insupportable. Elle avait l'étrange impression que cela ne servait à rien. Qu'elle brassait de l'air inutilement. Qu'à chaque tentative d'arrondir les angles en espérant qu'ils trouvent à nouveau un terrain d'entente, Hassan restait morose, sur la défensive. Joanne commençait à croire qu'il n'avait plus confiance en elle, qu'il ne parvenait plus à croire tout ce qu'elle pouvait raconter. Il suffisait de le voir, dans son regard, cette quasi constante amertume lorsqu'elle ouvrait la bouche. Elle était discrète, mais elle était bien là. Et ça la faisait énormément souffrir. Joanne gardait tellement de choses pour elle depuis des semaines, des mois. Des faits divers et variés, mais la rencontre avec Yasmine et tout ce qui a été échangé à ce moment là était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Hassan ne venait que d'apercevoir la partie visible de l'iceberg et il ne semblait pas vouloir en savoir plus. Du moins, le comportement qu'il adoptait en étant face à Joanne ne motivait pas cette dernière à déblatérer sur ce qui la hantait nuit et jours depuis quelques temps. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise, cela ne semblait jamais lui convenir. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'elle devait faire pour qu'il mette crédit à ce qu'elle pouvait lui raconter. Déjà que Joanne n'avait plus aucune estime d'elle, plus aucune confiance en soi, elle se rabaissait encore plus dans l'espoir que les tons s'adoucissent, mais rien. Hassan avait fini par dire qu'il ne bougerait pas de là, Joanne se demandait s'il en faisait pas cela juste pour ne pas paraître ingrat ou pour être sûr qu'elle n'ait vraiment rien à lui reprocher. Cela manquait tout de même de naturel, bien qu'elle savait que c'était un homme de paroles. Malgré tout, elle s'attendait à entendre une porte claquer, ou à constater qu'il n'y avait plus personne une fois qu'elle avait rejoint le rez-de-chaussée. Elle aurait bien compris le message dans ce cas là – et aurait mangé du chili pendant plusieurs jours, aussi. Mais il était toujours bien là, à parcourir la collection de livres que Joanne avait rangé dans la bibliothèque qu'il lui avait monté. Dieu seul savait ce qui la pousser à lui demander une énième fois de rester. Difficile de se dire que cette soirée pourrait bien se poursuivre, le début ayant été plus que désastreux. A se demander s'il y avait encore des meubles à sauver, s'il restait encore quelque chose, après ces vagues de secrets, de déception, de désaccord et de parfaite incompréhension. Contre toute attente, Hassan serrait le corps de la jeune femme contre lui en l'entourant dans ses bras. Et malgré le malaise persistant, il parvenait à être particulièrement affectueux avec elle, rien qu'en frôlant son nez avec le sien. Joanne ne savait pas ce que signifiait ce soupir – cela ne présageait rien de bon à ses yeux. Dire que c'était compliqué était un euphémisme notable. Y avait-il un seul mot pour décrire parfaitement le chaos actuel de leur relation ? Juste au moment où Joanne s'apaisait et était prête de baisser les armes, s'étant dit que cette mauvaise passe était bien finie, mais voilà qu'Hassan revenait à la charge. Elle sentait son coeur se serrer dans sa poitrine et elle faisait de son mieux pour retenir ses larmes. "Je n'aurais plus à m'en mêler, vraiment ?" lui demanda-t-elle la gorge serrée. Cette question là n'attendait pas de non plus, mais elle laissait comprendre qu'elle doutait qu'il n'y ait pas de répercussions pour elle par la suite. Personne ne savait si Yasmine comptait lui parler de cette altercation ou non ou si c'était le genre de choses qu'elle aurait préférait ne pas dire par omission. Bien sûr que si, elle y sera mêlée, quoi qu'il se passe, quoi qu'Hassan puisse chercher à faire pour se tenir à ce qu'il venait de lui dire. Joanne se sentait véritablement négligée dans cette affaire. Elle avait des doutes sur les véritables sentiments de Yasmine envers Hassan, et cela ne faisait que décupler certaines sensations. Cela décuplait considérablement ses idées noires. Ce n'était certainement pas vrai, ni la manière dont le beau brun pouvait percevoir les choses, mais à ce moment précis, Joanne se disait qu'il était évident qu'il préférait privilégier sa relation avec Yasmine et ne plus y intégrer de secrets ou d'embrouille, au détriment de ce qui lui restait avec Joanne. Il ne parvenait même pas à se douter qu'elle en avait bien trop sur le coeur et qu'à l'instar de lui, elle n'avait plus personne à qui en parler – parce que Sophia était partie. Mais non, ça aussi, ce n'était rien comparé à ce qu'il avait vécu lui. Joanne se sentait comme une moins que rien. Comme si tout ceci n'avait servi un rien, que les baisers qu'ils avaient pu échanger n'était que pour se souvenir. Il n'y avait plus que ça qui marchait: les caresses et les baisers. Joanne restait longuement silencieuse, plongée dans ses pensées, avant d'esquisser un sourire particulièrement triste. "Comme tu voudras." dit-elle à voix basse, baissant les yeux pour ne plus avoir à se confronter à son regard. Ce n'était pas comme si elle avait encore son mot à dire là-dessus. Mais elle s'attendait véritablement à des répercussions. Puis il parlait de ce nous. Joanne en avait peut-être espéré de trop sur le coup, si bien qu'elle était déroutée lorsqu'il commençait à lui parler de cocktails tout en prenant sa main dans la sienne. Puis il suggéra un cessez-le-feu. C'était ainsi que leur relation était désormais ? Que les moments agréables n'étaient que des parenthèses au milieu de leurs querelles et leurs tentatives désespérées de retrouver un peu tout ce qu'ils avaient pu et su avoir auparavant ? C'était une vision particulièrement triste de leur relation, mais elle semblait pourtant bien réelle. Hassan s'approcha un peu plus d'elle afin de pouvoir déposer un doux baiser sur tempe, comme il avait l'habitude de faire lorsqu'ils étaient ensemble – bien qu'ils préféraient tous les deux s'embrasser à pleine bouche à cette époque. Au moment de ce contact, aussi agréable pouvait-il être, Joanne avait fermé les yeux, faisant ainsi couler une larme qui avait bordé ses iris bleus quelques minutes plus tôt. Elle devait se contenter de ça. "Je vais... aller préparer ces cocktails." Elle n'avait pas non plus verbaliser qu'elle était plus ou moins d'accord de baisser les armes le temps d'une soir, bien qu'elle craigne que ce ne soit pas la solution idéale. Un cessez-le-feu, mais juste pour ce soir-là. C'était ce qu'il avait dit. Alors Joanne appréhendait le lendemain et les jours qui allaient suivre, loin d'être sereine à ce qui pouvait bien lui attendre d'ici là. Sa gorge était encore un peu serrée, mais elle espérait qu'elle allait finir par se calmer. Ils se tenaient encore la main, à croire qu'aucun des deux ne parvenait à se détacher l'un de l'autre. Elle maintenait son étreinte et la tiait même légèrement vers elle pour qu'il avance et l'incite à le suivre pour qu'il ne reste pas seul. Difficile pour elle d'ignorer tout ce qui a été dit, et tout ce qui a été volontairement omis. Mais elle faisait de son mieux. "Je ne voudrais pas que tu te dessèches." dit-elle en arrivant dans la cuisine, devant bien renoncer à lui tenir la main afin de pouvoir commencer ses préparations. Elle n'avait plus grand chose à dire, pas de véritable sujet de conversation à démarrer. Elle se disait que cet état de fatigue ne faisait qu'empirer et qu'elle ne trouvait pas d'issues. "Ce n'est finalement qu'un savant mélange de jus de fruits, mais tu devrais aimer, je pense." dit-elle en terminant de préparer son verre. "Promis, ce n'est pas un punch quelque peu alcoolisé." dit-elle en faisant référence à l'une des premières soirées étudiantes qu'ils avaient passé ensemble. Une fois les boissons prêtes, elle récupéra le plat avec les petits toasts et invita Hassan à aller s'installer au salon, ce serait bien plus confortable et peut-être même agréable pour eux deux. Une fois assis, ils trinquèrent et Joanne but une fine gorgée de son cocktail avant de poser le verre sur la table. Elle aurait aimé être capable de meubler, d'engager une discussion, mais aucun sujet ne lui venait à l'esprit. Et les futilités n'avaient certainement pas leur place à ce moment-là. Les regards avaient du mal à se croiser. "Désolée, je... Je n'ai rien de très passionnant à te raconter. Les jours se ressemblent beaucoup, rien de très palpitant."Et Hassan ne voulait certainement pas l'entendre parler de sa vie de maman. Un sujet qu'il fallait mieux éviter également. Elle sourit, par pure nervosité. Ses doigts jouaient entre eux. Nunki, l'un des chiens de Joanne, se rapprocha de la table basse et constata sans mal qu'il y avait des choses à manger dessus. Elle n'avait jamais eu à lever vraiment la voix pour se faire respecter de ses deux canidés, bien qu'ils étaient encore bien jeune. Ils n'avaient pas encore un an. "Tu aurais presque pu emmener ton chien, je pense qu'ils auraient bien joué ensemble, tous les trois. Ils sont tous bien jeunes." dit-elle en caressant Nunki. Elle sourit faiblement, puis releva enfin la tête pour pouvoir regarder le bel homme. Quelque part au fond d’elle, elle mourrait d’envie de se rapprocher de lui, de se décaler un peu, de pouvoir croiser ses doigts avec les siens, peut-être même de l’embrasser. Mais elle ne savait pas. Elle ne savait pas si elle le pouvait, si lui en voulait, s’il y avait une quelconque signification derrière tout ceci. Joanne n’osait plus prendre les devants pour ce genre de choses. Elle ne supporterait pas être rejetée une nouvelle fois. Tout était déjà de trop, bien plus qu’elle ne pourrait tolérer et pourtant elle faisait avec. Mais ça l’épuisait, elle était à bout. “Tu…” Joanne avait une phrase bien précise en tête, mais elle ne savait pas si c’était judicieux. C’était pourquoi elle hésita quelques secondes avant de compléter sa phrase. "Tu me manques, Hassan.” souffla-t-elle tout bas. “Ta présence, ta voix, ton sourire, ton affection… Tout me manque. C’est pour ça que je tenais vraiment à ce que tu viennes. Pour que tu sois là. Et je me suis dit –mais peut-être que c’est totalement faux, je n’en sais rien– que c’était peut-être réciproque, peut-être un tout petit peu. Je me suis dit qu’on apprécierait tous les deux de parler de tout et de rien de nouveau, peut-être même de s’avouer des choses qu’on ne pouvait dire à personne d’autre, te connaître tel que tu es maintenant. Renouer, en somme. Je parais assez bête de le dire à haute voix, non ?” demanda-t-elle en laissant échapper un rire nerveux. Pendant des années, Hassan et Sophia avaient été ses meilleurs amis, ses confidents. Elle sourit timidement. “Je voulais vraiment que tu sois là, et… tu es là. C’est tout ce qui compte, alors… merci d’avoir accepté de rester. J’espère maintenant vraiment que mon cocktail et mon chili vaillent le coup.” dit-elle avec un tout petit peu plus de légèreté qu’auparavant, même avec un ton de plaisanterie sur sa dernière phrase. Si déjà l’ambiance était à désirer pour lui, elle espérait pouvoir se rattraper sur le dîner. Parce qu’elle ne savait véritablement plus quoi faire pour le faire sourire à nouveau ou pour qu’il se sente à l’aise durant les quelques heures de cette soirée.
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