C’est arrivé ce matin. Lene s’est rendue compte que la plage désemplissait et que le soleil tapait beaucoup moins fort qu’il y’a quelques semaines sur sa peau brûlé. Les soirées sont plus calmes, comme si tout l’monde avaient décidé que les soirées karaoké et tee-shirt mouillés du bar de la place n’étaient désormais plus « the place to be » et étaient allés ailleurs. Même les collègues qui s’efforcent de vendre des glaces et autres gourmandises aux touristes passent moins souvent sur la plage près de son poste de surveillance. Certes, l’endroit n’est pas non plus complètement désert et l’océan risque de recevoir encore de nombreuses visites mais Lene s’en est rendu compte, c’est aujourd’hui que les gens ont arrêté de venir grossir les rangs de serviette et inévitablement l’été va bientôt se finir. Son quotidien reprendra son cour normal au volant du taxi qu’elle a laissé de côté et elle ne sait trop quoi y penser. C’est la même chose chaque année de toute manière, l’été se termine et elle marche à reculons vers son quotidien du reste de l’année. La débauche intervient après une matinée à surveiller la plage et quand le collègue vient à se renseigner de ce qu’elle a pu voir ou entendre, elle ne lui apprend rien. Il faut s’y faire. Désormais, ils prennent la douce route de la fin des vacances, celle où il n’y a rien à faire à part attendre que le temps passe. Elle se demande en quittant le poste si elle ne ferait pas mieux déjà de se remettre au volant de son taxi. Mais, le ciel est beau et l’air chaud. Si le temps doit changer (et encore, elle sait qu’il ne change pas vraiment) elle se dit qu’elle ferait mieux d’en profiter pour faire du surf. Naturellement, elle se dirige vers le port où se trouve le bateau en friche qui lui sert de logement le temps que les touristes qui sous-louent son appart foutent le camp, pour récupérer son matériel et partir à la conquête des vagues. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour qu’elle reparte sa planche sous le bras. Pensive, elle marche en prenant son temps sur les pontons du port où sont amarrés les bateaux qu’elle ne pourrait même pas s’offrir dans ses rêves les plus fou. Y’a des gens qui ont un truc pour les voitures, Lene, elle l’a pour tout ce qui pourrait lui permettre de foutre le camp vers le levant. C’est en passant devant l’un de ces engins qu’elle s’arrête en reconnaissant le maitre à bord. Gauthier, qu’elle n’avait pas revu depuis des mois malgré la promesse à la va vite de se tenir au jus et d’essayer de faire un truc. Il faut croire que cette tempête à amener Lene à mettre beaucoup de chose de côté. Elle s’approche sans pour autant oser toucher l’appareil. Déçue de ne pas avoir été remarquée, elle termine par le siffler comme s’il n’était qu’une belle gonze en train de faire dorer ses pare-chocs.  « Belle bête ! »  crie t-elle pour qu’il la regarde avant, elle s’avance un peu plus en affichant un grand sourire. « Je parle de ton voilier bien sûr. » Ou peut-être pas non. Mais l’humour chez Gauthier, c’est pas naturel alors elle blablate pour faire passer la chose. « Est-ce que j’ai la permission de monter à bord capitaine ? » ajoute t-elle en priant dans sa tête qu’il dise oui, parce que ses pieds ont besoin de monter sur cette engin, c’est du once in a lifetime ça. « Je serais sage. » termine t-elle par dire, même si là, elle doute sérieusement qu’il la croit.

C’était une surprise de croiser Gauthier sur le port parce que ce n’était pas prévu. Et en même temps, elle n’en tombe pas à la renverse. Il lui avait déjà parlé de son voilier lors de leur brève conversation dans son taxi il y’a plusieurs mois, elle ne pouvait que s’attendre à lui tomber dessus un jour vu la fréquence à laquelle elle passe dans le coin en ce moment. Elle s’amuse à le siffler pour signaler sa présence, amusée par avance de sa réaction à ce mode de communication que n’est pas la plus approprié quand on s’adresse à une personne de bonne famille. Elle se dit que si elle dérange, ça l’amuse encore plus, mais dès qu’il l’aperçoit, il se met à sourire et elle le lui renvoi. « Moi qui m'apprêtais à te retourner le compliment. » lui dit-il, provoquant immédiatement une posture supérieure chez la jeune femme. « A propos de mon voiliers j’espère. » Elle montre de ses deux mains un espace totalement vide à côté d’elle, elle est ironique et quelque part, s’amuse de pauvreté. « Un Centurion 57, je l’ai depuis 2 ans. » ajoute t-il, d’un air de coq, elle s’amuse intérieurement de cette allure en s’demandant s’il contrôle ou si c’est le max que son égo peut faire. Ses doigts viennent alors effleurer la paroi du voilier. « Il est très beau, j’espère qu’il a un nom, et un vrai pas comme la Jenny de Forrest Gump ! » Elle l’espère. Il fallait toujours que les hommes donnent des noms ridicules à leurs engins, en général celui d’une nana qu’ils ont perdu ou d’un de leur môme. Pour elle, c’était un peu du gâchis d’affubler un objet dont le prix frôle les six chiffres de prénom de quelqu’un de pas important. En tout cas, ne comptant pas passer l’après-midi à complimenter Gauthier sur son appareil, elle ne tarde pas à lui demander si elle peut monter à bord. Clairement, ce bateau la change de l’espèce de bicoque qui lui sert de maison le temps des vacances. C’est bête mais s’il y’a bien une chose pour laquelle elle regrette de ne plus avoir le statut officiel des Adams, c’est de plus pouvoir ce payer ce type d’équipement quand ça lui chante. « Évidemment, il me semble que je te l’ai promis qui plus est. » Elle allait presque attendre. Si ça n’avait tenu qu’à elle, et si Gauthier et elle avaient été un poil plus proche, elle ne se serait pas donné la peine de demander. Qu’il accepte la réjouie cependant. « Yeaaaah. » Elle se saisit de sa planche de surf qu’elle avait posé au sol. « J’avais peur que tu aies oublié. » lui dit-elle en lui tendant la planche, puis les mains pour le rejoindre à bord. Elle se contrôle mais l’état émotionnel de Lene est équivalent à celui d’un enfant qui se rend à Disneyland pour la première fois. Elle a envie d’aller partout, de toucher à tout et vérifier chaque détail et mécanisme du voilier. C’est un gros effort qu’elle fait en tentant de pas être envahissante. « Puisque tu es là, tu peux contrôler le gouvernail pour moi s’il te plait ? » Le sourire de Lene se trace d’une manière assez effrayante, c’est juste la joie de pouvoir toucher au jouet de Gauthier. « Bien sûr ! Tu pourras le pousser à fond pour que je vois la vitesse où il va ? » Oh la la,  elle ne fait que penser à ce que ça pourrait donner pendant les courses. Toute excitée, elle file au gouvernail comme demandé, toujours sans oser toucher à tout, elle ne sait pas à quel point il est prêt à partir, de son poste elle crie « Tu as besoin d’aide quelque part ? » Lene se surprend à être très respectueuse. Comme quoi, elle peut l’être. « Tu as toute ton après midi devant toi ? Parce que je ne compte pas revenir avant quelques heures. » « Haha, chaton, avec ce machin, j’ai toute la vie devant moi. » fait-elle remarqué sans que son côté un peu intéressé par la navigation que par passer un moment avec lui ne la gêne pour autant. Elle assume qu’il la connait assez. « Parce que là, je suis en train de comprendre la métaphore du prince et du cheval blanc. » C’est vrai que, ça s’y prête vachement quand on regarde à travers les yeux de Lene. Un nouveau rire résonne tandis que ses mains sont droites sur le gouvernail. « Ca fait combien de temps que tu n’as plus navigué ? » Elle devient soudainement pensive, un peu honteuse quand elle pense à la réponse. Elle n’ose pas la sortir. Elle se racle la gorge. « Sur autre chose qu’un radeau, une épave ou une planche de surf ? » Elle prend une voix plus basse. « ça doit faire sept ans. » Elle reprend plus haut en précisant (parce que la précision est importante) « Mais attention, que je n’ai pas navigué. J’ai l’occasion de monter sur des bateaux, mais il y’a pas beaucoup de mec qui laisserait une nana toucher à leur joujou. »

Elle est en totale extase devant la machine. Une réaction qui pourrait presque vexer le jeune homme parce qu’elle a plus l’air intéressée par le voilier que par le fait de le retrouver après plusieurs mois sans s’être adressé la parole ou donné des nouvelles. Cela dit, Lene n’est pas le genre de personne sentimentaliste à vouloir absolument garder le contact avec tout l’monde, si elle croise quelqu’un qu’elle apprécie, tant mieux, elle est contente, sinon tant pis, ce sera pour une prochaine fois. Heureusement, le fait qu’elle lui donne l’occasion de vanter sa merveille semble faire totalement disparaître le côté intéressé de la jeune femme. Cependant, son air béat ne l’empêche pas de faire des remarques, franches et pas franchement adaptées, sur le possible prénom de l’engin. C’est le genre de chose qui n'est pas comme sans importance à ses yeux. « Il s’appelle Lene… En ton honneur puisque je n’ai jamais pu t’oublier. » Elle le regarde avec l’air désabusé. C’est qu’il se donne un air sérieux en plus. Okay, c’est sûrement drôle, parce qu’elle le connait assez, mais quand même. Remarque, Gauthier Hazard-Perry qui s’essaie à l’humour, ça mérite certainement un sourire, mais elle ne parvient qu’à répliquer avec un « haha » bien cynique avant qu’il ne reprenne la parole. « Je te rassure, il s’appelle témérité, pas de nom d’ex amour que je n’aurais su oublier. » Elle n’en attendait pas moins de lui qu’il choisisse quelque chose de pragmatique et de non-niais. « Témérité. J’aime ça. » dit-elle, en sachant pertinemment que son avis ne compte pas. « Mais je n’en attendais pas moins de toi que tu choisisses un truc qui ait du sens. » Oui, parce que pour elle, ce nom fait totalement sens envers la grande passion qu’est la navigation. Elle a vraiment des airs d’enfant qu’on lâcherait dans un parc d’attraction au moment où elle monte à bord, sauf qu’au lieu de courir partout, elle laisse son regard faire le travail à sa place et se contente de rester bien droite. Elle sait qu’il y’a un certain comportement à adopter en présence du jeune homme et qu’il n’apprécierait pas de la voir courir partout pour voir de ses yeux chaque détail du bateau. Elle se risque néanmoins à demander s’il acceptera de le pousser à toute puissance pour qu’elle puisse voir de ses yeux de quoi il est capable. « Si tu es vraiment sage… » Automatiquement, elle adopte une mine parfaitement angélique et se fixe intérieurement l’ordre de ne pas faire de connerie. « Et que tu ne tiens pas trop à ta coiffure. Il se pourrait bien qu’ON le pousse au maximum. » précise t-il, exit les propos sur ses cheveux, elle n’entend que le « on » qui veut dire « eux deux » qui veut dire « elle » elle s’empresse de joindre les deux mains et sans sauter sur place malgré l’envie qui fait trembler ses jambes « Elle s’exclame, je serais un ange, tu ne vas plus me reconnaitre. C’est promis ! » Elle lui sauterait presque au coup, mais au lieu de ça, elle se précipite vers le gouvernail quand il le lui demande, sans faire de détour pour ne serait ce qu’observer les voiles ou même les nœuds qu’il a décidé de faire. Elle file à son poste, en bon second. Rien qu’à observer la barre, elle se voit déjà en train de piloter. Elle s’attèle à suivre ses ordres et à bien vérifier que tout semble prêt pour le grand départ, ce qui est le cas alors elle ne tarde pas à réclamer une nouvelle mission. «Tu as vérifié que la barre est correctement installée ? » « Oui ! Elle l’est. » crie t-elle à son adresse en l’observant faire ses dernières vérifications avant qu’il ne revienne vers pour s’assurer qu’elle a bien tout l’après-midi devant elle et véritablement l’intention de partir. Bon, dans la pratique, l’expression d’enchantement de Lene suffit à répondre à cette question, elle en vient à comparer son invitation à monter à bord à l’intervention du prince dans les contes de fée. « J'espère que je suis le prince et non pas le cheval. » Soudainement, c’est le refrain de la chanson de la mécanophilie qui lui vient en tête, dans un rire, elle lui assure. « T’inquiète, c’est toi le prince. » Mais il fait tout d’même bien de demander la précision parce qu’en le lui assurant, elle s’est quand même posé la question de si elle était honnête ou si elle voulait juste lui faire plaisir. « Je crois qu’on est prêt. » A son annonce, elle ne perd pas de temps et pose ses deux mains sur le gouvernail. « Prête chef ! » Elle avait le regard vers le large, prête à sentir sous ses pieds le mouvement du voilier. Seulement derrière, lui avait quelques questions, probablement pour pouvoir jauger de son niveau et de son aptitude à l’accompagner elle suppose. Du coup, elle ne ment pas et même si le  « Ah oui quand même. » qui vient du cœur l’aurait vexé en temps normal, il n’en est rien et elle date son dernier moment à la barre. C’est assez facile de s’en rappeler, c’était quand elle avait accès aux bateau de papa. « Oui » admet –elle tout bas, un peu gênée, pour la première fois, elle sent vraiment l’écart de fortune avec lui, elle se ressaisit pour ne pas en avoir honte non plus, et puis elle précise, ça ne fait pas non plus autant de temps qu’elle n’est pas partie en mer. Elle tente de ne pas sursauter dès qu’il s’approche d’elle. La mention  « Ils ont tord - je suis sûr que tu es pourtant bien meilleure qu’eux. » la fait sourire en plus de lui faire plaisir, au moins elle assurée qu’elle n’est pas renvoyée. « J’avoue que ça m’étonne. Je te pensais capable de convaincre un homme de n’importe quoi… » Okay, là, il la flatte. Elle doit comprimer son égo pour qu’il ne gonfle pas trop. « Je peux convaincre un homme de jouer avec sa vie, mais me confier un joujou à sept chiffres, c’est une tâche plus ardue. » réplique t-elle,  non à chaque fois qu’elle avait réussi à faire son chemin sur une belle bête en jouant de relation, elle restait trop jeune, et une femme qui plus est. Critère décisif pour en conclure qu’elle ne sait pas manœuvrer. « Et puis, tous les propriétaires ne sont pas des jeunes adultes de vingt ans facilement abusable » fait-elle remarquer en faisant un clin d'oeil à leur relation d'il y'a dix ans, cela dit, elle ne regrette rien. « Témérité n’a pas bougé du port depuis 4 mois donc ça sera comme un double baptême. » « Yeaaah, sabrons le champagne. » dit-elle en applaudissant, même si dans la pratique, il est interdit de boire quand on est au commande. « Tu vas faire un discours ? » Elle aimerait bien ça, même si elle le taquine parce qu’elle sait déjà la réponse. « Pas de retour en arrière ? » Elle hoche la tête. Il est un peu train de faire monter le suspens là, parce qu’elle n’attend que ça, que le bateau démarre. Rapidement, elle commence à sentir le mouvement du bateau, son sourire s’agrandit de plus en plus. « Bon, est-ce que tu veux que j’anticipe et que j’aille déjà à la drisse pour tirer en arque la première voile ou tu préfères que l’on soit plus loin ? » demande t-elle avant de se répondre elle-même. « tu sais quoi, je vais y aller et tu n’auras qu’à me faire signe, on perdra moins de temps. » fait-elle remarquer en quittant le poste pour rejoindre l’avant du bateau aka son endroit préféré, où on sent le vent et où un mauvais pas peut vous foutre à la flotte.

Elle brûle d’impatience. Elle n’avait pas du tout prévu de passer sa journée en haute-mer à piloter un voilier (puis, pas un truc de pédé, on s’entend bien), la plage et ses vagues lui auraient suffi, mais en aucune façon, elle ne regrette ce changement de plan de dernière minute. Au contraire, c’est tellement quelque chose qui ne lui arrive plus d’avoir l’occasion de piloter que sa planche de surf n’est plus qu’un vieux souvenir maintenant et tout ce qu’elle attend, c’est que le moteur de ce gros bébé se mette en route pour lui montrer ce qu’il a dans le ventre. Elle est totalement à l’affut du moindre ordre que Gauthier pourrait lui donner tant qu’elle reste. « On dit capitaine voyons. » Il a raison. Elle croit déceler une once d’humour dans ses paroles, mais n’en est pas assez sûre pour oser en rire. « C’est vrai. J’ai jamais été très bonne avec les liens subordonnés tu sais ? » Là, c’est de l’humour aussi, mais va-t-il le voir ? Au lieu de ça, il s’inquiète de savoir depuis combien de temps elle n’a pas navigué (ou été aux commandes du moins). Ça date. Elle ne cherche pas à mentir, sur ce type d’affaire, ce n’est pas quelque chose qu’elle s’amuse à faire. Mais elle assume que c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. « Et bien on va rattraper ça aujourd’hui. » dit-il calmement, sans se moquer, ce qui la surprend étrangement parce que même s’il n’a pas le fond méchant, elle ne se serait pas attendu à ce qu’il ne dise rien et soit aussi … compréhensif. Elle est surprise mais plutôt que de le montrer, elle préfère lui sourire franchement, tout en expliquant qu’il lui ait quand même arrivé d’aller en mer, mais jamais sans l’autorisation de toucher à quoi que ce soit. « Les hommes, ces poules mouillées. » « T’as vuu ? Comme si j’allais forcément foutre leur appareil en l’air. » Elle lève les yeux au ciel, avant d’hausser les épaules en donnant l’explication qui explique bien sûr le comportement de tous les hommes macho et qui ont la conviction qu’une femme sait bien moins faire (selon elle). « Mais bon, ils devaient avoir un p’tit pénis et compenser en m’empêchant de faire ce que je veux. » Oui, c’est sûr. Ça explique tout. Evidemment, Gauthier, ce n’était pas pareil, ce qu’elle justifie quand il s’étonne qu’elle est pas été en mesure de convaincre qui que ce soit. « Tu avoues donc que tu as abusé de moi ? » Elle a l’air prise sur le fait. « Peut-être. » Son sourire devient légèrement plus coquin. « Fais-moi un procès, j’aurais les apparences de mon côté. » Oui, parce que si leur différence d’âge ne se remarque plus aujourd’hui, à l’époque, elle était bien plus marquée et aurait pu donner lieu à quelques questionnements. Cependant, n’ayant jamais été plus que des copilotes et plus si affinités, rien ne s’est passé. De toute manière, Lene n’a jamais eu l’air d’être de ces nanas que l’on force à faire quelque chose contre son gré. Le bateau semble prêt à partir. L’excitation grimpe en flèche chez elle. « Je crois que je vais te laisser cet honneur. Il me semble que tu es plus douée avec les mots. » dit-il lorsqu’elle lui suggère de faire un discours pour baptiser ce bateau une deuxième. Pas franchement inspirée elle se contente de dire « Amen ? » en espérant que ça fasse l’affaire pour cette fois. Elle est plus loquace que lui, mais pas à ce point. Le voilier part. Elle sent le mouvement, et ça n’arrête pas tout l’agitation qu’elle ressent en elle. Diantre, elle ne pense qu’au moment où il sera à fond. A ce propos, elle propose de se rendre déjà à l’avant du bateau pour hisser la voile une fois partis. A son regard, elle comprend qu’elle n’a pas besoin de son approbation, ou du moins, qu’elle l’a. Elle rejoint son poste sans trop de mal, sans résister à la tentation d’aller observer les vagues qui frappent la coque du bateau, ce serait un peu cliché mais elle crierait presque qu’elle est la reine du monde, sauf que son sérieux l’oblige à attraper déjà la corde qui tient la première voile, et au signal de Gauthier, elle la tire pour la déployer. C’est peut-être maintenant qu’elle se rend compte qu’elle est rouillée est qu’elle manque de force dans les bras, mais le travail est fait, et son nœuds noués, elle lève les yeux vers Gauthier qui lui adresse un « Fais-toi plaisir. » signe – elle l’espère – qu’elle n’a pas besoin de son autorisation pour le reste. Elle se faufile jusqu’à son nouveau poste et accomplie le même exercice, toujours avec une légère difficulté. « Bâbord » Elle se baisse, immédiatement, elle garde au moins le réflexe de se garder en équilibre quand le bateau vire de bord, si elle a ça, c’est le principal. Une fois stabilisé, elle se redresse et en profite enfin pour jeter un coup d’œil à ce bateau qui avance droit devant et ne pense qu’au fait que c’est en partie grâce à elle. Il y’a des papillons dans son estomac tandis que le vent se faufile dans ses cheveux. Elle reste néanmoins à l’affut d’un éventuel quelque chose qui se passe mal, mais le bateau a quitté le port sans problème et après un temps d’attente, elle se dit que rien de mal ne peut se produire. « On le pousse ? » Elle n’attendait que ça, qu’il le propose. Elle ne voulait pas se faire pressante mais son grand sourire et ses airs d’enfant toute joyeuse suffisent à répondre à sa question. Un geste de leur part suffit et la voile vire, augmentant ainsi la vitesse de l’appareil. On pourrait totalement dire que c’est de l’adrénaline qui se déverse dans le corps de Lene, elle retient une envie naturelle de rire face à cette sensation d’être presque emportée par le vent et de flotter, l’air marin dans les narines. Diantre, c’est totalement ça son Disneyland. Mais, le corps de Lene a ses limites, et peu à peu, elle relâche la voile et graduellement, la bateau reprend son rythme de croisière. « Grisant non ? » « Totalement. » dit-elle en riant, elle regrette sincèrement cette tempête qui l’a amoché parce qu’elle pourrait ne demander qu’à faire ça tout l’aprem. « J’ai l’impression de voler quand on fait ça. » Oui, ça semble être une réplique de gamine mais si c’est ainsi qu’elle se sent, elle a un peu honte après l’avoir partagé cela dit. « Ca te dit de plonger un peu ? Je dois avoir masque, tuba et les palmes de Théodora pour toi. Vous devez avoir à peu près la même taille. » Elle ne va sûrement pas dire non à ça non plus, en plus en haute mer, c’est tellement plus excitant d’y nager. « Bien sûr ! Fais péter le scaphandre. » dit-elle tout en le suivant alors qu’il part chercher les affaires susnommé. Elle a vite fait de retirer ses habites pour être en maillot de bain dès qu’il lui tend palme & masque. « Mais, ça va, t’es pas trop peur de laisser ton bébé sans capitaine un instant ? » Oui, elle se permet de demander. A vrai dire, elle pense au fait qu’ils ne sont que deux et qu’il vaut mieux qu’il y’ait pas de problème. Elle saisit à la suite le tuba qu’il a dans les mains. « Je te laisse me rejoindre ? » Et sans attendre, elle file déjà à l’eau.

Elle ne nie pas. C’est un sujet sérieux en société, mais l’idée que ce soit elle qui ait pu abusé de l’esprit un peu faible d’un jeune Gauthier en découverte des plaisirs de la chair l’amuse vraiment. Pour elle, ce genre de fait montre qu’une femme est tout aussi capable qu’un homme et représente un vrai plaidoyer contre les apparences qui pourtant iront dans le sens inverse de cette vérité. Et puis, ça lui donne un petit côté dangereux qui la flatte un peu alors l’air coquin, elle décide de le provoquer en lui suggérant un procès. Heureusement, le sérieux avait quitté cette conversation depuis bien longtemps. « Sans doute, mais toi et moi on sait maintenant. » qu’il se contente d’ajouter avant de revenir à ses affaires, elle le regarde faire sans rien ajouter, garder son sourire fait l’affaire. Le bateau prêt à partir et met les voiles après que Lene lui eut offert le discours de – second – baptême le plus cours de l’histoire de la navigation (du moins elle pense, elle n’est pas allée vérifier) Le démarrage lui met un peu de pression, ça, ajouté à l’excitation du départ et celle de pouvoir enfin piloter un de ces engins. Le port disparait assez rapidement de l’horizon, c’est une sensation très grisante pour la jeune femme de se sentir perdue au milieu de nulle part, uniquement entourée par l’Océan et sans terre à l’horizon. C’est l’amour du risque que la jeune femme ne peut s’empêcher de ressentir et alors qu’elle commence à bien s’amuser, Gauthier enchérit en proposant de pousser le bateau à fond, ce qui bien sûr ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde et très le voilier est poussé à vive allure à travers les flots, Lene rit tandis que le vent bat son visage et que l’adrénaline parcoure tout son corps, c’est vraiment quelque chose qu’elle aime, et qu’elle ferait durer si elle n’a aujourd’hui des limites à ses efforts physiques. Sa force lâche, Gauthier semble suivre le même mouvement et petit à petit, le rythme de croisière est revenu. Ce n’est pas pour autant que Lene retrouve son calme. Elle a la bougeotte et toujours la même envie de se dépenser ou faire quelque chose, même si Gauthier ne lui avait pas proposé un peu de plongée, elle se serait déjà jeté à l’eau pour nager un peu. Il ne faut d’ailleurs pas longtemps après la proposition faite pour que la jeune femme fasse valdinguer tous ses vêtements pour être en maillot de bain, le temps que Gauthier revienne avec tous l’appareillage, la question, va-t-il la suivre se pose. « Je ne suis pas du genre papa protecteur. » dit-il d’un ton calme, le même sourire que celui qu’elle arborait plus tôt revient. « Je vois, ça doit être pour ça que tu me laisse toucher à tes affaires alors. » Elle le charrie, avant de couper court à la conversation en se jetant à la mer sans se soucier ni du soleil, ni de la force du courant. Voyons, tout c’est bien trop surfait pour elle (ironie) Aussitôt à l’eau, elle pose quand même la question de savoir ce que Gauthier fait, avant de finalement se mettre à voguer à ses propres occupations et à essayer d’apercevoir quelque chose. Elle regrette un peu de ne pas avoir de lampe avec elle, elle aurait pu observer les fonds marins de plus loin. Une secousse vient à la prévenir qu’elle vient d’être rejointe, elle en profite pour retirer sa tête de l’eau ainsi que son masque. « Ne t’éloigne pas trop tout de même. » « Je croyais que tu n’étais pas du genre papa poule » réplique t-elle avant qu’il ne plonge pour aller à ses affaires, geste qu’elle accompagne en partant observer dans son coin. Plus que de regarder des poissons, ce qu’elle apprécie, c’est vraiment la nage, c’est affolant comment on se sent comme un poisson une fois qu’on a le matériel. . « Lene ? » Elle n’était pas sûre, mais le doute d’avoir été appelée la fait remonter à la surface. Elle observe Gauthier, se demandant s’il y’a un soucis, s’il n’a pas été piqué par une méduse. « On dirait bien que c’est des dauphins non ? » dit-il en pointant du doigts une direction d’où elle entraperçoit quelque chose. Et bien, si c’en est pas un, ce sera certainement le plus gros poisson volant qu’elle ait vu de sa vie. Elle écarquille les yeux en essayant d’en voir plus. « Tu veux qu’on s’approche ? » Il veut dire à la nage là ? Non, Gauthier est suffisamment grand pour savoir qu’ils n’y arriveront pas, eux, pauvres humains. « Je veux bien essayer, on remonte du coup ? » Son masque reposé sur son nez, elle se remet à nager vers le voilier, elle retire ses palmes qu’elle place sous son bras avant de revenir à bord en grimpant à l’échelle, suivi de son acolyte. Le matériel posé à terre, elle essore ses cheveux avant de demander. « On essaiera quand même de ne pas trop les déranger, c’est beau comme espèce mais j’suis pas à l’aise à l’idée de le perturber. » admet t-elle, en sachant pertinemment que la carte amie des animaux ne lui va pas du tout. Alors que Gauthier sort de l'eau, elle range tout d'même son bordel - ou du moins elle rammasse masque, tuba & palme de sur le sol - et se rend compte que son dos la tire, elle se relève et y passe sa main en se rendant compte que le soleil a du lui laisser un souvenir. «fuck, j'ai encore oublié de protéger ma peau. » Elle jure, un peu pour rien parce que bon, elle en a vu d'autre.

Elle charrie. Ses réactions sont amusantes parce que justement, il n’y en a aucune. Il s’enfuit sous l’eau, tandis que Lene le regarde faire, amusée. Le reste de l’heure s’écoule tandis que tous les deux observant les fonds marins (enfin, pas tout à fait) chacun de leur côté. Jusqu’à ce que Gauthier attire son attention sur un groupe de dauphin, plus loin, rapidement, la décision de remonter à bord pour s’en approcher est prise. Les créatures marines font parties des rares pour lesquels Lene a de l’estime, ou du moins, un instinct de protection. Avant qu’il y’aille, elle veut au moins s’assurer qu’ils s’efforceront de ne pas les perturber. « La défense des animaux ? Encore une nouvelle facette de ta personnalité. » Sa remarque fait mouche. Il est vrai que, depuis l’Angleterre, la jeune femme a évolué, mais certainement pas changée. « Oula, je t’arrête tout d’suite. Je suis toujours pas le genre à partir m’attacher à un arbre pour protester contre l’extinction des écureuils ou bien à aller des conférences pour dire que bouffer des graines, c’est mieux pour la planète. » Réplique-t-elle avant de s’adoucir. « Je respecte juste certains écosystème. Celui-là en fait partie. » C’est vrai que ça peut être surprenant. Après, l’amour de Lene pour l’océan ne l’est pas. . « Ne t’inquiète pas, si on les ennuie ils nous le feront vite comprendre. » Il a raison. Elle se contente d’acquiescer à cette remarque. « Tout l’océan est à eux. » Elle n’a pas non plus avoir de la fille qui s’intéresse à ça, elle trouve ça trop niaiseux alors elle préfère se taire. De toute, une sensation de tiraillement dans son dos se fait sentir et clos le débat. Elle réalise qu’elle n’a encore pas fait attention à elle et que le soleil a eu sa peau, au sens propre. Pourtant, ce n’est pas faute d’y être exposée à longueur de journée, il y’a quand même du sang australien dans ses veines. « J’aurais pu te prévenir, mais je serais encore passé pour un papa poule. » Mouchée. Elle le regarde, l’air un peu choquée. « Es-tu en train de me dire que c’est bien fait ? » rétorque t-elle en le cherchant un peu. Elle se contorsionne un peu dans tous les sens pour pouvoir toucher du bout des doigts l’exact endroit où le soleil l’a tapé. C’est pourtant pas bien difficile. Il l’a fait partout. « Je reviens. » Elle s’interrompt pour observer Gauthier qui disparait, avant de revenir à ses moutons pour déterminer si le niveau de douleur sera supportable. Au pire, faudra qu’elle fasse gaffe à ne pas se mettre sur le dos cette nuit. « J’ai de l’après soleil - et tu ferais peut-être mieux de remettre ton T-shirt. » Elle se saisit du tube, et bien obéissante, de son tee shirt aussi pour le remettre plus tard. Evidemment, le dos est genre l’endroit le plus chiant à atteindre. « Un coup de main ? » « Oui, s’il te plait. » dt-il en se dirigeant vers lui avec le tube, elle relève ses cheveux pour lui faciliter la tâche. « Comment ça se fait que toi t’as rien ? C’est moi l’australienne, c’est moi qui ne devrait pas avoir de problème avec le soleil. » fait-elle remarquer avant qu’un frisson provoqué par les mains de Gauthier ne la fasse taire, elle se racle la gorge en espérant qu’il ne l’a pas senti, si ce genre de contact était une habitude d’avant, c’est bien étranger aujourd’hui, maintenant qu’ils sont devenus des adultes. Le massage terminé, Lene ne tarde pas à remettre son tee-shirt, comme il lui a conseillé. « C’est bête en plus, d’habitude, j’ai toujours ma combi. » Très bête, surtout que Gauthier ou non, à la base, elle avait quand même prévu de passer son après-midi à l’extérieur. « Alors, ces dauphins ?! » demande t-elle en tapant dans ses mains, elle a envie d’aller voir et comme un coup d’fouet, elle vient donner un coup de main pour manœuvrer le bateau un peu plus loin. Ceci fait, elle s’empresse d’aller s’installer à l’avant du bateau et s’assied pour pouvoir observer les mammifères. Elle garde le sourire en les observant. Lene n’a jamais été du genre à tolérer de voir ces animaux en captivité, mais là, en pleine nature, elle apprécie le spectacle et regrette même presque de n’avoir rien à leur donner. Elle parait détendue. Elle ne dit rien, parce qu’elle n’a rien à dire et parce qu’elle ne veut pas faire peur. Elle est juste un peu déçue quand ils s’en vont, mais ne le montre pas, ça fait un peu trop fille à son goût. « Tu veux visiter l’intérieur ? » coupe alors Gauthier quand elle se dégage de son emplacement. C’est vrai qu’elle n’a même pas osé demandé à faire la visite entière du voilier (sans doute parce que les éléments moteurs l’intéressent plus que la déco) mais, elle accepte. « Sure ! Je t’ai même pas demandé de me faire faire le tour du propriétaire en plus. Je te suis. » Il passe devant, elle fait ce qu’elle a dit. Une fois à l’intérieur, elle laisse échapper toute son admiration. « Et ben, ça a plus de gueule que mon appart. » En même temps, rien de surprenant là-dedans. L’appartement de Lene n’est pas du plus bel effet, quant à ce bateau. Elle finit par prendre place sur une banquette après avoir fait le tour qui n’est pas si long que ça à faire. « Tu sais que, si j’étais à ta place, je passerais ma vie à cet exact endroit au milieu de l’Océan et je ne reviendrais plus jamais sur la terre ferme. »  

Elle n’avait pas été très maligne sur ce coup. Toujours autant excitée par le bateau, la sortie en mer, elle en avait oublié qu’elle n’était plus une enfant et qu’il lui fallait des réflexes d’adulte, comme par exemple celui de penser à se mettre de la crème solaire avant de sauter à l’eau sous un soleil brûlant. Mais Lene assume entièrement son côté un p’tit peu trop spontanée, même si son dos tend à lui montrer qu’elle devrait songer à être responsable. . « Ce que je dis, c’est qu’il faut utiliser un peu cette caboche, au lieu de sauter à l’eau sans réfléchir. » Gauthier a vraiment l’air d’un papa en lui disant ça, ce que ne tarit pas l’amusement de la jeune femme à le taquiner dès qu’elle en voit l’occasion. Elle se retient cependant d’ajouter quoi que ce soit cette fois-ci, elle ne voudrait pas qu’il ne change d’avis et la laisser se démerder avec la crème pour son dos, alors elle reste sage en se dirigeant vers lui avec le tube. Elle ne manque pas de s’étonner que lui n’ait rien, après tout, elle y passe sa vie au soleil, son corps devrait être habitué. « Parce que je suis un bonhomme moi. » Elle s’esclaffe, un peu malgré elle, elle ne s’attendait pas à cette réponse. « Ou parce que je sais utiliser de la crème solaire au choix. » C’est qu’elle s’attendrait presque à ce qu’il lui fasse la leçon, si ça avait été quelque chose entre eux. Durant le temps où il s’occupe de couvrir ses brûlures, elle redevient muette et immobile. Ce contact rapproché un peu soudain ne lui épargne pas une réaction, mais le moment est bref et rapidement, ils retournent à leur projet d’aller admirer les dauphins, quelque chose avec lequel Lene n’est pas hyper à l’aise pour des raisons évoquées plus haut, mais la curiosité et la rareté du spectacle font que très vite, on les retrouve côte à côte à admirer les mammifères marins dans le silence. Elle ne commente rien du spectacle, pas un mot. Dans ces moments, elle sait qu’il vaut mieux être silencieux, et elle connait assez Gauthier pour savoir qu’il est de cet avis. A nouveau seuls – les dauphins sont partis – il lui propose un tour du propriétaire, surprise mais curieuse, elle accepte sa proposition, elle serait ravie de voir à quoi ressemble ce bijou de l’intérieur. Elle le suit jusqu’à l’intérieur, et ne s’épargne pas le moindre commentaire qui, elle le sait, pourrait plutôt mal passer si elle s’adressait à quelqu’un d’autre ignorant son absence de filtre. « J’avoue c’est pas mal. » Sa tentative d’humilité est assez flagrante et amuse beaucoup la jeune femme sur le coup, elle n’hésite pas à lui adresser un regard signifiant qu’elle a bien vu qu’il se forçait à être modeste. Elle n’ajoute rien, si les rôles avaient été changés, elle serait pire. Elle furette un peu partout, avant de s’asseoir sur une banquette, faisant part de ce qu’elle ferait si elle avait sa chance. « C’est tentant parfois je l’avoue. » Elle n’hésiterait pas. Elle n’arrive même pas à se trouver une bonne raison de rester sur terre, chaque personne qu’elle connait reste très remplaçable à ses yeux et peu importe que ce soit par du vide. Elle esquisse un sourire, taisant ses pensées. « Mais que ferais ton taxi sans toi ? » Elle réprime un rire. Effectivement, que deviendrait cette carcasse de voiture sans elle ? C’est très ironique que ce soit un tas de ferraille proche de la casse qui puisse représenter son unique attache. « Je pense qu’il filerait à la casse, mais t’as raison, je l’épuiserais jusqu’à sa mort puis je partirais en mer. » Hum, voilà qui semble être un bon plan. « Tu as soif ? » « Yup ! » dit-elle automatiquement, elle tend les mains pour attraper la bouteille qu’il lui tend, ça ne parait pas mais l’air marin assoiffe très vite. Contrairement à lui, elle s’évertue à ne pas la finir trop vite. La journée n’est pas terminée. « C’est sympa, de t’avoir croisé aujourd’hui. » Elle se tourne vers lui pour lui répondre « Oui, je … » Elle ne finit pas sa phrase que ses lèvres attrapent les siennes au vol, elle ne le repousse pas, bien au contraire, elle accueille ce geste avec envie jusqu’à ce qu’il se termine. Elle ne prend pas le temps de finir sa phrase et se contente de paraître amusée. « Je ne pouvais décemment pas te laisser partir sans me remémorer ce bon souvenir. » dit-il en reprenant une distance correcte d’avec elle, elle ne le quitte plus des yeux avant de lui avouer « C’est pas grave. J’ai aimé ça. » Sous-entendu qu’aucune offense n’a été fait. Ils ont toujours joué à ça. Elle le laisse s’éloigner et reprend une gorgée d’eau avant de se lever à son tour. « On y retourne ? Tu voulais naviguer non ? » « Oui. » dit-elle sûre d’elle, elle souhaite retourner sur le pont et passer un peu plus de temps à commander ce bijou qu’elle ne l’a déjà fait. « Si ça t’intéresse, on peut se rapprocher des côtes, il y’a des pointes et c’est plutôt beau à voir quand le soleil se couche. Mais on a encore un peu de temps, donc on peut repartir à la poursuite de dauphin ou du kraken si tu veux. » Elle fait ses propositions tout en prenant le chemin pour revenir à l’extérieur. « Après si tu avais des envies spéciales en prenant le bateau ce matin, on peut faire ça aussi. » Qu’importe pour elle, il lui a promis qu’elle pourrait toucher aux machines donc.

Et non, la journée n’est pas terminée et malgré le côté très agréable de cette petite pause dans la cabine, Lene souhaite se remettre en route pour pouvoir continuer à profiter du privilège qu’elle a d’être à bord de ce voilier. Elle se dit qu’elle a tout intérêt d’en profiter à fond plutôt que de flirter, parce que malgré l’attachement que Gauthier doit lui porter, elle ne pense pas que le genre d’opportunité qu’il lui offre soit valable pour chaque weekend. Et elle le comprend, bien évidemment. Elle propose comme prochaine escapade de se rapprocher des côtes pour les observer, s’il a des jumelles – ce dont elle ne doute pas – elle pourrait presque lui faire découvrir la faune locale. Mais ça, il reste le capitaine du navire, et où il va elle ira. « Ah-ah. Je m’en passerais je crois, je tiens à ce que mon bateau reste en une pièce. Et nous aussi à bien y réfléchir. » « Quel dommage ! Je remettrais donc mes ambitions de pirate à plus tard ! » Dit-elle en plaisantant, évidemment, la piraterie d’aujourd’hui n’avait rien à voir avec la recherche de créatures fantastiques de fond marins. « Rien de spécial, je pensais profiter un peu de la nature et de naviguer, je n’ai pas pu le faire pendant plusieurs mois avec mon bras. » Tiens donc ! Elle a le réflexe d’observer ses deux bras et n’avait remarqué qu’il avait l’air de peiner avec l’un. Cela dit, s’il était là, c’est qu’il était rétabli. Il répond néanmoins à son air étonné. « Fracture du bras, d’où le baptême aujourd’hui » « Oooh, je vois. » dit-elle, toujours surprise que pour le coup, il ne célèbre pas ça en famille. Quoique, ça l’arrange elle aussi. Elle ne serait pas là sinon. « T’es tombé de vélo ? D’une montagne ? » Okay, elle est un peu curieuse. Elle lui demande aussi un peu pour le taquiner. « Mais, on ira molo. Déjà, plus de vitesse hyper rapide. Je ne pense pas que ça te fasse beaucoup de bien. » Non, elle avait vu avec elle déjà, l’effort avait été difficile. Après, elle avait beaucoup perdu en force. « J'avais dans l’idée d’aller du côté de Green Island pour le couché de soleil. Si on part maintenant on devrait pouvoir y arriver à temps si ça te tente, les lagons sont magnifiques par la-bas. » Green Island. L’idée parait bien, mais étant donné qu’elle est plus proche de Brisbane, Lene a souvent l’habitude de traîner dans le coin (enfin, quand elle est sur le bateau d’un de ces monsieur m’as-tu vu qui ne la laisse pas touché aux commandes) « Et avec ce temps, il serait dommage de ne pas profiter du vent. » Justement, elle a une autre idée. « En effet, du coup, je te propose qu’on aille plus loin. Plus que ce soit plus amusant » dit-elle, prête à faire son speech de vente. « Je pense que l’on devrait aller sur St Helene, j’adore les côtes là bas et j’ai moins souvent l’occasion d’y venir. » explique t-elle, puis, c’est beau et s’il arrive en avance, il y’a moyen d’y refaire un peu de plongée et d’y voir quelque chose. Elle joint les deux mains, prête à le supplier avec un minois de chien battu. « Allez, dis oui, steuplait, steuplait, steuplait. »