La curiosité la pousse à poser des questions, pourtant très anodines aux yeux de Lene qui ne pense pas une seconde à ce qui se cache derrière les affirmations de Gauthier. « Quelque chose comme ça oui. » dit-il alors qu’elle lançait des motifs de chute, plus pour se moquer une peu gentiment de lui, du moins pas très sérieusement. Elle préfère le taquiner, c’est plus amusant. « Je suis tombé bêtement. » « Et bien, j’aurais aimé voir ça. » Elle se moque, mais en même temps, Gauthier qui est toujours en contrôle de tout, de son apparences, de ses mots, de ses gestes, le voir tomber doit être un spectacle qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie. « Enfin, pas parce que tu t’es fait mal mais, je demande à te voir faire un truc bête un jour. » Elle se corrige, elle ne veut pas non plus qu’il pense qu’elle lui souhaite du mal, ou qu’elle l’ait dit méchamment. Elle se rattrape vite en promettant qu’ils n’iront pas trop fort, et qu’elle ne lui demandera pas une seconde fois de risquer de se faire mal en tirant la voile (bon, et aussi parce que le faire ne l’épargne pas elle non plus) « Et c’est moi qui suis papa poule ? Ne t’inquiète pas, je suis solide. » Mouais, elle ne rigole tout d’même pas avec ça, bien que paradoxalement en ce qui la concerne, elle est du genre à minimiser l’impact de ses blessures à la vue des autres. « Mais si tu es trop fatiguée alors on peut y aller molo. » Elle se demande si l’espace d’un instant, il n’essaie pas faire en sorte d’échanger les rôles, pour que ça soit pour elle qu’ils fassent attention. Cela dit, ce serait préférable. « Je ne suis pas fatiguée mais je ne suis pas aussi forte que toi, si tu te fais mal, j’aurais mal à remettre la voile toute seule. » Elle a envie d’être un bon second, mais malgré tout, il reste une différence physique entre eux qui fait qu’il est plus efficace qu’elle sur certain point. Heureusement, la géographie des îles environnante n’en est pas. Ayant grandie ici, les connait toutes et souhaite s’aventurer plus loin que ce qu’il lui propose. « Je t’écoute tu penses à quoi ? » Grand sourire. Ça lui fait plaisir qu’il daigne au moins écouter ses recommandations. Elle lui propose l’île St-Hélène, donc elle est convaincue, sera tout d’même cent fois plus intéressante à visiter que celle qu’il propose, bien que plus loin, là est l’inconvénient. Elle n’hésite pas à le supplier en utilisant sa moue de chien battu. « Bon d’accord, d’accord, ne perdons plus de temps alors. » Yes ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! Lene s’installe à la barre et commence à suivre le cap indiqué par Gauthier. Elle se tient plutôt fière aux commandes, un bateau de cette taille reste très exaltant pour la demoiselle qui très obéissante à chacune des directives de son capitaine. La distance est longue de leur point de départ, mais après une pause, ils finissent par y voir le bout et à y être arrivés. « Je vais amarrer ici, je ne voudrais pas abîmer le bateau. » Elle acquiesce, le laissant prendre soin de cette opération tandis qu’elle se place sur le pont, là d’où l’île parait encore plus paradisiaque de là où on l’observe. Le soleil. L’eau claire. La chaleur. C’était vraiment le genre de paysage qui manquait à l’Angleterre. « On pourra se rapprocher à la nage si tu veux. » propose t-il, enne n’y voit pas d’objection, hormis peut-être le fait de laisser le bateau là, mais elle s’épargne la réflexion. « Oui, c’est plutôt proche, je pense qu’on aura pas de mal. » A vue d’œil, non. Lene est une bonne nageuse et les courant ne semble pas trop fort aujourd’hui. « Si on est chanceux, on pourrait croiser des tortues de mers, je sais qu’elle viennent pondre sur l’île. » « Dis donc, les dauphins, les tortues, tu me réserves quoi pour la suite ? » C’est vrai que là, il lui avait quand même réservé un vrai programme pour plaire aux filles. Mais, elle avait vraiment envie d’aller voir ces tortues, peut-être même en observer sous l’eau s’ils sont chanceux. Sans discuter, elle a vite fait de retirer à nouveau ses vêtements pour être en maillot de bain, elle ne manque pas de toucher son dos, pour sentir si ses brûlures avaient arrêtées de faire mal. Alors qu’il se jette à l’eau, prête à le suivre, elle retient son geste. « Attends ! Est-ce que tu veux que je prenne ma planche, je peux te faire un cours de surf pour débutant si ça t’intéresse ! » Après tout, la planche est là, elle lui en avait parlé lors de leur précédente rencontre et elle ne sait pas quand aura lieu la prochaine.

« Charmant… » Il est vrai que, la manière dont elle exprimée laisse un grand doute quant à ce qu’elle voulait dire. Loin d’elle l’idée d’être méchante – pour une fois – elle se reprend rapidement après pour préciser sa pensée à Gauthier. Bon, maintenant, il a plus l’air de la trouver idiote qu’autre chose, mais en soi, ça doit être une amélioration non ? « Et j’ai bon espoir que ça n’arrive jamais. » Elle lui jette un regard plein de défi, du genre à le défier de ne pas flancher un jour sous ses yeux. Elle sait qu’il est du genre control freak, mais tout l’monde a des jours où rien ne va right ? Elle n’ajoute rien, c’est vrai que la conversation est un peu stupide, et puis, le pilotage du bateau alors Lene oublie un peu tout pour se mettre au travail. C’est maintenant le grand moment qu’elle attendait où Gauthier la laisse piloter toute seule (ou presque, il n’est pas complètement inconscient non plus) et elle en est plutôt ravie, à un point qu’elle se montre sage, exactement comme promis, répondant tout d’même aux conseils de guidage de Gauthier bien que leur trajectoire manque de beaucoup de précision. De toute manière, fait à l’instant, c’est tout d’même bien plus excitant. Arrivé à bon port – ou pas parce que, y’en a pas – les plans pour rejoindre l’île commence à prendre forme et Lene suit Gauthier dans ses intentions de la rejoindre à la nage. Il parle d’aller observer des tortues, ce qui ne manque pas d’amuser Lene quand elle se rend compte que leur sortie est presque digne d’un téléfilm signé Disney, sauf qu’elle n’est pas niaise et que Gauthier n’a rien d’un One Direction. « Ce que la nature veut bien nous donner. » Si ça, ce n’est pas une remarque de beau parleur. « Tant que c’est pas des méduses. » ajoute t-elle un brin sarcastique, après tout, le risque est là et disons que c’est pas la chose la plus sympa que de se faire piquer (quoique, elle en a tellement l’habitude maintenant). Elle se retient à la dernière minute de sauter à l’eau pour le rejoindre, le souvenir de sa planche de de surf lui revient subitement et puis, quitte à aller sur une plage, autant en profiter non ? Elle propose donc de la prendre, si bien sûr ça l’intéresse d’en faire. « Oh je suis pas si débutant ! » dit-il outré, pas si débutant, peut-être, mais tant qu’elle ne l’a pas vu à l’œuvre, elle continuera à le penser aussi doué qu’une mamie atteinte de polyarthrite. « Mais oui avec plaisir ! Il me semble que ça faisait partie de notre deal initial. » Elle sourit avant de se précipiter pour aller chercher sa planche qu’elle avait laissé sur le pont depuis le début de la journée. Aussitôt en main, elle s’empresse de jeter la planche à la mer (en essayant bien évidemment de ne pas assommer Gauthier) et le rejoint à l’eau. Une fois plus proche de la plage, il commence à se saisir de la planche « Je te montre de quoi je suis capable ? » dit-il, prêt à grimper sur la planche. « Je t’en prie, fais toi plaisir. » Surtout qu’au final, ça lui évite à elle de se trimballer la planche plus longtemps. Elle se dépêche à rejoindre la plage tandis qu’il s’attarde à trouver la bonne vague. Assise dans le sable, elle l’observer se vautrer dans l’eau avec beauté. Elle ne peut s’empêcher de rire en le voyant revenir. « Je crois que tu as eu ce que tu voulais, elle était magnifique cette chute non ? » Elle frappe dans ses mains, pour tout de même le féliciter de l’initiative. « Parfaite ! Mais, je te félicite quand même, tu as tenu dessus plus longtemps que ce que je pensais. » « Je peux faire mieux que ça, le temps que je m'habitue à ta planche. » dit-il en reposant la planche à ses côtés. Il a tout d’même l’air de vouloir se défendre de cette chute. « T’en fais pas, j’ai pas mis de wax dessus depuis un moment donc, c’était pas les conditions optimale. Mais je t’aiderais à travailler l’équilibre. Si on allait voir ces tortues d’abord ? » Elle a les mains jointes, c’est un truc qui la botte bien là maintenant. Elle se redresse et retire un peu du sable qui a séché sur elle avant de s’emparer de sa planche et de prendre la direction de la forêt qui borde la plage. « Je pense qu’on va quand même essayer de ne pas trop s’éloigner. »

C’est le moment de l’exploration, dès que Gauthier revient vers elle après avoir tenté de faire le brave sur sa planche, elle se relève de sur le sable, prête à partir à la conquête de cette île. Ses intentions ne vont tout de même pas au-delà de ses ambitions puisqu’elle lui dit rapidement qu’elle préfèrerait qu’ils ne s’éloignent pas, déjà parce que contrairement à lui, elle ne reste pas ouf rassurée de laisser son bateau tout seul et puis, parce que s’ils s’éloignent, ils n’auront pas de temps à passer à la plage, ce qui serait vraiment dommage pour elle. Sa planche sous le bras, elle ouvre le chemin, faisant bien attention où elle marche car après tout, mars est dans la période d’éclosion et on ne sait jamais. « Tu veux que je la prenne ? » demande alors Gauthier au sujet de sa planche, elle le regarde de haut en bas, effectivement elle serait moins contraignante pour elle que pour lui mais sa fierté l’oblige à refuser son offre. « C’est gentil, mais t’inquiète. Je suis capable de tenir pendant des kilomètres avec ça sous le bras. » lui assure t-elle en replaçant la planche sous son aisselle correctement, il ne faut jamais sous –estimé sa détermination. « De toute façon je pense qu’on ne pourra pas aller loin avant d’être dans le parc national. » Exactement. Raison de plus pour qu’elle garde sa planche, ils n’iront pas loin quoi qu’il arrive. « On s’arrêtera quand on verra des clôtures. » dit-elle n’ayant aucunement l’intention d’entrer dans ce parc, à cette heure de la journée ce serait du gaspillage d’argent et de toute manière, ils n’ont pas caché d’argent dans leur maillot de bain. Leur marche dure plusieurs minutes pendant lesquelles un bel aperçu de la flore locale s’offre à heure, mais aucune trace de la faune. Elle ne dirait pas qu’elle est déçue, mais bon elle se sent bête de l’avoir amené jusque-là pour rien au final. « On dirait qu’on ne peut pas avoir de la chance pour tout. » lâche finalement Gauthier face à une Lene un peu boudeuse, qui finit par revenir sur ses pas à ses côtés, jusqu’à ce que finalement une petite tortue traverse devant eux « Oh ! Regarde » dit-elle en pointant l’animal du doigt. Il se passe bien un bon moment pendant lequel Lene observe l’animal partir loin d’eux avant qu’il ne reprenne leur route vers la plage. « Bon, on dira que c’était mieux que rien. » commente t-elle avant de reposer sa planche au sol et de contempler l’océan qui offre de sacrés bonnes vagues. « Bon tu me donnes ma leçon maintenant ? » C’est qu’il aurait presque l’air d’un enfant à qui on a promis Disneyland. Elle s’en étonne un peu. « On a encore quelques minutes avant que le soleil ne se couche, on en profitera depuis mon bateau. » « Okay. » dit-elle en reprenant sa planche en main pour la poser sur la sable, faisant bien attention au passage qu’il n’y ait aucun caillou en dehors et plantant ses ailerons pour ne pas les abîmer. « Bon, d’abord. Tu vas me montrer comment tu te lèves quand tu surfes. » lui dit-elle, avant de changer d’avis. « Ou plutôt, je vais te montrer un truc. » Peut-être même le défaut qui a causé sa chute. Elle s’allonge dessus, et rapidement se redresse pour être en position. « T’as vu ? » lui demande t-elle un peu par réthorique, parce que s’il ne sait pas où elle veut en venir, il ne verra pas. « Je recommence. » Elle se rallonge. « Tu vois, déjà une fois sur l’eau tu dois être bien installé sur ta planche, en plein milieu sinon t’auras pas d’équilibre. Tu te relèves en faisant basculer une de tes jambes arrières en avant, n’importe laquelle, c’est pas important de savoir si t’es gaucher ou droitier. C’est juste qu’en le faisant, tu ne dois pas poser ton genou sur la planche, sinon c’est mort. Comme ça ! » Elle lui remontre le mouvement, assez rapide pour se redresser et qui en soi est une sacrée prouesse acrobatique. « C’est une erreur de débutant qui peut resté très longtemps de faire ça, et comme ma planche est pas étanche. Ça fait ressortir le problème. » lui explique t-elle avant de lui céder la place. « Tu veux essayer ? »

Il ne leur reste pas tant de temps avant de devoir retourner à bord du voilier. Si Lene est ravie de faire cours et partager ses profondes connaissances en surf, elle essaie de le faire de façon pratique afin de ne pas perdre de temps alors qu’elle pense déjà avoir quelque chose à lui apprendre sans avoir forcément pu observer sa technique. Le genou posé sur la planche avant de se mettre debout, tout le – l’a – fait. « Oui, tu t’es levée. C’est bien. » Le petit sourire en coin, elle voit bien qu’il ne voit pas où elle veut en venir, ce qui risque de rendre les prochaines minutes intéressantes. Après avoir recommencé, elle ne cherche pas non plus longtemps à le faire deviner de quoi il en retourne et lui explique très rapidement ce qu’elle essaie de lui montrer. C’est une petite chose, mais elle ne peut pas faire de miracle en moins d’une demi-heure. Elle explique. Elle montre. Elle essaie de se montrer pédagogue, ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas sa première qualité même si ses jeunes années à enseigner au club de la plage lui a permis de faire des efforts, mais étant donné que Gauthier n’a pas l’air paumé ou rien, elle se dit qu’elle ne fait pas tout mal. « Je vois. » Elle incline le visage, comme si elle s’attendait à ce qu’il pose une question à ce sujet mais rien ne semble venir alors, pourquoi ne pas passer à la pratique ? « Allez. » Elle cède sa place. Les quelques minutes qui suivent servent à corriger le mouvement, vu que dans l’ensemble Gauthier n’est pas bête et a compris ce qu’elle essayait de lui faire comprendre, Lene n’a pas le temps de perdre patience et le cours se passe plutôt bien, comme quoi, elle ferait mieux d’enseigner aux adultes plutôt qu’aux poussins de la plage. « Je peux faire ça dans l’eau maintenant madame ? » Parlant de poussin. Cette façon presque enfantine de lui poser cette question la fait rire, elle dénote tellement de son attitude habituelle. « Je t’en prie. » Elle tend les bras vers la mer d’une façon théâtrale afin de l’inviter à aller mettre en pratique cet enseignement tout frais. Elle l’observe de loin, même si à cette distance, elle ne peut pas tout voir de ses gestes, elle pourra au moins dire s’il a appris quelque chose. Le premier essai se montre presque concluant, quand il tombe à l’eau, elle lui crie de prendre en compte que sa planche n’est pas waxé, et qu’elle peut être glissante, qu’il faut donc qu’il soit attentif. Elle n’est pas bien sûre qu’il l’ait entendu mais sait-on jamais. Le second essaie quand à lui se montre concluant, et tandis qu’il revient vers elle, elle garde le pouce en l’air et fait de petit applaudissement. « T’es pas si mal comme prof. » fait-il remarquer, comme si c’était surprenant. « J’ai été monitrice pendant mes jeunes années. » lui avoue t-elle en souriant, évidemment tout ça ne lui vient pas de nulle part, Lene a du apprendre à enseigner. « On retourne au bateau ? » Et bien, il semblerait qu’ils aient écoulé leur temps de plage pour la journée. Et elle les bras en sa direction pour récupérer sa planche. « Sure ! Je te suis, je vais pas être full rapide avec la planche. » lui dit-elle en avançant vers la mer avant de se jeter à l’eau. Elle décide de revenir vers le bateau comme elle fera si elle avait l’intention d’attraper une vague. Evidemment, quand elle arrive enfin à atteindre son point d’arrivée, ça doit déjà faire un bon moment que Gauthier est déjà là. Elle lui tend la planche afin qu’il la remette à bord pour qu’elle puisse grimper librement. Une fois revenue à bord, elle s’écroule presque sur le sol. « Goood, c’était crevant cette partie-là. » Elle souffle, fatiguée. Avant de se relever et de s’installer en position pour observer ce fameux coucher de soleil. « Et bien, je crois qu’on est prêt pour l’instant chill de la journée. »