Je suis, à ce que je comprends rapidement, loin devant Jameson, lorsque ma hanche cesse de fonctionner correctement. Je marque un temps d'arrêt et pose une main sur le côté, appuyant sur l'endroit douloureux et me penche en avant. Je souffle doucement puis reprends mon chemin, ne pouvant m'empêcher de boiter un peu plus sérieusement. Nul doute que Jameson va me faire une remarque. Mais pour l'instant, il ne s'agit pas de moi mais de elle. Je veux qu'elle parvienne à se réchauffer et c'est pour elle que je continue d'avancer, pour la pousser à en faire de même. Je pensais l'avoir distancer de plusieurs mètres lorsque je sens finalement ses doigts se refermer sur mon poignet.

Arquant un sourcil, je me tourne vers elle lorsqu'elle m'interpelle et lui sourit en l'entendant me dire qu'elle veut que je me ménage.  « T'inquiète pas pour moi Jaimie» la rassurais-je en lui tapotant l'épaule  « Je gères» Non. Non, je ne gère rien du tout. A chaque pas mon articulation envoie des vagues de douleur dans ma jambe qui remontent jusque dans le dos. Et vu ma démarche, je commence déjà maintenant à sentir mon genou, en plus. Ainsi donc, je décide de ralentir le rythme. Marcher permet aussi au corps de se réchauffer et cela avec moins d'impacts et de traumatisme pour les articulations.

Après un moment, mon amie me demande où j'ai mal, arguant avec le fait que je boîte comme un 'vieux con'. Je tourne mon regard vers elle, pensant instantanément à Kyte. Je secoue la tête et la pousse gentiment  « C'est qui la personne la plus âgée entre nous, hm ? Celle dont le corps ne sait plus se réchauffer correctement ou celui qui a juste un peu mal à la hanche après une chute de plus d'une mètre cinquante sur le sol. Hein ? Moi j'me le demande ...» répondais-je, effronté, en lui souriant, avant de soupirer doucement.

 « Enfin, ouais c'est la hanche qui a tout pris. La sensation est bizarre quand je marche comme si … comme si elle s'était déplacée et appuyait sur un nerf à chaque pas» dis-je en m'immobilisant  «A moins que ce soit le bassin qui ait prit un coup...peut-être les deux, j'en sais rien » je soupire et me remet en route, plus lentement  « Au moins je sais comment mes papy et mes mamy peuvent se sentir lorsqu'ils se plaignent de leur arthrose» rigolais-je.

Nous avançons encore sur une centaine de mètre, avant de faire demi-tour.  « Il va se passer quoi maintenant, d'après toi ?» demandais-je après un moment de silence  «Tu crois qu'ils vont reprendre les travaux là où on les a stoppé ? » je lève mon regard sur Jameson  « Et comment est-ce qu'on peut y arriver ? Je veux dire, pour les stopper totalement ? Je doute qu'avec des actions de ce genre on arrive à quoique ce soit ...» dit-je en portant mon regard sur le campement  « Surtout si on met en danger les gens ici qui n'ont rien demandé quoi » la vision de ses civiles et ces enfants innocents qui couraient partout, apeuré et paniqué, m'a sans doute un peu plus choqué que je ne voudrais réellement l'admettre.

Ma Jameson est piquée au vif lorsque je la chambre gentiment sur son âge. En tant que gamin effronté que je suis, ça me fait doucement marrer, je dois avouer. Bon, je me calme assez rapidement lorsqu'elle me dit que nous sommes tous les deux tombé d'un engin mais tout de même. Intérieurement, je rigole bien. Enfin, peu importe. J'explique ensuite rapidement à mon amie ce qu'il en est de mon état et elle continue sur la lancé en me disant qu'au moins elle sait à quoi je vais ressembler quand je serais en maison de retraite. Je rigole de bon cœur et secoue la tête alors qu'elle me dit que j'ai assez marché et que nous feront plutôt un feu pour nous réchauffer.  « Encore faut-il que j'atteigne l'âge de la maison de retraite» dis-je avec un sourire. Dans le fond, je suis assez sérieux. Si je continue comme ça, je ne vais pas finir assez âgé pour finir mes jours dans une maison de retraite. Mais peu importe, c'est la vie que j'ai choisi et je l'assumerais jusqu'au bout.

Nous finissons par faire demi tour et, tandis que nous reprenons le chemin vers le campement, je demande à mon amie ce qu'il va advenir de la suite de l'action. Ce que nous allons faire, comment nous allons gérer la situation avec les civils aussi, les innocents qui n'ont rien demander. Jameson, pour une fois, ne peut pas m'apporter de réponse claire et nette. Elle avoue que seul l'opinion publique peut nous aider et putain ça m'emmerde grave ça. Je soupire lourdement et affiche une grimace alors que je secoue la tête d'un air pincé.  «Donc en gros on va devoir se faire chier et attendre que les gens qui ne défendent pas notre cause voient tous ça ? Et espérer qu'ils réagissent ? » je laisse échapper un rire dédaigneux  «T'y crois pas vraiment à ça, hein ? » demandais-je. Question rhétorique, évidement que Jameson n'y crois pas tout à fait.

Je fini par soupirer et en enfoncer mes mains dans les poches de mon pantalon  «Tant pis  » dis-je, résigner  « On n'a pas le choix....» je secoue la tête puis fini par donner un coup de pied dans la neige pour essayer de faire passer ma rage  «Ils font chier, putain. Ces américains n'ont rien dans le crâne, sérieusement. Tout est régit par ce putain d'argent à la con en ignorant tout leur héritage» je me passe une main dans les cheveux et me tais, sentant que je commence à monter en pression. Ce n'est clairement pas le moment pour péter les plombs.

Nous arrivons au campement, je passe rapidement à la tente histoire de me prendre un pull et puis, accompagné par Jameson, nous rejoignons les autres équipes qui se sont rassemblé autour d'un feu. Nous mangeons en silence, chacun d'entre nous étant encore perdu dans l'échec cuisant que fut cette action. Ce n'est qu'au bout de bien trente à quarante minutes et deux verre de vins chacun que nous commençons à nous dérider un peu. Et au final, la soirée se fini en rire, surtout après un discours d'un des leader qui parviens à nous remotiver à bloc, que tout n'est pas perdu et qu'un jour nous parviendront à faire comprendre à l'humanité que l'héritage et la nature sont bien plus important que la société de consommation dans laquelle nous vivons tous les jours.