Ses doigts pianotent sur le bureau avec frénésie. Non, non ça ne se passera pas comme ça.  Il se répète ces quelques mots dans sa tête alors que de son autre main il clique encore et encore sur de nouveaux liens pour trouver l’avocat parfait. Le sien est bon - un vrai requin mais tout ce qui concerne la famille ce n’est pas son domain, il lui faut quelqu’un de calé et qui ne renoncera devant rien. Ce gamin n’est pas le père d’Oliver, juste son géniteur, il a couché avec sa soeur c’est tout ce qu’il a fait, puis disparu dans la nature. Il se moque de savoir où il était ça lui importe peu depuis quatre ans c’est eux qui s’occupent de cet enfant et il ne laissera pas ce garçon venir troubler le calme familiale. Si on peut parler de calme. Son regard est vif, passe d’un profil à l’autre en quelques secondes et d’un coup l’un d’eux attire son oeil : Milena Grimes.  Il y a dû mal lire, revient en arrière regarde le prénom qui s’affiche sur l’écran en délaissant sa colère pour se replonger dans les souvenirs du passé. Il a connu une Milena Grimes, et elle a compté pour lui, meilleure amie, première petite amie parfois les souvenirs se brouillent dans sa tête mais il est sûr d’une chose quand elle avait quitté l’Angleterre il s’était senti bien seul. Pragmatique il se dit d’abord que c’est un hasard mais ne tient pas plus longtemps avant de s'intéresser à son profil… Tout colle. l’Angleterre, l’Amérique et maintenant elle est ici, il observe la photo et n’a plus de doute maintenant. Peut-être ne l’aurait il pas reconnu sans avoir son prénom mais maintenant il en est sûr, Milena Grimes est à Brisbane… Et il compte bien la revoir. Il lui faut quelques secondes pour prendre un rendez-vous, il insiste d’ailleurs sur le moment, il veut être le dernier de la journée ce qui repousse la date de quelques jours mais il s’en moque, il n’a pas envie d’être limité dans le temps par l’agenda de ministre de la jolie brune. De plus ça l’arrange, il n’aura qu’à partir un peu en avance du travail.

Quand le fameux jour arrive il sent tout de même une pointe d’angoisse qui n’est pas caractéristique chez lui mais une partie de lui à idéalisé cette relation d’enfance il le sait bien, et lui aussi à bien changé il n’est plus le même et pas vraiment sûr qu’ils aient grand chose à partager. Mais il a l’avantage d’avoir une bonne excuse et un vrai problème alors il n’hésite pas une seconde avant de se présenter à l’office. « Bonjour, Gauthier Hazard-Perry pour Milena Grimes. »  Il prend place dans la salle d'attente, attrapant un livre sur la navigation qui traîne dans la pile en attendant son heure. Quand enfin son nom résonne dans la pièce vide et qu’il lève les yeux elle est là. Il se lève un sourire un peu amusé sur le visage. « Surprise ? »  Il espère qu’elle n’a pas oublié mais se dit que ça ne peut pas être possible, ils ont vécu trop ensemble, ont continué à s’envoyer des lettre pendant des années avant de perdre contact… Elle ne peut pas avoir oublié.

Longue journée, vraiment très longue pour le coup. Mais bon, tu es habituée maintenant. Cela fait des années que tu ne comptes plus tes heures. Et cela ne te dérange pas mais des fois tu ne peux t’empêcher de sentir la fatigue t’envahir. Particulièrement aujourd’hui où tu avais passé la matinée au tribunal à plaider pour un client et que les choses ne s’étaient pas tout à fait passées comme prévu. Vous n’aviez pas perdu, loin de là mais tu ne t’étais pas attendue à ce que le jugement soit renvoyé à cause d’un argument de ton opposant. Tu savais exactement pourquoi il l’avait fait. Lors des discussions que tu avais eues avec ton client à toi il était clair que le conjoint avait envi de plus de temps pour essayer de tenter une réconciliation. En général, quand c’était le cas tu voyais avec ton client si ça l’intéressait, tu ne voulais pas perdre ton temps pour qu’au final la personne revienne avec le conjoint, cela n’avait pas de sens. Mais cette fois ton client avait été clair, cela ne serait pas le cas. Alors il allait falloir frapper plus fort et tu avais un rendez-vous dans quelques jours avec ton client pour voir ce que vous alliez pouvoir faire, s’il y avait des choses qu’il ne t’avait pas dit. En attendant, tu n’avais nullement eu le temps de te remettre de cette matinée car après une salade rapidement mangée sur ton bureau avec de la musique dans les oreilles, ton premier client de l’après-midi arriva. Tu recevais souvent des clients potentiels l’après-midi, tu préférais avoir la matinée pour travailler efficacement, c’était ton meilleur moment pour cela. Tu savais que tu ne reverras jamais certains mais tu ne trouves jamais que c’est du temps perdu car avec l’expérience, tu avais appris à comprendre grâce à des gestes, des paroles ce qui ne plaisait pas à ton potentiel futur client chez toi. Il y avait des choses sur lesquelles tu étais prête à céder et sur lesquelles tu pouvais changer pour ce client, d’autres que tu refusais d’envisager. Tu avais ton code de conduite éthique depuis des années et tu t’y tenais.

La fin de la journée approchait, plus qu’un client. Tu regardais rarement leur nom avant qu’ils ne se trouvent devant toi. Tu ne faisais jamais de recherche préalable sur tes clients, ils venaient, t’expliquaient leur problème et tout le reste venait après. A part s’ils étaient hauts placés, plus pour connaître les codes de leur milieu qu’autre chose. Toi aussi tu venais de la haute société, les codes tu les connaissais très bien. Ton regard se posa donc sur le nom qui se trouvait sur le dossier vide devant toi. « Hazard-Perry. » Pas de prénom, rien. Tu fronçais les sourcils. Tu connaissais ce nom. Mais il y a longtemps et dans d’autres circonstances. Tu regardes la porte, ta secrétaire t’a dit que le client était arrivé. Ton cœur bat un peu plus vite. Et si c’était vraiment la famille de Gauthier ? Ou Gauthier d’ailleurs ? Tu ne sais pas, tu verras bien de toute façon. Tu ouvres donc la porte avec le plus grand professionnaliste du monde en disant : « Monsieur Hazard-Perry. » Il n’y a qu’un seul homme dans la salle d’attente et ton regard croise le sien. Tu ne l’aurais pas reconnu en le croisant dans la rue mais ces yeux, tu les connais. Comme s’il t’en fallait plus, l’homme en face de toi lâcha un : « Surprise ? » Tu n’arrives pas à y croire. Cela fait des années que tu n’as ni vu Gauthier ni eu de ses nouvelles et pourtant il était bien là, devant toi. Tu t’en fiches d’être professionnelle là tout de suite, tu cours te jeter dans ses bras comme le faisait la gamine que tu étais à Londres avant de déménager. « C’est en effet une surprise Gauthier. » Lui dis-tu tranquillement en le serrant dans tes bras. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander. Là dans ton bureau, là à Brisbane, là tout simplement.

Il ouvre un peu les bras, un sourire en coin sur le visage en attendant sa réaction. Il ne s'est pas projeté plus que ça, quand il a vu son nom c’était l’évidence pour lui de prendre rendez-vous. Après toutes ses années pourtant il ne sait pas à quoi vont ressembler les retrouvailles, elle a sans doute changé… Lui aussi a changé s’il n’a jamais été très sociable c’est un trait de caractère qui s'est intensifié avec le temps. Quand elle vient se nicher dans ses bras il se laisse donc un peu surprendre. Ce n’est pas un homme tactile et pourtant dès qu’elle le touche il referme ses bras sur elle comme un automatisme, un souvenir de leur enfance qui lui revient par gouttes. Elle a toujours cette même odeur et comme à l’époque elle fait presque une tête de moins que lui. Peut-être que les choses n’ont pas tant changé au final.   « C’est en effet une surprise Gauthier. » Il resserre un peu son étreinte sur elle, sans vraiment réaliser ce qui est entrain de se passer. « J'espère que tu ne comptes pas pleurer, je tiens à ce costume. » Il la taquine un peu mais est tout de même à moitié sérieux et il ne doute pas qu’elle se souvient de ce côté un peu strict, de sa personnalité pas toujours simple mais qu’elle acceptait à l’époque. Déjà dans sa jeunesse il n’était pas aisé de rentrer dans sa sphère privée et pourtant Milena avait toujours semblé réussir à le faire sans grande difficulté - du moins en comparaison, peut-être parce qu’il avait une confiance en elle qu’il n’avait par la suite pas souvent offerte dans sa vie. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il se sépare un peu d’elle passant une main sur son costume un peu par réflexe pour se rendre présentable à nouveau. « L’envie de te revoir ne suffit pas comme excuse ? » Un léger sourire se fraye à nouveau un chemin jusqu’à ses lèvres. « Plus sérieusement je cherchais un avocat pour une histoire de famille et quand j’ai vu ton nom, je n’ai pu que saisir l’opportunité de te revoir. » Et il a bien fait de toute évidence parce que ces retrouvailles lui procurent un vrai bonheur même si il est plus difficile pour lui de l'extérioriser. « Depuis combien de temps es-tu à Brisbane ? » Il ne peut s’empêcher de se dire que le monde est petit, ou alors peut-être que le noyau en est brisbane parce que là retrouver ici est totalement inattendu. « Ca fait longtemps… » Tellement longtemps… Il l’observe d’un regard nouveau qui manque sans doute de discrétion. « Tu n’es plus une petite fille de toute évidence. » Un peu étrangement c’est ce qu’elle est restée dans sa tête, la fille qu’il a connu et il a beau savoir que lui est devenu adulte, l'imaginer elle aussi comme une femme n’était pas vraiment envisageable. « Et si on allait dans ton bureau, je voudrais quand même te parler professionnellement si tu le veux bien. » Évidemment il est heureux de la revoir mais il cherche quand même l’avocat parfait et qui sait elle pourrait bien être cette personne.

Cela faisait tellement longtemps que tu n’avais pas eu de nouvelles de Gauthier ! Le voir aujourd’hui, là, à Brisbane dans ton cabinet c’était comme un rêve, une illusion. Pour être certaine que ce n’était pas toi qui commençais à halluciner à cause de ton manque de sommeil tu te jetais dans ses bras ouverts. Et non, ce n’était pas une illusion. Il était bien là en chair et en os devant toi ! « J'espère que tu ne comptes pas pleurer, je tiens à ce costume. » Tu laisses échapper un petit rire. Comme si tu allais pleurer. C’était tellement peu connaître ta famille que de penser que tu avais le droit d’être émotive. « Tu sais bien que je ne pleure jamais voyons ! » Dis-tu en prenant un air faussement offusquée. Une fois que tu t’es détachée de ses bras, tu le regardes et même si tu arrives à voir en lui le Gauthier de ton enfance, celui qui se trouve devant toi a bien changé. Il est toujours aussi craquant, c’est évident, il faut simplement le reconnaître mais il a changé. Il a grandi en quelque sorte ce qui est complètement débile, bien sûr qu’il a grandi mais tu ne peux t’empêcher de penser cela. Tu as terriblement envie de savoir pourquoi il est là, à Brisbane et là dans ton bureau. Parce que oui, personne ne te rend visite dans cet endroit sans avoir une bonne raison et une raison qui risque de t’amener devant un tribunal. « L’envie de te revoir ne suffit pas comme excuse ? » Tu laissais échapper un petit rire. Gauthier avait été un homme de peu de mots dans votre enfance. Voilà pourquoi c’était souvent toi qui parlais beaucoup. Un trait que tu n’avais pas perdu. Mais quand Gauthier ouvrait la bouche, il ne l’ouvrait jamais pour rien dire et avait toujours eu un sens de l’humour développé quand on apprenait à le connaître. « Je préfèrerais mais je doute que ce soit le cas. » Tu étais quelqu’un de lucide et de terre à terre. Si Gauthier avait voulu d’autres retrouvailles, il serait venu t’aborder ailleurs s’il savait que tu habitais à Brisbane. « Plus sérieusement je cherchais un avocat pour une histoire de famille et quand j’ai vu ton nom, je n’ai pu que saisir l’opportunité de te revoir. Depuis combien de temps es-tu à Brisbane ? » Ah donc il était bien là pour parler d’affaire. C’était pour l’instant assez vague pour que tu ne t’alarmes pas. De toute manière, il n’aura pas d’autres choix que de te raconter l’histoire qui l’amène ici s’il veut ton avis sur la question. Tu souris, laissant tomber le sujet de sa présence ici avant de dire : « Je suis arrivée il y a deux ans. J’ai dû quitter les Etats-Unis précipitamment. Julian habitait ici, Sean est venu nous rejoindre. » Dis-tu sans rien ajouter. Tu n’avais jamais trop envie d’en parler et puis les gens de Brisbane ne savaient rien de cette affaire et tu comptais bien que cela perdure. C’est étrange de se retrouver et de se raconter votre vie alors que vous auriez pu y jouer un rôle tellement plus important. La vie avait une drôle de manière de faire les choses … Et elle avait été bien loin d’être rose de ton côté. « Ca fait longtemps… Tu n’es plus une petite fille de toute évidence. » Tu laisses échapper un rire. Non, tu espères bien avoir légèrement évoluer, particulièrement depuis tes treize ans il fallait l’avouer. Tu laissais Gauthier te dévisager sans être gênée, tu avais tellement l’habitude maintenant vu le sexisme qui régnait dans les tribunaux que tu ne faisais presque plus attention. « En grandissant on prend certaines formes en effet. » Dis-tu pour le taquiner avant d’ajouter : « Tu as bien grandi aussi de ton côté à ce que je vois, je te dirais que les demoiselles doivent se bousculer mais si tu es toujours le Gauthier que je connais, tu ne dois pas leur en donner la chance. » Moyen subtil de savoir si le petit garçon que tu connaissais n’avait changé que physiquement ? Oui, c’était clairement cela mais bon, tu n’étais pas quelqu’un qui se gênait facilement. « Et si on allait dans ton bureau, je voudrais quand même te parler professionnellement si tu le veux bien. » Tu hoches la tête et tu lui montres le bureau qui se trouve dans la pièce. « Vas y assied-toi. Je te sers quelque chose ? » Lui demandas-tu un sourire sur les lèvres. C’était un très bon moyen de mettre les gens à l’aise. « Je t’écoute, qu’est-ce qui t’amènes ici ? Tu m’as dis que c’était une histoire de famille. Tout le monde va bien chez toi au moins ? » Oui parce que tu traitais aussi les héritages et cela te peinerait vraiment dans le cas présent.

« Tu sais bien que je ne pleure jamais voyons ! » Ca leur fait au moins un point en commun. C’est peut-être d’ailleur, cette même manière de se comporter qui avait fait d’eux de si bons amis au final. Il n’étaient pas des ultras-sensibles et laisser une larme échapper à chaque bon mot ou bonne action ne leur ressemblait pas. D’ailleurs même à son départ il n’avait pas versé une larme et pourtant la voir s'éloigner avait brisé son coeur de pré-adolescent. Alors la simple idée de la revoir aurait bien pu le pousser à prendre contact avec elle. Mais sans doute pas dans ces circonstances là et elle semble s’en douter. « Je préfèrerais mais je doute que ce soit le cas. » Haussant les épaules d’un air faussement innocent il lui avait souri avant d'avouer la vérité sur sa venue de son cabinet. Tout en l'interrogeant sur sa propre venue à brisbane.   « Je suis arrivée il y a deux ans. J’ai dû quitter les Etats-Unis précipitamment. Julian habitait ici, Sean est venu nous rejoindre. » « Précipitamment ? » Le mot a attiré son attention et ce n’est qu’une fois le questionnement sorti qu’il se rend compte de son côté probablement un peu trop intrusif. « Je ne peux pas croire que depuis deux ans nous sommes dans la même ville et que nous ne le savions pas. » C’était difficile au final pour lui de se souvenir comment ils avaient perdu contact. Un peu naïvement il avait pensé quand elle était partie que ce moment de réelle rupture n’arriverait jamais, qu’ils trouveraient le moyen de se revoir malgré la distance et leur mode de vie différent. Et pendant plusieurs année ils s’y étaient tenus, principalement avec des lettres, le côté peu loquace de Gauthier et le décalage horaire de favorisant pas les appelles téléphoniques. Mais au final ils avaient perdu contact… Qui avait envoyé la dernière lettre ? Il aurait été bien incapable de le dire mais déjà bien avant ce jours les contact se faisaient de moins en moins fréquents. «  Nous nous sommes peut-être même déjà croisé sans le savoir. » Il cherche dans sa mémoire sans vraiment trouver quoi que ce soit. Elle est différente c’est sûr mais maintenant qu’il sait qui elle est, ça lui semble impossible d’imaginer la croiser sans la reconnaître. « En grandissant on prend certaines formes en effet. » Il sourit le regard un peu taquin, lui ne pensait pas vraiment à ça mais c’est vrai que de ce côté aussi il y a eu de l’évolution. Et il n’a pas oublié que la poitrine de Milena est la première qu’il a été autorisé à toucher… Sans aller plus loin - juste pour tester à l’époque comme le font deux jeunes qui découvrent l’amour mais ne sont pas encore assez matures pour aller plus loin. « Tu as bien grandi aussi de ton côté à ce que je vois, je te dirais que les demoiselles doivent se bousculer mais si tu es toujours le Gauthier que je connais, tu ne dois pas leur en donner la chance. » Toujours un sourire en coin accroché au visage il secoue la tête. « Elle ne sont pas si nombreuses… » A vraie dire la plupart du temps il ne voit rien - il ne cherche pas forcement non plus à voir. Les femmes ils les aiment mais elles sont loin d'être une priorité dans sa vie, puis le relation sont bien trop complexe et prenante pour lui. « Je t’avais bien donné une chance à toi. » Et c’était un preuve pour lui qu’elle n’avait pas n’importe quelle place dans sa vie - le premier amour est peut-être un de seul où il avait su s’investir un minimum. Il suffit de regarder son historique de relation pour le savoir - pas plus de quelques mois - jamais de rencontre avec sa famille - jamais de réelle implication. « A moins que ça ne soit plutôt toi qui m’en ait donné une. D’ailleurs tu en es où aujourd’hui ? Tu es mariée ? Des enfants et tout ce qui va avec ? » A leur âge ce n’est pas si étrange comme question et pourtant à la voir dans son bureau il a de la peine à l’imaginer mère de famille et si il se fie à son nom de famille elle n’est pas mariée. Plus professionnellement cette fois elle l’invite à rentrer dans son bureau et commence une nouvelle discussion. Il accepte volontier un café prenant place sur la chaise de l’autre côté de son bureau. « Je t’écoute, qu’est-ce qui t’amènes ici ? Tu m’as dis que c’était une histoire de famille. Tout le monde va bien chez toi au moins ? » Il oublie presque qu’elle a connu sa famille elle aussi, mais ils étaient tous des enfants à l’époque. « Pour le moment tout le monde va bien oui. » Et il compte bien faire en sorte que ça reste comme ça. « Tu te souviens peut-être de ma plus jeune soeur Théodora. » Elle devait avoir à peine 3ans quand Milena avait quitté l’angleterre. « Elle est maman d’un petit garçon, Oliver. Il y a quatre ans quand elle est tombée enceinte son petit ami l’a laissé tomber et nous sommes venus nous installer ici. Aujourd’hui le père d’Oliver est de retour et il semble vouloir reprendre ses droits sur lui. » Il relève les yeux sur Milena laissant passer un éclaire de colère clairement diriger vers le jeune homme. « Et je suis prêt à tout faire pour empêcher que cela n’arrive. » Aujourd’hui Emre était devenu l’ennemi et il ne comptait pas laissé sa mauvaise influence entré dans la vie de son parfait neveu. Peu importe le prix à payer.

Les retrouvailles, c’est toujours émouvant. Pourtant, ni Gauthier ni toi n’étiez très expressifs, du moins pas avec des larmes et tout ce qui pouvait être montré à la télévision. C’était votre éducation qui voulait cela et puis Gauthier avait toujours été introverti. Toi, tu montrais ta joie de le retrouver à travers un flot de paroles qui devait le surprendre ou peut-être pas, tu avais toujours beaucoup parlé. C’est sans grande surprise que vous commencez par vous taquiner un peu. Le temps avait passé depuis votre dernière rencontre et vos derniers mots échangés … C’était étrange d’ailleurs de repenser à cette époque qui paraissait si lointaine. Mais tu avais adoré ton enfance et tu l’avais longtemps chérie comme un souvenir précieux d’innocence et d’irresponsabilité, deux choses qui t’avaient vite quittées. Suite à la question de Gauthier, tu lui confiais être à Brisbane depuis deux ans maintenant. Le temps passe vite … La vérité c’est que tu ne t’es pas encore complètement adaptée à cette ville, à ce climat, à cette culture. Les Etats-Unis auront toujours une place particulière dans ton cœur mais tu n’y retourneras pas, tu le sais. Alors tu t’adaptes, doucement mais sûrement. « Précipitamment ? » Oui, cela aurait sans doute attiré l’attention de n’importe quelle personne. Sur le moment, tu ne sais que répondre, tu es un peu prise au dépourvu et Gauthier doit le sentir car il enchaîne sur autre chose. « Je ne peux pas croire que depuis deux ans nous sommes dans la même ville et que nous ne le savions pas. Nous nous sommes peut-être même déjà croisé sans le savoir. » C’est étrange en effet, de se dire que vos chemins se sont peut-être déjà croisés à Brisbane. Si c’est le cas, vous vous êtes simplement croisés dans la rue sans faire attention car tu aurais reconnu Gauthier si vous aviez discuté un peu. En même temps, personne ne cherche à dévisager toutes les personnes qu’elle croise en espérant y trouver une personne du passé. Surtout que Gauthier devait te croire aux Etats-Unis alors que tu le croyais en Angleterre. « Pour répondre à ta question, disons simplement qu’un changement d’air s’imposait, autant au niveau professionnel que personnel. » Tu n’avais pas eu à quitter les Etats-Unis de force, tu avais pris la nationalité depuis tes vingt et un ans mais psychologiquement, tu n’avais pas pu rester à New York, ni aux Etats-Unis où le scandale avait fait le tour du pays. « On a pu se croiser, nous n’en serons jamais sûr. L’essentiel c’est qu’on ait fini par se trouver. » Dis-tu avec un sourire sur les lèvres parce que tu le pensais vraiment. Tu n’étais pas du genre à regretter le passé que vous ne pouviez pas changer, il fallait se tourner vers le futur et le retour de Gauthier dans ta vie parce que tu ne comptais pas le laisser partir. Ce sont les changements depuis votre enfance qui furent abordés ensuite, physiques et autres d’ailleurs. « Elle ne sont pas si nombreuses… Je t’avais bien donné une chance à toi. A moins que ça ne soit plutôt toi qui m’en ait donné une. D’ailleurs tu en es où aujourd’hui ? Tu es mariée ? Des enfants et tout ce qui va avec ? » Gauthier mentionne votre relation, ce premier amour si parfait qu’il avait été si dur de quitter. Tu te sentais tellement aimée à cette époque là et c’était tellement facile d’aimer en retour sans prise de tête, de la manière la plus pure du monde. Tu regrettais aujourd’hui ne pas être restée en Angleterre pour connaître toutes tes premières fois avec Gauthier, cela les aurait rendues magiques. « Je ne saurais te dire. Nous nous sommes donnés une chance, c’est comme cela que je préfère le voir. Et c’était une sacrée chance, dommage qu’on ait pas pu en profiter plus longtemps. » Dis-tu en haussant les épaules. « Je suis mariée à mon travail en quelques sortes. Je n’ai pas trouvé quelqu’un qui me supporte, moi, ma famille, mes horaires. J’espère trouver cependant, avoir une famille fait toujours parti de mes rêves. » Dis-tu en donnant à Gauthier un sourire complice. Vous vous étiez confiés vos rêves pour le futur un soir, des rêves murmurés à l’oreille mais dont tu te souvenais encore aujourd’hui. Il était cependant temps de passer aux choses sérieuses, notamment le pourquoi du comment Gauthier se trouvait devant toi aujourd’hui. Vous vous installiez donc dans ton bureau et tu le laissais te présenter son problème. « Pour le moment tout le monde va bien oui. Tu te souviens peut-être de ma plus jeune soeur Théodora. Elle est maman d’un petit garçon, Oliver. Il y a quatre ans quand elle est tombée enceinte son petit ami l’a laissé tomber et nous sommes venus nous installer ici. Aujourd’hui le père d’Oliver est de retour et il semble vouloir reprendre ses droits sur lui. » Il relève les yeux sur Milena laissant passer un éclaire de colère clairement diriger vers le jeune homme. « Et je suis prêt à tout faire pour empêcher que cela n’arrive. » Tu te souvenais du bébé qu’avait été sa sœur, guerre plus. Savoir qu’elle avait un enfant de quatre ans te faisait prendre un sacré coup de vieux pour le coup. L’histoire était bateau, tout ce que l’on pouvait trouver de plus banal. Tu posais donc les premières questions essentielles pour que tu puisses évaluer la situation. « Est-ce qu’il a signé des papiers disant qu’il refusait d’exercer ses droits de père et qu’il confiait l’enfant à Théodora ? » Si c’était le cas, le père ne devrait même pas pouvoir approcher l’enfant. « Présente-moi le père de cet enfant. Quelles étaient les conditions de son abandon il y a quatre ans ? Pourquoi revient-il aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a des circonstances qui feraient qu’il serait dangereux de laisser ta nièce sous sa garde ? » Il te fallait tout savoir mais ce que tu voulais surtout savoir c’était si cet homme était dangereux pour l’enfant ou si Gauthier ne le voulait juste pas dans leur vie.

La question est un peu indiscrète pour des retrouvailles après tant d’années, mais le tact dans ce genre de situation n'est pas exactement son fort. Pour beaucoup d’autres personnes, il n’aurait pas relevé sans doute - pas par politesse mais parce que la réponse ne l’aurait simplement pas assez intéressé pour qu’il ne pose la question. C’est différent avec Milena - peut-être la nostalgie de leurs souvenirs d’enfance où ils pouvaient se parler avec plus facilité qu’aux autres. Cependant après le léger silence il reprend la parole ne souhaitant pas la mettre mal à l’aise et lui laissant par la même occasion, l’opportunité d’éluder. « Pour répondre à ta question, disons simplement qu’un changement d’air s’imposait, autant au niveau professionnel que personnel. » Il hoche la tête ne posera pas plus de question, pas pour le moment tout du moins - il n’a pas la curiosité nécessaire ni la légitimité pour rentrer dans ce genre de conversation. « Je vois. » Sera alors sa seule réponse.  « On a pu se croiser, nous n’en serons jamais sûr. L’essentiel c’est qu’on ait fini par se trouver. » Il ne peut pourtant s'empêcher de continuer à fouiller dans son esprit, si il n’est pas doué pour retenir les prénoms, il est extrêmement physionomiste, et doute de l’avoir croisé avant aujourd’hui aux alentours de Brisbane. Mais elle a bien raison sur un point, le passé doit rester là où il est et aujourd’hui ils se sont retrouvés. « Je ne saurais te dire. Nous nous sommes donnés une chance, c’est comme cela que je préfère le voir. Et c’était une sacrée chance, dommage qu’on ait pas pu en profiter plus longtemps. » Il lui sourit un brin nostalgique d’une époque où les choses semblaient plus simples qu'aujourd'hui. « Je suis mariée à mon travail en quelques sortes. Je n’ai pas trouvé quelqu’un qui me supporte, moi, ma famille, mes horaires. J’espère trouver cependant, avoir une famille fait toujours parti de mes rêves. » C’est marrant parce qu’à ces mots il se souvient de la jeune femme qu’elle était, avec des rêves pleins la tête. « Et bien j’espère que tu auras l’opportunité de les realiser. » Pour sa part il n’est plus sûr que ça fasse parti de ses plans. Aujourd'hui il a son neveu Oliver, sa montagne et son travail et c’est suffisant. Il n’est pas sûr de savoir être un père et bien plus encore un mari. Sa vie est déjà bien assez pleine comme ça. « J’espère que tu as abandonné tes idées de… Combien d’enfant déjà ? Cinq ? » Sa mémoire lui joue des tours mais il se souvient pourtant que lorsqu’elle parlait du futur il y avait des enfants dans l'addition. Tels de vrais enfants amoureux ils se voyaient déjà les deux mariés avec une ribambelle de gamins et un vie sans aucune complications.

Le ton devient plus sérieux quand ils changent de pièce, s’attaquant à un sujet plus actuel et extrêmement privé pour Gauthier. Sa famille, plus exactement son neveux auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux. « Est-ce qu’il a signé des papiers disant qu’il refusait d’exercer ses droits de père et qu’il confiait l’enfant à Théodora ? » Elle doit bien se douter que si les choses étaient aussi simples, il n’aurait même pas à faire appelle à elle. « Non, il a disparu avant la naissance du petit, ma soeur et moi avons à la suite de ça quitté la ville, nos parents faisant pression sur elle pour qu’elle fasse adopter l’enfant. » Si une personne peut entendre ça c’est bien Milena, elle vient un peu du même monde que lui et sait à quel point pour une famille comme la sienne les apparences ont de l’importance. Leur fille d’à peine 18ans enceinte d’une petite frappe ça faisait évidemment tâche dans le décors. « Présente-moi le père de cet enfant. Quelles étaient les conditions de son abandon il y a quatre ans ? Pourquoi revient-il aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a des circonstances qui feraient qu’il serait dangereux de laisser ta nièce sous sa garde ? » Il sait que les informations qu’il détient au sujet de l’homme sont faibles mais est prêt à le lui donner. « Il s’appelle Emre Erdogan et il a 25ans, à l’époque ma soeur a pensé qu’il avait pris peur, mais il semblerait apparemment qu’il soit allé en prison, il y a purgé 4 années de peine. Je ne connais pas les raisons de cet enfermement mais je compte bien les découvrir. Il semblerait qu’il nous pense coupable de l’avoir privé de son enfant, d'où son désire de le récupérer. Et pour être honnête je crois que c’est un individu violent et dangereux pour mon neveux. Je refuse qu’il ait comme figure paternel un homme de ce genre. » Tache noir dans le tableau familiale qu’il essayait lui même de créer. « Je ne vais pas te mentir Milena, je suis prêt à tout pour que cet homme ne revienne pas de la vie de ma soeur et de son fils. Je vais essayé de le faire de la façon la plus civilisé possible… Dans un premier temps. » Il relève son regard vers elle, conscient que ce qu’il dit peut avoir un côté un peu effrayant mais plus sérieux que jamais. Si elle veut être son avocate, autant qu’elle le sache tout de suite.

Parler de toi n’était pas quelque chose qui te dérangeait en général. Tu n’avais pas grand chose à cacher, particulièrement pas à quelqu’un comme Gauthier. Mais s’il y avait un sujet que tu n’aimais pas aborder c’était bien celui de ton départ de New-York. Ce n’était pas que tu ne faisais pas confiance à Gauthier mais ce sujet n’avait strictement rien à faire dans la conversation que vous étiez en train d’avoir. Un très mauvais sujet pour des retrouvailles et surtout le pire endroit parce que tu étais la première à savoir que les murs avaient des oreilles et tu refusais de voir ce scandale te retomber dessus à Brisbane. Tu n’allais pas être plus prête à faire face deux ans après alors mieux valait ne donner à personne l’information. Peut-être que tu confieras cette histoire à Gauthier un jour mais pas maintenant. « Je vois. » Tu le remercies d’un regard de ne pas pousser la chose. C’était ça qui était bien avec le jeune homme, il savait quand il fallait s’arrêter contrairement à beaucoup de gens que tu connaissais. Mais c’était peut-être le fait qu’il devait sentir que c’était compliqué pour toi d’en parler et du coup il te faisait la grâce de ne rien demander de plus. Parler de ta vie personnelle non existante ne te dérangeait pas cependant, tu n’avais pas de problème à ce sujet. Voilà pourquoi tu confiais à Gauthier que tu n’avais pas de famille, du moins pas d’enfants parce que tes frères étaient toujours là comme tes parents même si l’union de ta famille ne tenait qu’à un fil et c’était toi. « Et bien j’espère que tu auras l’opportunité de les realiser. J’espère que tu as abandonné tes idées de… Combien d’enfant déjà ? Cinq ? » Tu laissais échapper un éclat de rire face à la question du jeune homme. C’est vrai qu’il fut un temps, alors que vous grandissiez où vous aviez parlé du nombre d’enfants que vous vouliez avoir, de la famille que vous aimeriez former. C’était étrange d’y penser aujourd’hui alors que cela faisait plus de dix ans que vous ne vous étiez pas vus ou parlés. Mais c’était ça aussi la vie. « Je pense que j’aurais apprécié avoir une ribambelle d’enfants dans une vie où j’aurais pu leur donner plus de temps. Disons que je m’en contenterais d’un ou deux à qui je donnerai tout l’amour que j’ai. » Un amour dont tu avais manqué légèrement en grandissant. Ta mère a toujours essayé de combler le vide de ce père qui ne vous voyait que comme de potentiels futurs associés. Il vous aimait à sa manière mais pas à la manière que tu aurais aimée. « Et toi ? Des projets de famille ? » C’était naturel de lui retourner la question non ?

Une fois dans ton bureau, ce sont les affaires qui reprennent le dessus. Quand Gauthier t’expose la raison de sa venue, tu es surprise mais sans plus. Les cas de droits de paternité ou de maternité sont en général assez courants et les plus intéressants. Tu as besoin de plus de détails cependant pour bien conseiller ton ami et voir ce que tu peux faire pour lui. « Non, il a disparu avant la naissance du petit, ma soeur et moi avons à la suite de ça quitté la ville, nos parents faisant pression sur elle pour qu’elle fasse adopter l’enfant. » Tu hoches la tête désolée. Tu savais que si tu étais tombée enceinte jeune tes parents auraient fait la même chose. Et vu l’état de ta famille, tu n’aurais eu personne pour te soutenir et tu n’aurais pas eu le choix. Théodora avait de la chance d’avoir le frère qu’elle avait. « Elle a de la chance de t’avoir. » Dis-tu avec un sourire parce que c’était aussi Gauthier qui était là aujourd’hui pour un enfant qui n’était pas le sien. D’ailleurs, cela te fit te poser une question mais tu n’eus pas le temps de la poser que Gauthier continuait. « Il s’appelle Emre Erdogan et il a 25ans, à l’époque ma soeur a pensé qu’il avait pris peur, mais il semblerait apparemment qu’il soit allé en prison, il y a purgé 4 années de peine. Je ne connais pas les raisons de cet enfermement mais je compte bien les découvrir. Il semblerait qu’il nous pense coupable de l’avoir privé de son enfant, d'où son désire de le récupérer. Et pour être honnête je crois que c’est un individu violent et dangereux pour mon neveux. Je refuse qu’il ait comme figure paternel un homme de ce genre. Je ne vais pas te mentir Milena, je suis prêt à tout pour que cet homme ne revienne pas de la vie de ma soeur et de son fils. Je vais essayé de le faire de la façon la plus civilisé possible… Dans un premier temps. » Tu prends des notes, particulièrement le nom et l’âge de cette personne ainsi que le temps qu’il est resté en prison, cela ne devrait pas être compliqué de trouver l’information. Les dernières paroles de ton ami te dérangent cependant. Tu ne pourras l’aider que si cela passe par la loi, tu t’es toujours promis de refuser de faire autre chose, tu avais ton propre code éthique. « Tu veux savoir pourquoi il est allé en prison et ce qu’il fait aujourd’hui ? Ne cherche pas, je peux avoir l’information rapidement et facilement. Peu importe que je te représente ou pas je chercherai les informations. » Parce que tu devais bien ça à Gauthier dans tous les cas et que cela ne te coûterait rien du tout. Cela fait longtemps que tu as des liens avec la police et s’il faut remonter en Angleterre, quelques amis te doivent des faveurs. « Je veux mettre deux choses au clair cependant. La première c’est que je ne ferais pas tout. Je suis certaine que mon père s’est mouillé de nombreuses fois mais cela va contre tout ce que je crois. La deuxième c’est que si tu ne trouves aucune preuve tangible n’importe quel juge donnera un droit de visite à cet homme. » C’est la loi, la loi de la paternité. Un père a le droit de voir son enfant s’il vit dans un environnement stable et sain pour ce dernier bien entendu. « Qu’est-ce que ta sœur pense de tout ça ? » Tu te demandais si elle savait même qu’il était ici.

Il se souvient étonnement bien des instants partagés avec la jolie brune. Peut-être parce qu’il a bonne mémoire ou parce qu’elle a marqué cette période de sa vie en devenant rapidement la personne la plus importante de ces instants. C’était il y longtemps pourtant, si longtemps qu’il n’ose pas compter les années.  « Je pense que j’aurais apprécié avoir une ribambelle d’enfants dans une vie où j’aurais pu leur donner plus de temps. Disons que je m’en contenterais d’un ou deux à qui je donnerai tout l’amour que j’ai. » Il ne peut que comprendre, ils sont loin leurs projets d’enfants nombreux, leur vie respective les ayant emmené autre part. « Et toi ? Des projets de famille ? » Ses mains s’enfoncent dans ses poches alors qu’il prend un instant comme pour y penser, n’osant pas réellement se poser la question le plus souvent . « Non pas de projet, un peu comme toi…  Il n’y a pas de place pour ça dans ma vie. » Pour lui c’est pourtant encore plus précis, il n’est pas question d’un ou deux enfants, il n’y pense plus maintenant. Oliver fera l’affaire, il est comme un fils pour lui et sans doute le seul qu’il aura. D’ailleur, il est la raison de sa présence ici et rapidement met le sujet sur la table. Il ne cache rien à Milena, ni sur la situation de sa famille ni sur ses intentions à ce propos. « Elle a de la chance de t’avoir. » Il baisse un peu les yeux, pas très à l’aise avec ce genre de compliments. « Ou de la malchance d’avoir des parents comme les nôtres. » Incapables de soutenir et d’aimer. juste de juger et de cacher. De paraître et rien de plus, parce que c’est tout ce qui compte. « Tu veux savoir pourquoi il est allé en prison et ce qu’il fait aujourd’hui ? » Évidemment il hoche la tête sans trop savoir où elle veut en venir. « Ne cherche pas, je peux avoir l’information rapidement et facilement. Peu importe que je te représente ou pas je chercherai les informations. » Reconnaissance il hoche la tête en attendant pourtant la suite. « Je te remercie Milena. » Ce genre d’informations lui seront utiles, il le sait et il espère même qu’elle puisse pencher en sa faveur. « Je veux mettre deux choses au clair cependant. La première c’est que je ne ferais pas tout. Je suis certaine que mon père s’est mouillé de nombreuses fois mais cela va contre tout ce que je crois. La deuxième c’est que si tu ne trouves aucune preuve tangible n’importe quel juge donnera un droit de visite à cet homme. » A nouveau il hoche la tête, si il n’aime pas ce qu’il entend il s’y attendait un peu. « Je m’en doutais, pour les deux points, et c’est pour cette raison que je préfère être honnête avec toi. Je me doute que tu n’es pas exactement la personne que je recherche. Mais c’était une bonne raison pour te revoir. » Et aussi pour prendre quelque premières informations. « Toutefois si tu acceptes de rechercher ces quelques infos je t’en serais reconnaissant. » Il sait bien que trouver la bonne personne risque d’être long, il lui faut quelqu’un en qui il a confiance et qui d’un autre côté sera comprendre qu’il est prêt à tout.  « Qu’est-ce que ta sœur pense de tout ça ? » Il se racle un peu la gorge cette fois. « Pour le moment je crois que la situation est floue pour elle. » Peut-être parce qu'une partie d’elle a toujours imaginé qu’avec son père à ses côtés le petit garçon serait plus heureux. « Mais elle a été amoureuse de lui et je ne doute pas qu’il soit capable de lui retourner le cerveau. » Il l’a déjà fait une fois. « Je ne compte pas lui en laisser l’opportunité. » Il est très claire à ce propos. « Je ne veux pas t’effrayer pour autant. Nous pouvons arrêter là si tu n’es pas à l’aise. Je serais heureux de l'emmener autre part pour parler d’autres sujets plus plaisant, si tu le souhaites et que tu as un peu de temps. » Si elle n’est pas son avocate alors le sujet pour s’arrêter là.

En entrant chez les trentenaires, tu avais rapidement appris que quand vous retombiez sur quelqu’un que vous connaissiez et que vous n’avez pas vu depuis longtemps, les questions de mariage, famille et boulot faisaient bien entendu leur apparition. Tes retrouvailles avec Gauthier ne faisaient pas exception à cette règle. Tu n’avais pas vraiment honte de n’être pas mariée et de ne pas avoir d’enfants parce que ta carrière était parfaite et cela t’avait demandé du temps. Mais tu regrettais un peu de ne pas avoir d’enfants, ce sera certainement ton plus grand regret si tu es amenée à ne jamais en avoir. « Non pas de projet, un peu comme toi…  Il n’y a pas de place pour ça dans ma vie. » Tu hoches la tête pensive. Cela ne te choquait pas que Gauthier n’ait pas d’enfants non plus. Tu te souvenais de vos rêves enfantins à ce sujet et cela te fit sourire. Peut-être qu’il avait abandonné tout cela ? Tu ne savais pas, tu n’allais pas demander de toute manière, cela ne servait à rien.

Une fois dans ton bureau, la conversation prit une toute autre tournure alors que Gauthier te parla de ce qui l’amenait dans ton bureau. Parce que même si tu aurais préféré qu’il vienne simplement pour partager de belles retrouvailles, clairement ce n’était pas ce qui l’amenait ici. « Ou de la malchance d’avoir des parents comme les nôtres. » Tu hoches la tête, tu ne sais pas vraiment quoi dire. Les tiens sont bien loin d’être parfaits, ils étaient sans doute même comme ceux de Gauthier. Tu es prête à parier qu’ils auraient eu le même comportement dans cette situation. « On ne choisit pas sa famille, je l’ai bien compris avec la mienne. Je ne suis pas certaine que mes frères auraient eu ton comportement. » Cela te faisait du mal de le dire ainsi mais il fallait se rendre à l’évidence. Si tu étais tombée enceinte adolescente, tu n’aurais eu aucun soutien de tes frères principalement parce qu’eux aussi étaient des ados, presque des enfants dans le cas de Julian. Mais vu la compétition qu’avaient instaurée vos parents, tu ne sais même pas s’ils auraient volé à ton aide. Tu chassais donc ces pensées de ton esprit pour te concentrer sur le problème bien plus concret de ton ami. « Je m’en doutais, pour les deux points, et c’est pour cette raison que je préfère être honnête avec toi. Je me doute que tu n’es pas exactement la personne que je recherche. Mais c’était une bonne raison pour te revoir. Toutefois si tu acceptes de rechercher ces quelques infos je t’en serais reconnaissant. » Tu hoches la tête. Cela ne te dérange pas que Gauthier prenne un autre avocat mais tu ne peux t’empêcher d’avoir un peu peur pour lui. Jouer avec les preuves, ce n’était jamais bon signe et cela pouvait se retourner facilement contre toi. Tu espères que Gauthier sait à qui il a à faire pour le coup parce que sinon cela pourrait lui coûter chez. « Bien sûr que je chercherai les informations, rien que pour le bien être de ton neveu. » Oui, confier un enfant à une personne qui ne va pas bien s’en occuper c’était impensable pour toi. « Et de toi à moi, fais attention. Je ne connais pas cet Emre mais si tu te lances dans une démarche illégale pour l’éloigner de son fils, soit sûr qu’il ne pourra rien contre toi. Soit sûr et certain de gagner parce que si ce n’est pas le cas, c’est toi qui pourrais finir en prison et lui pourrait gagner bien plus qu’un droit de visite. » Tu ne voulais pas blesser Gauthier, tu savais qu’il était têtu, qu’il n’en ferait qu’à sa tête mais en tant qu’amie tu te devais de le mettre en garde. Tu savais exactement comment cela se passait dans ce genre de cas. Tu n’avais jamais été sur ce territoire mais tu avais vu d’autres personnes s’y aventurer malencontreusement. Tu demandais ensuite à ton ami ce que sa sœur pensait de tout cela. « Pour le moment je crois que la situation est floue pour elle. Mais elle a été amoureuse de lui et je ne doute pas qu’il soit capable de lui retourner le cerveau. Je ne compte pas lui en laisser l’opportunité. » Tu hoches la tête, tu peux comprendre. Mais il faut que Gauthier sache qu’il ne peut pas se lancer dans cette procédure si sa sœur n’est pas à cent pourcent derrière lui. « Je comprends. Sache juste que si tu te lances dans une procédure judiciaire, ta sœur sera amenée à témoigner. Si on sent même une once d’hésitation dans ses réponses, cela pourrait te faire perdre toute crédibilité aux yeux du juge. » Parce que Gauthier n’était que l’oncle de cet enfant et que c’était à sa mère de décider en quelque sorte. Ta question n’était pas du tout posée au hasard. « Je ne veux pas t’effrayer pour autant. Nous pouvons arrêter là si tu n’es pas à l’aise. Je serais heureux de l'emmener autre part pour parler d’autres sujets plus plaisant, si tu le souhaites et que tu as un peu de temps. » Tu lèves les yeux au ciel. Comme si tu étais une prude. Tu portes bien le nom de famille des Grimes, tu as vu ton père travailler, ses associés, tu sais comment ça se passe les affaires pas nettes. « Tu ne vas pas m’effrayer Gauthier. Ce n’est pas parce que je refuse d’entrer dans des pratiques peu éthiques que je ne sais pas comment cela fonctionne. Crois-moi j’en ai vu de toutes les couleurs. » Dis-tu avant de croiser tes bras devant ton bureau. « Voilà ce qu’on va faire. Je vais chercher toutes les informations que je peux trouver sur cet homme. Une fois que je les ai, on fait un point. Soit il y a bien assez pour lancer une procédure sans aller du côté sombre de la force. Soit je t’aiderai à chercher un avocat à la déontologie un peu moins poignante que la mienne. » Tu en connaissais plusieurs ici, des concurrents bien sûr que tu avais affrontés mais que tu avais appris à connaître en dehors des tribunaux aussi. « Et tu es mon dernier client, j’ai toute ma soirée à te consacrer si tu le souhaites. » Dis-tu un sourire sur les lèvres.

Il aurait pu hésiter quelques secondes avant de tout déballer, mais Milena avait toujours eu une certaine capacité à lui faire cracher même les informations le plus personnelles. Evidemment, entre temps, il était devenu un homme et son jardin secret avait poussé ses frontières mais malgré tout il avait l'impression que pouvoir lui faire encore confiance. C’était sans doute basé sur peu de choses, il ne connaissait plus grand chose d’elle, mais avait l’avantage de lui parler comme un client ce qui l'assurait de sa discrétion à propos de cette affaire. « On ne choisit pas sa famille, je l’ai bien compris avec la mienne. Je ne suis pas certaine que mes frères auraient eu ton comportement. » Il ne connaissait que trop peu les frères de Milena, pas assez en tout cas pour la contredire. « J’en suis désolé pour toi. Mais j’ai cru comprendre que les choses s'étaient améliorées depuis ? » Elle lui avait dit elle même être venue ici pour son frère - et il ne doutait pas que si elle était encore dans les environs c’était parce qu’elle avait dû, d'une certaine façon, trouver ce qu’elle était venue chercher. « Puis… Peut-être auraient-ils étonné. » Il savait pour sa part comme montrer signes d’affections pouvait être compliqué avec le genre éducation qu’ils avaient reçu. Pour sa part, ses relations avec ses frères en avaient été forcément été impacté. Et depuis le retour de son jeune frère Connor, il s’en rendait encore plus compte « Bien sûr que je chercherai les informations, rien que pour le bien être de ton neveu. » Hochant d’abord la tête, il avait tout de même relevé un regard amusé vers elle. « Moi qui pensait que tu le ferais pour mes beaux yeux. » Un sourire en coin il avait pourtant rapidement retrouvé son sérieux, le sujet ne se prêtant pas tellement à la plaisanterie. « Et de toi à moi, fais attention. Je ne connais pas cet Emre mais si tu te lances dans une démarche illégale pour l’éloigner de son fils, soit sûr qu’il ne pourra rien contre toi. Soit sûr et certain de gagner parce que si ce n’est pas le cas, c’est toi qui pourrais finir en prison et lui pourrait gagner bien plus qu’un droit de visite. » Ne baissant pas le regard il lui avait démontré de cette façon que ce n’était pas ce qui allait l'arrêter. « Merci de t'inquiéter Milena. J’ai bon espoir de n’avoir besoin de rien de ce genre pour l’éloigner d’Oliver. » Même s’il n’excluait pas la possibilité d’y avoir recours - non sans connaître les risques encourus pour autant. Et pour cette raison il était sans doute mieux qu’il s’arrête là - cette conversation il l’aurait avec l’avocat en question, pour le moment il n’en était pas encore là.  « Tu ne vas pas m’effrayer Gauthier. Ce n’est pas parce que je refuse d’entrer dans des pratiques peu éthiques que je ne sais pas comment cela fonctionne. Crois-moi j’en ai vu de toutes les couleurs. » Il n’en doutait pas, et d’ailleurs n’avait jamais pensé être capable de l’effrayer. Mais pour autant il ne voulait pas créer de malaise entre eux, il venait juste de retrouver sa plus précieuse amie d’enfance et ne souhaitait pas la voir s’éloigner à cause de cette histoire. « Tu as travaillé avec ton père ? » La réputation de son paternel à ce sujet n’était plus à faire et il se réjouissait si elle avait su ne pas traîner dans ses affaires. Elle méritait mieux que ça. « Voilà ce qu’on va faire. Je vais chercher toutes les informations que je peux trouver sur cet homme. Une fois que je les ai, on fait un point. Soit il y a bien assez pour lancer une procédure sans aller du côté sombre de la force. Soit je t’aiderai à chercher un avocat à la déontologie un peu moins poignante que la mienne. » Réfléchissant quelques secondes, il n’avait pas mis bien longtemps avant de lui tendre la main. « C’est un marché, Maître Grimes. » Il utilisait ce titre pour la première fois lui trouvant une résonance bien étrange dans sa bouche mais parfaite pour cet instant.  « Et tu es mon dernier client, j’ai toute ma soirée à te consacrer si tu le souhaites. » retrouvant un sourire plus amical il s'était levé de son siège pour mettre définitivement fin à cet entretien. « Evidement, je crois que nous avons des années à ratrapper. » La laissant ranger ses affaires il était sorti l’attendre proche de la réception jusqu'à ce qu’elle ne le rejoigne. « Tu es toujours une adepte de la cuisine italienne ? » Il se souvenait très bien de cette fille au pair Italienne qui avait vécu une année avec sa famille et leur faisait des plats délicieux, et du sourire de son amie devant ses délicieuses recettes. « Et j'espère que ton italien est toujours aussi bon. » Il avait questionné la jeune femme de son italien quelque peu hésitant mais qu’il entretenait comme il le pouvait. Avant que tous deux ne sortent du bureau. « Avocate alors ? C’est drôle je pense que j’aurais pu le deviner. Toujours l’âme à se battre pour les autres. » Puis le titre lui allait décidément bien.

Etre professionnelle, tu sais l’être quand il le faut. Même si tu retrouves Gauthier après plus de dix ans sans l’avoir vu, il est venu te voir pour une raison particulière et tu comptes bien l’aider comme tu le peux. Tu l’écoutes donc te raconter son histoire, enfin celle de sa sœur et de son neveu mais qui est la sienne un peu au fond aussi. Cela te fait sourire car tu peux voir à quel point il les aime. Tu ne te fais nullement d’illusion au niveau de ta famille par contre. Tu ne penses pas que tes frères seraient venus à ton aide. Vous auriez tous été trop jeunes et puis à cette époque ce n’était pas la solidarité qui vous animait. Elle ne vous animait toujours pas aujourd’hui d’ailleurs. Si tu étais venue rejoindre ton frère ce n’était pas parce que vos relations étaient au beau fixe, loin de là c’était parce que pour toi la famille c’était important. C’était toi qui depuis toutes ces années se battais pour qu’il existe un semblant de relation fraternelle entre vous. Mais au final les non-dits l’emporteront toujours. « J’en suis désolé pour toi. Mais j’ai cru comprendre que les choses s'étaient améliorées depuis ? Puis… Peut-être auraient-ils étonné. » Peut-être … Mais tu n’y crois pas trop. Malgré l’éducation de Gauthier, ils avaient réussi à former une famille, c’est ce qui transparaissait de ce qu’il te racontait. Pour vous, cela n’avait pas été le cas. Pas vraiment en tout cas, pas comme tu l’aurais aimé. Et c’était ça la vraie tragédie de ta vie. « J’en doute. Julian aurait été trop occupé à faire chier le monde et Sean à se refermer sur lui-même. Ils auraient tous les deux été trop jeunes de toute façon. » Dis-tu en haussant les épaules parce que tu étais résignée au sujet de ta famille, vraiment. « Améliorées est un bien grand mot. Disons qu’on ne se traîne plus dans la boue pour être le meilleur mais les choses n’ont pas réellement changées. Je me suis faite à l’idée avec le temps, c’est la vie. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu en voulais à Julian de n’en faire qu’à sa tête et de ne faire aucun effort et à Sean de vous couper de sa vie. Tu laissais Gauthier te taquiner alors que la conversation avançait. Si tu pouvais lui rendre service tu allais le faire sans hésiter. « Merci de t'inquiéter Milena. J’ai bon espoir de n’avoir besoin de rien de ce genre pour l’éloigner d’Oliver. » Tu hoches la tête. Tu espères aussi qu’il pourra gagner cette bataille de la manière la plus légale possible. Dans tous les cas, tu l’auras prévenu. S’il doit se lancer dans cette voie, il doit en connaître les risques. « C’est tout ce que je te souhaite. » Oui parce que si c’était le cas, c’était toi qui allais représenter ton ami très certainement et en dehors du fait que cela te faisait un nouveau client pour ton cabinet, tu allais devoir mener une bataille d’arrache pied. Les cas de ce genre sont les plus difficiles à traiter malheureusement. Mais rien n’était perdu, si Emre avait été en prison, il devait y avoir une bonne raison à cela. Tu confiais alors à Gauthier que rien ne pouvait te choquer, tu en avais trop entendu, trop vu des fois pour être choquée. « Tu as travaillé avec ton père ? » Ah ton père … Cet homme à part au dessus de toutes les lois. Tu aimais ton père, parce que c’était ton père mais ce dernier n’avait jamais montré autre chose que de l’intérêt envers tes frères et toi. Un investissement en quelque sorte pour continuer à briller un peu plus. « Non. J’ai démarré dans le cabinet d’un ami à lui. Mais j’ai souvent été présente lors de rendez-vous avec des clients donc j’ai une assez bonne idée de comment travaille mon père et je ne suis pas assez naïve pour penser qu’il n’y a que de l’argent propre dans le trust fund que mon père a ouvert pour moi et dans ceux de mes frères aussi. » Ton père avait toujours eu confiance en toi. Il n’avait jamais essayé de te chasser de ses rendez-vous, il devait d’ailleurs penser que c’était une bonne formation que tu sois là pour écouter. Tu le sais, tu ne le trahiras jamais pour la simple et bonne raison que tu tiens au peu de famille qu’il te reste. Finalement, tu proposais un compromis à Gauthier qui l’accepta en te tendant la main : « C’est un marché, Maître Grimes. » Tu la serrais en laissant échapper un petit rire. Ce terme sortant de la bouche de Gauthier était réellement étrange.

Ton ami d’enfance te proposa ensuite de sortir d’ici et d’aller continuer vos retrouvailles ailleurs, dans un lieu plus enclin à ce genre d’activité. Tu acceptas bien entendu et tu rangeais tes affaires alors qu’il te disait : « Evidement, je crois que nous avons des années à ratrapper. Tu es toujours une adepte de la cuisine italienne ? Et j'espère que ton italien est toujours aussi bon. » Une fois tes affaires dans ton sac, tu allais le rejoindre dans le couloir et tu fermais ton bureau à clé avant de dire : « Toujours, surtout quand c’est cuisiné par les autres. » Tes talents culinaires étaient complètement nuls mais cela te touchait que Gauthier se souvienne de ton penchant pour ce type de nourriture. Par contre ton italien se maintenant de manière impeccable grâce aux dizaines de coups de téléphone de ta mère dans cette langue qui était la sienne. « Avocate alors ? C’est drôle je pense que j’aurais pu le deviner. Toujours l’âme à se battre pour les autres. » Tu hausses les épaules alors que vous sortez de l’immeuble. En réalité, tu n’es pas très sûre que c’est pour cela que tu t’es lancée dans ce métier. C’était assez explicite chez toi que tu n’avais pas le choix. Le métier de tes frères en était la preuve. « C’était une exigence familiale au début. Mon père ne l’a jamais dit à haute voix mais on avait pas vraiment le choix. J’ai eu le choix de ma spécialité cependant et je pense que l’état de ma famille a joué. Mais je ne regrette rien, j’adore mon métier. » C’est vrai, tu ne disais pas cela juste pour éviter la pitié des gens, tu adorais ton boulot. « Et toi ? Qu’est-ce que tu es devenu ? » Demandas-tu curieuse d’en savoir plus sur lui.

Si Gauthier avait une fierté en dehors de sa réussite professionnelle,  c’était bien l’union qu’il avait su créer entre ses frères et soeurs. Certes, elle était un peu bancale parfois et les effusions d’amour et mot doux n’étaient pas monnaie courante mais ils avaient su se soutenir les uns les autres et aujourd’hui Connor les avait même rejoint en Australie. Il déplorait un peu l’absence de sa soeur Maureen dans ce tableau familiale déjà privé de parents mais elle avait toujours été assez indépendante pour ne pas vraiment s'intéresser aux autres enfants de la famille  et Gauthier ne le lui reprochait pas, ce qui n’était probablement pas exactement le cas de Milena avec ses frères. « J’en doute. Julian aurait été trop occupé à faire chier le monde et Sean à se refermer sur lui-même. Ils auraient tous les deux été trop jeunes de toute façon. » Hochant la tête un peu désolé pour elle.  « Améliorées est un bien grand mot. Disons qu’on ne se traîne plus dans la boue pour être le meilleur mais les choses n’ont pas réellement changées. Je me suis faite à l’idée avec le temps, c’est la vie. » Au moins il ne pouvait pas reprocher ça à ses parents, jamais ils n’avaient tenté d’induire une quelconque compétition entre les enfants, peut-être parce que pour le faire il aurait fallu s'intéresser un minimum à eux. « J’imagine que c’est déjà une amélioration. » Mais de toute évidence pas suffisante pour elle. Et d’ailleurs ses quelques mots l’avaient renvoyé aux souvenirs du père de la brune. Un avocat redoutable et renommé, sans doute plus ou moins un comme il en aurait besoin si les choses ne tournaient pas dans son sens avec Emre. « Non. J’ai démarré dans le cabinet d’un ami à lui. Mais j’ai souvent été présente lors de rendez-vous avec des clients donc j’ai une assez bonne idée de comment travaille mon père et je ne suis pas assez naïve pour penser qu’il n’y a que de l’argent propre dans le trust fund que mon père a ouvert pour moi et dans ceux de mes frères aussi. » Malgré tout elle n’avait sans doute pas craché dessus. « C’est tout à ton honneur de ne pas vouloir suivre ses traces. » Même si ça faisait d’elle une avocate bien trop loyale pour l’affaire de Gauthier et ses ambitions.

Concluant sur un marché qui semblait bon pour les deux ils avaient rapidement quitté le bureau pour changer de conversation. « Toujours, surtout quand c’est cuisiné par les autres. » Un sourire en coin il l’observe. Elle a tout de la femme d’affaire dévouée à son travail et ça a quelque chose de séduisant malgré tout. « Tu n’aimes pas cuisiner ? » Il semble plutôt entendre qu’elle est mauvaise mais ne se permettrait pas de lui poser la question de la sorte. « Quoi qu’il en soit, je t’emmène dans un petit restaurant Italien pas loin d’ici, il est charmant. Ils font même importer des cédrats tout droit d’Italie pour leurs sauces, un pur délice. » Il n’a pas besoin de préciser qu’il l’invite c’est une évidence pour lui. Et tous deux prennent le chemin du restaurant. A seulement une dizaine de minutes du cabinet ils s’y rendent à pied. « C’était une exigence familiale au début. Mon père ne l’a jamais dit à haute voix mais on avait pas vraiment le choix. J’ai eu le choix de ma spécialité cependant et je pense que l’état de ma famille a joué. Mais je ne regrette rien, j’adore mon métier. » Il en est heureux pour elle, sait ce que peut représenter la pression familiale. « Tu as encore des contact avec ton père aujourd’hui ? » Elle semble tout de même lui tenir un peu rigueur de ses agissements dans le passé, « Et toi ? Qu’est-ce que tu es devenu ? » Son travail c’est une fierté pour Gauthier mais il est aussi conscient que ça peut vite être barbant pour les autres. « Je suis trader à la Commonwealth Bank of Australia. » Rien de vraiment étonnant quand on connaît sa passion pour les chiffres un peu plus quand on connaît l’entreprise de son père, mais Gauthier avait très vite montré le besoin de réussir par lui même loin de l’entreprise de son père et de son influence. « Et j’aime sincèrement mon métier, c’est stimulant.. » Il fallait au moins ça pour supporter le stress de ce dernier, evidemment le fait qu’il rapporte bonbon sans compter son porte-monnaie personnel qu’il gérait d’une main de maître n’y était pas pour rien. « C’est ici. » Il lui ouvre la porte du petit restaurant, quelques chose de plutôt intimiste l’odeur délicieuse lui sautant au nez. « Monsieur Hazard-Perry, vous êtes accompagné aujourd’hui. » Adepte de ce restaurant pendant ses pauses déjeuner, il n’y emmène normalement que sa carcasse et pas une jolie femme. Déposant un baiser sur la main de Milena le serveur les amènes à table leur apportant directement les cartes. « Une coupe de champagne pour fêter nos retrouvailles Milena ? » Il pouvait au moins boire ça après tant d’années. Il avait d’ailleurs encore de la peine à réaliser.

Ta situation familiale était bien loin d’être idéale. Mais tu faisais avec, tu aimais tes frères malgré tout et tu compensais avec ton entourage non familial. Tu t’étais fais des amis en or à Brisbane, tu en avais bien conscience. Et puis tu compenseras quand tu auras ta propre famille aussi. Tu espères réellement avoir l’occasion de réaliser ce rêve qui s’échappe un peu plus tous les jours mais qui reste si cher à ton cœur. Tu vois bien l’étonnement de Gauthier à tes paroles. Vous étiez trop jeunes quand tu étais partie pour qu’il se souvienne. Ca n’avait pas vraiment trop commencé à l’époque, c’était presque dormant cette ambiance de famille malsaine. « J’imagine que c’est déjà une amélioration. » Tu hoches la tête. Ca l’était, pas l’amélioration que tu voulais mais ça l’était. Vous aviez fait vos preuves aujourd’hui, toi ce qui t’intéressait c’était d’être une très bonne avocate et d’avoir ton cabinet. En plus Sean n’était pas avocat et Julian avait un tout autre domaine d’activité, ce n’était pas comme si vous pouviez vous marcher sur les pieds. Gauthier te demanda ensuite si tu avais déjà travaillé avec ton père. Tu ne te faisais nullement d’illusion sur les pratiques de ton paternel sachant très bien ce qu’il tramait. « C’est tout à ton honneur de ne pas vouloir suivre ses traces. » Tu hausses les épaules. Tu ne sais pas si c’est mieux ou pas mais tu ne pourrais pas vivre avec toi-même si tu te mettais à verser dans des pratiques obscures surtout qu’il y a toujours la possibilité que cela puisse entacher ta carrière qui n’a pas eu besoin de ça pour décoller. « Je ne sais pas mais c’est un choix en tout cas. » Oui, tu avais appris très tôt que l’on devait faire des choix dans la vie et que le non choix n’était pas réellement une option.

Quitter ton bureau en compagnie de Gauthier te donnait le sourire. Cela enlevait un poids car maintenant que vous aviez réglé son problème, vous pouviez parler de choses plus légères, profiter pleinement de ses retrouvailles. Tu ne parlais pas souvent italien mais le faire avec Gauthier te rappelait le bon vieux temps. « Tu n’aimes pas cuisiner ? » Un sourire amusé se dessine sur tes lèvres. Ce n’est pas que tu n’aimes pas cuisiner, c’est plutôt que tu n’as jamais pris le temps d’essayer. Et que c’est très loin d’être un talent naturel pour toi. Au contraire même, tu es un danger en cuisine. « Je suis un danger en cuisine, je n’arrive jamais à rien préparer. Je n’ai jamais pris le temps de savoir si j’aimais ça ou pas mais ma résolution 2017 est de prendre des cours de cuisine donc j’espère au moins arriver à faire des pâtes à la fin. » Dis-tu amusée. Tu sais que dans tous les cas tu n’auras pas de problèmes, tu ne manquais pas de bonnes adresses ni d’argent pour acheter à manger en rentrant du travail mais réaliser un plat soi-même avait quelque chose de particulièrement satisfaisant. « Quoi qu’il en soit, je t’emmène dans un petit restaurant Italien pas loin d’ici, il est charmant. Ils font même importer des cédrats tout droit d’Italie pour leurs sauces, un pur délice. » Oh ce programme a l’air très alléchant. Tu n’as pas mangé de la très bonne nourriture italienne depuis longtemps. « Je te fais confiance, tu as l’air de connaître les bonnes adresses. » Dis-tu avec un clin d’œil alors que la conversation se tournait vers ton choix de carrière professionnelle. Tu ne te faisais pas d’illusion de ce côté là. Tu avais eu la chance de tomber amoureuse de ton métier durant tes études mais tu avais toujours su que ton père ne te payerait aucun frais de scolarité si tu ne te lançais pas dans des études de droit. Tu n’avais jamais pris le temps d’envisager autre chose parce que cela n’aurait servi à rien de rêver à autre chose. « Tu as encore des contact avec ton père aujourd’hui ? » Tu hoches la tête. A vrai dire tu ne sais pas vraiment expliquer à Gauthier cette relation étrange que tu avais avec ta famille. Tes deux frères refusaient de parler à tes parents aujourd’hui, il n’y avait plus que toi pour faire le lien et puis tu aimais ton père tout de même. Il t’avait poussée à donner toujours le meilleur de toi-même et ne pas se contenter de ce que tu avais. « Oui, je suis la seule toujours en contact avec mes parents. Je ne me fais aucune illusion sur mon père, c’est un homme qui a toujours eu ce qu’il voulait et c’est toujours le cas aujourd’hui. Mais il m’a appris beaucoup aussi et c’est mon père alors … » C’était peut-être insensé pour Gauthier mais tu ne lui demandais pas de comprendre, juste d’accepter que les choses étaient ainsi pour toi. Tu l’avoueras sans mal, la famille Grimes est une famille bien particulière. Tu retournes la question à ton ami car tu ignores ce qu’il est devenu. « Je suis trader à la Commonwealth Bank of Australia. Et j’aime sincèrement mon métier, c’est stimulant.. » Tu souris, l’essentiel était d’aimer son métier. Tu n’avais aucun mal à voir ton ami dans la finance. Tu souris, c’était tellement étrange de se retrouver ici à parler de vos métiers alors que vous vous imaginiez des vies tellement plus excitantes étant petits. « Félicitations, l’essentiel c’est d’aimer ce que l’on fait. » Toi c’était clairement ce qui t’animait, pas de doutes là-dessus. Vous arrivâtes au restaurant et Gauthier te tint la porte. L’atmosphère était juste parfaite, tu avais l’impression de mettre un pied en Italie. « Monsieur Hazard-Perry, vous êtes accompagné aujourd’hui. » Tu laisses échapper un petit rire alors que le serveur dépose un baiser sur ta main. Tu te laisses ensuite guider jusqu’à une table où tu prends place. Les cartes arrivent et Gauthier te dit : « Une coupe de champagne pour fêter nos retrouvailles Milena ? » Tu hoches la tête avant de dire : « Avec plaisir, après tant d’années on mérite au moins ça. » Dis-tu avec un clin d’œil avant d’ouvrir la carte et d’ajouter : « Merci pour cette découverte, je vais adorer cet endroit. C’est un endroit parfait pour charmer les demoiselles. » Dis-tu avec un clin d’œil pour taquiner ton ami sur la remarque du serveur.

Chez les Hazard-Perry les traiteurs sont le plus souvent invités, pour autant Gauthier sait cuisiner, c’est bien le seul d’ailleurs dans sa famille, il ne faut pas compter sur Theo pour leur faire autre chose que des pâtes. Alors en plus des traiteurs il connaît bien les restaurants du coin et plus particulièrement les italiens puisque c’est un peu son péché mignon. « Je suis un danger en cuisine, je n’arrive jamais à rien préparer. Je n’ai jamais pris le temps de savoir si j’aimais ça ou pas mais ma résolution 2017 est de prendre des cours de cuisine donc j’espère au moins arriver à faire des pâtes à la fin. » C’est une résolution comme une autre. « Tu pourras m’inviter je te donnerai un avis sincère. » Et c’est un bon moyen de s’assurer qu’ils ne vont pas perdre le contact. Son emploie du temps est bien chargé mais pour une vieille amie il aura toujours un peu de place. « Je te fais confiance, tu as l’air de connaître les bonnes adresses. » Et il ne doute pas que celle-là va lui plaire - certes il faut sortir un peu le porte-monnaie mais c’est loin d’être un soucis pour lui. En parlant de leur travail ils avaient inévitablement dérivé un peu vers le père de Milena, un homme que Gauthier connaissait bien plus de réputation que de visu. Il l’avait certes croisé une ou deux fois dans sa jeunesse mais n’était pas vraiment le genre de père à être très présent non plus de ce qu’il avait cru comprendre. « Oui, je suis la seule toujours en contact avec mes parents. Je ne me fais aucune illusion sur mon père, c’est un homme qui a toujours eu ce qu’il voulait et c’est toujours le cas aujourd’hui. Mais il m’a appris beaucoup aussi et c’est mon père alors … » Hochant la tête il n’avait rien ajouté, pour lui ses parents ne méritaient pas l’attention de leurs enfant et il y a bien longtemps qu’il ne leur en donnait plus. Mais il comprend pourtant qu’il n’est pas aussi simple pour Milena de couper les ponts. « Je comprends… » Il ne comptait en tout les cas pas la juger là dessus.

Gentiment tous deux arrivent au restaurant, accueilli par le serveur ils prennent place à une petite table un peu reculée. « Avec plaisir, après tant d’années on mérite au moins ça. » Il lui sourit commandant deux coupes de champagnes pour eux et laissant le serveur disposer le temps qu’ils ne choisissent leurs plats. « Tu te rends compte, c’est la première fois qu’on va boire de l’alcool légalement ensemble. » Parce qu’ils ont tout de même testé la réserve de son père en toute illégalité dans leur jeunesse. Mais c’était pour jouer aux grandes personnes ça ne compte pas. « Merci pour cette découverte, je vais adorer cet endroit. C’est un endroit parfait pour charmer les demoiselles. » Il la regarde d’un façon entendue alors que déjà les coupes de champagne leur sont amenées. « Je crois que je suis démasqué. » Il s’en amuse un peu, ne lui dira pas qu’il est loin de jouer les charmeurs habituellement. « A nos retrouvailles ? » Il emmène son verre contre le sien, la regardant d’une façon entendu, ne quittant pas son regard alors qu’il porte la flûte à ses lèvres. « Et puisque l’on parle de ça, tu as quelqu’un dans ta vie ? » Il a parlé de mari et d’enfant, et elle n’en a pas mais ça ne l’empêche sans doute pas d’avoir un homme - et des projets.