Retrouver Gauthier était un pur plaisir. Vous n’aviez pas eu besoin de passer un moment étrange, celui qu’on passe quand on ne s’est pas vu depuis longtemps, tout était revenu de suite entre vous et tu espérais que votre amitié pourrait rapidement se reconstruire. Parce que l’amitié que tu avais construite avec Gauthier quand vous étiez enfants avait été une des plus belles histoires d’amitié de ta vie. Tu te mis donc à raconter à Gauthier le désastre culinaire que tu représentais. Franchement, des fois tu en avais honte mais on ne pouvait pas avoir tous les talents dans la vie et clairement celui de la cuisine avait loupé une génération avec toi. « Je te fais confiance, tu as l’air de connaître les bonnes adresses. » Tu le regardes en souriant, c’est un bon signe, il compte bien te revoir. Tu ne l’aurais pas laissé se défiler de toute manière à part si vous aviez trop changé pour être amis désormais. Mais cela ne semblait pas être le cas. « Avec plaisir mais ce sera à tes risques et périls. » Dis-tu avec un sourire taquin sur les lèvres. Pourtant c’était purement et simplement vrai malheureusement. Mais tu donneras tes meilleurs efforts, tu as déjà invité ton amie Elisabeth à venir tester ta cuisine donc elle sera le premier crash test, tu espères ne pas trop te louper tu l’avoues. La conversation tourne autour de vos familles et de ton père désormais. Les relations dans ta famille étaient compliquées, très compliquées. Tu t’étais faite à l’idée il y a bien longtemps et aujourd’hui tu essayais de jouer avec chacune pour garder un semblant de cocon familial mais tu ne bernais personne, tu étais la seule en contact avec tes parents, lien que tu n’arrivais pas à couper complètement. « Je comprends… » Tu ignores s’il te comprend vraiment mais tu apprécies qu’il ne te juge pas, qu’il accepte ce choix que tu avais fait, un choix pas accepté par tous les membres de ta famille. Tes frères ne comprenaient pas mais toi aussi tu ne comprenais pas pourquoi ils avaient coupé tous les liens, vraiment tous les liens.
C’est tranquillement que vous vous installiez à une table dans ce petit restaurant italien. Tu sentais que tu allais passer une excellente soirée en compagnie de Gauthier et profiter d’une très bonne nourriture italienne. Il n’était pas question de refuser un peu de champagne pour trinquer à ces retrouvailles et la réflexion de Gauthier te fit rire : « Tu te rends compte, c’est la première fois qu’on va boire de l’alcool légalement ensemble. » Tu n’y avais même pas pensé, cela ne t’avait pas traversé l’esprit parce que tu étais tellement habituée à en boire maintenant et depuis longtemps mais effectivement. Vous aviez testé un petit peu quand vous étiez jeunes pour faire comme les grands mais cela ne t’avait pas convaincu à l’époque. « Nous sommes des grandes personnes maintenant. » Dis-tu avec un clin d’œil en attrapant la coupe qu’on te tendait. Tu ne peux t’empêcher de faire remarquer à Gauthier que c’était l’endroit parfait pour charmer une demoiselle et tu ne pouvais t’empêcher d’être touchée qu’il t’emmène ici alors qu’il ne semblait y amener personne. « Je crois que je suis démasqué. » Tu lèves un sourcil alors qu’un sourire en coin se dessine sur tes lèvres. « On essaye de me charmer monsieur Hazard-Perry ? » Il n’aura pas besoin de faire beaucoup d’efforts, tu es vite charmée, personne ne prend réellement le temps de le faire avec toi. Tu n’as jamais compris pourquoi une femme intelligente et qui en impose fait peur aux hommes mais bon. « A nos retrouvailles ? » Tu tends ton verre le laissant teinter contre celui de Gautier avant de dire : « A nos retrouvailles » et d’en boire une gorgée. Gauthier ne perdit ensuite pas de temps à te questionner : « Et puisque l’on parle de ça, tu as quelqu’un dans ta vie ? » Curieux, Gauthier était bien curieux de savoir où tu en étais dans ta vie personnelle et pourtant il allait être bien déçu. Tu n’avais pas réellement de mal à parler de son inexistence. « Non, pas vraiment. » Tu étais attirée par Alvaro, certes mais tu n’appellerais pas cela avoir quelqu’un dans ta vie. « Ce n’est pas toujours facile pour moi de trouver le temps mais surtout de trouver quelqu’un qui n’est pas intimidé par une femme qu’il ne pourra jamais enfermer à la maison. Et j’ai du mal à faire confiance, il y a des blessures qui ont du mal à se refermer. » Dis-tu en haussant les épaules avant de demander : « Et toi ? » Après tout ça allait dans les deux sens non ?
Milena fait resurgir chez lui des souvenirs d’enfances, de ceux auxquels il ne pense pas souvent parce que dans la famille ils ne sont pas de ceux qui ressassent le passé, ou se remémorent les souvenirs d’enfance ensemble. Quand ils sont venus s’installer en Australie ils n’ont presque rien pris avec eux et surtout pas des photos d’enfances, souvent trop strictes et dictées par leur parents. « Nous sommes des grandes personnes maintenant. » Il sourit à la jeune femme, peut-être qu’il a de la peine à réaliser en fait, que c’est bien elle, qu’ils sont là en Australie après toutes ses années. « Je n’aurais pas cru ça possible pourtant. » Pas qu’ils grandissent évidemment, mais qu’ils se retrouvent adultes, pour boire une coupe de champagne ensemble. Et il en profite pour faire un peu le charmeur, attitude qu’il ne laisse pas souvent ressortir, les femmes restant quelque chose de secondaire dans sa vie. « On essaye de me charmer monsieur Hazard-Perry ? » Il attrape la coupe du serveur avec un regard entendu et un peu amusé aussi. « Si c’était le cas, est-ce qu’il y a une chance que ça marche ? . » Il s’amuse un peu de la situation surtout en repensant à ce qu’elle a un jour été pour lui. « Il me semble qu’enfant tu n'étais pas insensible à mon charme. » Évidemment le contexte est différente, et aujourd’hui il n’est pas capable de lui offrir ce qu’elle attend d’un homme, ce qu’elle semble souhaité, cette vie tranquille avec un mari gentil et des enfants, ce n’est plus un projet d’avenir pour lui et inimaginable dans un futur proche avec sa maison qui tend à devenir une vraie basse cour, où tout le monde peut entrer et sortir comme il le veut et même crécher pendant quelques mois si l’envie leur prend. Il s’y fait difficilement, mais tout de même. Préfère d’ailleurs lever son verre dans sa direction plutôt que de penser au chaos de cette vie bien trop désorganisée à son goût. Au moins sur sa vie sentimentale il garde la mainmise - la maîtrise comme il le peut - restant maître de chaque mot, de chaque mouvement de chaque intention… Ou presque. « A nos retrouvailles » Les mots sonnent plus doux dans ta bouche que dans celle du trader et il se laisse presque séduire par cette voix elle aussi différente, modifiée par les années pour en faire celle d’une femme.
Il a moins de barrière avec elle, questionne comme il ne le ferait pas avec une autre femme - en grande partie parce que ça ne l’intéresserait pas. Mais avec Milena il y a tant d’année à rattraper, tant de fou rire manqués, de déception aussi sans doute. D’un coup, il se prend à imaginer une vie où elle n’aurait pas disparu de son existence, à se demander si cette froideur et cette réserve aurait pris le pas, parce qu’à l’époque elle était la seule à qui il semblait simple de parler, et que personne n’avait pris ce rôle après elle, seul Daniel trouvant à nouveau les codes, des années plus tard pour devenir un vrai ami et pas juste une vague connaissance. Il est de ceux qui peuvent le dire, il compte ses amis sur les doigts d’une main et encore… Cinq doigts sont bien de trop. « Non, pas vraiment. » Il lui semble entendre une point de déception dans sa voix mais ne relève pas. Une femme comme elle,, elle n’est pas encore tombée sur le bon mais il ne doute pas qu’il est là quelque part. « Ce n’est pas toujours facile pour moi de trouver le temps mais surtout de trouver quelqu’un qui n’est pas intimidé par une femme qu’il ne pourra jamais enfermer à la maison. Et j’ai du mal à faire confiance, il y a des blessures qui ont du mal à se refermer. » Nouveau hochement de tête, elle fait partie de ses femmes brisées par l’homme, celles qui n’accordent leur confiance qu’au compte gouttes. « J’en suis désolé Milena, les hommes peuvent être bien idiots parfois, particulièrement celui qui t’a laissé filé. » Léger sourire à nouveau, il ne lui posera pas plus de questions pour ce soir - c’est un pan de la vie de Milena qu’il n’est probablement pas en droit de connaître, bien trop privé pour des retrouvailles encore fraîches. « Mais j'espère que tu trouveras un homme assez sûr de lui pour ne pas être effrayé par une femme charmante et intelligente. » Et qui gagnerait sans doute plus d’argent que lui - ce qui n’est probablement pas quelque chose qui est pris à la légère par bien des hommes. « Et toi ? » La réponse lui semble claire pourtant, où caser une femme dans cette vie bien rangée. « Non, la seule femme de ma vie c’est Théodora, et je lui reste fidèle. » Il préfère le dire de cette façon, dans son cas il n’est pas question de déception amoureuse, pour ça faut il encore se laisser aller à l’amour. « Les relations amoureuses demandent du temps et de l’implication et je n’ai aucun des deux. » Le temps il le cherche déjà trop souvent, pour le reste c’est une question de priorité, et souvent sa famille, son travail et sa montagne passait bien avant une jolie femme. Dans sa tête les choses étaient même assez claires - il y avait ceux qui sont doués pour l’amour et les autres, et il faisait très clairement parti de cette deuxième catégorie.
Il fallait l’avouer, c’était plutôt agréable de se laisser charmer ainsi. Ce petit restaurant allait clairement se retrouver sur la liste des petites perles de Brisbane. Bon, il était certain que la compagnie que tu avais ce soir ne faisait que rajouter à ton enthousiasme pour l’établissement mais tu étais certaine cependant de ne pas être déçue. Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas pris le temps d’aller au restaurant en dehors de déjeuners et dîners d’affaire alors tu comptais bien profiter de cette soirée, particulièrement quand elle te remémorait des souvenirs d’enfance plutôt heureux pour une fois. « Je n’aurais pas cru ça possible pourtant. » Un sourire se dessine sur ton visage. Toi non plus à vraie dire … Tu avais pensé ne jamais recroisé Gauthier, le monde était bien trop grand. Tu étais retournée à Londres plusieurs fois depuis que tu étais adulte mais le contact avait été perdu depuis trop longtemps, tu n’avais jamais osé reprendre contact avec ton ami alors que tu n’étais que de passage. C’était peut-être égoïste mais le quitter une deuxième fois ne te semblait pas envisageable à une époque où ta situation familiale était loin d’être appréciable. « Comme quoi la vie peut toujours nous surprendre. » Dis-tu avec un clin d’œil. Tu ne pus ensuite t’empêcher de taquiner Gauthier sur ses airs et ses paroles de charmeur. Cela te faisait sourire, rougir aussi un petit peu parce que vous aviez l’habitude de le faire quand vous étiez enfants mais aujourd’hui cela voulait dire tout autre chose enfin pas spécialement mais c’était tout de même une autre histoire. « Si c’était le cas, est-ce qu’il y a une chance que ça marche ? Il me semble qu’enfant tu n'étais pas insensible à mon charme. » Un énorme sourire se dessine sur ton visage. Non, tu ne le nieras pas, tu étais complètement sous le charme de Gauthier quand tu étais jeune et tu ne le regrettais pas. Vous étiez peut-être des enfants mais c’était certainement la meilleure relation que tu n’avais jamais eue. La plus saine en tout cas c’est certain. Ce n’est pas facile de s’appeler Grimes tous les jours que ce soit au niveau des attentes de papa ou des prétendants qui se présentent à ta porte. Enfin se présentaient. « Ca pourrait bien remarcher avec tous ces souvenirs qui reviennent. » Dis-tu avec un clin d’œil avant d’ajouter : « Toute blague à part, je suis heureuse que mon petit cœur d’enfant t’ait choisi à l’époque. Je ne pouvais rêver mieux comme premier amour mais peut-être que tu avais mis la barre trop haute finalement. » Dis-tu avec un sourire en coin pour le taquiner. Gauthier avait toujours eu du charme naturellement et de ce que tu pouvais voir il n’avait pas eu de mal à le garder.
Tu aurais dû te douter à le taquiner qu’il finirait par s’intéresser de nouveau à ta vie amoureuse. En même temps, quand on revoit son amour d’enfance, on peut se poser des questions non ? Tu n’as pas vraiment de mal à parler de ton célibat, ce n’est pas un statut honteux pour toi malgré ton âge même si tu aurais préféré que les choses soient faites autrement. C’est donc de la manière la plus honnête que tu répondais à Gauthier parce que tu n’avais rien à lui cacher et que malgré toutes ces années loin l’un de l’autre tu avais l’impression de le retrouver comme si c’était hier. « J’en suis désolé Milena, les hommes peuvent être bien idiots parfois, particulièrement celui qui t’a laissé filé. Mais j'espère que tu trouveras un homme assez sûr de lui pour ne pas être effrayé par une femme charmante et intelligente. » Tu n’es pas réellement très déçue qu’il t’ait laissée filer. C’est plutôt la manière dont il l’a fait qui a été brutale. Tu ne te voyais pas vivre avec ce genre de personne toute ta vie maintenant que tu y pensais et le trouver dans son bureau avec une autre était la meilleure et la pire chose qui te soit arrivée en même temps. « Ne soit pas désolé, c’était plus qu’un idiot, un connard à l’égo bien trop important. Disons que c’est la manière dont la séparation s’est déroulée qui a été compliqué à gérer. » Peut-être qu’un jour tu lui diras, tu ne sais pas. Tu es certaine que Gauthier gardera le secret mais ce n’est pas une conversation pour une soirée de retrouvailles au restaurant. « J’espère aussi trouver chaussure à mon pied. » Dis-tu avant de boire une nouvelle gorgée de champagne et de retourner la question à ton ami. Elle était légitime et puis tu avais légèrement envie de savoir tu ne pouvais pas le cacher même si tu avais déjà une idée avec ce qu’il t’avait dit précédemment. « Non, la seule femme de ma vie c’est Théodora, et je lui reste fidèle. Les relations amoureuses demandent du temps et de l’implication et je n’ai aucun des deux. » Tu ne peux t’empêcher de faire une petite moue pensive. Tu n’as pas beaucoup de temps pour toi non plus mais tu essayes de faire au mieux. Tu as l’impression que c’est surtout un bon moyen de se cacher pour éviter quelque chose. Quoi ? Tu n’en savais rien et tu n’allais pas le lui demander. « Je suis certaine que ta sœur apprécie le geste mais je trouve ça dommage que tu te prives de cet amour là. » Dis-tu en haussant les épaules avant d’ajouter : « J’étais une si mauvaise amoureuse que ça ? Pour te faire faire une croix sur l’amour ? » C’était pour le taquiner bien entendu.
Milena était celle qui avait fait naître chez lui les premiers émois - la première fille qui avait retenu assez son attention pour que lui consacrer du temps en vaille la peine. A l’époque déjà il était difficile pour lui de trouver du sens aux relations humaines et plus particulièrement amoureuse, déjà à 10ans il aimait se réfugier dans la nature, loin de ce cadre familiale qui pouvait parfois être étouffant. Avec les années pourtant il avait su s’y acclimater, rentrer dans les rangs, devenir le parfait homme d'affaire, parfois même il se donnait l’impression de n’être qu’une pâle copie de son père, à faire bonne figure quand il le fallait au bras d’une femme, si possible un peu belle est cultivée pour bien paraître, mais jamais assez pour qu’il ne s’y intéresse vraiment… Ne donne son attention complètement à une femme. Il y avait d’ailleurs de trop longue années qu’il n’avait pas connu ce réel intérêt, celui qui pourrait lui faire un jour préféré une journée avec elle qu’avec son travail ou sa montagne. Parce qu’il y a avait bien longtemps qu’il n’avait plus laissé à une femme l’occasion même - de tenter de rivaliser. Et il ne se faisait pas d’illusion… Aujourd’hui il y a avait peu de chance pour que Milena retrouve un jour cette place particulière qu’elle avait eu… Mais pourtant il abordait leur relation avec un brin de nostalgie plutôt agréable. Et qui rendait cette relation différente des autres. « Ca pourrait bien remarcher avec tous ces souvenirs qui reviennent. » Il n’est de tout évidence pas le seul d’ailleurs à apprécier des souvenirs maintenant lointains. A les avoir gardé précieusement, peut-être dans l'espoir qu’un jour ce moment arrive, celui des retrouvailles inattendues « Toute blague à part, je suis heureuse que mon petit cœur d’enfant t’ait choisi à l’époque. Je ne pouvais rêver mieux comme premier amour mais peut-être que tu avais mis la barre trop haute finalement. » Il sourit un peu amusé. « Je ne doute pas qu’il est difficile de passer après moi. » Il tente un brin d’humour - le nouveau Gauthier. Celui qui essaye d’être un peu plus léger en prenant le risque parfois de tomber à côté. « Mais je te rassure, peu de femme ont fait le poids après toi. » Peut-être même aucune de celle qu’il avait réellement fréquentée. Le reste il ne voulait pas y penser. « Peut-être aussi que j’idéalise, nous étions si jeunes. » Un peu innocent aussi et pourtant ça ne l’avait pas empêché de vivre sa première peine de coeur quand elle avait dû quitter le pays… Et le laisser retourner à son habituelle solitude qui ne l’avait plus jamais vraiment lâché. « Il est plus simple de donner son coeur quand on ne sait pas ce qu’on risque. » Il l’avait dit un peu amusé, persuadé que cette phrase aurait du sens pour elle aussi. Ensuite il avait commencé à faire des calculs, à rationaliser ce qui ne devait pas l’être, les chances pour lui que les choses finissent mal préférant ne pas prendre en compte la variable importante qui est que sans essayer, il ne risquait pas de réussir un jour.
Il semble pourtant que Milena elle ait su prendre des risques, quitte à se faire un peu mal. « Ne soit pas désolé, c’était plus qu’un idiot, un connard à l’égo bien trop important. Disons que c’est la manière dont la séparation s’est déroulée qui a été compliqué à gérer. » Il sent bien que le sujet n’est pas si simple a abordé et ne souhaite pas enfoncer le clou plus que ça. « J’ai entendu dire que c’était un truc de filles d’aimer les connards. » Il tente de rendre l’atmosphère un peu plus sympathique en lui adressant un regard amusé, préférant tourner la situation au dérisoire plutôt que dans le larmoiement. Bien qu’il n’imagine pas Milena comme le genre de femme à pleurer et à se donner en spectacle. D’ailleurs quand la question est retournée à Gauthier il tente d’y répondre sans rentrer trop dans les détails mais en essayant de faire planer l’idée qu’il ne se plaint pas de cette solitude. Il n’est pas de ceux qui recherche la relation comme elle semble elle le vouloir. « Je suis certaine que ta sœur apprécie le geste mais je trouve ça dommage que tu te prives de cet amour là. » Il fronce un peu les sourcils à cette remarque. « Je ne me prive pas Milena, ce n’est juste pas ma priorité. » Il le sait, c’est difficile à comprendre pour bien des gens, mais pour lui c’est l’évidence. Il ne peut pas être sur tous les fronts et il sait se passer de celui là - l’a toujours fait avec facilité d’ailleurs. « J’étais une si mauvaise amoureuse que ça ? Pour te faire faire une croix sur l’amour ? » Il sourit un peu amusé. « Je n’y avais jamais pensé mais… » Il la regarde en fronçant un peu les sourcils d’un air qui se veut sérieux cette fois avec toujours cette pointe de taquinerie dans la voix pourtant. « Peut-être que tout est de ta faute oui. » Un sourire en coin et il amène sa coupe de champagne à sa bouche. « On a pas idée de briser le coeur d’un pré-adolescent comme ça en s’enfuyant au bout du monde. » Est-ce qu’il décrirait vraiment ce moment comme celui d’un coeur brisé… Peut-être même si déjà à l’époque il avait eu la pudeur de ne pas montrer sa peine à la voyant partir. « Tu as fait ton choix ? » Avait il alors demandé alors qu’il reposait sa propre carte en sachant ce qu’il allait commander, prêt à faire un signe au serveur.
Gauthier rimait pour toi avec sécurité. Gauthier c’était ton meilleur ami d’enfance, celui qui t’avait fait découvrir ce que voulait dire le mot amour. Et vous étiez jeunes, trop jeunes peut-être mais cette innocence et cette découverte que vous aviez faite à deux vous avait permis de vivre cette histoire de la plus belle manière possible certainement, de la vivre naturellement tout simplement. Oui, certainement que tu l’idéalisais un peu et que beaucoup était à mettre sur le dos de cette innocence qui vous quitte toujours petit à petit. Retrouver Gauthier à Brisbane c’était inattendu mais agréable. C’était retrouver une part de cette innocence, c’était pouvoir être soi-même malgré le fait que vous aviez grandi et changé. Pas tant que ça peut-être finalement car il n’avait pas fallu longtemps avant que tout gêne ne se dissipe et que tout redevienne presque comme avant. Tu étais curieuse tu ne pouvais le nier de ce qui avait occupé ton ami depuis toutes ces années et tu commençais à construire le puzzle petit à petit dans ton esprit mais il faudra certainement encore quelques rencontres avant que ton ami ne soit plus ce mystère qu’il représentait à cet instant précis. Alors que les souvenirs vous envahissaient, il était agréable de se replonger dans ce passé. Maintenant que tu y pensais, le départ pour New York avait tourné une page pour toi, une page d’insouciance et de bonheur sans tâche. Les choses avaient été différentes de l’autre côté de l’Atlantique et c’était avec regret que tu avais finis par enfermer tous ces souvenirs au fond d’un tiroir, bien inscrits dans des journaux que tu appréciais tenir à l’époque. « Je ne doute pas qu’il est difficile de passer après moi. Mais je te rassure, peu de femme ont fait le poids après toi. Peut-être aussi que j’idéalise, nous étions si jeunes. Il est plus simple de donner son coeur quand on ne sait pas ce qu’on risque. » Tu hoches la tête, c’est effectivement vrai. Cette innocence vous avait empêché de penser que les choses pourraient se terminer un jour. Tu n’avais jamais pensé avoir à déménager à vraie dire mais on ne t’avait pas laissé le choix. Cela aurait pu être étrange de parler de ses histoires de cœur à son premier amour mais en réalité, cela ne l’était pas. La vie était passée par là, aujourd’hui vous seriez certainement de très bons amis. Flirter c’était amusant, cela ne voulait pas dire que cela devait aller plus loin. En tout cas, Gauthier ne semblait pas avoir eu beaucoup plus de chances que toi en amour. « Tu as raison. Mais j’ai entendu que cela valait le coup de le donner de temps en temps. » Dis-tu avec un clin d’œil. C’était dans tes amis que tu avais trouvés ces exemples parce que tu n’étais pas certaine que le couple de tes parents était animé par un grand amour. Oh ils s’aiment, à leur façon cependant.
Ta vie amoureuse était loin d’être la plus glamour du monde et ta séparation avec Franck était toujours gravée dans ton esprit mais cela faisait un peu plus de deux ans que cette histoire s’était terminée et la solitude ce n’était pas quelque chose que tu recherchais pour le long terme. « J’ai entendu dire que c’était un truc de filles d’aimer les connards. » Tu laissais échapper un rire avant de le frapper un peu sur l’épaule pour cette généralité. Comme toute généralité, il y avait une part de vérité derrière et pourtant ce n’était pas réellement ce que tu cherchais. Tu serais sortie sans aucun problème avec un de tes camarades d’Harvard et de bonne famille s’il y avait eu quelque chose entre vous mais cela n’avait pas été le cas à l’époque et aujourd’hui tu ne croisais plus grand monde d’Harvard. « Ils arrivent à le cacher bien trop longtemps des fois. Mais je suis ressortie de cette histoire avec l’assurance de mes parents que je pourrai choisir seule mon conjoint donc je n’ai pas tout perdu. » Le mariage arrangé te pendait au nez. Plus tu vieillissais, plus tes parents se sentaient obligés de faire ce genre de chose. Ta mère avait jubilé quand elle t’avait présenté Franck, quelques années plus tard, elle avait changé de point de vue. « Je ne me prive pas Milena, ce n’est juste pas ma priorité. » Tu ne dis rien, pensive soudainement. Tu ne cherchais pas constamment à trouver quelqu’un mais tu n’avais pas abandonné non plus ce qui semblait être un peu le cas de Gauthier. « Si tu le dis … » Dis-tu en haussant les épaules. Gauthier n’avait pas l’air malheureux après tout. « Et si tu te sens trop seul, tu peux toujours me rendre visite. » Lui dis-tu avec un clin d’œil plus pour rigoler qu’autre chose. Il peut te rendre visite quand il veut mais peut-être pas pour un booty call. Votre relation enfantine revint sur le tapis avec ta taquinerie et Gauthier te dit : « Je n’y avais jamais pensé mais… Peut-être que tout est de ta faute oui. On a pas idée de briser le coeur d’un pré-adolescent comme ça en s’enfuyant au bout du monde. » C’est vrai, cela avait été cruel mais ton petit cœur brisé avait été le cadet des soucis de ton père, comme à chaque fois. Sauf dans le cas de Frank, tu n’avais jamais vu ton père s’intéresser autant à ton bien être qu’à ce moment là et semblait avoir gardé cet intérêt depuis. « Malheureusement mon père se fichait bien de nos cœurs brisés. J’aurais préféré ne pas partir, Londres c’était l’insouciance, le bonheur simple et sans contrepartie. New York a été un autre chapitre de ma vie. » Dis-tu en haussant les épaules. Ce qui était fait était fait de toute façon. « Tu as fait ton choix ? » Tu refermes le menu avant de dire : « Tout à fait ! Je vous prendre des raviolis à la sauce tomate maison, ça m’intrigue. Et toi ? » Dis-tu un sourire sur les lèvres.
Il sent bien dans les propos de la brune qu’une homme lui a fait du mal - qu’il ne l’a pas traité comme elle le mérite et il sent une sensation étrange le tenir - oui il est désolé mais surtout une partie de lui voudrait pouvoir la protéger - comme il le fait avec les gens qu’il aime avec sa soeur plus particulièrement. C’est sans doute ce lien étrange qui les lie qui provoque chez lui cette sensation - celle que Milena n’a jamais vraiment quitté sa vie et ce malgré les années qui les séparent de leur relation amoureuse. Pour les aujourd’hui, les choses sont toutes autres, son état d’esprit aussi, avoir une relation amoureuse étant loin d’être sa priorité. « Si tu le dis … Et si tu te sens trop seul, tu peux toujours me rendre visite. » Il lève un sourcil un peu étonné mais surtout amusé. « Je dois prendre ça pour une invitation ? » Il sait tout comme elle que c’est un petit jeu qui ne veut rien dire au final. Que la relation c’est fini il y a des années avec leur petits coeurs de pré-adolescent brisés. « Malheureusement mon père se fichait bien de nos cœurs brisés. J’aurais préféré ne pas partir, Londres c’était l’insouciance, le bonheur simple et sans contrepartie. New York a été un autre chapitre de ma vie. » Il comprend le point de vu et lui offre un sourire. « Les choses ont changé à Londres aussi en grandissant. » Ce n’était pas une histoire de ville mais bien plus d’âge, de la vie qui continue. Tous deux ayant choisi leurs plats, le serveur vient prendre leurs commandes pour lui c’est de farfalle au safran. Assient autour des cette tables ils rattrapent le temps, les années qui se sont passées, goûtant à leur plat avec délice. Il se rend compte qu’entre eux il y a toujours cette facilité - ce lien qui n’a pas disparu même si ils ont changé. Le repas fini il la raccompagne un peu à regret, n’a pas vu le temps passé et c’est d’un baiser chaste qu’il la laisse devant chez elle, avec la promesse de se rappeler - de se revoir - de ne pas perdre encore 15ans.