Il a pris la décision de venir - c’est ce qu’il se dit quand il colle ses lèvres au siennes et sent le désir monter en lui. Qu’il n’est pas là par erreur ou par incapacité de lui résister mais parce qu’il en a envie, qu’il l’a décidé. Parce que dès qu’il est à ses côtés elle prend tout la place, que plus rien d’autre n’existe quand l’odeur d’Elisabeth lui vient aux narines. Alors il se laisser aller à ce contact grisant, ne contrôle pas ses mains qui remontent le long de sa colonne vertébrale pour resserrer la pression de son corps contre celui de la blonde. Quand ses lèvres quittent les siennes, un manque affreux le prend et il se raccroche au souffle chaud de la blonde sur ses lèvres. Les mots sortent, ceux qu’il ne sait pas dire quand il a la maîtrise de lui même - qu’il échappe ce soir - parce qu’il est tard - parce que cette impression de la perdre à nouveau lui est insupportable. Alors quand elle se glisse hors de ses bras il sent le vide le prendre. Reste la main contre la porte, la tête regardant le sol alors qu’elle s’explique. « Je ne peux pas faire ça à Gabriel… » Est-ce que c’est lui le problème ? Il n’est plus sur mais ne l’obligera à rien. « D’accord. » Il se retourne un instant, sa main sur la poignée de la porte prêt à partir - mettre fin pour de bon à cette histoire qui les ronge tous les deux.
Il a à peine le temps d’induire le mouvement, d’entendre le marmonnement de la blonde qu’elle est à nouveau contre lui, que ses lèvres brûlantes attrapent les siennes dans un baiser passionné, qui lui fait perdre la tête, le rend à nouveau fébril. Chacun de ses gestes sur son corps est une douce torture, une de celle qui fait du bien et dont il ne voudrait se passer. Il se laisse guider par la blonde, envahir par un désir que seule elle sait faire monter chez lui - qu’il n’a jamais connu avec une autre femme. Le désir pur, intenable. Il embrasse ses lèvres, l’arrête de son visage, descend vers sa nuque et à la naissance de ses seins avant de remonter. Il s’est à peine rendu compte qu’ils se sont dangereusement rapprochés du canapé. La main de la blonde caressant son visage avec douceur le ramener quelques secondes à la réalité alors que leurs gestes deviennent plus tendre. Un frisson le prend quand son regard croise celui d’Elisabeth, s’intensifiant un peu plus quand elle lui parle. « Tu es sûr de toi Gauthier ? » Il sourit tendrement, sa main remontant jusqu’au visage de la blonde pour caresser de son pouce sa joue, puis sa lèvre… Il ne dit rien pendant quelques secondes, se suffisant de ce moment de tendresse pur, ou il n’est presque pas en train de fauter. Cet instant qui pourrait bien être le dernier. « Non je ne le suis pas… Je ne le suis jamais quand il est question de toi Elisabeth… » Il ne lui mentira pas - même cet instant lui semble n’être qu’un songe, un rêve qu’il pourrait vivre sans les conséquences que cela engendrent.
Il pince légèrement sa lèvre avant de refermer la bouche d’un air un peu plus dur. Sa main descend, quitte son visage pour sa nuque passant derrière cette dernière pour la tenir avec tendresse. « Tu mérite mieux que ça Elisabeth… » Mieux que ce qu’il ne pourra lui offrir, que de la voir foutre son mariage en l’air surtout avec lui. « Mais ce soir je n’ai pas envie d’y penser… Tu es magnifique dans cette robe et… » Un petit sourire se dessine sur son visage alors qu’il essaye de détendre un peu l’atmosphère. « J’ai très envie de toi. » Comme toujours à dire vrai, même les cheveux en batailles, même malade, encore plus sur le flanc d’une montagne. « Oublions toutes ses questions pour ce soir.» Ca ne lui ressemble pas et pourtant les mots viennent de lui. Un peu plus autoritaire cette fois avant de venir à nouveau attraper ses lèvres et avec un pas vers l’avant pour la faire se coucher sur le canapé, lui se positionnant au dessus. Cette fois sa main passe sous sa robe, remontant le long de sa cuisse avec passion, ses baisers recouvrant le cou de la blonde alors qu’il continue de faire remonter sa robe. « Une si belle robe, c’est presque triste de s’en défaire. » Et pourtant il n’a aucune vergogne à continuer de remonter sa robe, son autre main venant défaire la fermeture sur le côté de sa robe.
La présence de Gauthier chez moi me surprend. Il n’est que rarement impulsif, toujours sous contrôle, pensant le moindre de ses gestes comme s’il analysait les risques et bénéfices de ceux-ci. Son métier reflétant parfaitement son état d’esprit. Seulement, en ce moment, ses gestes ne sont pas sous contrôle mais sont contrôlés, parfaits, déclenchant un feu d’artifice en moi dès que ses doigts effleurent ma peau. Ses lèvres douces et puissantes à la fois, animent les miennes d’une passion réelle, libérant enfin ce désir que j’éprouve pour lui mais mis sous clés depuis trop longtemps… Alors quand il imagine que ma raison l’emportera, je le retiens, lui empêchant la moindre escapade à l’extérieur de cette maison, tentant de lui faire oublier mes dires, mon hésitation, je suis tout à lui, sans y réfléchir, sans voir les conséquences, le futur de cet acte et à ce moment précis, je n’en ai absolument rien à faire. S’accélérant, ma respiration devient incontrôlable alors que ses lèvres jouent sur ma peau créant un frisson qui me parcourt entièrement. Me haïssant de réfléchir un peu trop, mon esprit s’aventure dans les remords possibles de l’anglais à la suite des évènements. Ils seront probablement inévitables et si à mes yeux il en vaut la peine, je refuse de lui infliger à nouveau cela sans qu’il soit sûr de lui. Alors que dans un geste délicat, son pouce vient s’aventurer sur ma joue puis mes lèvres, j’y dépose un baiser, presque sûre qu’à nouveau, j’ai gâché ce moment, je l’éloigne de moi, sans cesse pour au final ne pas le blesser. « Non je ne le suis pas… Je ne le suis jamais quand il est question de toi Elisabeth… » Dans un geste habituel, je me mords délicatement la lèvre inférieure alors que mon cœur bondit de plus belle, sans réellement connaître le fond de cette pensée. Il a déjà mentionné ce manque de contrôle auprès de moi, il ne sait alors plus qui il est, ni ce qu’il fait, mais comment savoir sans un aveu si cet évènement est ou non, une bonne nouvelle ?
Mes paupières se ferment, alors que je me persuade que nous ne sommes pas faits pour exister, que j’aurais dû prendre cette décision bien plus tôt et qu’en faisant ce choix égoïste aujourd’hui, je vais contre tout. Me persuadant que ce n’est rien et que je m’en remettrais, je le vois se refermer, reprendre un contrôle étudié de ses gestes, n’enlevant pourtant pas le désir qu’ils me procurent… « Tu mérites mieux que ça Elisabeth… » Mieux que quoi ? A mes yeux, je ne mérite qu’une torture comme je suis capable d’en faire vivre aux autres, et non quelque chose de mieux que lui, si cela existe. Loin d’être en accord avec lui, je fronce les sourcils de manière minime, perdue. « Mais ce soir je n’ai pas envie d’y penser… Tu es magnifique dans cette robe et… » D’un bond, mon cœur lance une décharge en moi, mes lèvres s’étirant légèrement en un sourire léger, alors que mes yeux brillants plongent entièrement dans les siens, mon regard se perdant dans la profondeur du sien éclaircit par ce sourire magnifique qui se dessine sur son visage. « J’ai très envie de toi. » Plus franc, un sourire s’étend sur mes lèvres alors que mes dents se referment à nouveau sur ma lèvre, surprise. « Oublions toutes ses questions pour ce soir. » Mes yeux s’ouvrent en grand, devant son ton et sa phrase. Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Gauthier ? « Vos désirs sont des ordres. » Alors que mon sourire s’étend devenant légèrement coquin, ses lèvres se referment à nouveau sur les miennes, emprisonnant mon souffle et accélérant mon rythme cardiaque déjà bien échauffé. Mes bras se referment autour de son cou alors que mes mains se baladent dans ses cheveux. Alors qu’il me laisse doucement tomber sur le canapé, il me suit, mes lèvres quant à elle en profitent pour dépose des baisers sur sa joue, se dirigeant vers son lobe, le mordillant délicatement. Frôlant toujours sa peau de mes lèvres, alors que nos respirations ne se font plus discrètes et que sa main s’aventure sous ma robe, animant des millions de papillons dans mon bas ventre. « J’ai aussi très, très envie de toi… » Dans un murmure, je dépose un dernier baiser dans le creux de sa nuque avant de revenir à ses lèvres. Sa main remontant le long de ma cuisse, ses lèvres enflammées sur ma peau répondent à tous mes désirs.
Mes doigts viennent se balader à leur tour sur son torse, dessinant des multiples cercles, allant effleurer le bas de ses fesses alors que mon bassin par à coup léger vient se coller à lui. « Une si belle robe, c’est presque triste de s’en défaire. » La légèreté de ses propos m’apaise et illumine mon visage emplit de désir pour lui. « Elle est à toi si tu y tiens tant. » Je m’évite rapidement l’image de Gauthier dans ma robe et l’aide à la faire passer par-dessus ma tête, me retrouvant en sous-vêtement devant lui. Revenant fiévreusement sur ses lèvres, une main sur sa joue alors que l’autre s’attaque à son tour à défaire les boutons de sa chemise avant de la lui retirer sans aucune pudeur. Mes lèvres allant alors déposer des centaines de micro-baiser sur son torse, mes mains exerçant une légère pression sur son fessier. Je m’installe un peu mieux, l’emportant ensuite avec moi, sans réellement avoir calculer la grandeur du canapé. Mes yeux s’ouvrent en grand et mon cœur fait un bond alors que dans un rire léger, je m’inquiète réellement pour lui, heureuse que mon canapé ne soit pas si haut… « Ça va ?! » M’assurant de ne pas lui avoir fait mal au dos ou au crâne en tombant à terre, je me retrouve sur lui, un sourire honteux au visage. « Pardon. » Sincère et pourtant amusée, je me penche sur lui afin de retrouver ses lèvres, son torse, multipliant mes caresses. Me reculant légèrement, je viens déposer des baisers prolongés sur le haut de son bassin alors que mes mains détachent malicieusement son pantalon, l’aidant par la suite à le retirer. Sur ses genoux, je m’arrête un instant, mon regard glissant amoureusement sur son corps, son torse, son caleçon devenu un peu petit sous son désir apparent et son visage alors que mes mains caressent sensiblement ses cuisses. A nouveau, je me glisse tendrement, frôlant uniquement le point de son désir et venant retrouver ses lèvres, trop longtemps laissées à l’abandon. « Tu es parfait. » Le mot n’étant que pâle à côté de toi… Allant délicatement caresser son entre-jambe de mon bassin par de légers vas et viens, mes lèvres lui délivrant toute la passion montant en moi, mon souffle se faisant court et mes gestes tremblant. Il exerce sur moi, ce que je n’ai jamais vécu avec personne d’autre, mais fermant les yeux, je reviens à une réalité bien différente, celle qui nous a déjà rattrapé et que j’aimerais ne pas recommencer de suite… « Gauthier… » Entre deux baisers, je me relève doucement attrapant son regard, désolée. Me mordant la lèvre. « Dis-moi que tu as de quoi te protéger… » Ou que tu n’as au moins pas de maladie étrange eu avec une autre bimbo australienne…Pitié...
Il perd tout contrôle, ne tente pas de le retrouver cette fois. Dans les bras d’Elisabeth il est un autre homme mais ce soir il l’accepte, il en a envie. Désir si profondément le contact de sa chair, de ses lèvres sur les siennes, de sa main qui remonte le long de son corps frissonnant de désir. « J’ai aussi très, très envie de toi… » Il la dévore du regard puis de baiser qui se perde dans sa nuque, sur sa joue sur ses lèvres, le désir lui monte à la tête alors qu’il se place au déçu d’elle pour tenter de la débarrasser de cette robe qui est de trop entre eux. « Elle est à toi si tu y tiens tant. » Le son de sa voix, chacun de ses gestes le rend fou de désir ne faisant que de le convaincre qu’il fait ce pour quoi il est fait - s’unir à elle - ne former plus qu’un. Sa robe enlevée, il prend quelques secondes pour observer le corps dénudé de la blonde avec envie et passion alors qu’elle détache sa chemise et qu’il s’en défait pour retrouver la chaleur et le goût sucré de ses lèvres. Jusqu’à ce qu’un faux mouvement le propulse au sol, son dos cognant avec force le paquet. « Aoutch. » Il sourit un peu en levant les bras au dessus de sa tête et réouvrant les yeux pour voir la tête mi-amusé mi-inquiète d’Elisabeth. « Ça va ?! » Il hoche la tête. « Comme quelqu’un qui vient d’être propulsé au sol. » Il rit un peu remettant ses bras le long de son corps alors qu’elle se glisse au dessus de lui et que rapidement elles retrouvent place sur son bassin. « Pardon. » Il penche un peu sa tête sur le côté avant d'accueillir un nouveau baiser. « Tu sais te faire pardonner. » Il a déjà presque oublié et la légère douleur dans son dos est partie aussi vite.
Rapidement les choses redeviennent sérieuses, les baisers d’Elisabeth descendant sur son corps jusqu’à enlever son pantalon, alors qu’il se relève un peu sur ses coudes pour l’aider et retient un gémissement de plaisir quand elle effleure son excitation bien présente. « Tu es parfait. » Les mots lui brûlent presque le coeur tant ils sont faux - tant il ne peut pas les entendre maintenant. « Shhht.. » Il pose son doigts sur les lèvres de la jeune femme avant de venir le recouvrir de ses propres lèvres ,sa langue partant à la recherche de celle de la blonde pour se lie à elle, joue avec cette dernière dans une danse sensuelle. Chaque mouvement sur son entrejambe fait monter un peu plus son désir alors que ses mains intensifie la pression de ce contact pour qu’elle puisse ressentir un peu plus l’excitation qu’elle fait monter en lui. « Gauthier… » « Mhh… » Entre deux baisers il prend à peine le temps de lui répondre, partant déposer une myriade de baisers dans son cou alors qu’elle continue à parler. « Dis-moi que tu as de quoi te protéger… » Le visage du brun remonte pour croiser le regard d’Elisabeth un peu amusé… Il n’est pas question de commettre deux fois la même erreur, même si la première a donné naissance à un petit être extraordinaire. « J’ai ça dans la voiture. » Là ou il a laissé son porte monnaie. Attrapant ses hanches il la fait tourner pour se retrouver à nouveau au dessus d’elle. « Je reviens vite. » Un dernier baiser sur ses lèvres et c’est non sans peine qu’il quitte son contact pour courir à sa voiture. Il est tard et sans réfléchir il sort en caleçon dans l'allée jusqu’à sa voiture parqué derrière pour attraper son porte monnaie revenant avec dans la maison par la porte de derrière heureusement pour lui ouverte. Quand il passe près de l'îlot de la cuisine il voit que le téléphone d’Elisabeth vibre l’attrapant en commençant sa phrase. « Quelqu’un t’app… » Il ne finit pas sa phrase en voyant le nom qui s’affiche sur l’écran.
Quand il la retrouve vers le canapé elle est assise sur ce dernier son sourire délicieux coller aux lèvres - ce même sourire qui disparaît quand elle croise l’expression de Gauthier. Le téléphone à la maison il vient s’assoir à côté d’elle sans un mot lui tendant ce dernier pour qu’elle voit le nom qui s’affiche encore et prévient d’un énième appelle manqué de Daniel. Un moment il reste silencieux, les mâchoires presque vissées l’une à l’autre. « Je… On ne devrait pas le faire comme ça… Pas tant que ça n’est pas claire. » Elle le sait aussi bien que lui - et même si c’est dur c’est l'évidence. Malgré tout il ne se referme pas totalement, sa main allant chercher celle d’Elisabeth pour la mener à sa bouche. « J’aurais aimé que ça ne soit pas si compliqué, j’ai essayé... » Il avait essayé, de chasser tout ça de son esprit, de l’oublier, mais ça n’était pas possible de toute évidence. S’appuyant sur le dossier du canapé pour se laisser aller un peu il avait tourné la tête vers Elisabeth sans trop savoir pourquoi il était encore là mais sans ressentir l’envie de fuir cette fois… Comme si cette révélation furtive qu’il avait réussi à sortir avait tout de même changé quelque chose. « Si tu es d’accord je… J’aimerai bien passer un peu de temps avec Gabriel demain… Peut-être l’emmener fait un tour en voilier… Tu crois qu’il aimerait ? » Il a tenté, de repousser toutes ses sensations de ne pas s’accrocher mais malgré tout n’y a pas réussi, cette voix dans sa tête continuant de lui hurler qu’il est le père… Que c’est son sang qui coule dans ces petites veines. Que peu importe les mots qu’ils tentent de dire encore et encore pour se convaincre… Ca veut dire quelque chose.
« Aoutch. » Sa complainte accompagnée du bruit sourd qu’il a fait en touchant le sol m’inquiète tout de même un peu. A ma demande, il hoche la tête, et je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas me jeter à nouveau sur lui avant d’avoir une réponse. « Comme quelqu’un qui vient d’être propulsé au sol. » Je m’en veux. Un peu. L’étude du canapé n’ayant pas encore été faite, je ne m’attendais pas à une chute, mais vu son sourire, cela n’a pas l’air d’être si grave. Son rire parfait m’atteint alors que je m’excuse par un baiser, ne souhaitant pas le laisser s’en sortir avec uniquement une bosse sur le crâne… « Tu sais te faire pardonner. » Je souris alors que je m’applique à enlever son pantalon, ne laissant qu’un bout de tissu nous séparer l’un de l’autre, admirant pleinement la vue parfaite qu’il m’offre. « Shhht..» Son doigt sur mes lèvres, je comprends qu’il n’accepte pas ce compliment, il n’en veut pas et ne le pense pas de lui. J’aimerais lui faire comprendre, lui montrer à quel point pour moi cette vérité est réelle mais de simples mots ne suffiraient pas, les gestes débutant seulement l’intensité de cette certitude. Je dépose un baiser sur son doigt avant que mielleuses, ses lèvres viennent s’unirent aux miennes, nos langues dessinant le plus beau des tableaux. Ses mains sur mes hanches intensifient le ressenti de son désir alors que le souffle court, un frisson me traverse. Alors que le désir monte toujours en moi, je suis obligée contre moi de lui rappeler un détail que je ne peux combler faute de prévoyance, cet évènement n’étant pas censé arriver… « J’ai ça dans la voiture.» Je lève les sourcils, faisant mine d’être surprise mais pourtant rassurée pour tout ce que cela veut dire. Il est non seulement resté lui durant tout ce temps mais en plus de cela il reste prévoyant et nous sommes sauf pour ce soir… Alors que l’anglais me ramène contre le sol, il se retrouve à nouveau au-dessus de moi, son départ furtif me fendant déjà le cœur. « Je reviens vite. » Un dernier baiser, et je dois me retenir de ne pas le rattraper pour qu’il reste avec moi alors que je me relève, le regardant sortir dans cette tenue et dans cet état dehors. Espérons que les voisins dorment tous…
Le sourire aux lèvres, le cœur léger, j’ai l’impression d’être à ma place, là où j’aurais toujours dû être, à ses côtés. Mon cœur se calme sans pour autant reprendre son allure habituelle alors que ma respiration a repris son cours. Une porte s’ouvre mais pas celle qu’il a pris à l’aller et d’instinct mon regard la deuxième entrée. « Quelqu’un t’app… » L’apercevant rapidement, je retrouve un sourire… amoureux… Je n’ai qu’une envie, le retrouver, qu’il me tienne à nouveau dans ses bras, sa peau contre la mienne et que jamais il ne me laisser partir. Alors qu’il arrive à moi, mon portable dans la main, mon visage se transforme, prenant rapidement le même aspect que le sien. Daniel. Décidément, mon mari doit avoir améliorer son flair à infidélité pour réussir à viser aussi juste. Le cœur lourd, je n’ai pourtant aucune rancune, me rappelant à toute la réalité, celle qui nous a échappé un instant pour ce moment rêvé. « Merci… » A peine audible, je récupère mon téléphone, arrêtant la sonnerie sans pour autant y répondre. Quinze appels en absence, il faudra que je lui réponde, mais j’ai attendu neuf mois pour des nouvelles, il pourra bien supporter quelques heures. Posant l’appareil sur la petite table à côté, je reviens à l’homme à côté de moi, accaparant toutes mes pensées sans pour autant avoir un espoir sur la reprise de notre activité. « Je… On ne devrait pas le faire comme ça… Pas tant que ça n’est pas claire. » Je le sais. On ne devrait pas. Même si sa phrase pourrait rendre intenable la situation comme elle avait pu le faire sous cette tente, la fin de sa réplique annonce un changement pour lui, une nouvelle résolution pour moi. Cette situation ne peut plus durer, je ne peux plus être cette femme loin de son mari, ne voulant même plus répondre à ses appels. Même si nous n’avons aucun avenir avec Gauthier, mon avenir avec Daniel est tout autant compromis, il m’aura juste fallu un peu trop de temps pour m’en apercevoir. Fermant les paupières, j’acquiesce alors que sa main porte la mienne à ses lèvres, réchauffant tout mon être et laissant de nouveau apparaitre mes iris ancrées profondément dans les siennes. Il fait battre mon cœur comme il ne l’a jamais fait, dans un rythme nouveau, calme, léger, heureux et pourtant si lourd comme si le perdre ferait partir une partie de moi bien trop intense. « J’aurais aimé que ça ne soit pas si compliqué, j’ai essayé... » Ma main libre vient caresser sa joue, tendrement. « Tu n’aurais jamais dû avoir à le faire. » Cette décision, j’aurais dû la prendre il y a bien longtemps, ce jour où sans un regard, il nous a laissé partir, ce jour où mon regard est à nouveau tombé sur Gauthier où mon cœur a de nouveau eu cette manière si particulière de battre, et ce jour où j’ai compris que mon choix n’avait pas été le bon. M’installant un peu mieux sur le canapé, tournée vers lui, entièrement de côté. « Il m’a fallu un peu trop de temps pour y voir clair. » Et je ferais en sorte de le rattraper le plus rapidement possible, j’essaierai... Aujourd’hui je sais, je suis la seule responsable de toute cette histoire et je m’en veux de les avoir fait souffrir, tous les deux.
Apaisée, je suis heureuse qu’il ne fui pas à nouveau, qu’il ne parte pas, me laissant seule avec tout ça. Je dois me retenir de ne pas me blottir contre lui, de ne pas l’embrasser à nouveau, sans même demander plus. Absorbée par son visage, je ne réfléchis plus lorsqu’à nouveau ses lèvres s’entrouvrent dans une demande, inattendue… « Si tu es d’accord je… J’aimerai bien passer un peu de temps avec Gabriel demain… Peut-être l’emmener fait un tour en voilier… Tu crois qu’il aimerait ? » Mes lippes s’étirent en un sourire gigantesque, mes yeux brillants. Rapidement je me reprends, me mordant tout de même la lèvre pour retenir ma surprise. Il souhaite passer du temps avec Gabriel ? « Je suis même sûre qu’il adorera. » Si mon fils a toujours aimé les randonnées avec nous, il a cette âme d’aventurier qui le suit partout. Les histoires de pirates le hantant, l’amenant à transformer notre salon en océan et le canapé où nous sommes actuellement en un navire à trois mats pour défendre les princesses en détresses du monde entier. Mes yeux s’humidifient rapidement, alors que je retiens les larmes menaçantes de ruisseler sur mes joues. Me plaçant en tailleur face à lui, ma main vient de nouveau trouver la sienne y exerçant une légère pression mon regard se fixant sur son touché. « Tu ne me le noies pas ? » Une exquise de sourire s’anime sur mon visage, alors que je relève les yeux, le cœur battant. J’ai bien entendu confiance en lui, et blague avec cela, ne pouvant faire autrement en ce moment, l’intensité de ce moment devenant trop forte pour moi. « Je lui demanderais demain matin en allant le chercher chez Kay, je te dirais sa réponse, mais je pense que tu peux déjà préparer ta barque. » Dans un léger rire, je le défis presque, rappelant le nom que j’ai toujours donné à son bateau, incapable de me souvenir le nom de cet engin. Même si la sensation ressentie sur ce navire était géniale, je préfère les airs et surtout la terre ferme, les instants passés dessus passant toujours mieux grâce aux deux amis que j’accompagnais bien trop souvent…
L’instant est fini - tous deux le savent, sur ce canapé son portable à la main Elisabeth est une toute autre personne que celle qu’il tenait dans ses bras il y a quelques minutes. Le désir s’en était allé paître dans d’autres champs pour ne laisse qu’un vide un peu brumeux entre eux. Il parle mais Elisabeth aurait tout aussi bien pu le faire il le sait bien, cette fois ils se comprennent et savent qu’ils prennent le mauvais chemin - que quelque part ce qu’ils font est voué à l’échec. Il ne peut rien lui promettre pourtant - surtout pas d’être l’homme qui pourrait prendre la place de Daniel - il n’est même pas sûr qu’elle voudrait de lui. Pas sûr de comprendre la relation qui les lit et qui rend tout si compliqué. Même cet instant où il a voulu oublier s’est vite évaporé pour laisser placer à la vérité bien moins douce. Elle est encore mariée à Daniel, elle est sa femme. Il glisse sa main dans la sienne comme pour essayer de se faire pardonner ses multiples tentatives échouées, ses envies d’elle qui finissent toujours en frustration pour les deux. « Tu n’aurais jamais dû avoir à le faire. » Cette main sur sa joue à quelque chose de rassurant - comme celle de la mère qu’il n’a jamais eu et qui aurait dû venir le consoler - le rassurer après un mauvais cauchemar, une mauvaise journée, un mauvais choix... Elle a beau se blâmer de ne pas être bonne pour Gabriel, Elisabeth l’à cette fibre maternelle, cette inquiétude pour son fils que jamais il n’a ressenti de la part de ses géniteurs. « Il m’a fallu un peu trop de temps pour y voir clair. » Il n’est pas sûr que les choses soient beaucoup plus claires aujourd’hui mais ne le dit pas - il tente de croire qu’elle sait ce qu’elle fait - ou du moins lui laisse cette illusion encore un peu - en espérant naïvement qu’elle ne se brise jamais.
Les regards se croisent - dans un échange tendre et dénué de rancoeur face à cette situation. Il n’a pas envie de partir - n’est pas sûr pourtant de trouver sa place ici maintenant. Ou alors juste pour poser la question qui lui vient aux lèvres sans vraiment qu’il ose y réfléchir pourtant. « Je suis même sûre qu’il adorera. » Il espère - sent l’appréhension le gagner aussi. Celle de prendre la mauvaise décision de tous les faire souffrir en étant faible - plus faible que ce qu’il s’était promis de l’être. Mais ils sont là… Elisabeth et Gabriel à quelques pas de chez lui et nier leur existence devient trop dur - trop douloureux… Presque impossible encore plus quand il la crois en peu partout et que le petit est le nouveau meilleur ami de son neveu… Ce gamin qu’ils ont fait ensemble avec Eli, en se donnant l’un à l’autre sans réfléchir - en s’aimant sans se le dire là haut dans cette montagne qui est leur repère commun.
Quelques secondes la main de la blonde quitte la sienne - le temps qu’elle se position en tailleur pour finalement la reprendre. « Tu ne me le noies pas ? » Un léger sourire se glisse sur les lèvres de Gauthier à ses paroles. « J’y ferais très attention… » Un léger silence avant qu’il ne rajoute. « Comme si c’était le mien… » Avec un petit sourire en coin mais encore perturbé pourtant d’oser parler de cette façon. « Je lui demanderais demain matin en allant le chercher chez Kay, je te dirais sa réponse, mais je pense que tu peux déjà préparer ta barque. » L’idée qu’il dise non le prend d’un coup aux tripes mais il la rejette aussi vite. Et c’est autre chose qui attire son attention. « Kay ? » Il n’est sans doute pas en droit de poser la question mais le fait quand même sans pouvoir se contenir. La réponse lui enlevant un poids dont il n’avait même pas conscience il était venu un instant glisser son bras autour des épaules d’Elisabeth et déposer un baiser sur sa tempes alors qu’il la gardait encore contre lui quelques instants - sentant la douceur de la peau d’Elisabeth, son corps encore dénudé contre lui. Plusieurs minutes il était resté ainsi sans oser bouger - ni même parler. Le temps presque figé dans ce simple contact mais finalement il avait repris le dessus. « Je vais rentrer maintenant. » Se détachant un peu difficilement d’Elisabeth il s’était levé pour enfiler son pantalon et reboutonner sa chemin alors qu’elle en faisait de même en enfilant à nouveau sa robe et en l’escortant jusqu’à la porte. Avant de passer cette dernière la main de l’homme s'était posée une dernière fois sur la joue d’Elisabeth. « Je te vois demain… » Comme une promesse les mots viennent résonner dans la maison de la blonde alors qu’il s’approchait avec lenteur pour poser ses lèvres délicatement sur celle de la blonde - comme un baiser d’adieu… Peut-être le dernier pour eux…
Mon esprit brumeux me joue des tours. Alors que quelques minutes plus tôt, nos regards n’échangeaient que du désir, ils sont actuellement accordés sur un tout autre registre. Il sait tout comme moi que nos actes ne sont pas les bons. Même si j’aimerais, même si je voudrais qu’ils soient naturels que rien ne puise les contredire, je ne peux plus me le permettre. J’ai fait une promesse à un autre homme et alors que je l’ai déjà trompé, je ne peux continuer à tricher dans ce mariage et ce même si mes pensées et envies me trahissent à chaque instant et m’éloignent de ma parole. D’amante, je suis redevenue femme durant cette soirée et même si je refuse le départ de Gauthier et qu’il m’apaise, nous ne pouvons plus aller aussi loin. Cependant, je ne souhaite pas qu’il parte et le fait qu’il reste, à mes côtés me rassurent et m’apaise indéniablement. Son regard doux et tendre, inonde-le mien, régulant mon cœur et les émotions qu’il me fait ressentir. Lorsqu’il évoque mon fils, mon cœur fait un bon, alors que je tente de cacher la joie qui m’envahie grâce à sa demande. Il souhaite le connaitre, et même s’il ne va pas plus loin, il ne le rejette pas et pour cela, je sais pourquoi mon cœur continue de battre autant pour lui. « J’y ferais très attention… » Sa main toujours dans la mienne me prouve qu’il le fera et qu’il ne rigole pas, il veut réellement passer un moment avec mon… notre fils. Alors que le silence retombe, je vois un sourire s’afficher sur son visage alors que mon corps tremble légèrement comprenant les dire du trader. « Comme si c’était le mien… » L’air passe difficilement dans mes poumons alors qu’un frisson parcourt mon corps, une vague d’émotion me traversant. Ok, Elie, on se reprend, ce n’est pas le moment de flancher. Alors que je lui annonce que la dernière décision sera celle de Gabriel et son souhait ou non d’aller faire ce tour avec lui, je le vois s’interroger, ignorant alors le sujet de son inquiétude. « Kay ? » Un sourire ironique se dessine sur mon visage alors que mon cœur se serre légèrement. Serait-ce une pointe d’intrigue que je lis dans ta voix Gauthier ? « Kaylan, mon cousin, il est de Brisbane et garde Gabriel lorsque je ne suis pas là trop longtemps dans une soirée. » Je refuse de laisser mon fils seul et j’ai une confiance aveugle en Kaylan, alors ainsi je ne me fais pas de souci et mon fils a moins cette impression d’abandon restant tout de même avec sa famille, sa cousine et mon cousin. Je dépose un baiser sur sa main toujours ancrée dans la mienne, tout en souriant et le laisse passer son bras autour de mon cou, me blottissant contre lui, sa peau nue brulante contre la mienne. Silencieuse un moment, je laisse mes doigts effleurer son torse inconsciemment et profite de cet instant seule avec lui, calme et pour une fois, non pesante.
« Je vais rentrer maintenant. » Non. Je n’ai pas envie qu’il s’en aille, mais rester serait un risque, une erreur, nous amenant dans un état d’esprit qu’il ne faut pas avoir, pas maintenant, pas tant que tout n’est pas clair. Je n’en ai pas envie mais je baisse tout de même les yeux, le laissant difficilement se lever. Je reste là, à le regarder un micro instant avant de faire comme lui et enfiler ma robe, terminant définitivement cette soirée presque angélique et d’ailleurs. Tout à changer et pourtant, j’ai l’impression d’être à la même place qu’avant, avec un choix impossible à prendre et mon cœur rejetant mon esprit. Je le suis jusqu’à ma porte, retenant ma main de le supplier de rester, juste pour cette nuit, juste une fois… La porte ouverte, sa main vient rencontrer ma joue, le contact empli de tendresse me fait fermer les yeux, mes lèvres venant chercher le contact de sa paume. « Je te vois demain…» Doucement, ses lippes viennent rencontrer les miennes, échangeant un baiser tendre, aimant, comme un au revoir, presque un adieu… Je le regarde s’éloigner, le cœur lourd supportant ce nouveau manque alors que mon regard s’embue doucement. « A demain… » Fermant la porte, je le regarde partir avant de retourner à mon téléphone, avant d’appeler la seule personne pouvant me comprendre et non me remonter le moral : ma mère.