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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyMer 12 Avr 2017 - 0:00



   
   Yasmine & Hassan
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« Q
uarante années de mariage Amjad, quarante années de vie commune et tu supportes toujours mes bavardages. » Le regard de Fatima est tendre, d’une tendresse que parfois Yasmine jalouse. Elle n’est pas sûre que ses parents s’aiment, pas comme elle imagine l’amour avec ce brin de passion, mais il y a chez eux une tendresse qu’elle ne voit pas chez beaucoup de couple, celle de deux personnes qui partagent les souvenirs de toute une vie, les coups durs comme les meilleurs moments. Parfois en les regardant elle se dit que ça pourrait lui suffir, qu’elle recherche peut-être quelque chose qui n’existe pas, qu’elle n’aura jamais. Qu’elle court après l’amour d’un homme qui ne la verra jamais comme elle l’a toujours vu. Elle essaye de se faire une raison mais quand son regard croise celui d’Hassan assis à ses côtés à la grande table son coeur s’emballe. Elle lit l’émotion dans ses yeux aussi et se souvient de ce qu’elle aime tant chez lui, ce qui rend impossible l’idée de se donner réellement à un autre… « Merci à tous d’être venus. » Autour de la table quelques amis de la famille, un petit comité mais bien présent et toujours cette place vide. Celle de Sohan. Personne ne dit rien, ne parle de cette chaise inoccupée qui donne l’impression que quelqu’un est mort. Parce que Fatima agit comme tel, qu’elle ne parle jamais de lui, ne demande pas de nouvelles et garde pourtant toujours cette place à sa table. Elle n’a pas invité son fils, mais les couverts placés devant la chaise laissent deviner qu’elle aimerait le savoir là, sans savoir le dire et une fois de plus Yasmine se sent impuissante face à cette situation. « Tu crois que je peux dire quelques mots ? » Elle chuchote les mots à l’oreille d’Hassan, un peu timide pourtant, la simple idée de prendre la parole devant la tablée la fait un peu trembler. Elle les connaît tous pourtant, des amis proches de ses parents, des gens qu’elle côtoie depuis si longtemps.

Encouragé par Hassan elle prend son courage à deux mains faisant tinter son verre avant de se lever. « Papa, Maman… » Sa voix tremble d’émotion bien plus que de peur maintenant alors qu’elle pose le regard sur ses parents, deux êtres si imparfaits qu’elle chérit pourtant de tout son coeur. « Je suis tellement fière de vous, ce soir nous fêterons vos 40ans de mariage et bien plus encore, vos instants partagés, la famille que vous avez crée. » Un léger regard vers la chaise vide mais elle se reprend. « Je vous aime de tout mon coeur et votre mariage est un modèle pour tous ceux qui doutent encore que la vie à deux est possible. » Trop nombreux aujourd’hui. « Votre dévouement l’un pour l’autre, votre engagement dans cette union c’est quelque chose dont on devrait tous prendre de la graine. » Pour le meilleur et pour le pire, si les voeux ne sont pas fait de la sort dans leur religion, ils semblent pourtant convenir à merveille à ses parents. « Hassan, Qasim et sa famille ainsi que moi même, nous savons comme l’endroit qui a vu naître votre mariage vous manque parfois. Pour vos noces d’émeraude comme on les appelle ici, nous voulions vous offrir un voyage pour retrouver ses terres et vos familles… en Algérie. » Un retour sur des terres natales qu’ils n’ont plus vu depuis au moins 20ans. « Oh… » La main de Fatima monte jusqu’à sa bouche expression de sentiments forts qui la prennent, Amjad quand à lui garde cette même pudeur, ses yeux pourtant s'humidifient un peu. « Tout a été organisé et vous partez le mois prochain. » Organiser ce voyage n’a pas été simple, entre les problèmes de santé de son père et d’organisation avec Hassan et Qasim. Ne souhaitant pas les envoyer en Algérie quand les températures crèvent le plafond ils avaient dû négocier un peu avec la famille mais aussi pour trouver un vol correct qui ne leur demanderait pas dix escales. « Tout ce que nous vous souhaitons c’est encore beaucoup d’années ensemble, et j’aimerai un jour pouvoir vous rendre fiers en construisant un mariage à la hauteur du votre. » En leur donnant des petits enfants aussi, ceux qu’ils voudraient tellement. Une larme d’émotion coule sur sa joue alors qu’elle vient se rassoir à côté d’Hassan, attrapant sa main sous la table dans un geste tendre et presque incontrôlé. Elle tourne le regard et lui sourit, forcé d’ôter sa main quand Fatima vient sauter au coup d’Hassan. « Merci Hassan, c’est un cadeau merveilleux. » Amjad un peu en retrait vient pourtant prendre sa fille dans ses bras avant d’offrir un poignée de main à Hassan en le remerciant. « C’est tellement dommage que ton frère n’ait pas pu venir, je l’appellerai cette semaine, qu’il revienne vite pour que je puisse le serrer dans mes bras, sa magnifique femme et ses fabuleux enfants avec. » Evidemment elle en fait de même avec sa fille avant de retrouver sa place.

« Pour ce qui est de ton mariage Yasmine… Je crois que cette fois on a peut-être trouvé le bon. » Le rouge monte aux joues de la jeune algérienne alors que sa mère la regarde amusée. « Dommage que lui aussi soit absent ce soir, je l’avais pourtant invité, un homme charmant. » Il est vrai que Salim est un homme charmant et bien plus intéressant que tous ceux qu’elle a rencontré jusque là, mais pour le moment leur relation est restée amicale, du moins dans les gestes. « Il me fait un peu penser à mon Amjad parfois. » C’est vrai qu’il a son calme et son léger sourire en coin, elle aussi fait parfois le parallèle avec son père, mais si il y a bien une certitude c’est que Yasmine est loin d’être sa mère - et elle n’est pas sûre non plus d’avoir besoin d’un homme comme son père. « Maman, s’il te plait. » La mère lève sa main d’un signe un peu désolé. « J’avais promis de ne pas en parler ce soir, c’est vrai. » Mais de toute évidence ce genre de promesses ne marchent jamais avec sa mère. Forte heureusement elle retrouve vite un autre sujet de conversation, demandant des nouvelles de ses petits enfants à une de ses amies, non sans jeter un regard entendu à sa fille. Un fois le regard de sa mère détournée, Yasmine tourne un peu la tête vers Hassan pour le regarder amusé. « Est-ce que tu crois qu’elle lâchera l’affaire un jour ? » Elle secoue un peu la tête mais s’en amuse ce soir - elle a presque réussi à passer tout le repas sans en parler et pour une fois elle ne s'est pas attaqué à Hassan… Quelques secondes Yasmine se demande si son silence à un lien avec la date spécifique… Il a une année jour pour jour Hassan était à l’hôpital, refusant de parler à Yasmine après avoir mis volontairement sa voiture dans un arbre… Un frisson la parcourt en y pensant, en pensant à cette même soirée des 39 ans de mariage qu’ils avaient tous passés presque dans le silence total. Aujourd'hui elle semble si loin… Et pourtant parfois encore trop présente dans son esprit.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptySam 15 Avr 2017 - 13:23

La pluie fine qui était venue détremper les routes et l’herbe du stade en tout début de matinée avait cessé, et fatigué de jouer à cache-cache le soleil avait enfin décidé de pointer le bout de son nez, laissant présager un déjeuner dans le jardin. Dans le miroir ébréché des vestiaires Hassan tentait de dompter les quelques mèches que la pluie avait rendues rebelles « Il n’est pas un peu tôt pour aller conter fleurette ? » les expressions un peu désuètes de Phil avaient toujours amusé Hassan, qui pourtant s’était contenté d’un sourire léger et d’une réponse sérieuse « Repas de famille, d’ailleurs je vais finir par me mettre en retard. » Il ne savait plus vraiment s’il avait le droit de dire ça, au fond peut-être pas, mais à ses yeux cela restait la réalité … Les Khadji étaient sa famille, même si la réciproque n’était pas vraie. Il lui avait fallu un moment pour remettre les faits dans les bonnes cases, lorsqu’il s’était levé le brun avait d’abord pensé – et regretté, un peu – à son engagement avec le club de rugby de Logan City, et au fait que programmer son réveil à sept heures et quart un dimanche matin était tout bonnement inhumain. Puis il avait pensé aux Khadji, au fait qu’il avait promis d’être là pour midi et qu’il ne pouvait pas se permettre d’arriver en retard parce qu’aujourd’hui était spécial. Plus spécial que l’année précédente parce que quarante avait une valeur plus symbolique que trente-neuf, et d’ailleurs il ne parvenait pas à se souvenir de ce qu’il faisait ce jour-là, ce trente-neuvième anniversaire … 10 avril. Et lorsque la chose lui avait sauté aux yeux il était resté interdit un instant, comme perturbé par cette information qu’il n’avait pas demandée. Contre toute attente, pourtant, elle ne s’était pas ancrée sur lui avec force et ne pesait pas sur ses épaules, ou pas beaucoup … Pas assez pour qu’il ne puisse pas la caser dans un coin de sa tête et l’oublier. Et puis il y avait d’autres tracas plus importants, à commencer par cette chaise vide qui semblait faire plus de bruit que si elle avait été occupée par n’importe qui. Un autre jour Hassan aurait déploré l’absence de son occupant presque autant que l’aurait fait Yasmine, mais ce jour-là le brun avait eu la faiblesse de faire comme les autres, et de faire comme si cette place vacante il ne la voyait pas.

Le sport lui avait creusé l’appétit et pourtant, alors qu’ils semblaient s’accorder une pause collective avant le dessert, Hassan avait l’impression d’avoir déjà tellement mangé qu’il n’était plus certain de pouvoir quitter sa chaise. Peut-être un peu moins bavard qu’à l’accoutumée, il laissait son attention glisser d’un bout de conversation à un autre, et s’interrompait parfois pour se laisser happer par le fil de ses propres pensées. Il observait Fatima et Amjad avec un mélange de bienveillance et de fascination, se demandait si ses parents auraient ressemblé à eux pour une occasion similaire. Quarante années de mariage, cela lui semblait une éternité autant qu’un but qu’il n’espérait désormais plus atteindre … Admettons qu’il se marie là, tout de suite, ce cap des quarante ans ne lui parviendrait que presque à l’aube de ses quatre-vingt ans, si tenté que sa santé le laisse arriver jusque-là. Et puis il ne se marierait pas là tout de suite, il ne se remarierait sans doute parce, c’était une conclusion à laquelle il était parvenu en se disant qu’il n’était pas prêt à prendre le risque de vivre un second divorce aussi douloureux que le premier. Cette pensée, maussade, avait été chassée par le croisement hasardeux de son regard avec celui de Yasmine et le sourire qui en avait résulté chez eux deux. Un sourire plus léger que ceux chargés de craintes et de précautions qu’ils échangeaient ces derniers mois … A moins que ce ne soit simplement lui, qui se sente plus léger. « Tu crois que je peux dire quelques mots ? » Se penchant vers elle pour écouter ce qu’elle avait à lui chuchoter à l’oreille, il s’était penché à son tour vers la sienne « Non seulement tu peux, mais tu dois. » et avait piqué au passager un léger baiser contre sa joue pour lui donner du courage. L’encourageant du regard, il l’avait observée avec une certaine tendresse mais aussi un brin d’impatience tandis qu’elle adressait à ses parents les mots qu’il lui tenait tant à cœur de dire et dévoilait enfin la nature du cadeau qu’elle avait mis sur pied en secret, avec l’aide de Qasim et Hassan. « Tout ce que nous vous souhaitons c’est encore beaucoup d’années ensemble, et j’aimerai un jour pouvoir vous rendre fiers en construisant un mariage à la hauteur du votre. » Contagieuse, l’émotion palpable chez Yasmine avait noué un peu la gorge du brun tandis qu’elle revenait s’asseoir à côté de lui et attrapait sa main sous la table.

Se resserrant autour des siens les doigts d’Hassan avaient malgré tout du lâcher prise lorsque Fatima était venue le serrer dans ses bras, suivie de près par son époux qui lui avait offert une poignée de main vigoureuse. « Merci Hassan, c’est un cadeau merveilleux. C’est tellement dommage que ton frère n’ait pas pu venir, je l’appellerai cette semaine, qu’il revienne vite pour que je puisse le serrer dans mes bras, sa magnifique femme et ses fabuleux enfants avec. » A l’origine supposés faire le déplacement, la petite famille avait finalement du décommander au dernier moment lorsque les deux garnements s’étaient retrouvés couverts des boutons de la varicelle. « Ils m’ont promis de se rattraper cet hiver. » avait-il alors simplement assuré, Qasim et lui ayant de toute façon pour habitude de trouver un créneau pour rassembler tout le monde et fêter ainsi en communs leurs anniversaire respectifs, à seulement trois semaines d’écart. « Pour ce qui est de ton mariage Yasmine … Je crois que cette fois on a peut-être trouvé le bon. Dommage que lui aussi soit absent ce soir, je l’avais pourtant invité, un homme charmant. » Hassan glissant un regard curieux vers une Yasmine rougissante, il n’avait pourtant pas fait de commentaire lorsque Fatima avait ajouté « Il me fait un peu penser à mon Amjad parfois. » Pinçant ses lèvres l’une contre l’autre la jeune femme avait protesté mollement « Maman, s’il te plait. » et arraché un soupir de résignation à sa mère « J’avais promis de ne pas en parler ce soir, c’est vrai. » Heureusement pour Yasmine Fatima s’était retrouvée embarquée dans un autre bout de conversation, reportant enfin son attention sur Hassan elle avait secoué vaguement la tête « Est-ce que tu crois qu’elle lâchera l’affaire un jour ? » Sans doute pas, tout comme Hassan savait que rien ne servirait d’avouer sa décision de ne pas se remarier malgré que Fatima lui ait déjà plusieurs fois fait remarquer qu’il était encore jeune. « Elle a l’air l’avoir flairé un gros poisson cette fois-ci. Je le connais ? » En temps normal il n’aurait probablement pas ajouté de l’eau au moulin, mais en temps normal la réaction n’aurait pas donné la subite impression qu’il y avait une part de vrai dans les paroles de sa mère. « Viens, on va se dégourdir un peu les jambes avant le dessert … Sinon je crois bien qu’il faudra me faire rouler pour me ramener chez moi. » Autour d’eux certains avaient en effet quitté la table pour griller une cigarette, d’autres pour récupérer un gilet ou une veste restée dans le salon maintenant que le soleil avait disparu derrière les arbres et que le vent s’était un peu levé ; Comme souvent le repas s'était étiré, tellement que depuis le midi ils en étaient presque au soir, maintenant. L’automne, enfin, mais une soirée encore douce malgré tout.

A défaut de beaucoup s’éloigner, tous les deux avaient fait quelques pas pour prendre la direction du bout de la rue, pas trop loin, mais suffisamment pour se donner le temps de digérer un peu. « J’ai l’impression que ça va un peu mieux, ton père ? » Toujours aussi peu loquace, certes, mais il lui semblait d’Amjad était moins fatigué qu’il ne l’avait été à une époque, après son hospitalisation. A moins qu’Hassan n’ait cette impression simplement parce qu’il avait progressivement espacé ses visites aux parents Khadji au fil de ces dernières semaines. Peut-être pas encore suffisamment pour que les deux concernés ne s’en soient rendus compte, sans quoi il était à peu près certain que Fatima n’aurait pas manqué de lui faire une réflexion à ce sujet en espérant lui tirer dieu sait quels vers du nez. « Tu as vraiment eu une idée de génie avec ce voyage. Ils avaient l’air tellement émus. » Et si l’image en tête Hassan en avait esquissé un nouveau sourire, son inconscient lui s’était chargé de lui coller un brin de chair de poule, symptôme du mélange hétéroclite qui mijotait dans un coin de sa tête. L’Algérie, la tempête, Téhéran, la voiture, ses parents, le regard accusateur de Yasmine sur ce balcon de Tipaza, Qasim, l’arbre, Alger, l’Iran, Sohan … Une soupe au milieu de laquelle il s’était perdu un instant, à en juger par le drôle d’air avec lequel le regardait Yasmine « Excuse-moi, j’étais ailleurs. Tu disais ? » Il n’en avait pas la moindre idée, à dire vrai.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyDim 16 Avr 2017 - 3:31



   
   Yasmine & Hassan
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E
lle avait l’impression - sans doute un peu faussée - que rien ne pourrait gâcher cette soirée, que la sensation qui la tenait pourrait rester pour toujours être n’être chassée pas même par un retour à la vie de tous les jours, pas même par sa mère qui lui parlait - encore - de futurs prétendants. Peut-être aussi parce que, pour une fois, le dernier était un peu différent et il semblerait que sa mère ne soit pas la seule à le voir. « Elle a l’air l’avoir flairé un gros poisson cette fois-ci. Je le connais ? » Rougissant encore un peu plus elle avait légèrement détourné le regard en riant comme une lycéenne qui parle de son amoureux. L’euphorie de la soirée lui ayant peut-être fait tourner la tête, ou imaginer des scénarios improbables qu’elle chasserait aussi vite de son esprit une fois la soirée passée. « Oui il est… Enfin non, c’est quelqu’un de gentil. »  Elle n’était plus sûre de savoir si le malaise lui venait de sa gêne habituelle pour parler des hommes ou du fait que ça soit Hassan qui la questionne. « Mais tu ne le connais pas, maman l’a rencontré au supermarché, il l’a aidé à porter ses courses. Tu t’imagines bien que depuis elle ne cesse de me rappeler comme c’est un gentleman. »  Et elle n’avait pas tout tort, Salim l’était… Il était au final ce qu’elle avait toujours recherché chez une homme, une sorte de version plus jeune d’Hassan, avant sa maladie… Mais pourtant avec Salim jamais son coeur ne battait comme au côté d’Hassan. Lui avait un pouvoir particulier depuis toujours, une capacité que même les années à ses côtés n’avait su atténuer… Celle de la faire se sentir bien, de la faire se sentir elle et si ces derniers mois cette sensation avait semblé parfois s’envoler. Ce soir un simple regard de sa part lui rappelait les sentiments qu’elle entretenait pour le brun… Depuis si longtemps et dans le secret le plus total… Ou presque si l’on omettait les quelques observateurs qui n’avaient pas été long à la démasquer.

« Viens, on va se dégourdir un peu les jambes avant le dessert … Sinon je crois bien qu’il faudra me faire rouler pour me ramener chez moi. »  Riant à sa remarque en imaginant la scène, elle avait attrapé une petite laine avant de déposer un baiser sur la joue de son père et de sa mère en leur promettant qu’ils revenaient vite et avaient juste besoin de digérer un peu. Ils avaient tous deux quitté la maison pour faire quelques pas loin du brouhaha de l’après-midi. « J’ai l’impression que ça va un peu mieux, ton père ? »  Avait glissé Hassan alors qu’il quittait à peine la maison. « C’est le cas, je crois aussi que maman lui laisse un peu plus d’espace. Elle l’étouffait après son hospitalisation. » Probablement parce qu’elle s’inquiétait, l’idée même de perdre son mari l’avait bouleversé comme jamais Fatima ne l’avait été avant. « Moi aussi sans doute. » Si elle n’était pas toujours d’accord avec la façon dont on la décrivait, elle se reconnaissait un peu trop inquiète, presque à la limite d’être anxieuse parfois et la santé de son père avait été une priorité pendant des mois. « Et son cardiologue est vraiment satisfait de l’effet du traitement, ils ont trouvé un bon dosage et les effets secondaires se sont atténués. »  Les premiers mois les anticoagulant étant trop fortement dosés un simple petit coup et Amjad se retrouvait avec un bleu abominable, son corps entier en avait fini parsemé et les douleurs allient avec, de plus,  toute ouverture était sujet à une visite chez le médecin, le sang peinant à coaguler plus que de raison. « Il a donné son accord pour le voyage ce qui est bon signe. »  Le cardiologue de son père étant un des meilleurs de la région elle s’en était assurée, si il affirmait qu’Amjad pouvait supporter un tel voyage c’est que c’était le cas, sous réserve évidemment de se dégourdir les jambes fréquemment, mais Yasmine comptait sur sa mère pour s’en assurer et suivre à la lettre les indications que le médecin leur donnerait en temps voulu. « Tu as vraiment eu une idée de génie avec ce voyage. Ils avaient l’air tellement émus. »  Acceptant le compliment avec un brin de fierté elle avait pourtant ajouté un peu moins sûre qu’elle. « Je sais comme ce pays leur tient à coeur… Ils rêvent d’y retourner depuis des années. » Il en avait été de même pour elle avant… Avant ce dernier voyage, cette tempête destructrice  qu’elle associait maintenant à son pays d’origine tout en sachant pourtant pertinemment que ce n’était qu’une coïncidence…

« Je leur demanderai peut-être de te ramener des babouches, je m’étais promis de t’en offrir quand tu es venu me rejoindre là bas. »  Elle tentait d’aborder le sujet sur un ton plus léger, en imaginant Hassan ses babouches aux pieds et son foulard sur la tête à braver le désert. Mais quand elle avait relevé les yeux sur lui dans un sourire, avait bien compris qu’il ne l’avait pas écouté. « Hassan ? »  C’était elle hasardé à demander, le tirant finalement de ses rêveries. « Excuse-moi, j’étais ailleurs. Tu disais ? »  Hochant vaguement la tête de droite à gauche elle ne s’en était pas offusquée plus que ça. « Rien, je racontais des bêtises. » Haussant un peu les épaules elle avait resserré légèrement les bras sur son torse non sans perdre son sourire. « Tu m’écoutes là ? Parce qu’il y a quelque chose dont j’aimerais te parler. »  Elle se moquait un peu de lui mais toujours sur le ton de la plaisanterie. « Ne fait pas cette tête c’est quelque chose de positif, du moins je crois. »  Évidemment ce n’était jamais bon d'entendre un femme dire qu’elle voulait parler de quelque chose. « Je n’en ai encore parlé à personne. »  Prenant une grande inspiration elle avait d’abord jeté un regard vers lui avant de lâcher l’information. « Je vais reprendre mes études. »  Attendant de voir si il avait bien reçu l’information avant de continuer elle avait mordu un peu sa lèvre inférieure, inquiète de la réaction que cette nouvelle pourrait provoquer puisqu’il était le premier à l’entendre. « Je… J'adore travailler dans ce service mais c’est tellement de… souffrance, tellement de mort et… »  Et en ce moment c'était un peu trop parfois - elle ne se sentait pas les épaules pour ça, pour affronter les drames de son travail et ceux de sa vie personnelle, sa rencontre avec son agresseur ayant été le point culminant. Bien que depuis des mois et cette agression, s’occuper des hommes était devenu de plus en plus compliqué pour elle… Et était en partie - peut-être - ce qui avait motivé sa décision. « L'hôpital propose un Master en cours d’emploi, une spécialisation sage-femme sur deux ans… Je me suis inscrite et j’ai été retenue. »  Ca semblait un peu soudain, même pour elle. « Peut-être que mon travail d’infirmière généraliste me manquera je ne sais pas… Je… Je me sens un peu folle de tenter ça mais… J’ai envie de voir un peu plus de bonheur… »  Évidemment, elle était aussi consciente que toutes les grossesses n’étaient pas si simple et source uniquement de bonheur. Elle avait eu la chance lors de ses voyages à l’étranger d'assister des femmes pour des accouchements et c’était quelque chose de magnifique, d’inexplicable. « C’est aussi une spécialisation qui laisse beaucoup plus de liberté, de responsabilité. »  Moins de médecin sur le dos - surtout quand certains étaient incapables comme dans son service. « Je suis un peu fébrile là… La formation commence en mai et c’est… J’ai besoin qu’on me dise que je ne fais pas n’importe quoi. »  Riant un peu nerveusement elle jouait avec ses doigts en regardant ses derniers un peu anxieuse. Il y avait fort à parier que ses parents ne comprendraient rien de son envie de changement, ils n’avaient jamais compris ses aspirations professionnelles… Mais l’avis d’Hassan c’était tout autre chose.
WILDBIRD
 
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyLun 17 Avr 2017 - 4:27

Des époux potentiels à refourguer à sa fille unique Fatima en avait déjà dégoté des dizaines, souvent de gentils garçons dont le principal défaut résidait dans le fait d’avoir été choisi par la mère et non pas par la fille. Et si Hassan ne s’était jamais permis la moindre réflexion à ce sujet il ne cautionnait pas cette idée de vouloir trouver un mari à Yasmine comme on resterait devant le télé-achat dans l’espoir de trouver LA bonne affaire. A sa manière la concernée était toujours parvenue jusqu’à présent à mettre à mal les tentatives de sa mère, raison pour laquelle le trouble apparent de Yasmine au sujet du dernier prétendant en date avait attiré son attention. « Oui il est … Enfin non, c’est quelqu’un de gentil. » Gentil, gentil ? Ou bien gentil, ennuyeux ? « Mais tu ne le connais pas, maman l’a rencontré au supermarché, il l’a aidée à porter ses courses. Tu t’imagines bien que depuis elle ne cesse de me rappeler comme c’est un gentleman. » Oh, ça, il l’imaginait sans mal, et avait adressé à Yasmine un sourire à mi-chemin entre la compassion et l’amusement, parce qu’en fin de compte cela ne lui semblait pas être bien différent des autres fois. « Et c’en est un ? » s’était-il malgré tout entendu demander presque malgré lui, sans savoir lui-même pourquoi à situation similaire ce garçon pourtant « gentil » et « gentleman » lui inspirait plus de méfiance que tous ses prédécesseurs. « Enfin, ta mère finira par se lasser, comme pour les autres. » Il avait haussé les épaules, et adopté un ton vaguement résigné. Le repas alourdissant son estomac plus vraiment habitué à avaler autant de nourriture qu’en faisait généralement Fatima, et l’immobilité commençant à lui donner le tournis, le brun avait évoqué une promenade digestive, sans trop s’éloigner, et embarqué Yasmine avec lui loin du brouhaha entretenu à table par les différentes conversations.

Sans doute parce que ses visites chez les Khadji se faisaient un peu moins régulières qu’elles ne l’avaient été à une époque pour lui, il avait trouvé à Amjad bien meilleure mine que quelques semaines encore auparavant. « C’est le cas, je crois aussi que maman lui laisse un peu plus d’espace. Elle l’étouffait après son hospitalisation. Moi aussi sans doute. » Sans doute, oui, mais s’il adhérait à cette dernière partie Hassan s’était gardé de tout commentaire dans ce sens, sachant le sujet des parents délicat. « Et son cardiologue est vraiment satisfait de l’effet du traitement, ils ont trouvé un bon dosage et les effets secondaires se sont atténués. Il a donné son accord pour le voyage ce qui est bon signe. » Pour ce qui était de ce genre de sujets Hassan avait appris à se fier à l’avis de Yasmine, souvent plus éclairé que le leur sur la question, et avait acquiescé d’un air rassuré. « Et puis je crois qu’il commence aussi à prendre enfin conscience de son âge, et de la prudence que cela implique. » Plus question pour lui de grimper sur le toit de sa maison pour réparer dieu sait quoi, comme s’il avait toujours vingt ans de moins. C’était quelque chose que Fatima avait pourtant de nombreuses fois répété, souvent en se lamentant – cette fois-ci à raison – que son époux ne l’écoutait pas et n’en faisait qu’à sa tête. Mais pour en revenir à ce voyage pour lequel Amjad avait obtenu l’aval du médecin, il constituait en tout cas une idée brillante de la part de Yasmine, qui semblait presque aussi excitée – si ce n’est plus – à l’idée que ses parents renouent avec leur terre natale. « Je sais comme ce pays leur tient à cœur … Ils rêvent d’y retourner depuis des années. » Un désir qu’Hassan comprenait sans mal. Mais un désir qui ne faisait que lui rappeler, entre autres choses, que lui avait probablement détruit toutes chances de remettre un jour les pieds dans son propre pays d’origine.

Happé par ce brin de mélancolie qui parvenait encore parfois à lui tomber dessus sans crier gare, il était brusquement revenu à la réalité lorsque la voix de Yasmine l’y avait ramené « Hassan ? » Il n’écoutait pas, il ne s’en était même pas aperçu. « Rien, je racontais des bêtises. » lui avait-elle pourtant assuré avec douceur lorsqu’il lui avait demandé de répéter. « Tu m’écoutes là ? » avait-elle pourtant repris cette fois-ci avec plus de sérieux « Parce qu’il y a quelque chose dont j’aimerais te parler. Ne fais pas cette tête c’est quelque chose de positif, du moins je crois. » D’abord méfiant, il était désormais surtout curieux et lui avait intimé silencieusement de poursuivre « Je n’en ai encore parlé à personne. Je vais reprendre mes études. » La surprise se lisant probablement sur son visage – il peinait à imaginer Yasmine autrement que comme l’infirmière qu’elle était – il attendait la suite avec une impatience à peine dissimulée. « Je … J’adore travailler dans ce service mais c’est tellement de … souffrance, tellement de mort et … » Elle n’avait pas terminé sa phrase, mais elle n’en avait pas eu besoin pour qu’Hassan devine ce qu’elle essayait de dire. Machinalement il avait glissé son bras pour attraper l’un de ceux croisés de la jeune femme, sans interrompre leur marche pour autant. « Mais alors du coup tu … vas quitter l’hôpital ? » Cela lui paraissait tellement inattendu qu’il ne savait pas comment gérer l’éventualité, et cherchait dans l’expression du visage de Yasmine un indice quel qu’il soit. « L’hôpital propose un Master en cours d’emploi, une spécialisation sage-femme sur deux ans … Je me suis inscrite et j’ai été retenue. Peut-être que mon travail d’infirmière généraliste me manquera je ne sais pas … Je … Je me sens un peu folle de tenter ça mais … J’ai envie de voir un peu plus de bonheur … » Parce que tout d’un coup tout semblait à nouveau faire sens dans l’esprit d’Hassan, ses traits s’étaient détendus un peu tandis qu’elle terminait d’expliquer « C’est aussi une spécialisation qui laisse beaucoup plus de liberté, de responsabilité. Je suis un peu fébrile là … La formation commence en mai et c’est … J’ai besoin qu’on me dise que je ne fais pas n’importe quoi. » Leur marche s’était finalement interrompue, Yasmine semblant soudainement s’intéresser plus que de raison au bout de ses chaussures ou à la forme de ses doigts qu’elle tordait dans tous les sens depuis plusieurs secondes. « Tu ne fais pas n’importe quoi. » Le ton volontairement solennel, il avait attendu qu’elle relève les yeux vers lui pour se fendre d’un sourire appuyé et demander « Ça va mieux ? » de manière un peu taquine. « Plus sérieusement, c’est une super opportunité, tu as bien fait de la saisir. Et crois-en quelqu’un qui a toujours été admiratif de la capacité à faire le boulot que tu fais et à ne pas te laisser littéralement bouffer par tout le malheur que tu côtoie : tu as plus que mérité de voir un peu plus de bonheur. » Passant un bras enthousiaste autour de ses épaules, il avait piqué un baiser sur sa joue et initié la reprise de la marche, bien qu’ils aient presque atteint le bout de la rue. « Tu n’en as pas encore parlé à tes parents du coup ? Ou à Sohan ? » Elle avait bien précisé plutôt n’en avoir encore parlé à personne, mais il ne saurait dire s’il était effectivement le premier au courant ou s’il s’agissait simplement d’un abus de langage lié au fait que la famille soit une notion un peu à part. « Si tu me l’avais dit avant, on aurait fêté le fait que tu sois retenue comme il se doit. » l’avait-il finalement taquinée, son bras descendant le long de son épaule avec tendresse tandis qu’ils atteignaient effectivement le croisement avec la rue suivante.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyMar 18 Avr 2017 - 18:22



   
   Yasmine & Hassan
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H
abituellement Hassan était le premier qui entendait Yasmine se plaindre des prétendants que sa mère lui refourguait, trop plats, trop lisses, trop ennuyeux voir parfois aussi vieux que son père, sa mère avait le chic pour dégoter des hommes pour qui elle n’avait aucune chance de développer le moindre sentiments. Et parfois elle s’en moquait un peu, ou s’en plaignait auprès de son ami. Cette fois pourtant au lieu de ça, elle avait rougi un peu, une malaise difficile à expliquer la prenant. Elle aimait bien Salim, sans pourtant imaginer d’avenir avec pour le moment - il avait l’avantage de la faire rire et de l’intéresser et elle pourrait sans doute même assumer sa sympathie pour lui. Mais parce qu’elle avait des sentiments bien plus forts pour Hassan ça lui semblait presque déplacé de lui parler de ça, d’en faire un confident, ce qui au final était sans doute idiot puisque l’Iranien n’avait jamais rien su de ses sentiments et ne les partageaient pas. Il ne fait pas de doute qu’il aurait même été heureux d’apprendre qu’elle appréciait quelqu’un… Et peut-être n’avait elle pas envie de voir ce regard là… Pas envie de comprendre une fois de plus qu’il ne partageait rien de ses sentiments et continuerait sans doute toute sa vie à la voire comme une sorte de petite soeur… « Et c’en est un ? » Avait il d’ailleurs rajouté sans doute pour s’assurer que Fatima ne lui ait pas dégoté un nouveau mufle. Ce qui n’avait fait qu’ajouter un peu au rouge qui teintait les joues de l'algérienne. « Je crois que oui… » Son regard se baissant un peu dans un léger sourire avant de se relever sur sa mère qui l’observe d’un oeil amusé et de lever un peu les yeux au ciel. Il y a fort à parier qu’elle tente de suivre sa conversation avec Hassan depuis le début. « Enfin, ta mère finira par se lasser, comme pour les autres. » Ce n’était pas impossible mais pourtant cette fois elle n’était pas sûre d’en avoir autant envie qu’auparavant. N’oserait sans doute pas l'inviter elle même - mais trouvait agréable de le voir au souper de temps à autre. « Sans doute oui. » Avait elle pourtant conclu, fermant la parenthèse Salim par la même occasion.

A la suite de cette discussion tous deux étaient sortis pour marcher un peu et tenter de digérer le repas copieux que Fatima avait réussi à leur faire avaler,espérant par la suite pouvoir au moins goûter au dessert. Le sujet dérivant assez rapidement sur l’état de santé du père de famille. « Et puis je crois qu’il commence aussi à prendre enfin conscience de son âge, et de la prudence que cela implique. » Elle avait eu un petit rire en entendant Hassan évoquer ce point là. « Oui c’est quand même pas encore gagné de ce côté là. » Pas plus tard que le jour précédent, il s’était mis en tête de retaper son garage. Habitué à travailler de ses mains, Amjad était homme à avoir de la peine à rester tranquil. Cependant son hospitalisation l’avait fait réfléchir. « Maman lui a proposé d’embaucher Leo le petit voisin comme aide pour ses bricolages et retapage de maison… Elle a prétendu que ça serait bien pour le petit et que ça lui ferait un peu d’argent de poche. » Ce qui en soit n’était pas faux même si elle ne doutait pas que c’était une toute autre idée que Fatima avait derrière la tête. « Je ne crois pas qu’il a été assez naïf pour la croire mais l’idée lui a plu - tu devrais les voires les deux, une vraie petite équipe. » Plus d’un fois elle s'était laissé attendrir devant la scène, non sans penser à un avenir ou peut-être l’enfant au côté de son père serait le sien - il lui semblait si loin parfois et pourtant elle avait bien conscience que les années passaient et que son célibat persistant commençait à inquiéter ses parents qui n’attendaient que de devenir des grands-parents, se rattrapant comme il le pouvait avec les enfants de Qasim.

Le fait de commencer par autre chose avait permi à Yasmine d’aborder le sujet qu’elle gardait au chaud depuis déjà quelques jours sans savoir comment l’aborder, sans doute un peu anxieuse quand aux réactions qu’elle pourrait avoir. Elle n’avait jamais eu en tête auparavant de travailler comme sage-femme, persuadé de pouvoir encaisser encore et encore même les cas les plus lourds, même les morts à répétition et les personnes dont la vie était détruite à cause d’un accident. Et elle l’avait fait pendant plusieurs années, tentant de mettre sa sensibilité de côté pour être une bonne infirmière mais depuis quelques mois, chaque mauvaise nouvelle pesait sur son morale, comme si à force d’investissement elle avait fini par brûler son quota, tout ça n’étant pas aidé par sa rencontre avec Breccan qui l’avait chamboulée et obligé à faire face à ce qu’elle pouvait encore ressentir par rapport à cette agression, ni par les humeurs fluctuantes de Sohan et Hassan. Elle se sentait le besoin de changer, de faire autre chose sans pourtant s’éloigner de ce qu’elle aimait et cette formation c’était tout ce dont elle avait besoin. Peu de contact avec des hommes - sa méfiance à leur égard n’ayant fait que de s’exacerber - plus de responsabilité et elle l’espérait moins de mort. Même si elle ne doutait pas une seconde que chaque perte d’un enfant risquait d’être encore plus dur. Et peut-être parce que la décision s’était prise très vite elle n’était toujours pas sûre de prendre la bonne et arrêtant sa marche avait tourné son regard vers Hassan pour essayer de décrypter son expression avant même qu’il ne parle. « Tu ne fais pas n’importe quoi. » Elle avait senti un poids la quitter alors qu’un léger sourire se dessinait sur ses lèvres.  « Ça va mieux ? » Riant un peu nerveusement elle avait hoché la tête. « Oui beaucoup mieux. » Espérant qu’il ne lui disait pas ça juste parce qu’il avait senti qu’elle en avait besoin mais bien parce qu’il le pensait.  « Plus sérieusement, c’est une super opportunité, tu as bien fait de la saisir. Et crois-en quelqu’un qui a toujours été admiratif de la capacité à faire le boulot que tu fais et à ne pas te laisser littéralement bouffer par tout le malheur que tu côtoie : tu as plus que mérité de voir un peu plus de bonheur. » pinçant un peu sa lèvre inférieur elle avait à nouveau remercié Hassan du regard. En vérité l’idée que les gens puissent la considérer comme un déserteuse lui faisait peur - elle ne voulait pas être celle qui les abandonne, mais elle ne se sentait plus les épaules pour ça aujourd’hui, pas dans les circonstances de sa vie actuelle et avait peur de ce que ce travail pourrait lui faire si elle continuait à s’acharner… Le pire pour elle étant l’idée de perdre le goût d’un travail qu’elle avait pourtant tant aimé.

Hassan passant un bras autour de ses épaules, elle avait laissé quelques secondes sa tête reposer contre ce dernier, soulagé de la tournure que prenait la conversation. « Tu n’en as pas encore parlé à tes parents du coup ? Ou à Sohan ? » Non il était bien le premier, excepté évidemment certaines personne de son service qui avaient dû être mises au courant puisqu’elle allait quitter celui de brûlé pour la maternité. « Pas encore non… Je ne sais pas pourquoi mais, je voulais que tu sois le premier à le savoir. » Peut-être parce qu’il lui semblait être le plus intéressé par sa vie professionnel, ses parents ne cherchant pas trop à comprendre et Sohan écoutant assez vaguement ses informations la plupart du temps. Peut-être aussi parce qu’il était sans doute le mieux placé pour comprendre qu’elle avait besoin de changement… « Et je ne voulais pas piquer la vedette à mes parents aujourd’hui. » D’ailleurs elle n’avait pas prévu de leur en parler dans la journée, aujourd’hui c’était leur jour - elle se permettait juste d’accaparer quelques secondes du temps d’Hassan. Et en lui parlant comme ça, en se promenant dans la rue avec lui en toute simplicité elle avait l’impression d’avoir enfin fini par le retrouver, lui et cette amitié simple qui les avait lié. « Si tu me l’avais dit avant, on aurait fêté le fait que tu sois retenue comme il se doit. » Les choses c’était fait assez vite au final, un désistement avait libéré une place et Yasmine avait postulé sans trop réfléchir, sans vraiment penser qu’elle serait prise. Ca faisait à peine une semaine qu’elle le savait avec certitude et n’avait osé en parler à personne comme si son choix n’était pas encore définitif. « Je savais que quand j’en parlerais, ça deviendrait réelle. Ca serait bien plus définitif.. » Ce qui était idiot au final, parce que le contrat qu’elle avait signé en début de semaine aurait dû lui sembler bien plus définitif que ce moment. « Et ça c’est fait tellement vite, je crois que j’ai un peu de peine à réaliser. » Parce que ce n’était pas juste changer de travail, c’était revenir à ses études, faire un travail de master et se remettre dans le bain. Beaucoup de changement qui risquaient d’avoir un impact sur son temps libre. « Et toi alors ? Tu profites un peu de tes vacances ? Ou même quand l’université est en vacances tu continues de te tuer au travail ? » Avait elle demandé alors que sans se questionner, ils faisaient déjà demi-tour pour revenir vers la maison. En vérité le fait de savoir Hassan en vacances n’avait jamais rien de très rassurant quand on connaissait ses antécédents et ses difficultés à gérer la solitude. « D’ailleurs j’aimerais beaucoup aller au cinepark la semaine prochaine il passe Grease. » Yasmine étant de ses filles qui avaient regardé Grease en boucle dans leur enfance, bien que ça ne soit pourtant pas vraiment de son époque et pas plus dans la culture de ses parents. « Et vu que je n’ai pas de permis et que je crois savoir que tu as retrouvé le tien, je me disais qu’on pourrait emprunter la voiture de mes parents… Si tu as envie de m'accompagner. » Ils n’avaient jamais reparler de l'accident de voiture en lui même et elle n’était pas sûre de savoir ce qu’Hassan pensait de l’idée de reconduire, comme elle n’était pas sur elle même de savoir ce qu’elle pensait du fait qu’il ait à nouveau le permis… Mais elle voulait vraiment lui faire confiance et était bien consciente qu’avec ou sans voiture si il avait voulu recommencer il l’aurait fait.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyMer 19 Avr 2017 - 2:10

Trouvant lui-même que sa soudaine curiosité vis-à-vis de l’un des prétendants artificiellement dégoté par Fatima pour Yasmine n’avait pas le moindre sens, il n’avait pas insisté plus que de raison et s’était contenté des réponses de la jeune femme, sans trop savoir pourtant si elles le rassuraient ou non. Et à peine passé le seuil de la porte d’entrée pour rejoindre la rue, c’est à propos de la santé d’Amjad qu’il avait préféré se rassurer, ayant l’impression de l’avoir trouvé aujourd’hui plus en forme qu’il n’avait pu l’être par le passé, mais conscient aussi que cela tenait peut-être simplement au fait que ses visites aux Khadji s’étaient faites plus rares ces dernières semaines. « Oui c’est quand même pas encore gagné de ce côté-là. » avait-elle en tout cas laissé échapper avec une pointe d’amusement tandis qu’Hassan avançait l’éventualité que son père ait simplement fini par prendre conscience de son âge et des conséquences qui allaient avec. « Maman lui a proposé d’embaucher Leo le petit voisin comme aide pour ses bricolages et retapage de maison … Elle a prétendu que ça serait bien pour le petit et que ça lui ferait un peu d’argent de poche. Je ne crois pas qu’il a été assez naïf pour la croire mais l’idée lui a plu – tu devrais les voir, les deux, une vraie petite équipe. » Imaginant sans grand mal la scène, Hassan avait esquissé un sourire attendri, ajoutant d’un air songeur « Il a toujours aimé avoir un public attentif, il nous houspillait Sohan et moi devant ta mère, mais quand elle avait le dos tourné il nous faisait une place dans un coin du garage pour l’observer bricoler. » Une habitude d’autant plus ancrée chez Hassan que chez lui aussi, il observait souvent son père à l’œuvre en se rendant particulièrement attentif, persuadé du haut de ses dix ou onze ans qu’il n’y aurait pas meilleur avenir que celui d’exercer le même métier que son père.

Se laissant un court instant happé par ses pensées et perdant ainsi le fil de la discussion, il était rapidement redescendu sur terre lorsque Yasmine lui avait avoué avoir quelque chose à lui dire, fait qui l’avait dans un premier temps rendu méfiant, inquiet quant à ce que la jeune femme avait à révéler. D’abord surpris, il l’avait laissée terminer ses explications, un sourire franc et un peu attendri se dessinant sur ses lèvres en comprenant qu’elle avait simplement besoin que quelqu’un lui assure qu’elle n’était pas en train de faire une bêtise. Mais à ses yeux ce n’en était pas une, c’était même tout le contraire, et la sentant encore un peu incertaine lorsqu’elle avait répondu « Oui beaucoup mieux. » il avait tenté de trouver mes mots adéquats pour se montrer un peu plus loquace à ce sujet. Le paradoxe c’est qu’il ne s’y attendait pas, et pourtant il n’était pas surpris. Cela lui semblait tellement logique, tellement dans la continuité de ce qu’étais Yasmine à ses yeux qu’il n’était surpris ni par le fait qu’elle ait postulé, ni par le fait qu’elle ait été retenue. « Pas encore non … » avait-elle par ailleurs avoué avec une pointe d’incertitude « Je ne sais pas pourquoi mais, je voulais que tu sois le premier à le savoir. » Touché, sentant un petit pincement dans sa poitrine, il avait acquiescé lorsqu’elle avait ajouté « Et je ne voulais pas piquer la vedette à mes parents aujourd’hui. » et resserré momentanément son bras autour de ses épaules pour l’attirer vers lui et déposer un baiser sur son front en murmurant « Je suis fier de toi. » à la fois parce qu’il le pensait, mais aussi parce que c’était le genre de chose que l’on ne pensait pas souvent à dire et qu’il avait peur parfois qu’elle en doute. D’humeur toujours légère, il l’avait néanmoins taquinée sur le fait qu’elle ne leur avait même pas laissé le temps de fêter son recrutement. « Je savais que quand j’en parlerais, ça deviendrait réel. Ça serait bien plus définitif … Et ça s’est fait tellement vite, je crois que j’ai un peu de peine à réaliser. » Chose qu’il comprenait au demeurant. « Et du coup, tu commences quand ? Tu sais que si tu as besoin de faire une razzia dans les bouquins de l’université, je suis ton homme. » Peut-être même pour la faire réviser au fond, du moment qu’elle n’attendait de lui que de lui faire réciter mais absolument pas de comprendre un traitre mot de son charabia médical.

Mais puisqu’ils en étaient à parler d’études, et lui à mentionner l’université, Yasmine avait fini par questionner « Et toi alors ? Tu profites un peu de tes vacances ? Ou même quand l’université est en vacances tu continues de te tuer au travail ? » Il avait laissé échapper un léger rire et malgré tout secoué doucement la tête « Non, je suis vaguement passé à l’université en début de semaine pour récupérer un truc dans mon bureau, mais j’ai surtout traîné à ABC ces derniers jours. J’ai besoin de leurs archives, et elles ne peuvent pas sortir du bâtiment, alors … » Alors il était bien obligé de s’enfermer dans les dites archives tel un rat de bibliothèques, ses recherches universitaires en dépendant en partie. « J’ai fait un peu de rab au rugby aussi, avec les vacances ils ont rajouté des créneaux supplémentaires … Et qu’on se le dise, je crois que là je prends vraiment la mesure d’à quel point cette saloperie a fait des dégâts, j’ai l’impression d’avoir pris dix ans dans la figure. Je suis lessivé. » Il tentait d’aborder cela de manière détachée mais en réalité il y trouvait un côté presque humiliant, de prendre pleinement conscience de la diminution physique qu’avait engendrée sur lui sa leucémie. De réaliser qu’il ne retrouverait sans doute jamais la même endurance et la même forme qu’avant ses ennuis de santé, et dieu sait qu’Hassan avait toujours été du genre à ne pas tenir en place et à avoir besoin de se dépenser. Amorçant un demi-tour pour reprendre le chemin de la maison, Yasmine lui avait finalement fait une proposition « D’ailleurs j’aimerai beaucoup aller au cinepark la semaine prochaine, il passe Grease. Et vu que je n’ai pas de permis et que je crois savoir que tu as retrouvé le tien, je me disais qu’on pourrait emprunter la voiture de mes parents … Si tu as envie de m’accompagner. » Hassan n’avait remis les pieds derrière le volant d’une voiture qu’une seule et unique fois depuis son accident : le soir de l’agression de Yasmine, lorsqu’il avait emprunté la voiture de son voisin du dessous pour rejoindre plus vite le quartier de la jeune femme. Pourtant, et étonnamment, l’idée de conduire à nouveau ne l’angoissait pas spécialement ; Il ne garantissait pas d’en mener large une fois derrière le volant, mais pour l’heure cela ne représentait pas une véritable source d’inquiétude. « J’ai reçu le courrier du tribunal pour me signifier la fin de ma suspension, oui. Tu penses que tes parents accepteront de nous prêter leur voiture ? » A moins qu’elle ne leur ait déjà posé la question, auquel cas tout était réglé. « Why, this car is Auto-matic. Its System-matic. Its Hyyyyydro-matic. Why, its Greased Lightning ! » Singeant John Travolta et sa coiffure improbable, le goût prononcé de Yasmine pour ce film l'ayant lui-même amené à le visionner un certain nombre de fois, Hassan avait malgré tout retrouvé un peu de sérieux « Pour ça aussi, je suis ton homme. Je n’ai pas mis les pieds au cinepark depuis une éternité en plus … » Probablement avant de tomber malade, il n’avait pas de souvenir plus récent en magasin. Semblant d’un seul coup se rappeler de quelque chose, le brun avait retrouvé son sérieux et eu un instant d’hésitation avant de reprendre « D’ailleurs … j’ai réfléchi, et je ne pense pas racheter de voiture. Pas dans l’immédiat en tout cas. Et je sais que ça ne va probablement pas t’enchanter mais … Je me dis qu’il serait peut-être temps que je donne une chance à cette fichue moto, qu’elle serve à autre chose que prendre la poussière. J’ai commencé à me renseigner pour passer le permis moto. » Et s’il se sentait obligé de lui en parler avant c’était parce qu’il était certain que cela l’inquièterait, le savoir à nouveau au volant d’un véhicule quel qu’il soit, à fortiori un deux roues. « Mais je te promets que je serais prudent … tu me connais, j’ai jamais été un fou du volant. » Au contraire, on pouvait même dire qu’avoir perdu ses parents dans un accident de la route on ne peut plus banal avait fait de lui un conducteur excessivement prudent. « Et ça va mieux … Assez pour ça, en tout cas. »
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyJeu 20 Avr 2017 - 3:12



   
   Yasmine & Hassan
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I
l y avait dans l’amour que Yasmine portait à Hassan quelque chose d'extrêmement tendre, assez pour que parfois elle même se perdre dans ses sentiments, se demandant à quel point elle continuait de l’aime comme autre chose qu’un ami. Au final jamais elle n’avait tellement connu le sentiment de l’amour partagé, jamais elle ne s’y était donnée complètement et il était sûr qu’elle n’y connaissait pas grand chose. Pour cette raison, quelquefois son esprit était confus, assez pour imaginer que cette relation pourrait continuer comme ça pour toujours, cette tendresse platonique entre eux, ces échanges simples et cette manière bien à lui qu’il avait de fermer les yeux sur les sentiment de la brune à son égard. Yasmine avait besoin d’Hassan dans sa vie, envie qu’il y soit assez pour qu’en plus de 10ans jamais elle n’ait imaginé lui dévoiler ses sentiments. Pour autant les mots d’Hassan restaient tous ancrés dans sa mémoire, les bons comme les moins bons et quand un : « Je suis fier de toi. » était sorti des lèvres du brun son coeur s'était emballé follement dans sa poitrine, sans doute accentué par le baiser qu’il avait posé sur son front, un gage de tendresse dont Hassan n’était jamais avare. Pour les mots c’était autre chose, et trop peu souvent Yasmine les avait entendu - même de la bouche de ses parents qui eux ne seraient réellement fière qu’une fois qu’elle aurait un mari et un famille probablement. « Merci… Ca me touche. » Assez d’ailleurs pour que rattrapé par sa sensibilité, elle ait déjà les larmes au bord des yeux. « Et du coup, tu commences quand ? Tu sais que si tu as besoin de faire une razzia dans les bouquins de l’université, je suis ton homme. » Le continuité de la conversation avait permis à Yasmine de chasser un peu l’émotion pour se concentrer sur sa question, son bras glissant à la taille d’Hassan pour ne plus le laisser lui échapper. « Je comptais sur toi justement. » Avait elle répondu dans un sourire amusé. « Au début du mois prochain déjà, mais je crois que j’ai peu de cours, ils veulent que je prenne le temps de m’habituer un peu au nouveau service, de voir comme les gens travaillent là-bas. » Et rien que d’y penser une petite vague de stresse la prenait. « J’espère que je serais à la hauteur. » En général elle ne doutait pas beaucoup de ses compétences dans son travail, mais le changement apportait toujours une légère vague de déstabilisation. « Je compte aussi sur toi pour me faire réviser, comme à l’époque. Personne n’est plus patient que toi pour écouter mon charabia en faisant semblant de comprendre. » Souvent durant ses études elle s'était appuyé sur Hassan pour l’aider, profitant toujours des instants où sa femme était loin de la maison, pour ne pas avoir l’air de s’incruster. A bien y repenser, leur relation pendant longtemps c'était beaucoup basé sur sa relation avec Joanne, l'algérienne n’ayant jamais accroché plus que ça avec la blonde, et pas vraiment fait plus d'efforts non plus, elle s'était souvent contenté de voir Hassan quand il avait du temps sens sa femme à lui consacrer.

Déjà lassé de parler d’elle, Yasmine avait tout aussi vite redirigé la conversation sur son ami et son emploi du temps actuel. « Non, je suis vaguement passé à l’université en début de semaine pour récupérer un truc dans mon bureau, mais j’ai surtout traîné à ABC ces derniers jours. J’ai besoin de leurs archives, et elles ne peuvent pas sortir du bâtiment, alors … » « Oh… » Elle n’était pas si étonné qu’il ne profite pas de ce temps pour simplement se reposer, sachant bien que ses mois d'hospitalisation avaient été bien assez de repos pour toute une vie selon Hassan. « Tu te documente sur quelque chose de spécial ? » Il n’était pas si fréquent qu’elle le questionne sur son travail, mais avait pourtant un réel intérêt pour ce qu’il enseignait, et personne n’était capable mieux qu’Hassan d'intéresser les gens à ces sujets. « J’ai fait un peu de rab au rugby aussi, avec les vacances ils ont rajouté des créneaux supplémentaires … Et qu’on se le dise, je crois que là je prends vraiment la mesure d’à quel point cette saloperie a fait des dégâts, j’ai l’impression d’avoir pris dix ans dans la figure. Je suis lessivé. » Si à première vu Yasmine avait été enchantée de savoir qu’Hassan avait repris le sport, bien que le rugby n’ait jamais eu sa préférence, elle s’inquiétait un peu plus des dernières phrases de son ami. « C’est peut-être parce que t’es vieux aussi. » Avait-elle supposé avec un brin de taquinerie dans la voix. Préférant tourner ça en dérision en se moquant un peu de son âge comme elle aimait le faire de temps à autre. « Plus sérieusement, laisse toi aussi un peu de temps, ça fait longtemps que tu n’as plus fait du sport à ce niveau là. » Il y avait peut-être peu de chance qu’il retrouve sa forme d’antan, mais le début était probablement le plus difficile. « Si tu veux en contrepartie de ton aide pour réviser, je viendrais courir avec toi le matin, ou j’amènerai les altères pour que tu te muscles un peu pendant que je te raconterais mon charabia. » Elle lui avait fait un petit clin d’oeil, se blottissent un peu plus contre lui alors qu’ils tournaient pour reprendre le chemin de la maison.

Abordant le sujet de la voiture avec autant de légèreté, Yasmine avait tout de même attendu la réponse d’Hassan avec une pointe d’inquiétude. Le sujet de la voiture n’étant pas revenu sur le tapis depuis l’accident qui avait bouleversé leur vie, leur amitié et manqué de les séparer pour de bon. « J’ai reçu le courrier du tribunal pour me signifier la fin de ma suspension, oui. Tu penses que tes parents accepteront de nous prêter leur voiture ? » Hochant vivement la tête elle n’avait pas de doute à ce propos. « Oui j’en suis sûre, mon père ne l’utilise presque plus. » Sa mère quand à elle n’avait jamais passé le permis, et pourtant Amjad n’était pas homme à l’en empêcher, mais comme sa fille, dans sa jeunesse le vélo et le bus avaient eu sa préférence. « Il dit toujours qu’elle est entrain de mourir dans le garage, je pense qu’il sera enchanté qu’on la sorte un peu, qui plus est pour l’emmener regarder un film. » Et pas des moindres. D’ailleurs la simple mention du film avait semblé motiver Hassan qui avait rapidement imité Travolta déclenchent le rire de Yasmine. « Avoue que je t’ai contaminé avec ce film. » Avait elle dit avant de commencer à fredonner la musique de l’une des chanson phare du film. « Pour ça aussi, je suis ton homme. Je n’ai pas mis les pieds au cinepark depuis une éternité en plus … » « Parfait ! Je me réjouis, je te redirais le soir exacte par message. » C’était le moment pour les deux de remédier à ça, la dernière fois pour Yasmine datant de l’époque où elle était encore avec Josh. C’était d’ailleurs à ce même Cinepark qu’ils avaient échangé leur premier baiser, malgré tout un bon souvenir pour la jeune femme qui avait pardonné l’infidélité du jeune homme depuis longtemps maintenant pour essayer de ne garder que le bon de cette relation.

Un peu perdue dans ses pensées, elle n’avait pas vu l’expression d’Hassan changer pour une un peu plus sérieuse se laissant un peu surprendre par le ton de sa voix quand il avait repris la parole. « D’ailleurs … j’ai réfléchi, et je ne pense pas racheter de voiture. Pas dans l’immédiat en tout cas. » Plutôt rassurée par cette première information, elle avait pourtant pressentie que la suite n’allait pas autant lui plaire. « Et je sais que ça ne va probablement pas t’enchanter mais … Je me dis qu’il serait peut-être temps que je donne une chance à cette fichue moto, qu’elle serve à autre chose que prendre la poussière. J’ai commencé à me renseigner pour passer le permis moto. » Se crispant légèrement en entendant les mots, elle avait pincé sa lèvre inférieur en gardant le silence quelques secondes ce qui avait entraîné une nouvelle phrase de la part d’Hassan. « Mais je te promets que je serais prudent … tu me connais, j’ai jamais été un fou du volant. » Oui enfin jusqu’à ce fameux jour où il avait commi la folie ultime. « Oui… Pourquoi pas… » Évidemment elle était inquiète, et pas sans raison, ses deux ans de fonction aux urgences lui avaient suffi pour voir des horreurs qu’elle ne pouvait même pas décrire. « Et ça va mieux … Assez pour ça, en tout cas. » Mine de rien les mots étaient rassurants, le projet aussi, le fait qu’il pense à ce permis, qu’il reprenne la rugby, qu’il ait des projets de vie, de futur et non pas juste se laisser porter comme il l’avait fait pendant des mois. « Tu m’emmènera en promenade avec toi au moins ? » Si elle n’en avait jamais parlé, l’idée de monter sur une moto lui plaisait bien, même si elle était loin de penser elle même à passer le permis, le petit v ent grisant du vélo lui allant tout aussi bien. « Par contre je te préviens Hassan ! Si je te vois une fois, sans ton équipement COMPLET pour la moto, je viendrais même moi te tordre le cou ! » Il ne servait à rien d’en dire plus. Plus d’une fois à l’époque des urgences elle lui avait parlé de ses motards malheureux qui voyaient leur vie gâchée avec un accident de moto. Arrivée devant la maison elle ne le dit pas tout haut mais aurait voulu que cet instant à deux dur un peu plus longtemps. « Merci pour ton soutien, je t’adore tu sais. » Se détachant de son étreinte pour monter sur la marche et déposer un rapide baiser sur sa joue avec un sourire elle avait posé sa main sur le poignée en ajoutant toute de même. « Tu me raccompagnes après le dessert ? » Elle allait évidemment devoir aider sa mère à ranger, et avait comme première idée de dormir chez eux, mais sentait aussi ce besoin de passer un peu de temps avec son ami - encore - toujours - comme si elle n’était jamais rassasiée de sa présence.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyMar 2 Mai 2017 - 3:08

Hassan savait que ce n’était pas forcément son rôle, qu’il avait le droit d’être heureux pour Yasmine lorsqu’elle entreprenait ou réussissait quelque chose, mais que le sentiment de fierté en revanche n’était pas supposé émaner de lui. Cela lui coûtait un peu de l’admettre mais le discours de Sohan avait un fond de vérité, Hassan oubliait parfois un peu que les Khadji n’étaient pas sa famille et que son avis concernant la manière dont l’un d’eux menait leur vie n’était que consultatif, tout au plus. Il était fier pourtant, lorsqu’il voyait Yasmine s’épanouir professionnellement sans se laisser ralentir par le fait que ses parents ne la comprennent pas forcément, et s’intéressent plutôt à l’éventualité de lui trouver un mari. Et finalement le regard brillant de la jeune femme lorsqu’elle avait répondu « Merci … ça me touche. » suffisait à le persuader qu’à ses yeux à elle tout du moins, il en avait le droit. Curieux, et impatient d’avoir quelques détails supplémentaires à ce sujet, il lui avait proposé la seule aide qu’il était en mesure de lui apporter, à savoir piller la bibliothèque de l’université « Je comptais sur toi justement. » Amusée, elle avait passé un bras autour de sa taille avant de reprendre « Au début du mois prochain déjà, mais je crois que j’ai peu de cours, ils veulent que je prenne le temps de m’habituer un peu au nouveau service, de voir comment les gens travaillent là-bas. J’espère que je serais à la hauteur. » Il avait légèrement secoué la tête, comme pour tenter de chasser cette idée qu’elle était en train de se mettre dans la tête « T’es une bosseuse, bien sûr que tu seras à la hauteur. » Lui ne s’en faisait pas à ce sujet, en tout cas, même s’il savait que c’était toujours plus facile à dire qu’à faire … Il lui suffisait de se rappeler de l’angoisse irrationnelle qui l’avait habité les semaines précédant son premier vrai cours en tant que professeur. « Je compte aussi sur toi pour me faire réviser, comme à l’époque. Personne n’est plus patient que toi pour écouter mon charabia en faisant semblant de comprendre. » Laissant échapper un léger rire, il avait malgré tout acquiescé d’un signe de tête « J’aimerai pouvoir dire que je ne faisais pas toujours semblant, mais … » Mais ce serait mentir, et elle le savait aussi bien que lui. Puisqu’ils en étaient à parler boulot en tout cas, Yasmine avait posé la question en devant bien se douter pourtant qu’Hassan n’aurait pas passé toutes les vacances scolaires à se tourner les pouces … Il aurait eu de quoi s’occuper chez lui, pourtant, ce n’était pas comme s’il manquait de travaux à entreprendre, mais le brun savait très bien que passer ses journées enfermé chez lui était tout sauf une idée judicieuse. Il préférait ne pas tenter le diable. « Oh … » avait-elle alors simplement commenté, sans vraiment sembler surprise « Tu te documentes sur quelque chose de spécial ? » Pinçant ses lèvres avec un peu d’hésitation, il avait froncé légèrement les sourcils en répondant « Des choses et d’autres … J’essaye de rattraper ce que j’ai pas eu le temps de faire en Iran. C’est juste beaucoup moins pratique, même si ironiquement les informations sont plus fiables ici. » Probablement parce que les médias australiens, eux, n’avaient aucun intérêt à censurer leurs archives.

Frileux à l’idée qu’elle puisse subitement demander des détails, il avait préféré changer de conversation et avancer son autre occupation principale, les vacances scolaires pour le club de rugby de Logan City d’organiser des stages pour les plus jeunes ; Un moyen pour les enfants de se dépenser, et pour les parents de s’économiser quelques heures de baby-sitter. Mais un peu à son désespoir Hassan réalisait que ce genre de journées sportives et à courir au grand air après des enfants pas toujours disciplinés le fatiguait beaucoup plus qu’à une époque. « C’est peut-être parce que t’es vieux aussi. » Pensif, il avait malgré tout esquissé un sourire amusé « Plus sérieusement, laisse-toi aussi un peu de temps, ça fait longtemps que tu n’as plus fait du sport à ce niveau-là. » Il avait acquiescé en silence, partagé entre l’envie de se rassurer en se répétant qu’elle avait sans doute raison, et la crainte d’admettre qu’outre la période de maladie en tant que telle, sa leucémie avait fait des dégâts plus irréversibles qu’il ne le pensait. « Si tu veux en contrepartie de ton aide pour réviser, je viendrais courir avec toi le matin, ou j’amènerai les altères pour que tu te muscles un peu pendant que je te raconterai mon charabia. » Narquois, il avait dodeliné la tête avant de répondre « J’avais dans l’idée de te faire courir derrière mon vélo à chaque mauvaise réponse, histoire de te motiver, mais courir à deux c’est une idée aussi. » d’un ton taquin. La serrant un peu contre lui tandis qu’un brin de vent leur faisait rentrer momentanément la tête dans les épaules, il s’était rapidement enthousiasmé pour sa proposition d’aller au cinepark, plus pour l’attrait d’une sortie à deux que par intérêt pour le film projeté. « Oui j’en suis sûre, mon père ne l’utilise presque plus. Il dit toujours qu’elle est en train de mourir dans le garage, je pense qu’il sera enchanté qu’on la sorte un peu, qui plus est pour l’emmener regarder un film. » Et quelque part Hassan, lui, se disait que quitte à remettre les pieds derrière un volant le cinepark était peut-être une manière de reprendre les choses en douceur. « Avoue que je t’ai contaminé avec ce film. » C’était plus que probable en effet. Un sourire un brin goguenard sur les lèvres il avait admis « Je crois qu’entre toi et Joanne, j’ai suffisamment vu ce film pour pouvoir prétendre au rôle de Danny dans la prochaine comédie musicale de l’université. » Mais en attendant que ses âneries se réalisent  (ou pas) il s’était contenté d’accepter l’invitation de Yasmine avec un enthousiasme non dissimulé « Parfait ! Je me réjouis je te redirai le soir exact par message. » Un sourire aux lèvres, Hassan se réjouissait, lui, à l’idée qu’au moins l’une de ses soirées de la semaine suivante ne se ferait pas en tête-à-tête avec son chien et sa télévision. « Tu veux venir manger avant le film ? Ou après, suivant l’heure de la séance. » L’automne était bien avancé après tout, la nuit tombait plus vite qu'il y paraissait maintenant, comme en témoignait la luminosité qui avait déjà baissé depuis qu’ils avaient quitté la maison des parents de Yasmine.

Alors qu’ils approchaient à nouveau de la maison, et puisque le sujet de la voiture venait d’être abordé, Hassan avait jugé le moment opportun pour mentionner son idée – encore en réflexion malgré tout – de délaisser la voiture au profit de la moto, maintenant qu’il ne possédait plus que la seconde. Autant que ce qui s’apparentait à un caprice de crise de la quarantaine en avance lui serve un peu à quelque chose. « Oui … Pourquoi pas … » Pas besoin de chercher très loin pour voir que Yasmine n’était pas enchantée, mais Hassan mentirait s'il disait qu’il ne s’y était pas un peu attendu. Et il ne pouvait pas faire grand-chose de plus que de promettre d’être prudent, quand bien même il savait la valeur de sa parole encore un peu fragile à ce sujet. « Tu m’emmèneras en promenade avec toi au moins ? » Le visage du brun s'illuminant à nouveau un peu face à cette réaction beaucoup moins virulente qu’il ne le craignait, il avait agité la tête « Eh bien, on a toujours besoin d’un co-pilote après tout. Tu auras ton casque attitré, tu réalises un peu l’honneur ? » Et d’ailleurs en parlant de casque … « Par contre je te préviens Hassan ! Si je te vois une fois, sans ton équipement COMPLET pour la moto, je viendrai moi-même te tordre le cou ! » Il avait eu beau prendre un air amusé, il la savait on ne peut plus sérieuse et prête à lui faire passer un sale quart d'heure s’il ne respectait pas les précautions de sécurité élémentaires, aussi bien que faisant remarquer d’un ton légèrement moqueur « Tu sais, parfois tu ressembles de plus en plus à ta mère. » il avait plissé le nez et ajouté de manière plus sérieuse « Pas d’imprudence, c'est promis. De toute façon je ne l'ai pas encore, ce permis. » Et compte tenu de ses derniers déboires routiers, autant dire que rouler sans le permis adéquat n’était pas à envisager. Atteignant le perron la première, Yasmine avait monté la marche la mettant à la même hauteur qu’Hassan et avait déposé un baiser sur sa joue « Merci pour ton soutien, je t’adore tu sais. Tu me raccompagnes après le dessert ? » Refermant un instant ses bras autour d’elle il l’avait serrée contre lui avant de piquer un baiser contre sa tempe « Tu pourras toujours compter dessus. Et bien sûr que je te raccompagne, du moins si on sort de table un jour, tu as remarqué que le repas a commencé il y a presque six heures ? » Le propre du repas de famille, en définitive. Quoi que l’heure n’ait pas grande incidence sur le fait qu’Hassan raccompagnerait la jeune femme quoi qu'il en soit … Il n’avait jamais l'esprit tranquille lorsqu’elle rentrait seule, plus depuis l'agression dont elle avait été victime l’année précédente.

Se lâchant enfin, ils avaient passé la porte et été accueillis en premier lieu par le chien de Yasmine qui leur avait fait la fête avec presque autant de vigueur que s'ils étaient partis depuis trois jours, puis par la voix enthousiaste de Fatima « Ah, vous voilà ! » Un bouquet de fleurs à la main, elle était apparue dans le hall en ajoutant « Yasmine, regarde qui a finalement eu le temps de passer, et juste à temps pour le dessert ! » D’abord occupé à ramasser l’animal qui gesticulait à ses pieds pour lui offrir un câlin – Spike était désormais devenu bien trop grand pour ce genre de choses – le brun avait relevé les yeux juste à temps pour voir débarquer dans le vestibule, à la suite de la maîtresse de maison … « Vous … » - « Hassan ? » Salim. Cachant mal l'agacement que provoquait chez lui le fait que le britannique se soit octroyé le droit de l’appeler par son prénom comme s'ils se connaissaient  (bien que ce soit le cas), Hassan avait reposé Carpet sur le sol tandis que Fatima s'exclamait avec surprise « Vous vous connaissez, tous les deux ? » Sans laisser à Salim le loisir de prendre la parole le premier, le brun avait répondu avec une froideur à peine dissimulée « Vaguement. » et ainsi coupé court à l’envie éventuelle de l’intrus de parler sans tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Visiblement un peu décontenancé, le concerné avait néanmoins décidé de jouer le jeu en se contentant de préciser « Nous … J’enseigne dans le lycée où Has- … où monsieur Jaafari donne des cours de soutien. » À la bonne heure. « Voilà. » S’éclaircissant la gorge en donnant l’impression – peut-être calculée – de ne rien percevoir du malaise ambiant, Fatima s’était exclamée « Eh bien, le monde est petit ! Yasmine, j’ai besoin de ton aide pour apporter le dessert. » et seulement là Hassan s’était autorisé une œillade discrète vers la jeune femme, dont il n’avait plus croisé le regard depuis que Salim avait fait irruption face à eux. Plutôt que de proposer son aide comme il l’aurait fait habituellement, Hassan s’était entendu marmonner « Je vais me laver les mains. » et avait pris la fuite en direction de la salle de bain, où à peine la lumière allumée il s’était enfermé à double-tour le temps de réfléchir à la situation. Le cœur battant un peu trop vite et les mains soudainement moites, il essayait de comprendre à quoi rimait tout cela et ce que foutait ce type dans le salon des Khadji presque comme s'il y était chez lui.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyLun 8 Mai 2017 - 19:27



   
   Yasmine & Hassan
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L'
hésitation dont Hassan avait fait preuve l’avait quelque peu interloqué. La question lui semblait anodine pourtant, Hassan ayant toujours parlé sans aucun complexe de son travail et de ses cours, elle avait attendu la suite avec une pointe d'appréhension, sans trop savoir pourquoi cependant. « Des choses et d’autres … J’essaye de rattraper ce que j’ai pas eu le temps de faire en Iran. C’est juste beaucoup moins pratique, même si ironiquement les informations sont plus fiables ici. » Pinçant légèrement les lèvres elle s'était rendue compte que depuis son retour d’Iran le sujet n’avait plus jamais été abordé - comme si bêtement elle attendait qu’Hassan le met sur le tapis. Ou qu’à force de cachotteries, elle avait juste tenté de ne pas enfoncer leur amitié encore plus - assez pour qu’elle ne sache rien au final de ce qui était réellement arrivé à Hassan en Iran - de ce qui expliquait aussi le silence radio dont il avait fait preuve pendant une semaine et qui avait manqué de la rendre folle avant qu’elle ne le retrouve devant sa porte au milieu de la nuit. « Et qu’est ce que tu faisais en Iran ? » Elle avait posé la question l’air de ne pas y toucher, mais son ton avait trahi la curiosité qui la tenait depuis plusieurs mois maintenant et qu’elle n’avait pu assouvire.

Hassan avait eu beau tenter un changement de sujet elle était restée fixée sur l’idée d’en savoir un peu plus - ou du moins d’aller dénicher les informations qu’il était enclin à lui donner aujourd’hui. Elle s’était tout de même amusée à l’entendre parler de ses exploits sportifs, heureuse de le revoir prendre un peu sa vie en main - même si le retour à cette vie après cancer n’était forcément pas si facile. « J’avais dans l’idée de te faire courir derrière mon vélo à chaque mauvaise réponse, histoire de te motiver, mais courir à deux c’est une idée aussi. » Riant sincèrement elle lui avait tapoté l’épaule en faisant mine d’être choquée par ses propos. «  Je ne te connaissais pas ce côté sadique. » Bien qu’en y pensant dans leur jeunesse quand Hassan faisait ses petites alliances avec Sohan ils étaient loin d’être des enfants de coeur. Et rapidement Yasmine avait emmené le prochain sujet qui lui tenait à coeur en parlant du Cinepark et surtout de Grease, un film qu’elle avait vu en boucle dans sa jeunesse au grand damn de son frère. « Je crois qu’entre toi et Joanne, j’ai suffisamment vu ce film pour pouvoir prétendre au rôle de Danny dans la prochaine comédie musicale de l’université. » Son sourire s’était un peu éteint à l’évocation de la jeune femme, mais rapidement Yasmine avait tenté de cacher son malaise. Sa dernière rencontre avec la jeune femme avait été plus qu’houleuse et elle ne se sentait pas prête à en parler à Hassan pas fière d’elle. Elle espérait sans doute un peu naivement que cet conversation resterait entre les deux femmes et que Joanne ne se sentirait pas le besoin d’aller tout rapporter à Hassan. Sans doute pour se plaindre d’elle - elle ne se faisait pas d’illusion.  « Tu veux venir manger avant le film ? Ou après, suivant l’heure de la séance. » Maintenant toute excitée à l’idée de cette soirée elle avait vivement hoché la tête. « Oui, plus que oui… Je ne peux pas dire non à un de tes petits plats. » Hassan étant bien meilleur cuisinier qu’elle même.

Approchant dangereusement de la maison le nouveau sujet qu’avec entrainé celui de la voiture avait un peu crispé la brune - la peur la saisissant momentanement au ventre elle prenait sur elle pour ne pas en dire trop et être encore l’angoissée de service. Essayant plutôt de se faire une petite place sur la moto d’Hassan - quitte à ce qu’il en ait une, autant qu’elle en profite elle aussi. « Eh bien, on a toujours besoin d’un co-pilote après tout. Tu auras ton casque attitré, tu réalises un peu l’honneur ? » « Wouaaahh » Avait-elle fait mine de s’extasier en riant. « Je pourrais marquer mon nom dessus avec des paillettes violettes ? » Comme elle le faisait dans son enfance avec à peu près toutes ses affaires. Et à bien y penser - pas que les siennes d’ailleurs celles d’Hassan, Qasim et Sohan en avaient pris pour leur grade aussi. Malgré tout son côté maman poule avait rapidement pris le dessus pour faire ses recommandations à Hassan. « Tu sais, parfois tu ressembles de plus en plus à ta mère. » Lui tirant la langue comme une gamine elle n’avait pourtant pas perdue son sourire. « Venant de toi, je ne sais pas comment je dois le prendre. » Si quelqu’un connaissait bien sa mère c’était bien Hassan, avec ses qualités et ses défauts.

Alors qu’il la rassurait - tous deux avaient atteint le porte et Yasmine glissée un baiser sur la joue du brun pour le remercier. Rapidement les bras de ce dernier étaient venus l’enlacer et elle s'était laissé faire, amadouée.  « Tu pourras toujours compter dessus. Et bien sûr que je te raccompagne, du moins si on sort de table un jour, tu as remarqué que le repas a commencé il y a presque six heures ? » « M’en parle pas ! » Sortant de son étreinte elle avait gonflé un peu le ventre en soufflant. « Je crois que je vais exploser à la fin de ce repas. » Une aiguille sous la main et c’était chose faite. Ouvrant la porte - Yasmine avait de suite fait face à l’engouement de sa mère qui semblait les attendre de pied ferme. « Ah, vous voilà ! Yasmine, regarde qui a finalement eu le temps de passer, et juste à temps pour le dessert ! » Avant même que Salim ne fasse son entrée, elle savait que c’était lui au fleur dans les mains de sa mère - il en amenait toujours avec lui - toujours un bouquet avec des gerberas, fleurs préférées de sa mère. « Salim… » Un sourire s'était glissé sur les lèvres de la jeune femme alors que ses joues rougissaient légèrement comme à chaque fois, trahissant le fait que pour une fois un prétendant de sa mère lui plaisait bien. « Vous … » « Hassan ? » Ouvrant des yeux ronds, elle avait regardé les deux hommes un peu étonnée - pas tant par le fait qu’ils se connaissent mais plus encore par le ton qu’avait utilisé Hassan pour s’adresser à Salim, un simple mot ayant suffi pour lui glacer le sang.  « Vous vous connaissez, tous les deux ? » devancé par sa mère Yasmine était restée silencieuse à regarder Hassan sans trop comprendre son comportement. « Vaguement. » Le regard tourné vers Hassan elle tentait de comprendre la scène qui se déroulait devant ses yeux sans y arriver. « Nous … J’enseigne dans le lycée où Has- … où monsieur Jaafari donne des cours de soutien. » Évidemment comment n’y avait elle pas pensée ? « Voilà. » Alors que Yasmine sentait le malaise, sa mère avait comme à son habitue opté pour ne rien laisser paraître.  « Eh bien, le monde est petit ! Yasmine, j’ai besoin de ton aide pour apporter le dessert. » Suivant sa mère docilement, la jeune femme avait tout de même jeté un regard en arrière vers les deux hommes comme si l’idée des les laisser seuls les deux lui faisait peur.

Suivant finalement sa mère dans le silence, les deux femmes avaient rapidement été retrouvées par Salim. « Je peux vous aider ? » Hochant vivement la tête de droit à gauche presque outrée, Fatima avait vivement refusée. « Hors de question, vous êtes notre invité ! Filé au salon ! » Apparement un peu mal à l’aise Salim était resté un instant dans la pièce comme hésitant. « Je ne vais malheureusement pas pouvoir rester, je passais juste en coup de vent. » Se retournant cette fois Fatima avait levé les bras en l’air comme une vraie actrice de Soap Opera. « Non, non non et non ! Vous êtes là vous restez ! » Toujours mal à l’aise Salim avait pourtant hoché la tête et quitté la piece. Suivi de près par Yasmine et sa mère avec les desserts. Yasmine était venue s'asseoir près de Salim qui avait pris place sur la seule chaise libre… La chaise de Sohan. « Vous allez bien Salim ? » Malgré leur amitié naissance les deux avaient gardé l’habitude de se vouvoyer. « Oui je suis heureux de vous voir, vous êtes charmante ce soir. » Rougissant à nouveau elle avait levé les yeux pour croiser le regard d’Hassan qui revenait dans la salle à manger en les regardant. Rapidement elle avait perdu le rouge de ses joues pour sentir à nouveau le malaise. L’iranien était venu reprendre place à côté d’elle et entre les deux hommes, Yasmine n’avait plus trop su quoi dire, rompant le silence avec un. « C’est bien que vous ayez pu vous libérer ce soir - c’est un beau cadeau pour ma mère. » Ce qui n’avait fait que d’accentuer la tête de six pieds de long qu’Hassan tirait, ne décrochant pas un mot de tout le dessert avant que cette fois Salim insiste pour rentrer en remerciant chaleureusement Fatima et déposant un baiser sur la joue de Yasmine attrapant sa main entre les siennes. Une fois la table débarrassée - Yasmine était venue rejoindre Hassan dans le jardin qui s’amusait avec les chiens, se posant à côté de lui. « Ca va Hassan… T’as agi très… Étrangement en voyant Salim. » Et c’était peu de le dire. Si une partie d’elle aurait bien aimé que ça soit une histoire de jalousie il semblait assez peu probable que ça soit le cas.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyJeu 11 Mai 2017 - 22:54

Hassan était agacé, non pas contre Yasmine mais contre lui-même, parce qu’à la façon dont il gardait jalousement pour lui les raisons de sa détention et de sa fuite précipitée hors de l’Iran au printemps dernier, il savait bien qu’un jour ou l’autre et à force de ne donner aucune réponse, les questions se feraient plus pressantes. Et avec le recul l’ennui n’était pas tant qu’il ne voulait pas en parler à Yasmine, mais plutôt qu’il ne voulait pas lui en parler avant d’en avoir parlé avec Qasim … Chose qu’il n’avait toujours pas trouvé le courage de faire, jusqu’à présent. Par téléphone cela ne lui semblait pas envisageable, Noël ne lui avait pas semblé la bonne période … Et Qasim et lui ne s’étaient pas revus depuis les vacances d’été, en fin de compte. Reste que lorsque Yasmine avait questionné du bout des lèvres « Et qu’est-ce que tu faisais en Iran ? » il s’était retrouvé dos au mur, connaissant suffisamment Yasmine pour savoir que la question n’était pas posée innocemment, tout comme elle le connaissait assez pour savoir que l’hésitation dont il avait fait preuve avant de rouvrir la bouche signifiait qu’il y aurait bien plus à en dire que ce qu’il acceptait de dévoiler « Des recherches, un dossier pour AI. Entre autres choses. » Ce n’était pas vraiment un mensonge, cette affirmation avait un fond de vérité et ses contacts auprès de la branche australienne d’Amnesty International s’étaient en effet intéressés à l’opportunité de l’avoir sur place et de pouvoir lui demander de se lancer dans la quête de plusieurs informations difficiles – voir impossibles – à obtenir lorsque l’on n’était pas sur place et que l’on ne possédait pas comme lui la nationalité iranienne supposée endormir la vigilance des autorités. Supposée, seulement.

Changeant de sujet et proposant à Yasmine de la faire réviser avec autant de ferveur que s’il avait été certain de tout comprendre à ce qu’il lui ferait réciter, lui s’était confié sur sa reprise du rugby – qui lui tenait à cœur – et sa demi-déception quant à sa forme physique encore bien en dessous de ce qu’elle avait pu être avant sa leucémie. Peut-être ne redeviendrait-elle jamais ce qu’elle avait été, d’ailleurs, mais pourtant Hassan s’était fendu d’un sourire lorsque Yasmine avait proposé d’aller courir avec lui et avait même réussi à en plaisanter. Cela pouvait sembler un peu bête mais parfois se rendre compte qu’il était à nouveau capable d’une plaisanterie même banale lui donnait l’impression d’aller un peu mieux, et le rassurait. « Je ne te connaissais pas ce côté sadique. » avait en tout cas répondu Yasmine en saisissant la perche au vol, lui arrachant un léger rire et lui permettant de retrouver une certaine légèreté alors qu’elle lui proposait finalement une sortie au cinepark la semaine précédente. Le film importait peu au fond, Hassan avait déjà vu Grease si souvent qu’il aurait pu suivre le film même les yeux bandés, et seule lui importait vraiment l’idée d’une soirée en tête-à-tête avec Yasmine, au point qu’il ne lui propose tout naturellement de venir manger chez lui par la même occasion. « Oui, plus que oui … Je ne peux pas dire non à un de tes petits plats. » Et Hassan lui était toujours satisfait d’avoir une occasion de pouvoir cuisiner pour quelqu’un d’autre que lui-même. C’était une activité qu’il adorait et qui avait toujours eu tendance à le détendre, mais cuisiner lorsque l’on vivait seul avait beaucoup moins de sens.

Sans trop savoir pourquoi, probablement parce qu’il avait été question de la voiture d’Amjad juste avant, qu’ils avaient à nouveau atteint la maison et que parmi tous les sujets que le brun souhaitait aborder avec Yasmine en privé celui-là lui semblait encore le moins glissant, il avait fini par avouer son projet de passer son permis moto et d’ainsi donner une chance à celle achetée sur un coup de tête deux ans plus tôt. La jeune femme n’était pas enchantée, difficile de ne pas s’en apercevoir, mais malgré tout elle avait pris sur elle de ne pas se braquer à ce sujet en échange de quoi Hassan lui avait promis une place de choix à l’arrière de la moto et un casque rien que pour elle. « Wouaaahh, je pourrai marquer mon nom dessus avec des paillettes violettes ? » Laissant échapper un rire, Hassan avait dodeliné la tête comme si cela méritait réflexion, avant d’admettre d’un ton moqueur « Eh bien, c’est toi qui le porteras après tout. » Si elle assumait, il la baladerait avec un casque à paillettes sans le moindre problème. Semblant donc se faire à l’idée la brune n’avait malgré tout pas résisté à l’envie de le houspiller un peu, Hassan ne pouvant que remarquer comme son côté mère poule la rapprochait parfois de Fatima plus qu’elle ne le croyait « Venant de toi, je ne sais pas comment je dois le prendre. » avait-elle alors commenté en lui tirant la langue, et piquant un dernier baiser sur sa joue il avait assuré « Mieux que ce que tu as l’air de penser. » et promis de la raccompagner chez elle si le repas en venait à prendre fin un jour, ce dont ils étaient en droit de douter. « M’en parle pas ! Je crois que je vais exploser à la fin de ce repas. » Mais en attendant l’un et l’autre avaient sans doute encore un peu de place pour le dessert, et à vrai dire Hassan n’aurait pas imaginé avoir autre chose à se soucier en cette fin de repas que la place restante dans son estomac pour un plat de plus … Jusqu’à l’irruption de Salim.

Dans l’incapacité de cacher son trouble, et surtout le mépris que lui inspirait à cet instant la présence de Salim sous le toit des Khadji, Hassan s’était contenté de confirmer par monosyllabes l’excuse fournie par le britannique et avait prétexté de devoir se laver les mains pour s’éclipser un instant. Immobile pendant de longues secondes dans la salle de bain, il avait tenté de remettre de l’ordre dans ses idées mais ne savait plus où donner de la tête entre l’aisance de Salim auprès de Yasmine et Fatima – preuve qu’ils les fréquentaient depuis un moment – la coïncidence qui lui semblait trop grosse pour en être une et qui lui faisait craindre dieu sait quelle manœuvre de la part du jeune homme, et l’agacement que lui inspirait le fait de n’avoir pas vu venir tout seul le fait que si Salim n’était pas retourné dans son pays après tout ce temps c’était forcément qu’il préparait quelque chose. Et Hassan n’avait rien vu. Ou plutôt il n’avait rien voulu voir, au point de se maudire intérieurement tandis qu’il se passait de l’eau sur le visage pour tenter de se rafraichir les idées, et regagnait la table et le reste des invités avec l’espoir fou que Salim aurait débarrassé le plancher d’ici là. Mais non, l’intrus était toujours là, installé dans le plus grand des calmes à la place qu’aurait normalement occupé Sohan s’il avait été là, et sans que cela semble soudainement poser le moindre problème à Fatima, et surtout à Yasmine. Mieux que ça, tandis qu’il s’était résolu à retourner s’asseoir en silence et à engloutir son dessert de la même façon, la jeune femme avait fait remarquer « C’est bien que vous ayez pu vous libérer ce soir – c’est un beau cadeau pour ma mère. » et Hassan avait senti son poil se hérisser avec crispation. La même crispation que lorsqu’un peu plus tard Salim avait pris congé un déposant un baiser sur la joue de Yasmine, là même où Hassan en avait déposé un peu avant qu’ils entrent dans la maison et ne tombent sur lui.

Débarrassant quelques assiettes avant que Fatima ne le houspille pour lui faire quitter la cuisine en prétextant qu’il n’était pas venu pour ça, Hassan n’avait pas insisté avec autant de ferveur qu’il l’aurait fait un autre jour, et avait finalement fui au jardin. Assis dans l’herbe et occupé à jouer avec le chien de Yasmine, à qui il lançait une balle en caoutchouc que l’animal s’empressait de ramener en trottinant, il n’avait remarqué le retour de la jeune femme qu’au dernier moment, lorsqu’arrivée à sa hauteur elle avait fait remarquer d’un ton hésitant « Ça va Hassan … T’as agi très … étrangement en voyant Salim. » La mâchoire serrée par l’agacement, le brun avait gardé le silence un moment, envoyant une dernière fois la balle à Carpet avant d’enfin se décider à répondre d’un ton bourru « Vous devriez vous méfier de ce type. » Et à raison, au fond, du moins c’était l’avis d’Hassan qui ne croyait pas que l’intérêt de Salim pour les Khadji ne soit que le simple fruit du hasard. « Il n’est pas ce qu’il prétend être. » Lui en tout cas ne le voyait absolument pas comme le gendre idéal blanc comme neige pour lequel il essayait de se faire passer auprès de Fatima et de sa fille. Se remettant debout en ignorant le chien qui mordillait le bout de ses chaussures pour tenter d’attirer à nouveau son attention, Hassan avait enfin consenti à croiser à nouveau le regard de Yasmine « Tes parents ont encore besoin de toi, ou bien je te raccompagne maintenant ? » C’était totalement déraisonnable de sa part mais il en venait même à blâmer Salim d’avoir ainsi gâché la possibilité pour Yasmine et lui de profiter du trajet de retour pour simplement discuter tranquillement sans que l’ambiance ne semble d’une lourdeur extrême.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyMar 23 Mai 2017 - 16:24



   
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M
ême un aveugle n’aurait pas pu passer à côté du froid entre Salim et Hassan, c’était du moins ce que pensais Yasmine avant que sa mère ne parle de cette échange. Fatima et cette manie de refuser de voir l’éléphant au milieu de la pièce, comme elle le faisait si bien en évitant le sujet Sohan, en agissant comme si il n’avait jamais existé, elle avait été parfaite dans le rôle de la femme qui n’avait rien vu de l’attitude étrange d’Hassan et Salim une fois dans la même pièce. En parlant même avec sa fille comme un coïncidence heureuse, qu’ils soient en plus de ça collègues de travail et se connaissent déjà. Yasmine elle n’y avait vu rien de bien heureux. Hassan n’était pas un homme de haine, elle le connaissait depuis assez longtemps pour savoir que le regard qu’il avait lancé à Salim n’était pas destiné à beaucoup de personne et qu’en général il avait des raisons bien précises pour agir de la sorte, alors cet hasard heureux comme le décrivait Fatima l’effrayait elle… Parce qu’elle appréciait Salim, assez sans doute pour se faire moins méfiante en sa compagnie, et maintenant le doute la prenait, celui qu’il ne soit pas l’homme qu’il prétendait être - celui qui pourrait un jour partager sa vie. Peut-être aussi s'était elle projetée bien trop vite, trop heureuse de rencontrer un homme attentif et charmant qui semblait intéressé par elle - elle avait laissé le reste de côté et manqué sans doute de vigilance. Et c’est avec cette pointe d’angoisse qui la prenait au ventre qu’elle avait rejoint Hassan sur le perron pour essayer d’en savoir plus. Ne récoltant d’abord que le silence pesant dont il avait fait preuve pendant tout le dessert.

« Vous devriez vous méfier de ce type. » Son coeur avait connu une légère accélération en entendant les mots d’Hassan sans trop comprendre pourquoi cet avertissement. « Il n’est pas ce qu’il prétend être. » Fronçant un peu les sourcils elle avait quitté la position plutôt sereine qu’elle avait avant ça pour se pencher un peu vers Hassan et tenter de croiser son regard. « Qu’est ce qu’il est alors ? » Elle lui faisait confiance, mais là ce n’était pas assez pour elle, pas assez d’informations, elle avait besoin d’en savoir plus, de comprendre pourquoi cette méfiance d’Hassan à l’égard de Salim, parce que jamais depuis leur rencontre, l’anglais n’avait laissé penser qu’il puisse être dangereux ou faux, et même en présence d’Hassan il avait gardé une politesse qui avait échappé à son ami de longue date. Ce dernier se relevant maintenant sans avoir de toute évidence envie de continuer cette conversation. « Tes parents ont encore besoin de toi, ou bien je te raccompagne maintenant ? » Sentant une ambiance un peu étrange s'installer à nouveau entre eux Yasmine s'était relevée pour lui faire face quelques secondes sans répondre, tentant de décrypter quelques chose sur le visage d’Hassan sans y arriver, ce dernier renfermé comme un huître à nouveau… Retour à la case départ. « Je crois que c’est bon… Je vais aller leur dire au revoir. » Et évidemment il l’avait suivi pour remercier fatima de son repas délicieux mais comme toujours trop copieux et féliciter le couple pour leur quarante années de mariage une dernière fois. « Merci pour ce très joli discours ma fille. » Avait glissé son père à son oreille alors qu’elle déposait un baiser sur sa joue - quelques mots prononcés sans arrière pensé qui lui avait mis les larmes aux yeux. Amjad était un homme de peu de mots mais il visait souvent juste.

Prenant le chemin de chez elle en compagnie d’Hassan leur deux chiens tenus en laisse, le silence avait pris place entre eux. Un peu étrange, elle n’avait osé le couper, presque en manque de mot face à l’attitude étrange de son ami depuis quelques minutes… « Tu as eu des nouvelles de ton frère et de sa famille au fait ? La dernière fois que je l’ai appelé Mehdi était un peu malade, il avait peur qu’il ne couve quelque chose… » Parler de son neveu semblait pour Yasmine le meilleur moyen de détendre un peu l’atmosphère et de lui changer un peu l’esprit… Elle n’avait aucune envie de finir cette soirée devant sa porte avec des adieux froids comme ils étaient parfois capable d’en avoir et qu’elle détestait tant.

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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyDim 28 Mai 2017 - 3:30

Une partie d’Hassan se reprochait, et même s’accusait de ne pas s’être suffisamment méfié de Salim et de ses intentions. Il pensait avoir réglé la question en lui assénant qu’il n’avait rien à lui dire et aucune envie d’entendre le reste des insinuations qu’il n’aurait pas balancé la première fois, et s’était naïvement imaginé que ce chapitre était clos … Et pourtant Salim était là. Il agissait à la table des Khadji comme s’il y avait toujours eu sa place et enrobait d’un ton mielleux chacune de ses interventions après de Fatima ou de Yasmine, provoquant au passage la crispation d’Hassan que seul le désir de ne pas gâcher la journée de Fatima et Amjad dissuadait de faire une esclandre. Salim n’était pas reparti d’où il venait parce qu’il n’avait pas dit son dernier mot, c’était ça la vérité, et en ne s’en méfiant pas comme il l’aurait dû Hassan avait laissé le loup entrer dans la bergerie. Un loup qui se serait déguisé en agneau. Laissé seul au jardin avec les deux chiens le brun cogitait, pesait le pour et le contre des différentes options qui s’offraient à lui pour tenter de régler cet épineux problème, mais interrompu dans le fil de ses pensées par le retour de Yasmine il s’était retrouvé pris au dépourvu lorsqu’elle avait – légitimement – demandé des explications. « Qu’est-ce qu’il est alors ? » Et qu’était Salim au juste, quelles étaient ses motivations ? Même Hassan n’en savait rien, et cela participait à sa méfiance. Salim était un électron libre dont il n’avait pas encore cerné les intentions … Mais à Yasmine il s’était contenté de répondre « Un opportuniste et un menteur. » tout en sachant bien que sans preuves cette réponse paraîtrait vaine. Plutôt que de laisser la conversation s’enliser au sujet de Salim Hassan avait fait plus ou moins valoir son envie de rentrer, si tenté que les parents de Yasmine n’aient pas encore besoin d’elle. « Je crois que c’est bon … Je vais aller leur dire au revoir. » Acquiesçant le brun avait suivi le mouvement, saluant aussi les parents Khadji et les remerciant pour l’invitation et le repas. Parfois ne plus venir les voir aussi régulièrement manquait à Hassan, et lui donnait l’envie de s’en excuser … Mais s’en excuser ce serait admettre que l’initiative n’était pas innocente, et le brun ne souhaitait pas accabler davantage Sohan auprès de ses parents. Alors il n’avait rien dit, une fois encore.

Récupérant leurs animaux respectifs et les laissant trottiner devant eux au bout de leurs laisses, Yasmine et Hassan avaient quitté la maison et s’en étaient éloignés en silence. Un silence qui aurait pu avoir la douceur d’une fin de journée déjà riche en discussions, mais qui au lieu de ça se trouvait empreint d’une lourdeur difficile à définir. « Tu as eu des nouvelles de ton frère et de sa famille au fait ? La dernière fois que je l’ai appelé Mehdi était un peu malade, il avait peur qu’il ne couve quelque chose … » Et probablement échaudé par les ennuis de santé de son cadet Qasim avait tendance à s’inquiéter pour le moindre rhume. Cette fois-ci pourtant il avait vu juste. « C’était la varicelle. Medhi l'a attrapée à l’école et refilée à Ava … ainsi qu’à Olivia, aussi étrange que ça puisse paraître elle ne l’avait jamais eu. C'est pour ça qu'ils ne sont pas venus ce week-end, Qasim a un peu l’impression de jouer les garde-malade. » Un rôle dont il allait finir par se rendre spécialiste, Hassan était bien placé pour le savoir. Bien que la période de contagion soit passée la petite famille avait préféré s'en tenir à un peu de repos plutôt que de s’imposer les presque deux mille kilomètres que représentait un aller-retour entre Sydney et Brisbane. « Je descendrai probablement quelques jours le mois prochain. J’ai des choses à voir avec Qasim … » Maintenant plus que jamais, Salim s’avérant ne pas être un problème réglé. Sans compter le conseil de Yasmine d’avoir une discussion sérieuse avec son frère … Hassan n'en avait peut-être pas donné l’air, mais les paroles de la jeune femme n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd. « Ça t’ennuie si on s’arrête chez moi pour que je dépose Spike ? » Contrairement à celui de Yasmine le chien du brun prenait de la place, et s’il décidait de prendre le bus pour rentrer après avoir déposé la jeune femme Hassan préférait s’éviter de devoir embarquer son animal dans les transports.

S’arrêtant donc un court moment devant chez Hassan, sa maison se situant de toute façon sur le trajet, le brun avait juste pris le temps de vérifier que son chien avait de l’eau dans sa gamelle et lui avait laissé la porte-fenêtre qui menait au jardin entrouverte. Ressortant quelques instants plus tard il avait retrouvé Yasmine là où il l’avait laissée « Je te parie tout ce que tu veux qu’il est allé se vautrer sur le canapé dès que j'ai eu le dos tourné. » Une mauvaise habitude assurément du fait d’Hassan, qui les jours de grosse déprime n’avait pas su résister longtemps à l’envie de laisser Spike grimper se blottir à côté de lui. « Je n’ai pas encore eu le temps de t'en parler d’ailleurs, mais … normalement je ne vivrai bientôt plus tout seul. » Quittant l’allée du jardin pour retrouver la route, Hassan avait pu poursuivre sa phrase « Matteo cherchait une colocation, et cette maison est trop grande pour une seule personne, alors … » Et puis la solitude ne leur réussissait pas, ni à l’un ni à l'autre, alors cela leur avait semblé être la bonne solution. « C'est peut-être que temporaire, on verra bien, il a peut-être juste besoin d’un peu de temps pour retomber sur ses pattes. Mais je lui ai dit qu’il pourrait rester aussi longtemps qu’il avait besoin. » Hassan, lui, se satisfaisait de la simple idée de remplir un peu cette maison qui méritait mieux que la solitude maussade à laquelle il l’avait habituée. Et si cela permettait en plus de dépanner un pote, alors c’était faire d’une pierre deux coups à ses yeux. Ayant gardé le silence à nouveau quelques minutes après cette annonce, et tandis qu’ils s’éloignaient de Logan City, le brun avait senti sa gorge se serrer un peu au moment de murmurer « Désolé pour tout à l’heure. Je ne m'attendais pas à voir ce … type, mais je ne voulais pas être impoli. » Et tirer une tête d’enterrement sans lever le nez de son assiette et sans décrocher un seul mot frisait l’impolitesse, pourtant.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyJeu 15 Juin 2017 - 13:57



   
   Yasmine & Hassan
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L
a réaction d’Hassan avait créé le trouble dans l’esprit de Yasmine, assez pour que retrouvant son ami dans le jardin elle sente une légère angoisse la tenir alors que le sujet de conversation se concentrait sur Salim. Inquiète de ce qu’il pourrait lui dire - d’être peut-être même une idiote de penser cet homme bon. « Un opportuniste et un menteur. » Le regard qu’elle avait alors posé sur Hassan laissait deviner son incompréhension mais pourtant Hassan n’avait rien ajouté coupant court à la conversation en lui faisant bien comprendre - qu'une fois de plus - il ne lui en dirait pas plus. Évidemment sa confiance en Hassan était assez forte pour que les mots la bouleversent et que d’un coup tous les instants passés avec Salim se rejouent dans sa tête en essayant de chercher un faille, un indice qu’elle n’avait pas vu. Mais rien… Même avec cette information en tête il ne semblait émaner de l’anglais qu’une tendresse et une gentillesse qu’elle avait déjà observé plus d’une fois. Pas de fourberie ou même de regard un peu étrange qui aurait pu la mettre sur la piste.

Le chemin du retour avait été rapidement emprunté, dans une atmosphère plus lourde que ce qu’elle avait pu espérer. Yasmine avait alors abordé le seul sujet de conversation qu’elle pensait capable de dérider un peu son ami - Qasim et sa famille. « C’était la varicelle. Medhi l'a attrapée à l’école et refilée à Ava … ainsi qu’à Olivia, aussi étrange que ça puisse paraître elle ne l’avait jamais eu. C'est pour ça qu'ils ne sont pas venus ce week-end, Qasim a un peu l’impression de jouer les garde-malade. » « Oh… » Un peu honteuse de ne même pas avoir pris de nouvelle depuis - Yasmine s'était promise de rappeler Qasmin dès le lendemain pour en savoir un peu plus. « Et Olivia va bien ? » Si elle ne s’inquiétait pas trop pour les enfants, c’était une toute autre histoire d’attraper une varicelle à l'âge de la mère de famille, les conséquences pouvant être bien plus graves. « C’est un mauvais moment à passer mais ça n’est pas plus mal que les petits la fasse maintenant qu’ils sont enfants. » Elle même y avait eu le droit jeune - et était bien heureuse que ça soit derrière aujourd’hui. « Je descendrai probablement quelques jours le mois prochain. J’ai des choses à voir avec Qasim … » La réflexion du jeune homme était restée sans réponse de Yasmine, qui s'était contentée d'espérer que cette fameuse conversation soit de celle qui mettent un peu les choses au claires. Hassan étant le type d’homme à se faire facilement des idées sur ce que son entourage pouvait penser ou ressentir - et il était loin d’être toujours juste.

« Ça t’ennuie si on s’arrête chez moi pour que je dépose Spike ? » Haussant les épaules l’algérienne avait laissé Hassan décider - elle aimait bien l’idée de promener leurs chiens un peu les deux poilus s’entendant bien - mais n’avait vu aucun inconvénient à faire une pause pour déposer Spike. Attendant Hassan devant la maison elle avait contemplé un peu la bâtisse qui faisait encore aujourd’hui naître en elle un sentiment de nostalgie. Si l’intérieur avait bien changé, elle restait pourtant la maison de leur enfance, celle où la famille d’Hassan avait vécu heureuse avant le drame qui avait séparé les deux garçons de leur parents. « Je n’ai pas encore eu le temps de t'en parler d’ailleurs, mais … normalement je ne vivrai bientôt plus tout seul. » Un peu étonnée de cette révélation, la jeune femme avait senti un brin de jalousie la prendre. « Ah bon ? » Elle espérait un peu égoïstement que le nom qui sortirait de la bouche de son ami n’était pas celui de Joanne, se doutant qu’il lui cachait encore bien des choses sur sa relation avec la blonde. « Matteo cherchait une colocation, et cette maison est trop grande pour une seule personne, alors … » Le prénom lui disait vaguement quelque chose mais Yasmine n’avait jamais rencontré ce fameux Matteo. « C'est peut-être que temporaire, on verra bien, il a peut-être juste besoin d’un peu de temps pour retomber sur ses pattes. Mais je lui ai dit qu’il pourrait rester aussi longtemps qu’il avait besoin. » Même si Hassan ne le disait pas - Yasmine savait très bien que ce n’était pas que pour Matteo qu’il ouvrait les portes de sa maison. Pas persuadée pour autant que combler ses difficultés à gérer la solitude par un colocataire soit la meilleure des solutions, elle avait pourtant affiché une mine réjouit pour ne rien en montrer. « Tu vas donc vivre en colocation. J’ai presque l’impression de revenir des années en arrières. » Parce que ça semblait être loin d’Hassan ce type de coloc, mais pourquoi pas au final si ils pouvaient s’aider l’un l’autre.

Après cette annonce le silence avait repris place entre eux. Dans la pénombre elle avait jeté un regard vers le brun et observé les expressions de son visage en se doutant qu’il pensait à quelque chose mais sans oser pourtant le dire - et elle n’avait alors pas pris la parole pour lui laisse le temps de finir son processus. « Désolé pour tout à l’heure. Je ne m'attendais pas à voir ce … type, mais je ne voulais pas être impoli. » C’était donc ce sujet qui allait être mis une nouvelle fois sur la table. De toute évidence pas clos même si Hassan avait bien tenté la première fois d’y mettre fin au plus vite. « J’ai juste trouvé que cette réaction ne te ressemblait pas… » Cette froideur impolie était loin d’être la manière dont elle l’aurait décrit. « Et je ne comprends pas vraiment mais… J’ai l’impression que je n’en saurais pas plus. » Parce qu’une fois de plus Hassan avait passé le sujet sous silence en faisant de Salim le méchant une sorte de nouveau secret sans qu’elle ne comprenne pourquoi. « Si tu dis que c’est quelqu’un de mauvais je veux bien te croire c’est juste que… C’est difficile. » Parce que des deux, celui qui avait semblé le plus étrange et impolie ce soir était bien Hassan… Quitte même à entacher un peu cette soirée qui était pourtant destinée à ses parents et à leur union.


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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyLun 3 Juil 2017 - 22:49

Rien de véritablement étonnant au fait que Qasim et sa famille, au même titre qu’Hassan, aient été conviés au repas organisé par les parents Khadji pour fêter leur anniversaire de mariage, et en fin de compte le plus étonnant restait au contraire que tous les quatre aient été absents. Et si Hassan tenait de la bouche d’Olivia elle-même qu’elle avait tenté de persuader Qasim de monter quelques jours à Brisbane tout seul malgré tout, il comprenait aussi sans mal que son frère ait préféré rester chez lui pour prendre soin des trois autres membres de la famille, incommodés par une épidémie de varicelle. « Oh … Et Olivia va bien ? » s’était de son côté questionnée Yasmine, le brun acquiesçant d’un signe de tête avant de répondre d’un ton rassurant « Ça va. Qasim est un peu sur son dos parce que le médecin a dit de surveiller le moindre symptôme inhabituel, mais tu le connais, il a un côté mère poule. » Ce qu’Hassan n’attribuait pas forcément à un défaut, en fin de compte, même s’il était bien placé pour comprendre qu’Olivia ne trouve actuellement pas la position très agréable. « C’est un mauvais moment à passer mais ce n’est pas plus mal que les petits la fasse maintenant qu’ils sont enfants. » Sans doute oui, même si de son propre aveu Qasim se serait bien passé de devoir faire face aux trois en même temps, ayant ainsi l’impression de ne pas avoir suffisamment de deux bras pour s’occuper des trois malades, de la maison et de son travail. Interrompus par leur passage devant la maison d’Hassan ce dernier en avait profité pour y déposer Spike et se permettre ainsi plus facilement de pouvoir faire le trajet du retour en tramway ou en bus ; Si la journée l’hiver était encore timide, les températures devenaient assez fraiches une fois la nuit tombée, et la journée avait déjà été longue pour le brun. Réalisant que faute d’un meilleur moment pour amener le sujet il n’avait toujours pas mentionné l’installation prochaine de Matteo sous son toit, il avait glissé l’information avec un brin d’incertitude, Yasmine d’abord étonnée, peut-être un brin dubitative, mais se contenant en tout cas de répondre « Tu vas donc vivre en colocation. J’ai presque l’impression de revenir des années en arrière. » avec un sourire sincère. Dodelinant légèrement la tête Hassan avait pourtant rectifié à demi-mot « Pas tant en arrière que ça. » parce qu’au fond il n’avait jamais vécu autrement que comme ça, ou presque. « On ne peut pas dire que ces deux dernières années aient été un franc succès. » Alors au fond il se disait que vivre seul ce n’était peut-être simplement pas fait pour lui, trop loin de ce à quoi il avait été habitué sans la moindre interruption pendant trente-deux ans. « Je sais que c’est un peu ridicule … Y’a plein de gens qui vivent seuls, c’est pas un drame. » Yasmine vivait bien seule, elle, et elle semblait même beaucoup plus à son aise que lorsqu’elle devait encore partager le même toit que ses parents et leur rendre des comptes sur la moindre de ses sorties. « C’est juste pas mon truc, je crois. » Pas tant qu’il ne serait pas capable d’envisager la solitude autrement que comme une occasion illimitée de broyer du noir.

Quittant finalement Logan City ils avaient longé le parc et rejoint la principale artère de Toowong, les allers et venues des voitures, taxis et bus comblant un peu le silence jusque-là troublé uniquement par le bruit des griffes de Carpet sur le goudron du trottoir. Plus qu’il ne l’aurait souhaité l’envie pour Hassan d’offrir à Yasmine une moins maigre justification quant à son comportement à table lui brûlait les lèvres, tandis que d’autre part l’obligation morale qu’il estimait avoir envers Qasim le dissuadait d’en parler à la jeune femme tant qu’il n’avait pas mis les choses à plat avec lui. « J’ai juste trouvé que cette réaction ne te ressemblait pas … Et je ne comprends pas vraiment mais … J’ai l’impression que je n’en saurai pas plus. » Baissant un regard penaud face au reproche à peine voilé qu’il venait d’obtenir pour répondre, il avait ouvert la bouche pour formuler une réponse qui n’était finalement pas sortie, tandis que la brune ajoutait « Si tu dis que c’est quelqu’un de mauvais je veux bien te croire c’est juste que … C’est difficile. » D’un côté Hassan s’agaçait, à lui la fourberie qu’inspirait Salim lui semblait forcément sauter aux yeux et il peinait à comprendre que cela ne soit pas aussi flagrant pour Yasmine. De l’autre il ne pouvait pas non plus la blâmer, et maudissait surtout le principal concerné d’avoir visiblement su aussi bien tromper son monde. « Il vous a dit d’où il venait, ou … pourquoi il était là ? » Quelque part il était curieux, il se demandait bien quelle version de ses histoires à dormir debout Salim avait servi aux deux Khadji. « Écoute j’ai juste … du mal à croire que ta mère ou toi l’avez rencontré par hasard. Promets-moi juste de faire attention. » Si Salim n’était pas trop naïf, de son côté, il devait déjà bien se douter qu’il recevrait sous peu une visite d’Hassan, et que ce dernier ne l’inviterait pas juste à prendre sagement le thé en sa compagnie. Au regard de Yasmine pourtant, le brun voyait bien qu’il ne parvenait pas totalement à la convaincre, pas en restant si vague et en proférant des mises en garde semblant sortir du chapeau d’un magicien de fête foraine. Pinçant ses lèvres avec hésitation, et sachant déjà qu’il regretterait sans doute ce qu’il s’apprêtait à faire, il s’était stoppé net dans leur marche, et les mains dans les poches il avait relevé les yeux vers Yasmine « Tu pourrais me promettre de ne pas parler à Qasim de ce que je vais te dire ? » Il tentait de ne pas la prendre en traître, il ne voulait pas la rendre coupable de garder un secret si elle ne s’en sentait pas les épaules. « J’ai pas encore trouvé le moment, et c’est pas un truc qu’on dit par téléphone … mais je veux pas qu’il apprenne que j’en ai parlé à quelqu’un d’autre avant de lui en parler à lui. » Il était à peu près certain que Qasim le digèrerait mal, tout comme Hassan savait que si les rôles étaient inversés il s’en offusquerait lui aussi.
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Message(#)grow old with me (hassan) EmptyJeu 13 Juil 2017 - 18:46



   
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Q
asim et sa famille, au même titre qu’Hassan faisaient un peu partis de la famille de Yasmine, elle considérait l’homme comme une sorte de grand frère protecteur - bien plus qu’Hassan peut-être - parce que pour lui elle n’avait jamais eu d’autres sentiments que cette amitié sincère. Alors évidemment, savoir sa famille malade m'inquiétait. « Ça va. Qasim est un peu sur son dos parce que le médecin a dit de surveiller le moindre symptôme inhabituel, mais tu le connais, il a un côté mère poule. » Un rire franc était sorti de la bouche de l'algérienne. « Je ne vois pas quoi tu parles. » Avait-elle répondu innocemment comme si elle ne savait rien du côté protecteur de Qasim. Même à son égard. Arrivée chez Hassan ella avait alors fait face à un aveu plutôt surprenant. Hassan allait reprendre un colocataire. « Pas tant en arrière que ça. On ne peut pas dire que ces deux dernières années aient été un franc succès. » La réflexion l’avait laissé silencieuse alors qu’elle détournait le regard, pas désireuse de revenir sur ce sujet… Elle n’avait aucune envie de tenter de lui expliquer son point de vu à ce propos, de toute façon la décision d’Hassan était déjà prise et c’était un grand garçon, il lui avait bien fait comprendre qu’il n’avait pas envie d’être surprotégé ou que l’on pense à sa place. « Je sais que c’est un peu ridicule … Y’a plein de gens qui vivent seuls, c’est pas un drame. C’est juste pas mon truc, je crois. » Tournant les talons elle avait tenté d’afficher un sourire sur ses lèvres pour ne pas rendre l’atmosphère un fois de plus lourde. « Si ça te convient… » Si ça pouvait lui faire du bien - qu’est ce qu’elle avait à y dire ? C’était peut-être une meilleure idée que ce qu’elle pensait, ce garçon pourrait apporter un peu de joie au quotidien d’Hassan - il en avait sans doute besoin.

Le silence avait pris place entre les deux adultes alors qu’ils marchaient dans les rues de Brisbane, l’envie de revenir sur le sujet fâcheux de Salim n’était pas présente mais elle lui semblait pourtant nécessaire. Il manquait des informations à l’algérienne pour comprendre, pour reconnaître son ami dans ce comportement si étrange. Ou la simple évocation de l’homme semblait l’agacer.  « Il vous a dit d’où il venait, ou … pourquoi il était là ? » Elle fronce un peu les sourcils, parce qu’il lui semble que ça ne la regarde pas. « D’Angleterre ? Je crois que c’est une histoire de famille mais… Je ne lui en ai pas demandé plus. Il me semble que c’est privé… » Et que ça ne la regarde pas, elle n’est personne Yasmine pour lui - elle ne se permettrait pas ce type de questions. « Écoute j’ai juste … du mal à croire que ta mère ou toi l’avez rencontré par hasard. Promets-moi juste de faire attention. » Le regard au sol elle avait hoché la tête une fois de plus. « D’accord. » De toute façon il était sûr que quelque chose avait été cassé ce soir - peut-être le charme un peu mystérieux de Salim qui semblait d’un coup devenir dangereux.

Pas tellement satisfaite des réponse de son ami, Yasmine avait gardé le silence encore un instant jusqu’à ce que ce dernier ne s’arrête, la forçant à faire de même pour se placer face à lui. « Tu pourrais me promettre de ne pas parler à Qasim de ce que je vais te dire ? » Son coeur s’accélérant d’un coup elle avait senti un frisson la parcourir. « Tu me fais peur Hassan. » Il n’était pas le genre à faire des cachotteries à Qasim pourtant - du moins pas avant… Aujourd’hui elle se rendait compte à quel point Hassan pouvait être plein de surprises. « J’ai pas encore trouvé le moment, et c’est pas un truc qu’on dit par téléphone … mais je veux pas qu’il apprenne que j’en ai parlé à quelqu’un d’autre avant de lui en parler à lui. » Déglutissant avec un peu plus de difficulté elle avait pourtant hoché la tête - si l’impression de le forcer à la confidence la gênait - elle sentait pourtant le besoin de comprendre plus pressant. « Évidemment c’est promis… Tu sais que tu peux me faire confiance. » N’osant rien ajouter de plus elle avait laissé à nouveau le silence s'installer, attendant une révélation ou un retour en arrière, n’osant même pas faire un pas en avant pour se rapprocher de lui.

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