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 grow old with me (hassan)

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Message(#)grow old with me (hassan) - Page 2 EmptyLun 17 Juil 2017 - 0:48

La coïncidence était trop grosse, trop belle pour qu’Hassan ne puisse se résoudre à n’y voir que cela, une coïncidence et rien d’autre. C’était trop lui en demander, à lui qui estimait que rien n’arrivait jamais par hasard, et qui ne voyait en Salim que le fauteur de trouble venu chambouler ses certitudes tel un chien au milieu d’un jeu de quilles. À l’exception qu’il ne s’agissait pas d’un jeu et qu’Hassan prenait avec un sérieux presque maladif l’éventualité que Yasmine et Fatima ne soient que les victimes collatérales de Dieu sait quelle machination. « D’Angleterre ? » avait de son côté hasardé la brune avec incertitude lorsqu’Hassan avait tenté d’en savoir plus sur la manière dont Salim s’était présenté à elle. « Je crois que c’est une histoire de famille mais … je ne lui en ai pas demandé plus. Il me semble que c’est privé … » Et par là il comprenait bien le sous-entendu dans sa remarque et le ton avec lequel elle l’avait faite. Hassan se mêlait de ce qui ne le regardait pas, et consciemment ou non la jeune femme prenait le parti de Salim en le lui faisant remarquer. Plus que de l’agacement c’était un sentiment inexplicable de désaveu dont Hassan se sentait alors pourvu, tandis que retrouvant le silence il avait poursuivi sa marche, après avoir mis en garde son amie et récolté un « D’accord. » dont il n’était pas certain de se satisfaire, tout en sachant qu’il n’obtiendrait sans doute rien de plus que cela, satisfait ou non. Il ne blâmait pas, il ne pouvait pas espérer autre chose face à son obstination à vouloir mettre en garde sans trop en dire, sans vendre la mèche, mais les secondes et les minutes passant le brun semblait prendre peu à peu conscience de l’incohérence qui se prêtait à son comportement quand, comme Yasmine, on n’avait pas la moindre idée de quelle mouche était en train de le piquer.


Tiraillé entre sa loyauté pour Qasim, qui continuait de le persuader que s’il devait cracher le morceau auprès de quelqu’un c’était à lui et personne d’autre, et l’inquiétude que lui provoquait la sensation que sans explications plus détaillées de sa part Yasmine ne le prendrait pas entièrement au sérieux et donc ne se méfierait pas de Salim autant qu’elle le devrait sans doute, Hassan s’était livré à une bataille intérieure de plusieurs minutes durant lesquelles le silence avait subsisté, lourd et embarrassant. Avant qu’il ne se décide, enfin, cherchant à couvrir ses arrières comme un type qui savait qu’il s’apprêtait à faire une connerie et qui essayait de préserver ce qui pouvait l’être. « Tu me fais peur, Hassan. » Bien, cela voulait au moins dire qu’elle le prenait au sérieux. « Evidemment c’est promis … Tu sais que tu peux me faire confiance. » Il savait, oui, et il ne lui demandait pas aussi expressément par peur qu’elle n’en parle à Qasim par simple volonté de lui créer des ennuis. Non, ce dont il avait peur c’était surtout qu’elle en parle en ne pensant pas à mal, en croyant bien faire, alors que la situation n’en serait que pire. Retirant les mains de ses poches juste assez longtemps pour se rendre compte qu’il ne savait plus quoi en faire, et finalement les enfoncer à nouveau dans son blouson, le brun avait haussé les épaules d’un air un peu pataud, et annoncé de but en blanc « Salim. Il a débarqué à mon bureau l’hiver dernier, pas longtemps avant que je rachète la maison. » Et pas longtemps avant qu’il ne décide pour de bon d’accepter l’offre faite par l’université de Téhéran, surtout. « Il s’est à peine présenté, et il m’a pratiquement sauté dessus pour me demander si je connaissais une Sharah Jaafari … » Déglutissant avec hésitation, il avait relevé vers Yasmine un regard qui disait presque « Tu vois ? Tu comprends, maintenant ? » et avait repris « Et c’est un truc que j’ai jamais oublié, mes parents, mon père surtout, nous ont toujours répété à Qasim et à moi que si quelqu’un venait nous poser des questions à leur sujet on ne devait pas répondre. On ne répondait pas, et on venait leur en parler, c’est tout. » Sauf que les parents Jaafari n’étaient plus là, ni pour répondre aux questions de leurs fils, ni pour répondre à celles d’éventuels visiteurs. Hassan avait haussé les épaules. « J’ai demandé pourquoi, il n’a pas répondu, il m’a reposé la question, et j’ai répondu non. Et là il a sorti une photocopie de l’avis de décès de mes parents, celui que Qasim avait fait publier dans le journal … Il me l’a collé sous le nez et il m’a demandé si ma réponse était toujours non. » La brusquerie supposée de Salim n’étant pas tant une représentation objective de la scène que la façon dont Hassan avait vécu les choses. Un homme qui débarquait de nulle part, et qui adoptait un comportement dont, bien que ce soit des années en arrière, ses parents avaient appelé à se méfier comme s’ils savaient que cela arriverait un jour.

Passant une main lasse sur son visage, les bruits de la rue lui revenant d'un seul coup en pleine figure après que ses sens les aient ignorés pendant les minutes qui venaient de s’écouler, le brun avait balayé la rue des yeux comme s’il cherchait une échappatoire à cette conversation tout en sachant que maintenant qu’il avait commencé il ne pouvait pas se contenter de cela. Yasmine ne se contenterait pas de cela, en tout cas. « Il avait des choses à m’apprendre sur mes parents, en tout cas c’est comme ça qu’il l’a présenté. Je sais pas si tu t’imagines le toupet du mec qui débarque de nulle part, et qui a le culot de me faire croire qu’il a des choses à m’apprendre sur des gens avec qui j’ai vécu pendant quinze ans, et que lui n’a jamais rencontrés. » Le ton grinçant, Hassan s’était enfin décidé à relever les yeux vers la jeune femme « J’vais t’épargner le ramassis de conneries qui en a suivi, mes parents s’en retournent probablement encore dans leur tombe, et je pense qu’il aurait pas parcouru tant de kilomètres s’il avait su dès le départ que ni ma mère ni mon père ne seraient là pour écouter ce qu’il avait à dire. » Mais elle devait bien s’en douter, pourtant, que ce qu’avait à dire Salim attaquait plus ou moins frontalement ce qu’Hassan estimait être la mémoire de ses parents … Parce que le brun ne s’énervait pas sans raison, la mâchoire crispée, les poings serrés et le ressentiment à peine voilé envers le britannique, ce n’était pas le genre de comportement que l’on réveillant facilement chez lui. Mais on ne s’attaquait pas à la famille, c’était sacré, c’était un de ces rares affronts qu’Hassan ne cautionnait pas. « Je pensais pas qu’il serait encore là à mon retour de Téhéran … Je sais pas ce qu’il fout encore là. Je sais pas ce qu’il attend. » Il attendait forcément quelque chose, pourtant. Salim avait une idée derrière la tête, et si le brun ne savait pas encore quoi le fait qu’il se soit immiscé ainsi dans le quotidien des Khadji lui apparaissait comme une preuve irréfutable. « Alors qu’il ait rencontré ta mère par hasard, vraiment ? Comprends que j’ai des doutes. » Non, pour Hassan les choses étaient claires et nettes, Salim se servait d’elle. Il n’était pas juste un charmant garçon comme semblait le penser Fatima. Et Yasmine. « Je pense pas qu’il … s’intéresse à vous pour de bonnes raisons. » Pinçant ses lèvres l’une contre l’autre, le brun s’était retenu juste à temps de préciser que lorsqu’il disait vous il pensait en réalité surtout à elle. Et soudainement l’idée que Salim pose sur Yasmine un regard qui ne soit pas dénué d’arrière-pensées lui avait insufflé un mépris supplémentaire envers lui.
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Message(#)grow old with me (hassan) - Page 2 EmptyMer 19 Juil 2017 - 22:30



   
   Yasmine & Hassan
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L'
hésitation d’Hassan avait laissé à Yasmine - jusqu’à ce qu’il prenne la parole - l’impression qu’il allait rebrousser chemin et ne rien dire - comme il savait si bien le faire. Mais pour une fois ça n’avait pas été le cas. « Salim. Il a débarqué à mon bureau l’hiver dernier, pas longtemps avant que je rachète la maison. » Jusqu’ici rien de bien étonnant, ils étaient collègues n’est ce pas ? « Il s’est à peine présenté, et il m’a pratiquement sauté dessus pour me demander si je connaissais une Sharah Jaafari … » Si Yasmine avait eu l’impression soudain qu’elle aurait dû à cet instant avoir une réaction - ou que du moins c’est ce qu’Hassan attendait - elle était restée un peu perdue et silencieuse en le regardant sans trop comprendre. Salim connaissait sa mère oui, et puis quoi ? « Et c’est un truc que j’ai jamais oublié, mes parents, mon père surtout, nous ont toujours répété à Qasim et à moi que si quelqu’un venait nous poser des questions à leur sujet on ne devait pas répondre. On ne répondait pas, et on venait leur en parler, c’est tout. » Sauf qu’il était trop tard aujourd’hui. « Et ton frère et toi n’avez jamais demandé pourquoi ? » Si Hassan était encore bien jeune quand les parents Jaafari étaient décédés, Qasim avait l’âge de comprendre bien des choses, et Yasmine qui était de toute évidence bien plus curieuse et tenace, aurait eu bien de la peine à accepter cette demande sans en comprendre le sens - même venant de ses parents. « Tu lui as répondu quoi ? » Parce que si elle suivait bien le récit, la réaction d’Hassan avait dû être plutôt froide… Et maintenant il était dans le flou - personne pour répondre à ses questions. « J’ai demandé pourquoi, il n’a pas répondu, il m’a reposé la question, et j’ai répondu non. Et là il a sorti une photocopie de l’avis de décès de mes parents, celui que Qasim avait fait publier dans le journal … Il me l’a collé sous le nez et il m’a demandé si ma réponse était toujours non. » Plutôt violent expliqué de la sorte - Yasmine avait bien du mal à imaginer le Salim qu’elle avait rencontré se montrer agressif de la sorte. Mais Hassan n’était pas un menteur… Du moins… Quand ça ne concernait pas ses états d'âme, elle avait toujours pu lui faire confiance.

Est-ce que l’histoire se finissait là ? Il semblait à Yasmine qu’il lui manquait l'important de la conversation, mais le silence qui régnait entre eux lui avait laissé un doute - jusqu’à ce qu’il ne reprenne la parole. « Il avait des choses à m’apprendre sur mes parents, en tout cas c’est comme ça qu’il l’a présenté. Je sais pas si tu t’imagines le toupet du mec qui débarque de nulle part, et qui a le culot de me faire croire qu’il a des choses à m’apprendre sur des gens avec qui j’ai vécu pendant quinze ans, et que lui n’a jamais rencontrés. » Si une partie d’elle comprenait sa réaction, elle ne pouvait s’empêcher de penser aux secrets que ses parents avaient eu même fait planer sur la famille en les avertissant d’un danger dont ils ne connaissaient rien Qasim et lui. « J’vais t’épargner le ramassis de conneries qui en a suivi, mes parents s’en retournent probablement encore dans leur tombe, et je pense qu’il aurait pas parcouru tant de kilomètres s’il avait su dès le départ que ni ma mère ni mon père ne seraient là pour écouter ce qu’il avait à dire. » Yasmine n’avait pas envie qu’il lui épargne les détails mais compris que cette fois ça serait trop en demander que de comprendre les réels enjeux de cette discussion entre les deux hommes. « Pourquoi tu n’en a pas parlé à ton frère Hassan ? » Ca faisait des mois maintenant - et il fallait encore qu’il se retrouve au pied du mur pour réagir - le ton un peu réprobateur elle avait froncé les sourcils. Dans ce cas son frère était aussi concerné que lui… Pourquoi semblait-il toujours devoir faire des secrets de tout ? C’était une partie du caractère d’Hassan qu’elle ne comprenait pas et pire qu’elle détestait.

« Je pensais pas qu’il serait encore là à mon retour de Téhéran … Je sais pas ce qu’il fout encore là. Je sais pas ce qu’il attend. » Salim semblait, décrit de la sorte, être un homme bien plus dangereux que ce qu’il laissait transparaître. « Et qu’est ce que tu vas faire maintenant ? » La question se posait, puisque de toute évidence, la froideur d’Hassan n’était pas suffisante. A son avis écouter Salim n'était peut être pas une si mauvaise idée, mais sentant que son ami était blessé et peut-être même inquiet elle ne c’était pas permis d’en dire plus. De plus elle n’avait pas toute les cartes en main pour comprendre les enjeux dans cette situation. « Alors qu’il ait rencontré ta mère par hasard, vraiment ? Comprends que j’ai des doutes. » Baissant le regard comme une enfant que l’on gronde elle avait articulé un faible. « Je comprends. » Sincère cette fois , elle même en doutait maintenant - la coïncidence semblait un peu trop grande… Et il n’était pas impossible que Salim trouve de l’intérêt à se rapprocher de la famille de la brune. « Je pense pas qu’il … s’intéresse à vous pour de bonnes raisons. » Le regard toujours rivé sur le sol, Yasmine avait senti son coeur se serrer, le larmes lui montant momentanément aux yeux alors qu’elle ne voulait pas les montrer à Hassan. Elle était idiote voilà tout… C’était attachée à un homme qui ne pensait à rien d’autre que l’utiliser pour approcher Hassan… Elle avait cru pourtant… Qu’il pourrait être celui qui lui sortirait Hassan de la tête. Qui la ferait enfin passer à autre chose et arrêter d’attendre sur un homme qui ne l’aimerait jamais autrement que comme une petite soeur. « Je vois… J’ai compris… » Un peu blessé, elle avait tenté pourtant d’offrir un sourire à Hassan. « On peut… reprendre la route. J’aimerais rentrer. » A cet instant précis elle avait envie d'etre seule, elle avait beau adorer Hassan, ce qu’il venait de lui annoncer bousculait ses sentiments et elle n’arrivait pas à le cacher.

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Message(#)grow old with me (hassan) - Page 2 EmptyJeu 20 Juil 2017 - 3:41

L’intention n’était probablement pas là, Hassan connaissait même suffisamment bien Yasmine pour savoir qu’il n’en était rien, mais lorsqu’elle avait questionné « Et ton frère et toi n’avez jamais demandé pourquoi ? » comme si le problème était là et non pas dans le comportement de Salim, il s’était senti empli d’une pointe d’agacement qui avait diffusé dans sa bouche un certain goût d’amertume. « Mon père était pas le genre de personne à qui tu demandais des comptes. Il devait avoir de bonnes raisons. » Sans doute encore trop jeune à l’époque, Yasmine ne se rappelait probablement pas de la sévérité naturelle qui caractérisait Kaveh Jaafari, celle qui dissuadait quiconque à commencer par les personnes qui vivaient sous son toit de discuter ou de tenter de remettre en cause ses décisions. Même Qasim, d’un naturel bien plus enclin qu’Hassan à la contestation, ne s’était que rarement risqué à s’opposer verbalement à leur géniteur, certain sans doute qu’il n’en ressortirait de toute manière pas vainqueur. « Tu lui as répondu quoi ? » avait finalement questionné Yasmine, les ramenant ainsi au sujet initial de la discussion et permettant à Hassan de reprendre son récit là où il l’avait laissé, slalomant avec bien des difficultés entre ce qu’il s’autorisait à dire, ce dont il préférait garder la primeur pour Qasim, et ce qu’il se contentait de garder pour lui simplement parce que l’évoquer à voix haute l’emplissait d’un malaise aussi profond que difficile à expliquer. On parlait ici de s’attaquer à ce qu’Hassan avait de plus précieux, sa chair et son sang, ces parents que vingt années d’absence et d’apprivoisement du deuil avaient contribué à placer sur un piédestal, et à rendre ainsi intouchables à la moindre critique ou remise en question. C’était là-dessus que Salim crachait, en arrivant avec ses gros sabots et des révélations qu’il croyait attendues comme le Messie. « Pourquoi tu n’en as pas parlé à ton frère Hassan ? » Sans même faire l’effort de cacher le reproche dans sa voix, comme si en dépit de tout ce qu’il venait de dire elle continuait de le tenir pour unique responsable de cette situation, et en dédouanait totalement le britannique, Yasmine s’était heurté au regard désemparé du brun. « Je voulais d’abord aller à Téhéran … et après ça y’a eu la tempête, le reste. Et à Noël j’ai pas … j’ai pas réussi à trouver le courage. » Angoissé, s’il fallait le préciser, à l’idée d’entendre des choses qu’il n’avait peut-être pas envie d’entendre. Qasim et lui ne s’étaient pas revus depuis les fêtes de fin d’année ; Et comme l’avait précédemment fait remarquer Hassan, ce n’était pas le genre de discussion que l’on avait par téléphone. « C’est en partie pour ça que je dois descendre à Sydney le mois prochain. » avait-il finalement fait remarquer, corroborant ainsi ce qu’il avait mentionné un peu plus tôt dans la soirée.

D’ici là le brun espérait bien s’occuper de régler le « problème Salim » de son côté, dans l’espoir sans doute qu’il n’en soit déjà plus un lorsque mention en serait faite à l’aîné Jaafari. Quelque part il avait sans doute un peu peur aussi que son frère ne décide de s’en charger lui-même, et si l’on pouvait reprocher à Hassan d’idéaliser un peu trop la mémoire de ses parents ce n’était rien comparé à l’image qu’en avait Qasim. Plus impulsif et beaucoup moins mesuré que son cadet, l’aîné gardait toujours dans un coin de son crâne ce côté tête brûlé qui lui avait joué quelques tours les premières années qui avaient suivi la disparition de leurs parents. « Et qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? » De fatigue, Hassan avait passé une main lasse sur son visage avant de secouer la tête « J’en sais rien … J’en n’ai aucune idée. » Et sa propre impuissance à deviner quelle était la solution immédiate au problème le désolait. « Commencer par arrêter de penser que le problème va disparaitre tout seul. » Autrement dit il allait bien falloir qu’il se résolve à confronter à nouveau Salim, puisqu’avoir attendu patiemment que ce dernier lâche l’affaire et retourne d’où il venait n’avait abouti qu’à lui laisser le champ libre pour envahir l’espace vital des Khadji dans Dieu sait quel dessein. « Je prévoie pas de lui refaire le portrait ou de le faire disparaître dans un bras du fleuve, si c’est ce qui t’inquiète. » Malgré le ton volontairement teinté d’ironie, visant à faire passer cela pour une tentative de plaisanterie, Hassan ne pouvait s’empêcher de penser que le résultat de cette discussion ne dépendrait que de la bonne volonté de Salim à les laisser tranquilles, tous. « Je comprends. » avait finalement articulé Yasmine avec hésitation tandis qu’il laissait entendre avec une infinie certitude que la rencontre de sa mère avec le britannique ne pouvait pas être le seul fruit du hasard. Elle savait de toute façon très bien ce qu’Hassan pensait du hasard ; Il n’existait pas, jamais. « Je vois … J’ai compris … » La voyant baisser les yeux devant tant de catégorisme de sa part, le brun s’était pourtant senti envahir d’un sentiment de culpabilité qui n’avait pas faibli lorsque la jeune femme avait repris « On peut … reprendre la route. J’aimerais rentrer. » en n’offrant qu’un maigre sourire de circonstances avant de se remettre en marche sans même attendre la réponse de son ami.

Les mains enfoncées dans les poches de son blouson de manière un peu gauche, désemparé par l’impression de se sentir plus fautif maintenant qu’il avait dit la vérité que lorsqu’il tentait de la dissimuler, et ayant presque l’impression d’avoir trahi la confiance de Qasim pour rien ou presque, il avait laissé Yasmine mener la marche et les amener jusqu’au pied de son immeuble sans que ni elle ni lui ne cherchent plus à trouver une alternative au silence qui s’était à nouveau abattu sur la conversation. « Tu veux que je t’accompagne jusqu’en haut ? » Le chien, lui, grattait déjà à la porte de l’immeuble pour témoigner son impatience. L’agression subie par Yasmine l’année précédente toujours rangée dans un coin de sa tête, Hassan se proposait de l’escorter jusqu’à sa porte dans le cas où la jeune femme en serait rassurée, mais avec le sentiment qu’elle attendait surtout de se délester enfin de sa compagnie. Responsable de l’avoir mis en garde contre une déception qu’il imaginait programmée. « Je pensais pas que Salim et toi vous … Je pensais que c’était juste un énième type que ta mère t’avais mis dans les pattes. » Mais il pensait mal, à en juger par la dose de contrariété que venait de provoquer l’hypothèse d’intentions moins honorables et moins dénuées d’arrière-pensées de la part du jeune homme. Il pensait mal, et l’idée provoquait chez lui un sentiment qu’il ne parvenait pas à définir mais qui lui retournait doucement l’estomac. Comme si Salim s’aventurait – avec de mauvaises intentions qui plus est – sur un terrain qui ne lui était pas autorisé. Qu’Hassan refusait de lui autoriser, alors même qu’il n’avait aucun droit à le faire.
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Message(#)grow old with me (hassan) - Page 2 EmptyJeu 20 Juil 2017 - 20:58



   
   Yasmine & Hassan
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C'
était comme un discours de sourd, comme si l’un et l’autre n’étaient pas réellement capable de se comprendre. Pour Yasmine la communication était primordiale, comprendre les choses pour les accepter faisait sens et bien souvent elle en oubliait qu’il n’était pas de même dans toutes les familles. « Mon père était pas le genre de personne à qui tu demandais des comptes. Il devait avoir de bonnes raisons. » Des raisons elle n’en doute pas… Mais pourquoi des secrets, encore et toujours les secrets. Il n’est peut-être pas si étonnant qu’Hassan cultive ce don du secret au final - c’est dans cette ambiance qu’il a été élevé, dans celle où on ne pose pas de questions. Yasmine elle n’a pas le souvenir du père de Hassan, pas dur comme ça tout du moins. peut-être parce qu’il ne l’était pas avec elle - parce que le peu de souvenir qu’elle a de lui c’est ceux de son père et de l’homme entrain de jouer aux dominos, c’est un sourire à peine perceptible mais pourtant bien présent… Elle ne se souvient pas d’avoir eu peur un jour… Mais au final elle a peu de souvenir de lui. C’est bien plus de la mère d’Hassan qu’elle se souvient. « Et tu ne t’es jamais demandé quelles étaient ces raisons ? » Ca lui semblait impossible a imaginé, une telle docilité sans question de la part d’Hassan ou même de Qasim. Qasim à qui Hassan avait caché ses informations. « Je voulais d’abord aller à Téhéran … et après ça y’a eu la tempête, le reste. Et à Noël j’ai pas … j’ai pas réussi à trouver le courage. C’est en partie pour ça que je dois descendre à Sydney le mois prochain. » Fronçant un peu les sourcils Yasmine s’était adoucie, consciente que des reproches n’allaient pas aider la situation loin de là. « De quoi as-tu peur Hassan ? » Est-ce que c’était vraiment la réaction de son frère qui l’inquiétait ? Ou alors d’apprendre une vérité qu’il ne voulait pas voir en face. « Je me disais que je pourrais venir avec toi… J’ai envie de revoir Qasim et sa famille depuis un moment et je pourrais peut-être… occuper les autres le temps que tu lui parles. » Non pas qu’elle doute de la capacité d’Hassan à parler à son frère, mais elle avait réellement, envie et besoin de revoir la petite famille qui était un peu comme la sienne. « Enfin si ça ne te dérange pas. Je peux aussi y aller une autre fois. » Elle ne voulait pas s’imposer non plus.

Maintenant que le sujet avait été abordé, Hassan devait se rendre à l’évidence, Salim était encore dans le coin une question restait en suspens. Qu’allait il faire ? « J’en sais rien … J’en n’ai aucune idée. Commencer par arrêter de penser que le problème va disparaitre tout seul. » Il y avait quelque chose d’un peu inquiétant dans la façon dont Hassan avait prononcé cette phrase et sans doute un peu conscient de ça il avait ajouté. « Je prévoie pas de lui refaire le portrait ou de le faire disparaître dans un bras du fleuve, si c’est ce qui t’inquiète. » Un rire un peu teinté de tristesse avait tout de même traversé les lèvres de l’algérienne alors qu’elle tentait de dissimuler la tristesse que lui inspirait les révélations d’Hassan. Pressé maintenant de rentrer chez elle. Yasmine n’avait plus tenté de rompre le silence pourtant lourd qui s’étaient installé entre eux jusqu’à ce qu’ils ne rejoignent le bas de son immeuble. « Tu veux que je t’accompagne jusqu’en haut ? » Hochant la tête de droite à gauche elle avait esquissé un nouveau sourire. « Non ça va aller merci… » Puis à nouveau il y eu un léger silence, comme si la discussion n’étaient pas vraiment finie et que sans ça elle ne pouvait s'éclipser.  « Je pensais pas que Salim et toi vous … Je pensais que c’était juste un énième type que ta mère t’avais mis dans les pattes. » Tapant du pied dans un petit caillou l’évocation de sa relation avec Salim avait créé un malaise chez l’algerienne. « Non c’est… C’est rien je suis juste idiote… Je pensais qu’il était pas comme les autres je me suis… trompé de toute évidence. C’était juste des mensonges… » Et c’était une désillusion difficile à avaler mais elle passerait au dessus. « Désolé je… Je sais que ce n’est pas la meilleure des réactions mais… Merci de me l’avoir dit… Je ferais attention maintenant. Et j'essaierai de convaincre ma mère de ne plus l’inviter. » Rien n’était moins sûr que de la voir y arriver vu comme sa mère était bornée, et sans pouvoir évoquer les réelles raisons. « Fais attention à toi… Tant que tu ne sais pas ce qu’il te veut… Ne te mets pas en danger d’accord ? » Parce que si il n’était pas prêt à faire disparaître Salim, elle se rendait compte qu’elle ne savait rien de ce dont l’anglais était capable lui. Sa main était venue plus délicatement se poser sur la joue d’Hassan, alors qu’elle agrippait son regard un mince sourire sur les lèvres. « Merci de m’avoir raccompagnée. » A la place où était sa main quelques secondes auparavant elle avait alors déposé un baiser avant de disparaître derrière la porte de l’immeuble.

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Message(#)grow old with me (hassan) - Page 2 EmptyMer 26 Juil 2017 - 1:17

Avec le recul de l’adulte et les questions légitimes de Yasmine, Hassan se rendait compte que la confiance aveugle et de la docilité que Qasim et lui avaient toujours eu dans leurs parents pouvaient paraitre aberrante, ou tout du moins difficile à envisager. Pourtant une partie de lui n’arrivait pas non plus à s’imaginer que ses parents aient eu quoi que ce soit à cacher, ou pire, à se reprocher … Le brun gardait le souvenir de deux personnes honnêtes, et droites, pas le genre de personnes qui vous faisait vous questionner « Et tu ne t’es jamais demandé quelles étaient ces raisons ? » avec la suspicion d’y trouver derrière quelque chose de répréhensible. Pas en ayant quinze ans et en considérant son père comme un modèle de vertu absolu. Haussant les épaules de façon presque incertaine, comme si ainsi formulé par Yasmine il se rendait soudainement compte que leur absence de curiosité les rendait soudainement Qasim et lui anormalement naïfs, il avait hasardé « Ils étaient seulement méfiants … J’ai toujours pensé que c’était la peur irrationnelle d’être renvoyés en Iran. Ma mère a toujours eu peur de la police, et des uniformes. » Le genre de peur qu’enfant et adolescent Hassan ne comprenait pas vraiment, mais qu’il avait appris à analyser et à excuser une fois adulte, en ayant étudié avec plus de sérieux et de curiosité les conditions qui avaient amené ses parents à venir demander l’asile à des milliers de kilomètres de chez eux. Des conditions rendues artificiellement obscures par les pseudos révélations de Salim l’hiver précédent, et qu’Hassan n’avait toujours pas trouvé le courage d’aborder avec son aîné, pourtant tout aussi concerné que lui. « De quoi as-tu peur, Hassan ? » De tout un tas de choses, certaines qu’il ne se pensait même pas capable de pouvoir expliquer … Mais d’une en particulier « Tu sais comme c’est difficile de prévoir les réactions de Qasim. » Imprévisible, dans sa réflexion mais aussi et surtout dans ses réactions. Et si Hassan se contentait lui du mépris et d’une colère sourde, son frère lui choisissait plus souvent la colère noire, l’incontrôlable. « Je me disais que je pourrais venir avec toi … J’ai envie de revoir Qasim et sa famille depuis un moment et je pourrais peut-être … occuper les autres le temps que tu lui parles. » Il y avait quelque chose de presque mignon, dans cette volonté de préparer un plan de bataille. « Enfin si ça ne te dérange pas. Je peux aussi y aller une autre fois. » Secouant la tête le brun avait offert un sourire plus franc « Non, au contraire ça serait chouette. Je vois avec Qasim pour les dates, et si c’est bon pour toi je nous réserverai des billets d’avion, d’ac ? » S’ils étaient partis pour plus de quelques jours Hassan aurait probablement songé à louer une voiture, faire l’aller-retour avec Yasmine pour copilote il l’avait déjà fait, mais cela sous-entendait de perdre deux jours sur la route plutôt qu’à Sydney.

Pour l’heure ils n’y étaient cependant pas encore, et le brun allait devoir décider ce qu’il ferait concernant Salim,  et les – mauvaises – intentions qu’il lui prêtait. Aller à la confrontation n’était pas une solution qui le ravissait, mais ce qui le ravissait encore moins c’était l’idée que Yasmine et Fatima aient été utilisées à mauvais escient pour l’atteindre lui. Visiblement blessée par la situation, Yasmine n’avait-elle plus décroché un seul mot jusqu’à ce qu’ils atteignent enfin le pied de son immeuble, où secouant la tête elle avait répondu « Non ça va aller merci … » lorsqu’il avait proposé de l’accompagner jusqu’à sa porte. Hésitant, pas certain que sa question n’ait d’autre effet que celui de remuer le couteau dans la plaie, il avait pourtant laissé sa curiosité prendre le dessus en constatant que Salim n’était pas juste un prétendant de plus, comme Fatima en avait déjà fait défiler un certain nombre avec l’espoir de tomber sur l’exception à la règle. « Non c’est … C’est rien je suis juste idiote … Je pensais qu’il était pas comme les autres je me suis … trompée de toute évidence. C’était juste des mensonges … » Serrant les poings dans les poches de son blouson, le brun avait maudit un peu plus Salim intérieurement. « Désolée je … Je sais que ce n’est pas la meilleure des réactions mais … Merci de me l’avoir dit … Je ferai attention maintenant. Et j’essaierai de convaincre ma mère de ne plus l’inviter. » De son côté Hassan espérait s’y prendre suffisamment bien pour faire passer à Salim l’envie de s’approcher à nouveau des deux femmes. Véritablement confus envers Yasmine, pourtant, le brun avait sorti l’une de ses mains de sa poche et attrapé le bout des doigts de la jeune femme en murmurant « Ils sont pas tous comme ça … Promis. » Le flair de Fatima en revanche semblait voué à ne repérer que les mauvais chevaux. « Fais attention à toi … Tant que tu ne sais pas ce qu’il te veut … Ne te mets pas en danger d’accord ? » Il avait acquiescé d’un signe de tête, conscient que le moment était sans doute mal choisi pour faire un trait d’humour à ce sujet, et préféré un sobre « Je ferai attention. » tandis qu’elle déposait furtivement sa main contre sa joue « Merci de m’avoir raccompagnée. » et finalement un baiser au même endroit avant de pousser la porte et de s’engouffrer dans le hall, le « Bonne nuit. » d’Hassan se perdant dans l’encablure de la porte. Glissant contre sa joue, là où les lèvres de Yasmine étaient venues lui souhaiter bonne nuit, ses doigts étaient restés immobiles un moment avant qu’il ne tourne les talons et remonte la rue, pensif. Et inquiet, la carrure jusque-là peu menaçante de Salim lui donnant soudainement l’impression de planer dans les environs.
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