"Alo?... Oui! C'est Eva! Dis moi, tu fais quoi? Ca te dit qu'on aille boire un verre?" Il était à peine 6 heure cet après midi là quand je me décidais de ne pas rester aussi tard que d'habitude au bureau. J'avais appelé ma meilleure amie, Milena avec qui j'avais envie de passer un peu de temps. Milena et moi nous connaissions depuis quelques années maintenant. Nous n'avions pas grandit ensemble, nous n'étions pas dans les mêmes écoles et ne nous nous étions jamais vu avant que celle ci ne débarque juste à coté de chez moi. Rapidement, nous nous sommes trouvé quelques points communs qui nous ont vite rapprochés et aujourd'hui, il semblerait qu'elle soit indispensable à ma vie. Avec qui je savais que je n'allais pas ressasser de mauvaises pensées. Elle allait également être une excellente excuse pour rentrer le plus tard possible à la maison et afin d'éviter mon fiancé.

Je m'étais décidée à enfin lâcher le morceau. Je ne savais pas encore comment le dire, bien que j'avais répété toutes sortes de phrases depuis que je savais qu'on allait se voir. Du simple et efficace " je suis stérile " au " bon, il faut que je te dise... j'ai reçu une terrible nouvelle, je ne pourrais jamais avoir d'enfant... " et j'avoue que cette seconde phrase ne me plait pas trop. Je pense que l'improvisation sera le mieux. Je verrai bien comme je me sens au moment voulu. Car entre être sure de le dire et le dire vraiment, il faut sauter le pas. J'avais aussi un nœud dans le ventre et dans la gorge mais je savais que lorsque j'aurai craché le morceau, je finirai par mieux me sentir. Restera à l'annoncer à l'ensemble de ma famille et là, c'était une autre histoire. Je crois que j'étais pas encore prête pour ça.

Devant le café où nous avons nos petites habitudes, j'attends Milena sans trop d'impatience, bien que j'étais contente de la voir. Je me disais que finalement, si elle annulait au dernier moment ou si elle m'annonçait un retard de plusieurs dizaines de minutes, je n'allais pas râler pour une fois. Je ne tenais pas en place et ne cessais de marcher devant ce bar, allant de droite à gauche, et revenant sur mes pas quand je tombais nez à nez avec mon amie, ce qui me fit sursauter. "wow!" Je pose ma main sur mon coeur, le sentant battre plus rapidement que la normal. J'ignorai si c'était à cause de cette surprise ou si c'était parce que cette fois, c'était bon, elle était là. "Désolée!" je finis par me détendre un peu et lui sourit. "Comment tu vas? tu sors d'où comme ça? T'es canon!" comme toujours en même temps. Je lui fais une accolade chaleureuse et m'introduis dans le bar pour aller trouver une table bien placée, histoire de ne pas être trop proches d'autres personnes.

Le soupir qui s’échappa de toi était bien plus important que ce qui aurait dû en sortir. Cette après-midi, c’était Garden Party et petits fours chez un de tes clients qui était aussi une connaissance de ton père. Ce dernier n’avait pas hésité à t’appeler pour te faire comprendre que ta présence n’était pas optionnelle à cet événement. Se rendre compte que ton père profitait de ta présence à Brisbane pour entretenir son réseau ne te surprenait pas une seule seconde. Cela faisait un petit moment que tu ne t’étais pas rendue à ce genre d’évènements mais ils étaient imprimés en toi depuis ta plus tendre enfance que tu n’eus aucun mal à te fondre dans le décor. Tu savais que tu serais venue, même sans l’obligation articulée par ton père car cette Garden Party était un vivier merveilleux de nouveaux clients. Et tu avais les méthodes parfaites pour les charmer. Une robe nouvellement achetée qui tombait parfaitement sur tes formes sans faire vulgaire mais plutôt classe était le premier atout. Le deuxième était sans nul doute tes connaissances de ce milieu huppé, des codes et des habitudes de chacun. Ton père avait eu la bonté de te parler de nombreux invités et tu avais pris des notes. Ne jamais se présenter à ce genre d’événement sans rien savoir sur personne, il fallait montrer qu’on connaissait les bonnes personnes même quand cela n’était pas le cas. Votre père vous avait toujours vu comme des produits, il serait fier de savoir que tu te vendais très bien à cette Garden Party. En plein milieu d’après-midi, Eva t’avait appelé pour te proposer d’aller boire un verre en sa compagnie après le travail. Tu avais accepté son invitation avec plaisir, cela te donnera une excuse de t’éclipser avant que l’hôte ne transforme cette Garden Party en soirée endiablée. Tu n’avais nullement envie de participer à cela ce soir.

Finalement, aux alentours de dix-huit heures, tu remerciais ton client de l’invitation heureuse d’avoir pu distribuer quelques cartes de visite. Et si le nom que tu portais t’aidait à petit à petit construire une clientèle en plus de tes succès devant les tribunaux, cela ne faisait jamais de mal. Alors que tu montais dans la voiture, tu repensais à Eva et à son coup de téléphone. Quelque chose semblait la tracasser et tu allais sans doute rapidement découvrir quoi. Tu avais rencontré Eva quand tu avais aménagé à côté de chez elle en arrivant à Brisbane. C’est tout naturellement qu’elle était devenue ta meilleure amie sans qu’aucune d’entre vous ne s’en rende réellement compte. Cela s’était fait tout simplement et tu ne le regrettais pas du tout. Tu pris donc la direction du bar dans lequel tu devais la retrouver. Une fois devant, tu arrivais à te garer un peu plus loin avant de fermer la voiture et de marcher rapidement vers l’entrée. C’est alors que tu rentrais dans quelqu’un, enfin dans Eva. « Désolée ! Comment tu vas? tu sors d'où comme ça ? T'es canon ! » Tu laisses un sourire se dessiner sur ton visage alors que tu prends Eva dans tes bras pour la saluer. « C’est moi qui ne faisais pas attention, il me tardait de te voir. » Dis-tu tout sourire. Tu aimais ces petits rendez-vous entre filles, tu ne pouvais le cacher. « J’arrive d’un Garden Party, présence obligatoire, c’est un client et ami de mon père et puis j’ai pu distribuer quelques cartes de visite. » Dis-tu avec un clin d’œil alors que vous preniez la direction du bar. « Sinon je vais bien et toi alors ? » Demandas-tu pressée de prendre de ses nouvelles. Une fois à l’intérieur, tu laissais Eva choisir une table et tu vis qu’elle en prit une un peu à l’écart. Alors que vous attendiez qu’un serveur se dirige vers vous, tu enlevais ta veste avant de lui demander : « Tout va bien ? Tu m’as l’air préoccupée ? » Si ça n’allait pas, tu seras là pour elle.

La présence de Milena suffisait à m'apaiser doucement. J'avais fini par laissé s'échapper les pensées qui m'envahissaient depuis plusieurs jours. J'avais l'impression que ça allait être plus simple que ce que j'avais pensé de lui annoncer la fameuse nouvelle, aussi mauvaise qu'elle soit. Ca pouvait peut être paraître stupide pour certaines personnes, que j'en fasse une telle montagne, mais pour moi, qui avais l'habitude de contrôler ma vie dans les moindre détails, c'était mon avenir qui était totalement incertain. Je n'avais simplement pas l'habitude de l'incertitude. Et d'un coup, tout semblait m’échapper. Bien sur, il m'arrivait de temps en temps d'avoir des imprévus, des petites frayeurs, mais rapidement, je savais pallier au problème et revenir sur le droit chemin, mais ce n'était pas d'ordre physiologique, pas quelques choses pour lequel je n'avais aucun moyen d'agir. Là, je n'avais aucun moyen d'agir.

Bon, rien ne sert de ressasser, à présent, je suis avec mon amie et je comptais bien en profiter. J'ignorai si elle avait des plans pour sa soirée ensuite, mais moi, j'avais bien l'intention de rester ici pour un moment. Peut être pourrons nous bouger ensuite, aller manger un bout quelques part et repartir dans un nouveau pub. « J’arrive d’un Garden Party, présence obligatoire, c’est un client et ami de mon père et puis j’ai pu distribuer quelques cartes de visite. » J'ai bien l'impression de lui avoir proposé un échappatoire.
T'as eu raison d'en profiter! J'étais moi même habituée à ce genre d'après midi, les Garden Party et autres festivités qui n'ont finalement que pour seul but de vous en mettre plein les yeux et de vous aveugler pour vous faire gober ce que l'on veut. J'en était friante, j'adorais rencontrer un tas de monde que j'avais toujours trouvé plus intéressant les uns que les autres. Mais j'avais du assisté à une de ces soirées mondaines, politiques à souhait il y a encore quelques jours en compagnie de mes parents, mon père surtout, et je n'avais comme seule envie, celle de m'en aller. Cette impression étouffer et de ne pas me sentir à ma place. Toutefois, je n'avais pas eu la chance qu'une amie m'appelle pour me proposer de se retrouver autour d'un verre. J'étais bel et bien restée jusqu'à la fin, jusqu'à ce que le dernier profiteur s’empiffre du dernier petit four caché derrière une pile de serviette, sans doute celui que le serveur avait caché espérant pouvoir le manger une fois tout le monde partie. « Sinon je vais bien et toi alors ? Tout va bien ? Tu m’as l’air préoccupée ? » Je la regarde avec un faux air surpris. Comme si j'ignorais de quoi elle voulait parler. Ah? Eh bien écoute... j'allais nier de toutes pièce sa question mais au même moment, le serveur arriva. Il nous avait presque sauté dessus et nous n'avions même pas eu le temps de regarder la carte des boissons. Je lui demande de bien vouloir revenir d'ici cinq minutes, le temps de jeter un oeil à ce que nous pourrions boire. Il a l'air pressé! je met en stand by notre discussion et me concentre sur la carte. Ce sera un cuba libre pour moi tiens. j'annonçais ainsi la couleur pour la suite de la soirée. Bon du coup, non. Ca va. C'est vrai qu'en ce moment, c'est un peu compliqué pour moi, à tout point de vue.
c'était déjà pour moi un gros effort de dire que je n'étais pas à cent pour-cent au top de ma forme. C'était une perche, d'une certaine façon, je l'invitais à creuser. Comme si c'était finalement trop dur de tout avouer d'entrer de jeu.

Eva avait été ta première amie à Brisbane, ton premier repère qui n’était pas ton frère. Tu t’étais un peu accrochée à cette amitié au départ, consciente qu’il te fallait absolument un réseau, t’entourer de nouveau parce que Brisbane était pour toi l’inconnu et la solitude ne te ressemblait pas. Quelques années plus tard, tu étais ravie de voir que votre amitié était toujours là et Eva était devenue ta meilleure amie. Oui, tu sais à quel point c’est cliché de dire une chose pareille mais c’était bien ce qu’elle était. Alors quand elle t’a proposé d’aller la retrouver pour prendre un verre dans un bar, tu n’as même pas hésité une seule seconde. En plus, cela te donnait une excuse pour quitter la Garden Party. Ce n’était pas que tu n’aimais pas ce genre d’événements, tu les appréciais mais une fois que vous y étiez, en partir était compliqué car on essayait de vous faire rester le plus longtemps possible. Toi tu étais restée assez longtemps pour parler un peu à tout le monde et distribuer des cartes de visite donc c’était l’essentiel. Alors que tu retrouves Eva, tu ne peux t’empêcher de voir qu’elle ne semble pas dans son assiette. Enfin elle n’a pas l’air d’aller mal non plus mais elle était tellement perdue dans ses pensées qu’elle t’avait foncée dedans sur le trottoir ce qui n’était pas son genre. Tu décidais de ne pas lui faire part de suite de cette observation, tu auras le temps de prendre de ses nouvelles autour d’un verre. « T'as eu raison d'en profiter! » Ne trouvant rien à répondre à cela tu te contentais d’un sourire avant que vous ne vous mettiez en route vers le bar en question quelques mètres plus loin. Tu laissais Eva choisir la table et tu pris place à ces côtés. Tu n’avais jamais choisi tes amis en fonction de leur compte en banque, particulièrement à Brisbane où tu rencontrais des gens que jamais tu n’aurais croisé à New York mais le fait qu’Eva vienne aussi d’une famille riche lui permettait de comprendre ce qu’était réellement une Garden Party et les inconvénients qui venaient avec. Vous ne tardâtes pas à être bien installées autour d’une table un peu en retrait. Ce choix ne pouvait pas être laissé au hasard alors tu décidais de lancer les hostilités en demandant à Eva si tout allait bien. « Ah? Eh bien écoute... » Eva fut interrompue par le serveur qui vint prendre vos boissons. Tu ne pouvais nier ton agacement face à cette interruption parce que tu voulais qu’Eva puisse se confier si ça n’allait pas et ces interruptions étaient inutiles. « Ce sera un cuba libre pour moi tiens. » Tu ne regardais pas la carte des boissons de ton côté, tu prenais toujours la même chose dans les bars ou presque, dépendant de la compagnie et du message que tu voulais faire passer. « Un mojito s’il vous plaît. » Dis-tu avant de lancer un regard assassin au serveur qui repartit vers le bar. Il avait intérêt d’arrêter de vous interrompre ainsi, cela t’excédait. Finalement, tu retournais ton attention vers Eva qui te dit : « Bon du coup, non. Ca va. C'est vrai qu'en ce moment, c'est un peu compliqué pour moi, à tout point de vue.» Tu fronces les sourcils alors qu’elle s’arrête là. Tu connais Eva, tu sais que rien que le fait qu’elle avoue que cela n’allait pas vraiment était énorme. Et voulait certainement dire que cela n’allait pas du tout. Grandir dans un monde où tout doit aller bien tout le temps cela devient une habitude pesante et surtout très mauvaise. Tu ne peux cacher ton inquiétude et tu poses ta main sur celle d’Eva avant de lui demander : « Il faut que tu sois plus précise que ça Eva. Qu’est-ce qui se passe ? C’est ton fiancé ? Ta famille ? T’as des soucis au boulot ? » Tu ne sais pas ce qu’elle a. Peut-être que c’est un peu tout qui ne va pas mais tu ne peux pas le deviner. Il va falloir qu’elle te donne un indice, quelque chose.

« Il faut que tu sois plus précise que ça Eva. Qu’est-ce qui se passe ? C’est ton fiancé ? Ta famille ? T’as des soucis au boulot ? » et comment entrer dans le vif du sujet. Finalement, avec la perche que je venais de lui tendre, elle ne pouvait pas mieux la saisir. Là, j'allais être obligée de m'occuper de chaque élément de sa réponse. Ou plutôt, de ses questions. Comme si elle ne me laissait pas la chance d'esquiver quoi que ce soit. Rien que ça! j'esquisse un petit sourire et me rend compte que mon regard est fuyant. Je regarde absolument tout ce qu'il se passe autour de moi. Passant du décor, que j'adore en passant, aux détails, aux petites scénettes qui se jouent autour de nous. D'ailleurs, si je visais juste, de ma place, j'avais l'impression qu'un jeune homme faisait en direct une demande en mariage à une jeune demoiselle. Le couple était parfaitement assorti et ils semblaient être si mignons tous les deux. Attends, regardes ça! je reviendrai à nos moutons ensuite. Drole d'endroit pour faire sa demande, c'est pas hyper romantique! mais j'ignorai si j'avais le droit de juger une telle situation. C'était bien trop personnel, intime pour que je puisse me permettre une telle remarque. C'était peut être un lieu qui avait une grande signification pour eux. Bon, si non. J'vais arrêter d'être curieuse comme ça! Je me concentre à nouveau sur ma meilleure amie. Donc. Anthony.... mon fiancé. Je marquais une légère pause et repris. En fait, c'est un peu tout ça à la fois. Mais c'est surtout moi le problème! Tu sais que ca fait longtemps qu'on essaie de fonder une famille et depuis le temps, toujours rien.
Donc, j'ai voulu savoir si le problème c'était pas lui ou moi. Et il s'avère que... la venu du serveur pour déposer les verres sur la table me coupa aussitôt. J'attendis qu'il s'en aille pour reprendre, juste après l'avoir remercié. Je suis stérille... je dis ces quelques mots presque en chuchotant pour que personne ne puisse m'entendre dire ça. Étrangement, j'aurais pensé que prononcer ces mots aurait été plus difficile.

Tu es inquiète. Tu ne sais pas quoi penser de cet aveu d’Eva que tout ne va pas si bien que ça. Tu ne sais pas par où prendre le problème, par où commencer, tu es un peu perdue tu dois l’avouer. Alors tu essayes de couvrir un peu tous les domaines de sa vie qui te viennent à l’esprit. Cela fait sourire Eva mais son sourire est crispé, son regard fuyant. Elle refuse de te regarder préférant scruter les individus qui vous entourent. Cela ne fait que renforcer la crainte qui t’habite parce que tu ne comprends pas. Elle a l’air d’aller bien, au moins elle n’est pas physiquement mal ? Enfin tu n’en sais rien, beaucoup de choses peuvent être cachées sous des vêtements. Finalement, elle attrapa ton attention en te montrant un couple un peu plus loin : « Attends, regardes ça! Drole d'endroit pour faire sa demande, c'est pas hyper romantique! » Un sourire apparut sur ton visage alors que vous pouviez clairement voir la demoiselle lui dire oui. C’était peut-être un drôle d’endroit mais tu avais comme l’impression que pour eux il devait représenter quelque chose de particulier. Toi, si tu dois te fiancer un jour, tu n’as nullement envie que ton copain t’amène dans un beau restaurant et fasse sa demande, c’était bien trop cliché. Tu voulais quelque chose de spécial, quelque chose de personnaliser à votre couple que personne ne pourrait imiter. « La demoiselle n’a pas l’air de se plaindre. » Dis-tu avec un sourire en coin alors qu’elle était en train d’embrasser son fiancé un énorme sourire sur les lèvres et les larmes aux yeux. C’était ce genre de scène qui te faisait rêver à autre chose … « Bon, si non. J'vais arrêter d'être curieuse comme ça! Donc. Anthony.... Tu sais que ca fait longtemps qu'on essaie de fonder une famille et depuis le temps, toujours rien. Donc, j'ai voulu savoir si le problème c'était pas lui ou moi. Et il s'avère que... » Tu es accrochée à ses lèvres, tu attends qu’elle te dise ce qui se passe. C’est en rapport avec son fiancé un peu et leur besoin de fonder une famille. De nouveau, le serveur vient vous interrompre et tu lui jettes un regard noir pour le faire partir le plus vite possible. Tu ne t’attends cependant pas à la bombe qu’Eva te lance : « Je suis stérille... » Ton cœur loupe un battement. Tu ouvres la bouche avant de la refermer de suite. Tu ne sais pas quoi penser de ça. Sincèrement, tu ignores ce que tu dois lui dire. Ton cœur se serre, tu sais à quel point Eva voulait une famille. Gosh ! La vie faisait tellement mal les choses … « Je suis désolée. » Dis-tu dans un premier temps avant de poser ta main sur la sienne. Pas étonnant qu’elle ne soit pas en grande forme. « Je suis tellement désolée Eva … Je … » Tu ne savais pas quoi dire pour la rassurer, pour lui remonter le moral. « C’est pas juste. » Non, rien ne l’était dans la vie. Mais tu ne pouvais t’empêcher de penser que dans son malheur, Eva avait de l’argent, de l’argent qu’elle pourrait utiliser pour adopter, faire appel à une mère porteuse, n’importe quoi qui lui permettra d’avoir une famille. Peut-être pas celle qu’elle voulait mais une famille tout de même.

La bombe était lâchée et finalement, j'ignore pourquoi j'avais attendu tout ce temps pour l'annoncer à ma meilleure amie, pour l'annoncer tout simplement d'ailleurs. J'en avais fais une montagne, j'avais imaginé ce moment sous toutes ses coutures, avec plusieurs scénarios possibles. Mais finalement, Milena avait la réaction que j'attendais le plus, rien d'étonnant venant d'elle. Elle était désolée et ces mots suffisaient pour faire monter les larmes à mes yeux. Je souffle alors, restant quelque peu silencieuse devant la jolie brune. C'était un trop plein d'émotion qui avait besoin de s'échappé. Je n'avais pas pleuré à l'annonce de cette mauvaise nouvelle, pas une seule larme n'avait coulé sur mes joues depuis que je savais. J'avais surtout eu très peur, peur que mes plans ne tombent à l'eau, peur de me retrouver seule ensuite, peur de ne pas être capable de  profiter de mes proches, peur de me dire que j'étais passé à côté de beaucoup de choses ces dernières années. Cette, fois, j'étais triste, vraiment triste. Je souffle longuement, comme pour me calmer. J'avais besoin de craquer cette fois, ca irait mieux ensuite, surement. Tu devais pas t'attendre à ca... je secoue mes mains devant mon visage pour faire une petite ventilation. Pauvre Milena. Je l'avais appelé pour la soirée, peut être qu'elle pensait qu'on allait en profiter pour se retrouver un peu, passer un moment agréable et me voilà qui gâche la fête.
Deux jeunes hommes, installé à une table pas très loin de nous semblent s'être arrêté de parler lorsque l'un d'eux a remarqué que j'étais entrain de pleurer. J'ignorai s'ils étaient curieux de savoir ce qu'il se passait ou s'ils étaient simplement gêné de la situation. Y a rien à voir par ici et tout va très bien. même si ca semblait difficile à croire. Mais je n'avais pas envie que l'on se mêle de notre conversation ce soir et mon intervention semblait suffire pour les rendre un peu moins attentif. Je regarde à nouveau Milena. Ca fait du bien de le dire... Je prends ma serviette en papier et la passe sous mes yeux en tapotant. J'en ai encore parlé à personne... sous entendu, pas non plus à mon fiancé.

C’était une bombe qu’Eva venait de lâcher. Jamais tu n’aurais imaginé une telle nouvelle en mettant les pieds dans ce bar ce soir et en répondant à l’invitation de ton amie. Non, cela ne t’avait même pas traversé l’esprit parce qu’Eva n’avait jamais caché son envie d’avoir des enfants et tu n’avais jamais pensé au fait qu’elle ne pourrait peut-être pas en avoir. C’était peut-être idiot mais tu partais du principe que toutes les femmes étaient fertiles et puis après il y avait des exceptions. Et ces exceptions étaient souvent chez des femmes qui méritaient d’avoir des enfants plus que beaucoup d’autres qui les multipliaient dans des conditions très discutables. Tu vis Eva s’effondrer devant toi, laisser les larmes couler certainement pour la première fois et tu le levais sans hésiter pour aller la prendre dans tes bras. Tu te devais d’être là pour elle même si tu devais avouer que tu n’étais pas toujours la meilleure personne à appeler quand des larmes coulaient. Finalement, quand ses larmes se calmèrent, elle te dit : « Tu devais pas t'attendre à ca... » Non, tu ne t’attendais pas à ça c’est le moins que l’on puisse dire. Tu ne savais pas exactement à quoi tu t’attendais mais ce sujet n’avait jamais traversé ton esprit. Bien entendu, une femme qui pleure dans un bar cela attire les regards et deux hommes à vos côtés n’arrêtaient pas de vous fixer. « Y a rien à voir par ici et tout va très bien. » Ces derniers détournèrent rapidement le regard un peu honteux d’avoir été pris en flagrant délit de curiosité. Mais tu te fichais bien des autres, c’était d’Eva que tu voulais t’occuper. « Ca fait du bien de le dire... J'en ai encore parlé à personne... » Oh … Elle n’en a parlé à personne et par personne tu entends bien entendu son fiancé et sa famille. Ce n’est pas surprenant, tu dois te douter qu’elle redoute ce moment. De nouveau tu poses ta main sur la sienne en lui demandant : « Tu le sais depuis combien de temps ? » Tu espères qu’elle ne garde pas ça pour elle depuis trop longtemps. En parler permet déjà une première acceptation à tes yeux et puis un premier avis sur la situation et comment affronter ce qui allait suivre. « Je sais à quel point tu veux des enfants Eva, je sais que c’est dur à accepter mais être stérile ne signifie pas ne pas pouvoir avoir d’enfants. Tu pourras en avoir par d’autres moyens. » Et en avocate en droit de la famille, tu connaissais bien ces moyens.

Milena se lève pour venir près de moi alors que je lui annonce la nouvelle et que les larmes coulent sur mes joues. Forcément, c'est une scène qui attise à la curiosité et peut être qu'un bar n'était pas l'endroit idéal pour parler de ça, mais c'était ici que j'avais envie de retrouver mon amie. J'avais penser que cette soirée allait être particulière, j'avais penser qu'on pourrait ensuite boire plusieurs verre et faire comme si de rien n'était, juste pour profiter d'une soirée entre amie et se couper de tout ce qu'il y avait autour de nous, ne pas nous préoccuper du reste. J'ignore si ca allait être vraiment possible mais j'allais faire en sorte de me détendre. Je sentais déjà que ca allait mieux maintenant que j'avais lâcher le morceau et que les larmes que je retenais depuis bien trop longtemps avaient enfin couler. D'ailleurs, oui, à sa question, ca faisait beaucoup trop longtemps que j'avais garder tout ça pour moi. J'avais déjà tenté d'en parler à Tony, je m'étais pointé chez lui peu de temps après avoir appris la nouvelle, mais j'avais trouvé une porte close. Il n'était pas là alors j'avais simplement fait demi tour, j'avais tout garder pour moi. Je m'étais dis que si je n'avais pas trouvé quelqu'un pour en parler cette fois là, c'est que je n'étais pas prête. Mais en même temps, ce n'était pas la solution de porter ça sur mes seules épaules. Ce n'était pas une fatalité, je savais bien que d'autres solutions existaient... ce n'était pas non plus la fin du monde, il y avait bien plus grave... mais c'était dur pour moi quand même. Combien de femme rêvait de mettre un enfant au monde? Combien de femme voulait fonder une famille? Des milliers et des milliers y parvenaient, et moi? Je devrais m'y résoudre, ce n'était pas ce qu'avait prévu les dieux, peu importe combien y en avait il, ou s'il y en avait même un seul, il n'était pas de mon côté. Plusieurs mois... avouais-je sans trop en dire non plus. C'est vrai, comme si je n'assumais pas finalement d'avoir menti tout ce temps... Je sais bien qu'il y a d'autres moyens... mais pour l'instant, c'est pas concevable pour moi... quand toute une vie on pense donner la vie à un enfant par voie naturelle, l'adoption ou d'autres moyens, les fécondations in vitro par exemple, ou toute forme de procréation médicalement assistées, n'étaient pas des options auxquelles j'avais pensé. Je souffle alors pour reprendre un pouls normal et me détendre. Je t'avoue que ca me fait du bien d'en parler... mais j'ai pas vraiment la force d'en parler à Antony... Je sais même pas comment il va réagir... ca me fait vraiment peur!

Tu as du mal à imaginer ce qu’Eva est en train de vivre. Tu peux essayer bien entendu mais la vérité c’était que tu n’en avais aucune idée et que tu ne pouvais pas savoir. Enfin, tu sauras si toi aussi tu te retrouves dans cette situation quand tu essayeras d’avoir des enfants. Parce que tu ne t’étais jamais posé la question auparavant. Tu n’avais jamais imaginé cette possibilité comme Eva très certainement. Mais comme elle tu étais beaucoup trop rationnelle pour ne pas faire de tests et finir par devoir te rendre à l’évidence. Alors tu croises les doigts, il ne te reste plus que ça à faire de toute manière. Mais tu n’es pas là pour penser à toi, ce soir, clairement c’est la soirée d’Eva et tu vas être là pour elle d’autant plus que tu es la première à apprendre la nouvelle. Tu ne sais pas depuis quand la jeune femme est au courant mais elle n’en a peut-être pas parlé de suite et tu veux qu’elle comprenne que tu es là pour elle, que c’est une épreuve certes pas simple à traverser mais que tu seras là à ses côtés pour l’aider à faire face. Malheureusement, tu n’allais pas pouvoir faire beaucoup plus pour l’aider là tout de suite. Enfin tu pouvais lui payer à boire mais l’alcool ne permet jamais réellement d’oublier au final. « Plusieurs mois... Je sais bien qu'il y a d'autres moyens... mais pour l'instant, c'est pas concevable pour moi... » Tu hoches la tête, qu’elle ne puisse pas le concevoir cela ne te surprend pas. Mais elle te dit qu’elle en est consciente et c’est suffisant. Parce que quand elle aura réellement accepté sa stérilité et qu’elle se replongera dans le futur comme il faut elle y repensera et ce sera le plus important. Tu n’as jamais pas envie qu’elle tire complètement un trait sur ce rêve voilà tout. « Je t'avoue que ca me fait du bien d'en parler... mais j'ai pas vraiment la force d'en parler à Antony... Je sais même pas comment il va réagir... ca me fait vraiment peur! » Tu regardes Eva de manière désolée et compréhensive. Tu te doutes qu’elle redoute de faire part de cette nouvelle à son fiancé. Toutefois, elle ne va pas pouvoir le lui cacher pour toujours et certainement pas jusqu’à leur mariage. Eva s’en voudra certainement toute sa vie de se marier avec un homme qui ne connaît pas toute la situation. Tu les as vu tous les deux, tu ne te fais pas trop de soucis de ce côté là mais personne ne sait comment les gens réagissent. Tu espères qu’il aime plus Eva que l’idée d’avoir des enfants qui partageront leurs gênes. « Je comprends que ça te fasse peur mais il va falloir que tu lui dises Eva. C’est le premier concerné. » Dis-tu avec une petite moue avant d’ajouter : « Je suis contente que tu m’en aies parlé, tu vas voir, ça va aller mieux à partir de maintenant. » Elle allait pouvoir partager son fardeau avec toi et cela allait sans doute l’aider. Tu l’espérais en tout cas. N’étant pas la meilleure pour faire face à ce genre de nouvelle, tu décidais de lui demander : « Est-ce qu’il y a des choses que tu as toujours voulu faire mais que tu n’as jamais fait ? » Lui demandas-tu curieuse et pour changer un peu de sujet, lui évier de trop y penser.

« Je comprends que ça te fasse peur mais il va falloir que tu lui dises Eva. C’est le premier concerné. » Milena visait dans le mile. C'était bien lui le premier concerné et je me demandais ce qui m'empêchait tant de lui en parler. Surement la peur qu'il me rejette. La peur que mes fiançailles tombent une deuxième fois à l'eau. Ce premier mariage, qui finalement n'avait jamais eu lieux avait laissé des traces dans ma relation avec Antony. Forcément, j'étais plus méfiante, je lui avais interdit d'approcher de près ou de loin ma soeur, j'étais toujours derrière lui, ce besoin d'être rassurée à chaque instant. Parfois, je m'autorisais à fouiller son téléphone, aller sur son profil facebook et tenter de trouver n'importe quel compte sur n'importe quel site suspect. Je n'avais jamais rien trouvé malgré le passé d'Antony. Lui qui a souvent eu l'habitude d’enchaîner les conquêtes, il semblerait qu'il se soit calmé lorsqu'il m'a rencontré. Jusqu'à maintenant, je n'avais rien à lui reprocher, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser au pire. Je n'avais rien à reprocher à mon ex non plus après tout. Je me contente alors de dire oui d'un signe de la tête. Oui, je lui en parlerai, quand, je l'ignorai.
« Je suis contente que tu m’en aies parlé, tu vas voir, ça va aller mieux à partir de maintenant. » Elle a raison ca va déjà un peu mieux. « T'imagines pas comme ca me fait du bien d'avoir enfin craché le morceau à quelqu'un!» enfin "quelqu'un" c'était un mot bien vulgaire alors qu'il s'agissait là de ma meilleure amie. Ca n'aurait pu être personne d'autre si ce n'est Tony, de toutes façons. D'ailleurs, c'était bien lui le premier à qui j'avais l'intention de tout dire, mais ayant trouvé porte close, j'étais restée muette depuis trop longtemps. « Est-ce qu’il y a des choses que tu as toujours voulu faire mais que tu n’as jamais fait ? » Je ne m'attendais pas tellement à cette question maintenant, mais peut être estimait elle qu'on avait assez parlé de ça et que finalement, ca ne servait à rien qu'on s'étale sur le sujet. De toutes manières, je savais bien que je pouvais compter sur elle à tout moment. Du coup, prise de court, je ne sais pas vraiment quoi répondre. J'hausse les épaules. « Bonne question! » je me creuse alors la tête, mais ça n'est pas si difficile à trouver. « Passer mon permis... avoir un chien... grimper jusqu'au sommet du Mont Everest...» c'était quelques exemples parmi tant d'autres. « Pourquoi? » lui demandais-je avec beaucoup de curiosité. Je suis sûre qu'elle pourrait aussi répondre à cette question pour moi.

Tu n’étais pas sans savoir que le conseil que tu venais de donner à Eva était le genre de conseil facile à promulguer mais très difficile à accomplir. Tu étais amie avec Eva depuis ton arrivée à Brisbane, tu n’avais aucun mal à comprendre ce qui la faisait hésiter à en parler à son fiancé mais elle n’allait pas avoir le choix. Il allait bien falloir qu’elle le lui dise et même s’il avait du mal à accepter la nouvelle au début du moins, tu ne voyais pas comment il pourrait la rejeter complètement. Cela te briserait de l’intérieur si tu ne pouvais pas avoir d’enfants mais l’amour de ton conjoint serait quelque chose qui devrait tout surmonter non ? Particulièrement dans le cas d’Eva et d’Anthony qui vont se marier prochainement. Pour le meilleur et pour le pire. Tu peux voir Eva hocher la tête, c’est déjà un début car elle a conscience de cette nécessité. Il faudra certainement que tu veilles légèrement à ce qu’elle se lance dans cette annonce. Mais pour l’instant vous pouviez parler d’autre chose, c’était important de parler d’autre chose pour montrer à Eva que la vie ne s’arrêtait pas, qu’elle pouvait continuer à la vivre pleinement et quand elle sera prête, des possibilités pour avoir des enfants s’offriront à elle. « T'imagines pas comme ca me fait du bien d'avoir enfin craché le morceau à quelqu'un!» Un grand sourire se dessine sur tes lèves. Tu es heureuse d’avoir pu servir à quelque chose, tu es heureuse qu’Eva te fasse assez confiance pour te confier tout ça. Et puis savoir que tu lui avais apporter un peu de soulagement c’était toujours ça. « Tout le plaisir est pour moi ! » Lui dis-tu avec un sourire et un clin d’œil en levant ton verre et avant d’en boire une gorgée. Tu demandais ensuite à ton amie s’il y avait des choses qu’elle avait voulu faire au cours de sa vie mais dans lesquelles elle ne s’était jamais lancée. C’était un bon moyen de changer le sujet mais tu avais une petite idée derrière la tête tu ne pouvais pas vraiment le nier. Tu pouvais voir qu’Eva semblait sceptique mais elle te répondit tout de même : « Bonne question! Passer mon permis... avoir un chien... grimper jusqu'au sommet du Mont Everest... Pourquoi? » Tu as bien entendu sa question mais pour l’instant tu es occupée à te demander si ces choses sont faisables. Pour le chien et le permis, cela ne devrait pas être trop difficile, pour le Mont Everest, il faudra prendre des vacances et vu ton endurance, tu espérais qu’Eva ne te demanderait pas de l’accompagner. « Je pense qu’il est important que tu arrêtes de te fixer sur ta stérilité, que tu te donnes des objectifs. On va faire une liste de toutes les choses que tu n’as jamais fait et que tu aurais aimé faire et le but sera pour toi de réaliser chaque petit défi de cette liste. Qu’est-ce que tu en dis ? » Tu étais plutôt fière de cette idée, il allait falloir parler de règles et tout ça mais cela pouvait venir après.

Je réponds à Milena tout en ayant aucune idée de la suite de la conversation. C'est la surprise totale, quelles sont ses intentions? Je doute qu'elle ne veuille simplement changer de sujet et parler de tout et de rien comme ça. Ca n'aurait pas vraiment de sens suite à ma révélation. Une telle question ne pourrait être anodine. D'autres réponses me viennent en tête mais j'attends d'en savoir plus, pour les révéler ou non. « Je pense qu’il est important que tu arrêtes de te fixer sur ta stérilité, que tu te donnes des objectifs. On va faire une liste de toutes les choses que tu n’as jamais fait et que tu aurais aimé faire et le but sera pour toi de réaliser chaque petit défi de cette liste. Qu’est-ce que tu en dis ? » Nous y voilà. Arrêter de faire une fixette, j'avoue que pour le coup, c'était surement plus facile à dire qu'à faire et vraiment, j'aimerai que ce soit possible. C'est devenu le sujet principal qui hante mes pensées ces derniers temps et il n'y a pas un seul jour qui passe sans que je n'y pense. Mais la suite de sa proposition me laisse perplexe. Je me demande si vraiment, c'était utile et nécessaire ?  Tu crois? j'ai bien l'impression de déjà regretter d'avoir parler du Mont Everest car si c'est un rêve que j'aimerai réaliser, le faire est une autre réalité. Quant aux autres objectifs, comme dirait Milena... pourquoi pas. Enfin, passer mon permis par exemple, ce serait bien pour moi, ca me permettrait de pouvoir aller où je veux sans trop de contraintes mais j'en ai pas non plus vraiment besoin.  Les taxis ca me convient aussi... et avoir un chien? Antony serait pas partant, dans un appartement, le pauvre... Il serait bien mieux sur les terres de ses parents et hors de question d'avoir un chien à mi-temps...
J'entends déjà le discours d'Antony et sa famille sur le fait qu'un chien a besoin de grands terrains pour se défouler et qu'un appartement n'est pas du tout adapté pour l'accueillir. T'as d'autres propositions? Elle me connait si bien que je suis sûre qu'elle a des idées derrières la tête et elle aurait surement su quoi me dire si je n'avais rien répondu moi même.
Le serveur s'approche pour voir si nous aurions besoin de quelques choses et je me rends compte que je n'avais encore pas touché à ma boisson. Je lui fais signe pour lui faire comprendre que c'est bon pour le moment et je saisi mon verre pour goûter une première gorgée. Je fais un peu la grimace, ca fait bien longtemps que j'avais pas pris un cocktail aussi fort, pour moi, mais il avait le mérite d'être très bon.  Tiens! Si j'avais une chose à faire ce soir, pour commencer! Ce serait quoi, d'après toi? Pourquoi pas prendre cette soirée comme la première, l'élément déclencheur, un peu comme pour lui dire qu'à partir d'aujourd'hui, j'allais prendre en main ma vie. Même si j'avais la sensation que tout était parfaitement cadré jusqu'à maintenant, Milena avait raison, je ne pouvais pas rester bloquée sur une seule chose.

Pour toi, c’est comme une évidence. Il faut que tu aides ton amie d’une manière ou d’une autre à faire face à cette situation. Tu peux continuer à la laisser pleurer sur ton épaule mais ni toi, ni elle ne pouviez changer quelque chose à sa stérilité. Non, il fallait trouver autre chose pour lui permettre d’avancer. Tu ne sais pas réellement d’où t’es venue cette idée, certainement d’une conversation que tu avais eu avec Liviana qui s’était lancée dans ce genre de chose elle aussi mais pour Eva, cela te semblait particulièrement adapté. Si tu lui donnais des objectifs à réaliser, elle pourrait se concentrer dessus plutôt que de penser continuellement à cette stérilité qui ne pouvait l’emmener que vers la dépression. Quand tu proposais ton idée à la jeune femme, elle ne semblait pas réellement convaincue. « Tu crois ? Enfin, passer mon permis par exemple, ce serait bien pour moi, ca me permettrait de pouvoir aller où je veux sans trop de contraintes mais j'en ai pas non plus vraiment besoin. Les taxis ca me convient aussi... et avoir un chien? Antony serait pas partant, dans un appartement, le pauvre... Il serait bien mieux sur les terres de ses parents et hors de question d'avoir un chien à mi-temps... » Tu soupires en voyant toute la négativité que vient de mettre Eva dans ce discours. Non, il n’y a pas de questions de besoins ou de limites, ça suffit. Tu n’as pas envie d’entendre toutes les raisons pour lesquelles c’est une mauvaise idée, elle ne peut pas le faire. Justement, cet exercice c’est aussi un moyen de remédier à ça. Plus de négativité, tu refuses. « Eva, il va falloir apprendre à regarder le verre à moitié plein et pas à moitié vide. Personne n’a besoin de conduire en ville mais la plupart des gens ont le permis ! Et puis si ce n’est que ça, tu peux toujours acheter une petite maison avec un jardin pour accueillir un chien. Arrête de te mettre des limites, il n’y en a pas. » Tu disais cela à Eva et rien qu’à Eva. Elle avait de l’argent, à partir de là, rien n’était impossible. C’est horrible à dire mais avec un peu d’argent beaucoup de problèmes peuvent être résolus. « T'as d'autres propositions ? » Tu prends une gorgée de ton mojito tout en réfléchissant. D’autres propositions … Voyons voir, que pouvais-tu bien donner à faire à Eva … Quelques secondes plus tard, une idée de génie te vint à l’esprit. « Il serait peut-être temps que tu te réconcilies avec ta famille non ? La guerre froide c’est sympa mais un moment. » Bon, tu étais assez mal placée pour faire ce genre de commentaires mais au moins tu essayais de recoller les morceaux de la tienne, sans succès mais en persévérant. Le serveur revient vers vous, Eva n’a rien bu de son cocktail mais tu en commandes un autre de ton côté, au moins tu l’auras à côté quand tu finiras le tient. « Tiens! Si j'avais une chose à faire ce soir, pour commencer! Ce serait quoi, d'après toi? » Très bonne question. Tu ne peux t’empêcher de remarquer qu’Eva te laisse prendre toutes les décisions à sa place mais ce sera un sujet pour un autre jour. Là tout de suite, il faut que tu trouves le truc parfait pour lui faire comprendre l’importance de cette mission que tu es en train de lui confier. Voyant quelques personnes danser un peu plus loin, tu te tournes de nouveau vers ton amie en lui disant : « Tu m’as toujours dit que tu voulais apprendre à danser n’est-ce pas ? » Tu attendis qu’Eva confirme cela avant de lui dire : « Prête pour ta première leçon ? » Tu dansais depuis des années, pour lui apprendre les bases, tu allais y arriver.

 « Eva, il va falloir apprendre à regarder le verre à moitié plein et pas à moitié vide. Personne n’a besoin de conduire en ville mais la plupart des gens ont le permis ! Et puis si ce n’est que ça, tu peux toujours acheter une petite maison avec un jardin pour accueillir un chien. Arrête de te mettre des limites, il n’y en a pas. » Les solutions que proposaient Milena semblaient si simple mais quand même, revendre l'appartement pour acheter une maison, j'ignore si c'était vraiment raisonnable. Tout ça pour un chien, désolée mais si j'étais prête à faire des efforts, je n'étais pas folle pour autant. Je me serai permise de juger des personnes qui auraient fait moins que ça. Mais ca a au moins le mérite de me faire rire. J'espère que t'es pas serieuse... pour le chien. je me sens obligée de préciser car en fait, j'ai bien l'impression que si, c'était une proposition sérieuse.  Ce serait abuser quand même... et puis, j'ai pas forcément besoin d'une grande maison, je me plait dans cet appartement. Et maintenant que je sais que la famille ne s'agrandira pas, j'y suis très bien! en effet, peut être que la maison aurait été envisageable si un bébé était arrivé dans notre nid, mais ce n'était pas le cas et ça ne le sera pas.  Mais, pour le permis, je vais y réfléchir, promis! peut être que cette espèce de bucket-list n'était pas si bête que ça finalement.   « Il serait peut-être temps que tu te réconcilies avec ta famille non ? La guerre froide c’est sympa mais un moment. » J'avoue que cet objectif là me fait hérisser les poils. Et maintenant, l'idée d'acheter une maison plutôt qu'un appartement me paraissait moins ridicule, plus réaliste. Okay, je capitule,  va pour la maison et le chien! Il va falloir faire des choix de toutes façons non? j'emploie un ton sarcastique mais je sais bien que Milena ne laisserait pas passer ça. Je la regarde en buvant à nouveau mon verre. T'es exigeant, tu sais ça? Et il s'agit pas que de moi en fait... c'est plus compliqué que ça en a l'air! Lene est insupportable, égoïste, imbue de sa personne et j'en passe! je pourrais faire une liste aussi longue que mon bras. Je mets une option sur ça!! même deux d'ailleurs!
J'avais finis par oublié ce qu'il se passait autour de nous, le jeune couple de futurs marié avait quitté les lieux pour laisser place à deux mecs qui eux, semblaient être venu pour boire et finir la tête à l'envers. Peut être que je devrais en faire autant d'ailleurs! « Tu m’as toujours dit que tu voulais apprendre à danser n’est-ce pas ? Prête pour ta première leçon ?  » Je regarde Milena, à peine surprise par cette invitation! Elle a raison, j'ai toujours voulu prendre des cours de danse mais pour x ou y raison, j'ai toujours repoussé mon inscription. Comme si à chaque fois, j'y trouvais de très bonnes raisons pour ne pas le faire. Je me lève, en réponse à mon amie. C'est partie! Je prends la main de Milena et lorsque celle ci est debout, je nous guide vers ce qui ressemble à une piste de danse. Maintenant que nous y sommes, je suis l'élève qui n'a plus qu'à apprendre de son maître.  Je vous suis professeur Grimes.