Who you foolin' with a handful of fool's gold? Lose, lose, when you do it for the wins only Love gave you meaning, it never was a trophy
Est-ce que nous sommes étranges, à chercher ce brin de magie dans notre réalité ? Croire qu'il a existé d'autres Joanne qui n'étaient pas complètement Joanne, et d'autres Jamie qui n'étaient pas complètement moi non plus, et que ces êtres qui ont foulé la terre avant nous, qui se sont aimés, nous sont liés à travers le temps ? Comme si nous étions une extension d'eux, et eux de nous. C'est un peu mystique, fantaisiste, d'accorder du crédit à des mythes telles que les vies passées. C'est chercher des réponses, des pistes, des indices là où il n'y en a peut-être pas ; c'est vouloir faire commencer son histoire par « il était une fois » et croire qu'il existe un chemin, un destin, un prédestination. Ce qui ne devait être qu'un sujet de rêveries et de divagations sans une once de sérieux a pris des promotions auxquelles nous ne nous serions sûrement jamais attendues. Il y avait encore largement de quoi douter lorsque nous enquêtions sur Dan et Lucy pour le plaisir. Mais jamais nous n'aurions pu nous douter qu'une histoire telle que celle de Grace et Celso nous tomberait entre les mains. Les portraits, les peintures, les lettres, le livre… L'étau se resserre pour nous mettre face à l'évidence. Aujourd'hui, pourtant, c'est Joanne qui a des doutes. Tant de hasard, tant de coïncidences, viendront à bout de cette partie d'elle qui demeure septique, je l'espère. Si Grace et Celso croyaient en nous, alors nous devons croire en eux. Petit à petit les pièces du puzzle s'imbriquent dans l'esprit de la jeune femme et parviennent à la convaincre peu à peu. Quant à moi, hésitant, nerveux, je secoue légèrement la tête malgré ma crainte d'être raillé ; « Je le suis. » Le livre a terminé le travail débuté par le portrait de Celso ; je suis convaincu, et cette conviction que Joanne avait raison, qu'il existe un lien entre eux, entre nous, ne peut plus me quitter. Tout ce que j'espère c'est qu'à la fin de sa lecture, cela soit aussi son cas. Et peut-être que cela la fera revenir vers moi pour de bon… Mon regard la sonde ; ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent est encore flou pour moi. Cela l'est sûrement pour elle aussi. Pourtant, la jeune femme articule des paroles qui me réchauffent le coeur et m'inspirent tant d'espoir. Des paroles qui me pousseraient normalement à l'embrasser, la prendre dans mes bras, emporté par une soudaine exaltation que je ne pourrais pas maîtriser, tant cette petite volonté que nous soyons ensemble à nouveau qu'elle exprime me rend heureux. Mais je me contente de prendre cette main qu'elle avait posée sur ma joue et d'y déposer un baiser reconnaissant. « Tu peux continuer, surtout pour des paroles comme celles-là. » dis-je tout bas avec un fin sourire. Délicatement, j'appose mon front au sien. Nous demeurons ainsi encore un moment, le coeur battant au rythme d'une balade amoureuse. Enfin, je me dis que je devrais sûrement cesser de retenir Joanne si longtemps, de tirer sur la corde. C'est assez naturellement que se détermine le moment où elle doit s'en aller. Elle reprend son sac, ses affaires, et prend avec elle le livre. Je la raccompagne jusqu'à la porte d'entrée en traînant un peu des pieds. Je me demande si j'aurais pu faire plus pour profiter de sa présence, si j'ai exploité le moment autant que possible, ou si j'ai laissé passer des opportunités de dire ou de faire des choses. Non, si elle était restée plus longtemps, cela serait uniquement devenu de plus en plus bizarre ; après tout, ce n'était qu'une visite de courtoisie. « Quand est-ce que je pourrais te revoir ? je demande, appuyé sur le cadre de la porte dont Joanne se trouve de l'autre côté. Juste toi et moi, je veux dire. » Un autre rendez-vous, une autre chance de se redécouvrir. Une nouvelle occasion d'être réunis, et de se donner une chance.
Launch into the sky like a private plane. Hang on, we'll ride this wave. Watch the tide come in a little. Just a little more each day
Contre toute attente, Jamie semblait fermement convaincu de toute cette histoire. Il semblait s'être pris d'affection pour Grace et Celso, bien plus que pour Dan et Lucy, cela allait sans dire. Le portrait l'avait particulièrement dérouté, mais le livre qu'il avait hasardeusement trouvé dans son propre domaine était le clou du spectacle. Et désormais, il espérait simplement que la jeune femme finisse par y croire à nouveau, comme elle y croyait avant. Bien avant que l'on finisse par lui faire comprendre que ces chimères n'avaient été là que pour la bercer. Etrange chose que c'était, de prêcher une personne qui fut un jour convertie. Au tour de Jamie de la convaincre, et non l'inverse. A croire qu'il n'y aurait jamais un moment où les courbes se rapprocheront et s'uniront, tout divergeait. Au fil du temps, la jeune femme continuait de parler d'eux, de ce qu'ils pourraient devenir, de ce qu'ils avaient été un jour. D'un côté, la jeune femme ne demandait que ça, que d'avoir son affection. Mais les sentiments n'étaient pas encore là. Ce ne serait pas approprié de profiter de chacun de ses baisers sans pouvoir lui rendre la pareille. Elle avait hâte, de tomber à nouveau amoureuse. Elle espérait en être capable à nouveau de ressentir ces papillons dans le ventre, de sourire dès qu'il apparaissait dans son champ de vision. Toutes ces petites habitudes qui mettaient du baume au coeur et qui pouvaient égayer une journée. Il y avait l'amour entre elle et son fils, dira-t-on, mais ce n'était pas pareil, bien que Daniel restait et restera à jamais l'un des hommes de sa vie. Mais d'un autre sens, Joanne ne voulait pas tomber si aisément dans les filets de Jamie – ou de n'importe qui, d'ailleurs. Certes, il avait déjà gagné des points et son physique était très loin de la laisser indifférente. Il embrassait délicatement la main de la jeune femme, confessant qu'il appréciait qu'elle puisse dire de telles choses. Il avait toujours aimé qu'elle verbalise ses émotions, ses sentiments pour lui lorsqu'il y en avait. Le bel homme s'approcha doucement d'elle afin de poser son front contre le sien. Joanne ne disait rien, elle l'observait surtout. Elle se demandait alors ce qui le poussait à la vouloir elle à nouveau, et personne d'autre. Malgré tout ce qu'il a pu se passer entre eux, il faisait n'importe quoi pour elle et continuerait de persévérer jusqu'à ce qu'il obtienne l'objet de sa convoitise. Ne jamais sous-estimer Lord Keynes lorsque ce dernier avait réellement envie de quelque chose, de le posséder. Il était temps de partir et la petite blonde s'était levée pour récupérer l'ensemble de ses affaires. Jamie ne la quittait et l'accompagnait jusqu'à la porte d'entrée en traînant des pieds. Une fois à l'extérieur, Joanne se retourna pour écouter Jamie parler. Sa demande la faisait sourire. D'un air faussement innocent, elle haussa les épaules et lui lança un regard quelque peu malicieux. "Quand tu voudras." lui répondit-elle doucement. "Je ne peux pas franchement dire que je sois une femme très occupée." Elle ne sortait plus réellement le soir, allait à ses quelques cours de danse ici et là, mais ses semaines n'étaient pas vraiment palpitantes. Ce n'était pas comme Jamie, qui était un homme beaucoup plus occupé et prisé qu'elle. "Il y a juste mercredi prochain, je crois, où Vee voulait m'inviter au restaurant, pour papoter, je suppose, mais mis à part ça..." Elle sourit d'un air gêné. "J'attends juste qu'on me propose un deuxième rencard." Le romantisme de Joanne revenait au galop et elle voulait que les choses soient bien faites. Et dans sa tête, pour que ce soit bien fait, ce doit être monsieur qui invite. Joanne avait montré qu'elle en voulait, qu'elle désirait voir jusqu'où ils pouvaient aller ensemble, qu'elle adorerait retomber totalement sous son charme à nouveau. "Alors soit tu as une petite idée en tête déjà et nous pouvons déjà déterminer une date ou soit... On peut faire comme dans tous ces films romantiques, du genre, je commence à marcher et je te lance un "appelle-moi" par-dessus mon épaule avec un regard ravageur." dit-elle avec un petit rire. "Sauf que je ne sais pas vraiment faire de regard ravageur et je ne suis pas certaine que ça fera l'effet attendu." Plaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille, la jeune femme échangea un regard amusé à Jamie. Elle avait toujours un peu ignoré sa capacité à charmer quelqu’un. Souvent, elle ne s’en rendait même pas compte. Sinon elle ne serait pas accostée aussi régulièrement dès qu’elle se rendait seule dans un bar – elle n’y allait plus ces derniers temps. En guise d’au revoir, la petite blonde s’approcha doucement de Jamie afin de lui déposer un tendre baiser sur sa joue, suivi d’un sourire un brin satisfait avant qu’elle ne tourne les talons pour rejoindre sa voiture.
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