Non, le restaurant où j’avais commandé les pizzas, il n’y avait pas beaucoup d’avantage. C’était simplement les plus proches et certainement l’un des moins chers de la ville. Et vu que je n’en mange pas souvent, je ne suis pas très regardant là-dessus. J’aime bien quand ils m’offrent une bouteille de soda de temps en temps, mais c’est plutôt rare aussi, forcément. Quand je reçois quelques collègues par exemple et qu’on se commande des pizzas. Ce n’était bien sûr pas le même genre de raison qui nous poussait ce soir à en manger. Manger gras et sucré, oui, je veux bien croire que ça puisse faire oublier un tant soit peu nos malheurs. La bonne bouffe a quelque chose de magique. Ma petite sœur me faisait alors remarquer qu’elle n’était pas très soda, et c’était tout en son honneur. Faut dire que déjà nos parents ne nous avait pas habitué à ces boissons gazeuses et nocives, je suppose que ses parents adoptifs avaient du faire de même. C’est pour le mieux. Lui répondais-je. Je crois qu’il me reste un peu de jus d’orange si tu veux. Lui proposais-je alors. L’avantage au moins, on se sera jamais en pénurie d’eau. Enfin, je l’espère ! Oui, parce que l’apocalypse pourrait nous tomber dessus à tout moment, et je n’étais pas franchement prêt à l’idée de devoir boire du sang. Mais trêve de plaisanterie, j’arrivais à lui demander si elle faisait un peu de sport, parce que oui, c’est bon pour la santé et le moral. Seulement ma sœur ne semblait pas être une adepte. Mais tout le monde aime un sport, au moins un sport, c’est bien une chose qui me semble obligée. Alors oui, j’insistais. Et j’avais bien fait, puisque oui, elle semblait apprécier un peu la natation, contrairement au footing. Je me suis mis à rire puis en reprenant un peu mon calme je lui demandais Et qui est cette fameuse Mary-Louise ? Oui, parce que je suis curieux d’en savoir encore plus sur la vie de ma petite sœur qui m’avait tant manqué depuis toutes ces années. Elle m’affirmait alors que même si elle ne faisait pas de sport, elle faisait très attention à ce qu’elle mangeait, et au fond, oui, ça se voyait, sinon ça ferait bien belle lurette qu’elle n’aurait plus sa ligne d’aujourd’hui. Faut savoir se faire plaisir aussi de temps en temps. Parce que se priver tout le temps, ce n’est pas forcément bon non plus, à quoi bon vivre au final si on fait attention à chaque chose qu’on mange ou qu’on fait. Aucune joie de vivre ne peut en sortir. En attendant, Cassie en avait marre de porter toute l’attention et voulais avoir de mes nouvelles, ou plutôt celles de ma fille. Oh, elle se porte comme un charme ! J’ai vraiment de la chance d’avoir une petite fille aussi parfaite. Et ce n’était pas parce que j’étais son père, mais vraiment, la vie de papa est tellement simple avec elle !
Les sodas, non, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé à dire vrai. Du tout. Ca lui arrivait d'en boire un petit verre. De temps à autre. Mais si elle pouvait l'éviter, c'était pas plus mal à dire rai. Ouais. Et pas qu'un peu. Pas que ça la rendait malade. Mais bon. Moins elle en buvait, mieux elle se portait, tout simplement. Ouais. Enzo lui proposa du jus d'orange à la place. "Ouais. J'veux bien." Elle hocha la tête. "C'est meilleur je trouve." Et puis, ça lui rendrait la pêche. Ou pas. Elle avait pas forcément la pêche en ce moment. Non. La faute à sa rupture avec Antoine. Mais elle s'en remettrait. C'était juste une mauvaise passade. En quelque sorte. Ouais. A un moment ou à un autre, elle s'en sortirait. Et elle laisserait cette histoire derrière elle. Elle eut un léger sourire à la remarque de Enzo sur la flotte. Et le fait qu'il n'y aurait jamais de pénurie d'eau. "Ne jamais dire jamais." Non. Parce qu'on ne savait jamais réellement ce qui pouvait se passer. Oh, bien sûr, une pénurie d'eau, c'était quasiment impossible que ça arrive. Mais sait-on jamais comme on le dit si souvent. Quant au sport ... Ouais. Non, le sport et Cassandra, ce n'était pas une grande amour. Et ça ne serait jamais une grande histoire d'amour à dire vrai. Elle était même certaine du contraire à dire vrai. Non. Elle lui avoua, toutefois, qu'elle faisait un peu de natation. Et c'était tout ce qu'elle appréciait. En plus du sport de chambre. Mais bon, ce n'était pas vraiment du sport à dire vrai. "C'est une amie. Qui essaie de m'entraîner à la course à pied mais j'suis un cas désespéré." Elle eut un hochement de la tête. "Donc, on fait plus de ... on fait plus de la natation ensemble." C'était comme ça qu'elles s'étaient rencontrées toutes les deux. Par le biais de la natation. Et c'était plutôt une bonne chose à dire vrai. Et pas qu'un peu. Cassandra ne dirait pas qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis mais ouais. Elle était contente de l'avoir dans les parages à dire vrai. Enfin, elle n'avait pas besoin de faire beaucoup de sport. Non. Elle faisait attention à ce qu'elle mangeait. Et elle ferait toujours attention. Donc, voilà. Enzo lui disait qu'elle devait se faire plaisir. "Comme ce soir." Ouais. Ce soir, elle allait manger des saloperies. Elle ne dirait pas qu'elle en était fière. Mais une fois de temps à autre, ça ne pouvait pas lui faire de mal comme elle le disait si bien, non. Maintenant, Cassandra avait changé de sujet. Ouais. Elle lui avait parlé de ... Et bien, de la petite Zoey. Cherchant à savoir comment elle allait. "Tant mieux alors." Elle eut un hochement de la tête. "C'est bien." C'était même très bien. "Au moins, à cet âge, t'as besoin de la consoler uniquement pour les bobos, non ?"
Il est évident que les jus de fruit ou bien l’eau, étaient bien meilleurs que les sodas. Pas besoin d’être un devin pour le savoir. Même si parfois, certaines choses ne sont pas forcément facile à savoir si elles sont bonnes ou non. Surtout que certains sodas permettent à quelques personnes de digérer plus facilement. Je n’ai jamais eu besoin de le tester, heureusement d’un côté. Mais c’est vrai, la pénurie d’eau est quasi improbable, mais pas impossible non. Il y a bien des tonnes de films d’anticipations qui en parlent, pourquoi serions-nous à l’abri, surtout avec cette dévastation de la nature que l’homme fait subir. Le manque d’eau pourrait très bien nous toucher un jour. Tu as raison. J’espère juste très fort que jamais la Terre ne sera en manque d’eau. Lui expliquais-je en soufflant légèrement, imaginant notre belle Terre bleue sans aucun … bleu. L’horreur absolu. Mais ça ne servait à rien d’y penser, on est loin de l’apocalypse. Du moins, je l’espère. D’un côté cette idée m’horrifie, mais de l’autre, je me demande bien comment serait le monde si tout disparaissait. A part l’eau et la nourriture, si nous revenions à l’ère de nos chers ancêtres qui avait tout à apprendre et à découvrir. Oui, parce que l’ère de la technologie, c’est bien, mais ça va franchement trop loin. Mais peu importe. Le sujet de la bouffe étant cloturer, Cassie me posait des questions sur ma fille. Je me suis mis à rire quand elle me parla des bobos de Zoey Si seulement ! Elle devient aussi capricieuse que sa mère ! Oui, je repensais à Maxyn et à ses petits caprices qui me faisaient craquer à l’époque, qui avait fini par m’agacer quand elle a perdu la vue et à présent, qui me rend horriblement nostalgique. Il était peut-être temps que je raconte toute cette histoire à ma petite sœur.
Cassandra eut un haussement des épaules par rapport à ce que Enzo venait de lui dire. Sur le fait qu'il espérait fortement que jamais, oh combien jamais il n'y ait un souci avec l'eau. Elle eut un hochement de la tête. "J'suis d'accord avec toi. Parce que ça serait un peu emmerdant." Beaucoup même. Et pas qu'un peu. Pourquoi ça arriverait de toute manière ? Elle n'en savait trop rien. Mais elle ne préférait pas vraiment y penser à dire vrai. Du tout. "De toute manière, on n'a pas vraiment de raisons de s'inquiéter à ce propos. Non ?" avait-elle demandé en regardant son frère. Au final, elle était bien, là, avec Enzo. Il n'était pas forcément le type le plus affectif au monde. Pour autant ... pour autant, il était là pour elle. Ouais. Il était là pour lui remonter le moral. Il était là pour papoter un peu avec elle. Et faire qu'elle se sente bien. Elle ne regrettait pas d'être venue mine de rien. Elle ne savait pas réellement à quoi s'attendre avec Enzo en venant lui parler de sa peine de coeur. Mais elle était contente d'être venue. Elle en était même très contente. Elle ne voudrait pas être ailleurs, là, tout de suite. Du tout. Elle eut un léger hochement de la tête tandis qu'il lui parlait de sa fille. Du fait qu'elle était un peu capricieuse. Ce qui fit sourire Cassandra. Ouais. Ca l'amusait un peu. "Elle doit te tester. Ca peut être que ça." Elle eut un hochement de la tête. Cassandra avait rencontré sa petite nièce. A quelques reprises. Mais elles ne se connaissaient pas vraiment toutes les deux. "Ou alors, elle aime bien t'embêter." Elle n'en savait trop rien. Elle ne connaissait pas assez la petite pour juger.
L’idée de ne plus avoir d’eau sur Terre était assez flippant. C’est bien le genre de chose qu’on ne pouvait pas souhaiter. La fin du monde, non, ça fait froid dans le dos. Et à mon humble avis, on est encore loin d’y arriver. Du moins nos petits enfants seront plus à risque de connaître des dégradations bien plus importantes que celles que nous connaissons aujourd’hui. Non je ne pense pas. Répondais-je alors à ma petite sœur qui me demandait si on avait bel et bien pas de quoi s’inquiéter. Après tout, je suis le grand frère, le protecteur, je n’ai pas à lui apprendre ce genre de nouvelle, même si elle était vraie. Je ferais tout pour lui cacher et la préserver au maximum. La panique c’est loin d’être beau à voir. Et faire en sorte de ne pas l’être pour un être aimé, c’est la bonne solution pour y arriver. Cassandra dévia alors la conversation sur ma fille. Chose qui me faisait très plaisir mais qui me rappelait encore que je n’avais pas osé aborder LE sujet délicat avec elle. Je n’avais pas envie qu’elle me tourne le dos pour mes erreurs commises, et en même temps je me devais de le lui dire, parce que la vérité sort toujours. Autant que cela soit par ma bouche. Mais je me suis mis à rire quand elle me disait que ma fille devait m’embêter. J’haussais alors les épaules et je lui répondais Peut-être bien. Même si je lui soupçonne d’avoir des goûts de luxe, comme sa mère. J’eus un instant d’absence. Comme figé dans le temps, me demandant si c’était vraiment le moment. D’ailleurs, en parlant de sa mère … Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que la sonnerie de la porte retentit. C’était les pizzas. Je me relevais rapidement, ayant vraiment la dalle et filais ouvrir à la bouffe. Je donnais un pourboire en plus du paiement au livreur et nous rapportais les pizzas, serviettes et boissons sur la table basse.
Ouais, non, ça irait. Ils ne manqueraient pas d'eau. Jamais. Du moins. Elle ne le pensait pas. Du moins, elle n'était pas devin. Mais bon. Y'avait aucune raison qu'il y ait des pénuries d'eau, non ? Et d'ailleurs, Enzo confirmait. "Et puis, c'est pas l'apocalypse. Pas comme dans the Walking Dead." Non. Donc, ça irait. De ça, elle en était certaine. Elle en était totalement certaine à dire vrai. Ouais. Pour sûr. Cassandra avait changé de sujet. Elle avait envie de ... Et bien, elle avait envie de parler un peu de sa petite nièce. Ouais. Parce qu'elles ne se connaissaient pas beaucoup toutes les deux. Oui, bon, elle avait vu la petite Zoey à quelques reprises. Mais c'était bien tout. Souvent, quand elle passait, Zoey n'était pas là. Non. Et Cassandra n'allait pas se pointer chez Maxyn. Elles n'avaient pas été présentées toutes les deux. Non. Du tout. A un moment ou à un autre, elle pensait que Enzo les présenterait. Ca prendrait peut-être un peu de temps. Mais ce n'était pas bien grave. Elle serait patiente. Tout simplement. Cassandra eut un rire amusé à la remarque de son frère. "Oh, elle est encore petite." Elle eut un hochement de la tête. "J'pense que c'est juste pour te faire tourner un peu en bourrique." Ouais. Elle le pensait. Après, bien sûr, peut-être que Zoey était trop contente de voir son père. Et que ce trop plein d'amour se transformait parfois en ... en autre chose. Enfin, elle n'en savait trop rien. Elle n'était pas mère. Elle ne connaissait pas très bien Maxyn. Elle ne connaissait pas très bien Zoey non plus. Et elle apprenait encore à connaître son frère aussi. C'était quelque chose qui se faisait progressivement. Il allait lui parler quand ... Et bien, quand ls pizza étaient arrivées. Cassandra avait tapé légèrement dans ses mains. "Bien. J'commençais à avoir faim." Elle eut un hochement de la tête. Elle ouvrit sa boîte. Ca sentait bon. Ca sentait très bon. "C'est bien. C'est déjà tout découpé." Ca évitait de prendre un couteau et de se faire mal. Parce qu'après tout, si elle le faisait, elle risquait de se faire mal, justement. Et comme elle était hémophile, ouais, autant éviter de se couper. Pour sûr. "Bon appétit." Elle eut un hochement de la tête avant de la redresser et de regarder Enzo. "Tu voulais me dire quoi ... avant qu'on soit interrompus ?"
Non, c’est évident, on est loin de ‘apocalypse à la Walking Dead, et c’est tant mieux d’un côté. Connaître ce genre de stress doit être horrible. Ne jamais pouvoir manger à sa fin, ou même ne pas savoir si on va manger tout court, ne jamais dormir sur ses deux oreilles, toujours courir et ne jamais être en sécurité. L’horreur. Tout simplement. Heureusement, on ne s’éternisait pas longtemps sur ce sujet puisque ma sœur s’intéressa à ma fille, pour savoir comment elle allait. Bien sûr, elle est petite et ne comprend pas toutes les notions d’une grande personne, elle finira bien par les apprendre. Mais j’avais parlé de sa mère, et j’avais le besoin d’expliquer à ma petite sœur ce qu’il s’était passé entre nous. Parce qu’il y a des chances pour qu’à la prochaine réunion de famille, que Maxyn soit présente. Jusqu’alors ça ne s’est pas fait, mais on n’est à l’abri de rien. Non pas que je n’ai pas envie de la présenter, mais disons qu’il n’y a pas vraiment de raison. Même si je tiens toujours à mon ex et que je m’en voudrais à vie pour l’avoir abandonné. Sauf que je n’eus pas le temps de m’étendre sur le sujet puisque les pizzas arrivèrent. Je n’étais pas non plus très pressé de lui raconter ma grande connerie. Je nous les servais donc et on commençait à manger, tel des morfales. Sauf que Cassie n’avait pas perdu le nord. Je m’en doutais en même temps. J’avalais une bouchée de ma pizza avant de commencer Hum, oui, je voulais te parler de Maxyn. Notre histoire est compliquée, mais j’ai merdé avec elle et avec Zoey aussi. Je les ai abandonné il y a deux ans, prétextant vouloir retourner en Irlande pour trouver davantage d’info pour te retrouver. Bien sûr, c’est ce que j’ai fait, mais je voulais fuir, fuir cette vie que j’avais avec elles. Et j’en ai toujours honte à l’heure d’aujourd’hui. Lui expliquais-je alors, préférant attendre sa première réaction avant de lui raconter dans les détails, si toutefois ça l’intéressait.
Cassandra avait porté une première part de pizza à sa bouche. Elle avait croché et elle avait commencé à mâcher. Ouais. La pizza était plutôt bonne. Elle était plutôt goûteuse. Agréable en bouche. C'était pas ce qu'elle mangeait le plus souvent. Peut-être qu'elle manquait quelque chose de ne pas manger autant de saloperies que cela mais bon. Ouais. Peut-être qu'elle devrait ... s'accorder, de temps à autre, un petit moment avec de la malbouffe. Pourquoi pas après tout ? C'était son corps. A elle de voir si elle voulait se nourir avec des cochonneries de temps à autre. Enfin. Elle avait posé une question à Enzo. Elle cherchait à savoir ... Elle voulait savoir ce qu'il voulait lui dire. Un peu plus tôt. Avant qu'on ne sonne à la porte et qu'il ne se lève pour ... chercher les pizza. Après tout, il avait commencé et il n'avait pas terminé. Il était donc normal qu'elle cherche à en savoir plus. Il en vint à lui dire qu'il voulait parler de Maxyn. Elle eut un hochement de la tête et elle prit son verre afin de boire un peu. "Et donc ? Que voulais-tu me dire ?" Sans doute que c'était important. Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Son frère débuta son histoire. Sur le fait que ... Qu'il avait carrément merdé. Il les avait abandonnées. Sa fille. Maxyn. "Oh ..." Ouais. Oh. C'était ... agréable de savoir que ... qu'il était parti pour la rechercher. Elle. Seulement, c'était ... disons qu'elle était partagée entre le fait qu'il ait fait le déplacement pour la chercher et le fait que ... qu'il avait mis en péril son couple. "Et tu ... J'veux dire ..." Elle ne savait pas trop quoi dire à dire vrai. Du tout. "Maxyn ... Elle le sait ?" lui demanda-t-elle. Parce qu'après tout, ouais, c'était normal. Normal qu'il en parle d'abord à Maxyn. Et non pas avec elle. Enfin, c'était peut-être une discussion qu'il avait déjà eu avec Maxyn. Va savoir.
Parler de cette histoire me mettra toujours très mal à l’aise. Ce sera à jamais le pire des regrets et remords cumulés que je pourrais faire, j’en suis persuadé. J’avais donc voulu commencer à raconter cette triste histoire à ma sœur quand les pizzas étaient arrivées. On avait même pris le temps de commencer à manger avant que Cassie ne revienne sur le sujet qui l’intéressait. J’aurais voulu l’éviter d’un côté, mais d’un autre sens, elle se devait de connaître mon histoire et celle de sa nièce. Sait-on jamais ce qu’il pourrait se dire. Au moins, malgré mon cœur lourd de remords, je me sentirais léger face à ma sœur. Sa réaction était assez sobre, et ça me rassurait oui. Elle aurait pu s’énerver contre moi, m’en vouloir, me faire la morale, ou je ne sais quoi. Mais vu nos récentes retrouvailles, je me doutais bien que même si elle en avait envie, elle n’aurait pas osé. Elle avait d’ailleurs à trouver ses mots pour une simple question. J’avalais un bout de la pizza avant de lui répondre Je ne sais même plus ce que je lui ai dit exactement, mais oui, il me semble que oui. Je suis parti tel un voleur, je lui ai simplement dit que je ne pouvais plus vivre cette vie. Je lui ai raconté ces détails quand je suis revenu quelques mois après. Mais le mal était fait. Lui expliquais-je alors. Parce que oui, peu importe les excuses, je n’aurais pas du la quitter. Même si j’ai enfin pu me ressourcer et me retrouver en Irlande. Certains accidents de la vie peuvent vraiment tuer un couple, et je pensais qu’on était fort à l’époque, assez amoureux pour tout surmonter. Je lui avais même demandé sa main. Pour au final m’écrouler comme une grosse merde. Mais aujourd’hui, je fais tout pour me racheter, surtout auprès de Zoey. Continuais-je de lui dire. Oui, je voulais devenir le meilleur des papas et pour l’instant, je me sentais vraiment bien dans ma vie. Même si l’amour me manque quand même un peu. Dire qu’avant Maxyn je m’en foutais royalement. Aujourd’hui, j’en serais presque accroc.
Son frère ... ce héros. Elle l'avait toujours idéalisé. Pas forcément à tord. Mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'il ... à ce qu'il plaque tout. Ou presque tout. Pour elle. Ouais. Il s'était envolé à l'autre bout du monde, si on pouvait dire ça ainsi. Pour la retrouver. Pour savoir où elle était. Pour savoir si elle allait bien. Et des petites choses dans le genre. Oui. Il avait délaissé sa famille. Il avait délaissé ses proches. Pour elle. Bien sûr, ça la touchait. Mais ça la peinait également. Dans le sens où ... Et bien, il avait sacrifié ce bonheur pour elle. Et ça faisait réfléchir. Et pas qu'un peu à dire vrai. Dans le sens où ... Et bien, oui, c'était pas rien mine de rien. Est-ce qu'elle en était ravie ? Est-ce qu'elle était contente de tout cela ? De l'apprendre ? Elle ne savait pas. Mais il était clair que ça ne la laissait pas indifférente de savoir que ... et bien, qu'elle était importante pour son frère. Alors, elle avait arrêté de manger. Dans l'immédiat. Pour l'écouter parler. Non, il n'avait pas parole d'évangile. Mais c'était mieux ... Si jamais elle voulait des précisions ou des choses dans le genre. Enzo était parti sans pour autant ... tout lui dévoiler au départ. Il était parti sans lui donner tous les détails. "Et ... Tu l'aimes toujours ?" osa lui demander Cassandra. Pas que ça changerait sa vision de le voir. Mais peut-être qu'il l'aimait toujours. Peut-être qu'il tenait toujours à elle. Peut-être que ... Cassandra ne savait pas. Mais voilà. Elle ne savait pas si un avenir était toujours possible entre Enzo et Maxyn. [color=cornflowerblue]"Si on te laissait le choix, tu retournerais avec elle ? C'était une question comme une autre. Mais oui. Elle était curieuse de savoir ce qu'il ferait si ... si on lui laissait le choix. Si on lui laissait l'occasion de faire ce qu'il voulait.
Parler de Maxyn avec ma plus jeune sœur me procurait une sensation étrange. Comme du déjà vu. Sauf que la réaction de Cassie était bien différente de celle de Mina. Parce que Mina était attachée à Maxyn et c’était elle qui était restée auprès d’elle quand j’étais parti en Irlande à la recherche d’information sur Cassie. Et surtout pour fuir mon couple, oui c’est une évidence. Malgré les quelques années qui étaient passées, je me sentais toujours honteux et pourtant j’arrivais à en parler. Les secrets, j’avais arrêté, ça n’avait fait que me pourrir davantage. Et j’étais tellement heureux d’avoir enfin pu renouer contact avec ma petite sœur que je ne voulais pas qu’une de mes conneries noircisse le tableau. C’est alors qu’elle me posa la question sur laquelle je ne m’étais jamais penché depuis que j’étais revenu d’Irlande. Je réfléchissais un quart de seconde avant de lui répondre Je tiendrais toujours à elle, c’est évident. On a passé quatre ans ensemble, et je l’ai vraiment aimé. Je n’arriverais pas à oublier ces années passées ensemble. Lui expliquais-je alors. Même si je sais qu’entre elle et moi c’est fichu, tout s’est cassé, même si elle a pu retrouver la vue, et qu’on s’aimera toujours un minimum, notre flamme s’est éteinte, je m’en suis rendu compte lorsque nous avons couché ensemble il y a presque trois ans quand je suis revenu d’Irlande. Et c’est comme si ma réponse avait enclenché sur la deuxième question de ma sœur. J’ai du légèrement rosir au niveau des joues puisque c’était de nouveau une question à laquelle je n’y avais jamais pensé. Comme si c’était une évidence pour moi. Mais alors qu’elle me posait cette question, je me suis mis à réfléchir. Bien plus que je n’aurais pu le penser. Ce n’est pas une question de choix. Quelque chose s’est brisée entre nous. Et parfois je me dis qu’on a encore des choses à régler. Mais je ne pense pas que ça soit une si bonne idée. Je continuais de manger ma pizza, totalement perdu dans mes pensées.
Elle ne connaissait pas bien la vie sentimentale de son frère. Au final, Cassie, à la base, elle était venue pour parler d'elle. Du fait qu'elle était triste. Amère. Qu'elle avait un peu de mal depuis que son copain était parti, sans rien dire. Pour autant, elle aimait la tournure de cette conversation. Parce que ça lui permettait d'en apprendre un peu plus sur son frère. Cet homme qui avait tout plaqué pour tenter de la retrouver alors qu'elle n'était clairement pas en Irlande. Cet homme qui avait traversé un océan alors qu'ils n'étaient plus que des inconnus, si on pouvait dire ça ainsi puisqu'ils avaient été séparés jeunes. Oui. Elle appréciait ... Elle appréciait fortement. Ce que Cassandra aimait moins, c'était le fait de savoir qu'il était parti. Comme un voleur. Et que ça avait nui à sa relation avec Maxyn. C'était moche. C'était très moche. Elle ne pourrait sans doute pas faire grand chose pour arranger les choses entre elle et lui. Peut-être aller rencontrer la fameuse Maxyn. Elle n'en savait rien. Elle pouvait peut-être faire ça pour lui. Aller la voir. La brune ne savait pas encore. Elle verrait bien. Enzo avait eu un moment de réflexion en pensant à Maxyn. Il tenait à elle. Il l'avait aimé. Et il n'oublierait jamais ce qu'il avait vécu avec elle. C'était pas vraiment la question qu'elle lui avait posé. Il n'avait pas vraiment répondu. Mais peut-être parce qu'il était perdu lui-même dans ses sentiments. Alors, cherchant à en savoir plus, elle avait posé une autre question. Il avait rougi un peu. Beaucoup même. Cassandra avait le chic pour poser les questions qu'il fallait, si on pouvait dire ça ainsi. "Ca me regarde sans doute pas ... Mais ... Tu penses ... Que ça serait pas bien que vous mettiez les choses à plat tous les deux ? Une bonne fois pour toi ?" Elle pencha la tête sur le côté. "Même si Antoine m'a fait souffrir en partant, tu sais, si j'avais l'occasion d'avoir une discussion à coeur ouvert avec lui, je saisirais cette chance. Même si c'est une conversation qui ne finit pas bien." Elle avait regardé son frangin. "Après, tu sais sans doute ce qui est bon pour toi et ce qui ne l'est pas mais bon." C'était à lui de voir, en quelque sorte. A lui de voir s'il voulait arranger les choses avec Maxyn ou bien s'il laissait tout ça ainsi.
Une nouvelle relation avec Maxyn, je n’étais pas sûr que cela puisse vraiment se faire. Après tout, notre histoire s’était tellement mal terminé qu’on avait eu des séquelles autant l’un que l’autre. Peut-être qu’en repartant sur de bonnes bases, oui, ça pourrait éventuellement le faire, mais le piège que tout se déroule de nouveau de la même façon, oui, j’en avais peur et je n’étais clairement pas rassuré. Mais une chose est sûre, notre histoire mériterait de vraiment se terminer. C’est comme si on avait laissé le film en suspens, comme si on attendait de vraiment savoir la fin. Enfin, je parle pour moi bien évidemment. Je ne sais pas si c’est vraiment ce que ressens mon ex. Après tout, les peu de fois où on se voit, c’est seulement pour prendre ou récupérer la garde de Zoey, rien de plus. Du moins le moment … Cassie sentait en quelque sorte ma retenue, le fait que je ne me sente pas totalement à l’aise face à cette relation et me demandait si on ne devait pas parler de tout ça ensemble On s’est déjà expliqué. Mais je crois qu’il manque encore quelque chose, des sortes de non dit, je ne saurais dire. Mais oui, peut-être qu’un jour, il nous faudra en passer par là. Et peut-être plus vite que je ne puisse l’imaginer. Mais c’est vrai que partir sans explications, sans en donner aucune, c’est terrible, et c’est ce que j’avais fait, même si j’avais fini par tout expliquer à Maxyn, c’est exactement ce que vivait ma petite sœur, et je me sentais encore plus coupable. Alors que ce n’était pas moi qui étais parti comme un voleur Je suis sûr qu’il cachait quelque chose ce type. Je n’ai pas su découvrir quoi, mais ce n’est pas plus mal qui soit parti. Ouais, je n’ai jamais réussi à accrocher avec ce type, je ne le sentais pas. Comme si je sentais qu’il allait faire défaut à ma sœur un jour ou l’autre. Même si j’avais bien ressenti qu’il était vraiment sous son charme. Parfois, ça ne suffit pas malheureusement. Mais j’étais persuadé que ma sœur saura remonter cette pente sans peine.
Cassandra ne voulait pas se mêler des histoires de coeur de son frère. Non. Sa relation avec Maxyn, et bien, voilà, c'était comme ça. Et pas autrement. Ouais. Et pas qu'un peu. C'était son histoire. Pas la sienne. Et la jeune brune n'avait pas forcément envie de ... Et bien, elle n'avait pas forcément envie de ... de le faire. De se mêler de choses qui ne la regardaient pas et envenimer les choses entre son frère et son ex belle-soeur. Est-ce qu'au fond elle espérait qu'ils se remettent ensemble ? Peut-être bien. Ouais. C'était possible après tout. Enfin. A voir. Enzo semblait prendre conscience que son histoire avec Maxyn n'était pas terminée. Pas vraiment. Ils avaient encore besoin de parler de se voir. "Mettre les cartes sur table une bonne fois pour toute. Histoire que tu puisses avancer. Et elle aussi." Elle eut un hochement de la tête. "C'est pas simple. C'est pas drôle. J'en conviens. Mais faut ... passer par là." Ouais. Elle avait porté son verre à ses lèvres pour boire un peu. Parce que ça faisait un peu soif après tout. Et pas qu'un peu. Ouais. Elle avait besoin de boire un petit canon. Ouais. Parce qu'elle parlait. Elle parlait beaucoup. Peut-être un peu moins que son frère. Mais elle parlait beaucoup. C'était certain. Et elle ne mangeait pas vraiment. Cassandra avait carrément délaissé sa pizza. Pour le moment. Faudrait qu'elle la mange à un moment ou à un autre, c'était certain. Mais elle n'était pas vraiment pressée. Elle fut piquée un peu au vif, mais n'en dit rien, quand Enzo lui dit que c'était une bonne chose que Antoine soit parti. Elle avait eu un léger pincement au coeur. C'était pas ... Comment dire ... C'était dur quand même. Elle y pensait toujours. Bien malheureusement. Bien sûr, elle aimerait ... Elle aimerait tant pouvoir oublier tout ça. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. En tout cas, elle n'avait rien répondu à ce sujet. Non. Elle s'était contentée de ... et bien, elle s'était contentée de manger un bout de sa pizza. Tout simplement. Sans doute qu'Enzo remarquerait tout seul que ... qu'il y avait un léger blanc mais bon. C'était pas vraiment des choses à lui dire. Même si Cassandra avait compris dès le départ que Antoine et Enzo ne serait jamais des potes, pour sûr.
Pourtant, quand j’étais parti d’ici il y a un peu moins de trois ans, j’étais persuadé que tout était fini entre Maxyn et moi, qu’on n’aurait plus jamais rien à se dire. Même quand je suis revenu, je pensais seulement à Zoey. Je la snobais peut être un peu trop, et ce n’était pas la bonne chose à faire. Mais je l’avais fait. C’était trop tard. Aujourd’hui, j’avais pris du recul par rapport à toute cette histoire. J’avais tout de même pris le temps de tout lui expliquer quand j’étais revenu d’Irlande. Mais pas plus. Nos problèmes de couple n’avaient pas été remis sur le tapis. J’ai tellement été choqué aussi de la voir me regarder, de la voir avec ce si beau regard qui était si triste. Je crois bien que je ne m’en remettrais jamais de ce regard. Si accusateur et si malheureux à la fois. Mais pour autant, j’avais tout fait pour l’éviter. Je me sentais tellement coupable à l’époque, il avait fallu que je me rachète un tant soit peu auprès d’elles avant de songer à de meilleurs explications. Et ma petite sœur semblait d’accord avec moi. Elle allait vraiment dans mon sens et ça me faisait plaisir. Même si en soit, je voyais bien qu’elle ne se sentait pas bien par rapport à sa rupture. Et je pensais vraiment bien faire en le critiquant, mais finalement non. Il avait fallu que je fasse une gaffe débile. Mes mots avaient dépassés ma pensée. Mais ça me rendait hargneux à l’idée qu’elle ait souffert encore une fois à cause d’un pauvre type. La première fois c’était à cause d’une mère incompétente et bien trop fragile. Elle était silencieuse. Par ma faute. Alors forcément la meilleure chose à faire était au moins m’excuser Je suis désolée Cassandra. Mes paroles étaient de trop, je m’en rends compte. J’aurais vraiment voulu qu’il me prouve que j’avais tort … J’espère que ces paroles la réconforteront déjà un peu. Mais c’est bien ce qui m’échappe le plus dans une relation. Les mots à dire.