Et alors qu’elle pensait pouvoir pousser encore un peu plus loin la jeune femme, pour voir jusque où elle était capable de lui répondre, le téléphone de cette dernière se mit à sonner. Debra leva les yeux au ciel - elle n’était même pas capable de mettre son téléphone sur silencieux. « Théo ça va ? Quelque chose est arrivé à Oliver ? » Alors, Debra se figea sur place. D’accord, des Théo, il devait y en avoir des mille et des cent à Brisbane. Alors, la première phrase prononcée par la jeune femme ne l’avait pas interpellé. En revanche, que les deux prénoms Théo et Oliver soient associés dans la même phrase, ce n’était pas anodin, ce n’était pas commun. Alors, même si la jeune femme tentait d’être le plus discrète possible pour ne pas gêné le cours, en tendant légèrement l’oreille, Debra pouvait continuer d’entendre le reste de la conversation - côté Penelope. « Je viendrais diner avec plaisir. 20h, ce soir. Je ramènerais le dessert Perry. » Debra leva alors d’autant plus les yeux au ciel, soupirant comme jamais, venant poser sa tête entre ses mains. Bien sur, il fallait qu’elle supporte la minette pendant ce cours dérisoire et que cette dernière soit amie avec Théodora - et qu’elle l’invite à diner. Elle allait donc devoir la supporter chez elle - ou chez les Hazard-Perry, c’était pareil - pour la soirée. Parce-que les trois noms qu’étaient Théo, Oliver et Perry dans la même conversation, Debra avait assez de neurones pour comprendre le rapprochement. Finalement, Penelope fit le tour de Debra - toujours en train de déprimer, car même si elle s’amusait à faire chier la jeune femme, elle ne voulait pas avoir à se la coltiner plus longtemps que nécessaire - pour prendre le sel et reprendre la parole. « Tu sais, j’ai essayé d’être sympathique avec toi. Si tu n’en avais juste pas envie il fallait simplement le dire. J’aurais compris, je suis pas idiote. Je te demande juste de ne pas me juger. J’ai peut-être l’air d’une minette ou d’une petite fillette mais tu ne me connais pas. Je te remercie pour ta compréhension. » Debra, levant pour une énième fois les yeux au ciel, vint faire un signe de cause toujours avec sa main avant de s’atteler à sa recette. Elle voulait en avoir fini le plus rapidement possible avec cette histoire de cours de cuisine, rentrer et demander des explications à Théo sur le pourquoi du comment elle était amie avec elle.

Le chef se baladait autour des tables à la recherche des meilleurs plats en préparation. A vrai dire, il était surtout impatient de pouvoir montrer son talent de chef et critiquer les autres à tout vas. Du moins c’est l’impression qu’il donnait. Penelope lui lançait quelques regards discrets avant de reprendre sa préparation. Son plat sentait plutôt bon et il n’avait pas l’air d’être rater. Une heure et demi est passée depuis sa dernière phrase avec Debra. Le chef Webber arrivait à la dernière table du fond, celle des deux demoiselles. Il se plaça derrière eux, les regardant avec des petits « hum hum » Penelope ne se sentait pas très à l’aise à vrai dire. Elle ne savait pas si elle faisait bien mais à vrai dire, elle s’en fichait un peu. Elle était juste venue pour faire plaisir à son père et rien d’autre. « Mesdames. lançait le chef avant de se poser entre les deux demoiselles. Afin de réussir un bœuf bourguignon parfait il y a quelques éléments indispensables. Etrangement, Penelope se sentit observé par tous les autres élèves présent, comme si elle et Debra étaient les seules personnes présentes dans la pièce. Premièrement, il faut que la cuisson soit douce. Pour cela, il faut mettre le feu au plus bas, tout doucement. Il posa ses mains sur les deux boutons et baissait le gaz doucement. Enfin, il faut d’abord faire cuire la viande puis rajouter les légumes doucement. N’oubliez pas de faire cela dans cet ordre. Sinon votre recette sera rater et ce n’est pas ce qu’on veut non ? » Penelope ne dit rien et se contenta de reprendre sa recette là où elle l’avait laissée avant que l’on vienne l’interrompre. Attrapant la salière, elle en remit un peu dans son plat avant de faire du même avec le poivre, elle mélangea un peu son plat et sentit une fumée se rependre sur son visage, on se croirait dans un sauna. Penelope n’avait qu’une envie que le cours se termine et qu’elle puisse aller retrouver son amie Théodora. La brunette lança un regard sur l’horloge. Son plat devait encore cuire pendant trente minutes.

Les deux jeunes femmes finirent, aussi étonnant que ça puisse paraitre, de s’adresser la parole pour se concentrer sur ce que le chef leur expliquait sur la recette. Pour tenter de réussir au mieux leur exercice - surement la fierté qui était toujours en place, après tout ce n’était pas bien mieux que le jeu des hommes à savoir qui avait la plus grosse; mais Debra avait toujours aimé joué à ça. Finalement, le chef fit le tour de la salle pour voir les créations du jour. Debra ne jetait qu’un oeil à peine attentif à la sienne mais elle savait rien qu’à l’odeur qu’elle était plutôt bien partie, alors elle ne s’inquiétait pas vraiment. « Mesdames. Afin de réussir un bœuf bourguignon parfait il y a quelques éléments indispensables. Premièrement, il faut que la cuisson soit douce. Pour cela, il faut mettre le feu au plus bas, tout doucement. Enfin, il faut d’abord faire cuire la viande puis rajouter les légumes doucement. N’oubliez pas de faire cela dans cet ordre. Sinon votre recette sera ratée et ce n’est pas ce qu’on veut non ? » Debra lui fit un sourire faux, hochant la tête, faisant semblant qu’elle pouvait ses paroles. En général, dans ce genre de situation ça marchait plutôt bien. Et puis, ça lui permettait d’avoir des conseils à rajouter dans son pseudo-article - mais avec le peu de choses qu’elle avait appris aujourd’hui, il était fort probable qu’elle doive se retaper un cours ou quelque-chose qui s’y rapportait incessamment sous peu. Non, pour l’instant son plus gros problème c’était qu’elle savait d’avance qu’elle allait devoir supporter Penelope une soirée de plus que prévu. Pas qu’elle devait être réellement méchante, mais en règle générale, une fois que la jeune irlandaise avait pris quelqu’un en grippe, elle ne s’arrêtait pas en cours de chemin et s’en fichait grandement de savoir si ses propos étaient fondés ou non. Elle en connaissait une - et un part derrière d’ailleurs - qui allait lui passer un savon. Mais elle s’en fichait. Et alors que le chef annonçait la fin du cours, et un moment d’échappatoire pour ceux qui ne souhaitaient pas rester pour la suite, Debra finit par se lever de sa paillasse avant de faire un petit sourire crispé envers Penelope. « En espérant que tu réussisses à sauver les sdf et non pas à les tuer en leur donnant ça à manger. Aller, on va se revoir, j’en suis sûre. » Lui dire directement que ça allait se passer dans la soirée aurait été abusé, alors elle préféra partir avant qu’elle ne lui demande son reste.