Une petite heure ou deux au spa. Tu avais bien mérité ça non ? En tout cas, mérité ou pas c’est ce que tu avais prévu après ta pause déjeuner. Tu avais bien des dossiers qui t’attendaient mais ils allaient patienter jusqu’à ce soir où tu travailleras un peu plus tard chez toi. Le spa est un endroit que tu fréquentes assez régulièrement, tu as pris un abonnement de manière à pouvoir y aller quand bon te semble en fonction de ton emploi du temps et surtout au dernier moment parce que tu planifies rarement ce genre de sortie. Une fois quelques sushis dans le ventre, tu te diriges donc vers l’entrée du spa. Tu n’as réservé aucun soin en particulier, tu verras bien ce qui est libre et sinon tu profiteras de la piscine et du jacuzzi ce qui est déjà pas mal. Si tu pouvais arriver à caser un petit massage du dos cela ne serait pas de refus cependant, tu peux sentir le stress qui monte à l’approche d’une audience qui peut aussi bien tourner qu’aussi mal tourner. Tu ne tardes pas à te diriger aux vestiaires où tu enfiles ton maillot de bain. Tu enfiles aussi tes tongs et tu attrapes ta serviette avant d’attacher tes cheveux en queue de cheval. Tu te diriges ensuite vers la piscine où tu es bien décidée à te relaxer un peu. Tu amènes toujours un livre avec toi si jamais, c’est un des rares moments où tu as le temps de lire pour le plaisir. Alors que tu vas t’installer sur un fauteuil, ton regard se pose sur un visage que tu es certaine d’avoir vu quelque part et pourtant tu es à peu près sûre de ne jamais avoir croisé la demoiselle. C’est étrange cette sensation. Vous pensez connaître quelqu’un et puis finalement non. Alors que tu vas te baigner, tu ne peux t’empêcher de jeter un coup d’œil à ce visage avant de te demander sur qui tu avais vu ces traits. C’est alors que tu fermes les yeux dans le jacuzzi que la réponse te vient. Gauthier Hazard-Perry ! Voilà où tu avais vu ces traits. Le puzzle commence soudainement à prendre forme et tu comprends que tu es face à Théodora. Tu te souviens d’elle enfant, elle a clairement bien grandi aujourd’hui mais tu le savais, Gauthier t’en avait parlé. Tu décides de sortir du jacuzzi et d’approcher la demoiselle. « Excusez-moi, est-ce que vous êtes Théodora Hazard-Perry ? » Elle allait certainement se demander ce que tu lui voulais mais c’était plus fort que toi, tu n’avais pu te retenir.

Pour son anniversaire, quelques amies de la fac avait décidé d’offrir à Théo un accès au spa de la ville. Un cadeau bien mérité selon les demoiselles. Un cadeau dont elle n’avait pas encore pris la peine de profiter. En se levant ce matin là, la jeune femme avait décidé de s’y rendre sur le temps de la pause déjeuner. Elle espérait qu’il y aurait moins de monde à cette période de la journée, elle pourrait ainsi en profiter pleinement avant de devoir se rendre à la fac en fin de journée. Les cours lui prenaient énormément de temps et d’énergie, mais elle adorait ce qu’elle faisait alors elle ne rechignent jamais réellement. A côté de cela, il fallait qu’elle s’occupe aussi de son fils et même si à ce niveau là elle était pas mal aidée par ses grands frères, elle refusait d’être de ces mères qui délèguent leur enfant dès qu’elles en ont assez. Non, Théo se devait d’être présente pour son fils, il était tout bonnement hors de question qu’il grandisse comme elle, sans l’amour de ses parents. Sans compter que le petit ne connaissait pas son père, alors elle se devait de remplir son rôle à la perfection. En parlant du père… il fallait qu’Emre soit en ville… heureusement, il était plutôt discret depuis leur dernière rencontre, mais malgré tout, elle restait aux aguets, ne sachant pas exactement à quoi s’attendre de la part de son ex petit-ami. Gauthier lui avait conseillé de prendre un avocat pour empêcher le jeune homme d’approcher Oliver, mais ça semblait trop radical pour Théo. Depuis leur dernière conversation avec Emre, elle ne savait plus sur quel pied danser. Elle n’avait pas envie d’avoir à ramasser son fils à la petite cuillère s’il fallait que ça se passe mal avec son père mais à côté de cela, elle n’avait pas envie qu’un jour Oliver lui reproche de l’avoir empêcher de rencontrer son père. La situation était compliquée et elle avait véritablement besoin de se changer les idées. Le spa serait l’endroit idéal, elle en était certaine.

Arrivée sur place, Théo passa rapidement par les cabines pour se changer avant d’aller faire quelques longueurs dans la piscine du centre. Commencer doucement en nageant un peu était l’idéal. Théo adorait se retrouver dans l’eau, puis elle alla ensuite s’installer dans un transat. Elle ne savait pas encore vraiment par quoi elle allait passer ensuite et le simple fait de pouvoir simplement se poser sans n’avoir rien à faire était plaisant. Les yeux fermées, elle profitait simplement de l’ambiance du centre. « Excusez-moi, est-ce que vous êtes Théodora Hazard-Perry ? » Surprise, Théo se redressa légèrement dans son siège pour observer la jeune femme qui venait de l’aborder. « Euh oui, c’est ça… » répondit-elle sans parvenir à cacher son scepticisme. « On se connaît ? » Ce qui était sûre c’est que vu la tenue de la jeune femme, elle ne faisait pas partie du personnel et elle n’avait donc pas de message à lui délivrer suivant un coup de fil qui aurait pu être passer au centre. Le problème était que le visage de la jolie brune ne lui disait absolument rien…

Tu n’avais pas réellement prévu de retrouver qui que ce soit de connu dans ce spa, juste de prendre quelques heures loin des tribunaux, loin des dossiers qui t’attendaient, juste quelques heures pour toi quand tu pouvais en profiter. Mais quand ta curiosité gagnait la partie, tu ne pouvais rien faire contre elle malheureusement. La dernière fois que tu avais vu Théodora elle devait avoir quatre ans, tout au plus. Elle ne devait avoir aucun souvenir de toi ce qui était tout à fait normal. Mais tu te souvenais de cette petite tête qui était toujours par là quand tu étais chez Gauthier, Gauthier à qui elle vouait un culte étant enfant. Quand il était venu te voir dans ton cabinet, tu avais bien compris que ce lien fraternel n’avait fait que se renforcer au fil des années et tu étais ravie pour eux. Les Hazard-Perry avaient eu plus de chance que toi. Ils avaient réussi à construire une fratrie soudée, fratrie que tu leur envieras certainement longtemps. Toi, ta fratrie n’a fait qu’éclater un peu plus lorsque vous êtes arrivés à New York. Et les années n’ont pas arrangé les choses. Aujourd’hui vous vivez tous à Brisbane, c’était un choix d’aller retrouver ton frère mais à quoi bon ? Pour au final comprendre que tu étais peut-être de trop ? Tu soupires intérieurement, tu ne sais même pas si tu peux vous appeler une fratrie. Vous êtes des individus partageant des gênes communs qui se voient de temps en temps et qui ont oublié d’apprendre à se connaître. Tu te bats depuis des années pour changer cela mais tu as l’impression plus le temps passe que tu brasses de l’air. Il te faut donc absolument savoir si la jolie brune qui profite de son après-midi sur un transat est bien celle que tu penses. Ce serait une belle coïncidence … Tu décides de ne pas trop hésiter et d’aller lui poser ta question. C’est sans grande surprise que la jeune femme te regarde avec de grand yeux se demandant certainement ce que tu lui veux. « Euh oui, c’est ça… On se connaît ? » Tu lui fais un grand sourire. Tu avais raison ! C’était bien Théodora que tu avais devant toi ! Elle avait bien grandi c’est certain mais en même temps, elle est maman d’un petit garçon de quatre ans donc c’est compréhensible. « Milena Grimes. » Lui dis-tu pour te présenter. « On se connaissait il y a très longtemps. Gauthier et moi on a grandi ensemble quand j’habitais à Londres. Nous étions les meilleurs amis du monde mais j’ai déménagé à New York quand tu avais quatre ans. » Lui dis-tu pour lui expliquer pourquoi elle n’avait aucun souvenir de toi. « J’ai recroisé Gauthier il y a quelques semaines, c’était drôle de se revoir après tant d’années. » Et agréable aussi.

Théodora était venue au spa pour passer un bon moment et se détendre durant un instant avant de retourner à sa vie active qui défilait à du trois-cents à l’heure. Tout allait définitivement trop vite dans sa vie ces derniers temps et se déconnecter lui ferait probablement le plus grand bien. Même si clairement, à se retrouver là, allongée sur un transat en n’ayant rien d’autre à faire que de penser à elle… Ses pensées ne pouvaient que vagabonder vers des terrains moins agréables. Cependant, elle n’eut pas vraiment le temps de s’attarder sur tout cela qu’une jeune femme l’accosta, l’interpellant par son patronyme entier. Cela faisait des années que ce n’était plus arrivé. Depuis qu’elle avait quitté Londres, le nom des Hazard-Perry n’avait plus forcément la même réputation. Bien qu’avec Gauthier, être totalement anonyme n’était pas forcément ce qu’il y avait de plus évident. « Milena Grimes. » La jeune femme se présenta à son tour, mais malheureusement son nom ne lui disait rien de plus que son visage. L’incompréhension dut probablement se lire sur le visage de la jeune femme puisque la jolie brune ajouta rapidement. « On se connaissait il y a très longtemps. Gauthier et moi on a grandi ensemble quand j’habitais à Londres. Nous étions les meilleurs amis du monde mais j’ai déménagé à New York quand tu avais quatre ans. » Théodora se redressa un peu plus sur son siège, un nouveau sourire prenant place alors sur ses lèvres à l’évocation de son frère aîné. « Oh désolée ! J’aurai été bien incapable de vous reconnaître. » lança-t-elle dans un sourire gêné, tout en hésitant sur le fait qu’elle doive la tutoyer ou la vouvoyer. Les bonnes manières l’auraient forcées à utiliser le vouvoiement, mais après tout, elles se connaissaient indirectement et la jeune femme l’avait elle-même tutoyer. Mais non, les bonnes manières reprenaient le dessus. « J’ai recroisé Gauthier il y a quelques semaines, c’était drôle de se revoir après tant d’années. » « Effectivement, c’est assez drôle ! Surtout dans de telles circonstances. » répondit-elle en souriant largement. La situation était plutôt cocasse. Se retrouver ainsi en Australie alors qu’ils ne s’étaient visiblement plus vu depuis des années puisque la jeune femme était partie vivre sur New-York. « New-York, c’est ça ? Ça fait longtemps que vous êtes en ville ? »

En fait, tu ‘n’avais pas vraiment pensé à ce que tu allais dire à Théodora une fois que tu l’aurais interpelée si c’était réellement elle. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te reconnaisse, elle était bien trop jeune quand tu étais partie de Londres pour avoir un quelconque souvenir de toi et puis tu n’étais pas revenue assez souvent dans les années qui ont suivi pour continuer à avoir des relations avec les Hazard-Perry. Gauthier et toi vous aviez fini par ne plus vous écrire, par manque de temps, de choses vécues en commun, tu ne te souviens plus très bien. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Vous vous étiez fait des promesses d’enfants mais vous aviez bien grandi depuis cela était sûr et certain. Revoir Gauthier à Brisbane avait été une excellente surprise pour toi même si à la base il n’était venu te voir que pour un conseil juridique. Et le fait que Théodora n’ait pas reconnu ton prénom te faisait comprendre que Gauthier n’avait nullement parlé à sa sœur de cette visite. Cela t’inquiétait sans t’inquiéter mais tu avais insisté auprès de Gauthier en lui expliquant que toute action judiciaire devrait être engagée par sa sœur ou qu’elle devrait être pour sinon aucune cours de justice ne le prendrait au sérieux. C’était elle la mère du petit et elle était adulte. Mais tu ne parleras pas de tout cela, du moins pas directement, tu ne veux pas être la raison d’une dispute dans cette fratrie que Gauthier t’a décrite comme soudée. « Oh désolée ! J’aurai été bien incapable de vous reconnaître. » Tu laisses échapper un petit rire. Le cas contraire t’aurait en effet énormément surprise. Tu n’en voulais pas à Théodora et tu ne pus t’empêcher de lui dire : « Je ne m’attendais pas vraiment à être reconnue. Et tu peux me tutoyer tu sais. » Tu avais l’habitude que l’on te vouvoie, cela ne t’avait jamais pesé ou ne t’avait jamais fait te sentir vieille mais dans ce cadre si peu formel, cela n’était pas du tout nécessaire. « Effectivement, c’est assez drôle ! Surtout dans de telles circonstances. New-York, c’est ça ? Ça fait longtemps que vous êtes en ville ? » Oh elle n’imaginait pas dans quelles circonstances vous vous étiez retrouvés et c’était mieux comme ça. Tu attrapais un transat qui traînait par là pour prendre place à côté de Théodora. « En effet. Je suis à Brisbane depuis un peu plus de deux ans maintenant. » Lui dis-tu avec un sourire. Tu savais que les Hazard-Perry étaient en ville depuis plus longtemps que toi. « Gauthier m’a parlé de son neveu, besoin d’une pause ? » Lui demandais-tu sur un ton taquin.  

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En décidant de s’octroyer un moment de détente au spa, Théodora ne s’était jamais attendue à pouvoir être interpellée. Surtout par une jeune femme dont elle n’avait visiblement aucun souvenir. Mais le mystère qui planait sur l’identité de la jolie brune qu’elle avait face à elle fut bien vite résolu lorsque cette dernière se présenta. Même si le nom de Milena ne lui disait pas grand-chose, la jeune femme avait mentionné Gauthier et Londres, il n’en fallait pas bien plus. Et il n’y avait rien de surprenant non plus dans le fait que Théo ne se souvienne pas de Milena puisque les quelques fois où elles avaient pu se croiser remontaient à l’enfance de la cadette. « Je ne m’attendais pas vraiment à être reconnue. Et tu peux me tutoyer tu sais. » Un sourire poli sur les lèvres, Théodora se redressa légèrement sur son transat. Les vieilles habitudes ne se défaisaient définitivement pas si facilement. Les Hazard-Perry avaient reçu une éducation stricte et si Théo n’avait jamais été très à cheval sur tout ce que sa famille pouvait attendre d’elle, certains principes qu’on lui avait inculqué restait encré en elle. Elle enchaîna cependant en se renseignant un peu à propos de la jeune femme qui se trouvait face à elle et qui prenait à présent place sur un transat voisin. Un peu de compagnie et de discussion ne lui ferait pas de mal, d’autant que la compagnie de la jeune femme semblait plutôt agréable. Et elle imaginait que ça devait être le cas également pour Milena puisqu’après tout, c’était elle qui l’avait abordée. « En effet. Je suis à Brisbane depuis un peu plus de deux ans maintenant. » Théo hocha légèrement la tête, un sourire toujours installé sur les lèvres. « On s’est installé ici il y a presque cinq ans maintenant. » signala-t-elle sans perdre le sourire, avant d’ajouter ; « Enfin j’imagine que Gauthier a dû te le dire. »  Dans le fond, sa remarque était presque idiote, c’était une évidence que son frère aîné ait informé une vieille amie sur son emménagement. Peut-être pas les circonstances puisque ça ne devait pas avoir une grande importance aux yeux de la jeune femme, mais elle imaginait que l’installation à Brisbane restait un sujet somme toute banale mais presque inévitable pour deux vieux amis se retrouvant par hasard à des milliers de kilomètres de là où ils s’étaient rencontrés pour la première fois. « Gauthier m’a parlé de son neveu, besoin d’une pause ? » Un bref éclat de rire échappa cette fois à Théodora. Le fait que Gauthier ait pu mentionner Oliver ne l’étonnait pas, même si elle n’avait pas la moindre idée des circonstances pour lesquelles son frère avait mentionné son neveu. S’il était son oncle, il était presque comme un père pour le petit garçon puisqu’il avait été là dès les premières secondes de vie du petit être et il n’était donc pas surprenant qu’il l’ait mentionné auprès d’une vieille amie. « On peut dire ça, oui ! Si c’était à refaire, je n’hésiterai pas une seule seconde, mais un petit garçon de quatre ans, ça vous pompe une énergie folle et ça fait du bien de déconnecter un peu. » Sans compter tout ce qu’il y avait autour. Les cours à la fac, les projets à rendre, sa vie personnelle quelque peu désastreuse ces derniers temps… Autant dire que oui, un moment à l’abris des regards et déconnecté du monde extérieur était plus que le bienvenu. « Tu as des enfants, toi aussi ? » s’enquit-elle tout en continuant de faire la conversation.

Oui tu avais recroisé Gauthier mais tu n’avais pas réellement imaginé croiser sa famille. Cependant tu reconnaîtrais un Hazard-Perry n’importe où tu en étais à peu près sûre. C’était certainement le fait d’avoir grandi avec eux. Bon, pour Théodora c’était un peu différent, elle était beaucoup trop petite pour se souvenir de toi mais elle ressemblait terriblement à ses frères et sœurs. Dans ta famille, c’était aussi le cas mais moins tout de même. Et ce n’était pas plus mal, cela vous permettait de faire comme si vous ne partagiez pas le même sang finalement. C’était sans doute mieux de faire comme si vous n’étiez pas de la même famille parce que vous n’en étiez pas vraiment une. Pas comme tu aimerais l’être en tout cas. Théodora ignorait la réelle raison qui avait amené tes retrouvailles avec Gauthier et ce n’était pas à toi de les lui dire. Mais tu en savais beaucoup plus sur sa situation qu’elle ne pouvait l’imaginer. A la voir aujourd’hui, si détendue, tu avais du mal à imaginer qu’un combat autour de la garde de son fils soit en train de se jouer dans les coulisses. « On s’est installé ici il y a presque cinq ans maintenant. Enfin j’imagine que Gauthier a dû te le dire. » En effet, Gauthier l’avait mentionné. Savoir depuis combien de temps vous étiez tous les deux arrivés et depuis combien de temps vous auriez pu vous croiser avait été une des premières choses dont vous aviez parlé. Mais cela ne te dérangeait pas d’en discuter de nouveau avec Théodora. Cette dernière avait été bien jeune quand ils avaient déménagé, une adolescente, l’adaptation n’avait pas dû être très simple. « Le changement n’a pas été trop dur ? » Lui demandas-tu curieuse. De ton côté, t’adapter à une vie à Brisbane avait été quelque chose de plus difficile que tu ne l’imaginais. Peut-être que ton âge y était pour quelque chose ? « Pour moi ça n’a pas été facile, entre Brisbane et New York il y a un monde. » Tu étais partie de la ville qui ne dort jamais sous la contrainte, tu aimais profondément New York alors devoir quitter le berceau dans lequel tu avais grandi n’avait pas été facile. Il avait fallu que tu reconstruises tout, du sol au plafond. Tu mentionnais ensuite à Théodora que Gauthier t’avait parlé de son neveu et tu ne pouvais t’empêcher de lui demander si elle était bien là pour une pause. C’était un moyen de faire la conversation et de détendre l’atmosphère aussi. « On peut dire ça, oui ! Si c’était à refaire, je n’hésiterai pas une seule seconde, mais un petit garçon de quatre ans, ça vous pompe une énergie folle et ça fait du bien de déconnecter un peu. Tu as des enfants, toi aussi ? » Tu n’avais aucun mal à imaginer que cela devait être compliqué pour Théodora d’avoir un fils si jeune et de pouvoir prendre du temps pour elle. C’était le cas de toutes les mamans, tu l’avais vu avec Liviana mais ton amie était en train de changer ses pratiques. Ce n’était pas plus mal, elle méritait de vivre ces expériences. « Non, je ne suis pas maman. Ma carrière a toujours pris le dessus et vu comment s’est terminé ma dernière relation sérieuse, je ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants avec cet homme même si j’espère en avoir un jour. » Tu savais qu’il allait falloir te dépêcher, la jeunesse te quittait bien trop vite à ton goût. « Mais tu as bien raison de prendre du temps pour toi, il faut savoir se faire plaisir. » Lui dis-tu avec un sourire.

Même si Théodora était venue au spa dans l’idée de se détendre tranquillement, il était plus qu’agréable d’avoir trouvé quelqu’un avec qui discuter. Cela ne l’empêchait cependant pas moins d’être totalement surprise qu’une vieille amie de Gauthier ait pu ainsi la reconnaître alors qu’elle n’était encore qu’une enfant lorsqu’elles s’étaient vue la dernière fois. Peut-être était-il noté en grand sur son front qu’elle était une Hazard-Perry. « Le changement n’a pas été trop dur ? Pour moi ça n’a pas été facile, entre Brisbane et New York il y a un monde. » Un sourire compatissant pris place sur les lèvres de la brune. Elle comprenait parfaitement que l’adaptation ait pu être difficile. Même si Théo n’avait jamais mis un pied à New-York, elle comprenait parfaitement où Milena voulait en venir. « J’avoue que ça n’a pas été évident tous les jours. D’autant plus étant donné les conditions du déménagement. J’étais enceinte au moment où nous sommes arrivés à Brisbane, résultat, l’acclimatation n’a été que d’autant plus rude. » Un léger rire échappa à l’étudiante. Le climat londonien était bien différent d’ici et si quand toute la petite famille avait posé un pied sur le territoire australien, le pays entrait doucement dans l’hiver, Théodora avait accouché en plein mois de novembre. Elle avait vécu les mois chauds en étant une énorme baleine et tout n’avait vraiment pas été facile. Enfin, elle s’y était finalement faite et les pluies anglaises n’étaient maintenant plus qu’un lointain souvenir. Continuant sur la lancée, Milena questionna la jeune maman à propos d’Oliver, soulignant que Gauthier lui avait parlé de son filleul. Il n’y avait absolument rien d’étonnant à cela. Gauthier et Charlie avaient vécu la grossesse de leur sœurs, ils avaient été présents lors de l’accouchement et ils agissaient aujourd’hui comme des papas en herbe pour leur neveu. Alors effectivement, il n’y avait absolument rien d’étonnant dans le fait que l’aîné Hazard-Perry ait évoqué Oliver avec une vieille amie. « Non, je ne suis pas maman. Ma carrière a toujours pris le dessus et vu comment s’est terminé ma dernière relation sérieuse, je ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants avec cet homme même si j’espère en avoir un jour. » Cette fois, un éclat de rire échappa à Théodora et elle posa un regard amusé sur sa voisine. « Les potentiels pères, je crois que c’est ce qu’il y a de plus compliqué dans le fait de fonder une famille. » Et Théo maîtrisait relativement bien le sujet. Sur ce coup-là – et pour le moment – elle préférait en rire. Elle n’avait pas envie d’embêter Milena qui était venue passer un bon moment au spa avec ses problèmes de famille. « Enfin, je te souhaite de rencontrer quelqu’un qui pourra te permettre de fonder une famille. » Théodora était sincère. Certes, elle ne se souvenait pas de la jeune femme et elle ne la connaissait pas, mais elle savait le bonheur que cela pouvait être d’être maman. Les responsabilités que cela pouvait être, mais les petits bonheurs du quotidien suffisait à balayer tous les problèmes qu’il pouvait y avoir. « Mais tu as bien raison de prendre du temps pour toi, il faut savoir se faire plaisir. » La brune se redressa légèrement sur son transat. « Je suis bien d’accord. » confia-t-elle dans un demi-sourire. L’idée de s’octroyer une après-midi au spa ne lui serait jamais venue si elle n’avait pas reçu ce bon cadeau de la part d’une de ses amies. Non pas qu’elle n’ait pas les moyens de s’octroyer ce genre de plaisir, mais elle aurait certainement culpabiliser de profiter ainsi alors qu’elle n’était pas spécialement à plaindre non plus niveau responsabilité. Certes, les études étaient très prenantes en plus de son rôle de maman, mais ses frères étaient très présents pour elle et ils ne rechignaient jamais à s’occuper d’Oliver, au contraire même. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? » demanda-t-elle afin de poursuivre la conversation. Peut-être se montrait-elle trop curieuse, mais c’était dans la nature de Théodora.

Venir seule te détendre dans un spa était quelque chose d’habituel pour toi. Cependant, il était rare que tu passes la journée seule. Tu finissais toujours par retrouver soit une connaissance soit tu te mettais à discuter avec une voisine de chaise longue et le tour était joué ! Aujourd’hui, c’était sur une vieille connaissance que tu tombais car la dernière fois que tu l’avais vue, la jeune femme avait quatre ans et habitait à Londres. Comme quoi, il n’y a pas que toi qui avais vieilli … « J’avoue que ça n’a pas été évident tous les jours. D’autant plus étant donné les conditions du déménagement. J’étais enceinte au moment où nous sommes arrivés à Brisbane, résultat, l’acclimatation n’a été que d’autant plus rude. » Lorsque tu avais emménagé à Brisbane, l’acclimatation avait été difficile. Le climat n’était pas le même certes mais ce n’était pas ce qui t’avait posé le plus de problèmes. Pour toi, c’était surtout la culture, les coutumes, les mentalités qui étaient différentes. Tu avais mis un certain temps à t’adapter, à trouver ta place. Tu avais aussi mis du temps à trouver un véritable chez toi et toutes ces choses avaient convergées vers une adaptation difficile. Pour Théodora, les choses avaient été différentes et plus compliquées en un sens car elle était enceinte à l’époque. « En effet, cela n’a pas dû être simple. Moi c’est la culture et les mentalités des gens, j’ai mis du temps à comprendre que je n’étais plus à New York. Je ne m’étais jamais rendue compte à quel point les touristes disaient vrai finalement. » Dis-tu avec un petit rire. Ce n’était pas un secret que les touristes voyaient bien l’ambiance new-yorkaise et la mentalité de ses habitants. Toi ce qui te manquait le plus c’était sans doute Broadway mais tu aimais tout de même avoir la plage pas loin à Brisbane donc c’était un mal pour un bien. Tu demandais ensuite des nouvelles d’Oliver, le fils de Théodora. Gauthier t’en avait parlé, beaucoup parlé vu qu’il était la raison pour laquelle vous vous étiez retrouvés mais ça Théodora n’avait pas besoin de le savoir. Non, de vieux amis qui se croisent à Brisbane, c’est possible non ? Cela ne t’étonna pas que Théodora te demander si tu avais des enfants. Tu aimerais en avoir mais malheureusement, la vie en avait voulu autrement. « Les potentiels pères, je crois que c’est ce qu’il y a de plus compliqué dans le fait de fonder une famille. Enfin, je te souhaite de rencontrer quelqu’un qui pourra te permettre de fonder une famille. » Elle n’avait pas tord, trouver le père de ses enfants, c’est la première étape, une étape essentielle à laquelle tu échouais lamentablement. C’était certainement un peu de ta faute, ton indépendance y était certainement pour quelque chose mais tu ne pouvais pas accepter de changer, il fallait qu’on t’accepte comme tu étais, une femme forte et indépendante qui en impose trop des fois peut-être. « Merci, j’espère le rencontrer rapidement, l’heure commence à tourner pour moi. » Tu n’étais pas vraiment du genre à t’apitoyer sur ton âge, avoir passé le cap de la trentaine ne t’avait pas dérangé mais l’idée que ton horloge biologique était en train de jouer contre toi ne te plaisait pas des masses. Tu restais pensive pendant un moment avant que Théodora ne te sorte de tes pensées pour te demander : « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? » Sans le savoir, elle venait de te poser la question piège de l’après-midi. Tu ne pouvais pas lui mentir, ce serait idiot mais lui dire la vérité risquait aussi de lui mettre la puce à l’oreille. Tu n’avais pas trop le temps d’hésiter cependant, personne n’hésite sur ton métier. « Je suis avocate, j’ai ouvert mon cabinet récemment. » Dis-tu un sourire sur les lèvres avant de lui demander : « Tu es toujours étudiante ? »

« En effet, cela n’a pas dû être simple. Moi c’est la culture et les mentalités des gens, j’ai mis du temps à comprendre que je n’étais plus à New York. Je ne m’étais jamais rendue compte à quel point les touristes disaient vrai finalement. » Théodora acquiessa doucement. Elle n’avait, pour l’heure, jamais mis les pieds à New-York et ne pouvait donc comparer, mais elle comprenait parfaitement ce que voulait dire Milena. La jeune femme elle-même avait mis un certain temps à trouver ses repères dans cette nouvelle ville et cette nouvelle vie, mais c’était malgré tout arrivé rapidement et naturellement. Tous ces changements étaient pour son bien. Son bien à elle et à celui de son fils à venir à l’époque. Et le fait de pouvoir vivre librement, sans que le nom de Hazard-Perry ne soit un lourd fardeau sur ses épaules était grandement agréable. Même si certes, la famille était connue un peu de partout dans le monde grâce à la chaîne hôtelière, il n’en restait pas moins que de vivre loin de ses parents s’était avérer être un immense soulagement pour la jeune femme à l’époque. Puis la conversation dévia sur les enfants. D’abord Oliver, puis la jolie brune avait retourné la question à son interlocutrice, demandant si elle avait aussi des enfants, mais ça n’était visiblement pas le cas. Cependant, Milena lui fit part de son envie d’avoir des enfants et de fonder une famille. Le seul point noir étant le père de futurs enfants qu’elle n’avait toujours pas rencontrer. « Oh ne vois pas les choses comme ça, dans le fond, ça peut aller très vite ! Et puis ce n’est pas non plus comme si tu avais un âge vraiment très avancé. » glissa-t-elle dans un sourire. Elle devait probablement avoir le même âge que Gauthier, peut-être à un ou deux ans près puisqu’ils étaient amis étant enfants. Et puis tout en continuant la conversation, Théodora interrogea la jeune femme installée à ses côtés quant à sa profession. La jeune maman avait conscience de pouvoir faire preuve d’une certaine curiosité maladive, mais elle ne pensait pas être trop curieuse en posant une telle question. Milena l’informa alors qu’elle était avocate et qu’elle venait d’ailleurs d’ouvrir son propre cabinet. « Oh ! Et bien félicitations. » répondit-elle poliment, le sourire accroché aux lèvres tandis que son esprit était déjà parti ailleurs. Ça ne pouvait être qu’une coïncidence, n’est-ce pas ? Les retrouvailles entre ces deux vieux amis ne pouvait pas s’être faite dans de telles circonstances… Certes, l’aîné de la fratrie avait immédiatement évoqué le fait d’avoir recours à la justice lorsqu’il avait appris qu’Emre était dans les parages, mais il ne pouvait pas l’avoir fait contre le gré de la jeune femme, si ? « Tu es toujours étudiante ? » Tiré de ses pensées, Théo secoua légèrement la tête et tenta un nouveau sourire. « Oui, je suis en fac de médecine. J’ai repris pour ainsi dire en même temps qu’Oliver. » Parce que c’était important aux yeux de la jeune maman de poursuivre ses études, tant qu’elle le pouvait. Elle voulait prouver que le fait d’avoir eu un enfant à dix-huit ans n’était pas un problème et ne lui gâcherait certainement pas la vie comme beaucoup avait pu le faire entendre. « Excuse-moi de te poser cette question, mais… Vous vous êtes retrouvés dans quelles circonstances avec Gauthier ? » Autant en avoir le cœur net directement plutôt que de se torturer l’esprit encore et encore.

Ton intégration à Brisbane avait été compliquée pour un tas de raisons, la plus importante était une raison bien différente que celle que tu avançais à Théodora. Elle n’avait pas réellement besoin de savoir la vraie raison. Les secrets étaient des fois bien mieux enfouis et sincèrement, tu ne voyais pas ce que la jeune femme ferait de l’information à part te regarder avec pitié comme l’avaient fait toutes les personnes que tu connaissais à New York. « Oh ne vois pas les choses comme ça, dans le fond, ça peut aller très vite ! Et puis ce n’est pas non plus comme si tu avais un âge vraiment très avancé. » Tu laisses échapper un petit rire à cette remarquer sur ton âge. Non, certes tu n’es pas vieille. Et pourtant, tu t’approches de la quarantaine tranquillement en ayant l’impression de n’avoir pas réalisé grand chose finalement. Oh professionnellement tu finiras certainement avec une carrière impeccable mais sur bien d’autres aspects, c’était une autre question. C’était de ta faute, tu avais toujours tout sacrifié pour ton travail, un sacrifice que tu payais cher aujourd’hui. Mais ce n’était pas le moment de penser à cela. Ton esprit fut rapidement occupé par une toute autre question qui paraissait pourtant réellement bégnine. Ton métier … C’était souvent une des premières questions que l’on posait quand on rencontre quelqu’un mais cette question t’embarrassait énormément. Tu aurais aimé pouvoir raconter que tu avais croisé Gauthier dans la rue et que c’est ainsi que vous vous étiez retrouvés. Mais c’était loin d’être le cas et tu redoutais que Théodora fasse rapidement le lien. Cependant, tu ne pouvais pas lui mentir sur ton métier non plus, tu étais bien trop fière de ce dernier pour cela. « Oh ! Et bien félicitations. » Tu regardais Théodora avec un sourire avant de lui dire : « Merci. » Tu pouvais voir qu’elle ne semblait plus réellement avec toi, plongée dans ses pensées. Tu ne dis rien, redoutant sa prochaine question, tu décidais d’anticiper pour repousser le moment fatidique où elle ne pouvait que tomber et essayer de la lui faire oublier si possible. Tu n’y croyais pas trop mais il fallait bien tenter le coup après tout non ? Tu demandais donc à Théodora si elle était toujours étudiante. « Oui, je suis en fac de médecine. J’ai repris pour ainsi dire en même temps qu’Oliver. » Tu hoches la tête, c’est un très beau métier. Il ne t’aurait pas réellement convenu mais c’est un beau métier et la jeune femme a beaucoup de courage de se lancer dans ce genre d’étude avec un enfant en bas âge. Pas que c’est impossible, ce sont simplement des études qui prennent beaucoup de temps, qui sont très prenantes et jongler entre toutes les obligations extérieures en plus ne doit pas être facile. « C’est très courageux de ta part. Je te souhaite de réussir. Tu sais dans quelle branche tu voudrais exercer ? » C’est un domaine bien large qui laisse de la marge à ses étudiants. Cependant, avant de répondre à ta question, Théodora semble trouver la sienne bien plus importante. Tu auras essayé de l’en détourner, en vain finalement. « Excuse-moi de te poser cette question, mais… Vous vous êtes retrouvés dans quelles circonstances avec Gauthier ? » Tu soupires avant de passer ta main droite dans tes cheveux. Tu peux lui mentir, cela préservera certainement l’équilibre de sa relation avec Gauthier mais en même temps, ces démarches c’était à elle de les faire si elle voulait les faire. « On s’est retrouvé quand il est venu me demander des conseils juridique au sujet de son neveu et du retour du père de ce dernier dans leur vie. » Oui, autant être honnête, tu l’avais toujours été, il ne fallait pas déroger aux règles. « J’ai répondu à ses questions en lui précisant bien que si les choses se finissaient devant la justice, c’était à toi de prendre cette décision en tant que mère de l’enfant. » Dis-tu en haussant les épaules. « Mais je n’ai pas revu Gauthier depuis, je lui avais dit de t’en parler, clairement il ne l’a pas encore fait. » Peut-être qu’il ne l’aurait jamais fait, que les choses se règleront par elles-mêmes sans qu’il y ait besoin d’une intervention externe.

Parlant de tout et de rien, c’était assez naturellement que Théodora  avait posé une question quant au parcours professionnel de la jeune femme avec qui elle faisait connaissance. Après tout, c’était un sujet comme un autre et c’est ainsi que la brune apprit que Milena était en réalité avocate, à la tête de son propre cabinet depuis peu d’après ses dires. Et il n’en n’avait pas fallu beaucoup plus à la jeune femme pour que son cerveau se mette à tourner à plein régime. C’était peut-être une coïncidence. Elle espérait réellement que ça le soit… Mais c’était bien trop gros pour n’être qu’une simple coïncidence. L’avocate était en ville depuis un peu plus de deux ans et ils ne se croisaient avec Gauthier qu’il n’y a quelques semaines. Une vieille amie, devenue avocate, à qui il avait parlé de son neveu alors que le jeune homme avait lui-même évoqué le fait de faire appel à un avocat pour protéger Oliver d’Emre. Non, c’était beaucoup trop gros, si bien que Théodora avait complètement déconnecté de la conversation. Perdue dans ses pensées, elle avait à peine vaguement répondu lorsque Milena lui avait demandé si elle était toujours étudiante et avait complètement éclipser la question concernant la spécialisation qu’elle souhaitait pour aborder directement le vif du sujet et poser la question qui lui brûlait les lèvres. Le soupire que lâcha alors la jolie brune en disait déjà long sur ce qui suivrait. A moins qu’elle ne soit exaspérée par le manque de politesse dont faisait preuve Théodora. « On s’est retrouvé quand il est venu me demander des conseils juridique au sujet de son neveu et du retour du père de ce dernier dans leur vie. » Ce fut au tour de l’étudiante en médecine de laisser échapper un soupir alors qu’elle détournait le regard de sa voisine pour se laisser lourdement retomber contre le dossier de sa chaise longue. Milena expliqua qu’elle avait simplement répondu aux questions de Gauthier tout en précisant que malgré tout, c’était à elle de prendre les décisions. « Mais je n’ai pas revu Gauthier depuis, je lui avais dit de t’en parler, clairement il ne l’a pas encore fait. » L’exaspération et l’énervement devaient se lire sur le visage de porcelaine de l’anglaise. Ne pas parler de l’arrivé d’Emre en ville à ses frères n’était de toute évidence pas une bonne idée, mais leur en parler ne l’était pas non plus. Elle cachait difficilement quoi que ce soit à l’aîné des Hazard-Perry, il lisait en elle comme dans un livre ouvert et c’était assez naturellement qu’il avait remarqué que quelque chose n’allait pas peu de temps après sa première rencontre hasardeuse avec son ex petit-ami, mais elle avait espéré que son frère puisse l’écouter quand elle lui disait vouloir se débrouiller seule avec cette histoire. « De toute évidence, non. Et il n’avait probablement pas l’intention de m’en parler. » Pour des raisons évidentes. Théo s’était refermée, presque sur la défensive alors que Milena n’avait rien à voir dans cette histoire. Elle avait simplement fait son boulot en donnant des conseils à un vieil ami. Qui plus est, elle semblait avoir soufflé à ce vieil ami de parler à la principale concernée, donc clairement, elle ne pouvait pas en vouloir à la jeune femme. « Je lui avais dit que je ne voulais pas faire appel à un quelconque avocat. Pas pour le moment en tout cas. Le père d’Oliver n’a encore rien fait qui pourrait nuire à mon fils et j’ai envie de croire qu’il ne fera rien. Je suis probablement naïve, mais j’ai envie de croire qu’on peut s’en sortir sans avoir à passer par la justice. » Théodora se passa nerveusement une main dans les cheveux avant de reporter son attention sur sa voisine. « Désolée. » souffla-t-elle finalement pour s’excuser du manque de politesse dont elle avait pu faire preuve ces dernières minutes.

Tu n’avais pas réellement envie de créer des problèmes entre Gauthier et sa famille. Ce n’était pas ton but surtout quand tu savais que Gauthier avait des choses à gérer de son côté en ce moment. La question d’Oliver ne devait plus être sa priorité aujourd’hui même si tu te garderais bien de faire un quelconque commentaire à ce sujet. Tu aurais pu mentir à Théodora mais dans quel but ? Si les choses devaient se terminer devant la justice, ce serait à elle de prendre les décisions en tant que mère de l’enfant vu qu’elle était majeure. Donc il était peut-être mieux qu’elle soit au courant même si tu avais pleinement conscience que ce n’était pas vraiment ton rôle de lui dire tout cela. Pourtant, tu ne pouvais pas lui mentir sur ton métier, cela serait complètement idiot et puis tu en étais trop fière pour faire une chose pareille. Quand tu annonçais à Théodora pourquoi exactement tu avais revu Gauthier, la jeune femme sembla plus exaspérée qu’autre chose. Elle écouta ce que tu lui dis mais en même temps elle semblait en vouloir à Gauthier d’avoir fait tout cela derrière son dos. Toi, tu ne connaissais pas la situation, tu ne connaissais plus assez bien la famille Hazard-Perry pour faire un quelconque diagnostic de la situation. Tu voulais simplement les aider juridiquement parlant si les choses en venaient là. « De toute évidence, non. Et il n’avait probablement pas l’intention de m’en parler. » Tu fronces les sourcils. Cela t’étonne que Gauthier n’ait pas l’intention de lui en parler. De ton point de vue, c’était peut-être ne manière de la protéger mais aussi de savoir quels étaient les recours auxquels il pouvait avoir accès. Tu ne savais pas réellement comment te positionner face à un pareil commentaire mais Théodora ne te laissa pas le temps de le faire de toute manière car elle enchaîna. « Je lui avais dit que je ne voulais pas faire appel à un quelconque avocat. Pas pour le moment en tout cas. Le père d’Oliver n’a encore rien fait qui pourrait nuire à mon fils et j’ai envie de croire qu’il ne fera rien. Je suis probablement naïve, mais j’ai envie de croire qu’on peut s’en sortir sans avoir à passer par la justice. » Tu ne sais pas naïve était le bon mot à utiliser dans ce cas là. Quand on a un enfant avec une autre personne, on veut toujours pouvoir avoir confiance en eux, on se dit qu’on va pouvoir trouver un arrangement à l’amiable. Et peut-être que Théodora pourra le trouver. Mais passer devant la justice permet de mettre de définir des règles, évite la négociation constante et évite certains drames. « Désolée. » Elle n’avait pas à s’excuser, elle pouvait être énervée contre Gauthier mais à tes yeux elle ne voyait pas la situation de l’extérieur. Malgré sa maturité évidente, Théodora était jeune et elle n’avait pas vu la moitié de ce que tu avais vu dans ce genre d’affaire. « Je pense qu’il t’en aurait parlé. S’il ne l’a pas fait c’est qu’il a certainement envie de te laisser une chance de régler ça seule. Il voulait juste savoir quels étaient les recours auxquels il aurait accès si jamais vous en veniez là. Il ne m’a pas embauchée, il n’a lancé aucune démarche. » C’était important de le préciser. Tu avais promis à Gauthier de te renseigner sur le père de son neveu mais c’était tout, aucun contrat ne vous liait. « Tu sais, j’ai vu beaucoup de choses depuis que je suis sortie de l’école de droit. Je comprends que tu préfères régler ça en dehors de la justice mais garde à l’esprit que passer devant un tribunal permet de définir des règles qui ne peuvent être brisées. Cela évite de devoir négocier, encore et encore. C’est une protection pour toi, comme pour votre fils. Parce que sinon, son père peut bien le kidnapper pendant deux semaines, il n’y aura aucun recours juridique possible. » Tu voulais simplement que Théodora garde cela en tête pour pas qu’elle regrette quoi que ce soit. Si elle arrivait réellement à tout régler de son côté, tant mieux, tu le lui souhaitais mais de ton côté tu préconisais la prudence, encore plus depuis que tu avais réussi à mettre la main sur des informations concernant le père de l’enfant.

Théodora avait déconnecté dès l’instant où Milena lui avait confié être avocate. Dès cet instant, elle avait compris que les retrouvailles avec Gauthier n’avaient pas été anodines et que si le jeune homme avec évoqué son neveu avec une vieille amie, ce n’était pas juste par fierté de ce que pouvait être le petit garçon. Gauthier s’était renseigné auprès d’un avocat alors qu’elle lui avait dit ne pas vouloir faire appel à la justice. Certes, elle n’hésiterait pas à le faire d’elle-même si les choses tournaient de façon à ce qu’il ne puisse y avoir d’autre moyen, mais pour le moment, elle avait envie de croire qu’ils pourraient s’en sortir ainsi. Jusque maintenant, Emre n’avait tenté aucune approche concrète de leur fils. Peut-être parce qu’elle l’avait surpris devant l’école et qu’il n’avait donc rien eu l’occasion de faire, mais à côté de ça, il ne s’était pas montré insistant, lui avait demandé de réfléchir et avait fait demi-tour. Et elle n’avait plus eu de nouvelles depuis. Si ce n’est que par Charlie qui avait croisé son ex beau-frère en boîte, en plutôt mauvaise position. « Je pense qu’il t’en aurait parlé. S’il ne l’a pas fait c’est qu’il a certainement envie de te laisser une chance de régler ça seule. Il voulait juste savoir quels étaient les recours auxquels il aurait accès si jamais vous en veniez là. Il ne m’a pas embauchée, il n’a lancé aucune démarche. » La belle dut se retenir de ne pas répliquer, mais ses paroles auraient probablement été déplacées. Elle n’avait pas à s’en prendre à Milena, après tout, elle n’avait fait qu’aider un vieil ami et ça n’était clairement pas à elle de recevoir les foudres de son agacement. Dans le fond, elle avait conscience que Gauthier avait ça pour elle, pour eux et que ses intentions n’étaient pas mauvaises, au contraire. Mais elle avait cette horrible impression que son frère ne lui faisait pas confiance, ne la pensait pas capable d’endosser son rôle de mère convenablement et c’est ce qui la frustrait le plus. Il était là pour assurer ses arrières, toujours. Et il serait probablement toujours là, mais… elle avait envie de prouver qu’elle était capable. Capable d’assumer ce rôle qu’elle avait choisi d’endosser, capable de pouvoir se débrouiller seule, sans qu’on ait à la prendre par la main ou la guider dans ce qu’elle avait à faire. « Tu sais, j’ai vu beaucoup de choses depuis que je suis sortie de l’école de droit. Je comprends que tu préfères régler ça en dehors de la justice mais garde à l’esprit que passer devant un tribunal permet de définir des règles qui ne peuvent être brisées. Cela évite de devoir négocier, encore et encore. C’est une protection pour toi, comme pour votre fils. Parce que sinon, son père peut bien le kidnapper pendant deux semaines, il n’y aura aucun recours juridique possible. » Un soupir échappa à la jeune maman qui tourna à nouveau la tête vers sa voisine. La plupart des personnes de son entourage au courant de l’histoire semblait à croire que la meilleure chose à faire était de passée par les tribunaux. Mais était-ce judicieux de faire subir ça à un petit garçon de 4 ans qui n’est pas conscient de tout ce qu’il se passe autour de lui. Pas conscient que son père est juste là, tout près. « Tu penses réellement que c’est nécessaire ? S’il avait réellement voulu approcher Oliver pour passer du temps avec lui sans que je n’ai mon mot à dire, il aurait probablement déjà eu l’occasion plus d’une fois. Et je sais qu’il ne lui fera jamais aucun mal… J’ai l’impression que passer devant la justice, ça reviendrait à lui coller une étiquette d’incapable sur le front et ce n’est pas le cas. » Même si clairement il était hors de question qu’Emre approche Oliver vu ses activités, mais elle croyait sincèrement qu’il prendrait conscience de tout cela et qu’il ferait en sorte de faire au mieux pour pouvoir occuper cette place de père qui semblait lui tenir réellement à cœur.

Pour le coup, tu pouvais avouer avoir mis les pieds dans le plat. Ce n’était vraiment pas à toi d’apprendre à Théodora que Gauthier était en train de se renseigner sur les moyens qui seraient à leur disposition si les choses devaient se terminer devant un tribunal. Mais bien sûr l’annonce de ton métier n’était pas passée inaperçue. Malgré le fait que Théodora restait silencieuse alors que tu laissais des tonnes de paroles sortir de ta bouche, tu ne pouvais t’empêcher de remarquer que ces dernières ne semblaient pas la calmer le moins du monde. Tu espérais sincèrement ne pas créer de disputes chez les Hazard-Perry car ce n’était pas ton but. Cela serait idiot qu’ils se disputent alors que chacun essayait de faire au mieux pour l’autre. Peut-être qu’ils devraient communiquer un peu plus mais tu étais mal placée avec ta propre famille pour faire ce genre de remarque à quelqu’un. Non, tout irait bien chez les Hazard-Perry, tu en étais persuadée. Il fallait peut-être que Gauthier et Théodora aient une conversation à ce sujet mais rien de plus. Tu essayais de t’en persuader en tout cas. Tes dernières paroles cependant eurent l’effet escompté. Tu voulais faire réfléchir Théodora à la situation et lui montrer que la justice n’avait pas toujours que des inconvénients. « Tu penses réellement que c’est nécessaire ? S’il avait réellement voulu approcher Oliver pour passer du temps avec lui sans que je n’ai mon mot à dire, il aurait probablement déjà eu l’occasion plus d’une fois. Et je sais qu’il ne lui fera jamais aucun mal… J’ai l’impression que passer devant la justice, ça reviendrait à lui coller une étiquette d’incapable sur le front et ce n’est pas le cas. » Le plus souvent, tu gérais les problèmes de garde partagée et des enfants en même temps que le divorce. Alors oui, il y avait souvent un perdant quand les deux parents voulaient leurs enfants avec eux vingt-quatre heures sur vingt-quatre mais sans habiter sous le même toit. Mais dans des cas comme celui de Théodora, c’était plus une protection qu’autre chose. Tu ne connais pas Emre, tu sais juste pourquoi il a fini en prison et tu ne serais pas étonnée de savoir qu’il a recommencé. Ni lui, ni elle ne sait de quoi l’avenir sera fait. Tout le monde peur changer, tout le monde grandi ou pas alors il vaut mieux se protéger. Enfin, surtout protéger ce petit garçon qui pour l’instant ne connaît pas son père très certainement. Si Théodora veut lui accorder pour l’instant un droit de visite, il n’aura droit qu’à cela, si plus tard cela évolue, ils pourront changer le contrat mais c’est une protection que tu as tendance à conseiller. Après libre à tous de faire ses propres choix, tu espères simplement que Théodora ne le regrettera pas car de ton côté cela fait longtemps que tu n’as plus réellement confiance en l’être humain comme c’était le cas auparavant. « Je ne sais pas si c’est nécessaire, c’est un conseil. Tu ne sais pas de quoi demain sera fait, des règles bien établies sont une base. Ensuite tu peux les changer, les adapter au fil des années mais à mes yeux c’est un moyen de se protéger. Imagine que vous ayez décidé qu’il peut le voir un week-end sur deux. Et à la fin du week-end il ne veut pas ramener ton fils, voulant passer un jour de plus avec lui. Cela ne fait pas de lui un mauvais père mais à mes yeux c’est une situation instable qui poussera aux débordements. » Nous sommes tous humains, nous aimons tous jouer avec les limites et si Emre n’a pas vu son fils depuis sa naissance, il est fort probable qu’il veuille en profiter désormais et peut-être pas à petite dose. « Tu sais, passer devant la justice ne fait pas du père de ton fils un incapable. Il ne peut pas espérer tout d’un coup jouer un rôle majeur dans la vie de son fils dans sa situation actuelle. » Tu avais défendu quelqu’un dans la situation d’Emre un jour en arrivant à Brisbane à part que ce dernier était sorti de prison et était blanc comme neige depuis. Emre était en situation précaire d’après ce que tu avais compris et s’il dealait toujours, cela ne l’aiderait pas beaucoup.