Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
P
lus que jamais, Cora place de grand espoirs dans sa soirée. Celle-ci n’a pourtant même pas commencé, mais l’enjeu a son importance et Cora arrive à être aujourd’hui encore plus tête en l’air qu’elle ne l’est habituellement. Elle ne fait que penser, imaginer et s’inquiéter, de sorte qu’elle n’a la tête à rien et qu’il faut tout lui répéter deux fois.. On l’aura compris, Cora ne donnera rien aujourd’hui, elle est bien trop occupée à prévenir le rendez-vous qu’elle a ce soir, avec sa petite sœur au restaurant et à appréhender ce qu’elles vont se dire, et à juger s’il serait raisonnable de débattre d’Arthur maintenant ou d’attendre un moment plus propice. Depuis sa décision de tout avouer, il s’agit là ‘de sa première rencontre avec un membre de sa fratrie et la peur d’empirer les choses n’en est que plus forte que d’habitude. C’est pourquoi sa journée est écourtée, ses rendez-vous reportés, ce pour quoi n’importe quel jour elle se sentirait coupable, mais elle n’y parvient pas, elle est bien trop occupée à se faire un million de film dans sa tête où Bryn ne vient pas, ou bien où elle vient pour lui cracher les mêmes reproches que Finn au visage. Cora commence presque à douter du bienfondé de cette initiative. Elle appréhende. Elle ne veut pas que ça se passe mal. Non, elle voudrait que les choses soient simple pour une fois. Aussitôt sortie, installée au volant de sa voiture, elle ne peut s’empêcher de texter le bébé Coverdale pour être sûre qu’elle viendra. « Hey ! Tout est toujours bon pour ce soir ? » Au moins, ça la tranquillisera pour un temps mais si l’attente de la réponse ne fera que renforcer cette peur du lapin. C’est ridicule quelque part. Aussitôt rentrée chez elle, l’actrice décide de se changer les idées en se consacrant à ses multiples autres activités, comme s’occuper de son refuge. Ça la calme pour la journée, mais dès que le soir commence, l’inquiétude revient. « Tout va bien aller. » continue-t-elle de se répéter pendant toute la durée où elle se prépare. Après tout, ce soir, elles sont censées fêter le retour de la benjamine sur le sol australien. Célébration à remettre en question puisque la jeune femme est revenue il y’a deux mois, et qu’il a fallu tout ce temps pour qu’elle accepte enfin une entrevue mais, ce n’est pas le moment d’être négative pour la star. Avoir une plage horaire libre en plein tournage et convaincre Bryn en même temps est une chose plus ardue qu’il n’y parait. L’heure arrive, après une rapide conversation avec Eireen dans la cuisine, Cora se met en route et parce que c’est Bryn, elle essaie de prendre le plus d’avance possible pour ne pas être en retard, contrairement à ses habitudes. Elle arrive au restaurant avec énormément d’avance, ce qui lui laisse le temps de bien se mettre à son aise, de se faire d’autres films apocalyse et de se détendre. D’ailleurs, ça lui laisse le temps de commander un verre pour se calmer avant l’arrivée de Bryn. Du vin. Parce que tout autre chose monterait très vite à la tête de la star. Elle commande le second quand une tête rousse, fortement ressemblante à la sienne fait son entrée, provoquant une vague de soulagement chez Cora, ravie qu’elle soit venue. Bryn à sa hauteur, Cora se lève et d’un geste qu’elle aurait espéré naturel et qui ne l’est pas – ce dont elle se rend compte après l’avoir fait – elle enlace sa sœur en lui chuchotant « Bon retour parmi nous !. » Evidemment, l’étreinte défaite, elle reste gênée mais persuadée que de le montrer la trahirait, Cora essaie de détendre l’atmosphère et parle. « Alors, tu vas bien ? Tu as pu trouver le restaurant facilement ? J’ai pas osé choisir pour toi, mais commande ce que tu veux. Tu as pu progresser en Californie ? » Bombardement de question. Certainement la bonne attitude, mais elle ne peut pas s’en empêcher.
« Oui, je suis allée courir ce matin. Non, je vais faire mes exercices tout à l’heure. Oh ! Je suis grande, je sais très bien m’occuper de moi, tu sais ? Je suis arrivée jusque-là sans trop d’aide pour le moment. » Je sais parfaitement que cette intonation va me valoir des problèmes et qu’elle ne souhaite que le meilleur pour moi et toute la réussite, surtout la réussite, mais franchement, j’y arriverais bien mieux si elle ne m’appelait pas toutes les trois heures. Sans même faire attention et sachant parfaitement à quoi m’attendre par la suite, j’éteints mon téléphone, le jette sous mes affaires, récupère ma planche en le voyant vibrer, le nom de ma sœur s’affichant à son tour sur l’écran. Ça attendra. Partant en direction des vagues, rien ne me passe plus par l’esprit, sentant uniquement l’eau couler sur mon corps, la sensation de dominer l’océan évoluant en moi et le bonheur d’être à nouveau sur ma planche. Assise au milieu de rien, mon regard se perd avant de se poser sur une silhouette proche de mes affaires. Une boule gigantesque se forme au niveau de mon estomac alors que je la reconnais. Ma mère, là, me faisant signe comme si nous étions les meilleures amies du monde depuis toujours. J’apprécie réellement ses efforts plus qu’utiles depuis les Etats-Unis mais la voir là, pile à l’endroit où j’ai toujours voulu voir mon frère me donne presque envie de vomir. Pas que je déteste ma mère, juste parce que sa peur à lui ne le mènera jamais jusqu’ici et qu’en même temps d’en être triste et désolée, je suis heureuse car il ne la verra pas à mes côtés et n’aura pas à souffrir encore plus. Pas plus qu’il ne le fait déjà sachant que je vois Cora, même si ces visites ne sont pas de mon plein grès et ressemble plus à un accord contractuel qu’autre chose.
Une fois sortie de l’eau et débarrassée de ma mère, je rentre à la maison sans faire vraiment attention à l’heure. Douche, vêtement, lecture d’instagram, et… Oh mince, Cora. ‘Oui.’ Je réponds à son texto sans plus d’entrain. C’est bon, je ne lui ai encore jamais posé de lapin il me semble, pas besoin de faire un rappel d’agenda. Pour le commun des mortels, mes réactions pourraient sembler brutale mais voir ma sœur est parfois moins distrayant que les déjeuners avec les sponsors pourtant elle est aussi un investisseur, en quelque sorte. Je ne comprends pas ce qu’elle cherche à faire, si elle est sérieuse ou si elle joue, si elle tente de se rattraper ou faire comme si de rien n’était, comme si jamais elle ne nous avait abandonné, comme si jamais elle avait laissé son frère jumeau sur le côté pour briller devant l’Australie entière pendant que nous tentions de nous nourrir à notre faim tous les jours… Seulement, rentrée depuis deux mois, je ne pouvais plus repousser ce diner et au final, je lui devais bien ça. Je ne l’avouerais jamais, mais nos repas peu récurrents m’ont tout de même un peu manqués, peut-être à cause de mon rêve sans fin d’un jour avoir une famille normale. Ce rêve même qui m’a fait accepter un pacte avec le diable en personne… Comme toujours, je sais que je vais être en retard, et comme à chaque fois, je ne me dépêche pas plus que ça. Elle sera là, à la table, entrain de m’attendre et probablement à s’inquiéter de ma non venue. Tant mieux, ça lui fait comprendre ce que j’ai vécu toute mon enfance, sauf à une différence, moi, je finis par me montrer…
Entrant dans le restaurant, je remarque rapidement que je suis encore bien mal habillé pour ce genre d’endroit, malgré mes quelques efforts de mettre un pantalon non troué et un haut ne dévoilant pas trop de peau. Une fois à la hauteur de Cora, j’arbore un faux sourire et la laisse m’enlacer, sans savoir réellement comment réagir. Je ne peux pas faire semblant, pas comme ça, pas avec elle. Je ne déteste pas ma sœur, si je dois être honnête, je l’aime réellement, elle reste ma sœur. Seulement, je lui en veux, je lui en veux tellement que je ne sais pas si un jour un amour sera assez grand pour vaincre ce sentiment, mêlée d’envie de vengeance, de haine mais aussi empreint de jalousie. « Bon retour parmi nous !. » Je souris, je pourrais la remercier, mais ça fait deux mois que je suis revenue et je suis presque certaine qu’elle me l’a déjà dit par texto… « Alors, tu vas bien ? Tu as pu trouver le restaurant facilement ? J’ai pas osé choisir pour toi, mais commande ce que tu veux. Tu as pu progresser en Californie ? » Mon cœur s’emballe sous autant de question, j’ai l’impression de passer mes examens de fin de secondaire à nouveau ! Je garde tout de même mes lèvres étirées et lui fait mine de ralentir. « Attends, je m’assoie, j’assimile et je te réponds. » Allez, aujourd’hui on va tenter d’être un peu cool. J’ai bien dis tenté. Cela fait huit mois bientôt que je ne l’ai pas vu, je peux faire un effort. « Je vais bien. J’ai trouvé, en six mois, j’ai pas complètement oublié la ville et merci, je vais regarder la carte. » Dis-je en prenant place en face d’elle. Comment fait-elle pour poser autant de question avec aucun rapport en si peu de temps ? J’hausse les épaules pour la dernière question. « Oui, j’ai progressé, je suis partie pour ça et je pense que s’est plutôt réussi, j’ai gagné une compèt' là-bas, ce qui n’était pas gagné en arrivant vu le niveau des nanas. » Je ne suis même pas sûre que ça l’intéresse réellement, mais au moins, ce sujet, je peux réellement en parler longtemps. « Mais j’ai un nouveau contrat assez prometteur, donc je suis contente, ça a porté ses fruits. Il faut juste que je rattrape tous mes cours de la fac maintenant… » Et ça, vu mon assiduité au travail, ce n’est pas forcément gagné. « Je vais prendre la même chose pour le moment, s’il vous plait. » Dis-je au serveur, interrompant un peu le flux de la conversation. « Et toi depuis le temps ? » Je n’ai pas autant de questions qu’elle. Je pourrais lui demander si elle a de nouveau projet, un nouveau copain, comment se passe sa vie, son refuge pour animaux, mais cela prouverait que je me rappelle d’éléments de sa vie, et je ne peux lui faire tant de cadeau. Les verres de vin arrivent avec des petits amuses bouches qui s’annoncent grandioses, surtout vu la faim qui commence à monter en moi suite à l’entrainement de cet après-midi. Je récupère mon verre, réfléchis un instant et me rappel de ma semie-promesse à moi-même. « On trinque donc à quoi ? Autre que mon retour d’il y a deux mois ? » Et tends mon verre vers elle. La soirée va être longue…
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
L
es questions fusent. Forcément, avec ce séjour aux Etats-Unis, les deux sœurs n’ont pas pu se voir durant un certain temps, et malgré toute l’appréhension qu’elle ressentait plus tôt, l’excitation de pouvoir enfin avoir un échange fait que Coran n’arrive pas à poser des questions sans avoir l’air d’une harceleuse. Elle se rassied et se tait laissant à la jeunette le temps de prendre place. « Attends, je m’assoie, j’assimile et je te réponds. » Accompagné d’un sourire, Cora lui montre le siège face à elle, lui indiquant silencieusement qu’elle peut prendre le temps de s’installer avant de répondre à ses questions. « Je vais bien. J’ai trouvé, en six mois, j’ai pas complètement oublié la ville et merci, je vais regarder la carte. » Elle l’écoute, sans vraiment trop faire gaffe au ton qu’elle emprunte, ou même se prendre la tête. Seule compte que Bryn soit là. « Oui, j’ai progressé, je suis partie pour ça et je pense que s’est plutôt réussi, j’ai gagné une compèt' là-bas, ce qui n’était pas gagné en arrivant vu le niveau des nanas. » Elle tape assez silencieusement dans ses mains à l’annonce, afin de la féliciter sans pour autant la couper. « Mais j’ai un nouveau contrat assez prometteur, donc je suis contente, ça a porté ses fruits. Il faut juste que je rattrape tous mes cours de la fac maintenant… » « Et bien, quel programme ! » dit-elle la voix basse tandis que Bryn s’interrompt pour prendre commande au serveur. Elle n’ajoute rien, ne sachant trop quoi dire, ni même quel sujet aborder. Elle sait qu’elle pourrait en poser sur sa privée, sur d’autres choses qu’elle aime et donc elle ne parle pas forcément. Elle pourrait simplement demander comment va Finn en ce moment, mais elle n’ose pas. Et c’est une vague de soulagement qui s’empare d’elle quand Bryn reprend la conversation. « Et toi depuis le temps ? » Elle prend une grande inspiration, avec la grande question qui la taraude, si elle parle maintenant d’Arthur ou si elle garde encore un peu le secret, parce qu’elle ne sait pas comment Bryn réagira et qu’elle ne veut pas prendre le risque de foutre en l’air ce semblant de réunion familiale. « Et bien, pas grand-chose. Le refuge fonctionne bien. Enfin, pas dans le sens où « chouette, les gens abandonnent leurs animaux » mais dans le sens où on trouve des familles et l’investissement tient. Le reste, c’est comme toujours, je cours entre les maquilleuses pour jongler entre les plateaux. » Parler de sa carrière, ce n’est pas la chose qu’elle fait le plus simplement face à eux, elle s’interrompt pour ne pas trop en dire. Sa carrière, c’est la cause de tous leurs soucis. « Mais, je devrais passer quelques mois à l’étranger moi aussi dans pas longtemps. J’en sais pas trop encore mais, si jamais ça te tente d’aller voir du côté de la Floride. » Elle lance l’invitation, elle sait très bien la réponse qu’elle aura, mais le geste est lancé. « On trinque donc à quoi ? Autre que mon retour d’il y a deux mois ? » ajoute Bryn une foisl a conversation finie. « A ce soir, c’est très bien. » répond aussitôt Cora en levant son verre. « Et puis, à tes projets à venir. J’imagine que tu dois faire le plein en ce moment en vue de la saison estival. » Elle prend une gorgée de son verre avant d’ajouter « D’ailleurs, si jamais tu as besoin, je peux en parler à mon agent. Tu as déjà des contacts avec des sponsors ? »
Ma sœur face à moi, je ne sais pas réellement comment agir. J’ai toujours eu au fond de moi cette envie que nous soyons enfin une véritable famille, et nous n’avons jamais été aussi proche de cette réalisation avec la nouvelle implication de ma mère dans ma vie et les apparitions partielles de Cora, mais en même temps, je ne peux émettre que de légers sourires et être polie avec ma sœur se révèle être une épreuve digne des douze travaux d’Hercule. Après tout, c’est de sa faute si tout ça est arrivé ? Si Finn ne sourit plus autant qu’il a pu un jour le faire ? S’il se sent toujours mal, si nous avons été abandonné ? Comment pourrait-elle un jour racheter cela ? Et qu’elle ne pense pas pouvoir le faire avec de l’argent presque sale à mes yeux. Alors que je lui annonce mes exploits de surf de l’autre côté de l’atlantique je vois son regard un peu fier et surtout son tapotement dans ses mains. J’en aurais souris si je n’étais pas aussi occupée à vouloir lui en vouloir. C’est quelque chose de complexe quand on y pense. Après tout, Cora n’est-elle pas la bonté incarnée ? La personne toujours souriante, la main sur le cœur et excellente dans tout ce qu’elle entreprend ? C’est ce que disent les journaux sur elle après tout ? C’est ce qu’elle respire là en face de moi. Pourtant pour moi, elle reste un fantôme, celle que nous voyons plus souvent sur un écran qu’en vrai, celle que nous devions vénérer et qui pourtant nous jeter à petit feu dans un trou dans lequel nous avons du mal à sortir. Que doit-elle se dire à cet instant ? Qu’attend-elle de notre entretien ? Je ne saurais le dire, mais pourtant je continue, dans un semblant qui me semble devenu presque naturel. « Et bien, quel programme ! » Je fais comme si je ne l’avais pas entendu, je pense en avoir assez dit sur moi pour la soirée. Ne pas trop en dévoiler, pour qu’elle n’est pas trop de choses sur moi, que jamais elle ne puisse me blesser à nouveau… « Et bien, pas grand-chose. Le refuge fonctionne bien. Enfin, pas dans le sens où « chouette, les gens abandonnent leurs animaux » mais dans le sens où on trouve des familles et l’investissement tient. Le reste, c’est comme toujours, je cours entre les maquilleuses pour jongler entre les plateaux. » J’aurais préféré qu’elle reste sur sa première lancée. Je crois que je préfère la Cora responsable d’un refuge que Cora l’artiste. J’en suis même sûre car cette Cora-là s’est montée sans nous faire plus souffrir et même si je n’ai pas l’impression que cette Cora est ma sœur, je pense qu’elle me ressemble plus ainsi que dans sa tour d’ivoire. Je sers les dents, je ne sais pas quoi répondre à tout ça. « Mais, je devrais passer quelques mois à l’étranger moi aussi dans pas longtemps. J’en sais pas trop encore mais, si jamais ça te tente d’aller voir du côté de la Floride. » Je fronce les sourcils. Pourquoi partir ? Pourquoi maintenant ? Je m’en veux mais je ressens parfaitement ce petit pincement au cœur. Je m’en veux mais pourquoi a-t-elle besoin de partir, encore loin de nous ? Que va-t-elle faire là-bas ? Pourquoi ne pas y être allée lorsque j’étais également dans le coin ? Je ne suis pas fan de voir ma sœur régulièrement et je crois que les questionnements qui me viennent en sont une des premières raisons. Voir ma sœur me fait souffrir mais elle reste ma sœur et même si je me dois de ne pas la porter dans mon cœur, elle y a une réelle place et la savoir loin ne m’enchante pas plus que ça. « Tu vas faire quoi là-bas ? » Sèche, je dois tenter de ne pas montrer que cela me fait quelque chose, de cacher le fait que je ne serais pas contre aller y faire un tour et pourquoi pas forcer Finn à venir ? Dans un rêve peut-être plus doux, un jour…
« A ce soir, c’est très bien. » Nos verres en l’air, nous les faisons se toucher doucement alors qu’elle continue son toast. « Et puis, à tes projets à venir. J’imagine que tu dois faire le plein en ce moment en vue de la saison estival. » Pour ça, je fais le plein. Ou plutôt, je subis un entrainement bien trop intensif auquel je fais encore une entorse avec ce verre dans ma main et maman s’occupe de faire le plein sur mon agenda… « D’ailleurs, si jamais tu as besoin, je peux en parler à mon agent. Tu as déjà des contacts avec des sponsors ? » Pourquoi je ne peux pas recevoir un appel urgent, du genre, là, maintenant ? Quelque chose me permettant de partir loin, très loin sans jamais avoir à recroiser son regard. Je ne sais pas pourquoi, je ne souhaite pas en parler avec elle, alors même qu’elle a passé sa vie dans les filets de notre mère à nous ignorer. Moi au moins, j’ai l’audace de rester et même de la voir elle. Je garde la face, jouant d’un jeu de théâtre qui coule donc peut-être dans nos veines. « Ton agent fais aussi dans le sport ? » La meilleure défense reste l’attaque, non ? « Oui, quelques-uns. Je m’en sors pas mal, ils viennent facilement. » Change de sujet, change de sujet… « Tu voudras manger quoi, toi ? » Oui et bien c’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit !
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
E
lle ne s’étend pas sur tout ce qui est relatif au cinéma. A chaque fois qu’elle aborde le sujet, elle voit les sourcils de Bryn – comme ceux de Finn d’ailleurs – se froncer, comme si elle parlait d’un sujet tabou. Elle comprend. Le problème de ce silence est juste que du coup, elle ne sait jamais trop quels sujets aborder avec eux. Jusqu’où elle peut aller avant de voir s’ajouter aux sourcils froncer un claquement de porte. Parce que c’est important, elle parle de son départ prochain pour la Floride. Elle ne s’épanche pas sur les raisons, mais si jamais, Bryn sait où la joindre. C’est une façon de lui dire qu’elle reste disponible, sans pour autant mettre ces mots là pour que la jeune femme ne se sente pas brusquée. « Tu vas faire quoi là-bas ? » demande Bryn, d’une façon assez sèche pour arrêter Cora dans son discours. Encore une fois, elle a du dire un truc de travers sans savoir ce que c’était. Elle ne veut pas mentir, mais en même temps, un restaurant n’est pas l’endroit pour annoncer ce genre de nouvelles. Elle prend une inspiration, avant d’expliquer de manière à ne pas l’inquiéter, ou l’énerver. « Je dois juste régler une affaire que j’ai laissé en suspens pendant plusieurs années. Je t’en dirais plus le moment venu mais, je ne serais pas partie définitivement. » Non, sa vie est ici, avec eux, quoi qu’ils en disent et à leur manière tordus d’être une famille. Si l’intention de tout avouer est là, elle reste à attendre le moment venu. A cet instant, Cora se sent assez mal d’avoir encore plus de secret pour sa sœur, mais elle reste convaincue que tout est pour le mieux. Afin de ne pas montrer plus longtemps le malaise qu’elle ressent à encore cacher la vérité, elle change de sujet et propose de trinquer à leur soirée ensemble et puis elle s’emballe, elle devient curieuse et pose des questions sur Bryn, sur sa carrière sportive avec les meilleurs intentions du monde que de voir si elle peut faire quelque chose pour elle. Ça ne dure qu’un instant, où elle a l’impression qu’une conversation normale peut être initié, puis ses yeux se posent sur sa sœurs, sur les sourcils froncés et là encore, elle aurait eu mieux de lui demander si la mort du docteur mamour dans Greys Anatomy ne va pas gâcher la suite de la série plutôt que de tenter d’en savoir plus sur la façon dont elle gère sa carrière. « Ton agent fais aussi dans le sport ? » Elle se pince la lèvre, coupée dans son élan. « Oui, quelques-uns. Je m’en sors pas mal, ils viennent facilement. » Evidemment, l’envie d’en savoir plus tambourine à la porte. Elle ne veut qu’aider, s’assurer qu’elle est bien entourée mais après une telle veste, elle se contente d’acquiescer en souriant accueillant d’un parfait faux semblant ce changement de sujet de la part de Bryn, comme si elle n’avait pas compris qu’elle devrait rester à sa place. « Tu voudras manger quoi, toi ? » « Juste une salade. Je n’ai pas très faim. Mais fais-toi plaisir. » ajoute t-elle avant de revenir silencieuse, elle se contente d’observer Bryn, le nez plongé dans le menu sans même savoir ce qu’elle pourrait dire ou faire. Elle a l’impression que n’importe quelle question qu’elle pourrait poser pour être mal venue, mal prise alors elle garde le silence, jusqu’à ce qu’on vienne la tirer de ses pensées. « Bonjour, Mlle Coverdale ? » Devant elle, deux adolescentes, sourire aux lèvres et téléphone à la main. « On peut prendre une photo avec vous ? On ne veut pas déranger, mais on vous adore. » Un sourire plus grand se trace sur son visage, alors que Cora fait oui de la tête et se lève pour prendre dans ses bras la première gamine, puis la seconde lorsque le téléphone change de main. « Voilà les filles, passez une bonne soirée. » « Merci beaucoup, vous êtes tellement belle, c’est incroyable que vous soyez aussi gentille en vrai. » « C’est tout naturel. » poursuit –elle avant de se rasseoir pendant que les deux ados s’éloignent, son regard se pose à nouveau sur Bryn. Retour à la case départ, elle ne sait quoi dire.
Un départ en Amérique ? A quoi cela peut-il bien rimer ? Je ne connais rien de la vie de ma sœur, mais je crois savoir qu’elle ne tourne aucun film de l’autre côté du pacifique cette année. Elle prend une inspiration comme si elle allait partir en apnée dans un monologue terrible mais ne me balance que deux phrases. « Je dois juste régler une affaire que j’ai laissé en suspens pendant plusieurs années. Je t’en dirais plus le moment venu mais, je ne serais pas partie définitivement.» Soulèvement de sourcil. Je rêve ou elle vient de me parler pour rien ne me dire ? Pourquoi me dire qu’elle part si c’est pour garder le secret par la suite ? Je bouillonne, tapote sur la table du bout des doigts mais sert la mâchoire pour ne pas exploser, ça ne sert à rien, sauf lui donner des points et m’humilier en publique ce dont je n’ai pas besoin si je ne veux pas que notre mère débarque en trombe dans le restaurant. La suivant, je lève mon verre, portant un toast peu sincère sur notre soirée. Mes repas avec ma sœur me semblent plus être des repas d’affaire que de réels moments de détente. Pourtant, je me tente à me laisser aller, l’écoutant, lui répondant de temps en temps mais quand la conversation revient sur ma carrière, mon sang ne fait qu’un tour, mes poils s’irise et je ne peux plus faire semblant, reprenant un regard meurtrier et un ton glacial. Je ne sais pas pourquoi je continue à faire tant d’efforts, mais je le fais même si pour cela je dois ne plus avoir de peau sur la paume de ma main. « Juste une salade. Je n’ai pas très faim. Mais fais-toi plaisir. » C’est vrai que certaines personnes doivent faire attention à leur ligne et manger que de la salade… Avantage de faire du sport, je n’ai pas cela à faire et je peux sans en abuser, me faire plaisir. Je me retiens tout de même de lever les yeux au ciel, ça ne sert à rien de venir diner si elle n’a pas faim tout de même… « Je vais prendre … » Alors que mes yeux s’enlèvent de la carte, je me retrouve face à deux gamines qui font le pied de grue devant ma sœur. Je m’arrête net dans mon élan et mon envie de risotto disparait tout aussi vite. En serrant les dents, je regarde l’échange entre ma sœur et ces deux étrangères. « Bonjour, Mlle Coverdale ? » Non, non c’est Monsieur Ronald, espèce de nouille, sa tête est affichée sur tous les panneaux publicitaires de la ville, tu penses réellement te tromper de nom de famille ? Ou bien tu tentes vainement d’être polie parce que tu nous déranges en plein repas et moment personnel ? Bande de cruches. « On peut prendre une photo avec vous ? On ne veut pas déranger, mais on vous adore. » Non et oui, vous dérangez. Pourtant je vois ma sœur acquiescer et déglutit difficilement, elle est sérieuse là ? Parfait, je crois que ces gamines ont bientôt plus de photos avec ma sœur que moi avec elle. J’ai envie de vomir, quitter la salle, crier, fulminer, oscillant entre colère et jalousie monstrueuse, ma tête me tourne presque. « Voilà les filles, passez une bonne soirée. » « Merci beaucoup, vous êtes tellement belle, c’est incroyable que vous soyez aussi gentille en vrai. » « C’est tout naturel. » Donner moi un sac, ça va sortir. Je plisse les yeux et les suit du regard jusqu’à ce qu’elles atteignent leur table en gloussant. Niaises. Je me retourne vers ma sœur, son regard timide posé sur moi. J’ai une boule immense au niveau de ma gorge, et je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Incapable de surmonter son regard, c’est moi cette fois-ci qui rompt l’échange et plonge sur la carte. « Je ne suis pas sûre d’avoir encore très faim. » Peut-être de l’alcool passerait mais ce n’est pas une bonne idée à cet instant précis. Tentant, de rester polie, je passe ma serviette sur mes lèvres, la pose délicatement sur la table afin de m’occuper l’esprit mais mon cœur ne me laisse pas de répit. « Je reviens. » Je me lève, partant vers les toilettes mais m’arrête à mi-chemin, revenant rapidement sur mes pas, les nerfs à vif mais tentant de ne pas faire trop de déboire, en parlant le plus calmement possible. « Tu vois, c’est tout ça qui me dérange, qui ne me convient pas. » Calme toi Bryn, calme-toi. « Tu te rends compte que l’Australie entière et peut-être bien plus de monde te connait aussi bien voire plus que moi ? Que tu passes plus de temps pour eux que pour nous ? Que tu as plus de photos avec des inconnus qu’avec ta propre famille ? Je sais qu’on t’en a jamais demandé mais est-ce que ça te parait logique, normal ? » Je m’appuie sur la table, ne sachant plus quoi faire du tout. « Pourquoi ? Pourquoi tu dois être cette fille alors que… » Je me mords la lèvre, sachant pertinemment que maintenant c’est la jalousie bien plus que la colère qui parle à ma place et ce sentiment, je l’aime encore moins que le deuxième. « Désolée. » Soufflant, je récupère mes affaires, dépose un billet sur la table, refusant même son invitation pour mon verre et part à grandes enjambées, ne sachant si je souhaite qu’elle me rejoigne ou pas. Je la déteste, je me déteste, je les déteste…
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
L
es voilà à nouveau, les sourcils froncés. En se retrouvant face à face avec elle à nouveau, elle comprend qu’elle a fait une erreur quelque part, et pourtant, ce n’était que de simples autographes avec deux gamines qu’elle n’allait tout de même pas envoyé paitre. Cora s’interroge alors que la réaction de Bryn ne présage rien de bon. Elle comprend qu’elle a encore fait ce qu’elle n’aurait pas dû faire, quand bien même que ça ne soit pas si grave. Parfois, les réactions de son frère et sa sœur sont inexplicable à ses yeux. Elle essaie juste de contenter tout le monde, pourquoi ne le voient-ils pas ? « Je ne suis pas sûre d’avoir encore très faim. » lâche Bryn, ce qui désespère Cora sur le coup. Elle comprend déjà que c’est quelque chose qu’elle a fait et elle ne comprend pas que Bryn soit aussi susceptible, mais peut-être devrait-elle s’estimer heureuse d’avoir eu quinze minutes de conversation avec elle. . « Je reviens. » dit-elle, sans obtenir d’autre réponse de Cora que son regard qui ne la quitte pas. Elle est à l’affut de la moindre réaction, le moindre signe qui pourrait lui expliquer exactement la réaction de la benjamine. Elle part, et Cora la lâche finalement des yeux pour prendre sa tête dans sa main en essayant de se rassurer quand elle est coupée par Bryn qui revient plus vite qu’elle ne l’aurait pensé. « Tu vois, c’est tout ça qui me dérange, qui ne me convient pas. » Elle la questionne du regard. « Tu te rends compte que l’Australie entière et peut-être bien plus de monde te connait aussi bien voire plus que moi ? Que tu passes plus de temps pour eux que pour nous ? Que tu as plus de photos avec des inconnus qu’avec ta propre famille ? Je sais qu’on t’en a jamais demandé mais est-ce que ça te parait logique, normal ? » Non, bien sûr que non. Mais ça n’est pas comme si c’était entièrement sa faute. Et ce n’est pas comme si cela fait déjà dix ans qu’elle essayait refus sur refus au sujet de moindre moment de partage avec eux. En l’écoutant, le cœur de Cora se serre. Elle sait qu’elle n’a pas été là, mais en même temps, on ne la laisse pas revenir. Elle a juste mal de ne pas comprendre ce qu’ils attendent d’elle. Elle est perdue et ne répond rien tandis que Bryn poursuit. « Pourquoi ? Pourquoi tu dois être cette fille alors que… » Elle ne finit pas sa phrase, pourtant elle aimerait mieux savoir pour pouvoir crever l’abcès qui ronge leur relation. « Désolée. » conclue la sportive avant de prendre ses affaires et de filer très rapidement, empêchant ainsi Cora d’ajouter quoi que ce soit. Abasourdie, Bryn a le temps de franchir la porte du restaurant quand Cora se lève à sa poursuite. Pourquoi faut-il toujours que les choses soient compliquées ? « Bryn ! » crie t-elle en se lançant à la poursuite de la jeune fille qui ne se laisse pas rattrapé aussi facilement. « Bryn arrête toi, il faut qu’on parle ! » Les passants se retournent vers elle. Ils la reconnaissent, elle voit leur tête pleine d’interrogation quant à la scène qui se joue dans la rue. « Bryn ! Tu ne peux pas aborder un tel sujet et ne pas écouter ce que j’ai à dire. » Elle arrive à sa hauteur, ou du moins, elle est derrière elle et peut lui parler sans avoir à crier dans la rue. « Je … T’as pas l’impression qu’on est tous embarqué dans un cercle vicieux qui nous empêche d’avancer ? Tu penses sérieusement que je ne vois pas qu’il y’a un problème ? Seulement, comme je suis censée arranger les choses si à chaque fois vous prenez la fuite, ou bien si vous ne me laissez pas vous approcher ? J’arrive pas à comprendre. Qu’est ce que vous attendez de moi ? Qu’est ce que tu veux Bryn ? »
Je ne sais plus pourquoi j’essaie, pourquoi je fais tout ça. Je sais très bien que j’agis comme une enfant gâtée, que je fais un caprice, mais je n’en peux plus. Voir ma sœur avec des étrangers me fait mal, ne pas la voir me fait tout aussi mal, je crois qu’en sa présence ou son absence, je ne serais jamais réellement bien. Pas tant que nous n’aurons pas crever tous les abcès qui ont poussé tout au long de notre vie. En même temps c’est trop dur. Trop difficile de lui parler simplement car à chaque fois j’ai l’impression qu’elle va avoir un coup de fil, une scène à tourner, un show à faire, quelques choses qui l’amènera toujours plus à être à l’Australie et à mettre Finn dans un état déplorable. Je ne sais pas pourquoi nous lui en voulons à elle, c’est notre mère qui l’a mise là-dedans, mais en même temps, a-t-elle réellement fait de la résistance ? Je n’en sais rien, je ne le serais peut-être jamais mais en tout cas, je suffoque ici et je dois prendre l’air, même partir, loin de ce restaurant.
Mon sac sur le dos, je me retrouve enfin avec de l’air sur mon visage. J’entends très bien ma sœur m’appeler de l’intérieur. Je m’arrête, continue, m’arrête à nouveau. Pourquoi ça ne peut jamais être simple ?! Prenant ma colère à deux mains, j’allonge mon pas mais avant d’atteindre la première marche, la porte s’ouvre et la voix de ma sœur atteint parfaitement mes tympans. « Bryn arrête toi, il faut qu’on parle ! » De quoi ?! Je me retourne froidement, ouvre grand les yeux et lève les mains au ciel. Elle veut ma peau, je n’arrive pas à parler, je ne sais pas faire et je n’ai jamais su. A part Finn ou bien Simon, personne ne peut me faire parler et je préfère largement ma coquille bien solide à tout ça, surtout à ce que ma sœur peut faire ressortir chez moi… Sans faire attention au monde autour de nous, je la fixe, attendant la suite. « Bryn ! Tu ne peux pas aborder un tel sujet et ne pas écouter ce que j’ai à dire. » C’est pourtant ce que j’étais en train de faire, ça ne me posait pas trop de problèmes jusque là… A nouveau je me retourne, continuant ma route, je n’ai pas envie de parler, je n’y arriverais pas. Ce n’est pas réellement contre toi Cora, c’est juste que je n’en suis pas capable, pas sans craquer… La sentant de plus en plus proche de moi, je m’arrête, évitant le choc entre nous de justesse, je me retourne vers elle. « Quoi alors ? » Impassible, je garde mon visage froid, au fond de moi, c’est la deuxième guerre mondial et Tchernobyl en même temps, je panique mais je dois rester calme, pas de crise, pas ici, pas comme ça, pas devant elle…
« Je … T’as pas l’impression qu’on est tous embarqué dans un cercle vicieux qui nous empêche d’avancer ? Tu penses sérieusement que je ne vois pas qu’il y’a un problème ? Seulement, comme je suis censée arranger les choses si à chaque fois vous prenez la fuite, ou bien si vous ne me laissez pas vous approcher ? J’arrive pas à comprendre. Qu’est ce que vous attendez de moi ? Qu’est ce que tu veux Bryn ? » J’en sais rien. Si seulement j’avais cette réponse, peut-être que j’aurais pu la lui donner, peut-être que j’aurais réussi à finir tout ça depuis longtemps et mon frère arrêterait de souffrir autant. Mais je suis incapable de trouver une bonne réponse. Je suis obligée de me mordre la lèvre pour ne pas craquer, mes poings se serrent jusqu’à m’en faire mal, mais elle a réussi. Elle a réussi à baisser une barrière, à rentrer et moi, ça me panique. J’ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Ce n’est qu’à la troisième tentative que ma voix me revient, alors que mes épaules s’hausse doucement. « Je sais pas. » Sincèrement. « Je veux énormément de choses Cora. Je veux une vie normale, je veux qu’on me voit à ma valeur et qu’on arrête de me demander si je suis « Bryn Coverdale, comme Cora Coverdale ? », je veux qu’on me remarque, qu’on accorde un semblant d’importance à mon existence, je veux briller dans ce que je fais, je veux servir à quelque chose, je veux arrêter de baisser la tête en passant devant un cinéma où ton visage est affiché, mais… » Je fais une légère pause, baissant les yeux avant de les relever, accrochant enfin son visage et calmant mon rythme de parole sans même penser, mais en parlant pour une fois avec le cœur. « Mais je veux avant tout que Finn retrouve le sourire, je veux avoir une vraie famille, je veux qu’il puisse enfin s’ouvrir, laisser les difficultés de la vie derrière lui, je veux revenir en arrière et dire à papa qu’on a besoin de lui, je veux que nous soyons une famille, je veux vraiment essayer, mais je ne sais pas pourquoi je n’y arrive pas, Cora. J’ai grandi comme ça. J’ai grandi sans votre attention, l’avoir fait un peu bizarre tu comprends ? » Je sens mon rythme cardiaque redescendre et je dois me battre contre mes canaux lacrymaux afin qu’ils ne laissent pas échapper la moindre larme. « Je veux être ta sœur Cora, mais je ne sais pas comment est-ce qu’on fait ça ? Comment peut-on devenir sœur alors que nous avons eu deux vies totalement différentes ? » Je n’ai personnellement toujours pas trouvé la réponse. « Je suis réellement désolée. Je suis probablement trop faible, mais je n’y arrive pas, pas encore, parce que plus je m’approche de toi, plus j’ai l’impression de trahir Finn, et ça, je ne pourrais jamais le faire. » Enfin jamais… Sauf peut-être pour un tout petit secret… « Mais si tu as une recette magique, alors j’écouterais ce que tu as à dire. »
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
L
Elle se serait volontiers passée de tout le drama qui entoure cette fuite, mais Cora ne peut contre le sentiment que si elle ne court pas après sa sœur là, maintenant, cela risque de causer encore plus de dommage à leur relation et que ce sera sa faute. Alors, elle accourt, elle appelle et Bryn hésite à lui répondre ou poursuivre. Concrètement, Cora n’arrive pas à comprendre sa sœur, ce qu’elle veut, ce qu’elle attend d’elle, arrivée à sa hauteur dans un moment où elle concède à l’écouter, elle rend les armes et lui pose la question. Elle est juste tellement lassée d’essayer et qu’on lui réponde qu’elle a tout fait de travers. Il y’a eu des erreurs, mais des milliers de tentative pour les rattraper. « Je sais pas. » répond t-elle d’une voix brisée particulièrement émouvante « Je veux énormément de choses Cora. Je veux une vie normale, je veux qu’on me voit à ma valeur et qu’on arrête de me demander si je suis « Bryn Coverdale, comme Cora Coverdale ? », je veux qu’on me remarque, qu’on accorde un semblant d’importance à mon existence, je veux briller dans ce que je fais, je veux servir à quelque chose, je veux arrêter de baisser la tête en passant devant un cinéma où ton visage est affiché, mais… » Le regard de l’actrice s’adoucit, ses oreilles parfaitement attentive à ce qui sort de la bouche de sa sœur. « Mais je veux avant tout que Finn retrouve le sourire, je veux avoir une vraie famille, je veux qu’il puisse enfin s’ouvrir, laisser les difficultés de la vie derrière lui, je veux revenir en arrière et dire à papa qu’on a besoin de lui, je veux que nous soyons une famille, je veux vraiment essayer, mais je ne sais pas pourquoi je n’y arrive pas, Cora. J’ai grandi comme ça. J’ai grandi sans votre attention, l’avoir fait un peu bizarre tu comprends ? » Elle acquiesce, elle comprend et en même temps, toutes ces choses qu’elle veut ne reposent pas sur elle. Bryn devrait comprendre que cela bientôt dix ans qu’elle a toute son attention et qu’elle la rejette pour ne pas blesser Finn. Là encore, elle comprend, mais hormis se retrouver impuissante, elle ignore quoi faire alors écoute Bryn poursuivre sans vraiment trouver la réponse à lui donner. « Je veux être ta sœur Cora, mais je ne sais pas comment est-ce qu’on fait ça ? Comment peut-on devenir sœur alors que nous avons eu deux vies totalement différentes ? » Bryn se calme, lentement. Les passants arrêtent de les observer parce qu’elles attirent l’attention. « Je suis réellement désolée. Je suis probablement trop faible, mais je n’y arrive pas, pas encore, parce que plus je m’approche de toi, plus j’ai l’impression de trahir Finn, et ça, je ne pourrais jamais le faire. » Ce n’est pas ce qu’elle lui demande. Mais, elle est plutôt satisfaite que cet abcès là soit crevé. Maintenant, il ne lui reste qu’à trouver une solution au problème. « Mais si tu as une recette magique, alors j’écouterais ce que tu as à dire. » Elle prend une inspiration. Forcément, le remède miracle ne sortira pas de ses lèvres aujourd’hui. Il y’a tellement de problème que Bryn a souligné. « Déjà, j’aimerais que tu arrêtes de penser qu’il y’a une team Cora & une team Finn. Il n’y en a pas. Je sais que Finn m’en veut beaucoup mais tu ne dois pas penser que me voir est forcément le trahir. Je sais ce qu’il représente et j’aimerais vraiment que la situation entre lui et moi ne te mette pas dans une telle position, je suis sincèrement désolée que tu aies ce rôle-là, mais Bryn, j’essaie. » Elle appuie sur le mot, elle essaie, elle donne ce qu’elle peut et elle aimerait tellement que ça arrête d’être insuffisant. « J’essaie tellement fort de te donner ce que tu veux. Tu crois que je passerais des soirées à vous harceler de texto si je n’avais pas envie que les choses soient normale ? Tu as toute mon attention, mais vous me repoussez sans arrêt. J’aimerais être telle que vous aimeriez, j’aimerais vraiment qu’on vous laisse être vous-même plutôt que le « frère de » ou « la sœur de » mais c’est quelque chose que je ne contrôle pas, je suis ce que je suis et il y’a eu un temps où j’ai essayé d’envoyer tout ça au placard en étant normale, mais, je ne sais rien faire d’autre. Si j’avais une recette magique, on ne serait pas dans cette situation, mais hormis dire qu’il faut composer avec la situation, je n’ai rien à offrir. »
Je n’aime pas ça. Je n’aime pas cette situation, celle qui m’oblige à m’ouvrir, celle qui nous met en scène dans cette rue. M’ouvrant doucement à ma sœur, je reste sur mes gardes, ne souhaitant pas me retrouver sur un tabloïd demain matin. Pourtant, rapidement j’oublie, j’oublie que nous sommes entourées d’autres personnes menant leurs vies tranquillement, j’oublie ce qui nous entoure pour me concentrer sur la réponse que je lui donne. Celle qu’elle souhaite entendre. Je ne m’attendais pas à lâcher ce monologue mais il faut croire qu’elle a mis le point sur quelque chose de vrai, je sais ce que je veux, je ne voulais simplement pas l’avouer. Face à moi son visage se détend, et mon débit de parole avec lui. J’ai l’air ridicule et je m’en veux. Que pouvons-nous faire dans cette situation ? J’ai l’impression d’être dans une impasse et même si elle veut m’aider à sauter le mur nous séparant, il y en a encore des dizaines par-delà, dont un dont elle ne se doute pas et que je ne suis pas prête d’avouer… Une fois ma tirade finie je me détends et en même temps, me crispe, ne sachant plus comment agir. Je suis en terrain inconnu et même si habituellement j’aime ça, ce n’est pas quelque chose que j’avais prévu de tenter avec ma sœur.
« Déjà, j’aimerais que tu arrêtes de penser qu’il y’a une team Cora & une team Finn. Il n’y en a pas. Je sais que Finn m’en veut beaucoup mais tu ne dois pas penser que me voir est forcément le trahir. Je sais ce qu’il représente et j’aimerais vraiment que la situation entre lui et moi ne te mette pas dans une telle position, je suis sincèrement désolée que tu aies ce rôle-là, mais Bryn, j’essaie. » Mmh. Plus facile à dire qu’à faire. Il n’y a pas de team Finn et de team Cora, c’est vrai. Il y a Cora et la team Finn, désolée pour elle, vraiment. Je sais qu’elle essaie, je le sais et le vois mais peut-être ne nous sommes-nous pas d’accord sur la manière… Et ce n’est pas le trahir à ses yeux à elle, mais pour lui ? Est-ce qu’il le voit bien ? Est-ce qu’il est réellement d’accord pour que je vois Cora ou bien me laisse-t-il faire juste par peur que je lui en veuille dans le cas contraire ? J’acquiesce pourtant, ne voulant pas la blesser après tout ce que je viens de lui avouer. « J’essaie tellement fort de te donner ce que tu veux. Tu crois que je passerais des soirées à vous harceler de texto si je n’avais pas envie que les choses soient normale ? » Je ne peux retenir un léger sourire, presque une gêne en me rendant compte de la véracité de ses propos. « Tu as toute mon attention, mais vous me repoussez sans arrêt. J’aimerais être telle que vous aimeriez, j’aimerais vraiment qu’on vous laisse être vous-même plutôt que le « frère de » ou « la sœur de » mais c’est quelque chose que je ne contrôle pas, je suis ce que je suis et il y’a eu un temps où j’ai essayé d’envoyer tout ça au placard en étant normale, mais, je ne sais rien faire d’autre.» Ma gorge se noue. Je n’avais jamais vu les choses ainsi et je ne les vois toujours pas de cette manière. Ma sœur est ce qu’elle est par bien des aspects mais jamais je l’aurais qualifié comme quelqu’un qui ne sait rien faire d’autre que la comédie face à une caméra, jamais. « Si j’avais une recette magique, on ne serait pas dans cette situation, mais hormis dire qu’il faut composer avec la situation, je n’ai rien à offrir. » J’hoche la tête. Je comprends. Mais qu’est-ce que je peux répondre à ça ? J’ai envie de m’enfoncer six pieds sous terre, de la prendre dans mes bras et de lui dire que je ferais des efforts, j’ai envie de lui sourire et de lui dire que tout ira bien, mais mes zygomatiques restent immobiles et mes yeux trouvent impressionnant mes lacets à cet instant précis. Tournant et retournant mes phrases et idées dans ma tête, j’ai l’impression qu’un silence plombant s’est installé entre nous depuis des heures, pourtant cela ne fait que quelques secondes que sa voix s’est éteint. Je me mords la lèvre, levant doucement les yeux vers ceux magnifiques de ma sœur. Je sais qu’elle essaie, mais au moment où des excuses veulent s’échapper d’entre mes lèvres, je m’en rends compte, elle est désolée de mon rôle dans leur histoire mais l’est-elle pour tout le reste ? C’est peut-être ce point qui nous bloque et qui fait que rien ne s’arrange depuis tant de temps. « C’est gentil. Tu n’y peux probablement rien, c’est vrai. Et… Je ne suis pas sûre que tu puisses être quelqu’un de normal. De n’importe quelle manière, ce n’est pas un truc de Coverdale, j’ai l’impression. » Un sourire dans un souffle, nous pouvons être qualifié de bien des choses, mais normal pour nous serait presque une insulte. Après tout, même si ça ne nous enchante guère, notre sœur est bien une des plus grandes stars d’Australie, non ? « Je… » J’hésite, je ne suis pas sûre et en même temps, ce n’est pas ce que j’attends depuis des années, voir toute ma vie ? « Je veux bien essayer, mieux. Je ne promets rien, pas de miracle, je te promets pas d’être ta petite sœur adorée rapidement, mais je peux tenter de faire de meilleurs efforts mais. » Parce qu’il y a toujours un mais. « Avec certaines ‘conditions’. Il faudra qu’on est de réelles discutions, pas uniquement des trucs de surfaces, parce qu’on a d’abord pas mal de sujet à percer je crois… Comme tu l’as dis, je ne veux pas être prise entre Finn et toi et je suis désolée – ou pas – mais tu sais que pour moi, Finn passera toujours en premier… Si y a un sujet que nous ne sommes pas prête à aborder, on peut invoquer le code qui peut-être… Nabuchodonosor ! Et hop on change de sujet. Et deux dernières choses : Finn n’est pas un sujet possible tant qu’il n’est pas prêt à l’être. Ton argent ne m’intéresse pas. Je suis très reconnaissante de ce que tu fais pour moi pour mes études, vraiment, mais ça ne doit pas être un truc, genre des cadeaux etc… Il est plus une cause de notre mésentente qu’autre chose, c’est bien que tu en es, mais évite de sortir ton chéquier dès qu’on se voit ou de savoir si tu peux subvenir à mes besoins, on s’en est sorti jusque-là et ce n’est pas à moi qu’il faut le donner si tu tiens vraiment à t’en débarrasser dans la famille… » Ok, respire Bryn maintenant et on arrête les monologues. « Enfin, si ça te va. Je veux bien essayer. » Mais pour aujourd’hui, je pense que j’en ai déjà fait beaucoup et cette discussion vient de m’achever, littéralement.
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
L
Si une solution miracle avait existé, elle aurait déjà sorti cette carte. Elle aurait déjà réparé cette relation brisée et coulé des jours heureux auprès de sa fratrerie. Seulement, une telle chose n’existait pas. Hormis le fait que son frère et sa sœur se complaisent dans leur rancœur envers elle, cette déchirure ne concerne pas qu’elle et s’il faut une réponse à la question de Bryn, tout ce qu’elle peut répondre c’est : compromis. Compromettre d’essayer d’être plus là, de moins faire passer sa carrière avant eux. Compromettre qu’ils essaieront avant de la condamner pour le moindre geste. Compromettre d’arrêter de regarder le passé et comprendre le temps qui passe bêtement. Et surtout arrêter de chercher un coupable. Cora est presque essoufflée de son discours. « C’est gentil. Tu n’y peux probablement rien, c’est vrai. Et… Je ne suis pas sûre que tu puisses être quelqu’un de normal. De n’importe quelle manière, ce n’est pas un truc de Coverdale, j’ai l’impression. » Elle esquisse un sourire. La tension a l’air de s’apaiser, Bryn est parvenue à l’entendre jusque bout. Pour une fois, Cora a parlé, elle a fait autre chose que de subit en silence les reproches qu’ils peuvent lui faire. C’est un début en soi. Ça la rassure. Elle reprend courage, ou du moins, elle se persuade que Bryn sera capable de rester là avec elle plutôt que de prendre la fuite. « Je veux bien essayer, mieux. Je ne promets rien, pas de miracle, je te promets pas d’être ta petite sœur adorée rapidement, mais je peux tenter de faire de meilleurs efforts mais. » Elle s’apprête à lui répondre qu’il n’y a pas de problème, qu’elle ne s’attend pas à ce que vingt ans de mésentente s’efface, elle veut juste un pas. Elle se retient d’ajouter quoi que ce soit, préférant attendre la suite. « Avec certaines ‘conditions’. Il faudra qu’on ait de réelles discutions, pas uniquement des trucs de surfaces, parce qu’on a d’abord pas mal de sujet à percer je crois… Comme tu l’as dis, je ne veux pas être prise entre Finn et toi et je suis désolée – ou pas – mais tu sais que pour moi, Finn passera toujours en premier… Si y a un sujet que nous ne sommes pas prête à aborder, on peut invoquer le code qui peut-être… Nabuchodonosor ! Et hop on change de sujet. Et deux dernières choses : Finn n’est pas un sujet possible tant qu’il n’est pas prêt à l’être. Ton argent ne m’intéresse pas. Je suis très reconnaissante de ce que tu fais pour moi pour mes études, vraiment, mais ça ne doit pas être un truc, genre des cadeaux etc… Il est plus une cause de notre mésentente qu’autre chose, c’est bien que tu en aies, mais évite de sortir ton chéquier dès qu’on se voit ou de savoir si tu peux subvenir à mes besoins, on s’en est sorti jusque-là et ce n’est pas à moi qu’il faut le donner si tu tiens vraiment à t’en débarrasser dans la famille… » Cora acquiesce à chacune des demandes de la jeune femme. Ne pas précipiter les choses. Faire des pas. Ne pas brusquer Finn. Arrêter de vouloir remplir les silences avec de l’argent. Elle est d’accord pour tout ça. « Enfin, si ça te va. Je veux bien essayer. » « C’est parfait. » répond Cora d’une voix un petit peu brisée. Emue par la conversation qu’elles viennent d’avoir, par le simple fait que sa sœur l’accepte un peu plus que ce matin même si ce n’est pas complètement. Elle apprend à prendre les choses comme elles viennent. « Pas d’argent. Pas de Finn tant qu’il n’est pas prêt. Pas de secret. Ça marche pour moi. » Elle sourit un peu plus. Elles ont l’air un peu suspectes là comme elles ont plantée l’un devant l’autre sur le trottoir. « Est-ce que maintenant tu veux qu’on prenne un truc ? Comme un café. Et on pourrait juste … parler, par exemple, quel est ton film préféré ? Non, pas de cinéma. Musique ? Ou si tu veux, on parle de ce que tu veux. Je prendrais le prochain tour. » déclare t-elle avant de tendre le bras vers la jeunette pour qu’elle la suive.
Je crois que je me surprends moi-même. C’est agréable d’avoir pu tout dire, cela fait du bien et j’ai enfin l’impression d’être réelle avec ma sœur et non tenter de toujours devoir l’agresser. C’était entré dans mon quotidien, répondre négativement à tout ce qui s’approche de prêt ou de loin à elle, mais pourquoi ? Parce que je devais faire bonne figure auprès de mon frère ? Il ne me l’a jamais demandé, réellement. Parce que je la détestais ? Je ne l’ai jamais vraiment connu alors ce n’était qu’un imaginaire. Je crois que c’était simplement plus simple pour moi, pour ne pas souffrir, ne pas imaginer, ne pas me faire des idées sur cette sœur que je ne connais finalement pas. Quand je finis, presque essoufflée mais apaisée mon monologue, sa voix, sans blanc, mais faible me surprends. « C’est parfait.» Vraiment ? Est-ce vraiment ce qu’elle veut ? Est-ce suffisant pour elle ? « Pas d’argent. Pas de Finn tant qu’il n’est pas prêt. Pas de secret. Ça marche pour moi. » Je souris malgré moi. C’est un bon résumé, maintenant est-ce que nous serons capable de le tenir ? Etrangement, j’ai l’impression de la regarder vraiment pour la première fois. Ou peut-être est-ce parce que son sourire n’est pas flanqué sur son visage juste pour tenter de ne pas me faire partir en courant – ce qui marchait rarement – mais qu’elle est vraiment contente de cet échange ? Moi-même j’ai l’impression de ne pas me reconnaitre, mais d’être légère et bien, comme si nous avions enfin fait ce geste nécessaire à notre bon fonctionnement. Seulement, même si mon sourire est réel et la situation nouvelle, sa voix répétant trois mots me hante. « Pas de secret ». Ce sont mes conditions, pourtant comment les tenir ? Comment faire pour que ce ne soit pas un secret ? Peut-être que Nabuchodonosor me sera utile dans un premier temps. Parce que bon, il y a une différence entre faire un effort, être proche, qu’elle soit ma sœur et que je lui avoue que je répète un schéma pour lequel je la blâme depuis ma naissance.
« Est-ce que maintenant tu veux qu’on prenne un truc ? Comme un café. Et on pourrait juste … parler, par exemple, quel est ton film préféré ? Non, pas de cinéma. Musique ? Ou si tu veux, on parle de ce que tu veux. Je prendrais le prochain tour. » Une boule s’installe dans le creux de ma gorge. Je suis fatiguée, épuisée mentalement suite à cette conversation, je ne sais pas si je survivrais à une autre, mais en même temps, comment lui dire non ? Je l’avoue, je suis également mal à l’aise parce que j’ai prévu autre chose afin de pouvoir m’échapper de son emprise. Je le fais à chaque fois, avoir du temps pour elle, mais pas trop, c’était mon plan depuis toujours non ? Mais maintenant que faire, quoi dire ? Je ne sais pas, et en même temps si je pars, est-ce que je serais capable de repartir sur de bonnes conditions la prochaine fois ? Je suis troublée, quand est-ce la dernière fois que j’ai imaginé une prochaine fois avec ma sœur ? Je ne suis pas sûre de l’avoir déjà fait… Je regarde ma montre, presque gênée et vois son bras tendu vers moi. Un léger sourire s’affiche sur mon visage, c’était peut-être plus simple de la détester… « On a dit toute la vérité… J’avoue avoir programmé un truc avec des amis pour dans un quart d’heure, pour pouvoir me sauver de notre entretien. » C’est maintenant que j’avoue avoir honte de ça ? « Mais je pense qu’ils ne m’en voudront pas pour un café de retard… » Juste un, pas plus. De un, je ne veux pas trop en donner en même temps, par peur de regretter et de deux, je dois tout de même aller les voir… Je m’avance vers elle, tout de même assez mal à l’aise. Je n’ai pas l’habitude d’être moi-même avec elle. Nous plongeant dans un silence gênant suite à toutes ses questions, je souris légèrement au bout d’une minute alors que nous arrivons à destination. « Je dirais Point Break, le premier, pas le nouveau. Le Vagabon de Chaplin ou Star Wars, je ne sais pas trop me décider. » Je n’ai jamais dit que nous ne pouvons parler cinéma et même si à part ces films et quelques-uns peu connu, je serais incapable de tenir une véritable discussion à ce sujet sachant que je ne retiens rien, sauf peut-être les siens, mais ça… Sur ces paroles, je la laisse passer pour aller s’assoir et boire ce café qu’elle souhaite tant. Je ne pensais même pas qu’une relation humaine pouvait demander autant d’énergie, mais il faut croire que cela en vaut la peine, non ? « Pour ce qui est de la musique, je suis aussi assez vieux jeu finalement, du genre Keith Urban, Slim Dusty, mais je ne suis pas contre les nouveaux bien sûr. » 80 ans d’âge culturel et alors ? « Et toi ? » Même si je connais ses réponses toutes faites pour les journaux, a-t-elle d’autres avis ? Et puis, il faut bien un sujet, non ?
Spoiler:
Je ne savais pas si tu voulais finir, je peux changer ou bien en faire une fin en mode elles continuent de papoter un peu et hop, ou bien continuer
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
C
ora avait toujours tenté de faire de son mieux. La situation était difficile et contrairement à ce qui devait se penser, elle n’en avait jamais rien contrôlé. Le courant avait fait que les choses étaient ainsi et il est aujourd’hui difficile de revenir en arrière ou de trouver une solution au problème en prenant en compte les sentiments de chacun. Tout n’était simplement pas raccord, trop de non-dit, un manque de compréhension certain de chacun et une bonne dose d’égo les avaient menés là où ils sont aujourd’hui. Mais Cora essayait et aujourd’hui, on peut presque affirmer que ses efforts ont montré des résultats. Bryn s’est ouverte et si tout n’est pas idéal, il y’a un pas en avant. C’est suffisant pour que Cora reprenne espoir et se donne envie de donner plus d’elle-même. L’idée de s’arrêter là, de finir cette conversation avec le cœur battant et les joues roses d’avoir dû lui faire face et partager ce que renfermait l’abcès qui emprisonnait sa fratrie, ne la satisfait pas. Elle souhaite encore un peu de cet échange avant que Bryn ne regrette et ne reprenne son comportement habituel. C’est faible comme pensée. Mais il y’a des peurs que l’un et l’autre ressentent qui ne seront envolé en quelques minutes. Ne voulant pas y aller trop fort. Cora propose un café, en s’disant que si déjà ça se passe bien, ça devrait aller mieux. « On a dit toute la vérité… J’avoue avoir programmé un truc avec des amis pour dans un quart d’heure, pour pouvoir me sauver de notre entretien. » Elles ont dit toute la vérité, qu’elle se répète en pensant à combien il est blessant qu’elle se soit prévue une porte de secours sans même savoir ce que serait leur rendez vous. « Mais je pense qu’ils ne m’en voudront pas pour un café de retard… » « Tant mieux. » répond t-elle doucement, les pensées un peu ailleurs, à se remémorer toutes ces fois où Bryn est partie plus tôt, où un cours a été prétexté, des amies, où une dispute est survenue juste pour qu’elle puisse quitter la pièce en colère. C’est blessant d’imaginer que chacune de ces fois avait été prémédité par la jeunette dans des moments où Cora essayait de faire ce qu’on lui reprochait de ne pas faire : être là. Elle accuse le coup en se répétant qu’elles avaient dit de se dire la vérité, que si elle l’avait fait, ça changerait et que c’était là l’important, pas de faire naître de nouvelle rancœur. En arrivant près du café, Bryn reprend la parole, sortant définitivement Cora de ses mauvaises pensées pour attraper son attention. « Je dirais Point Break, le premier, pas le nouveau. Le Vagabon de Chaplin ou Star Wars, je ne sais pas trop me décider. » Elle est surprise sur le moment d’apprendre que Bryn aime l’action. « Plutôt prélogie ou trilogie d’origine ? » demande Cora, curieuse de connaître la position de Bryn par rapport à ce débat qui anime beaucoup la communauté. Evidemment, Cora se dit rapidement qu’il ne vaudrait mieux pas que la conversation tourne autour d’un de ses corps de métier, même si les films mentionnés ne sont pas ceux où elle apparait. « Pour ce qui est de la musique, je suis aussi assez vieux jeu finalement, du genre Keith Urban, Slim Dusty, mais je ne suis pas contre les nouveaux bien sûr. » « Je vois, tu représentes les idoles nationales ! » lâche Cora en riant, sans se moquer, des goûts de sa sœur. « Mais du coup, plutôt country. Je note. » « Et toi ? » ajoute Bryn, provoquant une intense réflexion chez Cora. Elle n’avait jamais été très musique, elle se contentait d’écouter les playlists moody de spotify quand elle avait besoin de bande sonore, ou alors, les bands que Ginny lui recommandait faisait l’affaire. Les goûts musicaux de Cora reflètent plus souvent avec qui elle traîne que qui elle est vraiment. « Je n’écoute pas vraiment de musique. Je suis bon public pour tout. » Sauf peut-être le rap italien que Vitto se plait à écouter, mais c’est un autre débat. « En revanche, en cinéma, mon film préféré est La Fièvre dans le sang, d’Elia Kazan. A vrai dire, j’adore surtout les films d’Elia Kazan, mais mon dernier coup de cœur c’est un film européen, avec beaucoup de country justement : The Broken circle breakdown. Si jamais. » Bon, c’était probablement pas le moment de faire des suggestions, peut-être un peu trop tôt encore. Ses paroles sont animés par l’envie de partager quelque chose avec elle, ce qui ne semble pas être le cas avec leur échange. Le serveur vient à leur rencontre et prend les commandes. Celui-ci parti, Cora ne peut s’empêcher de penser au « plus de secret » ne peut s’empêcher de penser à ceux qu’elle garde, et doucement, elle demande. « Est-ce que tu veux savoir ce qui me pousse à aller en Floride ? J’avais pas prévu de l’aborder aujourd’hui, je voulais attendre d’y voir plus clair sur le futur mais, on s’est dit « plus de secret » donc… »
WILDBIRD
Dernière édition par Cora Coverdale le Mer 20 Déc 2017 - 7:49, édité 1 fois
Cora a toujours été un mystère à mes yeux. Alors que petite j’avais pour devoir de la vénérer, j’ai rapidement appris à la détester. Pourtant les autres enfants à l’école, lorsqu’ils détestaient leurs sœurs ou frères ce n’était que passager parce qu’elle avait volé un jouer ou les avait dénoncés à leurs parents. Moi, je n’avais pas ce loisir, ma sœur n’était pas là et quand elle l’était, il ne fallait pas l’embêter, pas jouer avec elle, elle devait travailler, être avec les grands, faire comme eux, alors que nous, nous restions là, comme de jolies plantes vertes, oubliées depuis quelques années… Je l’ai regardé, si longtemps, comme il est possible de voir le monde se dérouler sous nos yeux sans en prendre part. Je ne faisais pas parti de sa vie, je ne devais pas et je l’ai compris à mes dépends. J’étais surement trop petite pour tout voir, tout comprendre. Je n’ai jamais su si cette situation était voulue ou subie par ma sœur. Je sais simplement qu’elle nous a mené à ce que nous sommes aujourd’hui et à ce café où pour la première fois j’ai l’impression qu’elle peut devenir, un jour, plus qu’une inconnue avec qui je partage une partie de mon ADN. « Tant mieux. » Je tente un sourire, mais je sais que ça ne doit pas être simple d’entendre cela. Pourtant, pensait-elle réellement que le hasard me sortait toujours de nos entrevues ? S’il était si clément ave moi, le monde entier le serait, ou justement personne ne serait au courant du moindre pant de ma vie que je ne souhaite pas montrer. Elle reste silencieuse et sachant que je ne lui ai pas fait l’annonce la plus agréable du monde, je me lance dans les films qui me plaisent (et dont je me souviens) sachant qu’elle n’ose pas réellement parler avec moi, vu mes réactions face au cinéma et elle. « Plutôt prélogie ou trilogie d’origine ?» Je souris. Vu mes choix de films, je pense qu’elle sait déjà ma réponse. « Trilogie. Pour l’histoire et les acteurs, même si… il faut l’avouer Christensen, relève pas mal la Prélogie. » Et cela reste du Star Wars, nous ne pouvons nier, du génie du début à la fin. « Je vois, tu représentes les idoles nationales ! » Je ris en répondant au sien, ce n’est pas faux, mais j’ai grandi en m’échapant dans leurs paroles, pour moi, ils sont bien plus méritant qu’une Katy Perry, ou autre grands chanteurs d’aujourd’hui à la voix refaite et sans aucunes valeurs. « Mais du coup, plutôt country. Je note. » J’hoche la tête. Elle note ? Ok. Pourtant, en lui retournant la question, je ne m’attendais pas à la tourmenter. « Je n’écoute pas vraiment de musique. Je suis bon publique pour tout. » Comme beaucoup de monde et même si je peux également écouter de tout, je vais rapidement exploser face à une musique que je ne supporte pas, comme un gros rap sale que je ne tolère plus à la coloc. « En revanche, en cinéma, mon film préféré est La Fièvre dans le sang, d’Elia Kazan. A vrai dire, j’adore surtout les films d’Elia Kazan, mais mon dernier coup de cœur c’est un film européen, avec beaucoup de country justement : The Broken circle breakdown. Si jamais. » Je me doutais bien qu’elle serait plus ouverte sur ce sujet. En même temps, même si j’ai dû mal avec ça, le cinéma n’est pas que son métier, cela représente sa passion et si un jour je souhaite vraiment avoir tout ce que je lui ai dit dans la rue, il faudra que j’apprenne à faire un effort sur le sujet. En acceptant cette passion comme si elle voulait monter à cheval toute la journée. Par contre, j’ai honte. Je suis déjà très mauvaise à retenir le nom des films, mais alors si elle me lance sur les réalisateurs, je suis perdue. Je baisse un peu la tête. Je n’ai même pas l’impression d’avoir déjà entendu ce nom de toute ma vie. « Je suis désolée, je suis nulle pour me souvenir des films et alors les réalisateurs… Mais ça me dit vraiment rien, ça doit être vieux aussi, non ? » Pas que je juge, simplement, ça me fait étrange qu’elle aussi soit plus tournée vers les bases du cinéma que sur les nouveaux trucs qu’ils sont capables de nous sortir pour se faire de l’argent. « Mais pour l’européen, si je m’en souviens promis, j’irais voir. » J’avoue, je crois déjà être incapable de me souvenir du film, the breakdown ? Je lui redemanderais par message.
Nous commandons assez rapidement et j’hésite. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire alors j’attends, pensant qu’elle saurait rompre ce silence. Je ne sais pas si je serais capable de suivre longtemps sur le cinéma, et j’hésite encore de trop pour me lancer dans sa vie. Je ne suis pas certaines de vouloir creuser et de l’assumer par la suite… « Est-ce que tu veux savoir ce qui me pousse à aller en Floride ? J’avais pas prévu de l’aborder aujourd’hui, je voulais attendre d’y voir plus clair sur le futur mais, on s’est dit « plus de secret » donc… » Sa voix me sort de mes pensées et sa proposition fronce mes sourcils. Qu’est-ce que peut bien être cette révélation ? Ce qui la pousse à aller en Floride ? Un contrat ? Un nouveau film ? Une nouvelle carrière encore plus grande ? Elle ne va pas là-bas pour se faire avorter au moins ? Il manquerait plus que ça dans les scandales de la famille ! « Euh… » Sa voix est calme, douce alors pourquoi tous mes sens sont en éveils ? Pourquoi j’ai l’impression de devoir fuir, de ne pas avoir envie de savoir cette vérité ? Pourquoi je sens que mon rendez-vous ne sera pas que repoussé mais bien annulé ? Je m’installe un peu mieux dans mon fauteuil et la regarde, hochant doucement la tête de haut en bas. Je plisse les yeux et respire, tentant de rester sereine. « Qu’est-ce que tu vas faire en Floride ? » Ses paroles me reviennent, quelques mois ? C’est énorme. Elle va y faire un film ? Mais en même temps, pourquoi m’annoncerait-elle cela de cette manière ? J’ai l’impression d’entrer dans sa vie plus que je ne l’ai jamais fait en reposant cette question qu’elle m’a poussé à lui poser et pourtant, maintenant, je meurs d’envie de savoir… Qu’est-ce qu’elle peut bien faire là bas ?
Dernière édition par Bryn Coverdale le Jeu 21 Déc 2017 - 5:02, édité 1 fois
Bryn & Cora Hey, sister, know the water's sweet but blood is thickers
E
lle aurait pu choisir de poursuivre cette conversation simplement, elle aurait essayé de trouver des groupes ou artiste musical qu’elle apprécie pour chercher à se trouver des goûts commun avec Bryn ; elle aurait pu lancer un débat sur les trilogies star wars, vanter les mérites de chacune et probablement se lancer dans une défense très intense de la prélogie (parce que cora apprécie la saga dans son tout, pas par partie) Elle aurait pu faire durer cette conversation longtemps, parce qu’elle venait simplement de commencer et que pour une fois, ça faisait du bien. Mais, les phrases qu’elles avaient échangées un peu plus tôt revenaient la hanter, comme si ce n’était pas honnête de parler de sujet aussi léger alors qu’elle lui cachait toujours un énorme secret. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle ne pouvait pas profiter de ce moment de tissage de lien et faire vérifier dans le futur qu’on ne peut pas lui faire confiance parce que alors qu’elles partagent leurs goûts, Cora n’a toujours pas dit toute la vérité à sa petite sœur. Elle ne peut juste pas poursuivre cette conversation tant qu’elle n’a pas avoué. C’est peut-être une mauvaise idée. (C’en est même très certainement une.) Mais, elle avait mentionné la Floride plus tôt et maintenant, elle devait lui dire. « Euh… » Il semble certain que l’étudiante est coupée dans ses pensées au moment où Cora lui demande si elle veut savoir ce secret. Elle ne le mentionne pas mais elle suppose que c’est sous-entendu qu’il s’agit de quelque chose d’important. Elle garde le regard vers sa sœur qui semble perdue à devoir faire ce choix. Cora a besoin qu’elle lui indique la bonne chose à faire. « Qu’est-ce que tu vas faire en Floride ? » Qu’elle se décide à demander. Cora prend une inspiration, se disant que ça a l’air cent fois moins difficile que de l’annoncer à Finn, même si ça réaction ne promet pas d’être plus positive. Elle prend quelques secondes pour réfléchir à la façon dont elle compte lui expliquer l’histoire. D’être dans un endroit public la met un peu mal à l’aise. Elle sait pourtant qu’elle va devoir s’habituer à en parler. « Je suis allée voir un avocat il y’a quelques semaines. » Qu’elle commence à raconter, avant de se dire que ce n’était peut-être pas le début le plus approprié. « Tu t’souviens, il y’a plusieurs années, quand j’avais annoncé que j’arrêtais la série pour prendre des vacances, étudier d’autres projets ? » La fameuse conférence de presse qui avait donné espoir à Finn qu’elle reviendrait à la maison. L’évènement qui avait tout précipité entre eux. C’était pas longtemps après la mort de papa. Elle ne le précise pas. Ça ne ferait que l’emmêler encore plus. « La vérité, c’est qu’à l’époque, j’avais dix-sept ans et que je suis tombée enceinte bêtement, que vu mon jeune âge, ça ne pouvait pas se savoir donc Danielle m’a exilé en Europe le temps que – elle hésite sur les mots – le temps que ça passe. » C’était la troisième fois qu’elle partageait l’histoire, ça devenait de plus en plus difficile à raconter sans se trouver réellement idiote. « C’est un garçon, et c’est en Floride qu’il vit. » qu’elle finit par conclure, elle n’avait pas envie de repasser par le chapitre où elle explique que leur mère a tout manigancé. Elle se sentait bien assez bête comme ça, avouer que leur mère l’avait abusé facilement sur ça aussi est bien trop difficile pour elle. Quand elle regarde Bryn, elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle aurait probablement tenu tête, et soudainement, elle a honte de ne pas avoir su être aussi forte.