| how to save a life ♦ NINA |
| | (#)Dim 9 Juil 2017 - 11:58 | |
| how to save a life — NINA&ANGIE Lorsqu'elle avait entendu le message vocal de sa mère lui apprenant qu'elle et son père s'envolaient de toute urgence pour Sydney elle avait pensé à un décès dans la famille. Sa mère sanglotait au téléphone et Angelina avait du mal à comprendre de quoi il en retournait vraiment. Elle avait bien essayé de la rappeler mais son téléphone était sur messagerie, sûrement parce qu'ils devaient déjà être dans leur jet en direction de Sydney. Angelina avait beau se creuser la tête, elle ne connaissait personne de leur famille à Sydney. Elle réécouta le message vocal une quatrième fois "ton père... pas du tout... médecin... meilleur hôpital... Sydney. De retour lundi prochain..." Quelqu'un de la famille devait être malade ou devait avoir subi un accident. Mais pour que sa mère pleure comme ça... C'était vraiment bizarre. Elle décida d'appeler Nina, depuis leur petit café partagé les relations s'étaient apaisées. Même si elles n'étaient pas non plus les meilleures amies du monde, Angelina avait le sentiment que Nina la mettrait à la page si elle lui demandait ce qu'il se passait. Sauf qu'évidemment Nina ne répondait pas non plus au téléphone. Alors n'y tenant plus, Angie prit la direction du manoir, Abel sur le siège arrière. Il était rentré de chez son père la veille au soir et était encore fatigué. Arthur et lui faisaient plein d'activité, Angelina attendait d'en avoir le récit mais jusqu'ici Abel ne lui avait trop rien dit. Elle tenta de l'interroger sur le trajet mais constata dans le rétroviseur que son fils s'état rendormi, bercé par les vibrations de la voiture.
Angelina continua de se torturer sur le chemin jusqu'au manoir. Se demandant qui ça pouvait être, essayant à nouveau de joindre sa mère. Elle devait être sur le point de décoller lorsqu'elle avait laissé son message vocal. Angelina était en train d'habiller Abel et elle n'avait pas entendu son téléphone sonner. Putain. Les immenses portes du portail du manoir s'ouvrirent et Angelina roula plus vite que d'habitude dans l'allée. Lorsqu'elle arriva devant la maison, les voitures de ses parents étaient encore là, signe que Simon leur chauffeur avait dû se charger de les emmener à l'aéroport. Cinq minutes plus tard elle passait la porte de la propriété Gilmore avec Abel dans ses bras, à la recherche de Nina. "Nina ? Nina, c'est moi." Elle progressa dans l'immense hall, attendant une réponse. Elle regarda dans le salon mais il n'y avait personne. La maison était atrocement calme. Aucun signe de la gouvernante ou du majordome. C'était étrange. Angielina devait trouver Mima. Nina était forcément au courant de ce qu'il se passait. Ses parents n'avaient pas pu partir sans la prévenir. |
| | | | (#)Dim 9 Juil 2017 - 19:01 | |
| Elle a entendu la lourde porte d’entrée se refermer. La voix d’Angelina prononçant son nom aussi, lui parvenait de là où elle était mais elle était bien trop lasse pour trouver l’énergie de se lever. Dès que les Gilmore étaient partis pour Sydney, elle avait enfilé un pyjama parce qu’elle se trouvait éreintée car elle les avait aidés pour les préparatifs de leur départ en catastrophe et qu’elle considérait qu’une sieste lui ferait le plus grand bien. Elle avait même congédié tout le monde, considérant qu’elle pourrait très bien prendre en charge la maison pour aujourd’hui. Elle tentait de ne pas trop réfléchir car quand bien même le sommeil n’allait pas alléger son corps de ses quelques kilos d’inquiétude, elle serait peut-être débarrassée d’un peu de poids de fatigue. Même après son court repose, elle restait préoccupée et son cerveau refusait de se taire. Elle poussa un énorme soupir, se représentant déjà une Angelina traînant dans toute les pièces pour la trouver, elle se décida à se lever et se traîner dans le couloir pour ensuite descendre le grand escalier qui la menait dans le hall. Elle qui était jusque-là dans l’obscurité, plissa des yeux en voyant que la lumière du soleil hivernal traversait toutes les baies vitrées. Elle se révéla à Angelina en pyjama, yeux cernés et mine fatiguée, sentant que ça allait sûrement être la dernière personne à lui en tenir rigueur vu la situation. « Il est quelle heure (elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi) ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Est-ce qu’elle pensait trouver ses parents avant leur départ à Sydney ? Est-ce qu’elle les avait vus et qu’elle revenait de l’aéroport ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait en venant, ici ? Nina ne savait pas trop. Vu son air inquiet, elle devait sûrement être au courant de la mauvaise nouvelle qui s’abattait sur papa Gilmore et Angelina se tournait peut-être vers sa personne pour trouver du réconfort. Cela devait être ça. Nina ne lui laissa pas le temps de répondre, maintenant qu’elle avait compris, elle poursuivit, toujours à voix basse. « Tu peux monter coucher Abel en haut, si tu veux, les deux babyphones sont dans le tiroir. Je vais te préparer un café. » Elle passa par le salon pour se rendre dans la cuisine en attendant qu’Angelina et attrapa son téléphone qu’elle avait laissé là, au passage. Elle qui d’habitude ne s’en séparait jamais, avait complètement oublié son existence… Elle vit qu’elle avait manqué un appel de celle qui venait lui rendre visite et il n’y avait aucune autre notification. Vu l’heure, elle ne comprenait pas son besoin d’aller se coucher maintenant mais cela ne faisait que confirmer qu’elle était complètement déréglée en ce-moment. Les Gilmore avaient promis d’appeler dès qu’ils seraient arrivés à Sydney mais elle ne comptait pas tellement dessus, Nina savait qu’Henry allait sûrement passer la journée à subir une foulée d’examens et que ça allait être très éprouvant. Elle eut un petit pincement au cœur alors qu’elle versait du café dans une grande tasse et qu’elle se préparait un thé. Elle releva la tête dès qu’elle entendit les pas d’Angelina. « Tu as faim ? J’étais tellement fatiguée que je suis allée me coucher dès que tes parents sont partis… Je peux nous faire quelque chose. » Nina s’installa à la table de la cuisine, posa ses doigts pour les réchauffer contre la tasse, elle n’avait pas froid mais la chaleur était réconfortante. « J'ai encore du mal à réaliser… » Nina soupira après cette phrase, murmurée plus à elle-même que pour Angie, après quoi, son esprit vagabonda et elle se perdit dans ses pensées. |
| | | | (#)Lun 10 Juil 2017 - 15:22 | |
| Le coeur d'Angelina s'accéléra. Il n'y avait personne dans cette putain de maison alors que la porte était ouverte, chose inhabituelle tellement sa mère était devenue paranoïaque depuis le cambriolage lorsqu'Angie était plus jeune. Elle évolua dans le manoir, plongé dans l'obscurité, Abel dans ses bras à moitié endormi. Il commençait à être lourd et le porter devenait de plus en plus compliqué pour elle qui n'était déjà pas bien épaisse. Finalement, Nina surgit de nulle part en pyjama, avec sa démarche désinvolte légendaire. Angelina n'avait même pas fais attention à l'heure mais il était sûrement pas si tôt que ça, tant pis elle s'en foutait : elle n'avait pas pu se résoudre à rester chez elle sans savoir le fin mot de l'histoire. Sa mère n'était pas du genre à fondre en larme au téléphone. Nina lui demanda ce qu'elle faisait là et Angelina la regarda comme si elle sortait de l'asile, complètement incapable de répondre. Pourquoi ? Parce qu'elle ne devrait pas être là ? Tout était en train de se mélanger dans sa tête. Elle était totalement dépassée par les événements et ça se voyait à ses grands yeux bleus écarquillés. Elle garda la bouche entre-ouverte un moment comme une idiote avant de finalement réussir à articuler "J'ai eu le message vocal de ma mère mais je comprends pas trop ce qu'il se passe." Nina semble mal réveillée, elle ne relève pas et lui propose d'aller coucher Abel. Elle lui indique les deux babyphones dans le tiroir et Angie ne comprends toujours pas pourquoi Nina ne lui dit pas de quoi il en retourne directement. La situation passe alors de étrange à franchement flippante mais Angelina s'exécute mécaniquement. Elle monte son fils à l'étage, le couche rapidement et redescends aussi tôt après l'avoir embrassé sur le front et s'être assuré qu'il n'aurait pas froid. Un babyphone dans la main, l'autre sur la table de nuit près du lit de son fils, Angelina quitta la chambre de son fils. Les Gilmore lui avaient fait une chambre somptueuse et Abel s'y sentait bien. Elles seraient tranquilles pour un moment, elles pourraient parler sans avoir besoin de baisser la voix. C'était l'avantage de cette immense maison. Angelina dévala les immenses escaliers de la demeure et rejoint Nina dans la cuisine, elle posa le babyphone sur l'énorme plan de cuisine en marbre. Nina lui proposa un café et Angie hocha la tête doucement, d'un air las. Nina n'avait pas l'air dans son assiette non plus. "Merci beaucoup, j'en ai vraiment besoin là. J'ai l'impression d'être dans la quatrième dimension je comprends rien de ce qu'il se passe ça commence vraiment à me stresser." Angelina n'était pas à l'aise, elle avait l'impression qu'elle ratait quelque chose et Nina lui confirma son mauvais pré-sentiment. Angelina reposa sa tasse de café et s'exclama : "Réaliser quoi ? Putain mais est-ce que quelqu'un va me dire ce qu'il se passe ?" Soudainement elle n'avait plus tant besoin de café, elle était parfaitement bien réveillée et elle avait besoin de savoir ce qu'il se passait. Nina la regardait bizarrement. Comme si elle était revenue d'entre les mots. Angie était à deux doigts de s'arracher les cheveux, elle ne comprenait pas pourquoi on faisait autant de mystère et de secret. Elle maudissait sa mère de ne pas avoir été foutue de lui laisser un message vocal audible. "Mais quoi ?" |
| | | | (#)Mer 12 Juil 2017 - 22:30 | |
| L’heure ? L’inquiétude ? La fatigue générale ? Quelles que soient ses raisons, Nina remarqua l’air hagard d’Angelina, bien inhabituel sur elle, qui venait assombrir ses traits. Elle se sentait peinée pour elle, même si son visage, encore endormi, n’en montrait rien. Elle savait maintenant à quel point cette dernière était attachée à ses parents. Les Gilmore ayant préparé leur départ pour Sydney extrêmement précipitamment, elle n’a sûrement pas été mise au courant, surtout s’il y a eu des problèmes de communication. Il faudrait peut-être la rassurer, lui dire qu’il y a des chances qu’il s’en sorte parce qu’on aura pris ça vite en charge et qu’il sera soigné par les meilleurs médecins, dans les meilleurs établissements. Mais, elle n’est pas encore tout à fait à l’aise avec les autres, surtout ceux à qui elle ouvre une petite brèche à travers toutes les barrières qu’elle avait érigé autour d’elle jusque-là, Nina ignore donc ce qu’il faudrait dire pour faire fleurir un sourire sur le visage de la jeune maman. Ainsi, elle se réfugie derrière des tâches pragmatiques, faire du café, ça n’a jamais demandé aucune forme d’intelligence sociale. Quand elle revient vers elle, Angelina commence à lui faire part de son état. Nina fronce les sourcils. « Il n’y a rien de plus à comprendre que tout ce qu’on a à faire, pour l’instant, c’est patienter. » Sa voix a été un peu sèche, elle regrette, et ramène sa tasse vers elle avant de confesser, dans un murmure, que la nouvelle la trouble aussi. Un sursaut la prend quand Angelina hausse le ton, Nina la dévisage, se demande même si elle n’a pas consommé quelque chose pour être aussi égarée. Un silence passe. Elle cligne plusieurs fois des yeux, tandis que son interlocutrice insiste. Il ne lui faut que quelques secondes en plus pour comprendre. Elle n’a même pas besoin de lui demander confirmation car visiblement, que ce soit laissé volontaire par maman Gilmore ou non, il va encore falloir qu’elle se charge de mettre Angelina à la page. Elle ne craint pas d’être encore agrippée par les cheveux et bousculée, non, il n’y a plus ce genre d’animosité entres elles. Elle est surtout incertaine de la réaction d’Angelina. Le moment est trop mal choisi, dès qu’elle a posé ses yeux sur sa visiteuse, elle avait senti qu’elle avait sûrement les nerfs à fleur de peau. Nina n’ose pas. Elle n’a jamais voulu être un intermédiaire entre les parents et la fille mais on la place sans cesse dans ce rôle qu’elle ne désire pas. Les lèvres pincées, elle force un sourire qu’elle lance à Angelina, prend un air faussement enjoué. « Je ne réalise pas qu’ils se soient déplacés jusqu’à Sydney pour un… un anniversaire ! » Sur ses paroles, Nina s’empresse de sauter de sa chaise. Son thé encore trop brûlant, elle tente de quitter la pièce mais nerveuse, elle ne peut s’empêcher de déblatérer des détails superflus, tentant de rendre son histoire crédible. « Un vieil ami à eux, qui euh… sort tout juste de l’hôpital, voilà, il a survécu à son… son… » Le mot cancer lui brûle les lèvres, elle n’avait plus que ça en tête. « Un miracle qu’il ait survécu, le bonhomme. » Elle glousse, mais tout ça sonne si faux. « Je vais chercher un truc… dans le garde-manger. » Après avoir marché à reculons, pour masquer sa tentative de fuite et ne pas avoir l’air trop pressée de s’éclipser, elle tourne les talons mais au fond, elle sait qu’Angelina n’a pas gobé son histoire depuis l’instant-même où elle avait ouvert la bouche. |
| | | | (#)Sam 15 Juil 2017 - 11:58 | |
| Son père et elle avaient toujours eu une relation spéciale. Une relation qui fascinait les gens qu'is connaissaient d'ailleurs tant on avait du mal à croire qu'un enfant adopté pouvait ressembler autant à son père adoptif. Monsieur Gilmore avait beau être un avocat féroce de renom célèbre pour ses plaidoiries et les clients monstrueux qu'il avait, il se transformait tout bêtement en agneau devant sa fille. Lorsqu'ils étaient ensemble, Angelina et lui n'avaient pas besoin de parler : un seul regard suffisait pour se comprendre et même Madame Gilmore se demandait souvent pourquoi Angelina était incapable d'être aussi conciliante et docile avec elle. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer.. Disons qu'il était plus facile pour Angie de composer avec son père qui était beaucoup moins bavard et intrusif que sa mère, bien que le caractère d'Angie était le résultat d'un savant mélange des deux. Monsieur Gilmore était la seule personne au monde à être capable de calmer Angelina, il avait fermé les yeux à l'époque de l'histoire du cambriolage alors qu'elle savait qu'il savait qu'elle était impliquée d'une manière ou d'une autre. Angie était reconnaissante envers son père et surtout, surtout. Peu importe ses relations avec ses parents, elle ne supporterait pas qu'ils leur arrivent quoique ce soit. Hors elle avait un mauvais pressentiment, la dernière fois que ses parents avaient traversé le pays à l'improviste c'était toujours pour une consultation médicale. Il ne fallait pas avoir fait Math Sup' pour compiler tous les éléments qu'Angie avait et en tirait des conclusions. Néanmoins elle avait Nina à portée de main et elle attendait plus d'explications de sa part. Après tout elle vivait ici alors elle devait forcément être au courant, n'est-ce pas ?
Angie n'avait même plus envie de ce café maintenant, les yeux exorbités elle fixait Nina dans l'attente d'une réponse, haletante. Son monde était en train de s'étioler et au lieu de réagir, elles jouaient aux devinettes ! Angelina ne comprenait pas à quoi Nina jouait. Quand cette dernière se décida enfin à lui donner une réponse, ce qui sorti de sa bouche n'avait rien avoir avec ce qu'elle imaginait jusqu'alors. Angelina fut prise de court et marqua un temps d'arrêt, elle n'était pas dupe. Rien de tout ça n'était vrai, pourquoi ses parents seraient partis en catastrophe comme ça juste pour un anniversaire ? Sa mère ne sangloterait jamais comme ça au téléphone, même pour ami. Ok sa mère pouvait être une vraie drama queen, son passé d'ancienne actrice oblige, mais Angelina connaissait sa mère et cette fois-ci ce n'était pas de l'exagération. C'était de la souffrance. Nina tenta une esquive en direction du garde manger et Angie lui emboita le pas. "Arrête Nina ce n'est vraiment pas drôle, je n'ai pas le temps pour ça. Je crois pas une seule seconde à ta version, ma mère était en chiale au téléphone c'était inaudible." Elle rattrapa Nina par le bras pour l'obliger à s'arrêter et la regarder. Son coeur battait à cent à l'heure, et elle avait les nerfs en pelote. En même temps, on pouvait lire le désespoir sur son visage. Si c'était si compliqué de comprendre ce qu'il se passe, alors y avait de fortes chances pour que ça soit grave non ? Angie serra la main de Nina, comme pour l'inciter à lui dire de quoi il en retournait. "Dis moi ce qu'il se passe Nina, je t'en supplie. Je sens que y a un truc qui va pas." |
| | | | (#)Sam 15 Juil 2017 - 23:14 | |
| Elle lâche un soupir de désolation. Elle capitule, incapable d’inventer encore d’autres histoires pour dissimuler à Angelina la vérité dès qu’elle réplique et la suit, alors qu’elle tentait de s’éclipser. Elle dépose déjà les armes, reconnaissant qu’elle ne s’évertuait qu’à retarder l’heure de l’explosion. D’ailleurs, pourquoi elle a fait tout ça, d’abord ? Pourquoi elle ne lui avait pas lâché la nouvelle avec la même délicatesse que la bombe qui avait ravagé Hiroshima, dès qu’elle était arrivée ? Elle l’aurait fait, des années plus tôt, voire même quelques mois plus tôt quand elle ne connaissait pas encore Angelina, quand elle ne ressentait envers elle aucune once de sympathie, quand elle ne sentait pas encore le besoin de la protéger. Elle se sent d’autant plus démunie quand ce bras la tire en arrière. Ce n’est pas souffler sur les braises que de lui apprendre quelque chose qu’elle sait déjà, se dit la jeune femme, peut-être qu’elle est prête à l’entendre. Mais elle restait dubitative, certaine qu’à aucun moment de sa vie ou dans aucune situation imaginable, on était vraiment prêt à encaisser ce genre de nouvelles. Elle soutient son regard, bleu, qu’elle craint de voir se perdre ou s’embrumer dans quelques minutes, après qu’elle se décidera à lui parler. Elle a le cœur renversé par sa supplication, bouleversée d’avance par sa réaction. Elle anticipe déjà qu’à cause de sa maladresse, elle ne saura pas vraiment comment se comporter avec elle après ça. Elle jette un coup d’œil à leurs mains liées, juste après avoir senti le petit pressement bref qu’Angelina avait exercé sur cette étreinte et retira sa main, d’un geste brusque, avant de la regarder de nouveau dans les yeux. « On a découvert une tumeur chez Henry. » Un truc, dans son corps, fait de cellules qui se multipliaient anarchiquement, c’était encore localisé mais assez gros pour être inquiétant. On craignait que la tumeur ne grossisse trop vite, qu’elle allait envahir les ganglions et les autres tissus et qu’on entrerait dans le stade 3 du cancer. « Elle ne s’est pas encore étendue dans tout son corps mais j’ai cru entendre que c’était grave, car elle grossit trop vite. Le dépistage n’a pas été assez rapide, c’est pour ça qu’ils se sont envolés directement à Sydney pour qu'il soit pris en charge par le meilleur cancérologue. » Et maintenant, il fallait attendre pour être fixés. Elle ne pouvait pas prédire l’avenir et n’allait pas lui prodiguer mille paroles réconfortantes pour la rassurer parce qu’elle sentait que ce ne serait pas ça qui l’empêcherait de s’inquiéter. Pourtant, tout était encore possible et l’état de papa Gilmore n’était pas alarmant mais elle-même n’arrivait pas à se convaincre d’arrêter de se faire du soucis. Elle aurait juré voir Angelina pâlir, donnant l'impression de luire dans l'obscurité maintenant qu'elle avait perdu de ses couleurs. « Angelina ? »
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| | | | (#)Jeu 20 Juil 2017 - 8:47 | |
| Angelina retenait son souffle. Son corps entier en proie à la paralysie attendait que Nina la délivre de l'incertitude une bonne fois pour toute. Contre toute attente, Nina se déroba brusquement et lâcha la bombe, laissant Angelina complètement abasourdie, incapable de bouger après cette annonce. Soudainement, c'était comme si elle était dans du coton. Ses oreilles se mirent à siffler et sa tête à fourmiller, caractéristiques du malaise vagal. Angelina se retourna et mit ses deux mains à plat sur le comptoir, elle avait besoin de prendre appui sur quelque chose de matériel, de réel pour process l'information. Son père avait une tumeur. Son père avait un cancer. Henry Gilmore, 1m98, immense, beau, fort, solide. Avait un cancer. Angelina sentit son coeur se désagrager lorsqu'elle imagina Henry sans son espèce tignasse noir de jais qui avait fait craquer sa mère lorsqu'ils s'étaient rencontré 38 ans plus tôt à un gala de charité. Mon dieu et sa mère... Sa mère devait être dans un tel état. Angelina eut du mal à reprendre son souffle, elle était à deux doigts de la crise d'angoisse mais la présence de Nina l'obligea à reprendre ses esprits, elle se retourna vers la belle brune et mit la main sur son coeur. "Faut qu'on aille à Sidney." Henry devait avoir besoin d'elles deux, il devait avoir besoin de soutien. Mais, à bien y penser, Angelina savait également que son père détesterait que sa fille le voit faible. Angelina ne savait pas quoi faire, un tas de pensées se bousculaient dans sa tête. Elle croisa le regard de Nina et murmura. "Putain j'aurais jamais cru dire ça un jour mais heureusement que t'es là Nina. Heureusement que t'es là." Elle marqua une pause, regarda autour d'elle comme pour son ré-approprier le monde réel après cet aller-retour en enfer. "J'ai besoin d'une clope."
Elle quitta la pièce et alla chercher son sac d'où elle sortit un paquet. Elle était parvenue à arrêter de fumer lorsqu'elle était enceinte mais depuis qu'elle était revenue à Brisbane sa consommation était de pire en pire. Elle pensa à son père qui fumait la pipe depuis ses 20 ans et qui aujourd'hui se retrouvait sur un lit d'hôpital à cause de ce petit plaisir trop fréquent. Elle considéra la cigarette d'un œil circonspect puis la fourra entre ses lèvres. Elle arrêterait demain. Elle tendit son paquet à Nina, lui faisant signe d'en prendre une si elle le voulait. "Tu en veux une ?" Et sans attendre une réponse de sa part, la jeune mamanh se dirigea vers l'immense fenêtre de la cuisine qu'elle ouvrit en grand malgré la température hivernale. Elle avait besoin d'air frais, elle avait besoin de ressentir quelque chose de réel car jusqu'ici tout ça ressemblait à un mauvais rêve. Elle expira la fumée, laissant le mauvais goût du tabac se répandre dans sa bouche et d'une voix chevrotante affirma "On va s'en sortir hein ? Je veux dire, mon père est beaucoup trop fort pour se faire terrasser par une merde pareille, on est d'accord ?" Elle ne voulait pas croire qu'un avocat aussi réputé et craint de ses pairs pouvait se faire décimer par une maladie aussi vicieuse. Il avait affronter des monstres toute sa vie, il n'était pas censé perdre contre celui-là. Angelina laissa son regard se perdre dans la forêt qui entourait le manoir puis tourna la tête vers Nina, son regard de glace se plantant dans les pupilles de la protégée de ses parents. "Tu vas pas te barrer quand ça va se compliquer hein ?" |
| | | | (#)Jeu 20 Juil 2017 - 11:36 | |
| Et tout s’enchaîne si vite, elle sent le palpitant dans sa poitrine s’accélérer alors qu’elle remarque son changement d’expression soudain, elle sent bien qu’on est au bord du malaise. Nina se sent bête d’être incapable de bouger, de s’activer pour trouver quelque chose qui aiderait Angelina mais elle ne fait qu’observer. C’est dur à encaisser. On ne réalise jamais vraiment ce que c’est d’avoir un proche malade avant que ça vienne vous toucher vraiment, que ça s’abatte sur un être cher et même pire, un père. Elle guettait attentivement Angelina, se tenant prête à la retenir si elle s’écroulait. Cependant, elle gardait ses distances, lui laissant l’espace nécessaire pour reprendre ses esprits et se rassura quand, au bout de longues minutes plus tard, la brune se retourna, la main sur le cœur. Visiblement, elle tentait de se calmer. « Respire, doucement, ça va aller. » Il lui semblait que ces paroles aideraient, enfin, c’est ce qu’elle se disait. - Faut qu'on aille à Sydney. Ça, ce n’était pas le genre de réponse qu’elle attendait. Elle haussa un sourcil, l’air de dire ‘Qu’est-ce que tu racontes ?’. Elle se demanda même si elle n’allait pas s’emporter, criser comme une harpie, délirer de rage comme elle seule savait le faire. Nina resta muette, ce scénario imaginaire qui se déroulait dans sa tête l’effrayait plus qu’elle n’osait l’admettre, elle ne voulait pas assister à ça. La réalité fut cependant différente, Angelina tentait vraiment de s’apaiser et elle était tout aussi surprise qu’elle, jamais elle ne pensait avoir droit à ce genre de déclaration. « J’arrive. » Elle se contenta de hocher la tête, faisant comprendre à sa camarade d’infortune qu’elle la rejoindrait après. Elle prit un petit plaid tricoté, un des favoris de maman Gilmore, dont elle affectionnait recouvrir ses épaules, le soir quand elle lisait et revint le poser sur les épaules d’Angelina, l’arrachant sûrement à ses rêveries. Elle-même frissonna quand un grand courant d’air froid vint embrasser sa peau mais ce ne fut que temporaire, son pyjama d’hiver la gardait suffisamment au chaud. « Non, ça va, merci. » déclina-t-elle. A la place, elle sortit une assiette, du pain de mie et le nécessaire dans le réfrigérateur pour se faire un sandwich. En remuant les ingrédients et les couverts, elle faisait du bruit mais c’était bien la seule chose qu’on entendit, puisqu’elles restèrent silencieuses ensemble, aucun mot ne traversa la pièce pendant un moment. Elle finissait de ranger le tout au frigo quand Angelina reprit la parole. Sa compagne essayait de se persuader que tout irait bien, réaction de défense habituelle, se dit-elle. Elle vint derrière elle et s’assit sur une chaise en face de la fenêtre, de manière à avoir la même vue qu’elle. « Il pourrait tuer un ours à mains nues, Henry, j’ai totalement confiance en lui. » glissa-t-elle, moins enjouée qu’elle ne l’aurait voulu pour sa plaisanterie. Elle mordit dans son sandwich, mâcha lentement. Elle fut arrêtée avant sa deuxième bouchée, interpellée par Angelina. Ses yeux s’arrondirent en entendant sa question. Elle hésita. Qu’est-ce qu’elle sous-entendait ? Reprenant contenance, elle choisit ses mots avec précaution. « Je ne sais pas à quoi je pourrai servir… » Ses épaules se levèrent un peu, avant de retomber lourdement. Elle souffla. « Je ne peux pas te promettre d’être toujours là parce que… parce que… » Elle détourna son regard de les iris azurés d’Angelina, ses yeux trop perçants devenant insoutenables. « J’ai toujours tout fui. » La peine se lit sur son visage, l’embarras, Nina est sincèrement désolée et c’est tellement inconnu pour elle, elle a l’impression qu’on lui enserre douloureusement la poitrine. « Les autres, les émotions… la réalité, ça me fait flipper. » Comprends-moi, comprends ma lâcheté, supplie-t-elle intérieurement. « Je ne suis pas comme toi, Angelina. » finit-elle par avouer. « Je suis une lâche alors que toi, toi, t’as toujours été incroyablement courageuse. » Elle déglutit difficilement. Ça y est, elle n’osait même plus la regarder dans les yeux. Nina restait persuadée qu’en dévoilant sa fragilité ainsi, elle venait de signer son arrêt de mort… elle se sentait si faible. |
| | | | (#)Jeu 20 Juil 2017 - 13:23 | |
| Elles s'étaient détesté au premier regard et ne présageait qu'un jour elles se tendent mutuellement la main. Et pourtant. Si un étranger regardait par la fenêtre du manoir il y aurait sûrement vu deux sœurs, l'une posant un plaid sur les épaules de l'autre avec précaution. Deux soeurs dans une mauvaise passe qui se serrait les coudes malgré le vent furieux qui agitait les arbres au dehors. "Merci..." Elles se ressemblaient physiquement, pas de manière incroyable mais assez pour que Madame Gilmore leur fasse remarquer un jour lors d'un repas, provoquant des roulements d'yeux et des soupirs excédés de la part des deux jeunes filles pour qui la comparaison relevait de l'insulte pure et simple. Mais irrémédiablement, la ressemblance était là, elles avaient toutes deux leur propre personnalité et c'était sans doute pour ça qu'au début le volcan s'était heurté à la tornade mais des mimiques communes appuyaient la similitude entre les deux jeunes femmes aux prénoms similaires. Elles avaient décidé de se détester car l'une comme l'autre ne savait pas quoi faire lorsqu'on en venait aux sentiments affectueux et à la considération d'autrui. Aujourd'hui, mise au pied du mur par la dure réalité de la vie, Angelina retrouvait un réconfort familier dans les yeux de Nina. Elle retrouvait en elle cet inconfort glaçant que les gens qui ont du mal avec les sentiments connaissent bien. Angelina aurait détesté être à sa place, mais elle avait déjà assez de la sienne. Elle avait juste besoin d'entendre que ça irait et qu'ils s'en sortiraient plus fort. Nina évidemment n'était pas en mesure de donner ces réponses et il était évident qu'elle aurait préféré être n'importe où ailleurs que coincé dans cette cuisine avec elle, à devoir gérer cette avalanche de sentiments qui n'étaient pas les siens, Angelina pouvait le deviner à la façon dont la jeune femme occupait nerveusement ses dix doigts, faute de pouvoir affronter son regard.
Alors elle lui demanda si elle comptait partir quand tout se compliquerait. Elle avait besoin de le savoir maintenant car elle ne voulait pas que les Gilmore affrontent une déception par dessus tout ce qu'ils étaient en train de vivre actuellement. Personne n'avait besoin de ça et Angelina voulait que Nina le sache, comme ça si jamais elle quittait le navire elle aurait de quoi se sentir coupable pendant un bon moment. Néanmoins, Angelina ne s'attendait pas du tout à la réponse que Nina formula. Lorsqu'elle entendit le mot courageuse et son prénom dans la même phrase, Angelina éclata de rire, balançant sa tête en arrière, ses cheveux noir de jais tombant en une cascade de boucle sur ses épaules frêles. "Courageuse ? Nina, s'il te plait, je me suis barrée à Hawaï quand j'ai su que j'étais enceinte car je savais même pas qui était le père de mon gosse et que j'avais peur que les gens l'apprennent." Angelina était un tas de chose, mais elle n'était sans doute pas courageuse. Elle avait toujours été lâche face à ses responsabilités. "Tu comprends pas que là t'as pas le choix, t'as été là quand tout allait bien et que pour toi tout allait mal tu dois leur renvoyer l'ascenseur. Ne sois pas égoïste. N'agis pas comme la Nina que tu détestes." Ca lui faisait du mal de se l'avouer mais Angelina savait que ses parents aimaient Nina à la folie. Elle était devenue leur petite, lorsqu'elle voyait sa mère et Nina parlaient ensemble Angie réalisait qu'elle avait loupé le coche. Et elle savait aussi que son soutien était primordial. "Moi non plus je suis pas douée dans les sentiments ni même avec les gens en général, je trouve ça malaisant et plus je m'en tiens éloignée et mieux je me sens. Mais là c'est pas toi et c'est pas moi. C'est lui." somma t-elle avec une voix légèrement plus assurée que quelques minutes auparavant. |
| | | | (#)Jeu 20 Juil 2017 - 15:40 | |
| Trois âmes, seulement trois, dans ce manoir immense qui pourrait bien accueillir tout le quartier en se tassant un peu. Parmi elles, Andrina et Angelina, seuls éléments vivants sur un morne tableau. Une grande cuisine, le silence, la proximité mais le grand espace. Un fossé entre elles, non, un univers tout entier les sépare mais il y a tant de similitudes. A commencer par cet air profondément inquiet qui fane leurs beaux visages, chacune perdue dans ses pensées, incapable de se parler, de s’aider. C’est un combat vaincu d’avance. Aucune n’a les armes nécessaires pour aborder la forteresse de l’autre alors elles en s’ont réduites à lancer quelques offensives pour toujours mieux s’écraser contre de grands murs de pierre. Nina préfère se taire. Plus concentrée que nécessaire, simplement, pour obtenir un sandwich, elle s’applique à étaler le beurre allégé sur le pain de mie s’imaginant pouvoir faire de même avec ses pensées. Elle rêvait de les répandre un peu partout, de façon uniforme, éviter qu’elles ne soient concentrées en un amas gris-noir déplaisant qui lui brouillait le cerveau.
Elle eût un mouvement de recul quand le rire d’Angelina résonna dans ses oreilles. Elle garda un air contraint en l’écoutant, les lèvres pincées, sourcils légèrement froncés, elle se forçait à l’écouter alors que son avis était tranché. Elle répliqua, quand la brune évoqua Hawaii. « C’était pas la même situation, je suis presque sûre, qu’à ta place, j’aurai réagi pareil… » Elle voulait continuer sur sa lancée mais ses derniers restèrent dans sa gorge, étranglés car sa voix avait trop frôlé les aigus. Elle n’avait qu’à regarder Angelina pour être admirative, la future trentenaire était revenue, elle s’occupait merveilleusement bien d’Abel, se battait bec et ongles pour lui, s’oubliant même derrière son rôle de maman. Elle voyait, en elle, un modèle féminin fort. Toute trace de tristesse s’estompa directement quand elle fut frappée par les mots de la brune. Elle a le souffle coupé quand ces mots tournent en boucle dans sa tête. – […] Ne sois pas égoïste. N'agis pas comme la Nina que tu détestes. Elle frappait sur la corde sensible mais elle avait tort. La Nina insensible avait toujours été son idéal, si forte quand elle contrôlait tout et que rien ne l’atteignait, elle voulait qu’elle revienne. Elle ne voulait plus être l’ombre d’elle-même, soumise aux émotions, soumise à la douleur des déceptions, des pertes, totalement dépendantes des autres. Avant, elle ne se serait jamais émue de la maladie d’un proche parce qu’il n’y avait personne à qui elle tenait assez pour que ça lui fasse quelque chose. Puis les Gilmore étaient entrés dans sa vie. Ils l’avaient transformé, en mieux, dira-t-on mais ça ne l’empêchait pas de se détester. Elle replongea son regard dur dans celui d’Angelina, elle lui en voulait d’avoir touché juste. « Mais si tu savais comme je… comme je m’en fous ! » Faux. Totalement faux. Elle regretta instantanément et elle savait que cela allait faire enrager son interlocutrice. « Je refuse que tu me dises quoi faire, Angelina. J’aurai même aucun remords à prendre des vacances au Vanuatu maintenant, tu sais, parce que je-m’en-fous. C’est pas parce que ta mère me prend pour sa fille que ça fait de toi une sorte de grande sœur. Je ne suis pas une Gilmore. J’ai aucune obligation vis-à-vis de vous. » Elle avait tellement hurlé ces paroles qu’elle craignait avoir réveillé Abel, même s’il dormait à l’étage, elle avait sauté de sa chaise haute et ne contenant pas son accès de colère, elle s’était mise à marcher. Elle s’éloignait d’Angelina, en la regardant toujours et en pointant un index rageur sur elle. Aucune d’entre elle n’eût le temps d’ajouter quoique ce soit, que le téléphone fixe sonna. C’était forcément maman Gilmore. Comme elle était à côté du combiné, elle décrocha d’un geste vif, son allô fut particulièrement agressif. Elle hocha la tête plusieurs fois avant d’annoncer qu’Angelina était présente, la voix exigea de lui parler alors elle s’apaisa, murmura des paroles polies, voire même encourageante avant de tendre le combiné à bout de bras, au-dessus du comptoir. Sans un mot, juste en désignant l’objet du regard, lui sommant de le prendre. En entendant leur conversation, son coeur se comprima comme écraser par de grandes mains. Surprendre les sanglots dans la voix de maman Gilmore finit par lui mettre les larmes aux yeux. Sans s'en rendre compte, elle était restée immobile, à fixer un point dans le vide. Les regrets la dévoraient de leurs griffes glacées et dentées. Elle se sentait affreusement mal.
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| | | | (#)Ven 21 Juil 2017 - 17:56 | |
| Comment avait-elle pu croire une seule seconde que Nina la réconforterait et ferait preuve de soutien envers elle et sa famille ? Il avait fallu de quelques secondes pour que Nina redevienne la sale gosse de riche égoïste et capricieuse qu'elle avait vu en Nina la première fois qu'elle l'avait vu. Le coup fut difficile à encaisser mais Angelina resta interdite, sa cigarette se consumant entre ses doigts, les volutes de fumées s'en allant lécher la fenêtre ouverte sur le froid australien. Ses yeux jetaient des piliers glaces à la seconde, elle sentit tout son corps se contracter sous le poids de la contrariété, un étau puissant entourant son cœur déjà malmené. Elle laissa les mots de Nina valdinguer dans la pièce, elle put presque les voir se heurter aux murs et retomber en morceau déchiquetés sur le sol. Elle fit exprès de ne pas répondre, laissant Nina toute la responsabilité de ses mots sans venir en altérer le sens avec des répliques sanglantes qui ne feraient qu'envenimer la situation. Encore une fois, Nina avait une réaction que seule Angelina pouvait comprendre. Elle n'était même pas énervée, aucune colère ne vint noircir son coeur car lorsque Nina parlait, elle était capable de lire les sous-titres. C'était trop pour elle et elle ne voulait pas de cette charge émotionnelle dans sa vie sauf que pour fuir, il faudrait qu'elle passe sur le corps d'Angie.
Une sonnerie stridente déchira le silence de glace. Nina se pencha pour décrocher et Angelina ne tarda pas reconnaître la voix de sa mère dans le combiné. Le cœur d'Angelina se remit à battre comme un tambour et elle jeta sa cigarette à moitié consumée dans la gouttière avant de prendre le téléphone que Nina lui tendait. Jamais de toute sa vie l'accent anglais de sa mère ne lui avait paru si doux. "Maman, je suis désolée. Ne t'en fais pas ça va aller." Non ça n'irait pas, lui répondait Madame Gilmore. N'en parle pas à Abel, rajouta t-elle. Comme si elle allait expliquer à son fils de trois ans que son grand-père avait un cancer songea Angelina. Mais elle ne le fit pas remarquer. Ca ne servait à rien. Ce n'était pas le moment. Alors que sa mère sanglotait au téléphone, Angelina regarda Nina, le visage fermé, le regard dur. Elle espérait qu'elle voyait à quel point ce qu'elle venait de lui hurler était injuste. A quel point Monsieur et Madame Gilmore méritaient mieux qu'elles deux comme filles adoptives. Angelina avait l'impression que toute sa vie était remise en perspective. Comme si elle avait eu besoin d'un événement aussi grave pour comprendre les tenants et les aboutissants de toute une vie. Elle raccrocha, posant le téléphone bien en évidence sur la table. "Tu veux toujours partir au Vanuatu ?" demanda Angelina d'une voix sèche. Elle avait la tête haute, le menton relevé, elle regardait Nina d'un air de défi. Ose me dire. Ose me dire que tu vas abandonner ceux qui t'ont aidé à te relever. pensait Angelina. A vrai dire, elle ne savait toujours pas ce qui avait amené Nina entre ses murs, elle avait même mis trois semaines avant de connaitre son prénom et lorsqu'elle avait posé la question à ses parents, ils avaient éludé la question. Quelque chose de croustillant donc mais au cours de ces sept derniers mois Angie avait eu d'autres chats à fouetter.
Elle était capable de lui coller une maintenant, avoir entendu sa mère lui avait fait un effet inattendu, elle se sentait en colère à présent et gonflée de mauvais orgueil. "Je ne suis pas une Gilmore non plus. On ne naît pas Gilmore, on le devient." Angelina se demanda alors si Nina savait qu'elle était la fille d'une prostituée toxicomane. Elle se demandait si elle soupçonnait à quel point elle n'appartenait intrinsèquement pas à ce monde. "Maintenant c'est très simple." déclara Angelina en jetant le plaid sur une des chaises du comptoir. Elle se retourna vers Nina, plantant son regard dans le sien une fois encore. "Si tu comptes pas rester je veux que tu te barres avant le retour de mes parents. Ils trouveront une autre fille de location c'est pas un problème. Mais si tu crois sérieusement qu'on va avoir le temps de gérer tes crises de nerfs ces prochains mois tu te mets le doigt dans l'oeil. Mais je pense pas que t'arriverais à vivre en sachant que t'as déçu mes parents. Déjà que t'as sûrement du sacrément décevoir les tiens pour te retrouver ici..." rajouta Angelina en haussant les épaules, légèrement provocante. |
| | | | (#)Ven 21 Juil 2017 - 23:53 | |
| - Spoiler:
retrouve-moi au pays du drama
Elle étouffait. Ses émotions étaient si intenses qu'elles devenaient difficilement supportables, jamais elle n'avait ressenti aussi intensément. Cela faisait l'effet d'une blessure toute nouvelle, béante, où elle sentirait pulser le rythme de son coeur, pile à cette endroit, alors que le sang s'écoulait lentement hors de son corps. L'impression d'être déconnectée de son corps et de toute sensation pendant de longues minutes devait sûrement être un mécanisme de défense. Elle ne comprenait pas ce que mère et fille se disaient mais elle reconnaissait distinctement leurs voix, ce qui finit par la ramener à la réalité. Au moment-même où elle reprenait ses esprits, elle surprit le regard d'Angelina. Glacial. Elle trouva une forme de soutien grâce au comptoir, où elle s'appuya à l'aide des deux mains, fixant l'espace entre elles sur la table. Un bip. Un téléphone atterrit dans son champ de vision. Elle ne releva pas les yeux tout de suite. Angelina ne rata pas l'occasion d'ironiser. Après ces paroles, Nina osa darder un regard sur son visage, l'affrontement continuait. Le mutisme dont elle faisait preuve n'était que le reflet de son cerveau trop brouillé par la colère ; elle était incapable de répondre, laissant champ libre à la brune de poursuivre. - Je ne suis pas une Gilmore non plus. On ne naît pas Gilmore, on le devient. Un rictus moqueur lui échappa. Vraiment Angelina ? « Oh! Quelle aubaine ? C'est une sorte de club, c'est ça ? Où est-ce qu'on doit signer ? » Sa plaisanterie ne fit rire qu'elle, tout ce qu'elle récolta fut un regard tranchant et une totale indifférence. Angelina ignora ses traits d'esprits pour lui lancer un ultimatum. Au fur et à mesure qu'elle continuait, les traits de Nina se déformaient pour afficher une affreuse grimace. Je te déteste, je te déteste, ça tournait en boucle dans sa tête, je te déteste... je te hais!!!!!!! Sans attendre plus longtemps pour répondre à la provocation d'Angelina, la jeune femme bondit sur celle dont elle faisait son ennemie, maintenant. Bloquée par la table, elle fut tout de même en mesure d'agripper le cou de la fille Gilmore entre ses mains, dans un grand cri de rage. Brièvement, le temps d'enserrer entre ses doigts cette partie sensible... mais pas assez longtemps à son goût, quand son adversaire se débattit, elle fut coincée par la table et forcée de lâcher prise. « COMMENT OSES-TU ME PARLER COMME ÇA ?!» Elle se rabattit sur le col du chandail d'Angelina, l'attirant vers elle pour lui crier à la figure. « TU SAIS RIEN DE MOI, PÉTASSE !!!! » Elle hurla de tout son coeur, de toute sa rage mais cela ne suffisait pas. Elle souffrait encore. Les paroles hantaient son esprit, elle lâcha sa prise, croyait devenir folle. Elle redevenait faible quand les démons la quittaient ; elle était d'ores et déjà submergée de regrets. Elle ne voulait pas faire du mal à Angelina, elle ne voulait pas... Pourquoi était-elle comme ça ? Elle était horrifiée de ce qu'elle venait de faire. Se remettant momentanément du choc, elle profita de ce moment de flottement pour courir jusqu’à sa chambre, en montant quatre à quatre les marches, manquant même d’en rater une. La tête entre les mains, elle se tirait les cheveux et percuta plusieurs murs avant d'arriver dans sa chambre et de s'y enfermer. Elle était affreusement confuse, elle n’en tenait plus, jeta des carnets, des livres et quasiment tout ce qu’elle trouvait par terre. Le bruit fut amorti par la moquette. Cela ne suffisait pas à la défouler, elle n’arrivait pas à contenir sa rage, trop forte, trop bouillonnante, tout son corps en tremblait. Elle enleva prestement ses vêtements, les laissa par terre en plein milieu de sa chambre et fila sous la douche de sa salle de bain privative.
Sous le jet d’eau, elle ne sentait pas ses larmes couler. Seuls ses sanglots trahissaient qu’elle pleurait. Ses hoquets étaient de plus en plus bruyants et intenses, l’empêchant de respirer correctement. Elle se mordit le poing, hurlant au passage. Elle souffrait. Comme si, en commençant par le haut de son crâne, on la séparait en deux. C’est cette même dualité qu’elle sentait intérieurement. Elle souffrait tellement. Elle fuit son reflet dans le miroir une fois sortie de la douche. Elle se détestait. Elle était horrible. Elle avait fait du mal à Angelina, alors qu'elle commençait à l'aimer, alors qu'elle venait de rencontrer une personne qui la comprenait et qu'elle était prête à la laisser entrer dans sa vie. Elle sanglotait encore. Inapaisée, elle enfila un autre pyjama en vitesse, avant de se précipiter hors de sa chambre, pieds nus, cheveux encore mouillés, suffocante. « Angelina ! » Elle criait, ne pensant même plus à Abel, elle n'avait que la jeune maman en tête. « Angelina, où t'es ? Dis-le moi, s'il te plaît... Je... Je... » Les larmes la reprirent. C'est le surplus d'émotions - tristesse, rage, culpabilité, honte, désespoir et désolation - qui s'écoulaient. Elle l'avait trouvée, elle n'était pas partie, elle allait donc voir à quel point Nina était au plus bas à ce-moment là. Pleurnichant, comme une enfant, elle tomba sur les genoux, aux pieds d'Angelina, en prononçant ces mots, d'une voix étouffée. « Je suis tellement désolée. » |
| | | | (#)Dim 23 Juil 2017 - 20:24 | |
| - Spoiler:
Elles sont insupportables les deux, les reines du drama
Et ce qui devait arriver arriva, Nina ne supporta pas l'affront d'Angelina et elles repartirent dans leurs travers. La dynamique de la relation des deux jeunes femmes étaient déstabilisantes, le résultat de la fusion entre le feu et la glace. Chaque rouage de leur relation était d'une complexité que tout le monde, y compris elle, ignorait et étaient incapables de comprendre. Elles dansaient ce ballet fou en parfaite harmonie, mêlant rage et osmose. Lorsque les mains de Nina encerclèrent la fine nuque d'Angelina, cette dernière eut un horrible flashback de son agression datant d'il y a quelques semaines, avant qu'un inconnu aux traits familiers ne lui viennent en aide. Mais Angelina ne se laissa pas attraper par les démons de ses souvenirs, elle se débattu férocement, tentant de faire lâcher prise à Nina. "Mais lâche-moi, putain lâche-moi !" Elle planta ses ongles dans les mains de son ennemie. Lorsque Nina lâcha prise aux termes d'interminables secondes Angelina porta les mains à son propre cou pour apaiser ces sensations de brûlures lancinantes. Elle respirait fort, cherchait de l'air à tout prix alors que Nina la regardait, une flamme folle brillait dans son regard et Angelina se demanda un instant quel genre de tornade ses parents avaient laissé prendre ses aises sous leur toit. Plus que jamais Angelina & Nina étaient semblables. "T'es complètement fucked up." souffla Angelina en la regardant, encore remuée. Peut-être que c'était un coup du karma après tout, lors de leur première rencontre, Angelina avait saisi Nina par les cheveux, enragée par son insolence et ce soir-là la situation s'était inversée. La tasse de café s'était renversée lors de l'altercation, le breuvage faisait son chemin sur le comptoir en marbre et la tasse avait roulé jusqu'à s'arrêter miraculeusement à quelques centimètres du bord.
La tornade brune quitta la cuisine en trombe, laissant Angelina seule sur le champ de bataille. D'une main tremblante elle récupéra la tasse qu'elle posa dans l'évier et entreprit de nettoyer les dégâts causés. Elle sursauta en entendant une porte claquée à l'étage et pria pour que cela ne réveille pas son fils en sursaut. Elle tendit l'oreille, à l'écoute du babyphone : rien. Strictement rien. Après quoi elle monta jusqu'à la chambre où dormait son fils, d'un pas fantomatique, guidé par sa connaissance parfaite du manoir. Elle était désoeuvrée, le cancer de son père, la réaction de Nina, c'était trop pour elle. Son équilibre émotionnel était menacé et il fallait qu'elle parte d'ici pour retrouver le calme de son appartement. Elle ne se sentait pas en sécurité et elle avait peur que Nina s'en prenne de nouveau à elle, lorsqu'elle avait mentionné ses parents elle s'était transformée en une furie dangereuse et Angelina n'avait pas besoin de se faire remuer encore une fois. Elle poussa la porte de la chambre d'appoint de son fils et s'approcha du lit. Le petit dormait tranquillement, la bouche à moitié entrouverte. Il avait tâché son oreiller de bave, signe qu'il dormait profondément. Angelina n'eut pas le coeur de le réveiller et décida de redescendre dans le salon pour récupérer ses affaires, elle le réveillerait au dernier moment avant de partir. Elle passa devant la porte de Nina et s'arrêta, elle tendit l'oreille et entendit l'eau couler. Effectivement une bonne douche aurait pour effet de la calmer. Angelina descendit dans les escaliers immenses du manoir et entreprit d'envoyer un texto à sa mère pour lui dire qu'elle pensait à eux deux et que ça irait. Elle rassembla ses affaires, enfila son perfecto puis sa grosse écharpe lorsqu'elle entendit Nina hurler son nom. "Mais c'est pas vrai..." Ce qui lui parut la seconde d'après, Angelina vit Nina tomber à ses genoux. Elle ouvrit de grands yeux, choquée de voir Nina dans une telle posture et s'empressa de se baisser à sa hauteur pour la prendre dans ses bras. "Mais calme toi, ne te met pas dans des états pareils, c'est pas grave. C'est pas grave calme toi." la rassura Angie en lui frottant le dos affectueusement. "Je t'en veux pas, ne t'excuse pas..." Angelina était profondément touchée par la souffrance de Nina, elle la comprenait, elle la ressentait et elle sentit ses yeux s'humidifier et du cligner des paupières plusieurs fois chasser des larmes naissantes. Angelina prit le visage de Nina dans ses mains, l'obligeant à la regarder. "Ca va aller, ce n'est rien. Je te signale que la première fois qu'on s'est vu je t'ai attrapé par les cheveux alors c'est un juste retour des choses." dit-elle en lui faisant un sourire qu'elle espérait doux et apaisant. "Tu veux venir à la maison quelques jours ? Plutôt que de rester dans cette immense baraque ?" Angelina n'en revenait pas de ce qu'il venait de sortir de sa bouche. Proposer à Nina de devenir sa coloc le temps de quelques jours... Elle ne savait pas si c'était vraiment une bonne idée mais il lui semblait que c'était la chose à faire à cet instant T. Lui proposer un exutoire, un endroit où elle se sentirait en sécurité et où elles pourraient se soutenir dans cette épreuve. L'une comme l'autre était trop fragile pour rester seule. |
| | | | (#)Ven 28 Juil 2017 - 10:02 | |
| Fucked up. Complètement fucked up. Elle ressasse les mots d'Angelina. Ça donne une boucle infernale où se mêlent également les cris. Elle se fiche bien d'être malade quand pour remplacer le jet brûlant, elle tourne radicalement le robinet dans l'autre sens, et attend que l'eau glacée s'abatte sur elle. L'effet est salvateur, après le frisson, il lui semble tout de même avoir les idées plus claires. L'envie de pleurer est encore présente après que ses larmes se soient taries, ne restent plus que les sanglots, ceux qui lui donnent l'impression de s'étrangler à chaque fois. Sûrement un coup du karma. Mais elle-même se serait punie cent fois seule pour avoir agi de la sorte, accès de rage ou non. Elle était fucked up, complètement fucked up. Elle ne s'était rendue compte à quel point elle tenait à Angelina seulement qu'après avoir risqué de la tuer de ses propres mains. Dans un effort désespéré de le lui montrer, elle était certaine, parce qu'elle ne se contrôlait plus, qu'elle aurait pu serrer plus fort encore. Angelina qui lui hurle de la lâcher, le café qui se répand sur le comptoir, ses propres cris de rage et de souffrance, le vent qui agite la cime des arbres qu'on peut voir par la fenêtre... Tous les détails reviennent en bribes dans sa tête, c'est sa punition de revivre cette scène dont elle a tellement honte. À force de s'auto-flageller l'esprit, une question remonte à la surface, Andrina doute. Elle serait la première à comprendre qu'Angelina ne puisse pas lui pardonner. C'est la force du désespoir qui l'anime quand elle veut tout de même plaider sa cause auprès d'elle, il faut qu'elle sache, à défaut de pouvoir l'excuser.
Voir la brune en veste et en écharpe, visiblement prête à partir, active le tictac de son horloge, un vent de panique la gagne, le temps lui est compté pour la convaincre. Les larmes refont surface et elle ne réfléchit même plus, se jette à ses pieds. Un inconnu aurait trouvé la scène attendrissante – elle-même est surprise par la douceur des mots, des gestes d'Angelina – quoique peu compréhensible. À genoux, dans les bras l'une de l'autre dans l'immense hall du manoir, la gamine pleure mais se calme peu à peu quand les mots de son aînée parviennent à son cœur pour s'y loger. L'étreinte est douce mais elle se sent apaisée, encore plus quand elle lui murmure les mots qu'elle n'osait même pas espérer entendre. Elle s'en remet complètement à Angelina, elle se laisse porter par sa voix et par ses gestes. Même affronter ces iris assurés n'est plus une bataille, ils sont devenus un refuge. Le sourire qu'elle lui adresse lui fait l'effet d'un baume. Nina est tremblante d'émotion. Pour toute réponse, elle hoche mollement la tête et son faible sourire n'est pas à la hauteur l'implication d'Angelina mais c'est tout ce dont elle est capable. Pourtant, elle se rremémore très bien l'épisode auquel Angelina fait allusion. Cette première rencontre, un soir d'orage, comme un présage à ce qu'allait être leurs rapports futurs. Elle l'avait bien mérité, très probablement. Mais l'adage disait "Après la pluie, le beau temps." Cela lui semblait juste, les épais nuages noirs se dissipaient petit à petit. On aurait même pu croire à une éclaircie. Elle a du mal à réaliser, croit même à une hallucination. " Je ne veux pas vous déranger, Abel et toi. " bafouille-t-elle, gênée. Elle souffle doucement par le nez comme si articuler ces mots avaient été un effort immense. Elle pose une main sur celle d'Angelina et love sa tête plus intensément contre la paume de sa main. Sa joue glisse dans ce creux, elle ferme les yeux pour apprécier l'instant. Elle quitte ce réconfort quelques secondes après. "Je ne veux plus être seule et je veux être là pour toi. Il faut qu'on traverse ça ensemble. " Elle sonde son regard, son expression. "Je veux être là pour toi. " répète-t-elle. Ses doigts se ressèrent entre les siens. Elle veut se montrer digne des Gilmore. "Laisse-moi réfléchir à ta proposition mais ce soir, ne pars pas s'il-te-plaît, restes ici. " Elle attendait sa réponse, les yeux brillants. Elle savait qu'Angelina avait sa propre chambre dans le manoir mais dans l'esprit de Nina, c'était aussi une invitation pour partager sa chambre. Son lit était assez grand pour les accueillir les deux, même si elles triplaient de taille en largeur. Il y avait aussi le réconfort de pouvoir s'endormir avec une présence à ses côtés mais elle comprendrait les réticences d'Angelina, après l'épisode de ce soir, qui sait si Nina ne serait pas de nouveau possédée par le diable et chercherait à la tuer dans son sommeil. Elle se leva doucement, toujours tenant l'une des mains de la brune. "Je crois qu'on a des choses à se dire." souffla-t-elle d'un air las. Le 'on' sous-entendait 'elle-même', évidemment. Il était temps qu'elle lui révèle les coups du destin qui l'avait mise sur le chemin des Gilmore. |
| | | | (#)Dim 6 Aoû 2017 - 20:30 | |
| - Spoiler:
je suis désolée c'est nul, j'ai du mal à me remettre dedans je ferais mieux au prochain La situation était surréaliste, Angelina se demandait pourquoi et comment elle s'était retrouvé sur le sol, Nina se réfugiant dans ses bras comme un petit animal blessé. Néanmoins la situation paraissait beaucoup plus sous contrôle que toute à l'heure, les maux semblaient s'apaiser. Quelques années auparavant Angelina n'aurait jamais été capable de réagir de la sorte, elle aurait laissé Nina pleurer avec ses pieds avec pour seul réconfort un regard plein de mépris, si ce n'est d'indifférence. Elle l'aurait sûrement poussé du bout du pieds pour qu'elle aille pleurer plus loin. Mais entre-temps, Angelina était devenue mère et elle ne raisonnait plus comme l'enfant rebelle qu'elle avait été depuis son plus jeune âge. À présent elle avait cet instinct maternel qui faisait qu'elle ne réagissait plus de la même manière à la souffrance des autres et elle ne pouvait se résoudre à laisser Nina dans un tel état de souffrance. Les gestes étaient affectueux, le ton se voulait rassurant Angelina. Nina finit par reprendre le chemin de la raison puisqu'elle déclara qu'elle serait là pour elle et qu'ils traverseraient ça tous ensemble. Le coeur d'Angelina se serra à nouveau sous l'emprise du stress. Sa vie allait diamétralement changer ces prochains mois et soudainement l'avenir était plus incertain que jamais, la foudre impénétrable du destin s'était abattue sur la famille Gilmore et personne ne pouvait prédire l'avenir, savoir qu'elle en serait l'issue. Il ne fallait pas lésiner sur les moyens de rester unis alors Angelina proposa naturellement à Nina de venir vivre chez elle quelques temps, et évidemment Angelina ne s'attendait pas à ce que Nina saute de joie ou la remercie pour son hospitalité, au lieu de ça, elle concéda à y réfléchir et lui demanda de rester dormir ici ce soir. Angelina hocha la tête, elle détestait dormir au manoir depuis qu'elle en était partie, l'immense bâtisse ne lui inspirait rien de rassurant mais le fait est qu'après ce qu'elle venait d'apprendre, elle ne refuserait pas une nuit dans le cocon familial. "Oui je vais rester ce soir." Elle avait des affaires à l'étage, Abel avait tout ce dont il avait besoin et improviser une nuit au manoir n'était pas un problème. Elle espérait juste qu'elle avait laissé un chargeur d'iPhone dans son ancienne chambre au cas où si sa mère décidait de les rappeler. "Tu nous dérangeras pas, au contraire je pense que ça sera une bonne chose d'être tous ensemble. Abel sentira moins le malaise peut-être de cette manière..." supposa Angie, pensant à son fils qui dormait paisiblement dans son lit, totalement insouciant du monde extérieur et de ses affronts terribles. Elle aimerait pouvoir le protéger le plus longtemps possible de tout ce qui était susceptible de le blesser, elle aimerait qu'il reste toute sa vie à cet âge naïf de trois ans, Angelina était sa seule rempart contre le monde réel.
Nina termina par se lever, Angelina l'imita et la suite eut pour effet de la prendre de cours. Des choses à se dire ? Angelina pensait avoir eu son lot de drama pour les six prochains mois mais Nina lui proposait d'en reprendre un peu. Il y eut un mouvement de flottement pendant lequel Angelina resta droite comme un i, ne sachant trop quoi faire. Elle se demandait de quoi Nina voulait lui parler. Y avait-il encore des choses qu'elle devait savoir sur son père ? Elle avait soudainement à nouveau la nausée et la furieuse envie de se griller une cigarette mais au lieu de ça elle hocha la tête. "Je t'écoute." La curiosité d'Angie était piquée à vif et elle se demandait ce qui pouvait bien taraudait la jeune fille. Rien qu'à voir sa tête, la jeune maman australienne s'attendait à une discussion qui ne serait pas de tout repos, sûrement sur le ton de la confidence. "On devrait peut-être s'installer un peu plus confortablement." Elle retira son écharpe et son perfecto qu'elle accrocha au porte-manteau dans l'entrée avant d'aller dans la cuisine pour récupérer le babyphone au cas où Abel déciderait de se réveiller à nouveau. Elle pénétra de nouveau dans le grand salon et se laissa tomber sur un des énormes divans, elle ferma les yeux quelques instants priant pour que lorsqu'elle les rouvrirait elle serait dans son king size, au chaud dans son appartement, Abel dormant à ses côtés, son petit corps recroquevillé sous les draps. Sauf qu'au lieu de ça, elle constata le triste spectacle de Nina, les yeux cernés et les cheveux encore humides en train de la regarder, une lueur de désespoir dans le regard. Angelina poussa un long soupir. "Vas-y." |
| | | | | | | | how to save a life ♦ NINA |
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