| how to save a life ♦ NINA |
| | (#)Jeu 10 Aoû 2017 - 23:36 | |
| Sans qu’elle ne s’en soit rendu compte, elle avait retenu sa respiration en attendant la réponse d’Angelina. Une faible chaleur la gagne quand la conclusion tombe ; elle se réjouit de ne pas être seule, cette nuit dans l’immense manoir et surtout, elle craint les nouvelles de demain, de savoir si la sentence tombée sur Henry est aussi grave qu’elle craignait. Inconsciemment, à la manière d’un lieu vers lequel on aime se réfugier parce qu’on s’y sent bien, elle considérait la ténébreuse brune comme un soutien. Elle ne se laissait à écouter son cœur que quand son cerveau devenait trop confus, c’était le cas maintenant et intérieurement, il n’y avait qu’auprès de cette sœur de substitution qu’elle parvenait à trouver la douceur nécessaire pour l’apaiser. Le lien étrange, unique entre elles, est remodélisé dès qu’il y a cette invitation, il devient une promesse contre la solitude, le chagrin trop lourd à porter seul, après la violente tempête qui vient de secouer leur vie, c’est l’ultime espoir auquel se raccrocher pour s’en sortir. Elle sonde le regard d’Angelina, sa méfiance naturelle contre le monde entier la forçait à s’y plonger pour tenter d’apercevoir une once de pitié ou de mensonge. La gamine a encore tellement de mal à faire confiance, ce n’est ni dans son vocabulaire ni dans ses habitudes, alors forcément, elle est prise entre deux eaux. D’un côté, elle sait qu’elle ne s’en sortira pas toute seule et de l’autre, elle est trop fière, trop têtue pour accepter qu’on lui vienne en aide. Nina ferme les yeux quelques instants et se force à faire le vide dans son esprit, elle se concentre sur l’étreinte de leurs mains, ce contact lui rappelle l’essentiel. L’évocation d’Abel aussi lui fait quelque chose. Elle avait besoin d’eux. Elle rouvre les yeux quelques secondes plus tard, les larmes ont cessé de couler et seuls ses yeux rougis et humides témoignent de son moment de faiblesse.
Elle se tient droite devant son aînée mais cela tient du miracle, ses jambes peuvent à peine la porter, surtout quand elle capte l’attention d’Angelina, elle sent maintenant qu’elle ne peut plus se défiler. Un temps de répit lui est accordé, elle acquiesce mollement mais s’en réjouit intérieurement, cela lui laisse un peu de sursis pour réfléchir. Elle regrette déjà d’avoir initié cette conversation. Les minutes que lui laissent Angelina avant de s’installer à ses côtés dans le salon lui ont été suffisantes pour se verser un fond de whisky qu’elle fait glisser dans sa gorge cul-sec.
C’est l’heure du face à face. Malgré sa peur, il y a le besoin de viscéral de partager ce qu’elle a vécu. Dans ses rêves les plus fous, on parvient à la comprendre et à l’aimer pour ce qu’elle est, Andrina, la réelle, celle qui se cache depuis des années derrière ce masque de malheur. Le corps tourné vers son double, elle passe un bras sur le dossier et appuie sa tête sur sa main. Son regard, lui, traîne par terre. « C’est juste pour que tu saches… que je dois beaucoup à tes parents. Je n’étais rien pour eux, juste la fille d’amis pas si proches en plus mais quand je suis arrivée à Brisbane, ils m’ont apporté toute l’aide et tout l’espace dont j’avais besoin pour me reconstruire. » Ses aveux sont dits du bout des lèvres, sa voix est si faible que parfois elle déraille, accentuant sa fragilité apparente. « J’ai rien fait de mal pour qu’on m’envoie ici, j’ai agressé personne, braqué personne, insulté personne… J’étais juste une gamine enragée et blasée à la fois qui cherchait l’attention de ses parents mais comme je ne la trouvais pas, j’allais m’évader ailleurs. » Ses mots sont simples et beaucoup de points sont éludés mais pour ce soir, Angelina devra se contenter des faits. Nina elle-même n’était pas certaine de pouvoir s’auto-analyser sur le plan psychologique. « C’est facile de mal tourner, il suffit d’être un peu paumée et de trouver des mauvaises fréquentations. Un jour, on trouve de la came et puis, c’est une histoire banale, j’ai voulu essayer et ça a mal tourné. Je ne suis pas devenue accro mais ça m’a dissuadé de le venir, ce soir-là, quand un pote avec qui je consommais avait fait un mélange dégueulasse, alcool et diverses drogues, qui lui a fait pété les plombs comme jamais. Il s’est mis à me chasser en hurlant, il devenait de plus en plus fou, il m’a attrapé par les cheveux pour me soulever dans son délire et il m’a jeté par la fenêtre. » 3 mètres, rien pour amortir le choc à l’atterrissage. Elle débite ça comme on débite une leçon d’histoire, sans passion, juste en citant les points. Son visage est figé, dénué de toute émotion, prise dans une bataille mentale contre tous les souvenirs qui ressurgissent. Elle tait le plus important : la réaction de ses parents. Parce qu’en réalité, c’est ça le plus douloureux. C’est l’histoire de cette enfant qui n’a jamais été aimée, à peine désirée, en a toujours tout fait pour la faire disparaître. Andrina se souvient encore de la punition de l’isolement, seule, toujours enfermée dans sa chambre, elle passait parfois plusieurs semaines sans rencontrer ses parents. Elle est profondément peinée, sans se lamenter sur son sort, elle se dit souvent qu’elle n’y est pour rien, qu’elle n’avait pas demandé à naître, surtout pas pour connaître – ou non – plutôt, surtout pour ne jamais connaître ce qu’est l’amour d’une mère et d’un père. « J’ai atterri là parce que mes parents ne voulaient plus me voir. » Chassée par sa propre « famille », encore une chance qu’elle soit née dans une famille riche soucieuse des apparences. Foute sa gamine dehors, inadmissible mais l’exiler chez d’autres personnes prétextant un meilleurs environnement pour son développement, là, c’était déjà mieux vu. |
| | | | (#)Ven 11 Aoû 2017 - 0:53 | |
| Angelina était assise dans ce fauteuil trop grand pour sa silhouette frêle. Ses iris de glace ne quittent pas une seule seconde le visage de Nina, un regard glaçant, incisif. Comme si elle était dotée du pouvoir de pouvoir transpercer n'importe qui croisant son regard. Nina avait toute son attention et plus encore. Personne dans cette maison n'avait daigné lui donner les raisons de sa présence ici et elle les avait enfin ce soir, servies sur un plateau d'argent. Angelina avait eu le temps de se faire ses petites idées depuis le temps, elle savait dans tous les cas qu'il s'agissait d'un scandale à étouffer. C'était comme ça que ça se passait chez les riches, on foutait tout sous le tapis et on changeait de sujet en espérant que tout le monde passerait à autre chose. Les Gilmore, les premiers. Mais ça, c'était une histoire pour une autre nuit orageuse. Ce soir, c'était la soirée de Nina et nul autre sujet ne devait court-circuiter celui abordé entre ses murs. Angelina ne tenta pas de prendre la parole avant d'être sûre que Nina avait fini, elle ne posa aucune question, se contentant de laisser la protégée de ses parents poursuivre son récit. Jamais Angelina n'aurait cru rencontrer quelqu'un avec qui elle aurait autant de points communs. Sa vie résumait à une forteresse de solitude dans laquelle elle avait été persuadée qu'elle était seule à ressentir ce qu'elle ressentait. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il lui serait introduit un être aussi semblable qu'elle-même. Angelina comprenait soudainement pourquoi sa mère se contentait de sourire lorsqu'elle critiquait Nina avec virulence. Car Madame Gilmore devait penser déjà alors ce que sa fille adoptive pensait aujourd'hui : les deux jeunes brunes se ressemblaient à un point qu'elles ne pouvaient soupçonner. Angelina aussi avait merdé par besoin de sensations fortes, Angelina non plus n'était pas une enfant désirée. Pas par ses parents biologiques, j'entends. Elle pouvait amplement comprendre ce besoin viscéral d'attirer l'attention, pas toujours de la bonne manière. Petites filles riches déprimées.
Angie fixa Nina tandis qu'un silence s'installait dans la pièce à vivre gigantesque. Elle n'avait jamais été douée lorsqu'il s'agissait de réconforter les gens ou de dire quelque chose qui aurait du sens humainement. Angie n'était pas un modèle d'équilibre en matières de relations humaines et c'était peut-être ici que ses capacités sociales s'arrêtaient. Et pourtant contre toute attente, les mots sortirent de sa bouche sans qu'elle n'eut vraiment à faire un effort. "Tu avais besoin de trouver refuge et tu l'as trouvé. Tu as de la chance. C'est pas le cas de tout le monde. Je me suis jamais senti chez moi quelque part, à part peut-être quand je suis aux côtés d'Abel. Je sais ce que c'est que d'avoir l'impression de pas être désirée même si mes parents ont tout fait au point que j'aurais pu oublier que ce n'était pas mes parents biologiques." L'adoption d'Angelina était un sujet tabou pour tout le monde, que ça soit entre les Gilmore eux-mêmes ou avec les autres gens. Les rumeurs avaient la vie dure et certains avaient plus ou moins deviné qu'Angelina était le fruit des bas-quartiers. Et encore, ils étaient particulièrement loin de la vérité. "Ce mec-là... Qui t'a balancé. Il est devenu quoi ? Il est où ? C'est grave quand même ce qu'il s'est passé. J'espère que c'est pas resté impuni." s'enquit Angelina. C'était une tentative de meurtre, non ? Stupéfiant ou pas... "Tu comptes repartir chez toi un jour ou rester ici ?" La conversation avait pris une tournure tellement intime qu'Angelina s'attendait à ce que Nina coupe le contact à tout moment. C'était déjà un miracle qu'elle soit arrivée au bout de ses confessions, Angelina savait que ce jour était à marqué d'une pierre blanche. |
| | | | (#)Ven 11 Aoû 2017 - 18:49 | |
| Elle n'était pas une experte en matière de confiance. Cependant son cerveau gardait encore des neurones fonctionnels (malgré les fêtes, la drogue, les nuits blanches et l'alcool) capable de lui faire déduire que cette dernière reposait sur un équilibre entre les deux parties. Il fallait qu'elle se dévoile, un peu, beaucoup même parce qu'elles en avaient parcouru du chemin et Andrina n'avait jamais brillé pour sa loyauté. Bien au contraire, derrière ses airs d'ange innocent devant les parents Gilmore, elle se faisait un plaisir d'enfoncer Angelina sans que sa nature mauvaise soit révélée. En même temps, la jeune femme lui donnait assez de faits à rapporter, sous la dent , pour qu'elle n'ait rien à inventer. Même son imagination n'aurait pu créer des scénarios aussi sensationnels, Angelina semblait se fourrer dedans d'elle-même. Elle commentait facilement la vie de la fille Gilmore mais elle devait s'avouer que, de son côté, elle n'en menait pas large non plus.
Même en évitant ses pupilles bleues, son regard la transperce de part en part. C'est juste l'intensité du regard d'Angelina qui veut ça. Parce que c'était une femme entière, authentique, de celles qui méritaient qu'on parle plus souvent d'elle autrement que pour sa plastique. Même si elle refusait les qualités qu'Andrina voyait chez elle, cela n'empêchait pas la gamine de garder ses idées et de la trouver inspirante. Elle était pas bien née, ce n'était pas un cadeau un tel caractère de merde mais il y avait quelque chose d'attachant chez elle, quelque chose de presque magnétique. On voyait que son armure de glace fondait quand elle était entourée de gens qu'elle aime, en particulier avec Abel. C'est cette sensation que Nina a l'impression de sentir sur elle, cette chaleur qui la gagne, elle en est persuadée, c'est provoqué par Angelina. Elle tombe juste en utilisant ses mots, tellement juste que Nina acquiesce de petits signes de têtes réguliers, ça lui fait du bien de savoir qu'elle n'est pas seule avec ses émotions indescriptibles à porter comme un boulet mais coupe Angelina dans son discours. « Ce n'est pas tes vrais parents ? Mais... » L'information a court-circuité tout le réseau. Elle semble familière comme si elle s'est était doutée ou le savait dans un coin perdu de son esprit mais ça lui semblait trop gros. Si elle avait eu vent d'un tel secret, elle se serait dépêchée de l'utiliser contre Angelina, elle en était persuadée. Nina doutait de ses souvenirs. La faute à la confusion, aux événements de ces dernières semaines ? Pas du tout puisqu'elle vivait depuis six ans ici et elle n'avait toujours pas tilté que le couple Gilmore avaient adopté leur fille. Bordel, soit elle pétait un câble à avoir omis une information aussi capitale soit elle avait été à côté de la plaque pendant six ans. Elle s'est redressée comme un suricate devant la brune, elle restait interloquée. « Je... je savais pas... et... et donc, alors ? » Andrina ne parvenait pas à construire des questions digne de ce nom parce que de toutes façons, il y en avait trop qui se bousculaient dans sa tête à cet instant-même. Elle n'était pas certaine qu'Angelina veuille bien développer à son tour son histoire et d'ailleurs, Nina elle-même avait besoin de temps pour digérer cette unique information. Les fils s'entrecroisent si ce qu'elle dit est vraie, si elle aussi a toujours eu du mal avec son identité parce qu'il lui manquait quelque chose. Un besoin d'amour resté insatisfait, incapable d'être remplacé par l'argent et tout ce qu'il pouvait acheter. Elle ignorait donc qu'elle posait la question fatidique quand elle bredouilla : « Tu connais tes parents biologiques ?»
À les voir, on s'imagine qu'elles possèdent tout' La beauté, l'argent, l'intelligence et le charme, qu'elles ont le plus parfait des starter packs, celui qui déroule le tapis rouge sous vos pieds et donne une voie royale à votre vie. Mais non, Nina considérait qu'elle avait une chienne de vie. « Ty a dit que j'étais tombée toute seule dans mon bad trip. On l'a cru, j'étais trop terrorisée et honteuse pour parler, tu comprends... ? Il coule des jours heureux à Yale, maintenant. » Aucune once de jalousie mais surtout beaucoup de rancoeur et d'amertume. Le connard avait même prétendu avoir essayé de la rattraper. En plus, elle avait tellement entendu cette version de l'histoire qu'elle se pensait folle en refusant d'y croire, d'être certaine que ce n'était pas la vérité. De toute façon, ses parents n'avaient pas cherché à comprendre. Pas de discussion. Rien. Juste les regards qui veulent tout dire. Elle est blessée rien que d'y repenser. La question d'Angelina n'y remédie pas. Elle lève les yeux vers elle, sonde son regard pour chercher un sous-entendu, elle ne comprenait pas pourquoi elle lui demandait ça et l'interrogation se lit sur le visage de l'étudiante. Elle reste muette, espérant que son silence mette la brunette mal-à-l'aise pour qu'elle se justifie sur les raisons d'une telle question. |
| | | | (#)Ven 11 Aoû 2017 - 19:14 | |
| Une chose est sûre : on s'emmerdait jamais chez les Gilmore. Leur vie était une succession de rebondissements improbables, où se mêlaient violence, larmes et joies. Angelina & Nina avaient dansé un tango enflammé de leur rencontrer jusqu'à ce soir-là, assises l'une en face de l'autre, se détestant à la mort pour finalement s'aimer à la folie aujourd'hui. Un amour étrange, un navire un peu fou souvent malmené par des vagues aussi grosses et noires que leur ressentiment. Elles pensaient avoir trouvé chacune en l'autre un miroir qui leur reflétait autre chose que leurs plus grands échecs. Angelina aimait voir en Nina la fille qu'elle avait été à son âge. Mais apprendre la raison de sa venue ici changer la donne une fois encore, c'était comme-ci Nina entrouvrait enfin la porte de son âme pour laisser Angelina y jeter un coup d'oeil. L'incitant à son tour à en faire de même, lorsque Nina manifesta sa stupéfaction lorsque son interlocutrice aborda le sujet de son adoption celle-ci haussa ses sourcils parfaitement dessinés. "Sérieusement ? T'es pas au courant ?" Angelina avait un peu de mal à croire qu'en six ans Nina était passée à côté de ça, ses parents n'aimaient pas en parler particulièrement mais quand même ils n'hésitaient pas à mettre le sujet sur la table pour justifier les mauvaises décisions de leur fille. Combien de fois avait-elle entendu sa mère chuchoter à une amie qu'elle pensait son mauvais comportement du à 'd'où elle venait', elle ne venait de nulle part. C'était bien ça le problème, elle venait de nulle part parce que jamais personne n'avait voulu lui donner des réponses. Constater que Nina n'avait pas été mise à la page, elle trouvait ça étrange quand même. "C'est bizarre parce qu'en général ils perdent pas une occasion de se déculpabiliser en mettant mes conneries sur le dos de l'adoption." Elle secoua la tête avec mépris en réponse aux mauvais souvenirs qui affluaient dans son esprit. "Et donc rien, ma mère biologique était une prostituée toxicomane, un déchet de la rue. Je suis née prématurée et toxicomane aussi, j'avais le syndrôme de sevrage néonatal. Mes parents connaissaient bien le directeur du service pédiatrie et moyennant un chèque j'étais à eux." Angelina se mit à ricaner, laissant entrevoir ses dents blanches parfaitement rectilignes et ses canines, prenant les traits d'une véritable diablesse. Elle s'amusait de la surprise qui se lisait sur le visage de Nina. "Tu t'y attendais pas à celle-là, hein ? Ils cachent bien leur jeu les Gilmore ?" Ils avaient agis impunément car Henry Gilmore était un avocat qui pesait assez pour ne pas être inquiété. De plus, le heureux hasard avait voulu qu'elle ressemble assez à son père adoptif. Le même regard perçant, les mêmes cheveux de jais : tout était passé inaperçu jusqu'à ce qu'Angelina découvre les papiers de l'adoption à 14 ans. Sa vie avait été bouleversée, on passe les détails : elle avait découvert la vérité et avait détesté ses parents de lui avoir menti. "J'ai rencontré ma mère à 18 piges, je l'ai retrouvé grâce à un pote de l'époque et elle m'a envoyé bouler, me disant que y avait rien pour moi ici. Elle a juste avoué que mon père était son amour de lycée qu'elle s'était envoyé en le recroisant par hasard. Mais j'suis même pas sûre que ça soit vrai. Comment savoir si une toxicomane dit la vérité..." La blessure suintante était dévoilée et il n'y avait pas de marche arrière possible. Angelina n'en revenait pas d'avoir déballé ça avec autant de désinvolture, Nina devait penser qu'elle n'avait pas de coeur mais peu importe.
Mais assez parlé d'elle, Angelina restait perturbée par l'histoire que Nina venait de lui raconter. Pire encore, un sentiment de colère et de désir de vengeance monter en elle. Elle était furieuse de voir que le mec qui avait bouleversé sa vie s'en sortait aussi bien. "Non mais t'es sérieuse là ? Il s'en est sorti aussi facilement ? Et tu vas laisser faire ?" Elle se redressa dans le fauteuil, la mâchoire serrée et les sourcils plissés. "Mon père le sait ? Parce que si mon père le sait, il va le retrouver et lui bousiller sa vie. On devrait prendre notre bagnole et allait plastifier sa maison à ce fils de pute." s'énerva Angelina. Si il y avait bien une chose qu'elle détestait c'était l'injustice, parce que l'injustice c'était un sentiment qu'elle connaissait bien et elle trouvait que ce Ty ou je sais pas quoi s'en était trop bien sorti. "Donc tu vas laisser ce mec là se la couler douce dans son université de petits connards riches pendant que toi tu croupis dans cette baraque ? T'es malade ma fille, si j'étais toi je le ferais souffrir jusqu'à ce qu'il m'appelle Satan." Angelina trouvait bizarre qu'une fille comme Nina laisse passer ça sans demander réparation pour ce qu'elle avait subi. |
| | | | (#)Dim 20 Aoû 2017 - 20:53 | |
| Elle secoue vivement la tête, les yeux toujours aussi écarquillés devant la nouvelle. Cela n'avait jamais été évoqué devant elle, elle ne parvenait pas à se remémorer leurs mots exacts mais pour elle, jamais les Gilmore n'avait dissociés Angelina, d'eux. Elle prit un air pincé, face à sa conviction. « Peut-être mais tes parents ne t'ont jamais enfoncé devant moi. Jamais. » Elle nie de la tête pour appuyer ses propos. C'était sûrement la volonté des Gilmore de l'élever comme leur propre fille en instaurant. Ainsi, ils n'avaient jamais fait de favoritisme envers elle ou encore moins, rabaissé Angelina devant elle... malgré tous ses petits complots pour se montrer comme la fille prodigue et écarter la belle brune de son chemin. Nina remarquait enfin à quel point leur comportement l'une envers l'autre avait changé. Sa transformation était la plus flagrante, sûrement, mais elle n'aurait jamais fait de pas vers son homologue si elle n'avait pas senti que de son côté aussi on voulait une trêve. C'était plus que du plaisir d'être ici, à enfin lui révéler une partie de sa vie comme on viderait un sac qu'on a trainé bien trop longtemps, c'était un besoin. Elle savait qu'après cette nuit, elles ne seraient pas les meilleures amies du monde - même si elle venait de se jeter dans les bras d'Angelina - mais au moins, qu'il y aurait toujours une personne à Brisbane qui la compendrait profondément et qui connaîtrait la vérité sur elle. Elle partageait maintenant son secret avec les trois Gilmore, cette famille devenue sa bouée de sauvetage. Alors quand elle découvrait le décor de l'autre côté, elle en restait bouche-bée. Ça en faisait, des informations, qu'elle soit adoptée, c'était déjà une chose mais niveau background, elle aurait pu connaître une toute autre vie si le hasard ne l'avait pas mise sur le chemin des Gilmore. Dans ses oreilles de petite bourge, l'histoire que lui conte Angelina tient du miracle si mériterait que papa et maman Gilmore soient sanctifiés. Et dire que la ténébreuse aurait pu être une fille des bas-fonds... Son expression de dégout prend cet air mi-désolé mi-dégoûté que les riches ont quand on évoque les gens moins bien lotis qu'eux. « Oh... je suis vraiment désolée. » C'est dans les veines de Nina, ce genre de comportement condescendant qu'ont les privilégiés. Mais elle est sincère, persuadée qu'Angelina à été sauvée deux fois. Une fois de la mort, en étant soignée, une fois dans la vie, en devenant l'héritière de ce couple plein aux as. « Ouais... » Elle ne s'y attendait pas mais elle était la première à savoir que plus les familles étaient riches, plus elles trempaient dans les magouilles et les secrets. Elle replonge son dos dans le moelleux du canapé, pensive, alors qu'Angelina développe son histoire. Elle n'en rate pas une miette même si de l'extérieur, elle pouvait sembler absente, à fixer le vide sans cligner des yeux, affalée dans une position de poupée de chiffon. Étrangement, ça lui fait du bien d'entendre la jeune femme lui parler de ça, d'elle, au son de sa voix, elle sent comme une chaleur à l'intérieur d'elle. C'est la sensation de la confiance entre elle. Un peu plus et elle sourirait ; c'était tellement agréable. Mais ç'aurait été indécent vu les aveux d'Angelina et ce qu'elle racontait au sujet de sa mère. Pas de doute, vu son ton, cette rencontre ne lui laissait pas un bon souvenir. En s'y penchant de plus près, elle pouvait deviner la brune, toute jeune, en train de lutter pour connaître sa réelle identité, partagée entre le milieu d'où elle venait et celui où elle avait grandi. Elle avait du nager entre deux courants et c'était peut-être ça qui l'avait rendue dingue. C'était compréhensible, elle-même ne saurait pas trop comment elle aurait réagi si elle avait été à sa place. En plus, rien ne disait qu'Angelina se soit remise de cette découverte. « Et toi ? Ça t'a fait quoi de savoir d'où tu venais ? Comment tu te sentais au milieu de tout ça » Une chance ? Une malédiction ? Impossible à dire quand on était pas à sa place. Andrina voulait savoir si depuis le temps, ça s'était apaisé de ce côté là pour la Gilmore girl. Parce que personnellement, l'histoire de sa chute avait été reléguée au rang d'époque historique passée, de l'histoire ancienne à ne pas dépoussiérer. Cela lui fait tout de même chaud au cœur de voir son interlocutrice aussi révoltée devant l'injustice apparente. Mieux encore, les propositions qu'elle avançait quand son tempérament de feu parlait pour elle, la fit pouffer. Angelina voulait s'impliquer et déterrer le désir devengeance chez l'étudiante. Nina ne voyait pas les choses de cette façon. « Angie. » Elle posa une main sur la cuisse de l'interessée pour recapter son attention et la calmer dans ses ardeurs. Elle souriait toujours, presque moqueuse. « Qu'est-ce que ça changerait ? » Elle émit une hésitation, cherchant ses mots. « Je ne m'y connais pas en bouddhisme, en karma etc. et je ne suis pas une référence en matière de sagesse... Mais je me connais. Si j'avais voulu me venger, j'aurai ressassé ma haine contre ce petit con et même en trouvant quelque chose pour l'humilier, ça n'aurait pas garanti que je sois satisfaite. C'était plus bénéfique d'utiliser mon énergie pour reconstruire ma vie que pour détruire la sienne. » Elle n'était pas certaine d'avoir réussi, niveau développement personnel mais en tout cas, elle se sentait bien par rapport à cet événement, elle considérait avoir fait le bon choix. Lui n'avait pas changé et ne changerait sûrement jamais. Ty n'était pas à l'abri d'être le propre instigateur de sa descente aux enfers, avec un petit coup de pouce des pères Farrell et Gilmore. « Ton père a aidé le mien pour monter un dossier contre le père de Ty, il n'est pas dans le rouge encore niveau affaires mais il perd de l'argent par millions depuis quelques années. » Nina ne peut s'empêcher d'avoir un air satisfait sur le visage (chassez le naturel et il revient au galop). Sans être mêlée aux affaires des deux hommes, elle avait été agréablement surprise de l'initiative de son père, qui démentait son manque d'attention l'égard de sa fille. Elle jugea qu'il était temps de changer de sujet. « Et... nous, toi et moi, pour Henry, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? » |
| | | | (#)Mar 22 Aoû 2017 - 11:32 | |
| Sans que les deux jeunes femmes s'en rendent compte, le chemin des confidences et des secrets s'étaient dessiné sous leurs pas hésitants. Ce soir-là, Nina et Angelina avaient fait fi de tout ce qu'elles croyaient savoir l'une sur l'autre pour mieux s'appréhender, mieux se connaître. Angelina n'aurait jamais deviné ce qui se cachait sous ses traits mutins, sous cette insolence qui lui donnait des envies de meurtre. Nina s'était révélé pouvoir être une petite chose fragile, esclave de l'affection de ses proches. De toute manière... Qui ne l'était pas... Formant ensemble un tout cataclysmique, les deux jeunes femmes enchaînaient les révélations. Angelina avait ouvert la boite de Pandore en abordant le sujet de son adoption, la surprise de Nina était lisible sur son visage et Angie était étonnée d'apprendre que sa mère n'avait pas débordé sur le sujet. Depuis que Angelina avait rencontré sa mère biologique, les Gilmore abordaient le sujet plus facilement, ils ne ployaient plus sous le poids du secret. Ca lui faisait quand même quelque chose de savoir que ses parents pourtant parfois difficiles ne l'avaient jamais démontés devant Nina, il est vrai que ses parents lui étaient loyaux. Il leur arrivait de se plaindre d'elle bien sûr comme n'importe quels parents mais jamais ils ne l'avaient attaqués sur ce qu'elle était ou ce qu'elle aurait pu être si ils ne l'avaient pas adoptés. Nina lâcha qu'elle était désolée et Angelina hocha mollement les épaules. "T'as pas à être désolée, c'est la vie. Puis j'ai tellement de chance, regarde dans quoi j'ai grandis. Ok, parfois on se rapproche plus d'Amity Ville que de Disneyland mais j'connais ma chance... Même si j'ai souvent été ingrate." Angelina avait une adolescente plutôt difficile, secrète, rebelle, arrogante : un peu Nina en somme. Elle ne disait jamais où elle allait, ni ce qu'elle faisait, ses parents devinaient les choses en lisant entre les lignes ou en interrogeant les amis qui venaient la visiter. Angelina savait maintenant la raison de son comportement, elle ne s'était jamais senti à sa place dans ce monde-là. Maintenant qu'elle avait quitté le manoir et avait son propre appartement avec son fils, c'était plus facile à gérer. Nina posa alors une question à laquelle Angelina ne s'attendait pas. Lorsqu'elle parlait de son adoption, la plupart des gens faisaient en sorte d'éluder le sujet pour passer à autre chose afin de ne pas la mettre dans l'embarras ou s'y mettre eux-même. Une fois de plus, Nina se démarqua de la norme. "J'étais en colère. Parce que je pensais que le jour où je rencontrerai ma mère biologique tout prendrait son sens et je comprendrai enfin qui je suis et d'où je viens. Ca n'a pas eu ce résultat-là. Au final je me sentais deux fois plus perdue. J'ai pas de maison. C'est comme ça. Je ne serais jamais vraiment chez moi quelque part." Elle marqua une pause lorsque son regard fut accroché par le portrait d'Abel au dessus de la cheminée. "Enfin maintenant qu'il y a Abel c'est différent. Il est un peu ma maison."
Mais assez parlé de sa condition à elle, Angelina ne pouvait ignorer ce que Nina lui avait dit. C'était grave, c'était gravissime et elle n'en revenait pas de ne pas avoir entendu parler de cette histoire avant. Pour cette fois, Nina était beaucoup plus mature qu'elle, car Angelina n'aurait jamais laissé passer ça. "T'es beaucoup trop gentille. J'aurai jamais supporté que ce connard continue sa vie tranquillement pendant que moi j'souffre ma race. Sur ce coup là je te reconnais pas. Enfin si tant est que je te connais." Après tout, Nina était une femme du feu alors que c'était une femme de glace. Comme quoi on ne pouvait pas éternellement étiqueter les gens... "Bah je peux te garantir que je vais en toucher deux mots à mon père." rajouta Angelina, toujours piquée au vif. C'était pas ses affaires, elle le savait mais elle connaissait son père. Il était pas du genre à laisser les choses impunies, même si en règle générale il défendait les méchants... Puis elle se rappela que son père aurait mieux à faire ces prochains mois, largement mieux à faire. La maladie.. Cette putain de maladie... Angelina sentit son coeur se serrer au point de l'empêcher de respirer. "Je sais pas du tout, franchement si il meurt je..." Wow, les larmes. Elle ne faisait que chialer en ce moment et elle en avait marre. "Je sais pas ce que je ferais, même ma mère elle vit à travers lui depuis toujours ça va être un bordel monstrueux. Mais c'est un homme fort, je sais qu'il va s'en sortir." Elle était obligée de se le dire parce que partir défaitiste était la pire chose à faire. "Tu n'habites plus ici toi c'est ça ?" |
| | | | (#)Jeu 24 Aoû 2017 - 22:52 | |
| Elle n'avait pas imaginé que leur combat d'égo les emmènerait sur cette voie là. Jugeant Angelina aussi féroce qu'elle, mentalement, elle s'était préparée à deux issues, soit une victoire, soit un abandon de l'autre partie. En aucun cas elle ne s'imaginait vaincue, mise KO par son adversaire dans ses plans de la surpasser aux yeux des Gilmore. Si on considérait ses desseins originels, on pouvait parler d'échec mais au final, elle avait gagné mieux qu'un sentiment de satisfaction passager. La preuve ce soir, elle s'investissait spontanément dans cette relation parce qu'elle lui faisait du bien. Il n'y avait aucune manigance derrière ses paroles, juste Andrina, sa tête, son coeur et son âme qui s'apaise sous la caresse des sourires et des regards compréhensifs d'Angelina. Les confessions livrées ce soir sont importantes mais bien moins que l'action en elle-même. Les deux reines que tout opposait se livrant, à cœur ouverte, l'une à l'autre... l'instant annonce quelque chose de plus grand, de plus intense, un truc entre elles qui pourraient les rendre intouchables. Le hasard y est pour beaucoup, même si elle l'avait voulu, elle n'aurait jamais pu trouver quelqu'un qui lui ressemblait tant. Elle pouffe en entendant la comparaison don't use Angelina, bien sûr qu'elle se reconnaît. Ses yeux brillent, ce soir, elle boit les paroles de son double comme s'il s'agissait de champagne et ne cherche pas à cacher sa fascination pour elle. Sa désinvolture, ses secrets, sa profondeur et son indépendance, entre autres, lui donnaient envie de rester encore des heures assise avec elle pour l'écouter parler. « Mais tu t'es toujours senti étrangère, non ? Ce n'était pas de l'ingratitude, c'était pour te libérer de ce monde, pas vrai ? Arrêter de côtoyer ces faux-culs, mauvais dans leur opulence et pire, je ne sais pas si tu y as eu le droit mais sur toute les photos de moi, enfant, j'ai l'air d'une meringue dans les robes baby Dior qu'on me faisait porter. » plaisanta-t-elle. « Enfin... je dis ça mais je suis habituée à tous ces privilèges, tu sais, c'est ma vie... » Elle prit un air difficile. Est-ce qu'elle cherchait à se justifier ? À excuser sa façon d'être ? En tous cas, c'est la fatigue qui s'exprimait. Elle voulait se rendre sympathique aux yeux d'Angelina mais elle ne voulait pas se changer pour autant. Elle sut, à la seconde même pour elle prononçait ses paroles que la ténébreuse la comprendrait. Tout comme elle fuit touchée à son tour par sa conclusion. Sans maison. Orpheline du monde. Naufrage. Mais il y avait Abel, l'espoir. Elle ne répond pas, ça la fait sourire Nina, c'est tout parce qu'elle n'est pas si moche son histoire. Elle lui souhaitait d'être heureuse, elle le méritait.
La passion dont fait preuve Angelina pour défendre sa cause la fait pouffer, elle se permet de lui lancer une pique. « C'est pas de la gentillesse, c'est de l'intelligence, je t'apprendrai à l'occasion ! » lance-t-elle, d'un air faussement prétentieux. C'est peut-être la première fois qu'elle se permet de la taquiner comme ça, révélant son côté bout-en-train. Mais l'ambiance est moins légère quand survient l'urgence d'évoquer le après cette nuit et de repenser à papa Gilmore. Elle a un mouvement de recul. "S'il meurt..." Cette gifle verbale. Elle en reste secouée. Elle y a pensé mille fois après avoir appris la nouvelle mais ce n'était pareil. Là, il y a de l'émotion dans la voix d'Angelina et ses yeux tous brillants lui font réaliser à quel point son monde allait être chamboulé si Henry n'était pas assez fort pour lutter. Incapable de bouger dans sa confusion face aux larmes, elle reste figée, à bégayer sans trouver les mots. Angelina se reprend, tentant de s'auto-persuader que tout allait bien se passer. Nina reste décontenancée par son changement de sujet. « Hein ? Euh... oui... non, j'habite dans le centre maintenant, euh... pour la fac mais... je... » Elle allait lui avouer qu'elle revenait régulièrement pour tenir compagnie à maman Gilmore en période de crise (la dernière en date concernant le retour du donneur de chromosome Y et les changements dans la routine entre Abel et ses grands-parents maternels) mais elle s'interrompt. Le comportement d'Angelina est perturbant. « Eh, tu es sûre que ça va ? » Sa crise à elle était passée mais pour l'instant, son homologue avait fait preuve d'un sang-froid exemplaire. « T'as le droit d'avoir peur... » OK. Nina n'était pas une experte en parole réconfortante mais elle faisait de son mieux. Elle ne savait pas trop si la brune allait pleurer ou vomir mais elle avait déjà fait un mouvement vers elle, écartant ses bras, prête à l'accueillir. « Si tu as besoin de quelque chose.. je.. je serai toujours là. » Seul le futur pourra confirmer si la promesse d'Andrina serait tenue ce soir-là mais une chose était sûre, les mots n'avaient pas franchis ses lèvres à la légère.
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| | | | | | | | how to save a life ♦ NINA |
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