| Hell is not where we're going Hell's where we've been || Lou & Cole |
| | (#)Mar 18 Juil 2017 - 6:37 | |
| Quelle idée que celle d'accepter de suivre Lou dans son délire quand elle s'est mise en tête de me présenter un mec. Meilleur ami, il me semble, d'ailleurs. Cole de son prénom. Tout ce que je sais en plus c'est qu'elle m'a clairement dit que ça me ferait du bien de 'tirer un bon coup'. Après le départ de Joey -'pour pas me blesser plus qu'il ne l'a déjà fait' comme il me l'a dit dans un simple sms – j'ai eu quelques jours de petite déprime. Pour une fois, j'en ai directement parlé à Myrddin, mais aussi à Lou, et je ne sais pas pourquoi je l'ai fais. Je veux dire, elle et moi ne sommes pas assez proche pour que je lui confie de telles choses, non ? Faut croire que si. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à lui parler de Joey et de la déception qu'il représente, toujours est-il que deux jours plus tard elle m'appelle pour me dire qu'elle m'a organisé un coup d'un soir. Tout d'abord j'ai essayé de m'en sortir avec des excuses bidon, trop mal à l'aise à l'idée de me taper un mec juste pour me taper un mec quoi. Mais au final, je me suis dis que j'aurais toujours mon mot à dire. Quitte à la décevoir, elle ou son pote, je peux toujours trouver un moyen pour me défiler plus tard.
Dans tous les cas, j'ai rendez-vous avec les deux au Pub Mctavish et je stress plus que de raison. Encore plus maintenant, alors que j'observe Lou et Cole, sans doute, à travers la vitre du pub. Je me dis qu'il n'est pas trop tard, je peux toujours faire demi tour, feindre un malaise, un mal de ventre fulgurant ou une migraine, je sais pas. Je trouverais bien une excuse en temps voulut.
Sauf que, non. Lou ne met pas longtemps avant de m'apercevoir et se redressant, me fait de grand signes de main. Trop tard, je ne peux plus faire demi tour maintenant. Je réponds par un petit signe de la main et un timide sourire puis pousse la porte du pub. Je me fraye un passage à travers les gens, écrase quelques pieds avec les roues de mon fauteuil, ignore les gens qui me lancent des regards noirs puis m'immobilise au niveau de Lou et Cole.
«Salut » dis-je, allant enlacer la jeune femme pour la saluer en bonne et due forme. Après qu'elle m'ait lâché, je me redresse et croise le regard du beau brun. «Cole, je suppose ? » demandais-je, souriant doucement. Question idiote et rhétorique. Je m'avance et tend la main « Nathan, donc, enchanté» Un peu trop formel et peut-être un peu trop poli, non ? Ça ne m'étonnerait même pas. Je ne sais même pas pourquoi, mais ce Cole m'impressionne plus que de raison |
| | | | (#)Lun 24 Juil 2017 - 10:52 | |
| “Tu verras, il est…” Le mot m’échappe. Simple pourtant, pas toujours flatteur selon le contexte, et c’est sûrement pour cette raison qu’il demeure là, sur le bout de ma langue, qu’il ne s’en déloge pas.Est-ce qu’il n’y a pas mieux à trouver, qui ne donne pas l’impression que je suis pleine de pitié pour ce garçon que je tente de maquer pour la seconde fois en l’espace de quelques mois ? Le premier junkie a été un désastre, puis Joey a préféré appliquer l’adage "courage, fuyons" Le troisième sera le bon, n’est-ce pas ? Je crois les doigts. Je n’aime pas voir ce bout de chou si dépendant d’un meilleur ami qui ne le considère pas plus que comme un bouche-trou depuis qu’il s’est approprié le mari d’une autre. Il est devenu trop bien pour son infirme de pote ? D’accord, alors j’en prendrai soin, moi. Finalement, je ne trouve pas d’autre terme. C’est qu’il n’y en a pas quinze pour définir ce bonhomme. “... gentil. Oui, gentil. Tu sais, un peu comme ces petits chiens avec les oreilles qui tombent, là, et le regard brillant en permanence, comme s’ils te condamnaient à les câliner jusqu’à ce que tes mains saignent ? Comme ça. Il est mignon, et affectueux, et insupportable.” Qu’est-ce que je le vends bien, ma foi. Un vrai site de rencontre ambulant. “Mais il est gentil.” je souligne, haussant les épaules avec un petit sourire, un brin résignée de ne pas avoir mieux à dire -sûrement parce qu’il n’y a rien de plus à dire. Je vois Cole dubitatif devant moi et se demandant dans quoi il s’est laissé embarquer. Forçant ma conviction, je lui tape l’épaule avant de prendre une grande gorgée de mon jus de cranberry ; “Il va te plaire, t’inquiètes.”
Le voilà qui entre dans le pub, je le devine au bruit de ses roues qui se prennent la porte et la poussent pour lui dégager le passage, première étape laborieuse avant la seconde consistant à se frayer un chemin jusqu’à notre table, slalomant entre les chaises et agaçant les clients qui n’ont qu’à se décaler de cinq pauvres centimètres et interrompre leur spoiler de Game of Thrones pendant, quoi, dix secondes. Mais les gens sont abrutis, ce n’est pas nouveau. “Nathan !” j’hurle sans pudeur à travers le bar, un large sourire aux lèvres, battant des bras dans l’air comme si sa taille raccourcie pouvait l’empêcher de nous repérer. Moi aussi je suis abrutie, parfois. Mes yeux s’arrondissent, je me rassois soudainement et me penche à l’oreille de Cole ; “Oh, je t’ai pas dit, il est en fauteuil, mais c’est qu’un détail, right ? Je te jure que tout fonctionne, full opérationnel. Non, j’ai pas vérifié moi-même, me regarde pas comme ça. Gross.” Je grimace, tremble à cet idée. Moi dans le lit d’un infirme ? Jamais.
Le cocker arrive enfin près de nous, pas besoin de lui proposer une chaise. Je l’enlace chaleureusement, je tente un check qui foire complètement, puis il se présente comme un premier de la classe, assis sur un balai. Mais c’est ce qui le rend mignon, non ? C’est ce qui donnerait presque envie de lui tirer les joues et de lui frotter les oreilles. Tout comme j’avais prévenu Cole. Je me tourne d’ailleurs vers celui-ci avec un sourire d’oreille à oreille, probable plus enthousiasmée et excitée par cette rencontre que les deux principaux intéressés. “Nathan est dans l’informatique, il est webmaster chez ABC, classe non ?” que je me sens obligée d’ajouter, histoire de le vendre, mon bout de viande. Puis à Nathan, j’ajoute également une précision ; “Cole est... un sacré branleur.” Je le taquine, je l’embête, quoi que ce ne soit pas tout à fait faux. Ce n’est pas vraiment le meilleur moyen de le mettre en valeur, mais si ma remarque le fait rire, alors il dévoilera son atout charme numéro un, son outil de drague ultime ; son sourire ravageur qui rend absolument impossible de lui refuser quoi que ce soit. “Voyez, vous êtes tous les deux doués de vos mains, vous avez déjà tant en commun !”
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| | | | (#)Mar 25 Juil 2017 - 5:51 | |
| Je hausse un sourcil alors que je vois Lou en train de patauger dans la semoule en essayant de me vendre son ami. Elle ne trouve même pas ses mots, ce qui me fait un peu peur parce que comme à chaque fois je me demande ce qu'elle va bien pouvoir me sortir. On peut donc dire que je ne suis pas déçu quand au terme de dix années de réflexion elle me sort le terme "gentil", avant de se risquer à une comparaison canine qui me laisse un peu... Confus. « Wow, en même pas dix secondes tu viens vraiment de me donner envie de le rencontrer juste pour voir si il ressemble vraiment à un chien tu vois. » Manquerait plus qu'elle me ramène un mec habillé en costard cravate qui aime la comptabilité, la vie de famille et les soirées télé et dodo à 21 heures 30 et qui en plus ressemble à un chien. Je sais même pas ce que ça veut dire ressembler à un chien, elle me fait vraiment me poser des questions improbables cette fille. Elle finit par ponctuer son petit marché d'homme en me tapant sur l'épaule peut-être pour que la douleur physique me fasse oublier la torture mentale que va sûrement être ce rendez vous arrangé. « Ah bah ça, c'est sûr qu'il va me plaire si il est si "gentil" comme tu dis, parce que c'est vrai que moi aussi je suis une vraie crème, hein ? » Dis-je en lui servant un bon sourire forcé, plus pour me détendre moi-même que pour la faire rire, je dois bien avouer.
Je ne fais pas vraiment attention à qui rentre dans le pub, je suis plutôt occuper à contempler ma bouteille de bière, mais je sais que le gentil jeune homme est arrivé quand je vois Lou gesticuler dans tous les sens comme si elle était en train de se noyer. Elle se calme d'un coup comme si elle s'était rappelé qu'elle savait nager avant de me servir sur un plateau ce petit détail. A mon tour je me penche vers elle, ne sachant pas vraiment comment réagir, ce qui m'arrive assez rarement je vous assure : « Oh bah oui, un petit détail en effet, et pour lui tu as omis de lui dire que je suis un camé ? Parce que ça a l'air d'être devenu quelque chose d'assez petit pour être un détail. » Par contre je ne peux pas m'empêcher de sentir un sourire s'inviter sur mon visage tandis que je repense au fait qu'elle vient de me dire que tout est "full opérationnel". Je préfère ne rien ajouter, mais si cette soirée finit correctement je ne me gênerai sûrement pas pour partager avec Lou tous les détails. Vraiment tous.
Le fameux Nathan arrive près de nous et Lou l'enlace tellement vite et tellement fort que j'ai presque peur qu'elle l'étouffe. Il se présente ainsi à moi d'une façon très... Classique on va dire. Je saisi la main qu'il me tend, et je dois bien dire qu'il n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais physiquement parlant. Il est bien, très bien même. « Tu supposes bien. » Dis-je en lui rendant un petit sourire discret à mon tour. Je déteste cette petite gêne qui s'installe à chaque fois quand je me rend à un rendez vous organisé, j'ai l'impression qu'on sait tous pourquoi on est là et c'est bah... Gênant. Lou semble tellement impatiente de me faire finir dans le lit de son ami qu'elle me vante les mérites du job de ce dernier. Faut dire que c'est vrai que ça en jette. « Ouais, franchement la classe, ABC c'est une petite boîte pas très connue mais bon... » Dis-je avec ironie, simplement pour essayer de détendre l'atmosphère à ma manière. Vu l'allure à laquelle Lou débite et me descend en me qualifiant de branleur, je comprend que je suis sûrement le seul à sentir une atmosphère pas forcément agréable. Elle me taquine, et je souris de toutes mes dents car je me dis qu'il faut mieux en rire qu'en pleurer, et surtout car je ne suis pas du genre à être en manque de réplique « Alors déjà quand on est une vraie amie on dit simplement que je suis chômeur, ça fait mieux et c'est ce qui est marqué sur mon CV très très fourni. » Dis-je en lui lançant un faux regard noir, avant de me tourner vers Nathan et de lui sourire, presque en étant un peu gêné, après tout je sais que je n'ai pas toujours un humour facile à prendre, et que même tout ce que je suis n'est pas vraiment le profil de l'amant parfait. Ça me fait bizarre de l'admettre, mais ça me ferait chier qu'il prenne peur et s'en aille en fin de compte. En plein milieu de mes grandes réflexion Lou évoque donc notre talent manuel commun et je ne peux m'empêcher de rire, « C'est sûr que ça fait déjà beaucoup c'est vraiment le destin dis-donc ! ». Tout en disant ça je lance un regard entendu à Lou juste parce qu'à ce moment précis, le destin semble s'être emparé de son corps apparemment. |
| | | | (#)Mar 25 Juil 2017 - 6:28 | |
| Un câlin chaleureux et rapide, de Lou plus tard, et je me retrouve face à Cole. Lui et moi avons tout juste le temps de nous présenté nous-même, que la jeune femme reprends à nouveau la parole. Elle présente nos métiers respectifs. Lorsqu'elle dit que je suis Webmaster chez ABC, j'ouvre la bouche pour la contre dire, me rendant compte que je n'ai dit a personne -sauf Myrddin- que j'avais quitté mon poste la semaine dernière. Mais elle ne me laisse pas le temps de dire quoique ce soit, que Cole se voit déjà affublé de l'appellation 'branleur'. Je pince les lèvres et, pendant leur échange, me surprends à l'observer plus en détail.
Mâchoire carré, chevaux noirs, relativement cours mais en bataille, ce sont surtout ses yeux attirent mon regard. Je ne saurais dire pourquoi, ils sont bruns, rien de très spécial. Mais ce n'est pas un brun banal. Avec le manque de luminosité dans la salle, ils pourraient presque être noir. Ça le rend pas mal attractif, je dois l'avouer. Ça et surtout ce sourire un peu gêner qu'il me lance, comme si Lou le mettait aussi mal à l'aise. On est sans doute deux dans ce cas. Je reviens rapidement sur terre lorsque leur échange se fini « De quoi ?» demandais-je, quelque peu perdu, n'ayant pas entendu la dernière phrase que Lou a dit, trop occupé par la contemplation de Cole.
Finissant par afficher un petit sourire, je décide d'expliquer le petit détail qui va peut-être changer cette soirée. Ou pas. On verra «y a un petit changement » dis-je doucement avant de toussoter un peu et prendre un peu plus contenance «Je … je ne suis plus ...enfin je ne travail plus pour ABC » dis-je en lançant un coup d’œil à Lou «Tu pouvais pas le savoir, mais j'ai démissionné la semaine dernière » je pose mon regard sur Cole puis hausse les épaules «j'ai été accepté dans une école d'Architecture, je vais reprendre les études à la rentrée prochaine » J'affiche un petit sourire comme pour m'excuser, comme si c'était grave de quitter le bon contrat que j'avais chez ABC et reprendre les études. Oui, je n'aurais pas de revenu, mais j'ai beaucoup mis de côté et ...enfin bref, là n'est pas la question. « Vous avez déjà commandé ?» demandais-je, histoire de changer le sujet de la conversation. Dans ma tête, je passe en revu la plupart des boissons que je vais pouvoir commandé. Faut pas que ça fasse 'trop' ni 'pas assez'. Je lance un coup d’œil à Cole et me mordille l'intérieur de la joue, me demandant quelle genre de boisson il boirait, lui. C'est totalement idiot comme cheminement de pensée et je me frapperais bien mentalement. Si, dès le premier rendez-vous, je ne suis pas 'moi-même', on partira sur de mauvaise base et ça c'est pas cool.
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| | | | (#)Lun 31 Juil 2017 - 3:49 | |
| Peut-être que je n’ai pas réfléchi à tout. Est-ce vraiment étonnant ? Pas vraiment. À vrai dire, c'est plutôt typique ; foncer, réfléchir après. Face aux contretemps, aux obstacles, on improvise. On souffle un coup, on croise les doigts, et on continue droit devant. Y a-t-il une autre manière d'avancer dans la vie ? Pas pour moi, et ce même si cela signifie qu’une centaine de murs et de parpaings atterriront dans ma face, m'écraseront et tenteront de me garder au sol. C’est comme sauter dans la piscine ou plonger un orteil pour constater l'inévitable ; c'est froid. Non, on saute. On saute tous les trois, les enfants, et tenez bien ma main, parce que je le sais, j'en suis certaine, même si vous ne saviez pas tout l'un de l'autre, même si vous êtes deux causes perdues, il peut encore se passer quelque chose. “Pour qui tu me prends ? Bien sûr que je ne lui ai pas dit.” je ricane en balayant ce si léger détail du revers de la main. Si j’avais donné cette information à Nathan dès le départ, vu son passif, il n’aurait jamais ramené son cul à roulettes jusqu'ici, et je n’allais pas laisser ça gâcher leur chance de s'entendre, tout autant que le gros fauteuil roulant du gnome n'était rien de plus qu'un trône de fer portatif -comme quoi, tout n’est question que de point de vue. “Il le découvrira bien assez tôt, s'il ne s'en doute pas déjà. C’est moi qui te présente après tout.” Malheureusement, mon entourage s’est toujours majoritairement composé de camés. Retirez Lene, et c’est foutu. Si on avait été copines avec l'autre lopette de Ginny McGrath à l'école, peut-être que les choses seraient différentes pour tout le monde aujourd'hui et nous serions toutes les trois à la baby shower d'une autre chieuse. Au lieu de cela, à ma sortie de cure, j’ai tiré un trait sur tous ceux qui pouvaient réduire mes efforts à néant, être source de tentation, menaces de rechute. Tous en dehors de ces quelques exceptions dont seule leur amitié peut être une drogue pour moi, et Cole fait partie de ceux-là. Parce que nous sommes pareils, et que lui aussi, s'il s'y met un jour, il peut se sauver de tout ça. Ce n’est pas une vie palpitante qui t’attends une fois que t'es clean, même que le plus souvent les journées sont d'un ennui total et tu viendrais ta mère pour un rail qui ne signifierait rien. Mais ça signifierait quelque chose. L'addiction est un interrupteur dangereux menant droit à une bombe. Je crois en Cole. Je crois en Nathan. Je crois en ces deux faces de carpes ahuries pour trois. Même si Nathan donne l'impression de serrer la main à la reine d'Angleterre et que Cole n’a pas un humour poilant. Il faut vraiment tout leur apprendre. “Ouais, entre bouffeur de tacos pro, queer à plein temps et d'autres qualités.” je réponds au beau brun qui se défend de ne rien faire de sa vie. Je sais ce qu'il fait ; il se pique du matin au soir et nous sommes tous très chanceux, ici présents, d'avoir l'honneur de le voir à peu près sobre, clair, normal. Ses paupières, sa tête, ne sont pas lourdes. Son sourire n’est pas vague, flou, maladroit. Et il n’a pas encore rigolé comme un porcelet, alors il y a de l'espoir. Nos bonnes intentions, notre optimisme et valorisations tombent à plat lorsque Charles-Xavier annonce qu'il a quitté son travail à ABC. “Minute papillon. T’as lâché un boulot pour… des études ?!” Quarante heures de cours par semaine, plus les devoirs à la maison, l'obligation de se coucher tôt, se lever tôt, le stress des examens, la méchanceté des étudiants, la fin de la vie sociale. L’enfer. Ma bouche grande ouverte et mes bras ballants ne savent plus quoi faire de ce bout de viande. Peut-être qu'il n’y a d'espoir que pour Cole alors. J'accueille la question de Nathan avec un soulagement non-dissimulé ; il fait soif et je ne tiens plus en place. Service au bar oblige, je saute de la banquette. “Nope, pas encore. Je m'en occupe, ladies. Bière, bière, jus de cranberry ? Parfait.” J’ai arrêté l'alcool. J'essaye. Je me laisse une marge de manœuvre pour les journées vraiment pourries que même la méditation ne peut pas m'aider à mettre sous un meilleur angle. Mais je suis à l'eau souvent, au jus, smoothies, thés, cafés et autres boissons bizarres à base d’aloe vera, litchi, et même au cactus. Je vous dirai fièrement que “c'est détox” avant d'envelopper ma paille entre mes lèvres façon Lindsay Lohan ; la vérité est plutôt que varier les goûts m'évite de m’emmerder sec au bar parce qu'aucune de ces conneries ne vaudra un shooter de tequila la tête à l'envers sur le comptoir. Je sautille jusqu'au bar, secoue les bras pour me faire remarquer du barman, et je passe commande avec le sourire. Sourire qui s'efface, rapidement, lorsque l'impression d'être observée se fait sentir, encore une fois, et que je me sens obligée de regarder par dessus mon épaule pour m'assurer qu'il n’est pas là, dans un coin, me suivant à la trace, prêt à m’attraper encore une fois ; je sens encore le frottement de sa barbe sur ma joue, son souffle froid de rage, ses mains serrant mes épaules contre le mur. Est-ce qu'il enverrait quelqu'un pour me faire peur ? J'en doute. Je suis l'affaire dont Loyd Mitchell s'occupe en personne. Lui et personne d'autre. Il n’y a personne, Lou. Respire. C’est pas le camé et l’infirme qui te sauveront si quelque chose arrive, alors… que sera sera. Pour m'occuper en attendant les bières, je sors mon vieux téléphone à clapet, le même numéro depuis quinze ans, la même liste de contacts aussi. Je tapote sur les touches à toute vitesse et envoie le texto à Cole accompagné d'un vrai clin d'oeil sans discrétion aucune ; “Il aime les chiens, les films d'horreur et la Xbox. Go go !” |
| | | | (#)Lun 31 Juil 2017 - 5:48 | |
| Je suis à deux doigts de répliquer à cette deuxième omission de taille de Lou mais son deuxième argument réussi à me calmer. Après tout il est vrai que nos entourages respectifs sont composés du même genre de personne et que son gentil copain du haut de ses 4 roues ne s'attend sûrement pas à tomber sur un mec qui est ce qu'on aime appeler dans le jargon "un mec bien". « Tu sais que peut-être tu devrais créer un site de rencontre pour camés et handicapés, genre "Drugs and wheels" vu tes talents de marieuse. » Encore une fois j'utilise ce piètre humour pour m'aider à faire passer la pilule, même si son ami se doute de ma situation je ne suis pas débile et je sais bien que pour en avoir le cœur net il posera la question qui fâche, soit à moi, soit à Lou. Mais bon malgré ces petits aléas du direct on va dire, je sais que ce rendez vous tient Lou à cœur, c'est pour ça que j'ai fait l'effort de venir dans un état correct et que je vais essayer de faire l'effort de ne pas saboter ce rendez vous, si ça foire ça ne sera pas à cause de mon attitude de camé en train de planer au moins. Je rigole quand elle énumère mes supers qualités, même quand je sais que nous savons tous les deux, et peut-être même tous les trois, que ma principale occupation ne consiste pas à manger des tacos en cueillant des fleurs dans des champs. Ou alors c'est vraiment que je suis sous un truc super puissant quoi. Après ce moment bon enfant, que Nathan ne semble pas vraiment avoir écouté et remarque c'est peut-être tant mieux, je sens que l'atmosphère prend un tout autre tournant alors que l'ami de Lou lui lâche, ce qui semble être pour elle une mini bombe. Je préfère ne pas m'immiscer à ce moment précis, car je sens que c'est une conversation entre eux deux, je ne le connais pas assez pour avoir mon mot à dire. Bien sûr je comprend la réaction de Lou et ce qu'elle sous entend quand elle pense aux études, mais après tout je comprend encore plus la réaction de Nathan, le mec est en fauteuil et a sûrement dû vivre des trucs que j'ose même pas imaginer alors qui peut lui reprocher d'avoir envie de recommencer, de créer quelque chose de nouveau ? Toutefois cette révélation me permet de vérifier ce que m'a dit Lou avant que Nathan arrive : c'est vrai qu'il est vraiment mignon et qu'il a ce côté affectueux qui semble se soucier de ses amis quand il leur parle. Je sors de mes pensées quand Lou saute sur l'occasion dès qu'elle le peut pour nous laisser seuls, et je pense que tout le monde voit clair dans son jeu et dans ce qu'elle essaye de faire. Une fois qu'elle est assez loin pour ne pas m'attendre distinctement, je regarde Nathan en lui adressant un sourire encore une fois mi-gêné mi-amusé « Elle est vraiment motivée pour que ça marche cette histoire, hein ? » Mon téléphone vibre et je le sors simplement pour vérifier que ce n'est pas quelque chose d'important, pas comme si j'avais des gens importants qui m'envoyaient des messages mais bon on ne sait jamais. Dès que je lis le nom de l'expéditeur je relève la tête pour voir Lou qui m'adresse un clin plus-discret-que-ça-tu-meurs de l'autre bout de la salle et je lui lance à mon tour un clin d’œil très appuyé plus pour me détendre que pour la faire rire. « Je pense qu'on sait tous les deux de qui il s'agissait... » J'avoue que je ne sais pas vraiment quoi dire, je n'ai jamais vraiment été très à l'aise dans ce genre de situation et en même temps je n'ai pas envie de lui poser une question bateau qui pourrait ensuite nous envoyer vers une conversation digne d'un soap pour personnes âgées. Du coup je me contente de rebondir sur la conversation qu'il vient d'avoir avec Lou, simplement parce que c'est plus facile de lui dire mon avis maintenant que Lou n'est plus là. « Et sinon tu veux entamer quoi, comme études ? » Je laisse un peu ma question en suspens avant d'ajouter un peu rapidement en évitant, cette fois, de le regarder dans les yeux pour ne pas être déstabilisé par ce regard, « En tout cas c'est vraiment courageux, de sortir de ta zone de confort pour reprendre des études... » Cette fois je ne le regarde même plus et fixe la pointe de mes chaussures comme si la réponse à mes questions allait sortir de là. Je ne sais pas ce qui me rend si nerveux, bien sûr les relations sociales et les premières rencontres en étant sobre et en devant être clean le plus possible me faisaient toujours peur, mais celle là me paralyse plus que je ne l'aurai jamais imaginé. Il a ce truc vous savez, celui qui vous fait sentir à quel point c'est un gars bien, et cet autre truc sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt, ni les mots, qui me donne envie qu'il m'apprécie. |
| | | | (#)Mar 1 Aoû 2017 - 3:38 | |
| La nouvelle que j'annonce semble avoir l'effet d'une bombe sur Lou. Elle me fixe quelques instants avec les yeux ronds comme si elle avait du mal à croire ce que je viens de dire. Pour elle, avoir lâcher un boulot -payer, donc- pour reprendre des études est totalement impensable. J'affiche une moue et hausse les épaules. « C'était cool ABC, vraiment. Mais depuis le départ de Jamie je me sentais de moins en moins à ma place. J'ai bien pris sur moi pendant quelques temps, mais j'ai préféré partir avant d'en faire les frais» car ouais, je me met encore et toujours trop la pression, si quelque chose ne va pas, je pense toujours que c'est de ma faute, alors que là, clairement, ce n'était pas moi qui envenimé les choses. Mais là n'est pas la question.
Lorsque je leur demande s'ils ont déjà commandé, Lou saute de sa chaise, décide pour nous pour trottine vers le comptoir. Je la suis du regard et m'avance un peu vers la table avant de reporter mon attention sur Cole lorsqu'il ma dit que la jeune femme semble vraiment motivé pour que cette histoire fonctionne. «Ou ...ouais, sans doute » dis-je en me passant une main dans les cheveux, mal à l'aise « Elle est cool Lou, vraiment, je l'aime beaucoup. Mais elle n'est pas facile à suivre» dis-je en rigolant doucement, presque nerveusement.
Lorsque Cole sort son portable de sa poche, je m'autorise à respirer un instant avant que je ne le vois faire un clin d'oeil appuyé au-dessus de moi. Par reflex -et par curiosité surtout- je me retourne et vois que Lou regarde en notre direction. Elle lui a sans doute envoyer un sms. Mais pourquoi ? Et que dit-il ? Demander ces informations à Cole ne sera pas approprié, alors je me contente de lui sourire « Oui, ça ne fait aucun doute » répondais-je, entortillant mes doigts sous la table.
Après quelques instants de silence pendant lesquels j'essaie de trouver un sujet de discussion, Cole reprends la parole, rebondissant sur ce que j'ai annoncé à Lou tout à l'heure. Il me demande ce que je veux reprendre comme études et me dit qu'il me trouve courageux de sortir de ma zone de confort. Je suis persuadé que je suis entrain de tourner rouge pivoine, ou qu'il y ait au moins un peu de rougeur sur mes joues quand je lui réponds « des études d'Architecte» dis-je en souriant doucement, timidement «En fait, mon beau père est architecte à Londres. J'ai passé Noël et Nouvel an là-bas et je l'ai rencontré pour la première fois. On a beaucoup accroché, beaucoup parlé et j'ai même pu visiter ses locaux. C'était incroyable et ….voilà. J'ai presque eu une révélation quoi. En revenant ici, à Brisbane, je me suis renseigné et j'ai trouvé une école d'archi un peu en dehors de la ville donc après nouvelles réflexions, j'ai décidé de postuler. Matthew, mon beau père, m'a aidé à constituer mon dossier et ...voilà. J'ai eu la réponse pas plus tard qu'avant hier par lettre » dis-je, souriant, presque fière. « Si tout va bien, dans deux ans, mon stage à l'étranger je le ferais chez mon beau père, à Londres» annonçais-je avant d'hausser les épaules « Et toi ?» lui retournais-je la question « T'as fait des études ou pas du tout ?» Il est peut-être 'branleur' maintenant, mais peut-être ne l'a-t-il pas été tout le temps, non ?
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| | | | (#)Mar 1 Aoû 2017 - 7:20 | |
| Je sens que ma remarque le met à l'aise au vu de son léger bégaiement et surtout à cause de son langage corporel. Je suis des yeux la main qu'il passe dans ses cheveux et qui leur donne ce petit mouvement de vague sur le dessus, petit mouvement qui pourrait presque donner de passer ma main dans ses cheveux moi aussi. Je souris, presque attendri, quand il évoque Lou. Je comprend assez facilement qu'elle compte beaucoup pour lui, et lui aussi semble beaucoup compter pour elle, ils doivent partager une vraie amitié. Sûrement une amitié saine. Pas vraiment comme Lou et moi finalement. « C'est vrai que parfois c'est pas facile de la suivre... » Je m'en vais dans mes pensées l'espace d'un instant, je me remémore tous les bons moments qu'on a passé avec Lou, avant. On peut pas dire que c'était des moments vraiment bons pour nous parce que la plupart du temps on était complètement high et au fond du trou, mais quand j'y repense je me souviens que sur le moment c'était des bons souvenirs. Mais désormais tout a changé, enfin plutôt elle, elle a changé, elle est devenue meilleure pour les autres, je n'arrive pas encore vraiment à décider si c'est mieux pour moi ou pas. Mais ce changement ne détériorera jamais rien à l'affection que j'éprouve pour elle, elle sera toujours ma Lou. Je reviens à la réalité, car une question vient de me venir à l'esprit, et comme ma curiosité est toujours maîtresse de mes questions et mes conversations en général, je me sens presque obligé de lui demander « Vous vous connaissez depuis longtemps, Lou et toi ? »
Il commence à tourner au rouge quand je lui pose une question sur ses futures études, ce qui me fait lâcher un petit sourire un peu malgré moi de voir qu'il est si gêné de parler un peu plus de lui. Il sourit doucement lui aussi, un sourire discret et adorable, un peu comme toute sa personne en fait. On sent qu'il est satisfait des nouvelles perspectives qui s'offrent à lui et de ce qui semble être un sacré retournement de situation. « Archi', c'est balaise ça, mais ça doit être super intéressant, et puis ça va te changer de webmaster ! » Dès que j'ai fini de parler, je me sens moi aussi un peu gêné d'avoir déjà retenu qu'il était webmaster. Ma gêne et mon malaise ne font qu'augmenter d'un cran quand il me retourne la question. Misère, bien sûr que je ne vais pas lui mentir, je ne suis pas comme ça et puis ça ne m'amènerait à rien à part des problèmes et j'en ai déjà assez comme ça, mais je me sens honteux, comme à peu près à chaque fois que je dois parler de moi et de mes piètres 27 d'existence à ne pas faire grand chose, à part des mauvaises choses s'entend. « Ah.. euh... Non pas vraiment... Pas du tout en fait pour être honnête j'ai arrêté après le lycée... » Je me gratte la mâchoire un peu compulsivement pour donner une sorte de contenance. « ... Pas vraiment aussi bien que webmaster et architecte... » Je souffle un petit peu, en relevant la tête pour lui adresser un sourire presque désolé de ne pas vraiment être à la hauteur. Pour quoi que ce soit d'ailleurs. Plus on avance dans cette soirée et plus je me demande pourquoi je suis là. |
| | | | (#)Mer 2 Aoû 2017 - 2:08 | |
| Je n'étais déjà pas très à l'aise de base, mais alors lorsque Lou quitte la table pour commander nos boissons, je sens le malaise monter d'un cran encore. J'ai l'impression qu'il en est de même pour Cole et, pendant plusieurs secondes qui me semblent interminables, aucun de nous ne parle. Au final, c'est le beau brun qui reprends la parole, me questionnant sur mes futures études. Je lui réponds, ajoutant de moi-même quelques détails. J'ai beau ne pas être à l'aise, il faut quand même faire un certain effort pour maintenir la conversation à flot. Je précise donc un peu comment je suis venu à vouloir me lancer dans ce genre d'études, parle de beau père et lance quelques détails sur lesquels Cole pourrait rebondir aisément s'il se montre un tant soit peu curieux.
Mais il n'en fait rien. Il me dit simplement qu'archi' c'est balaise mais super intéressant et que ça va clairement me changer de Webmaster. Je rigole doucement et hoche la tête, touché quelque part qu'il se soit rappeler de mon ancien métier. « A qui le dis-tu» dis-je en souriant «Ce n'est pas une décision que j'ai prise sur un coup de tête et j'ai longtemps hésité. Mais parfois faut se rendre à l'évidence que ce qu'on fait actuellement n'est pas fait pour nous » reprenais-je en haussant les épaules.
Je fini par retourner la question à Cole et regrette instantanément ma curiosité car il est évident qu'il soit tout à coup très peu à l'aise. Je pince les lèvres, affiche une moue désolée, comprendrait totalement s'il ne veut pas répondre. Je m'apprête d'ailleurs même à retirer ma question, mais il finit par répondre que non, il n'a jamais entamé d'étude et qu'il y a carrément arrêter après le lycée. J'incline légèrement la tête sur le côté car Cole vient de me rendre plus curieux que je ne le suis déjà. Pourquoi ? Comment ? Le jeune brun finit par reprendre que ce n'est pas aussi 'bien que webmaster ou architecte' et je ne peux m'empêcher de rigoler doucement en secouant légèrement la tête « pas tout le monde n'est fait pour les études» dis-je avec douceur, le pensant sincèrement «Y en a qui peuvent se permettre de ne pas travailler, d'autre qui se cassent le cul au boulot et d'autre abandonne leur travail bien payer pour se lancer dans une voie incertaine» je relève mon regard sur Cole «Y a d'tout. Tu n'es pas le premier et ne sera dans doute pas le dernier à arrêter après le lycée » tentais-je de le rassurer «Tant que ça te convient... c'est l'essentiel je pense » et je suis on ne peut plus sincère sur ce coup.
Oui, j'aimerais que mon futur copain soit un tant soit peu actif dans la vie, qu'il ait un boulot et une situation stable. Mais ça c'est l'idéal. De toute manière, tout ce que je veux, moi, la priorité extrême, c'est de ne pas tomber sur quelqu'un qui ait une relation de près ou de loin avec les drogues. Mais de toute manière, la question d'un futur ne se pose pas ici, maintenant. Je viens tout juste de rencontrer Cole, on discute et voilà. Pas dit qu'il y aura une suite à cette rencontre. Du moins, pas dans ce sens quoi.
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| | | | (#)Mer 2 Aoû 2017 - 3:30 | |
| “SHOTS !” je m'exclame en faisant claquer le petit plateau sur la table, réveillant dans un sursaut les deux énergumènes en pleine végétation. Petite danse de circonstances, mes hanches se dandinent tandis que mes mains leur présentent le sacro-saint graal, petites gorgées pleines de vie qui devrait aisément les secouer, ouvrir les valves, décoincer tous ces balais coincés dans leurs derrières. C’est une session d’orientation pour Cole, un groupe de parole, de révisons, que j'ai organisé sans le savoir ? Certainement pas. Ils sont là pour se sauter dessus, ou bien ? Voilà de quoi aider. “S.H.O.T.S. Shoooots !” Pardon ? Arrêter l'alcool ? Certes. Vous voyez ce grand type là-bas ? Celui qui me fixe depuis que je me suis rendue au comptoir pour passer commande. Le malabar tatoué des pieds à la tête, les épaules d'un buffle, l'anneau dans le nez qui va avec, et des pompes aux pieds qui ne demandent qu'à écraser des crânes toute la soirée avant de rentrer prendre soin de bobonne -sa bécane. Oui, lui, le chauve dont le sommet du crâne luisant sous l'éclairage tamisé du pub et ressemblant au huit au billard arrive à des sommets que je ne pourrais jamais espérer atteindre même en sautant, même sur un trépied. Il est envoyé par Mitchell. C'est certain. Je le sens. Il pue le danger, la violence, la brute épaisse qui rôde avant d'attaquer. Il est venu pour moi, et qui sait ce qu'il se passera si je ne cours pas assez vite en partant d'ici. Voilà pourquoi je ne mets que des baskets depuis quelques jours, abandonnant mes traditionnels hauts talons aiguille. Je dois être prête. Prête à fuir. Quoi qu'il en soit, si je dois me prendre une dérouillée ce soir, autant anesthésier en prévision de la douleur. Et on ne vit qu'une fois. “Oh, excusez-moi, j'interrompts l'enterrement de votre hamster ? Buvez moi ça, d'une traite, pas de triche, c'est bon pour ce que vous avez. On ne discute pas, hop !” Je donne l’exemple en attrapant un des shooters de tequila, malgré la courte hésitation qui me fige un instant. Juste un. Ça ne signifie rien. Juste un, Lou. Le bout de ma langue cueille le sel dans ma bouche, je m’enfile l'alcool dans le gosier comme si j'avais fait ça toute ma vie -chut- et je mords dans le quartier de citron qui me fait grimacer et émettre cet habituel petit couinement de souris au moment où l'acidité me taquine les papilles. La brûlure file le long de ma gorge, me fait frissonner. Je savoure, les yeux clos pour suivre la sensation dans mon corps, les lèvres pincées pour ne pas perdre une goutte. Et je soupire, satisfaite et déjà nostalgique de ne pas pouvoir aligner les deux autres shots à moi seule. “Je vais chercher les bières, je veux que ce plateau soit vide quand je reviens.” dis-je avec un index menaçant pointé sur chacun d'eux. De retour au comptoir, je me tourne pour faire signe à Cole par-dessus l'épaule de Nathan. Pas des signes discrets, des gros signaux de fumée qu'on ne peut manquer qu'en étant complètement aveugle ; mes bras s'agitent l'air de dire “qu'est-ce que tu fous ?” Un rencard où personne ne rit est un rencard raté, et personne ne finira dans le pieu de personne à ce rythme. Oh et puis, s'ils veulent rentrer seuls chez eux. Du bout de mes dix petits doigts, je me débrouille pour porter les deux pintes et le jus de fruits. Un dernier regard au molosse qui se gratte les noisettes à l'autre bout du bar, et je retourne auprès de mes deux corniauds. |
| | | | (#)Mer 2 Aoû 2017 - 6:57 | |
| Je l'écoute attentivement et ne peut qu'acquiescer quand il évoque le fait qu'il vaut mieux se rendre à l'évidence quand quelque chose n'est pas fait pour vous. J'avoue qu'il m'impressionne, quand il parle de sa future reconversion tout semble facile, évident, presque naturel. Comme si il avait toujours su qu'il était destiné à autre chose que webmaster. « Mais qu'est ce qui t'as poussé à faire ce job si ça ne te convenait pas ? » Question un peu évidente à poser mais je sens que la réponse pourrait être intéressante, je me suis toujours demandé comment on pouvait travailler en faisant quelque chose qui ne vous plaisait pas. Bien sûr il faut vivre et se nourrir j'entends bien, mais ça devait bien faire un moment qu'il était dans cette voie et il aurait pu changer plus tôt, du coup ma curiosité est forcément piquée une nouvelle fois. Peut-être que comme il me l'a dit précédemment son voyage à Londres a vraiment été une révélation. Il semble sincèrement désolé de sa question quand il entend ma réponse toutefois, sa réaction est surprenante, il me répond une voix emplie de douceur et de sincérité qui me laisse un peu sans voix pour ma part. Je souris quand il précise que du moment que ça me convient c'est l'essentiel. Sauf que ma situation ne me convient pas. Bien sûr je pourrai essayer d'en changer mais ça voudrait dire arrêter la came et c'est sûrement mon plus gros problème, je le sais, mais je n'arrive pas à me motiver pour arrêter. Et puis mon passé de camé me poursuivra toujours, même si j'arrête demain, je ne pourrai jamais effacé les 10 années qui viennent de s'écouler. Mais c'est vrai que j'ai toujours eu la reprise des études dans un coin de ma tête, un jour pourquoi pas, quand je serai clean. « On va dire que je n'ai plus trop le choix, mais quand je pourrai j'aimerai bien commencer des études pourquoi pas... Après dans quels domaines je sais pas trop mais bon. » A vrai dire je sais très bien dans quel domaine : l'art sans aucun doute, mais je me vois mal lâcher ça comme ça, peut-être parce que c'est une trop grosse partie de moi, comme un jardin secret que je veux garder pour moi, rien que pour moi.
Je souris de toutes mes dents quand Lou fait son petit show avec les shots. Là on arrive un peu plus dans mon élément. Je la vois hésiter avant de prendre le sien et je sais pourquoi, le goût des shots, l'adrénaline qu'ils envoient, la sensation, tout fait penser à la came. Moi-même je suis content de pouvoir m'enfiler un teq paf pour me détendre et surtout faire passer la sensation de manque qui m'envahit peu à peu. Alors qu'elle repart chercher la suite pour nos gosiers, je la vois me faire des signes depuis le dos de Nathan sûrement pour m'engueuler parce que je n'arrive pas vraiment à faire de ce rencard quelque chose de mémorable pour le moment. Je lui lance un regard discret l'air de dire je fais comme je peux putain, et repose rapidement mon regard sur Nathan. Je prend nos deux shots restant sur le plateau, un dans chaque main, et je tend un des shots à Nathan, avec un regard malicieux : « Faut suivre les ordres de la princesse ! ». Mes lèvres trempent ensuite dans le sel puis je descend le shot sans hésitation avant de mordre dans le citron. Je ferme les yeux pour savourer un instant la sensation du liquide qui me brûle et que je peux presque sentir descendre dans mon corps. Mes yeux se rouvrent et un grand sourire est imprimé sur mon visage. |
| | | | (#)Mer 2 Aoû 2017 - 14:04 | |
| Ce qui m'a poussé à faire ce métier ? «La nécéssité d'avoir un but dans ma vie » voilà ce que je lui réponds, à Cole. A l'époque, je ne savais pas ce que je ferais de ma vie. Avant d'accepter ce boulot j'étais ce petit handicapé qmal dans sa peau qui est arrivé à Brisbane sans savoir ce qu'il y fera. Le côté « mal dans sa peau » et « manque de confiance » n'a pas changé et a même un peu augmenter je dirais, mais ce boulot m'a beaucoup aidé après ma tentative de suicide. Et c'est peut-être pour ça, parce que je suis attaché sentimentalement à ce poste que j'ai eu du mal à m'en défaire. Mais maintenant je suis libre et je le vie on ne peut mieux «Et pour avoir des sous, évidement » dis-je, souriant, amusé.
Cole, lui, n'a jamais eu de boulot, il n'a, d'ailleurs, jamais fait d'études non plus car « il n'avait pas le choix ». ça me rend encore plus curieux. Poutquoi ? Qui ne lui a pas laissé le choix ? S'est-il mit des freins lui-même ? J'hoche doucement la tête lorsqu'il me dit qu'il compte un jour reprendre les études mais qu'il ne sait pas dans quel domaine. Pourquoi j'ai bien l'impression qu'il le sait très bien. Mais je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit que Lou arrive avec un plateau de shot.
Elle nous ordonne de finir le plateau avant qu'elle ne revienne puis repart. Trop occuper à me demander si c'est vraiment une bonne idée de les suivres dans ce délire alcoolique, sachant que je ne tiens vraiment pas du tout l'alcool, je ne vois pas l'échange silencieux entre Lou et Cole. Celui-ci finit par me sortir de mes pensée et me sourit, disant que nous n'avons pas d'autre choix que d'écouter la princesse, en me tendant un des verres. Je le prends en main, pince les lèvres, observe le brun qui descend l'alcool aisément, puis je prends mon courage à deux mains.
Je manque de m'étouffer lorsque l'acool me brûle la gorge et m'empresse de mordre sur le quartier de citron. Je me tends, ferme les yeux et grimace, laissant la sensation de chaleur m'envahir puis soupire doucement et repose le verre sur la table avec le citron « C'est dégueulasse» me plaignis-je d'une petite voix avant de rigoler doucement et relever mon regard sur Cole. «Je ... » je me tais, prends une profonde inspiration « Top 3 de … tes films préférés ! » lançais-je brusquement, comme si l'alcool me donnait subitement le courage d'orienter la conversation de manière à mieux connaître le jeune homme. |
| | | | (#)Mer 2 Aoû 2017 - 17:34 | |
| La nécessité d'avoir un but dans la vie. Il ne se doute sûrement pas à quel point sa phrase résonne en moi. Je comprend tout à fait ce qu'il veut dire par là, l'envie de sentir qu'on est utilise, que ce qu'on fait n'est pas vain et quelque chose de meilleur nous attend à la fin. J'imagine les difficultés par lesquelles il a du passer, que ce soit à cause de son handicap ou à cause d'autres choses d'ailleurs. Il ajoute l'argent à sa réponse et je réponds à son sourire. De plus je sens que mes réponses à moi aussi le font réfléchir, il a l'air curieux comme moi à propos de lui et je sens qu'il nous reste encore chacun beaucoup de choses à découvrir.
Je le vois descendre l'alcool avec difficulté, j'ai presque peur que les larmes lui montent aux yeux. C'est inscrit sur lui que ce n'est pas vraiment son genre, et je ris, d'un rire doux et attendri, quand il dit que c'est dégueulasse. Il hésite à parler avant me poser brusquement une question sur mes films préférés comme si il était soudain dans une certaine urgence. Je ne m'attendais pas vraiment à ce retournement de situation et mes yeux se font ronds l'espace d'un instant sous le coup de la surprise. « Wow, grosse question que tu me poses là est ce que tu me refoules de suite si je réponds mal ? » Je lui lance un petit sourire en coin, même si je sais que ce genre de questions sont des plus importantes, du moins pour moi, parce qu'elles sont ce qui constituent une personne, presque plus qu'un métier. Et ce qui est bien c'est qu'en fin de compte il n'y a pas vraiment de mauvaises réponses. « Alors euh... Seulement trois c'est difficile, alors je dirai Forrest Gump pour un grand classique qui a fait mon enfance, Whiplash, déjà parce que Miles Teller est canon, vous avez un air de ressemblance d'ailleurs, » glissais-je l'air de rien « et aussi pour le goût de l'effort et la passion pour la musique et 12 Hommes en Colère simplement parce que j'aime bien dire que je suis 13e homme en colère qui manque au casting ! » Je lâche un grand sourire après cette petite pointe d'humour. « Je te retourne la question même si on m'a déjà soufflé que tu étais un adepte de films d'horreurs, » dis-je non sans une référence au message que Lou m'avait envoyé plus tôt, « et en plus, pour me séduire, j'aimerai connaître tes 3 artistes ou groupes musicaux préférés ? » Encore une fois, je suis moi aussi désormais totalement détendu maintenant que nous parlons de sujets plus légers où je suis largement plus à l'aise. Et puis l'alcool m'aide toujours un peu aussi c'est vrai. |
| | | | (#)Dim 6 Aoû 2017 - 17:18 | |
| Si la tequila était supposée m'aider à me détendre, garder la cap, c'était un bel échec, et au final mon estime de moi-même s'en retrouve égratignée par mon incapacité à résister à un shot d'alcool trop pur, trop fort, dans le seul but d'échapper à mes angoisses, ma paranoïa alimentée par les menaces de Mitchell. Et je sais que c'était l'effet escompté, que je lui donne très exactement ce qu'il veut, même s'il n'est pas là ; il est comme les dieux qui s'alimentent des prières des Hommes, il est mon démon qui se nourrit de ma détresse, me vidant peu à peu de mon énergie. Partout et nulle part à la fois. Mais je me ressaisis, toujours, je trouve le bon mot, l'accent cynique, l'optimisme au plus profond de mon crâne qui m'a aidé à survivre durant les pires moments. Je garde le plus petit des sourires, et ce brin de malice qui me donne si bien l'ai de me foutre de tout. J'accueille le jus de fruits que me tend de barman avec un réel soulagement, jamais n'aurais-je pensé ressentir quelque chose de semblable pour de la cranberry, mais je vois le liquide rouge danser dans ce joli verre et cela paraît soudainement être la plus belle chose que j'aie jamais vu. Je jongle avec les bières, et je retraverse le bar pour rejoindre Cole et Nathan. Sauf que je me stoppe un peu avant, lorsque je l'entends ; ce rire. Ils discutent, sans plus de malaise, fluidement, et ils rient. Ils rient, c'est une réussite. Et malgré le poids coincé entre mes petits bras de mouche et mes pseudo nibards, je reste figée là à les regarder, à admirer ces croissants de lune dentées que sont leurs bouches, les regards qu'ils échangent, toute leur posture qui laisse deviner que, ça y est, ils se plaisent. Même s'ils ne le voient peut-être pas eux-même, même s'ils n'en ont pas encore conscience, moi, d'ici, je le vois. Ils sont parfaits. Il sont beaux. Et j'ai fait ça, j'ai fait ce quelque de beau. Un peu de fierté gonfle ma poitrine tandis que je remplis mes poumons d'un air bourré de courage et d'entrain. Je reprends mon chemin, dépose les verres sur le table sans interrompre la conversation, sans m’immiscer, sans être cette amie lourde mais sympa qu'on n'ose plus vraiment sortir parce que toutes les occasions de vous embarrasser sont bonnes à prendre pour elle. Je les écoute parler films, musique, des trucs banals, mais il faut bien commencer quelque part. Sans m'asseoir, sans un mot, je prends quelques gorgées de mon jus, puis l'abandonne là. « 'scusez, faut que je pisse. » je lâche avec toute l'élégance dont je suis capable avant de refaire le tour de la table et disparaître dans le petit couloir à côté des cuisines. De là, non, je ne me rends pas aux toilettes. Je trouve la porte de service, celle qui mène derrière. Je la pousse et retrouve l'air frais de l'extérieur, légèrement iodé par la mer, le sel transporté par le vent marin. Il commence à faire sombre dehors. Il est l'heure de partir. Je fais le tour du bâtiment, trop petite pour être vue, remarquée. Mon vélo est là, toujours aussi rose, toujours plein de fanfreluches qui volent au vent. Je l'enfourche et je prends la route, toute souriante, satisfaite de cette sensation laissée par le devoir accompli, le travail bien fait, la bonne action du jour. Oui, ils sont parfaits, et ils n'ont plus besoin de moi désormais.
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| | | | (#)Lun 7 Aoû 2017 - 2:07 | |
| L'alcool arrive et ce n'est clairement pas ce que j'imaginais. Vu comment je tiens l'alcool, je pensais vraiment me tenir à une bière et voilà. Déjà qu'une bière c'est assez limite, mais alors un shot en plus ? Je ne suis pas sûr de pouvoir rentrer sans encombre dans ces conditions là. Mais, effet de groupe et mouton comme je suis, je n'ose pas à dire non et avale le shot sans me poser d'avantage de questions. Je laisse passer le goût de l'alcool puis soupire et, prenant mon courage à deux mains, je prends Cole de court en lui posant une question à laquelle il ne s'attendait clairement pas. Il réfléchis quelques instants et fini par me répondre : Forrest Gump, le classique, Whiplash, pour la musique -je note la petite lueur dans ses yeux lorsqu'il parle de musique, justement et rougis lorsqu'il me dit que j'ai une ressemblance avec Milles Teller ce que je ne crois pas- et 12 hommes en colères, parce qu'il serait 13e mec en colère, lui.
Je souris doucement et fini par rigoler légèrement lorsqu'il me retourne la question, précisant qu'on lui a déjà dit que j'affectionnais particulièrement les films d'horreur. «Qu'est-ce qu'elle t'as raconté d'autre sur ma vie, Lou ? » demandais-je, amusé. Je m’apprête à répondre alors que Cole me retourne une deuxième question : les 3 artistes ou groupes musicaux préférés. J'arque un sourcil puis hoche doucement la tête.
«ok ... » dis-je, réfléchissant doucement «Alors … figure toi que mes films préférés ne sont pas des films d'horreur» répondais-je « Je dirais … Into the Wild parce qu'il fait quand même un peu rêver et met en scène tout ce que je ne pourrais jamais faire » je ne pourrais jamais voyager ? Si mon moi de l'avenir m'entendais dire ça il se foutrait bien de ma gueule. Mais là n'est pas la question «The Impossible, parce que c'est sûrement le premier film qui m'a fait pleurer de joie » je souris doucement, persuadé que Cole se doute fortement à quel point je suis émotif « Et le dernier … qui n'a absolument rien à voir, Logan, je dirais. Le dernier Wolverine qui est juste énorme» finissais-je en haussant les épaules.
Je souris et réfléchis à mes groupes préférés au moment où Lou revient avec les autres boissons. Deux pintes de bière, une pour Cole et une pour moi et un jus de fruit pour elle. Je la remercie chaleureusement, puis reporte mon attention sur mon ami. « Le groupes je … je dirais Jason Mraz pour le côté calme et sentimental. Et puis parce que j'aime tellement la guitare et lui n'a pas d'autre instrument autour » dis-je finalement « Ensuite, de nouveau rien à voir, mais je mettrais Rise Against et Linkin Park au même niveau, simplement parce que je me reconnais beaucoup dans leur chanson et ...» je lève mon regard sur Lou qui est toujours debout. « Tu veux pas t'asseoir ?» demandais-je, étonné. Elle baisse son regard sur moi, j’aperçois l'ombre d'un sourire puis elle secoue la tête et, avec tout son élégance propre, elle dit qu'elle doit aller aux toilettes. Laissant son jus de fruit sur la table, elle se détourne. Je la suis un instant du regard puis reporte mon attention sur le Cole « Et le dernier ….je sais pas trop, j't'avoue. J'aime beaucoup Imagine Dragons, mais ils font pas parti de mes préférés» dis-je en grimaçant, moue de réflexion sur le visage « Quoique … si, si ils sont quand même excellents» me reprenais-je.
Je prends une gorgé de ma bière, puis sourit doucement « Je te retourne la même question, évidement. Fait moi rêver» précisais-je, sourire amusé sur les lèvres. En vrai, j'ai vraiment hâte de savoir ce qu'il va me dire, lui. « Ah et en même temps tu ajouteras ton top 3 de … des tes instruments préférés» parce que j'ai bien compris qu'il aimait la musique, lui. |
| | | | | | | | Hell is not where we're going Hell's where we've been || Lou & Cole |
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