Le bal des pompier. Difficile de passer à côté de cet événement, tant il est dans la bouche de tout le monde. On voit des affiches partout, tout le monde en parle alors ça m'a rendu curieux. J'ai fait quelques recherches, parlé avec quelques personnes concerné et j'ai fini par me dire que ça ne pourrait pas être mauvais pour moi. Je n'ai pas attendu longtemps avant de demander à Cole s'il voulait m'accompagner. Depuis que j'ai refais le premier pas vers lui, nous échangeons beaucoup. Par sms, plusieurs appel, nous nous sommes considérablement rapprocher et j'avoue que ça me fait du bien quand même. Nous ne nous sommes pas revu, si bien que je ne sais pas ce qu'il fait de ses journées, s'il est défoncé ou non lorsqu'il m'envoie ces sms ou lorsqu'il répond à mes appels. Dans tous les cas, c'est lui que je rejoins aujourd'hui. J'ai décidé de ne pas utiliser mes béquilles aujourd'hui, j'ai déjà vécu le carnage une fois après avoir bu, et ce n'était pas fameux. Même si je ne compte pas forcer sur la boisson, je ne pense pas dire non à une bière ou un autre verre d'alcool. Et déjà rien que ça, ça met mon équilibre à rude épreuve. En plus la séance de rééducation de cette journée était bien fatigante, autant ne pas tenter le diable, donc.

Nous nous sommes donner rendez-vous directement devant l'entrée où je me trouve actuellement. Habillé d'un simple pantalon noir et d'une chemise grise sur laquelle j'ai pensé à passer mon manteau car les températures sont anormalement fraîche en cette saison, j'attends Cole. Et j'avoue ne pas être tranquille. Nous avons peut-être beaucoup discuter, mais nous ne nous sommes pas prévu depuis la dernière fois au parc, chacun de nous étant un peu trop occuper. Enfin, surtout moi en vrai. Cole je ne sais pas ce qu'il faisait de ses journées.

Garé un peu sur le côté, mais totalement en face de l'entrée, j'observe les gens qui entrent et qui sortent. Je vois quelques anciens collègues qui s'arrêtent pour me saluer et échanger quelques mots avec moi, me dire qu'ils ont pas mal apprécier comment j'ai pu tenir tête à Eva lors de mon départ. Ça a dût vraiment les marquer s'ils m'en parlent encore un mois après. Enfin, peu importe. Je réponds, toujours avec le sourire, plus ou moins sincère et je dois avouer que plus je parle avec ces gens, plus je regrette mon départ de la boîte. Avoir des journées bien fixe et toujours régler, une routine en somme, ça avait tout de même quelque chose de très rassurant.

Celui qui me sort de mes pensées, c'est Cole lui-même. Il est tellement beau, sa façon de marcher, sa façon de s'habiller, tout en lui me fait me sentir tout bizarre. Et un sourire étire mes lèvres au fur et à mesure qu'il s'approche de moi, pour finir par être très grand lorsqu'il s'immobilise devant moi.  «Salut» dis-je, m'approchant pour lui faire un accolade amicale. Sans vraiment y avoir réfléchit, à vrai dire. Mais peu importe. En me reculant je lève mon regard sur lui, sans perdre mon sourire  «ça va ?  » demandais-je, quelque peu mal à l'aise.

Voir Cole arriver de son pas nonchalant me fait perdre mes moyens. Mon cœur se met à battre plus rapidement et je suis persuadé que je suis entrain de rougir en plus ! Fort heureusement, j'arrive à reprendre contenance lorsqu'il s'immobilise devant moi et que je le prends dans mes bras. Une accolade rapide, sans ambiguïté -quoique ...- qui à au moins pour effet de me calmer un peu. C'est dans un souffle qu'il me réponds qu'il va bien, maintenant qu'il est avec moi. Le souffle me manque un instant, alors que mon sourire se fige sur mon visage. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits
 « De même» dis-je, souriant doucement. Il est vrai que je me sens tout de suite mieux en compagnie de cet homme. Bizarrement, il est celui qui me fait perdre le peu d'assurance qui me reste et en même temps il est celui qui me fait me sentir bien.

Nous restons quelques instants là, sur place, à laisser les gens entrer et sortir, jusqu'à ce que Cole ne me dise que si on reste là on se transforme en glaçon. Je l'observe un instant et me dit qu'effectivement, avec son t-shirt et sa petite veste il ne doit pas avoir spécialement chaud. J'hoche donc la tête et pousse légèrement sur mes roues  « Oui, allons-y. Avant que TU ne te transforme en glaçon» dis-je, sourire amusé sur les lèvres. Venant d'un pays où les températures avoisinent bien plus souvent les 0°c que les 40°c je suis bien plus à l'aise avec ces basses températures que nous offre l'hiver Australien. Ces températures sont, d'ailleurs, assez régulièrement les températures qu'on a en été en Angleterre. Enfin, peu importe.

Nous passons par le vestiaire où nous déposons nos affaires. J'avoue que je n'ose pas regarder le pompier en boxer, lorsque nous donnons nos manteaux et m'empresse de rejoindre Cole. Non pas que ça me gêne ou que ça me dérange, c'est juste que je n'ai pas envie que Cole imagine que je regarde quelqu'un d'autre alors que je suis avec lui. Idiot, pas vrai ? Bref. Nous nous frayons un passage à travers la salle lorsque Cole me demande si je veux boire quelque chose. J'hésite un instant puis hoche la tête  « Un Gin tonic ça ira très bien» dis-je, souriant.  «Je t'attends à la table là-bas, ok ? » reprenais-je en désignant ladite table qui semble être libre.

D'un commun accord nous nous séparons et moi, j'essaie d'atteindre la table en écrasant le moins de pieds possible, ce qui n'est pas évident. Et c'est sans doute parce que j'ai dû m'excuser une fois de trop que je m'immobilise devant la table qui vient d'être occupée. J'adresse un simple sourire aux personnes qui s'installent confortablement puis continue d'avancer pour aller me garer devant la bai vitrée qui donne sur la terrasse. Je garde la table en vu, espérant que Cole me retrouvera tout de même facilement. Au pire j'ai son numéro pour le contacter.

Finalement, une table non loin de moi se libère et je saute sur l'occasion avant que quelqu'un d'autre n'ait la même idée. Ainsi, m'installant sur le banc, je gare mon fauteuil à côté de moi et guette tranquillement la venue de Cole. La table qui s'est libéré n'est pas loin de celle que je lui ai désigné tout à l'heure donc il ne devrait pas avoir de mal à la trouver, non ? Effectivement. J'ai a peine besoin de lui faire un signe de la main qu'il se dirige vers moi, déposant mon Gin tonic devant moi et s'installant en face avec sa bière.  «C'est fort aimable » dis-je lorsqu'il me tend ma boisson. Sans perdre mon sourire, je m'apprête à trempé mes lèvres dans le liquide alors qu'il reprends la parole, me disant qu'il n'est pas le seul à avoir peur de se transformer en glaçon. J'arque un sourcil, me demandant ce qu'il veut dire avant de suivre son regard vers la terrasse.

Au lieu de voir les gens grelotter, mon regard tombe sur Myrddin et Thomas et mon cœur rate un battement. J'ai refusé de garder Arthur ce soir car j'ai dit être occupé, mais je n'ai pas donné plus de précision. J'aurais dû dire à Myrddin que je sortais avec Cole. Enfin, peu importe, ce qui est fait est fait. Je détourne vivement le regard, espérant que mon meilleur ami ne m'ait pas aperçu et reporte mon attention sur Cole  «Vous êtes des petites natures, vous les Australiens » rayais-je, amusé alors je prends une gorgé de ma boisson, détaillant un peu plus le beau brun.

Ce que je remarque en premier lieu ce sont ses yeux. Non pas que je ne les avais pas vu la dernière fois déjà, mais ils sont différents aujourd'hui. Plus sombre, comme si … comme si sa pupille prenait plus de place dans l'iris. Se pourrait-il que … ? Non. Non il n'oserait quand même pas, non ? Se droguer avant de me voir. Ce serait un peu gros. Je veux dire, je lui ais bien fait comprendre que je partirais s'il se droguait devant moi. Je déglutis difficilement et reprends rapidement une deuxième gorgé.

 «C'était … intéressant » répondais-je finalement à sa question.  «J'aime beaucoup l'Angleterre, je serais idiot de ne pas le faire » je souris doucement  «ça me manque un peu aussi, je dois dire. Je suis né et j'ai grandis à Cambridge. J'aime ma ville natale et je -... » je me tais un instant en remarquant les légers tremblements dans les mains de Cole. Naïvement, je pense que c'est juste un signe de manque, qu'il a décidé d'arrêter mais que son corps commence à lui dire merde. «...et je ...hum … enfin, ma vie à Cambridge était parfaite. C'est juste l'incendie qui a absolument tout changé » je pince les lèvres, m'en voulant de remettre ça sur le tapis.

Plus je regarde Cole et plus je me dis que quelque chose ne va pas, qu'il semble bien plus nerveux que la dernière fois qu'on s'est vu. Il ne m'a pas l'air serein.  «je ...hum...Dit, Cole » reprenais-je, doucement  «Tu as prit ...quelque chose avant de venir … ? » demandais-je d'une petite voix, baissant très franchement le ton. Je prie intérieurement que la réponse soit négative et que ce que je vois là ne sont que les signes du manque, ce qui signifierait qu'il n'ait, justement, plus rien prit depuis quelque temps et que, du coup, je ne pourrais absolument pas lui en vouloir pour quoique ce soit.

J'ai encore une fois été un peu trop naïf quand je pensais que Cole était juste en manque. Pourtant, quelqu'un qui est en manque n'a pas ses pupilles aussi dilatées. Ou est-ce que je me trompe ? J'essaie de fouiller dans les recoins douloureux de mon esprit pou savoir comment se comportait Daniel lorsqu'il était en manque. Mais à dire vrai je ne l'ai jamais vu en manque, je crois. Je sors très rapidement de mes pensées pour pas me perdre dans ces douloureux souvenirs et pose mon regard sur la main de Cole qui attrape la mienne. Il me dit avec sincérité qu'il essaie d'arrêter. Puis-je croire ses paroles ? Tout mon être me hurle que oui, que je dois lui faire confiance. Mais une petite parti de mon cœur me dit que non, ce n'est pas possible. Et c'est cette petite partie qui repousse lentement, presqu'avec douceur, la main du jeune homme. A vrai dire, je retire plus la mienne qu'autre chose, mais le résultat est le même : je croise les bras devant moi, me mettant en position de défense. Comme si en ayant les bras croisé plus rien ne pourrait m'atteindre.

Mais c'est sans compté sur Myrddin, son sourire et son ton un peu trop enjoué. Je lève mon regard sur lui et remarque que son entrain n'est que joué. Le sourire qu'il m'offre est ce genre de sourire de soutient masqué que seul moi peut comprendre. Il n'est pas là pour me faire la morale ou quoique ce soit, il veut juste s'assurer que tout va bien pour moi. Les commissures de mes lèvres se lèvent très légèrement alors que mon meilleur ami vient me prendre dans ses bras. Une accolade amicale, normale. Il se tourne alors vers Cole, suppose justement qu'il s'agit là de celui dont je lui ai parlé plus d'une fois et se présente comme étant mon meilleur ami, histoire de mettre l'histoire directement au clair.

Évidement que je lui ai parlé de Myrddin. Je savais aussi qu'un jour ils se rencontrerons, mais je ne pensais pas que ce jour sera aussi rapide à venir. Mais peu importe. Maintenant qu'il est là, Myrddin peut bien rester. D'ailleurs, ils ne se fait prier et tire une chaise pour s'installer, demandant après coup s'il ne nous dérange pas et explique que son compagnon -Thomas, donc- s'est trouvé des amis avec qui il discute.

 « tu sais qu'en général on demande d'abord si on dérange pas ? Pas quand on est déjà assit à table » demandais-je sur un ton léger, souriant doucement. Myrddin devrait assez facilement comprendre que je ne suis pas sincère dans mes accusations.  «Mais ouais, j'aurais dû te dire que j'allais aussi ici, désolé » m'excusais-je, affichant une moue désolée. Je laisse le silence s'installer quelques instants avant de relever le regard vers Cole  «Je ...enfin oui, voilà donc Cole dont je t'ai déjà parler plusieurs fois » dis-je d'une voix peu assurée.  « Vous avez pu trouver une baby sitter pour Arthur du coup ?» demandais-je, entraîner mon meilleur ami dans une autre direction histoire qu'il ne remarque pas trop les symptômes de la drogue que montre Cole.

Myrddin a la présence d'esprit de ne pas me brusquer ou me faire la morale. Je sais qu'il dira qu'il m'avait prévenu et, même s'il a raison dans le fond, je suis surtout persuadé que ça sera plus contre productif qu'autre chose. Ainsi donc il décide, dans un premier temps de répondre à ma question concernant Arthur. Il me dit qu'ils ont fait appel à la grande fille d'un ancien collègue de Thomas, mais que ce n'est pas la même car Arthur il est se sent en confiance avec moi. Et qu'un jour ils me payeront un resto pour toutes les fois où j'ai gardé le petit garçon.  «Non arrête c'est pas la peine. Ça me ... »

Je ne peux en dire plus car Cole se lève brusquement. Et même un aveugle pourrait voir qu'il est vraiment dans le mal en ce moment même. Il s'excuse, dit qu'il doit aller aux toilettes puis se détourne et, titubant se fraye tant bien que mal un chemin à travers les gens. Je me redresse, l'observe et me tend à chaque fois qu'il penche un peu trop sur le côté, persuadé qu'il va se rétamer au sol d'un moment à l'autre. Mais il fini par sortir de mon champ de vision et s'est alors que Myrddin revient à la charge.

Oui, il s'est drogué avant de venir. Je n'ai même pas besoin de lui répondre oralement, mon regard fuyant parlant pour lui-même. Puis, calmement, il me dit espérer que Cole ait une bonne raison, qu'il ne veut pas m'imposer ça ce soir et qu'il devrait tout simplement rentrer parce qu'avec le manque ça va être joyeux.  « Je sais pas si ...» commençais-je avant que Myrddin ne reprenne, disant qu'il devrait coupé net la drogue. Ça ne va être facile, ce sera même douloureux, mais les risques de rechutes seront moins grandes que s'il le fait de lui-même.

 « Je … je ne savais pas non» avouais-je en relevant mon regard sur mon meilleur ami  « Enfin, ça semble logique quand même ...» je lance un coup d'oeil vers les sanitaires puis reporte mon attention sur Myrddin  «je ne sais pas ce qui lui a prit » soufflais-je  «Je veux dire il … il m'a dit qu'il avait oublié qu'on devait se voir, qu'il s'était mit une alarme pour y pensé, mais il a eu le temps de se pique avant que l'alarme ne retentisse » je pince les lèvres puis me passe une main sur le visage  « Putain, qu'est-ce que je fou ici» soufflais-je, plus pour moi qu'autre chose.

Partir ? Ce serait la solution de facilité. J'ai déjà fait ça une fois avec Joey, et ça n'a pas apporter que du bonheur. Au contraire. Alors, lorsque Myrddin me demande si je veux qu'il m'accompagne pour aller voir comment va Cole, il prend, sans le savoir, la décision à ma place. Je l'observe quelques instants et, après une ou deux secondes d'hésitations, j'hoche la tête  « Oui, je veux bien» dis-je alors, me transférant sur mon fauteuil.

Je passe derrière Myrddin, essayant de ne pas écraser les pieds des uns et des autres qui se trouvent sur notre chemin puis entre dans le sanitaire des hommes. Je regarde autour de moi, ne vois pas Cole et commence tout doucement à paniquer.  «Il … il est où?- » demandais-je, la peur qu'il se soit enfuie tout simplement m'empoignant les tripes. Ce n'est pas tant la peur de l'abandon ou de la déception mais bel et bien le fait d'avoir peur pour Cole, qu'il lui soit arriver quelque chose alors qu'il n'est pas dans son état normal.

Je suis tellement entrain de me faire un film avec tous les scénario possible et imaginable que je ne vois pas que Myrddin s'est approché des cabines. Il les ouvre une à une … sauf la dernière. Mon cœur rate un battement en me disant que peut-être Cole pourrait être là-dedans ? Je m'approche et aperçoit le bout de ses chaussures. Il est assit à même le sol. Pourquoi ?  « Cole ?» demandais-je en toquant à la porte.  «réponds moi !» je toque une deuxième fois, plus fort.  « S'il te plait Cole, ouvre la porte» la panique ne fait que grandir au fur et à mesure que les secondes sans réponse passent.

Voir Cole aussi mal et aussi peu sûr ses jambes, me fait comprendre à quel point le manque peu être horrible et insupportable. Peut-être lui en ais-je trop demander ? Pourtant je suis persuadé, moi, que ça n'est qu'un mauvais moment à passer, qu'une fois les effets du manque dissipé tout ira mieux. Cole retrouvera une vie digne de ce nom, il pourra apprendre un métier, se fera d'autre amis. Il est jeune, il n'a même pas mon âge, il a la vie devant lui. J'hésite à aller le voir lorsqu'il quitte la table, mais je sais qu'une personne en manque est dangereuse pour les autres et pour elle-même. Je n'ose même pas imaginer ce que Cole serait capable de se faire s'il est seul. Alors, lorsque Myrddin se propose pour m'accompagner aux sanitaires, j'accepte sans plus hésiter. 

Une fois sur place, je suis pris de panique en voyant que la pièce est vide. Pas de signe de Cole, rien. Peut-être a-t-il décidé de ne pas aller aux toilettes ? Peut-être est-il parti et erre-t-il dans les rues maintenant ? Mes boyaux se tordent sous la panique rien qu'en y pensant. S'il est vraiment sorti, s'il a vraiment quitté la fête, alors il est encore plus en danger. Je passe une main tremblante sur la poche de mon jeans, près à sortir mon portable. Pourquoi faire ? Appeler la police ? Certes, je pourrais peut-être signaler la disparition de Cole mais s'il est retrouvé ? Ils remarqueront qu'il s'est drogué. Et alors Cole risque d'avoir encore plus d'ennui qu'il n'en a déjà ! 

Paniqué, perdu dans mes pensées peu claires, je ne vois que Myrddin essaie d'ouvrir les cabines que lorsqu'il bute sur la dernière porte. Une lueur d'espoir passe sur mon visage alors que je rejoins rapidement mon meilleur ami et toque à la porte, demandant à Cole d'ouvrir. Plus le temps passe et plus je reste sans réponse, plus l'espoir s'en vol à nouveau, laissant la panique reprendre possession de mon être. Mon cœur rate un battement lorsque je fini par entendre le loquer qui se tire et la porte qui s'ouvre sur mon ami. 

Il est dans le mal, clairement. Je le fixe, me demandant si c'est vraiment le Cole que j'ai rencontré il y a deux semaines de ça. Le visage luisant de sueur, les cheveux en batailles, les joues creusées et les cernes qui me semblent avoir prise plus de place sur son visage, il passe à côté de nous, non sans faire un commentaire qui, je sais, ne va pas plaire à Myrddin. Non, nous ne sommes pas là pour être diverti, on est là pour t'aider, que j'ai envie de lui dire. Mais la peur paralyse mon cerveau, si bien que je ne suis plus capable de penser correctement. J'ai entendu l'information que Myrddin a aussi perdu un ami suite à une overdose, que d'une oreille et ne peux rien faire d'autre que de fixer Cole, longtemps. Tout simplement. Je le regarde s'approcher du lavabo, se passer les mains sous l'eau et j'ai juste envie d'aller auprès de lui, le prendre dans mes bras et le rassurer du mieux que je peux. 

Mais la suite me fait comprendre que jamais je n'aurais eu de chance en faisant ça. Il relève la tête, croise mon regard dans la vitre, me fixe froidement puis se tourne et me demande, énervé, ce qui se passe, si c'est ce que je voulais, qu'il essaie pour moi. Et voilà le résultat. Bouche entre ouverte, je ne sais pas quoi dire. Pire encore, il commence à m'accuser, disant que c'est de ma faute s'il est dans cet état, que c'est moi qui l'ai poussé à arrêter, qu'il m'avait pourtant prévenu que ça ne serait pas facile mais que j'étais obligé de le voir pour le croire. Ses accusations sont finalement portées vers tout le monde, que personne ne sait à quel point s'est difficile, que le manque est quelque chose que personne ne peut comprendre et qu'arrêter la drogue c'est loin d'être à la porté de tout le monde. 

Chaque parole prononcée par Cole me détruit un peu plus. C'est comme si de nombreux coup de poignards s'enfonçaient dans mon cœur. Ces accusations sont horribles. Horriblement injustes. Je ne lui ai jamais demandé d'arrêter tout seul, je pensais clairement qu'il serait aller chercher de l'aide professionnelle. Je le fixe, incapable de dire quoique ce soit, sentant les larmes me brûler les yeux. Des larmes de déceptions qui se mélangeraient sans doute à celles de rage si je les autorisais à couler. Je laisse Cole me parler comme une merde, incapable de sortir un mot et de me défendre. 

Mais c'est sans compter sur Myrddin qui, encore une fois et comme bien trop souvent prends ma défense, lui. Venant se placer entre Cole et moi, il s'en prends au jeune drogué avec un calme menaçant. Et je trouve ses paroles presque pires que celle de Cole. En temps normal ses paroles m'auraient fait chaud au cœur, mais pas là. Non. Lorsqu'il menace l'australien de lui casser la gueule je suis sur le point d'intervenir. Mais un mouvement de main de la part de mon meilleur ami me fait comprendre de me la fermer. Déglutissant, je me ravise et me rétracte un peu, l'observe proposer une clope à Cole puis de lui dire clairement de ne plus m'approcher lorsqu'il est drogué ou en manque. En gros, plus jamais s'il n'accepte pas de l'aide étrangère.

Je ne sais pas quoi dire de plus, alors je me contente d'hocher la tête en levant mon regard sur Cole. Un regard sincère, mais dans lequel il pourra sans problème lire la déception. Je lui fais silencieusement comprendre de prendre les menaces de Myrddin à la lettre et que de toute manière s'en est fini pour lui et moi. Quoique ...