C’était une sacrée scène qu’on venait de se jouer là. Et pourtant, rien de tout ça n’était un jeu, non, tout ce qui était sorti, était vrai. J’étais devenu froid et neutre comme si je ne la connaissais pas, à jouer mon jaloux alors que cela ne m’est pas permis. Forcément tout ça n’est pas logique. Autant pour moi que pour elle. Encore plus pour elle parce qu’elle ne savait pas que je l’avais vu embrassé une minette devant chez elle. Etait-ce vraiment nécessaire d’en parler ? J’avais préféré lui expliquer pourquoi je réagissais ainsi, et surtout qu’elle était loin de me dégoûter. J’en avais conclu que je faisais tout inconsciemment pour que ça ne fonctionne pas. C’est qu’au fond, je dois savoir que ce serait bien trop compliqué d’être avec Maxyn. Et pourtant, je suis irrémédiablement attiré par elle, comme à notre rencontre, à notre début. Et on savait tous les deux que ça ne pouvait plus fonctionner. Même si une partie de moi voudrait vraiment essayer. Sauf que la peur de l’inconnu finit par ressurgir tôt ou tard, ainsi que l’envie d’avancer et de ne plus vivre dans mon passé. Et Maxyn en fait partie. Et pour ça, je ne devais plus l’aider. Je devais laisser l’un ou l’une de ses prétendant(e)s s’occuper d’elle. Je n’étais pas forcé de le faire moi-même, même si la voir dans un état assez critique me rendait malade et que j’ai toujours envie de déplacer des montagnes pour l’aider. Pour éviter tous ces sentiments qui se chamboulaient en moi, je savais que je ne devais plus la voir en dehors de la relation simple et basique qu’on peut entretenir pour notre fille. Mais c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand elle me dit que je lui fais perdre la tête et qu’elle vient me donner un baisé sur les lèvres en guise d’au revoir. Je le sentais bien que ce n’était qu’un reflex, une dérive, mais ça me déstabilisait tout autant parce que j’adore quand elle me touche ou m’embrasse et que ça devenait de pire en pire à mesure qu’on se voyait. Alors oui, je devais la laisser partir. Sauf que mon corps domina ma pensée et je l’empêchais de sortir en appuyant sur la porte pour la refermer, restant derrière elle, respirant son odeur et sa douce chevelure Embrasse-moi réellement et je te laisserais partir. Il fallait bien sûr que j’aille à l’encontre de mes besoins. Ou plutôt de mes réflexions, alors que j’ai besoin des lèvres de la blonde sur les miennes, encore une fois, avant de renoncer à nous faire du mal.
Ce n'était certainement pas la meilleure des choses à faire, la bloquer ainsi, mais je ne réfléchissais pas. Etait-ce aussi à cause de cette tenue ? Pas de doute possible. Elle serait même venue en sac à poubelle, je suis sûr en fait que j'aurais réagi de la même sorte. Je n'arrivais pas à la laisser partir alors qu'elle était venue me voir et que je voulais être avec elle seule encore un moment avant qu'elle ne parte. Même si encore une fois j'ai tout foiré avec cette histoire de meuf. Avec ma jalousie déplacée surtout. Non, on n'aurait pas du coucher ensemble. On n'avait plus de gêne, je n'en avais plus, je n'hésitais même pas un instant à venir lui bloquer la porte pour lui dire de m'embrasser. Jamais je n'aurais osé lui dire ça si on n'avait pas de nouveau fait fusion de nos corps, si rien ne s'était passé entre nous cette nuit-là. Mais ce n'est pas pour autant que j'allais lui obliger à faire quoi que ce soit. Je respirais alors son odeur, profitant de chaque instant, pensant à l'idée qu'elle pourrait simplement me laisser en plan, et que ce serait la meilleure solution. Mais à croire qu'elle ne savait pas non plus me résister. Elle s'était retourné, mais mes espoirs s'étaient envolés face à sa remarque. Je mis du temps à comprendre sa phrase, mais c'était clair pour moi, elle voulait éviter de m'embrasser, et je respectais son choix. Elle était plus forte que moi. Je retirais alors ma main de la porte, sans pour autant me reculer tellement j'étais sous son charme. Sauf que contre toute attente, elle m'attrapa pour m'embrasser fougueusement. D'abord j'eus un mouvement d'attraction, qui me fit reposer la main sur la porte. Mais elle se colla à moi et mes mains vinrent l'aider dans cette tâche et mes mains étaient loin d'être prudes. On s'était mis à reculer et j'en oubliais totalement que j'étais au boulot, je pensais qu'à elle et à son corps. J'avais atteint la table, et je m'étais légèrement appuyé dessus pour être à l'exacte hauteur de mon ex. Je comprenais ensuite le vrai sens de sa phrase alors qu'elle avait bien du mal à se décoller de moi. Encore plus parce que mes bras de la lâcher pas. Malgré ses paroles. Malgré son envie de partir. Mes mains s'étaient mis à lui caresser son charmant fessier pour finalement glisser sur ses jambes et remonter sous sa jupe. Mais oui, elle devait partir. Alors, je respirais encore une bonne bouffée alors que j'avais l'impression de devenir encore plus fou et lui remettais bien comme il fallait sa jupe. Je te raccompagne.
Le pire dans cette histoire, c’est que j’aurais été capable de la prendre, là sur cette table si je n’avais pas fait preuve d’un minimum de bon sens. A croire que justement tous les sens qui m’attirent à elle se sont réveillés lorsque nous avons couché ensemble la nuit dernière. Ca pourrait très bien être simplement charnel, oui, ça se pourrait, sauf que le fait est qu’on avait tout de même fait la même chose il y a deux ans et qu’on avait été bien loin de ce stade aujourd’hui. Je sens sa détresse, c’est évident, et c’est peut-être ça aussi qui me fait ressentir ce besoin d’être avec elle, de la protéger et de la serrer contre moi. Mais je devais arrêter mes conneries, je devais reprendre ma lucidité. Il fallait que je sois fort, et pourtant, je l’ai toujours été, même lorsqu’on était ensemble, je n’étais pas aussi … passionné et avide de son corps. Enfin si. J’ai juste l’impression que ça s’est amplifié depuis peu. Je restais contre la table alors qu’elle aussi semblait avoir du mal à se reculer. J’avais terriblement envie de continuer à l’embrasser mais on ne résoudrait rien avec des embrassades. On ne s’était même pas complètement expliqué sur cette meuf qu’elle fréquentait. Alors oui, je me devais de la laisser partir. Surtout qu’on était loin d’être dans un lieu intime. Sauf que l’adrénaline et l’envie chutèrent d’un coup lorsque j’aperçus Eric de l’autre côté de la porte. Je lui jetais le pire des regards pour qu’il lui foute enfin la paix, mais voilà que Maxyn se sentait gênée et obligée de se justifier. Je me redressais et m’avançais vers eux. Elle s’excusait à présent même. C’est pas vrai. Il allait en profiter, je le sens. Et ça ne ratait pas. C’est bon Eric, fous-lui la paix. Elle s’en va. C’était un peu rude dit comme ça, mais je venais instinctivement poser ma main dans le bas de son dos. Non pas par signe d’appartenance, mais davantage de protection. Ou peut-être les deux en fait, je ne saurais vraiment dire. Je ne voulais juste vraiment pas que lui, la touche. Laisse-nous passer. Lui ordonnais-je sans laisser passer la moindre émotion dans le ton de ma voix.
C’est une évidence, on ne passait pas inaperçu. Presque tout le commissariat nous regardait, mais je m’en fichais bien de ce qu’il pouvait penser. Je sentais mon ex assez tendue par contre. Certainement à cause de ce pauvre type qui était vraiment lourd et qui ne voulait pas lui foutre la paix. Heureusement pour lui, il ne fit que râler dans sa barbe face à mes ordres pour enfin nous laisser passer. On ne trainait pas et on était bien vite à l’extérieur. Elle aurait pu partir rapidement et simplement, mais je sentais bien qu’elle était retenue malgré elle. Elle s’excusait pour la scène d’aujourd’hui, mais faut dire que je n’avais pas non plus aidé. Je n’aurais pas du m’emporter, c’est moi qui suis désolé. Lui répondais-je, sincèrement navré d’avoir réagi aussi stupidement. Et pourtant, j’étais ravi qu’elle soit venue pour régler nos non-dit. Même si ce n’était pas les derniers à devoir régler. Elle me signifiait ensuite qu’elle allait chercher notre fille et qu’on se verra samedi pour que je la récupère. Mais encore une fois, elle ne bougeait pas. Attendait-elle quelque chose de moi ou voulait-elle me dire quelque chose ? Je fronçais les sourcils, je voyais bien qu’elle était toujours gênée et honteuse, mais je me sentais un peu perdu face à ses dires. Et surtout face à ce que je voulais vraiment. Maxyn cherchait à faire la conversation, c’est évident. Elle n’arrivait pas à partir, et je n’arrivais pas à lui dire au revoir et à lui tourner le dos. Alors oui, j’avais envie de la revoir, et pas seulement pour venir récupérer Zoey, mais ce n’était pas la bonne chose à faire. Pas tout de suite. Sauf que je ne pouvais plus la repousser, je n’y arrive plus, alors voilà pourquoi je lui ai proposé Je me disais que … qu’elle serait encore plus contente si on passait au moins une journée ensemble. Tous ensembles. Qu’est-ce t’en pense ? Oui, le rencard, j’en avais envie, mais la journée en famille était plus appropriée, plus simple aussi et moins prise de tête. Même si notre fille n’allait pas forcément comprendre pourquoi. Mais à cet âge-là, on est simplement content. C’est du moins ce que j’espère.
Oui, cette histoire de baisé m’avait foutu la rage. J’étais devenu jaloux et m’étais rendu compte que je m’étais bien trop vite attaché de nouveau à mon ex. Ce n’était pas bon et j’en avais eu peur. Le plus simple avait encore été la fuite. Ou plutôt l’ignorance. Alors qu’on avait tout de même couché ensemble. Mais je m’étais senti trahi. Sauf que maintenant que je savais ce que pensait vraiment la blonde, je n’avais pas pu m’empêcher de lui demander de passer du temps avec elle. J’ai été faible oui. Elle serait partie tout de suite, je n’aurais peut-être pas osé. Et pourtant, c’est clairement ce dont j’avais envie. Même si les problèmes de Maxyn étaient encore assez présents. J’étais encore jaloux de cette fille et je pense que je le serais encore longtemps, mais encore une fois, il n’y avait pas lieu de l’être. Je me rendais de plus en plus compte que notre histoire n’était pas terminée, et qu’elle avait bien repris malgré nous. Elle semblait surprise face à ma proposition. Rien de plus normal après ce que je lui avais dit dans la salle de pause. Mais je n’aurais pas pris la peine de lui demander de m’embrasser si je ne voulais plus la revoir. Non. Pourquoi pas oui. Lui répondais-je quand elle me demandait confirmation pour samedi. Elle semblait perdue et assez mal. Je voyais son teint devenir fade mais je répondais simplement un Ca marche. Quand elle me proposa l’heure d’arrivée pour le samedi. Je la regardais s’éloigner, m’inquiétant quelque peu. Malgré le sourire que j’avais eu quand elle me disait de ne pas oublier. Comment le pourrais-je vu que c’était moi qui venais de proposer. Oui, c’est un fait, elle a encore des sentiments pour moi, aujourd’hui j’en suis sûr.