Le dîner pouvait enfin avoir lieu. Ce serait mentir que de dire que Cora ne sent pas la tension qui anime la table maintenant qu’Edward est arrivé, mais elle met ça sur le compte de son retard plutôt qu’un autre motif. Rien qu’un peu de bonne humeur ne saurait arranger. Sauf qu’aucune des situations vécues par les personnes à cette table ne donne vraiment lieu à ce que cette bonne humeur s’installe. Le repas continue et Ginny rompt le silence. « Quelqu’un parmi vous a envie d’aller profiter de la vue sur le pont? » Cora s’étonne, suppose ensuite qu’elle doit avoir juste besoin d’être un peu seule avec ses pensées. Elle ne répond pas de suite, mais si sa meilleure mais y tient, elle peut l’accompagner sous le pont. Edward la coupe avant qu’elle n’ouvre la bouche. « Je ne sais pas pour vous, mais moi c’est avec grand plaisir que je vais te rejoindre. » Elle ne comprend plus ce qu’il se passe, le couple se lève et elle partage un long regard d’étonnement avec Priam. « Rassure-moi, je ne suis pas le seul à les trouver bizarres ? » Elle hoche la tête, signe qu’elle ne comprend pas plus que lui la scène qui se joue. Peut-être qu’ils ne sont pas sortis avec le couple depuis si longtemps qu’ils ne comprennent plus leur comportement. Non, ça l'étonnerait de Ginny. « T’es au courant d’un truc que j’ignore ? » A nouveau, non. « Ginny ne m’a rien fait savoir de spécial. » Pas à sa connaissance. Elle imagine que pour tout ce qui a attrait à Noah, elle est aussi transparente avec Priam. La mémoire lui revient de paroles qu’elle a tenu, avant qu’elle parte en Floride, sur le fait d’être sollicitée sentimentalement parlant, elle n’avait pas compris mais ça avait l’air important. « Tu m’accompagnes ? » demande Priam, la sortant de ses pensées. « Oui ! » Qu’elle répond automatiquement avant de se lever de sa chaise. Trop de mystère. Elle n’aime pas ça. « Je commençais à croire que vous vous étiez perdus. » annonce Edward, elle se retient de répondre qu’ils attendaient surtout qu’ils reviennent. « On ne voulait pas interrompre quelques choses »  justifie Priam, elle ne comprend surtout pas pourquoi se déplacer jusque-là, il fait si froid sur le pont. Le printemps n’est pas encore là. « Tout va bien ? » ajoute Priam, question pertinente qu’elle n’osait pas poser. « On… on a quelque chose à vous dire, à vous expliquer. » Okay. Au moins, le mystère prend fin maintenant. Elle n’aura pas eu à passer la soirée à s’imaginer des tas de scénario improbables. « Ah, il est temps, je commence à élaborer des théories un peu tordues… On vous écoute » On, oui. Et Cora s’empare du bras de Priam pour écouter cette annonce qui semble mériter tant de messes basses. « Ce n’est pas qu’on n’a pas du tout envie d’entendre le genre de théories que tu as en tête, mais... » introduit Ginny, avant d’en venir à la révélation. « Nous allons divorcer. » La nouvelle est rude, négative. Elle fronce les sourcils. Pas prête à l’entendre, et pourtant maintenant que c’est dit, c’est évident. Edward n’est jamais là quand elle voit Ginny. Ginny ne parle jamais de lui. C’est très loin d’une comportement d’une femme amoureuse. Et puis, l’écho de leur conversation sur le pont l’atteint. « Ça ne devrait pas vous étonner, il y a bien longtemps qu’on n’arbore plus l’image du parfait petit couple. » Elle explique, Cora écoute d’une oreille. Elle n’a pas besoin d’expliquer, elle comprend. C’était là dès le début. Dès le mariage, dès leur rencontre que ça serait l’issue. « Il y a pas d’amertume entre nous, on a fini par… faire la paix avec la décision. » Elle acquiesce. Elle n’ose pas tourner le visage vers Priam, prendre connaissance de sa réaction. « On préférait vous l’annoncer en premier. Personne ne sait encore. » Elle regarde le sol. « Même la presse à potins n’a pas raflé l’information. » ajoute Ginny, ce qui ne manque pas de faire sourire la star. A vrai dire, plus qu’eux, la seule personne dont elle s’inquiète et qui pourrait souffrir de cette situation, c’est Noah. Elle est triste d’apprendre que le petit garçon apprendra le divorce de ses parents à son réveil. « Noah sait ? » C’est sa première question. Le reste, elle doit admettre qu’elle comprend la décision. Elle ne sait quoi ajouter d’autre. « J’imagine que vous avez pesé la situation. Ce qui compte, c’est que vous restiez amis. Parfois, un mariage se finit, c’est la vie. » Elle hausse les épaules. Elle est bien défaitiste mais elle se repasse ses conversations avec Ginny et, c’était la fatalité. Elle savait sans le savoir.

Un suspens digne d’un jeu télévision s’installa au centre du quatuor. Après avoir établi de nombreuses théories plus ou moins fantasque tout au long de ce diner, Ginny crache le morceau « Nous allons divorcer » il arque un sourcil, il n’a jamais caché à qui que ce soit ses doutes par rapport à ce couple mais au fil des années il s’était fait une raison « Ça ne devrait pas vous étonner, il y a bien longtemps qu’on n’arbore plus l’image du parfait petit couple » il n’a pas passé un moment avec eux depuis longtemps mais avec le recul, il ne se rappelle pas d’une conversation ou son cousin impliquant sa femme. Il se tait, ne sachant pas réellement ce qu’il faut dire dans ce genre de situation, il jette un bref regard vers Cora avant de rapporter son attention sur le couple « Il y a pas d’amertume entre nous, on a fini par… faire la paix avec la décision. On préférait vous l’annoncer en premier, personne ne sait encore, même la presse à potins n’a pas raflé l’information » c’est une bonne chose pense-t-il en se demandant s’il n’y a pas une raison caché à ce divorce, une information qu’elle cacherait. « Noah sait ? » il n’y avait pas encore pensé mais ce gamin est fort, plus fort que la plus part des adultes « Non, il a déjà fort à faire là où il est. On a décidé d’attendre encore un peu, attendre qu’il se sente un peu mieux » il ne jugera pas les choix du couple mais il reste persuadé que reculer pour mieux sauter n’a jamais été une bonne solution. « J’imagine que vous avez pesé la situation. Ce qui compte, c’est que vous restiez amis. Parfois, un mariage se finit, c’est la vie » elle a toujours les bons mots alors qu’il ne sait pas quoi dire, une seule question lui brûle les lèvres il y a-t-il quelqu’un d’autre ? mais il ne dit rien, ne demande rien, par politesse. Silencieux, il observe tour à tour Ginny, puis Edward, elle a l’air apaisé, presque soulagée d’avoir enfin dit la vérité alors que son cousin semble au bord de l’explosion, une attitude qui l’intrigue et l’inquiète. « Ce n’est jamais si simple… Je… Pardon, le champagne a dû monter un peu trop vite jusqu’en haut. » il hausse un sourcil en lançant un regard interrogateur à Ginny, il ne l’a jamais vu comme ça, Edward est un homme fort, fier qui ne montre pas ses sentiments si facilement, il ne lâche jamais prise, c’est ce qu’il admire chez lui, sa détermination et sa force à toute épreuve. « Je suis désolé, j’ai besoin de marcher un peu. Ne vous inquiétez pas pour moi, ça va aller » il le regard partir impuissant avant de croiser le regard de Ginny « Tu peux aller t’assurer qu’il va bien s'il-te-plaît ? » il hoche la tête « Okay, mais j’espère que t’as pas merdé Gin’ » dit-il en soutenant son regard. Priam échange un dernier regard avec les filles avant de partir dans la même direction que son cousin, il longe le pont à la recherche de ce dernier jusqu’à ce qu’il le retrouve appuyé contre la rambarde. En chemin, il arrête un serveur attrapant deux verres de whisky puis le rejoint, lui tendant l’un des verres « T’es pas vraiment doué pour mentir tu sais ? » un peu comme lui « Je ne te demande pas comment tu vas mais tu es d’accord avec ce divorce au moins ? » il ne veut pas remuer le couteau dans la plaid mais il doit poser la question pour comprendre sa réaction. A son tour il s’appuie contre la rambarde blanche fixant l’eau pendant plusieurs secondes avant de se tourner vers Edward, ils n’ont jamais eu de conversation profonde sur leurs vies respectives mais il a toujours su que quoi qu’il arrive il pourrait compter sur le soutien de ce dernier «  Qu’est-ce-qui s’est passé Ed ? On peut en parler… » il ignore si c’est le choix qu’il fera mais au moins il sait qu’il trouvera une oreille attentive sur ce bateau.

Ainsi, c’était ça toute leur cachotterie. Elle ne sait pas quoi répondre à ça. Son côté défaitiste fait le travail, et elle sait accepter que parfois, tous les couples ont une fin. Elle s’inquiète juste pour Noah, ce petit bout d’homme qui se bat pour sa vie, ignorant que ses parents ne seront plus ensemble à son réveil. C’est surtout ça qui l’atteint, le reste, quand elle repense à ses conversations avec Ginny, tout prend sens. « Non, il a déjà fort à faire là où il est. On a décidé d’attendre encore un peu, attendre qu’il se sente un peu mieux. » Elle acquiesce, sans rien ajouter. Tout ce qui lui importe, c’est qu’il soit préservé le petit. Le timing est mauvais, ce n’est pas une réponse pour mal faire les choses. « On voulait mettre toutes les chances de notre côté pour que l’annonce ne vienne pas dérégler son état. » Elle partage ce qu’elle a à dire, la décision leur est propre. Tout ce qu’elle peut leur dire, c’est qu’elle les soutient, mais elle ne compte pas épiloguer sur cette décision. Un couple, c’est privé. « Ce n’est jamais si simple… Je… Pardon, le champagne a dû monter un peu trop vite jusqu’en haut. » annonce Edward, provoquant un signe de tête de Cora, lui demandant implicitement s’il va bien. « Je suis désolé, j’ai besoin de marcher un peu. » Et il se retire, sans qu’elle n’ait rien à ajouter. « Edward? Ed...  » « Ne vous inquiétez pas pour moi, ça va aller. » Qu’il appuie, alors que Ginny l’appelle pour s’assurer qu’il va bien, qu’il ne risque pas de passer par-dessus bord à cause d’un peu de champagne. Elle a dans l’idée de le suivre, mais est aussitôt arrêté par Ginny qui s’adresse à Priam. « Tu peux aller t’assurer qu’il va bien s'il-te-plaît? » Et celui-ci s’avance, joue les bonhommes. « Okay, mais j’espère que t’as pas merdé Gin’ » « Priam ! » Qu’elle reprend, l’air de lui dire que c’est pas le moment de faire un scandale, ou même de s’en prendre à elle. Cette histoire ne les regarde pas. Et il n’y a pas de camps. « C’est de moi que l’idée du divorce est venue, au départ. J’ai cru bien faire, et le libérer de ce que nos parents avaient manigancé en organisant ce mariage-là, mais... » Qu’elle explique, une fois les hommes partis, quand Cora s’approche d’elle pour passer sa main par-dessus son épaule. « Il m’a dit qu’il m’aimait ce soir-là, Cora. Et que ça durait depuis un moment. » Qu’elle explique, visiblement bouleversée.  « J’essaie de lui faire comprendre que c’est la meilleure décision, mais quand je le vois dans cet état-là c’est plus difficile encore que ce que j’aurais cru. » Elle soupire, ne sachant toujours pas trop quoi penser. Bien trop prise au dépourvue. « Tu n’as pas besoin de te justifier tu sais ? C’est ta décision. » Qu’elle explique, en s’disant que toutes justifications, ça vient de cette sale réflexion de Priam. « Si c’est à cause de Priam, ne l’écoute pas. Il doit juste être dans l’optique de prendre le parti de son cousin sans même réfléchir à ce qui vous a amené là. » Et la main passe dans son dos, dans un geste de réconfort. « Il a besoin de temps, j’imagine. » Qu’elle poursuit sur Edward. « De toute façon, vous avez un enfant ensemble. Ça vous aidera à mieux vous connaitre en dehors de cet arrangement ridicule. » Oui, on peut toujours tirer du bon de ces choses là. « Désolée que ce soit malaise par-dessus malaise ce soir… j’aurais aimé profiter mieux du temps qu’on a  enfin toutes les deux, mais la vie est plutôt compliquée ces jours-ci... » Elle hausse les épaules à nouveau. A vrai dire, elle est plutôt ravie que tout l’monde arrête de se regarder de travers et qu’enfin tout le monde sache ce qu’il se passe. « C’est rien, on en aura d’autre. En revanche, maintenant que c’est dit, on peut retourner manger ? J’ai faim. » Qu’elle appuie en papillonant des yeux. Parce qu’il y’a des gens ce soir qui ont été mis en appétit. Sans attendre, les deux jeunes femmes retournent à l’intérieur, partage leur dîner jusqu’à ce que leurs cavaliers respectifs refassent apparition, replongeant la soirée dans un état de malaise total.