Une seconde à peine, et cette joyeuse réunion de bras cassés s’était changée en véritable lutte pour survivre. Sa propre survie, celle de ses voisins, peu importe, rien n’avait plus d’importance si ce n’était de dégommer vite fait bien fait un maximum de ces morts-vivants, le tout en tentant de taire la petite voix dans un coin de sa tête qui se sentait obligée de faire remarquer sans cesse que tout cela était presque trop gros pour être réel. Qui sait, peut-être que tout cela n’était qu’un putain de cauchemar, que mourir c’était se réveiller et qu’il n’y avait qu’à sauter le pas … Mais Vittorio avait de l’instinct de survie à revendre, mauvais rêve ou pas, et s’il n’avait toujours pas échangé le moindre mot avec ses compagnons d’infortune il ne chômait pas dans le dégommage de zombies en revanche, et pas besoin de compter les points pour qu’il y mette toutes ses forces. Coup de hache sur coup de hache, la grimace de dégoût jamais loin quand un morceau de chair putréfiée ou un bout de cervelle giclait sur son visage ou son tee-shirt déjà maculé de précédentes entrevues avec d’autres de la même espèce, l’italien s’était finalement désintéressé de Mister Parpaing après que d’autres se soient chargés d’armer le bonhomme à peu près correctement ; La balle était dans son camp, désormais. « CHUCKY, ATTAQUE TAILLADE ! » - « AAAAH. PUTAIN. OH MON DIEU. LA POUPÉE BOUGE. LA POUPÉE BOUGE ! » Ouais, il y avait ceux qui essayaient sérieusement de sauver leur peau, et il y avait les autres, quoi. « Je préviens, si vous en sortez une autre, je me chie dessus pour de bon. » Et il y avait lui, aussi. Ce qui ne ressemblait pourtant qu’à un délire de désespérés soucieux de faire dans l’originalité avant crever s’était bientôt mué en deux poupées occupées à taillader du zombie presque aussi efficacement que leurs cousins humains, arrachant malgré lui à Vittorio un signe de croix. « HEY ! VENEZ PAR ICI BANDE DE SACS À MERDE ! OUAIS, C’EST BIEN, RAMENEZ VOS SALES FACES PUANTES ! » Sincèrement, quel besoin avait-il de faire l’effort d’ouvrir la bouche quand d’autres se chargeaient déjà de combler le silence avec brio ? Donnant deux ou trois coups de hache supplémentaires, envoyant valser la tête d’un des zombies avec une telle précision que sur un green de golf cela lui aurait probablement valu des applaudissements, il avait relevé la tête avec surprise – et un peu de peur, avouons-le – en sentant la chaleur du brasier chauffer jusqu’à leur position « Cette nana-là en a sous le capot ! » Assurément. « Je sais pas pour vous mais moi je fous le camp de là. Qui m’aime me suive ! » Il ne fallait pas le lui dire deux fois, pas qu’il soit dans l’aveu d’aimer qui que ce soit, mais entre le méchoui de viande morte et le feu qui se propageait il fallait avoir des envies de mort prématurée pour rester dans le coin. La lame de sa hache raclant contre le capot de la voiture la plus proche, l’italien avait sauté au sol et pris la suite d’Eda et de la nouvelle arrivante sans se retourner une seule fois pour vérifier qui suivait et qui ne suivait pas. Y’avait – peut-être – Nino au bout de ce pont, et c’était tout ce qui importait. Parce qu’il passait à sa portée Vittorio avait néanmoins ramassé l’une des poupées Chucky avant de déguerpir, et l’avait balancée à Eda après plusieurs minutes de course effrénée et l’impression d’avoir semé la tempête. Peut-être était-ce la sienne, peut-être était-ce celle de Bizarro, est-ce qu’il avait suivi le mouvement lui, d’ailleurs ? Machinalement Vitto l’avait cherché des yeux et fait un constat de ce qu’ils avaient perdu ou non question recrues. La petite pause « comptage de bobos » ayant cependant suffisamment durée à son goût, il avait remonté à nouveau sa hache à son épaule, prêt à frapper qui ou quoi que ce soit qui oserait se mettre en travers de son chemin. Du doigt il avait désigné une colonne de fumée noire montant du haut de la falaise qui servait de point culminant à la ville ; Peu importe ce que c’était, quelque chose se passait là-bas. Mais s’ils étaient capables de le repérer grâce à une simple colonne de fumée, que dire du brasier qu’ils avaient allumé derrière eux et dont toute la ville et ses potentiels rescapés seraient bientôt avertis.

J’ai footloose dans la tête, ne me demandez pas pourquoi. Mes petites pattes se secouent dans ce que je pense ressembler à un jive endiablé comme on en voit dans Danse avec les stars tandis que je secoue la poêle ici et là dans ses faces putrides en comptant les points ; et quatre, cinq, six… combien est-ce qu’il en est tombé ? On dirait que ça ne s'arrêtera jamais. Pas que je me lasse, mais le plus longtemps nous mettons à nous débarrasser de la première vague en faisant un boucan d'enfer, plus vite la seconde vague viendra à notre rencontre sans nous laisser le temps de respirer. Les Chucky nous font des bras supplémentaires -et des couteaux, et oh, seigneur, est-ce qu'il vient vraiment de décapsuler le crâne de celui-là avec ses dents ? Ignoble. J’ai perdu mon chapeau dans la bataille, il s’est sûrement glissé sous je ne sais quelle voiture, et je n'ai pas le temps de ramper sous chacune pour mettre la main dessus. Quelques uns de mes assaillants sont distraits par les beuglantes d'une nana qui frappe sur le capot d'une voiture. “Mais c'est qui cette allumée là ?” D'où elle sort, pourquoi est-ce qu’elle nous aide, est-ce qu'elle va nous buter nous aussi ? Les questions attendront ; la brune allume un grand feu et soudainement l'air devient étouffant de puanteur de zombie cuit. Et même au pays du barbecue, on ne songerait pas à en goûter une cuisse pour savoir si ça goûte comme du poulet. “C'EST DE LA TRICHE.” que je m’exclame en voyant l’inconnue péter le score de dégommage de morts-vivants en une poignée de secondes avec sa stratégie alors que mes petits bras maigres trouvent que la poêle fait soudainement dix fois son poids. Eda suggère de ne pas continuer d'assister au spectacle pyrotechnique. Je suppose que véritablement l'aimer ou non ne compte pas trop, la suivre sans réfléchir reste le meilleur choix. Cette fois, je trotte, un véritable poney. Je ferme ma bouche, je contiens tout ce qui me passe par la tête -pas pour longtemps, mais il y a de quoi saluer l'effort. je ne demande pas au barbu s'il est muet ou s'il ne parle tout simplement pas anglais -à moins qu'il soit simplet. Je ne demande pas à la pyromane qui elle est et pourquoi elle joue les funambules. En revanche, je retiens mes points, parce que le compte est important. Tout ce que je veux c'est quitter ce foutu pont, même si cela signifie sûrement qu'un comité d'accueil nous attend de l'autre côté. Et tout en avançant, façon commando, j'ai le générique de James Bond qui se joue dans mon crâne et traverse mes lèvres tout bas. “doumdoudoudoum doumdoumdoudou doudoudoum…”

Je grimace ; une touche avec une poupée vaudou psychopathe, je passe mon tour. Mais je force un sourire, parce que nous avons tous bien vu de quoi ce truc est capable, et qu'il ne serait pas question de le vexer. Notre duo de tueurs hauts comme trois pommes me met sérieusement mal à l'aise, néanmoins, ils nous ont sacrément sauvé la mise. Et l'autre incendiaire là ? M’en parlez pas, elle triche, elle a faussé le compte, elle peut aller se faire voir. Visiblement, il n’y a que moi que cette brune qui s'incruste dérange. Elle n'était pas au campement avec nous, elle était seule, et dieu sait pourquoi. Elle connaît beaucoup trop bien le coin, alors que celui-ci est infesté de zombies, au point de savoir qu'il y a un passage pour éviter la petite garde affamée de Bambi-Crystal postée de l'autre côté du pont. Et c'est louche. Je la dévisage, de loin, les bras croisés, la méfiance à peine voilée. J'ai pas confiance, et je trouve Xeda stupide de baisser si facilement sa garde. « Je m’appelle Eda. On va chercher nos camarades à Kangaroo Point et tenter de ramener la responsable de ce merdier. Tu viens avec nous ? » Mes yeux roulent douze fois. Jameson est peut-être seule parce qu'elle a buté tous ses compagnons de voyage, peut-être qu'elle bosse pour le zombies en échange de sa vie, peut-être que c'est un piège et qu'on sortira jamais de ces égouts en vie. “Hey, c'est pas le genre de décision qu'on devrait prendre tous ensemble ? Tu sais, comme une équipe. On la connaît pas, elle m'inspire pas confiance, j'en veux pas.” Et pas seulement parce qu'elle m’a effrontément battue au compte de zombies tués sur le pont. Je cause dans le vent, personne n'écoute les gnomes, mais si la pimbêche nous l'a fait à l'envers je pourrai au moins rire une dernière fois avec un “je vous l'avais bien dit”. Je soupire, je me résigne à avancer sur le chemin de terre, l'oreille tendue vers la conversation des nouvelles besta too-badass-for-you. « J’étais en repérage avec un partenaire. On manquait de médicaments et de vivres. On s’est laissés surprendre par un groupe de zombies il y a quelques jours. Tu t’en doutes, la suite n’est pas originale : on a dû se séparer pour survivre et je ne l’ai pas revu depuis. » “Ou alors elle l’a jeté droit dans leur gueule avant de se mettre à courir en le laissant se faire bouffer.” je marmonne, songeant que si je fous un coup de poêle sur la tronche de l'une d'entre elles peut-être que j'aurais droit à un peu d'attention. Ou peut-être que ça me défoulera, et ça sera déjà pas mal. « Et toi, tu es avec eux depuis le début ? Et comment tu sais où trouver vos camarades et la tarée qui a déclenché tout ça ? » “ON ADORE QUAND ON CAUSE DE NOUS COMME SI ON ÉTAIT PAS LÀ.” que je finis par m’époumoner en tapant du pied par terre, donnant un coup dans une pierre, ma voix résonnant depuis l'entrée des égouts jusqu'au fin fond du tunnel. Et, parce que j'en ai franchement ras les ovaires, je décide de continuer là-dedans, dans le noir, parce que je suis pas une fillette, j'ai pas besoin de lampe torche, j'ai pas besoin de feu, j'ai pas besoin d’eux. “TAD TU VIENS.” Sauf de l'autre abruti peut-être.

L’air de rien, ce groupe était efficace et peu cher avec une qualité supérieure, ça, c’était clair comme la perversité des Chuckys. De vrais petits cochons en plastique. En y songeant, Sohan se demandait s’ils avaient un pénis. C’est vrai, les poupées, ça n’a pas de sexe, mais là… C’est avec se débat en tête et son tueur sur l’épaule qu’il écouta attentivement le groupe papoter avec la petite nouvelle ainsi que la polipoquette qui, vraiment, était bruyante, mais dans le fond, elle n’avait pas tort du tout. Il s’agit d’une équipe, et il faut décider ensemble. « On te répondrait peut-être plus volontiers si tu ne donnais pas l’impression de troller en arrière fond. » « DAWWWWWWWWWWN. » crièrent Sohan et Chucky en cœur. « Aie, ça pique là, je n’aurai pas aimé » souffla le jeune homme « Complètement, d’accord, là, elle cherche la merde, j’aurai pas aimé, carrément » retorqua la poupée. « To-ta-le-ment… Plus sérieusement, Chucky ; y a que moi qui est choqué de voir des êtres décédés jouer à un jeu impliquant des règles et donc, une certaine intelligence pour respecter, ou non ses règles ? Je veux dire, ça veut dire qu’on n’est pas simplement sur un cadavre qui peut user de ses articulations… Et s’ils étaient intelligents, avaient une personnalité ? Et s’ils étaient des infectés comme les claqueurs dans The Last Of Us et étaient encore des humains ?! » Chucky posa sa main sur la bouche de Sohan. « Tu parles trop mon chou, les lecteurs s’en foutent tout comme tes potos. Bon, suit la conversation au lieu de faire un monologue avec moi. »

Après cela, Sohan se concentra sur l’échange et la découverte du briquet d’Eda. « Par curiosité, vous avez un plan pour cette expédition ou vous comptez improviser une fois sur place ? » souffla Winters.  Sohan s’avança pour regarder l’objet qui pourrait sauver cette situation.  « C’est pratique et peu permettre d’aller du côté des égouts, ou de faire diversion contre ses zombies. Un retour de flamme pourrait les disperser mais pourraient aussi appeler les autres, et ce n’est pas bon… Mmmmh, je ne crois pas que nous avons vraiment de plan, mais je rejoins le petit troll, il faut décider en équipe. D’un côté, nous avons les égouts, on peut s’infiltrer facilement comme être prise au piège encore plus qu’un touriste dans une boutique de souvenir, et de l’autres, ses trucs peuvent nous voir, et on devra se battre… Dans les deux cas, nous sommes dans une incertitude qui me pousse à dire qu’il ne faut pas prendre les égouts. C’est certains. Un peu contradictoire, mais ce n’est clairement pas la bonne idée. Vous savez, on pourrait y trouver Pennywise le clown dansant, et bien qu’il soit charmant, ce n’est pas mon genre de vouloir mourir dans les égouts, m’voyez.  Donc, faisons un vote ! Qui vote pour mourir dans les égouts ? » Si vote il y avait, Sohan n’y preta pas attention. « SIiiiiiiiiiiiiiiiinon, nous pourrions revenir sur mon plan de faire diversion, déguisé en Vahïné ? C’est une occasion en or. Et je ferais ça très bien. Regardez, j’vais vous montrer. » Ainsi démarra une démonstration de danse plus que génante, digne d’un 20h sur Malaise TV.


Sohan: #996699