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Message(#)joamie + heartbeat EmptyJeu 12 Oct 2017 - 15:19


heartbeat
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Par on ne savait quel miracle, Joanne avait eu l'intelligence de prendre un de ses propres comprimés avant de se rendre à l'hôpital. Elle savait très bien qu'il ne s'agissait pas d'un simple malaise et le simple fait de voir toutes ces blouses blanches défiler devant ne faisait qu'accroître son angoisse. Parfois ils couraient, ils appelaient de l'aide pour que leurs collègues viennent leur prêter main forte alors que l'état d'un autre patient s'était subitement aggravé. Afin d'éviter de la faire attendre énternellement là-bas, on l'avait autorisé à se rendre dans le service dans lequel Jamie allait être transféré en post-opératoire. C'était une unité de soins continus spécialisés en cardiologie, avec tout le matériel nécessaire pour que les soignants puissent surveiller de très près leurs patients. Le nombre de machines, de fils et des divers dispositifis médicaux qui se trouvait dans une seule chambre était particulièrement effrayant. Elle aurait pu faire les cent pas dans cette pièce, mais ses jambes n'étaient que du coton désormais, après ces interminables heures d'angoisse et d'attente aux urgences. Là-bas, tout le monde était énervé. Il y avait du monde, et chacun pensait qu'il était prioritaire dans parce qu'ils étaient là avant, parce qu'ils pensaient que ce qu'ils avaient était plus grave que n'importe quoi. C'était avec un regard haineux qu'elle les avait parfois regardé, avec la furieuse envie de leur dire : et votre bobo sur le genou là, c'est plus grave qu'un arrêt cardiaque, peut-être ? Et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était attendre. Elle se demandait déjà ce qu'elle allait bien pouvoir raconter à Daniel, comment lui expliquer tout ceci, si elle allait pouvoir l'emmener ici pour que Jamie puisse le voir. Ca leur ferait certainement plaisir à tous les deux. Encore faudrait-il qu'il revienne, que le chirurgien vienne dire à la jeune femme que tout s'était bien passé, qu'il fallait lui laisser le temps de se réveiller. La seule chose décente qu'elle put faire était d'appeler Simon, auprès de qui elle s'était excusée de son départ si soudain du musée. Il connaissait un peu Jamie. Après lui avoir expliqué très succinctement la situation, elle lui avait demandé si c'était possible de poser quelques jours de ses congés annuels afin qu'elle puisse rester ici, à l'hôpital, ce qu'il accepta sans même poser de questions. Il y avait eu un peu plus de remue-ménage qui annonçait l'arrivée de Jamie. On avait demandé à la petite blonde de sortir de la chambre le temps de l'installer. A ce même moment, le chirurgien, visiblement fatigué, s'approchait d'elle tout en retirant sa charlotte de ses cheveux courts et grisonnant. "Miss Prescott ?" dit-il en s'approchant d'elle. "L'intervention s'est bien passée. Malgré l'arrêt cardiaque, le coeur n'est pas trop lésé, mais nous devons le surveiller de très près ces prochains jours. Il va rester intuber encore quelques heures, le temps que les produits anesthésiques ne fassent plus effet." tentait-il d'expliquer avec les mots les plus simples qu'il pouvait trouver. Il se retrouvait en revanche assez démuni devant les larmes de la jeune femme. "Mais il va s'en remettre n'est-ce pas ?" "De manière générale, il est stable, je suis assez optimiste, oui. Laissons-lui le temps de s'en remettre. Ca va se faire par étape." Joanne acquiesça d'un signe de tête. N'importe qui voudrait voir la personne proche hospitalisée se remettre d'un clin d'oeil et Joanne ignorait si elle parviendrait à gérer le fait que cela prendrait beaucoup plus de temps pour le brun. "Est-ce que je peux rester ?" Pour la nuit, pour autant de temps qu'il faudra pour Jamie pour se réveiller. "Bien sûr. Si jamais vous voulez manger quelque chose, il y une cafétéria à l'hôpital –je sais combien on a tendance à oublier ce genre de choses, mais je pense que vous avez besoin de grignoter quelque chose–, les fauteuils des chambres sont plutôt confortables, sinon les infirmières trouveront bien un lit d'appoint quelque part." dit-il avec un bref sourire. "C'est un de mes confrères qui est de garde cette nuit, mais je serai à nouveau là demain matin. N'hésitez pas à venir vers nous si vous avez la moindre interrogation." "Merci beaucoup." dit-elle avant de se rendre dans la chambre, où il n'y avait plus qu'une infirmière qui terminait son installation. C'était particulièrement terrifiant pour elle de le voir ainsi. Toujours intubé, il était pour le moment sous respirateur artificiel. Les électrodes disposés sur son torse étaient reliés par des câbles à un appareil pour surveiller son activité cardiaque en instantané. Il avait plusieurs cathéters sur ses bras que l'on utilisait pour administrer une hydratation et des médicaments au nom imprononçable. Les médecins lui avaient également posé une voie veineuse centrale dont le point de ponction se trouvait au niveau de la jugulaire ainsi qu'un cathéter artériel au niveau de la cuisse afin de surveiller l'hémodynamique et de surveiller la fonction cardiaque globale afin d'évaluer les éventuelles lésions du myocarde suite à son infarctus. Cette mesure n'aurait pas été mis en place s'il n'avait pas fait d'arrêt. Lorsqu'il commençait à faire nuit, les effets des sédatifs s'étaient dissipés, les réflexes de déglutition firent leur apparition, gênés par la sonde d'intubation que le médecin anesthésiste-réanimateur ne tardait pas à retirer. On lui mit ensuite un masque d'oxygène et l'on restait quelques minutes afin de s'assurer qu'il respirait bien de façon autonome. Quelques heures plus tard, on remplaçait le masque par des lunettes à oxygène, ce qui était déjà beaucoup moins impressionnant visuellement pour Joanne. Celle-ci lui tenait constamment la main, depuis qu'il était arrivé en chambre. Elle y déposait des nombreux baisers, la caressait du bout de ses doigts. Bien que soulagée de voir qu'il respirait par lui-même, Joanne trouvait l'attente interminable. Pourtant les soignants étaient adorables avec elle, la rassurant dès qu'ils entraient dans la chambre. "C'est déjà un très bon point, d'avoir pu l'extuber." "Il est stable." "Je pense qu'il sait que vous êtes auprès de lui, ça le rassure." Toutes ces petites phrases qui parvenaient à la jeune femme d'esquisser un sourire discret. Elle espérait qu'il le savait, qu'elle était là. Elle lui parlait régulièrement depuis qu'il était en chambre, se disant qu'il devait bien l'entendre. Elle avait commencé par dire que c'était bien elle qui était à ses côtés, qu'elle allait rester auprès de lui autant de temps que nécessaire. Qu'il n'était pas seul. "C'est Irene qui s'occupe de Daniel." lui avait-elle dit à un moment donné, lorsqu'elle avait réussi à calmer un peu ses pleurs. Joanne restait inquiète malgré tout. Assise sur la chaise depuis le début, elle reposait sa tête sur le lit, les yeux rivés sur lui. Elle était épuisée, totalement vidée. "Réveille-toi, s'il te plaît." lui soufflait-elle alors, les yeux bordés de larmes. "Réveille-toi et dis moi que tout va bien." Sa voix lui manquait, son regard, son sourire, son étreinte. La capacité de Joanne à rester éveillée impressionnait les infirmières de nuit. "Allez manger quelque chose le temps que nous nous occupions de lui." suggéra l'une d'entre elles au petit matin. Pour les soins, on demandait souvent aux familles de sortir, ce que Joanne pouvait comprendre. Il n'y avait personne à cette heure si matinale. Elle s'était prise un thé et deux petits pains au chocolat. Elle avait quand même un peu faim, après avoir jeûné pendant si longtemps. La petite blonde ne voulait même pas prendre l'air, elle envoyait seulement un message à Irene pour lui demander si la nuit s'était bien passée avec le petit. Dès qu'elle avait fini de manger, elle retournait directement dans le service. Pour lui reprendre la main, pour attendre, encore et encore. "Je me demande si tout ça... ça a un rapport avec notre discussion, avec tout ce qui a pu se passer entre nous." lui confiait-il, qu'importe s'il était encore endormi ou non. "Je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est peut-être de ma faute. Je veux dire... ça ne peut pas être un hasard, tout cet enchaînement. Ils m'ont dit que ça à voir avec de l'hypertension, que ça peut être généré par du stress. Alors j'ai pensé au procès, à l'ambiance à ABC, et moi qui n'ai rien arrangé." La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, en somme. "Ca me rappelle toutes ces fois où je te prenais dans mes bras, où tu finissais par t'endormir. Sur le coup, je me disais que c'était parce que tu étais fatigué à cause des tes journées chargées, mais en y repensant... Je me dis parce que tu y étais tout simplement. Que là, tu laissais tomber la pression, tu étais serein, tu étais bien." La voix de Joanne était douce, elle ne parlait pas bien fort. Après ces quelques mots, elle déversait à nouveau quelques larmes. La fatigue cumulée la rendait particulièrement émotive. En milieu d'après-midi, elle sentait les doigts de Jamie bouger sensiblement. Mais c'était amplement suffisant pour que la blonde le remarque. Puis, quelques secondes plus tard, ses paupières commençaient à s'entrouvrir. Le visage de Joanne s'illumina. Elle se redressa sur sa chaise. "Hey..." dit-elle tout bas, en effleurant sa joue. Sa tête devait encore être bien lourde, tout son corps d'ailleurs, après avoir traversé une telle épreuve. "Tout va bien, tout va bien. Tu es à l'hôpital." Voilà qu'elle pleurait à nouveau, mais c'était surtout de joie et de soulagement. Elle lui souriait, lui laissait le temps de se réveiller, de réaliser. Elle ne voulait pas l'harasser de questions ou d'explications, chaque chose en son temps. Elle embrassait une énième fois sa main avec tendresse. La jeune femme ne savait pas qui remercier. Bien que baptisée, elle n'était pas la plus croyante qui soit – du moins, elle avait ses propres croyances– mais s'il y avait un quelconque dieu, une quelconque divinité qui existait, elle la remerciait. Elle savait que Jamie était un battant, il ne baissait pas les bras si aisément, et il venait tout juste de le montrer en reprenant conscience.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 13 Oct 2017 - 11:09


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J’entends tout d'abord le bruit des motineurs, lointains. Puis je sens la couverture sur mes jambes, la perfusion, et l'oreiller trop mou. Des détails entremêlés, brouillés, qui reconstituent peu à peu un monde dont je ne suis pas certain de la réalité dans l'immédiat -et ce parce que je ne parviens pas à penser, à réfléchir, pour le moment. Je ne peux même pas constater à quel point ma tête est lourde et mes membres engourdis ; je le sais comme un fait simple, une sensation indiscutable qui n’a besoin d'aucun pourquoi ni comment. Je ne suis qu'un corps qui reprend conscience de lui-même avant d'éveiller l'esprit, enveloppe abimée d'une âme égratignée pour qui il est à chaque fois plus difficile d'ouvrir les yeux et fermer les blessures. C'est la sécheresse dans ma gorge qui se manifeste ensuite, et le goût amer de cette sensation pâteuse sur ma langue. L'obscurité dans laquelle je suis plongée depuis des jours prend une subtile teinte rougeâtre -celle de la paupière qui laisse transparaître la lumière. Mais l'origine de cette lumière n’est pas encore importante. Dessous, je peux bouger mes yeux, mais ils demeurent scellés par une fatigue sans nom, un épuisement encore jamais éprouvé, un vide non plus mental mais physique qui fait de douter d'être véritablement conscient -et je ne le suis pas encore. Je suis toujours le picotement au bout de mes doigts, mes lèvres sèches, ma nuque raide. Ce coeur rouillé tente de huiler cette carcasse de ferraille. J’en devine les battements dans mon cou, ma poitrine, ma tête. Ce n'est que lorsque tout paraît en état de marche que le corps prend sens, que je passe de monticule de sensations à quelque chose de plus humain. Alors mon cerveau passe en revue ses archives, des plus anciennes aux plus récentes. Cette vie qui défile devant mes yeux ressemble à un vieux briefing par diapositives avant le réveil afin de s'assurer que chaque chose, chaque souvenir, chaque émotion est à sa place. Les parents, Oliver, Irene, Jodie, Kelya, Enora, James, Gabriella, Lucy, Grace, Joanne, Daniel. Leurs visages se font plus nets, tandis que je me souviens de leurs voix et que j'identifie celle auprès de moi comme appartenant à la femme que j'aime. Et tout le reste n’a toujours pas d'importance pour le moment, à partir de ce constat, car tout ce qui compte est bien qu’elle soit là. Sans pensées parasites, sans énergie pour se remémorer les souvenirs douloureux, c’est le premief, le seul fait concret et palpable qui émerge ; celle que j'aime et que j'aimerai toute ma vie, celle qui fait résonner en moi pareil sentiment avec une intensité inommable, est auprès de moi. Cela est synonyme de sécurité, cela veut dire que je peux me réveiller, et naît ainsi l'impulsion qui me permet de complètement revenir à moi, d'atterrir en douceur dans ce lit, et découvrir l'origine des sensations, de la lumière, du bruit. Il a du tissu blanc sous les doigts d'une de mes mains, et l'autre est logée dans celle de Joanne, toujours un peu tiède. Il y a quelque chose de perturbant dans ma respiration qui me rend particulièrement conscient de chaque inspiration, chaque expiration. Tout est un peu trop clair, trop brillant, mais à force de battre des paupières mes yeux s'ouvrent entièrement. Je trouve Joanne, bel et bien près du lit. Je murmure un “Hey…” en retour qui ne ressemble qu'à un soupir avec un faible sourire. Pourtant je suis si heureux de la voir. Je peine à être attentif, particulièrement occupé à constater qu'elle est définitivement la femme la plus belle qui puisse exister, et la vision la plus agréable qui soit après ce qui ressemble à un long séjour dans le néant. D'un rapide coup d'œil, j’analyse en effet la chambre d'hôpital, pleine d'un tas de matériel impressionant, intimidant, qui laisse indiquer que quelque chose de grave a eu lieu. Mais je n’ai toujours pas l'énergie pour me souvenir. Tout ce qui est douloureux, accumulé depuis des mois, aura tout le temps de remonter à la surface lorsque je serai en état, mais cela serait trop à cet instant. D’abord, j’assimile l’instant présent, et tout ce qu’il y a de perturbant dans le fait de retrouver ses esprits -plus ou moins- dans un endroit pareil. Toute tentative de mouvoir le moindre muscle est avortée rapidement. Ma tête roule lourdement sur le côté afin de constater mon état général. Deux bras, deux jambes, je sens le tout du bout des doigts au bout des orteils et cela est bon signe. En revanche tout l’attirail qui m’entoure demeure particulièrement déstabilisant. “Tout va rarement bien si on est à l'hôpital... Dans une chambre avec autant de tubes…” Mon regard se pose de nouveau sur Joanne. Alors seulement je remarque ses pommettes enflammées, les poches gonflées sous ses yeux rouges, ses paupières irritées par les larmes essuyées à bien des reprises. “Et tu as pleuré…” Cela n’a, en soi, rien d’étonnant de sa part. Néanmoins elle paraît extrêmement soucieuse, assez pour m’inquiéter à mon tour. “Qu'est-ce qu'il s'est passé Joanne ?” je demande finalement, incapable de replonger dans des souvenirs encore flous afin de reconstituer les événements moi-même. Je tente de remonter en arrière, mais je ne me rappelle uniquement ce que je ressentais dans la dernière seconde avant de perdre connaissance ; une peur terrible, une peine toute aussi grande, et l’intensité dangereuse de ces émotions gardées en mémoire ne laissent rien présager de bon.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 13 Oct 2017 - 12:22


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Même avec la plus faible luminosité possible que l'on puisse avoir, on devait facilement être ébloui après avoir été inconscient aussi longtemps. Le temps étant particulièrement radieux, Joanne avait un petit peu baissé les stores afin que les rayons de soleil ne viennent pas directement frapper les paupières du bel homme. Durant sa torpeur, elle avait pris soin de lui, dans la limite de ce qu'elle pouvait faire pour lui. Ce n'était pas grand chose, mais dans ces cas là, chaque geste avait son importance, chaque geste était significatif. Et entendre sa voix, aussi faible pouvait-elle, avec ce rictus que l'on devinait à peine au coin de ses lèvres, était la plus belle récompense qui soit après ces longues heures d'attente. C'était donc avec le sourire aux lèvres qu'elle le laissait constater ce que bon lui semblait. Il regardait son corps, ce qu'il y avait autour de lui. Il pouvait voir tous ces branchages, ce qui, à juste titre, n'était pas de bonne augure pour lui. La petite blonde lui caressait toujours tendrement la main durant cette phase d'observation et d'assimilation. Jusqu'à ce que son regard se pose à nouveau sur elle. Il avait remarqué ses yeux rouges, sa fatigue, et surtout l'inquiétude qui se lisait si aisément sur son visage de porcelaine. Enfin, il posait la question. La raison pour laquelle il était dans un lit d'hôpital, pourquoi la jeune femme avait pleuré si longtemps. Joanne s'installa au bord de son lit, ne lâchant sous aucun prétexte sa main. Elle prit un long moment pour trouver les mots, les phrases, que tout soit simple et clair pour lui. Inutile de se lancer dans les détails pour le moment, il fallait se contenter des faits, qui étaient déjà suffisamment difficiles à assimiler et accepter. Joanne sentait sa gorge se serrer, les larmes remonter à nouveau en se remémorant tout simplement ce qui lui était arrivé. "Tu as fait... Une crise cardiaque. Enfin ici, ils n'appellent pas ça comme ça, ils parlent d'infarctus du myocarde." Son visage se crispait légèrement, attristée par ce qu'elle allait annoncer ensuite. "Et... Et ton coeur s'est arrêté, pendant plusieurs minutes." Joanne passait sa main libre sur ses joues afin d'y essuyer une nouvelle fois ses larmes. Elle marquait une longue pause pour lui laisser le temps. De comprendre, de se souvenir, peut-être. "C'est Hassan qui a appelé les secours, qui ont réussi à te réanimer, et quand tu es arrivé ici, ils t'ont pris directement au bloc pour te prendre en charge." Joanne baissait la tête, hoquetait de temps en temps. Ses doigts vinrent ensuite caresser doucement sa joue, le regard toujours bien humide mais très tendre. "Alors oui, tout va bien. Tout va bien parce que tu es en vie, parce que tu es revenu." Joanne avait été particulièrement tentée de lui dire "parce que tu m'es revenu", mais elle s'était rattrapé au dernier moment. Elle se permit ensuite de poser sa tête sur son torse, sans pour autant y mettre tout son poids. Un signe d'affection particulièrement intime, mais dont Joanne ne pouvait pas se passer. Elle entendait son coeur et elle se dit alors qu'il n'y avait pas plus beau bruit que d'écoutait un coeur battre, surtout après ce que Jamie avait traversé. Cela signifiait qu'il était bel et bien là, bien en vie, et qu'il ne fallait plus croire que ça n'arrivait qu'aux autres. Ce son l'apaisait, la détendait, calmait son chagrin et ses angoisses. Elle ne pouvait s'empêcher de se rappeler de ce que lui avait dit Ginny; et si, un jour, tout se terminait du jour ou lendemain ? Avec qui voudrait-elle être dans ce cas-là ? Elle se redressait au bout de quelques minutes. "Mais les médecins m'ont dit qu'une fois que tu serais réveillé, ils vont t'enlever beaucoup de choses de tout ça. Ils m'ont dit qu'il fallait avant tout te surveiller de très près les premières heures, et que dès que tu mangeras et boiras à nouveau, ils te débarrasseront de toutes ces perfusions. Ca fera des tubes en moins." dit-elle avec un sourire. A dire vrai, Joanne avait hâte de le voir avec moins d'appareillage, moins de perfusion. Elle savait qu'il allait encore garder le monitoring quelques jours, mais le reste, il pourra très bientôt s'en passer. "Comment te sens-tu ?" lui demanda-t-elle avec douceur, déposant un nouveau baiser sur sa main. Les médecins avaient assuré à Joanne qu'avec un petit temps de réadaptation, il pourra reprendre les mêmes activités qu'auparavant s'il suivait avec observance un traitement qu'il allait très certainement avoir à vie. "Tu veux boire quelque chose ? Peut-être manger ? Je peux aller demander aux infirmières si c'est possible, si tu veux." Et au moment même où la jeune femme lui posait cette question, le chirurgien entrait dans sa chambre, ayant vu à travers les vitres qu'il était réveillé. "Mr. Keynes, je suis le Dr. Stevenson, celui qui vous opéré." dit-il en s'approchant du lit. "Je suppose que Miss Prescott vous a expliqué dans les grandes ce qu'il s'est passé. Vous avez été particulièrement chanceux. Mais les séquelles sont vraiment minimes, ce qui, je ne le cache, m'a surpris, vous devriez être remis sur pieds d'ici peu." expliqua-t-il. "Vos constantes ont toujours été stables depuis le retour de bloc, et si vous buvez et mangez sans soucis, on va pouvoir vous retirez vos perfusions – enfin nous allons au moins en garder une, et la voie veineuse centrale, vous serez plus libre de vos mouvements comme ça." dit-il avec un sourire, confiant. "L'infirmière va vous ramener un peu d'eau fraîche pour commencer et on verra comment ça se passe durant les prochaines heures. Et..." Il mit les mains dans ses poches. "Je repasserai, de toute façon, nous verrons le moment." dit-il avec un sourire en s'approchant de la porte, plutôt optimiste. "A plus tard. Si vous avez des questions, n'hésitez pas."
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 13 Oct 2017 - 16:29


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Dire que je redoute l’information est un euphémisme, pourtant je ne peux pas tout simplement revenir à ma vie en demeurant dans l’ignorance -on ne me le permettrait pas. En réalité, je crains de connaître la vérité autant que j’en ressens le besoin. Cela ressemble à la pire gueule de bois que l’on puisse vivre un jour, le moment où l’on se réveille sans se souvenir de la veille ; quand on sait parfaitement que bien des choses inavouables ont eu lieu, qu’une partie de vous ne souhaite pas s’en rappeler, et l’autre commence déjà à réunir des indices. Mon unique indice est le visage tiré de Joanne, les litres de larmes que je la devine avoir pleuré, et toutes ces machines qui m’entourent. La simple évocation de ce qu’il s’est passé rend la jeune femme particulièrement émotive ; elle lâche la bombe sans faire dans la dentelle, sans tourner autour du pot. Soudainement un poids semble me tomber sur le corps et m’enfoncer un peu plus dans le lit, un coup sur la tête m’étourdit, et ce coeur défaillant se serre momentanément. “...quoi?” Crise cardiaque. Puis un arrêt. Plusieurs minutes sans vie. Simplement le savoir est terrifiant. Me revient en mémoire la vive douleur irradiant dans ma poitrine lorsque cela a eu lieu. Je me souviens alors de la difficulté à respirer, puis à penser, et enfin à demeurer conscient. Et je me souviens que de là venait la peur, la panique, avant qu’il n’y ait plus rien. Je pensais d’abord faire un malaise, puis la douleur m’avait fait prendre conscience de la vérité. C’était autre chose de l’entendre de la bouche de Joanne, de vive voix, et surtout, après avoir survécu, C’était déstabilisant, un véritable choc. Je ne sais pas pourquoi je m’attends à me réveiller à nouveau, dans mon lit cette fois, soulagé que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve ; le regard de la jeune femme, le toucher de sa main sur ma joue sont bien trop réels. Ses larmes, la tendresse dans ses yeux… Jamais je n’aurais cru, ou espéré, qu’elle soit aussi affectée et aussi affectueuse avec moi. Elle dépose sa tête sur mon torse, écoute mon coeur pendant de longues minutes. Je glisse timidement une main dans ses cheveux. Tout ceci est beaucoup, tout à coup. Joanne m’assure finalement que l’on me retirera quelques uns de ces tubes bientôt, ce qui est un petit soulagement bienvenu. Quoi qu’il en soit, il est un peu tôt pour savoir comment je me sens. Vaporeux, sonné, choqué, vidé… Tout cela à la fois. “Je ne sais pas…” Un peu comme si je m’étais fait écraser par un troupeau de buffles après avoir perdu un match contre un kangourou ; comme si un camion m’avait traîné sur la route sur cent kilomètres ; comme passé au rouleau compresseur. Mais surtout, fiable et vulnérable, aussi vide et fragile qu’un vase au bord d’un guéridon. En pleine assimilation, j’ai bien plus la nausée que d'appétit. Je rêve d’un bol d’air frais, néanmoins je doute d’être autorisé à sortir de cette chambre de sitôt. Je suis un peu plus projeté dans cette nouvelle réalité qui est mienne dès lors que le chirurgien qui s’est chargé de moi entre dans la chambre. L’esprit encore embrumé et trop perturbé pour tout comprendre, je ne saisis que quelques bribes capables de me rassurer. Séquelles minimes. Il est difficile de s’imaginer dénué de tout battement de coeur, partir puis revenir, ou sur la table d’opération. Lorsqu’une infirmière apparaît avec un verre d’eau, ma gorge sèche et serrée parvient à peine à émettre un remerciement. Ce simple gobelet m’a l’air de peser si lourd, néanmoins je le termine en quelques grandes gorgées. Il me reste entre les doigts et mon regard, bas, reste fixé dessus tandis que je tripote nerveusement le plastique. Un long moment passe sans que je ne dise quoi que ce soit. Mon esprit rabâche, tente de comprendre ce qui paraît inexplicable, irréel. “Alors… mon coeur s’est arrêté.” je murmure. Là encore, l’articuler fait prendre à cet événement une autre dimension. “...j’aurais pu mourir.” Cela n’arrive toujours qu’aux autres. Cela n’arrive pas aux personnes comme moi. Peut-être est-ce le plus difficile à avaler. J’ai toujours tellement pris soin de ma santé, j’ai toujours été ce roc cloué au lit par une maladie une fois tous les deux ans. Et désormais je dois craindre une nouvelle attaque à tout instant ? C’est inimaginable, c’est impossible. C’est injuste. Mais je soupire, résigné. je cesse de torturer le gobelet et le pose sur la tablette près du lit. Mon regard retrouve celui de Joanne, et comme à chaque fois depuis mon réveil, je prie pour que le moniteur ne trahisse pas la véritable allure de mon coeur lorsque je la vois près de moi. Je ne peux tout simplement pas le cacher. “Où est Daniel ? Est-ce que je peux le voir ?” je demande, ressentant le besoin de le voir, lui aussi, d’entendre sa voix, de l’avoir dans mes bras, sans me poser de plus amples questions. J’ai besoin de quelqu’un pour qui être plus fort que cela. J’ai besoin de lui, d’eux deux.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 13 Oct 2017 - 17:47


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Annoncer de telles nouvelles n'avait rien de plaisant et Joanne ne se voyait pas y aller par quatre chemins. Cela ne rendrait pas la chose plus tolérable ou plus entendable. Il avait besoin de savoir ce qu'il s'était passé et elle le lui avait expliqué dans les grandes lignes. C'était toujours très difficile à avalaer, surtout pour une personne habituellement si solide que lui. Là, il était arrivé à un extrême. Son coeur s'était arrêté de battre pendant plusieurs minutes, il était sans vie pendant tout ce temps. Hébété, elle lui laissait tout le temps nécessaire pour accepter ce fait, l'explication de sa présence dans un lit d'hôpital, aussi méticuleusement surveillé par tout un tas d'appareillage. La jeune femme avait fini par déposer son oreille sur son torse, se laissant volontiers hypnotiser par le coeur qui battait dans sa poitrine. Un frisson particulièrement agréable parcourut son échine lorsque Jamie glissait avec timidité ses doigts dans ses cheveux. Si elle était restée ainsi, et que lui s'était mise à caresser ses cheveux, elle se serait très certainement endormie. Elle était épuisée, d'avoir attendu aux urgences, puis qu'il se réveille, sachant qu'elle avait à peine mangé. Elle était également bien plus sereine, soulagée. Toutes les conditions étaient réunies pour qu'elle se repose un peu, mais elle était persuadée qu'elle devait rester éveillée pour pouvoir rester avec lui, lui tenir compagnie. Difficile pour Jamie de décrire comment il se sentait, au fond de son lit, branché de partout, après avoir appris ce qu'il avait vraiment vécu. Il semblait confus et particulièrement déstabilisé. Après la visite du chirurgien, une soignante était entrée dans la chambre pour lui donner un verre d'eau fraîche qu'il pouvait boire à sa guise. Il le vida sans problème, et gardait le gobelet en main, ayant un soudain moment d'absence. Joanne l'observait avec attention, elle caressait la main qu'elle lui tenait. Peu à peu, il réalisait. "Mais il est reparti. Et tu es là... Tu es bel et bien là." lui répondit-elle tout aussi bas avec un sourire, émue aux larmes une nouvelle fois. Le regard de Jamie se posait sur elle. Peut-être était-ce déjà le cas avant, mais il semblait qu'à ce moment, le bip du moniteur qui marquait la fréquence cardiaque, s'était sensiblement accélérer. L'entendre fit doucement sourire la jeune femme, un brin amusé. Et dire qu'une machine reliait à lui le trahissait en dévoilant ses sentiments à sa place. "Je voulais attendre que tu te réveilles pour le ramener. J'ai demandé à Irene de le récupérer à la crèche dès que j'ai su qu'il t'était arrivé quelque chose." expliqua-t-elle. "J'ai attendu aux urgences, et j'ai attendu que tu te réveilles. Je serais restée, qu'importe le temps que tu aurais pris pour te réveiller." C'était bien pour ça qu'Hassan avait préféré renoncer à elle, il savait pertinemment qu'elle se serait totalement oubliée si lui avait été resté des mois et des mois à l'hôpital. Tout comme elle n'avait pas encore confessé à Jamie qu'elle avait posé plusieurs jours de congés payés pour pouvoir rester avec lui. La fin de l'année allait être intense en charge de travail mais ça ne lui faisait pas peur. "Je vais tout de même demander aux infirmières, mais je pense qu'il ne devrait pas y avoir de soucis. J'en profiterai juste pour prendre une douche, aller voir les chiens, les quatre." Joanne se leva du lit afin d'aller fouiller dans les affaires de Jamie pour retrouver les clés de sa maison à Bayside. De toute façon, il ne pouvait pas l'empêcher de le faire et elle était bien déterminée à s'assurer que tout le monde aille bien. "Je fais au plus vite." Elle récupéra son sac à main. Alors qu'elle tenait la poignée de la porte, prête à faire tout ce qu'elle avait à faire, elle regardait avec affection Jamie. Et une étrange pensée lui traversa l'esprit: et si ce moment, c'était le dernier ? Tout était encore trop récent et elle craignait que ça ne lui retombe dessus dans la seconde. Il fallait qu'il sache. C'était alors sans hésitation et sans se poser davantage de questions qu'elle s'approcha de lui afin de déposer tendrement ses lèvres sur les siennes. Elle effleurait sa joue du bout des doigts. Un baiser sur la joue, sur le front, sur le coin de la bouche, n'aurait pas pu décrire ce qu'elle ressentait véritablement à ce moment là. Qu'importe si le monitoring semblait déconner un petit peu le temps de ce contact tellement les bips s'accéléraient. Elle en avait envie depuis qu'il avait ouvert les yeux. Elle n'avait pas les mots, elle en manquait après avoir si peu dormi ces dernières heures. Que son regard à lui soit surpris, choqué, dubitatif ou perplexe, elle, elle souriait. En sortant de la chambre, elle passait ses dents sur sa lèvre inférieure, particulièrement satisfaite. Peut-être même heureuse de l'avoir fait. Il le fallait. Et comme elle l'avait dit à Jamie, elle fit un détour par Bayside pour nourrir Ben et Milo et remplir leurs gamelles de croquettes, puis par Toowong où elle se douchait en vitesse et sortait rapidement ses deux bergers suisses. Elle avait nettoyé les quelques accidents dans le salon – elle ne pouvait pas leur en tenir rigueur, pas après les avoir aussi peu sortis. Elle avait contacté sa baby-sitter pour voir si elle pouvait passer de temps en temps les voir, ce qu'elle accepta. Elle n'avait même pas pris le temps de manger. Joanne n'avait même pas pris le temps de se sécher les cheveux fraîchement lavés lorsqu'elle était passée chez Irene pour récupérer son fils, qui, dès qu'il avait pu être dans ses bras, s'agrippait contre elle comme un petit koala, bien déterminé à ne plus la lâcher avant un petit moment. Et elle était à nouveau sur la route pour l'hôpital. "Papa est malade." lui avait-elle expliqué en tentant d'employer les mots les plus simples. "Il est fatigué, alors tu ne pourras pas jouer avec lui. Je pense surtout qu'il a besoin d'un gros câlin. Tu penses que tu peux faire ça ?" Le petit garçon acquiesça d'un signe de tête, les yeux pétillants à l'idée de revoir son père. "Regarde qui est là !" dit-elle à Jamie une fois qu'elle entrait dans la chambre. Daniel était particulièrement ravi, si bien que Joanne devait lui répéter plusieurs fois d'être calme, de faire doucement. Elle avait aidé Jamie à se redresser et avait fait remonter un peu la partie haute de son lit afin qu'il puisse au moins être en position demi-assise. Joanne s'était chargée de faire attention à tous les fils auxquels il était encore raccordé. Elle espérait qu'on en lui enlève un petit peu au plus tôt, afin qu'il soit un peu plus libre de ses mouvements. Daniel restait pendant de longues minutes blotti contre son père, tous les deux semblaient si apaisés. Réinstallée sur sa chaise, Joanne les regardait tous les deux avec affection.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyMar 17 Oct 2017 - 15:20


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Un hôpital n’est pas vraiment une place pour un tout petit comme Daniel, alors je ne suis pas étonné que Joanne ait préféré le donner à garder plutôt que de le prendre avec elle ici. D'autant plus si l'attente fut longue, d'abord aux urgences, puis dans le service ; le garçon se serait bien ennuyé et aurait trouvé le temps fort long. Il était sûrement bien mieux avec Irene. Ces deux là s’adoraient, et auprès d'elle, il n’avait aucun souci à se faire, de même que sa mère ; il est entre de bonnes mains. Alors cela est peut-être égoïste de demander à le voir, de le réclamer de la sorte une fois réveillé. Cela pourrait attendre encore quelques heures, peut-être des jours, afin que Daniel n’ait pas à subir l'ambiance du bâtiment, un père encore exténué et tous ces tubes particulièrement impressionnants. Joanne ne me le refuse pas pourtant, et je me fie à son jugement à ce sujet ; si elle accepte d'aller le chercher chez Irene alors c'est que je peux le voir à ses yeux. Je la remercie d'un signe de tête avant qu'elle ne s'en aille. Du moins pensais-je qu'elle partirait, et non qu'elle approcherait du lit, de moi, de mon visage. Et jamais n'aurais-je prédit un seul instant le baiser qu'elle dépose sur mes lèvres et qui affole les machines traduisant mon rythme cardiaque. J’aimerais pouvoir réagir, prendre son visage dans mes mains, les glisser dans ses cheveux, et prolonger ce contact qui stoppe le temps trop furtivement. Je ne sais pas ce que signifiait le baiser qu'elle m'avait donné, chez elle, la dernière fois que nous nous sommes vus. Je ne sais pas pas non plus quelles sont les pensées de la jeune femme derrière celui-ci, mais cette fois, cela n’a pas d'importance. Je le voulais depuis le réveil, je n'osais tout simplement pas l'espérer. Elle sourit tandis que je réalise à peine, et je souris alors qu'elle s’en va, pinçant mes lèvres encore chaudes de cette empreinte. À peine Joanne est-elle sortie qu'une infirmière entre. “Tout va bien ?” demande-t-elle, alertée par les sons aléatoires du monitoring. “Parfaitement bien.” je réponds, déjà quasiment rendormi. C'était le baiser le plus sincère, le plus affectueux que Joanne m’ait donné depuis un an, et je ferme les yeux en me laissant bercer par la douceur de ce souvenir se jouant en boucle. Je me réveille un peu avant le retour de la petite blonde, réalisant qu'une foule de personnes devaient être mises au courant de ce qu'il s'était passé -Jodie, le travail, les Beauregard, Ginny- et que je n'ai pas la moindre idée s'ils ont été prévus ou non. Que je ne sais pas quel jour nous sommes, combien de temps j'ai été inconscient, et quand est-ce que je pourrai retourner à la rédaction. Ma tête est bel et bien active désormais, toutes les pensées s'éveillent, me balottent comme les vagues d'une mer agitée. Plus tard, me dis-je en voyant la bouille de mon fils. Tout peut attendre plus tard. Nous échangeons un grand sourire, voilà encore trop longtemps que nous ne nous sommes pas vus par ma faute. Avec la plus grande délicatesse, Daniel est déposé dans mes bras, sur le lit, et il se blottit là sagement -même si ce petit curieux meurs d'envie de tout inspecter, tripoter, analyser et assommer de pourquoi ? qui nous demanderaient plus d'énergie que nous en avons actuellement. “Papa est malade ? Où tu as mal ?” qu'il demande, assez inquiet tout de même. La dernière fois qu'il fut lui-même malade avait été une expérience assez effrayante pour tout le monde. Au moins, aucun membre de cette famille ne fait perdre du temps aux urgentistes avec des bleus. “Au coeur, mais ça va mieux. Tu as été sage avec ta marraine j'espère.” Oui, oui, fait-il en secouant vivement la tête, mais il balaye immédiatement le sujet qui n'est pas aussi important, sur le moment, que son père dans un lit d'hôpital. “Tu rentres à la maison ?” Difficile à dire, puisqu'il n'y a plus de maison, de foyer à nous trois depuis des mois. Mais le chez maman, chez papa, cela est une nuance qui n’est pas encore acquise. “Je ne sais pas, trésor.” je préfère dire en caressant sa tête. Puis je dépose un baiser sur le sommet de son crâne. “Mais je sais que plus jamais je ne serais aussi loin de toi.” Loin dans la durée, loin dans la distance, loin… tout court. Il est si stupide d’avoir besoin d’un tel électrochoc pour prendre les décisions nécessaires, comprendre qu’il n’y a pas de temps à perdre en doutes, que tout ce que je ne vis pas aujourd’hui avec mon fils ne se rattrapera pas. Que c’est maintenant ou jamais. Il n’est plus question de passer des semaines,des mois sans le voir, d’abréger nos moments, de lui faire de la peine de cette manière, de nous faire du mal à tous. Et si j’étais parti pour de bon, quel souvenir aurait-il gardé de moi? En aurait-il seulement eu ? “Je t'aime fort, tu sais ?” je souffle tout bas en le serrant un peu plus fort -aussi fort que je le peux en tout cas. Il acquiesce silencieusement, si tendre et sage. Alors que le silence prend possession des lieux, mon regard se lève timidement vers Joanne, assise tout près de nous. Il nous faudra parler de ce baiser, plus tard. Il me faudra aussi remercier Hassan, ce qui attendra également que j’ai retrouvé un peu de forces. Mais pour le moment, j’apprécie l’instant, la parenthèse ; juste nous trois ici, l’affection flottante dans l’air, et le soulagement, quelque part, de pouvoir être ensemble, d’avoir près de moi les deux personnes qui comptent le plus au monde. Mon regard s’est égaré sur les traits du visage de Joanne, sur sa bouche lorsque je songe au baiser qu’elle m’a donné tout à l’heure, dans ses iris bleus, songeant, rêvant, avec un fin sourire. Lorsque Daniel ne tient plus vraiment en place, la jeune femme vient le récupérer. Difficile de trouver de quoi l’occuper dans une chambre d’hôpital, mais quelques feuilles et un stylo trouvé au fond d’un sac feront l’affaire pour improviser un dessin. “Comment va Irene ? Est-ce que Jodie est au courant ?” je demande finalement à Joanne une fois le petit occupé non loin. J’imagine Irene inquiète comme tout, et Jodie, qui sait si quelqu’un a pensé à la prévenir. Je m’imagine déjà devoir répondre à des dizaines de questions à propos de cette attaque auxquelles je ne pourrais ou je voudrais pas répondre. Pourquoi ? Comment ? Après tout, cette situation est encore un peu irréaliste pour moi. Je n’en réalise pas toutes les causes, et encore moins les conséquences.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyMar 17 Oct 2017 - 18:13


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Durant tout le trajet, et plus particulièrement sous la douche, Joanne songeait au baiser qu'elle avait donné à Jamie. Et elle ne regrettait rien, elle se sentait même bien à l'idée de l'avoir fait, se surprenant elle-même d'avoir été si spontanée. Jamie ne semblait pas réfractaire, quoi que surpris de cette démarche, si bien qu'il n'avait pas su faire quoi que ce soit si ce n'est d'y répondre. Elle adorait la douceur de ses lèvres, la capacité qu'il avait à transmettre, par ce simple contact, tous les mots qu'il ne parvenait pas à prononcer. Elle ne craignait pas l'après, le fait de revenir auprès de lui après avoir pris le temps de s'occuper des chiens et d'aller chercher Daniel. Ce baiser-là, elle savait qu'elle parviendrait à l'epliquer le moment venu, s'il le désirait. Mais ce n'était pas encore la question du jour. Pour le moment, il fallait organiser ces petites retrouvailles, permettre à Jamie de voir son fils, surtout après avoir vécu une telle expérience. Forcément, le petit était aussi bien enthousiaste, sinon plus, à l'idée de voir son père. Joanne lui confia Daniel en faisant bien attention à tous les fils auxquels le brun était relié. Elle s'était ensuite permise de s'asseoir à nouveau à côté du lit, en veillant toujours à ce que le petit ne touche pas à tout et n'importe quoi. Bien sûr que tout ceci le rendait particulièrement curieux, mais il voulait avant tout entendre de son père ce qu'il avait. Ca devrait être perturbant pour lui, une image pareille en entrant dans une chambre, même s'il n'en aura certainement pas le souvenir quand il sera plus grand. Son papa, cette figure forte, était au fond d'un lit d'hôpital, donc forcément, Daniel se posait beaucoup de questions malgré son jeune âge. Mais voir son père si calme, si serein, plutôt en forme après ce qu'il avait traversé détendait le petit qui ne pensait plus qu'à se blottir contre lui ensuite. Il voulait voir son père rentrer à la maison. Mais quelle maison ? Joanne s'était déjà mise en tête de s'occuper de Jamie une fois qu'il pourra sortir de l'hôpital. Soit chez lui, soit chez elle, qu'importe, mais elle savait qu'il allait avoir besoin d'un frein car il chercherait forcément à retrouver le même rythme qu'avant alors qu'un temps de réadaptation était à faire et à ne surtout pas négliger. Mais ce n'était pas à l'ordre du jour non plus. Pendant qu'il conversait avec Daniel, la petite blonde s'était permise de poser les bras sur son matelas, et d'y appuyer sa tête en fermant les yeux quelques minutes. Maintenant que toute l'attente, tout le stress, toute l'angoisse étaient parties, elle commençait à ressentir un petit peu de fatigue. Elle n'avait pas arrêté, depuis l'appel d'Hassan. Parfois elle rouvrait ses paupières pour les observer avec tendresse. Elle était bien là, avec eux. Joanne ne restait pas bien longtemps dans cette position, elle se redressa afin de continuer à les regarder. Jusqu'à ce que les yeux de Jamie se lèvent enfin sur elle, avec une certaine timidité, peut-être même un peu de pudeur. Un léger rictus étirait ses lèvres roses, ses yeux bleus étaient bourrés d'affection alors que les iris de Jamie parcouraient les moindre traits de son visage. Elle ne parvenait pas à décrypter ce à quoi il pouvait penser. Cela n'avait pas l'air très négatif en tout. Elle savait bien qu'il voudrait parler de ce baiser, de sa signification. Daniel commençait à s'agiter et l'on avait vit trouvé le moyen de l'occuper un peu dans son coin. Il aimait beaucoup dessiner, bien que ce soit encore particulièrement abstrait. Joanne avait perdu le compte du nombre de feuilles de papier qu'il avait déjà gribouillé de part en part. Une fois qu'il était occupé dans son coin, Joanne revenait auprès de Jamie et elle lui avait délicatement repris la main. "Irene va bien, elle s'inquiète beaucoup pour toi. Je pense qu'elle viendra te rendre visite." commença-t-elle à lui répondre. "Et... Je n'ai pas les coordonnées de Jodie, je ne pense pas qu'elle soit au courant." Et à vrai dire, Joanne se voyait très mal être celle qui l'en informerait. Leur dernière rencontre était particulièrement tendue et loin d'être naturelle, la petite blonde n'était pas certaine qu'elles se soient quittées en très bons termes ce jour-là. "Je peux l'appeler ou lui envoyer un message, si tu veux." lui proposa-t-elle, ayant bien conscience qu'il tenait à ce que cette femme, chère à ses yeux, soit informée de la situation. "Dans un moment de lucidité, j'ai juste pris le temps d'appeler Vee, je me suis dit qu'elle saurait quoi faire par rapport à ton travail. Je n'ai pas dit ce qu'il s'était passé, je me suis dit que tu voudrais peut-être être assez sélectif sur les personnes à qui tu voudrais en parler." Néanmoins Vee avait pu deviné au timbre de voix de la petite blonde que c'était particulièrement grave mais elle n'avait pas insisté pour avoir de plus amples informations, ne voulant pas bouleverser Joanne davantage. "Tu te souviens si tu avais ton téléphone sur toi ? Je peux récupérer son numéro et lui laisser un message." dit-elle en regardant les affait de Jamie déposées sur un fauteuil. Après avoir eu sa réponse, elle guida sa main jusqu'à son visage afin qu'elle puisse y aposer sa joue, s'appuyer contre sa paume. Le surplus de fatigue se faisait clairement sentir au vue des larmes qui se coulaient le long de ses joues. Mais sa main était chaude et sa tendresse bien réelle. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer comment les choses auraient si tout avait été différent, s'il n'était pas là, à côté d'elle, bien en vie. Ca se jouait à trois fois rien, à la présence d'Hassan, aux réflexes qu'il avait eu pour lui sauver la vie. Quelques minutes seulement. Après avoir hoqueté quelques fois, elle prit une profonde inspiration afin de retrouver son calme. Ces larmes là n'avaient plus lieu d'être. "Pardon." lui souffla-t-elle tout bas. "C'est juste que... Je n'aime plus vraiment le mois de septembre désormais." Elle marqua une courte pause avant de reprendre. "Ca fait un an que Nanny est partie, et... Maintenant ce qu'il vient de t'arriver, ça fait beaucoup à gérer d'un coup." Elle soupira. "Je suis tellement heureuse que tu sois là, que tu ailles bien." Une phrase qu'elle allait très certainement répéter de très nombreuses fois, mais cela serait tout aussi sincère à chaque fois. "J'ai pu poser ce qu'il me reste de vacances sur l'année-ci, pour pouvoir passer et rester avec toi, t'aider une fois que tu pourras sortir de l'hôpital. Je pourrai venir avec Daniel tous les jours si tu veux passer du temps avec lui. Je dois juste m'arranger avec la crèche, mais ça ne devrait pas poser problème." Et elle voulait passer du temps avec Jamie, c'était évident. Elle n'avait pas hésité un seul instant à appeler Simon pour lui demander cette faveur, tout était déjà bien préparé dans sa tête, en espérant que cela convienne à Jamie. Si ce n'était pas le cas, elle savait qu'ils trouveraient un moyen de s'arranger mais Joanne était particulièrement déterminée à ne pas le laisser tout seul les prochains jours.  
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 20 Oct 2017 - 20:25


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Irene finira par débouler ici, cela est certain, et c'est véritablement une personne que je souhaite avoir à mes côtés en ce moment, de même que Jodie dont je redoute également la réaction ; toutes deux ne me connaissent que comme une figure forte et protectrice, l'épaule sur laquelle s'appuyer, pleurer et retrouver du courage, le frère, l'ami, car c'est image que j'ai nourrie par bien des efforts dans des moments où il fallait se montrer plus résistant que je ne pensais l'être. Au final, à leur contact, avec le temps et les épreuves endurées ensemble, j'ai compris que je savais encaisser, que je savais prendre sur moi pour ceux qui comptent, ceux qui en ont besoin. Aujourd'hui, il s'avère que c'est à mon tour d'avoir besoin d'elle, d'être entouré de ces femmes de ma vie comme elles ont pu compter sur ma présence avant ce jour. Je n'ai jamais aimé m'appuyer sur qui que ce soit, Dieu sait, et surtout elles, savent à quel point l'idée d'être vulnérable m'est insupportable, autant que d'être sujet à la moindre entrave, le moindre obstacle que je ne puisse dégager d'un coup de coude. Et c'est pourquoi je veux croire que tout ceci est une nouvelle épreuve que je peux surmonter, peut-être pas seul, mais rapidement. Je minimise, je me revois au travail dans une semaine grand maximum, prêt à reprendre mes taches où je les avait laissées. Je n'imagine pas ma vie affectée par cet incident. Seulement le regard des autres. « Cela finira par se savoir absolument partout tôt ou tard de toute manière. » dis-je en haussant les épaules. Je serai le type qui a eu une attaque avant quarante ans, et peut-être me verra-t-on comme un homme fait en verre, fragile et à manipuler avec délicatesse. Cela inspirera sûrement de la compassion dans un premier temps, et une fois encore, ce sera à moi de leur donner tort, de relever le menton. Voilà un cas de figure qui me fatigue d'avance, me dépite, me lasse. Ne cesse-t-on jamais de devoir faire ses preuves ? Je soupire, incapable de remonter assez loin dans le souvenir des événements pour savoir ce que j'ai fait de mon téléphone afin que Joanne puisse contacter Jodie -si Irene ne l'a pas fait avant. « Je ne sais pas. Peut-être dans mon sac, ou dans ma veste, je ne suis pas sûr. » Quoi qu'il en soit, ce sont les deux endroits où il est supposé se trouver la majeure partie du temps. Après avoir mis la main sur l'appareil et laissé un message à la Lady, la jeune femme revient s'asseoir sur le bord du lit, sa main tiède sur ma joue, si soudainement bouleversé que je ne sais comment réagir ni quoi en penser. Doucement, je prends cette main dans la mienne et la retire de mon visage ; je la serre contre moi, sur la cage d'os où bat mon coeur -une sensation qui n'a jamais été aussi réconfortante. « Je suis plutôt content d'être là aussi. » dis-je avec un fin sourire, espérant qu'elle m'en donne un en retour et non d'autres larmes. J'aurais pu mourir ; l'idée fait son chemin, l'écho prend sa place dans mon esprit, mon corps ne me le rappelle que trop bien. Tout aurait pu s'arrêter là, et je les aurais perdus pour toujours. La petite blonde a décidé de se dédier à ma compagnie et ma santé en prenant congé de son travail pour le temps dont j'aurais besoin, et même si l'intention me touche tout particulièrement, une partie de moi ne saisit pas pourquoi mon ex-fiancée avec qui les contacts se sont tant raréfiés prendrait une telle peine alors qu'à voir notre relation, cette tâche incomberait plutôt à Irene et Jodie. Je ne suis plus censé être aussi important à ses yeux, du moins, je crois. « Mais Joanne… J'apprécie beaucoup mais ce n'est vraiment pas nécessaire. Je vais sûrement passer les prochains jours dans un état proche du légume et que tu prennes des congés pour ça n'a vraiment pas grand intérêt. Et Daniel a sûrement besoin de conserver son rythme, ses habitudes, pour que tout ça ne le perturbe pas trop. » La dernière chose que je souhaite, c'est que mon fils garde un souvenir trop marquant de cet événement, voire un souvenir tout court. Je ne veux pas qu'il sente que quelque chose de grave a eu lieu, qu'il aurait pu perdre son père. Il n'est pas en âge de comprendre, mais les enfants savent deviner, ressentir et avoir de l'empathie pour leurs parents à un degré capable de leur nuire. Il n'est pas question que tout ceci l'atteigne alors qu'il est encore délicat pour lui de saisir la séparation de ses parents. « Tu pourrais aller au travail normalement et passer ici le soir avec Daniel, ça serait suffisant et ça me ferait plaisir. » je reprends, à la recherche d'un bon compromis qui ne mette la vie de personne en suspend pour moi. « De toute manière, je ne compte pas m'éterniser à l'hôpital. Dès que ça ira mieux, d'ici quelques jours, la vie reprendra son cours. » A dire vrai, je me vois avec un ordinateur portable sur les genoux d'ici deux jours et une oreillette pour les coups de fil afin de reprendre le travail à distance, car il n'est pas question d'être absent bien longtemps si fraîchement arrivé en poste. Mais le médecin que je vois dans le coin de la porte, attendant patiemment un moment de la conversation où il pourrait marquer sa présence sans se montrer trop intrusif, ne m'a pas l'air de cet avis. « N'est-ce pas ?... » je demande alors, l'invitant à entrer, et donner cette opinion qui lui fait froncer les sourcils si sévèrement.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 20 Oct 2017 - 21:13


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Qu'importe à la vitesse à laquelle l'information sur l'état de santé allait se propager, Joanne ne tenait pas à en être l'instigatrice. Elle s'était dit que Jamie aurait fini par lui en vouloir, étant donné qu'il avait horreur de montrer un état de faiblesse. Cette faiblesse, il ne la montrait qu'à très peu de personnes et la petite blonde en faisait partie. Elle tenait à lui laisser une certaine main-mise sur cette nouvelle, il pourra juger à l'avenir à qui il voudra en parler ou non. Mais elle le voyait déjà minimiser, rien qu'avec le détachement dans sa réaction alors qu'il savait que la nouvelle allait s'épandre à vivre allure, un jour ou l'autre. Tenant à informer ses proches de son hospitalisation, ils finirent par retrouver son portable afin d'envoyer un message à Jodie. Peinant toujours à réaliser tout ce qu'il s'était passé, et surtout à la vitesse à laquelle il s'est remis d'un tel problème médical, l'état de fatigue de Joanne ne lui permettait pas de ravaler ses larmes. Le bel homme prit délicatement sa main afin de la serrer contre son torse, où il y avait son coeur qui battait. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire à sa remarque. L'entendre parler, le sentir respirer, la regarder, tous ces petits détails, toutes ces évidences devenaient alors d'une très grande importance. Le genre de choses dont on ne faisait pas attention auparavant et il y avait besoin d'un véritable électrochoc pour en saisir l'importance. Il n'y avait pas le temps de négliger ce genre d'attentions. C'était pour cela que Joanne avait demandé à son supérieur s'il y avait la possibilité de prendre des congés, même cela signifiait qu'elle allait enchaîner jusqu'à la fin de l'année. Ca ne l'effrayait pas. Cependant, les intentions de Joanne ne semblaient pas pleinement satisfaire le premier concerné, qui tentait de le lui faire comprendre avec le plus de délicatesse possible – parce qu'il la connaissait un peu trop bien. Et bien que ses arguments étaient tout à fait entendus par la jeune femme et qu'elle le comprenait, cela n'empêchait pas le fait qu'elle en soit un peu attristée. Qu'une nouvelle fois, une de ses idées, ne convienne finalement pas. Elle sentait ses doigts devenir nerveux. Or, elle ne pouvait pas jouer avec étant donné que l'une de ses mains était toujours dans celle de Jamie. "Je ne comptais pas perturber son rythme." lui assura-t-elle de sa voix douce, avec un sourire. Le problème, c'était que Joanne ignorait si elle était capable de travailler efficacement si elle savait Jamie toujours hospitalisé. Elle aurait ses yeux constamment rivés sur le téléphone avec l'angoisse d'avoir un appel pour annoncer une autre mauvaise nouvelle. De plus, son sommeil allait devenir particulièrement perturbé ces prochains jours, si bien que cela risquait d'y avoir une chaîne d'insomnies. Mais tout ce que Jamie recherchait, c'était un bon compromis qui puisse convenir à tout le monde. "Mais, tu seras tout seul..." Bien qu'elle savait bien que ses journées allaient être ponctuées de diverses visites. Mais en dehors de cela, elle ne voulait pas qu'il soit tout seul. "Il faut que je vois comment je vais m'organiser." finit-elle par dire, bien pensive. S'il fallait qu'elle travaille, vienne à l'hôpital après avoir cherché Daniel à la crèche, qu'elle gère sa maison, qu'elle aille s'occuper de Ben et Milo, ses journées allaient être encore plus chargées qu'elles ne l'étaient déjà. Jamie savait qu'elle était capable d'être un automate qui ne s'activait que lorsque l'on avait besoin d'elle et c'était certainement une Joanne qu'il refuserait de voir à nouveau. Le chirurgien avait entendu une partie de la conversation, et les derniers mots de Jamie ne semblaient pas lui plaire. "Certainement pas." lui répondit-il. "Dans un premier temps, vous allez rester ici plusieurs jours, le temps d'enlever tous les appareillages et de voir comment les choses se passent, sans. Ensuite, vous ne reprendrez pas le travail avant un mois minimum." Et sa voix laissait entendre qu'il ne laissait pas vraiment le choix à Jamie, ayant bien compris que son patient faisait partie de ces bourreaux du travail hyperactifs. "Ce qu'il vient de vous arriver, prenez ça comme une sonnette d'alarme, un très gros avertissement. Et là, tout ce que votre corps vous demande, c'est du repos. Sinon vous ne vous endormiriez pas à une telle vitesse dès que c'est un peu plus calme dans votre chambre." Le chirugien n'était pas dupe, il savait que Jamie allait reprendre son activité de plus belle dès que ça lui sera permis. "Si la nuit se passe bien, demain matin, on vous enlèvera le cathéter au niveau de votre nuque et celle au niveau du pli de l'aine et vous pourrez peut-être faire quelques pas après-demain, seulement si tout va bien." Il préférait modérer le retrait des dispositifs médicaux, juste pour qu'il reste un peu encore au lit, ce qui, au fond, lui ferait bien plus de bien que de mal. Le chirurgien impressionnait beaucoup Joanne, la jeune femme n'osait pas dire ou demander quoi que ce soit, bien qu'elle avait certainement beaucoup de questions à lui poser. Le chirurgien fut ensuite interpellé par une infirmière pour une urgence dans une des chambres voisines, les laissant à nouveau seul. "Je pourrais peut-être poser ces fameux congés une fois que tu pourras rentrer. Je ne serais pas contre quelques jours de repos, et je pourrai t'aider à faire ce que les médecins t'interdiront de faire. Les tâches ménagères, tout ça..." Joanne ne voulait que se rendre utile et faire en sorte qu'il puisse se remettre sereinement. Elle se doutait qu'il ne comprenait pas trop pourquoi elle avait encore un tel dévouement pour lui, mais cela relevait de l'évidence pour Joanne, toute cette attention. Elle rêvait de lui demander s'il avait senti sa présence lorsqu'il était inconscient, ce genre de romance dont elle se berçait si régulièrement. "Tu pourras profiter de ce mois pour ne te concentrer que sur toi et sur ton bien-être, ça devrait certainement te faire du bien." Reprendre le sport tout en douceur, se permettre une baignade à la mer car les températures commençaient à le permettre, quelques promenades, des grasses matinées, des siestes à n'en pas finir. "Daniel et moi, on pourra te tenir compagnie, si tu veux. Ou juste Daniel, si tu préfères rester un peu seul avec lui" Au visage de Joanne, on pouvait deviner que tout ce qu'elle venait de suggérer ne la dérangeait pas, c'était ce qu'elle voulait faire. L'aider à se sentir bien, et si la présence de la jeune femme risquait de le déranger, elle ne voulait pas se montrer trop invasive non plus bien qu'elle viendrait quand même au moins une fois par jour le voir pour s'assurer qu'il aille bien "De toute façon, tu peux déjà prendre pour acquis que les congés seront posés le jour où tu mettras le pied hors de cet hôpital." dit-elle avec un rire, le regard amusé.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 20 Oct 2017 - 22:08


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Etait-ce par politesse, gêne ou par réel souci pour Joanne que je me vois refuser sa proposition de rester à mon chevet ? A dire vrai, je ne veux pas être une contrainte, je préférerais même ne pas être un souci, un tracas. Je ne veux pas qu'elle s'ennuie ici, qu'elle se sente obligée de veiller alors qu'il y a mille et une machines reliées à mon corps afin de remplir cette mission. « Je dormirai sûrement la plupart du temps. » dis-je alors afin de la rassurer. Néanmoins, non, je ne veux pas réellement être seul. J'aimerais, au fond de moi, pouvoir poser les yeux sur elle à chaque réveil, même lorsque je ne fais que somnoler. J'aimerais sentir sa présence, et sinon, simplement savoir qu'elle est là, qu'elle n'est pas loin, qu'elle sera présente si besoin. J'aimerais avoir l'occasion de la voir, de l'entendre, de serrer sa main tellement plus de fois que ces derniers mois. Et j'apprécie assez, il est vrai, le souci qu'elle se fait pour moi, l'inquiétude que je lis dans son regard, cette impression de compter encore, et qu'il reste de l'affection pour moi dans sa vie -autant que je ne comprends pas pourquoi, ni comment. A vrai dire, il est une seule chose que je souhaite entendre de sa part, et ce ne sont même pas des mots d'amour ; simplement un « non, je reste », qui prouverait qu'elle se soucie vraiment de mon sort, et non qu'elle s'en préoccupe par obligation. Alors que j'imagine donc les prochains jours plutôt solitaires, et dès que possible accompagné par la voix de mon assistante au téléphone et une montagne de mails afin de me tenir occupé et efficace malgré tout, le médecin présent dans la chambre brise tout espoir de revenir à une vie un tant soit peu normale avant un long mois de convalescence durant lequel la seule activité autorisée est le repos. « Pardon ?! Je ne peux pas m'absenter un mois ! » je proteste, les yeux écarquillés par cette énormité. Un mois, cela représente deux numéros du magazine à paraître et autant à planifier, des heures de travail, des dizaines d'articles à lire, des unes à valider, et qui le fera si je ne suis pas là ? Je ne peux pas me le permettre, je ne le peux tout simplement pas. Il faut trouver une solution, les convaincre de me laisser communiquer avec GQ, rien qu'un peu, juste assez pour que mon investiture à ce poste ne tourne pas complètement au désastre. Mon coeur accélère, se serre, tentant de gérer un élan de panique. Voilà qu'on lui en demande déjà trop. J'inspire, tente de calmer la cadence. Un mois, c'est une éternité. Encore sonné par l'annonce, la prescription, l'obligation qui m'étouffe, Joanne reprend la conversation où nous l'avions laissée, mais mon esprit est ailleurs et je n'ai qu'une oreille attentive tandis que mon regard traîne sur tous ces tubes et perfusions, un peu plus réelles à chaque minute qui passe. « J'ai déjà quelqu'un pour ça... » je murmure machinalement quand la jeune femme évoque le ménage, sans même savoir pourquoi cela est la seule chose que je retiens de sa phrase qui n'est qu'un vague ensemble de mots dont je ne me souviens déjà plus. Son brin d'optimisme peine à faire effet pendant que je me retrouve forcé d'accepter que ma vie sera en suspend pendant trente jours. Si cela est supposé m'être bénéfique, je ne sais pas en quoi. Qu'en sera-t-il du traitement que je suis déjà ? Je les abhorre mais je sais que sans cela je ne tiendrai pas. Tout ce temps à passer avec mes pensées m'angoisse déjà, et j'imagine le vide qui m'a jeté dans ce lit prendre le dessus sur moi. Et je ne peux pas supporter de me voir aussi petit, aussi fragile. C'est la voix de Daniel qui m'arrache à ce qui se révèle comme une longue absence. Un « pour papa » déterminé qu'il articule en confiant son gribouillage à sa mère afin qu'elle me le donne à son tour. Et sans attendre, il retourne à ses feuilles et son stylo pour créer une nouvelle œuvre. « Merci, trésor. » dis-je tout de même une fois le dessin dans les mains. Juste des ronds mêlés les uns aux autres, une infinité de ronds noirs sont l'insistance à certains endroits a déchiré le papier. Peut-être est-il un peu tôt pour le figuratif. Quoi qu'il en soit, le tourbillon noir capte toute mon attention. « Je n'arrive pas à croire que c'est arrivé... » je murmure, la gorge serrée. Je m'en veux de ressasser mais le choc n'est que plus grand à chaque fois que le sujet est abordé si concrètement. Et je continue de me dire que c'est injuste, que cela n'aurait jamais dû me tomber dessus. Je finis par laisser le dessin se poser sur mes jambes, et lever le regard vers Joanne qui est toujours là, assise près de moi, toujours le regard inquiet, et toujours une main capturée par la mienne parce qu'elle me rassure, me réconforte. « Pourquoi tu t'en fais autant, Joanne ? Pourquoi tu veux te donner tout ce mal ? » je demande parce que la question brûle, ne peut attendre. Le baiser peut attendre, mais toute cette attention, toutes ces larmes, cela mérite sa propre explication. Parce qu'elle ne se comporte pas en ex-fiancée, ou du moins, pas comme je pense que ce statut devrait lui inspirer vis à vis de la situation.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyVen 20 Oct 2017 - 22:40


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Qu'importe qu'il dorme ou pas, Joanne se sentait prête à rester auprès de lui. C'était une femme patiente, attentionnée et que même si les sujets de conversation viendraient à lui manquer, elle se disait que, au moins, elle serait là. Elle réfléchissait, pendant que Jamie tombait des nus face à ce que le chirurgien lui imposait. Elle s'était mise en tête de rester auprès de lui au moins aussi longtemps qu'il serait hospitalisé et là elle se plie à ce qu'il prétend vouloir ? Joanne, bien ancrée dans ses pensées, fonçait légèrement les sourcils. Non, ce n'était pas comme ça qu'elle voyait les choses, ce n'était pas ainsi qu'elle avait prévu les prochains jours. Elle voulait changer ça, s'imposer un petit peu, faire en sorte qu'elle applique ce à quoi elle avait si longuement réfléchi pendant que Jamie était encore au bloc opératoire. Révolté à l'idée de rester un mois loin de GQ, c'était au tour du beau brun de se perdre dans ses pensées, de réaliser l'ampleur des événements et de leurs conséquences. Ce n'était pas rien, ce n'était pas un petit rhume ou une indigestion. Il fallait que tout le monde le réalise et le comprenne, lui le premier. Une fois que le chirurgien était parti, Joanne avait repris là où elle s'était arrêté mais il ne semblait pas l'écouter. Ah oui, c'est vrai, il avait une femme de ménage, déjà. Mais il ne rebondissait pas sur les autres suggestions de la jeune femme, notamment celles par rapport à Daniel, alors qu'elle espérait que cela puisse le réjouir un peu. Elle voyait qu'il était sécoué, même en état de choc. L'arrêt de son coeur, l'arrêt maladie qu'on lui impose. Il refusait de croire que c'était une nécessité, que c'était vraiment pour lui, pour son organisme, laisser le temps de se remettre d'un tel traumatisme. Leur petit bout de chou, adorable comme tout, avait fait un dessin pour Jamie, il avait demandé à sa mère de le lui transmettre. Jamie fixa longuement l'oeuvre d'art d'un bébé d'un an et demi et cela semblait suffire à le plonger dans une grande rétrospection. Joanne lui caressait la main, le regardait avec inquiétude, restait à l'écoute, là, près de lui. Une présence comme une autre. Il n'y avait parfois rien à dire, juste à écouter, entendre ce que l'on avait besoin d'exprimer. Jusqu'à ce que Jamie ne puisse plus maintenir cette curiosité qui le piquait depuis son réveil. La petite blonde lui sourit avec tendresse, s'accordant quelques secondes avant de répondre quoi que ce soit. "Le matin où... avant que ça n'arrive, je me suis réveillée avec un mauvais pressentiment." commença-t-elle, d'une voix calme. "Je pensais que c'était par rapport à Daniel, mais il allait bien, j'avais quand même demandé à la crèche de m'appeler si jamais, mais j'avais... cette boule au ventre, je n'étais pas sereine." Sixième sens, instinct particulier, on n'en savait rien. Parfois, on sentait juste les choses. "Et quand Hassan m'a appelée, quand je suis arrivée ici, je savais que je devais rester auprès de toi. Je suis peut-être la plus mal placée, peut-être que ce n'est plus mon rôle, je n'en sais rien, mais je savais que je devais rester, point à la ligne. Je ne le ressens pas comme une obligation, mais plutôt comme une nécessité, un besoin." Et ce n'était certainement pas par culpabilité non plus. "Je t'ai toujours dit, même lorsque nous étions au plus mal, même durant des échanges particulièrement houleux, que je serai toujours là pour toi, quoi qu'il advienne." Et Joanne n'avait fait que tenir sa parole finalement. "Peut-être que tu trouves que je me donne du mal, mais à mes yeux, ça me semble juste être le strict minimum, la moindre des choses que je puisse faire. C'est normal, c'est comme ça." Elle haussa légèrement les épaules, baissant les yeux sur la main qu'il tenait toujours si près de lui. C'était tout naturel, de se dévouer autant, pour elle. "Je tiens à toi." finit-elle par souffler. Il voyait de lui-même toute cette affection, toute cette sincérité. Joanne sentait sa gorge se serrer, mais finit par relever les yeux vers lui. "Je veille sur toi, je le dois. J'ai toujours tenté de le faire, de près ou de loin, par n'importe quel moyen. Je savais que tu avais besoin d'une présence, que tu n'aurais pas voulu être tout seul en te réveillant, seulement entouré de blouses blanches. Il fallait que je veille sur toi, et il le faut toujours." Joanne peinait à expliquer ce besoin, qu'elle avait, de veiller sur lui. Comme un ange-gardien, une forme omniprésente qui lui assurait qu'il allait bien, qu'il respirait toujours. Elle s'était imaginée des connexions avec lui, trouvé d'autres moyens d'être attachée à lui en dehors de Daniel, comme le fait qu'elle déverse une certaine somme chaque mois pour la fondation Oliver Keynes. C'était anonyme, Jamie n'en savait peut-être même rien du tout, mais pour elle, c'était un lien comme un autre. Peut-être que c'était cette incapacité à se détacher de Jamie qui l'empêchait d'avancer correctement avec Hassan. "Et c'est pour ça que je vais rester avec toi, au moins pour le reste de la semaine." décida-t-elle finalement. "Daniel ira à la crèche, pour qu'il garde son rythme et moi je viendrai ici, et j'irai le chercher pas trop tard pour que vous puissiez passer un peu de temps ensemble tous les soirs. Et selon comment ça se présente lundi, je retournerai travailler ou je resterai encore un peu."
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyLun 23 Oct 2017 - 0:36


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Comment est-on supposé réagir lorsque l’on se réveille après avoir frôlé la mort ? Je me demande comment l’encaissent la plupart des gens, qui sont ceux qui l’acceptent sans se laisser atteindre, et ceux qui, comme moi, combattent leur déni d’un événement aussi traumatique. Les souvenirs de ce moment ne veulent pas revenir, et je ne tiens pas à me les remémorer. Le fantôme de la sensation subsiste parfois, et cela est amplement suffisant. J’aimerais comprendre. J’ai mille questions que je n’ose pas poser par peur des réponses. Et la plus importante, ce pourquoi moi qui me tourmente, se ressasse, me garde en colère et triste à la fois. Pourquoi cette sonnette d’alarme alors que j’ai parfaitement conscience que tout part à vau-l’eau. J’étais prêt à céder une part de moi, à tirer un trait dessus, sur Joanne, sur ces rêves qui me restaient avec elle ; j’étais prêt à la laisser enfin partir, tourner la page et aller de l’avant ; en échange, la vie me jette dans un lit d’hôpital, comme si tout ceci n’était pas assez. Je ne sais pas quel est le fond de la manoeuvre, mais la forme est cruelle. Je me trouve plus fatigué, plus vidé que jamais, plus vulnérable et à vif aussi. Je n’ai aucune arme, aucune défense, je n’ai pas même mes pensées en ordre. Et je dois lui faire face, à ce visage angélique. Je ne peux empêcher son regard bleu débordant d’inquiétudes, rouge de larmes qui menacent constamment d’inonder ses joues, de se poser sur moi avec cette affection que j’aurais pensé disparue. Je n’ai pas le choix, et peut-être est-ce ce que je dois voir ; l’émotion au coin de ses lèvres tremblantes, le sentiment dans chacun de ses mots. Je ne peux pas m’en empêcher, je dois savoir pourquoi Joanne tient tant à rester auprès de moi alors que rien ne l’y oblige. Je l’écoute me parler de ce pressentiment qu’elle a eu, de ceux qui nous ont toujours liés ; ce besoin qu’elle a d’être présente, comme s’il n’existait pas d’autre option qui puisse convenir ; qu’elle tient à moi, tout simplement, et qu’elle se fait un devoir de veiller sur moi, une mission, une évidence qui ne se discute pas. Alors elle restera, elle ne se laissera pas congédier. Elle sait ce dont j’ai besoin, et ce n’est pas d’une chambre vide. Elle sait que sa présence peut m’aider. Elle y tient, et malgré la douceur de sa voix je comprends qu’il n’y a pas matière à protester davantage. Je la scrute un instant, silencieux, toujours un brin agréablement surpris lorsque l’on décide de me prendre les rênes des mains. “D'accord…” je souffle finalement sans plus tenter de lui imposer de partir. Ma main se resserre délicatement sur la sienne. J’aimerais en embrasser la peau douce, le bout de ses doigts, qu’elle les glisse dans mes cheveux comme elle le faisait autrefois, de cette manière qui balayait toutes les mauvaises pensées, qui apaisait instantanément. “Merci. D'être là et… merci pour tout.” D’avoir été présente au réveil, d’avoir été présente dès le début, d’être affectueuse au moment où j’en ai besoin, de m’avoir permis de voir Daniel, et de sentir que tant qu’elle sera près de moi, je peux lâcher un peu de poids qui m’alourdit toujours tant les épaules et me fait courber le dos. Que je peux être vidé, et faible, et vulnérable. Je peux traverser cette épreuve-là, parce qu’elle est là. “Je suis incroyablement fatigué.” je murmure avec un léger sourire, amusé d’admettre une chose pareille, moi qui ne me suis jamais plains, moi qui n’accepte jamais de ralentir. Je n’ai tout simplement pas le choix. Et ce n’est peut-être rien, d’avouer que l’on est accablé par la fatigue au point de ne pas vouloir bouger, de se sentir happé par le sommeil malgré soi -mais ces mots-là ne traversent jamais mes lèvres malgré tout. Je sens soudainement mes paupières s’alourdir, je ne peux strictement rien contre cela. Mais je sais que je peux me reposer, je peux laisser aller. Je ne lutte qu’afin de pouvoir poser un tout petit peu plus longtemps mes yeux sur Joanne. “J’aurais voulu ne jamais te perdre.” je me surprends à confesser. Ainsi, je me sentirais légitime par rapport à cette affection dont la jeune femme fait preuve, tandis qu’il ne me semble que l’emprunter pour un moment, la subtiliser égoïstement à Hassan, à celui qu’elle aime, et vers qui, une fois que tout ceci sera passé, elle retournera inévitablement. Ainsi, rentrer à la maison aurait un sens.
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyLun 23 Oct 2017 - 18:03


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Il y avait ces petites choses qui ne s'expliquaient pas. Ces évidences, et parfois même, ces raisons d'être. Joanne comprenait pourquoi il lui avait posé cette question. Au vue des derniers mois, rien n'obligeait la jeune femme à rester constamment auprès de lui après un tel drame, et pourtant. Leur dernière rencontre avait éveillé en elle bien des choses, et là, l'arrêt cardiaque, fut comme une grosse électrocution pour elle. A croire que les paroles de Ginny étaient tout simplement devenues réalité. La petite blonde était tout à fait capable de faire ce genre de liens, d'avoir une certaine pensée magique. Pas de place au hasard. Au fond de son lit, Jamie était mis à nu, vulnérable, peut-être même encore un peu fragile. Une posture qu'il ne devait guère apprécier, Joanne le savait. Sa curiosité était légitime et elle lui avait répondu comme elle le ressentait, comme elle percevait les choses. Dans chaque mot, il y avait ses émotions, son ressenti, ce qu'elle pensait. Une évidence même, quelque chose d'intuitif, de parfaitement naturel alors que tout le monde viendrait à penser le contraire. Comme si cette envie, ce besoin de veiller sur lui était inscrite en elle, dont le code avait été décryptée dès qu'elle avait croisé pour la première fois son regard. La première fois aussi, Joanne n'avait pas eu de raison de rester auprès de lui alors qu'il était blessé, avec une caution sur le dos qu'elle avait payée sans même se poser de questions. Inexplicable, et pourtant évidente. Joanne se demandait s'il s'en rappelait, s'il faisait le lien entre la situation actuelle et leur première rencontre. Les similitudes étaient particulièrement troublantes, à vrai dire, même pour elle. Joanne lui avait également fait comprendre qu'elle ne comptait finalement pas partir bien que c'était ce qu'i lui avait demandé un peu plus tôt. La dernière chose qu'il voulait, c'était d'être seul. Contre toute attente, Jamie ne lançait pas de débat et se pliait à la volonté de la jeune femme sans même broncher, peut-être même résignée. Pas tant que ça finalement, vu la manière dont il lui serrait un peu plus la main. Lui-même ne voulait pas qu'elle parte, au fond. "C'est normal." lui répondit-elle avec un sourire et un regard tendre, lorsqu'il la remerciait. Elle ignorait ce qu'il définissait par tout exactement. On pouvait sentir qu'il se reposait beaucoup sur elle. Qu'il n'acceptait enfin sa fragilité uniquement parce qu'elle était là pour le soutenir le temps qu'il récupère. Si c'était avec quelqu'un d'autre, il n'exprimerait pas cette profonde fatigue, il n'admettrait jamais combien il était épuisé et il ne laisserait pas ses paupières se fermer aussi aisément. Aussi frêle Joanne pouvait être, c'était elle le pilier, et pas lui. C'était à ce moment là précis qu'elle le réalisait. Qu'elle admettait que, depuis le début, Jamie avait besoin d'un socle solide sur lequel il pouvait se reposer, qu'il avait enfin quelqu'un avec qui il pouvait retirer tous les masques qu'il avait. Il n'y avait qu'avec elle qu'il acceptait qu'il n'était peut-être pas si solide qu'il ne voulait le laisser croire à la majorité de son entourage. Joanne se réinstalla au bord de son lit, avec un doux sourire. Elle le regardait s'endormir progressivement. La petite blonde fut surprise d'une telle confession de la part du beau brun. Des mots qui la touchaient profondément. Alors, après quelques secondes de silence, elle se penchait sur son oreille pour lui chuchoter tout bas. "Tu ne m'as pas perdue." Sinon elle ne serait pas là, sinon, elle ne se ferait pas autant de soucis pour lui depuis tout ce temps. Leur relation était tumultueuse, et pourtant ils étaient indissociables. Elle lui caressait tendrement la joue le temps qu'il s'endorme profondément. D'un autre côté, Daniel aussi commençait à s'épuiser et voulait aussi un peu d'affection de sa mère. Elle le prit alors sur ses genoux, et lui se blottit tout contre elle, déjà somnolent. Elle se penchait rapiement sur son sac à main pour récupérer son portable. Joanne se réconciliait peu à peu avec ses parents. Elle ne voulait surtout pas empêcher Daniel de profiter de ses grand-parents, alors ils parvenaient à se voir de temps en temps. C'était pourquoi la jeune faisait appel à eux afin de s'occuper du petit pour la nuit et de l'emmener à la crèche le lendemain. Il n'était pas trop tard, elle savait qu'elle ne les dérangerait pas. Elle avait quitté le service dans lequel se trouvait Jamie afin d'éviter qu'ils ne le voit pas dans cet état. Pendant qu'elle avait fait le tour des maisons un peu plus tôt dans la journée, elle avait également préparé un sac d'affaires pour le petit, ne sachant pas vraiment à ce moment comment elle allait faire avec son fils. Joanne prit le temps de dire au revoir à celui-ci, de tout lui expliquer avant qu'il n'aille faire une bonne nuit. Joanne rejoignit aussitôt le brun, qui n'avait pas changé de place. Elle se penchait sur lui pour lui déposer un baiser sur le frond avant de se rassoir sur sa chaise, de lui prendre la main et de veiller sur lui. Parfois, elle chantonnait tout bas des mélodies qu'elle avait en tête. La nuit était déjà bien avancé lorsqu'elle commençait à peiner à résister aux nombres signes de fatigue. Elle avait fini par reposer sa tête sur le matelas, les yeux rivés vers lui encore quelques temps avant que ses paupières ne se ferment. Pour une heure ou deux, pas plus, en fin de nuit. Au petit matin, l'une des soignantes avait vivement recommandé à Joanne de prendre un peu soin d'elle, et elle avait fini par utiliser le prétexte de devoir aller chercher des affaires de toilettes pour Jamie afin que la blonde parte prendre un peu l'air. Ainsi, le temps de son absence, on pourrait lui prodiguer les soins à faire le matin. "Je vais aller chercher quelques unes de tes affaires, ce dont tu aurais besoin le temps que tu seras hospitalisé." dit-elle doucement après son réveil, après lui avoir dit bonjour. "Ca ne sera pas long." lui assura-t-elle. "Et puis, je crois qu'on veut se débarrasser de moi un petit peu, le temps que les infirmières aient à faire ce qu'elles ont à faire." Elle riait doucement. La jeune femme déposa un nouveau baiser sur son front, ainsi que d'une caresse sur la joue. Bien sûr qu'elle était tentée de l'embrasser à nouveau, sinon son visage ne frôlerait pas aussi longtemps le sien. Difficile pour elle de quitter la chambre, cela lui avait pris plusieurs minutes. Joanne en profitait donc pour promener les chiens, Ben et Milo, et plus tard, Nunki et Sirius quand elle passait par Toowong. Et en passant à Bayside, elle avait fini par trouver un petit sac de voyage dans lequel elle mettait les affaires de toilettes de Jamie et tout ce qui pourrait lui sembler utile. Elle avait longuement hésité à emmener son chargeur de portable mais elle avait fini par le prendre. Etrangement, elle n'avait eu aucun mal à trouver ce qu'elle cherchait. Même si elle ne connaissait pas la maison, elle savait où Jamie rangeait ses affaires. Et sur le chemin du retour, Joanne s'était arrêtée par un café où elle avait pris un chocolat chaud et un thé à emporter avec quelques pâtisseries. Finalement, faire tout ceci avait pris du temps, elle s'était absentée pendant deux bonnes heures. Joanne entrait dans la chambre, les bras bien chargées. Comme l'avait dit le chirurgien, on avait enlevé à Jamie la voie veineuse centrale qui était à la base de son cou, et celle au niveau de la cuisse. Tout ce qui lui restait à ces endroits était un pansement compressif qui allait lui être enlevé le lendemain, après quoi il pourra peut-être faire quelques pas. Certes, il avait encore une perfusion au niveau d'un des bras, de l'oxygène sur le nez et tout ces câbles pour surveiller son activité cardiaque. Mais rien que de le voir avec de l'appareillage en moins suffisait à Joanne pour la faire sourire. "Je t'ai ramené un petit-déjeuner qui devrait un peu plus satisfaire tes papilles." dit-elle, tout sourire, en montrant les gobelets en carton qu'elle tenait d'une main. La nourriture à l'hôpital était loin d'être la plus savoureuse qui soit et la jeune femme s'était dit que boire un bon thé avec quelques gourmandises lui feraient plaisir. "Et aussi tes affaires de toilettes, quelques livres, un bloc notes et des crayons de papier, je me suis dit que tu aurais comme ça de quoi t'occuper lorsque tu n'auras pas sommeil. Mais je reste bien là." Elle savait qu'à un moment donné, Jamie voudrait occuper ses doigts, et quoi de mieux pour lui qu'un crayon et des feuilles vierges pour qu'il puisse dessiner s'il en avait l'envie ? "Ca me fait plaisir, de te voir déjà avec un peu moins de tuyaux."
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyMer 1 Nov 2017 - 17:59


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C'est le sommeil qui s'installe avant l'heure mais me transporte jusqu'au jour suivant, escorté par le son de la voix de Joanne qui murmure des mots auxquels je peine à croire. Un autre élément qui nécessitera une explication durant une grande discussion qui nous attend à l'avenir sur tout ceci, ses baisers volés, la tendresse dont elle fait preuve, alors que c'était bel et bien la fin de tout espoir qui m'avait mené jusqu'à Hassan afin de définitivement lui passer le flambeau. Mes doigts se relâchent et libèrent la main de la jeune femme qui peut se déplacer librement dans la chambre. Toujours aussi imperturbable une fois les paupières closes, je ne les rouvre que le lendemain. Le ballet ds infirmières me réveille de bonne heure. Elles congédient la petite blonde qui ne se laisse aucun repos et s'en va en quête de quelques affaires à réunir pour moi. Il y a aussi un certain besoin d'intimité -l'un des merveilleux aspects d'un séjour à l'hôpital. “Et elles ont bien raison.” je souffle avec un fin sourire, peinant à émerger, encore engourdi par le poids d'une fatigue qui m'écrase complètement. Je ne suis qu'une marionnette somnolente à qui l'on ôte enfin quelques cathéters. Je prends cela comme une bonne nouvelle. Le temps qui passe est étrange, les soins me paraissent durer une éternité tandis que l'écart entre le moment où les infirmières quittèrent la chambre et le retour de Joanne me paraît quasiment instantané. Ses bras sont chargés de douces attentions, un petit-déjeuner digne de ce nom et de quoi m'occuper dont le nécessaire pour dessiner, ce qui me paraît être une bonne idée ; c'est le moment idéal de me remettre à crayonner après une longue pause due au manque de temps et d'envie, désormais j'ai de quoi raconter, et le besoin de le mettre sur papier sans avoir à marquer le moindre mot. Cela a toujours été la meilleure thérapie. “Tu es vraiment un ange, merci.” La jeune femme pense à tout, j'en suis particulièrement touché. Mes mains tièdes encerclent le grand thé bien chaud qui sent bon le Darjeeling, la maison et le réconfort. Je donnerais n'importe quoi pour entendre la musicalité si spécifique d'un accent bien anglais familier, comme si l'on m'en avait privé depuis des siècles, mais la présence de Joanne me convient tout à fait. Elle remarque les perfusions manquantes avec un sourire. Toute avancée positive est la bienvenue afin de mettre tout ceci derrière nous le plus rapidement possible. J'acquiesce, silencieux, attendant d'avoir bu quelques gorgées de thé avant de me sentir apte à articuler quelque chose qui ressemblerait moins à un léger sifflement ou un grognement lointain. “Je peux voir sur ton visage que tu n’as pas beaucoup dormi.” dis-je alors tout bas avec un rictus ressemblant plus à de l'amusement. Car je ne suis pas étonné de voir ces cernes marquer son visage un peu plus pâle, Joanne est Joanne après tout, et certaines choses ne changent pas. « Je vais bien, j'ai juste besoin de repos. Ne te rends pas malade quand je vais mieux, sinon on ne va pas s'en sortir. » La réprimande n'est pas virulente, cela ne servirait à rien de lui taper sur les doigts parce qu'elle se fait du souci. Elle en a bien le droit, avec raison après ce qu'il s'est passé, et elle se montre des plus adorables alors que rien ne l'y oblige. J'ai beaucoup de gratitude, mais je n'ai jamais aimé la voir s'oublier de la sorte. “Je sais que tu n'en feras qu'à ta tête de toute manière, mais prends soin de toi, d'accord ?” je demande avec un petit rire. Joanne n'a peut-être pas beaucoup de caractère, mais elle est particulièrement bornée. Lorsqu'elle décide d'aller dans une direction, rien ne peut l'en empêcher et encore moins le remettre en question. Mes paroles n'ont sûrement pas d'importance donc, mais au moins elle sait que moi aussi, je m'inquiète pour elle dans ces moments-là. Encore une fois le thé glisse dans ma gorge en me procurant un léger frisson. J'entrouvre le sachet en papier contenant les viennoiseries et inspecte rapidement le contenu avant de jeter mon dévolu sur un petit scones aux myrtilles comme je les aime tout particulièrement. L'on se tourne souvent vers nos racines dans de pareils instants, vers ce qui nous rassure et nous rappelle ce qu'est la stabilité, même dans les détails. « Je ne suis pas certain d'avoir l'énergie pour dessiner aujourd'hui, tu vas être obligée de me tenir occupé d'une autre manière. » je reprends avec un petit air malicieux. Puisque Joanne s'est donné la mission de veiller sur moi et qu'elle compte rester que je le veuille ou non, il n'est pas question que cette chambre soit aussi silencieuse qu'un sanctuaire tibétain sous prétexte que j'ai besoin de repos. « Raconte-moi comment se passe le travail au musée. »
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Message(#)joamie + heartbeat EmptyMer 1 Nov 2017 - 18:42


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Voilà plus d'un an que Jamie ne l'avait pas surnommé ainsi. Certes, ce n'était pas un mon ange, mais c'était un ange quand même. Le ton qu'il employé donnait une définition toute particulière de ce mot pour la jeune femme, qui avait senti son coeur subitement galoper dans sa poitrine. Peut-être qu'il ne pensait pas à la même chose qu'elle à ce moment précis, peut-être que ce n'était qu'une expression comme une autre. Sauf que dans leur relation, Jamie l'avait toujours prénommée ainsi, depuis le début. C'était ainsi qu'il la percevait, qu'il la décrivait. La petite blonde ne put s'empêcher d'esquisser un sourire alors timide pendant qu'elle confiait le thé à Jamie. Quelques mets anglais lui auraient fait plaisir, et ça, elle en avait parfaitement conscience lorsqu'elle avait fait ses petits achats. Elle savait également qu'il apprécierait avoir de quoi dessiner et bouquiner pour occuper des journées souvent bien trop longues lorsque l'on était coincé dans un lit d'hôpital. Son chocolat chaud étant encore bien trop brûlant pour elle, Joanne s'était permise de le déposer sur l'adaptable pour le laisser refroidir un peu. Cela avait largement laissé le temps au brun de constater la mine fatiguée de la blonde. Celle-ci lui fit un sourire gêné, peut-être même désolé. "J'ai réussi à fermer un petit peu les yeux cette nuit." dit-elle alors tout bas, même si elle savait que ça n'allait pas être suffisant pour Jamie, son sourire devenant ensuite plus rassurant. Le visage de Jamie était doux, un brun amusé. Il n'avait pas l'air franchement surpris de la voir dans cet état mais il ne désirait pas non plus la voir tomber gravement malade à son tour juste parce qu'elle s'était occupée de lui de nuit comme de jour pendant qu'il était en pleine rémission. Le cycle deviendrait sans fin dans ce cas. Mais c'était plus fort que Joanne. Au fond d'elle, elle sentait qu'elle devait être là. "J'ai juste peur que... Enfin de ne pas être réveillée ou ne pas être là aux moments où tu pourrais avoir besoin de moi." souffla-t-elle tout bas, les yeux baissés, après avoir longuement cherché ses mots. Néanmoins, la jeune femme était touchée qu'il se fasse également autant de souci pour elle. C'est pourquoi elle lui rendit un doux sourire et acquiesça d'un signe de tête à ses paroles. "Je me suis ramenée un chocolat chaud et des viennoiseries. C'est déjà un bon début, non ?" dit-elle en riant, en indiquant le sachet juste avec son regard. Certes, ce n'était pas grand chose, mais Joanne aurait été tout à fait capable de ne prendre que de quoi manger et quoi boire pour lui, et pas pour elle. Elle, elle passait au second, voir au dernier plan. Jamie semblait particulièrement apprécié ces quelques gourmandises le matin. Et même si ce n'était pas la nourriture la plus saine qui soit, la jeune femme savait que cela lui apporterait un regain d'énergie positive et de motivation. Le petit coup de pouce qui faisait toujours du bien lorsque l'on était au plus bas. Joanne l'observait avec une certaine affection. Au lieu de vouloir dessiner, le bel homme comptait bien discuter avec elle pour faire passer le temps. Qu'il était adorable, avec ce regard malicieux, parfois presque enfantin. Mais il avait suffi qu'il mentionne le mot musée pour que le sourire de Joanne s'élargisse de plus belle. Cela en disait long sur le plaisir qu'elle prenait en allant au travail tous les jours. "Ca se passe très bien." dit-elle alors. "Il y a énormément de choses à faire, le musée est particulièrement riche dans la mesure où il y a toujours des événements d'envergures différents à préparer en plus des prochaines expositions et acquisitions. Il y a une belle dynamique au sein de l'équipe et j'aime vraiment travailler avec eux." lui dit-elle. "Il a fallu que je fasse un petit peu mes preuves, tu sais, être la dernière arrivée sur un poste particulièrement convoité. Mais je pense qu'ils commencent à reconnaître que je ne suis pas si mauvaise que ça." dit-elle avec une pointe d'amusement, tout en riant. Joanne avait parfaitement conscience que c'était en grande partie grâce à Jamie qu'elle avait pu obtenir ce poste. "Mr. Elliott m'invite régulièrement à proposer des projets, même des débuts d'idées pour le musée, je pense qu'il attend de moi que j'apporte un regard neuf sur tout ça, j'avoue que ça me met un peu la pression. Dès que l'occasion se présentait, il me présente à des figures du musée, comme dernièrement, j'ai fait la connaissance d'un des principaux donateurs du musée, et même le plus généreux, il me semble. Si bien qu'il a lui-même une sacrée influence sur les grandes décisions. Il sait dans quoi il investit, alors il attend forcément un résultat particulier derrière. Il est assez impressionnant mais pour le peu que j'ai pu parler avec lui, il avait l'air gentil. Exigent et rigoureux, mais gentil." Joanne aurait pu raconter des tas d'anecdotes sur son travail. Elle en avait, des choses à raconter, ayant peu d'occasion d'en parler. Quoi qu'elle voyait bien plus régulièrement Irene depuis que cette dernière était venue la voir au musée. Et pouvoir discuter avec d'autres adultes en dehors de ses heures de travail lui faisait le plus grand bien. "Le musée propose même des activités créatives pour les enfants en bas âge en ce moment, j'aimerais bien y emmener Daniel une après-midi, je suis certaine que ça lui plairait." Le dire lui servait également de mémo pour qu'elle s'organise par rapport à ça. "Oui parce que Monsieur se lance dans les grands arts, il faut que je te montre la dernière oeuvre en date." dit-elle en allant cherchant son téléphone portable dans son sac à main afin de chercher les photos du mur initialement immaculé que Daniel avait largement décoré à l'aire d'une multitude de feutres de couleurs bien différentes. Elle confiait le téléphone à Jamie afin qu'il puisse le constater de lui-même. "Un peu trop abstrait pour moi." dit-elle en riant. "Je n'ai même pas eu à élever la voix. Je l'ai appelé par son nom complet, il est arrivé la tête bien basse, les moins jointes devant lui avec une bouille adorable. C'était assez difficile de ne pas craquer ou même rire en voyant son petit minois, mais il a bien vu que j'étais énervée. Et il s'est mis à pleurer tout seul, je n'ai même pas élevé la voix, j'ai juste été un peu plus ferme." racontait-elle. "Mais il a déjà testé le coin une fois et je crois qu'il n'a franchement pas envie d'y retourner." ajoutait-elle d'un ton amusé. Daniel avait l'âge de faire des bêtises, c'était ce qu'il y avait de plus normal, étant tout simplement dans la quête des limites que ses parents se devaient de lui imposer. Joanne se rendait compte à quel point elle se montrait bavarde. Elle n'était pas la personne la plus loquace qui soit, ce qui surprenait d'autant plus. "Je parle de trop ?" lui demanda-t-elle avec timidité, une fois qu'elle l'avait réalisé.
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