C'que je veux dire c'est que la famille c'est inévitable. C'est comme les impôts ou la mort. △
hazard-perry family
Il y avait des jours sans. Puis il y avait des jours où l'univers semblait s'acharner particulièrement sur nous. Aurais-je seulement cru au karma que j'aurai indéniablement vu les récents événements comme mon prix à payer pour mon caractère difficile et mes répliques cinglantes. Voilà quelques mois désormais que rien n’allait comme je le voulais. Les mauvaises nouvelles se pressaient à ma porte, attendant leur tour patiemment pour m’exploser à la figure les unes après les autres. Tout avait commencé avec Janis et son départ précipité qui m'avait laissé perplexe. Puis rapidement les choses s’étaient enchaînées. Mes retrouvailles avec Emre et son passé (pas vraiment révolu) de dealer. J’avais renoué avec Keandra, un peu trop même étant donné qu'elle était toujours mariée à mon meilleur ami, et je m'évertuais maintenant à la fuir comme la peste, ce qui n’était pas une mince affaire quand on songeait au fait que nous avions plus d'un ami en commun. Ce n’était d'ailleurs pas mon seul sujet d’inquiétude au sein de la fine équipe puisque j'avais eu la très mauvaise surprise de découvrir la séropositivité de Milo qui, donnant dans ses travers habituels minimisait la chose sans prendre son traitement de façon régulière et efficace. Et comme si tout ceci ne suffisait pas, Maura avait eu la bonne idée de s'acheter une conscience pour tenter de, au nom de je ne savais trop quoi, renouer ses liens avec sa famille qu'elle avait pourtant ignoré toute sa vie. Il avait également fallu que dans ses bagages, ma chère sœur, ait eu la bonté de ramener Ryleigh Egerton. Mon enfer personnel. La seule femme que j’ai jamais aimé et qui ne me l'ait jamais rendu. Cette même femme que j'avais fui cinq ans plus tôt, espérant atténuer la douleur de la savoir si proche de moi et pourtant si inatteignable. Si le retour de l'aînée Hazard-Perry en soit ne me faisait pas grand-chose, savoir qu'à cause d'elle je devais affronter la présence de Ryleigh dans mon quotidien de nouveau, suffisait à me rendre d'humeur massacrante. J'avais été contraint par Gauthier d'aller saluer ma grande sœur, mais le destin en avait décidé autrement, mettant l'Egerton en travers de mon chemin. Et depuis cette vaine tentative, j'avais esquivé Maura avec application. Evidemment, c’était sans compter sur Gauthier qui, après avoir disparu un temps de la circulation, s’était tout à coup senti investi d'une mission pour la famille. Celui-là n'en ratait décidemment pas une : incapable de prendre position quand les choses le nécessitaient, il fallait qu'il mette son grain de sel quand tout le monde s'en serait volontiers passé. C’était vraiment à croire que le monde entier cherchait à me faire perdre patience. « Dis Charlie, pourquoi tu viens pas manger ? » La petite voix d’Olivier résonnait dans ma chambre alors que celui-ci passait sa tête à travers l'entrebâillement de la porte. Quittant mon reflet dans le miroir des yeux, je faisais volte-face pour regarder mon neveu, boutonnant les quelques boutons de mon polo blanc. « Parce que je suis fatigué de cette hypocrisie. » lui répondais-je, sachant pertinemment qu'il ne comprendrait pas. Ça se confirmait d’ailleurs lorsque je le voyais froncer légèrement les sourcils, le regard interrogatif. « Tu comprendras tout ça un jour, mon grand. » Depuis le rez-de-chaussée de la villa, la voix de Théodora résonnait, interpellant son fils qui me lançait un drôle de regard, visiblement tiraillé entre l’envie d’obéir à sa mère et celle de rester à mes côtés. « File ! J'arrive ne t'en fais pas. » Le petit garçon disparaissait alors pour rejoindre sa mère, me laissant seul de nouveau. Poussant un soupir d'outre tombe, je tachais de me convaincre que ça n’était qu’il moment difficile à passer mais qu'il passerait vite. Mais une part de moi ne pouvait s’empêcher d’avoir le goût amer des brunchs dominicaux en tête. La présence de Maura ici, c’était comme être ramené de force à Londres, devoir de nouveau se comporter comme un gentleman digne de mon rang. Si aujourd’hui encore la plupart de mon entourage me qualifiait de posh, mon attitude d'aujourd'hui n’était qu'un échantillon édulcoré de ce qu'on avait toujours attendu de moi à la maison. Et rien que cette pensée me tirait un frisson d'effroi. Me fixant de nouveau dans le miroir, je prenais une profonde inspiration. Le plan était simple, basique. J’avais prévu de jouer le jeu de mes aînés, aimable, lisse et propre sur moi, du moins en apparence. Je me promettais de ne pas faire de vagues, de retenir (et Dieu seul savait à quel point cela serrait difficile pour moi) mes répliques cinglantes, d'afficher un beau sourire, comme nos parents nous l'avaient appris dès le plus jeune âge. Accordant à mon moi dans le miroir un regard lourd de sous-entendu, je me détournais pour suivre le chemin d’avant emprunté Oliver quelques instants plus tôt, descendant l'escalier qui menait dans la salle à manger. Je retrouvais alors Théodora avec son fils, Gauthier qui donnait à la gouvernante quelques instructions encore sur la façon dont elle devait dresser la table pour ce déjeuner du dimanche midi et Maura, qui venait visiblement de faire son entrée dans la villa, l’air de pénétrer en terrain ennemi (ce qui n’était pas nécessairement faux quant on songeait à l'accueil que ses plus jeunes frères et sœur lui réservaient). Seul Connor manquait encore à l'appel, mais voilà longtemps que cela n'étonnait plus grand monde. Il ferait son entrée plus tard, brillant par son retard, moyen efficace qu'il avait trouvé pour montrer que c’était lui le rebelle de la famille. Et si, cette attitude m'agaçait au plus haut point il y avait encore quelques semaines, elle me faisait aujourd'hui sourire maintenant que nous avions semblait-il enterré la hache de guerre. J'adressais un petit clin d’œil à Oliver avant de me tourner vers Maura pour la saluer d'un bref signe de tête. « Aaah, la joie de retrouver ces brunchs dominicaux » ne pouvais-je m’empêcher de lâcher. Si je devais tenir tout un repas à me tenir à carreaux, il était impossible pour moi de me taire complètement et de retenir tous les sarcasmes qui me venaient en tête.
“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”
S
i Maura Hazard-Perry devait être honnête, l'idée de ce brunch familial semblait être une grosse erreur. Quand elle s'était réveillée ce matin c'était avec la boule au ventre, non seulement à cause de la réunion familiale qui se tiendrait aujourd'hui, mais aussi parce que le lendemain elle aurait à se rendre à l'hôpital pour une séance de chimiothérapie. Lors de son dernier rendez-vous, le médecin avait pris la décision de refaire un traitement et il lui avait fixé un rendez-vous la semaine suivante. Même si Maura prenait ça avec légèreté en apparence, à l'intérieur elle bouillonnait entre l'envie d'exploser et d'en parler, et l'envie de garder sa maladie pour elle et de ne l'imposer à personne. La belle brune avait tenté de ne pas stresser et de continuer à jouer son rôle comme toujours. Elle s'était installée sur sa terrasse pour boire son café et lire le journal. Elle avait vérifié ses emails avant d'aller choisir soigneusement sa tenue, ses chaussures et d'aller se préparer. Elle avait opté pour une robe blanche, une veste de tailleur gris chiné et des escarpins bleus. Pas que sa tenue vestimentaire changerait grand chose à l'accueil que lui ferait sa fratrie mais, elle utilisait ça comme une armure. Comme dans son travail, son apparence jouait un rôle primordial pour qu'elle soit prise au sérieux. Ca ne choquerait absolument pas ses frères et sa soeur qu'elle soit autant apprêtée puisqu'il la jugeait déjà superficielle et carriériste. Elle avait nourri cette image depuis un grand nombre d'années maintenant et elle n'était plus en état de faire changer les opinions... Certes elle était à Brisbane en partie pour retrouver sa famille, peut-être essayé de rattraper le temps perdu... mais elle savait que ça ne serait pas facile. Une fois prête, ses cheveux légèrement bouclés retombant sur ses épaules, elle prit son sac, le cadeau qu'elle avait acheté pour Oliver et elle vérifia une dernière fois son apparence dans le miroir de l'entrée. Elle grimaça en voyant la ressemblance frappante avec sa mère. Les cheveux bruns, les yeux chocolats... la froideur de sa carnation... la froideur qu'elle dégageait. La seule différence peut-être était le sourire que Maura avait un peu plus naturellement. Repoussant cette idée, elle avait passé la porte pour prendre la route jusqu'à la villa que sa fratrie habitait.
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epuis son arrivée à Brisbane, elle était venue ici qu'une seule fois, pour voir Théodora. L'accueil avait été froid, elles s'étaient lancées des munitions avant qu'Oliver n'adoucisse l'atmosphère avec ses talents de pâtissiers et son innocence d'enfant. Elles avaient fini par parler plus calmement mais rien n'était résolu. Théo avait mis de l'eau dans son vin, elle avait été plus cordiale, la rassurant sur le fait qu'elle ne s'opposerait pas à un repas familial, mais il en faudrait beaucoup plus pour que Maura soit pardonnée. Et elle le comprenait bien. La fille aînée des Hazard-Perry n'avait pas voulu imposer sa présence, c'était pour cela qu'elle n'avait pas forcé Charlie et Connor à venir la voir. Les garçons feraient comme bon leur semblerait et ils prendraient le temps qui leur serait nécessaire. Bien entendu, Gauthier ne l'avait pas vraiment entendu de cette oreille avec ce brunch organisé et réclamant la présence de tous. Elle était arrivée et avait été accueillie par son frère aîné et sa cadette. Oliver ne semblait pas dans les parages, tout comme Connor et Charlie. Maura se sentait clairement comme un poisson hors de l'eau... qui tente de rejoindre la mer mais qui clairement allait rendre son dernier souffle avant d'y arriver. L'image n'était pas très belle, mais elle ne savait pas trop quoi dire ni trop quoi faire. Elle posa son sac dans un coin, puis adressa un sourire à Théo en lui donnant le paquet qu'elle tenait dans ses bras. "C'est un petit quelque chose pour Oliver. J'ai pensé à lui en le voyant..." Autant dire que c'était le premier cadeau qu'elle faisait à son neveu... enfin non, le premier était un cadeau de naissance, mais elle n'avait jamais eu de message de remerciement alors... Maura préférait ne pas le considérer en tant que tel. Au moment même où elle finissait sa phrase, des petits pas se firent entendre et Oliver arriva et la salua. Maura se mit dont à la hauteur du petit garçon pour le saluer à son tour caressant sa joue de son index. Et dire que si elle avait été une soeur "normale", elle aurait pu le prendre dans ses bras ou déposer un baiser sur cette joue joufflue. Elle aurait d'ailleurs pu le faire avec sa soeur... ses frères... Mais la démonstration des émotions ne faisait pas partie de son quotidien. "Alors, c'est toi qui nous a préparé le dessert? J'espère parce que je me souviens encore de ce délicieux cupcake." Maura n'eut pas le temps de continuer la discussion avec Théo, ce qui pourtant aurait été une bonne entrée en matière, mais Charlie arriva, avec une phrase pleine d'ironie. Au moins, ils étaient égaux à eux-même. "Bonjour Charlie. J'ai bien cru qu'on allait vivre dans la même ville sans se croiser... Tu as l'air en forme." Clairement, elle aurait préféré une autre amorce mais sa relation avec Charlie était probablement la plus complexe...
Debout dans la salle à manger, Théodora observa son frère aîné donné quelques consignes à la gouvernante concernant le dressage de la table pour le déjeuner familial. Un soupir lui échappa. Un dressage parfait, le traiteur dans la cuisine, cette réunion familial… La jeune femme n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devait penser de tout ça. Elle avait l’impression que la famille n’avait jamais été plus éclatée qu’aujourd’hui et pourtant, Gauthier avait insisté pour que ce déjeuner ait lieu. En un sens, elle comprenait pourquoi et elle savait qu’il comptait là-dessus pour annoncer au reste de la fratrie ce qu’elle avait appris peu de temps avant le départ de l’aîné pour elle ne savait trop où. Seulement, était-ce réellement le meilleur moment pour cela ? Maura était arrivée en ville un peu plus tôt et si les deux sœurs avaient déjà eu l’occasion de se croiser une première fois et qu’elles ne s’étaient pas entretuées, l’ambiance n’en restait pas moins tendue entre les deux demoiselles et au final, la fille aînée des Hazard-Perry n’avait réellement qu’une bonne relation avec Gauthier. Charlie et Connor n’avaient pas semblé plus emballé que cela à l’idée de cette rencontre et en réalité, Théo l’avait plus redouté que tout autre chose. Si sa relation tendue avec Maura n’était un secret pour personne, le fait qu’il y ait quelques tensions avec Gauthier était passé plutôt inaperçu au sein de la maison. Du moins c’est ce qu’elle croyait, mais peut-être se trompait-elle… Toujours est-il que pour sa part, la jeune femme peinait clairement à digérer le secret du trader concernant sa paternité et la fuite qui s’en était suivi peu de temps après les révélations. Théodora s’efforçait de ne pas juger hâtivement, parce qu’elle imaginait que s’il en était arrivé là, c’était pour de bonnes raisons, mais la pilule restait malgré tout difficile à digérer. Etrangement, elle ressentait cela comme une trahison, un manque de confiance de la part de son aîné alors qu’elle avait pressenti depuis un moment que quelque chose ne tournait pas rond dans la vie de son frère. Toujours est-il qu’elle avait fini par apprendre et qu’elle n’avait pu que le soutenir lorsqu’il avait décidé d’organiser ce repas dans l’espoir de pouvoir annoncé sa paternité au reste de la famille, mais elle avait toujours ce goût amer en bouche. Comme si l’hypocrisie restait là, qu’ils jouaient tous le rôle qu’on attendait d’eux alors que leurs parents n’étaient plus là pour les surveiller.
On sonna à la porte et un nouveau soupir échappa à Théodora avant qu’elle ne se dirige vers les escaliers pour appeler Oliver. Elle le savait à l’étage, probablement avec Charlie, mais ce dernier était assez grand pour savoir ce qu’il voulait faire. En revanche, elle estimait que son fils avait à être là pour accueillir Maura, d’autant plus maintenant qu’il l’avait rencontré une première fois et qu’elle avait eu droit à une tonne de questions de la part du petit garçon. Approchant ensuite de l’entrée, elle accueillit sa sœur d’un sourire poli. De toute évidence, la jeune femme tentait réellement de réparer les pots cassés avec le reste de la fratrie et Théodora ne pouvait que tenter de continuer de mettre de l’eau dans son vin. « C’est gentil, il ne fallait pas t’embêter… Mais je te laisse le lui offrir toi-même, je viens de l’appeler, il ne devrait plus tarder à arriver. » Son ton était bien trop poli pour paraître naturel, mais dans l’immédiat, elle ne pouvait offrir plus. Tentant de dissimuler le malaise, elle offrit un nouveau sourire avant de jeter un coup d’œil en direction de Gauthier qui se tenait près d’elle puis en direction de l’escalier d’où provenait le bruit des pas d’Oliver. « Maura est là. » annonça-t-elle à l’intention de son fils qui, lui, ne se fit pas prier pour venir accueillir cette tante qu’il n’avait jamais eu l’occasion de connaître. Inutile de préciser qu’un large sourire s’était installé sur les lèvres du petit garçon et que des étoiles s’étaient mises à briller dans son regard lorsqu’il aperçut le paquet qui lui était destiné. Comme s’il n’était pas déjà assez gâté en temps normal, il semblait malgré tout se réjouir à chaque fois qu’on lui offrait quelque chose. « Je peux l’ouvrir ? » demanda-t-il en jetant un coup d’œil en direction de sa mère. Elle hocha simplement la tête et il arracha sans grande attention le papier qui recouvrait ce qui l’intéressait réellement. Pendant ce temps, Maura avait repris la parole, s’adressant à Oliver tout en lui demandant s’il s’était chargé du dessert pour aujourd’hui. « Non, c’est un traiteur qui a fait à manger. » La réponse avait été distraite, il était bien trop occupé à découvrir la boîte qu’il avait entre les mains. « On pourra quand même en faire après ? » Oliver tenait à présent un kit de pâtisserie destiné aux enfants entre les mains et un sourire tendre se dessina sur le visage de la jeune brune. « On verra… Mais en attendant, tu n’as qu’à aller jouer un peu au salon. Je t’appellerai lorsque nous passerons à table. » Oliver opina du chef avant de se mettre en route, passant par la même occasion à côté de Charlie qui venait de descendre. « Regarde ce que je viens d’avoir ! » Théodora jeta un coup d’œil en direction de son frère et de son fils avant que ce dernier ne s’éloigne pour de bon en direction du salon. Charlie profita alors de ce moment pour faire une remarque remplie de sarcasme et la brune ne put faire autrement que de lever les yeux au ciel. Elle aurait préféré que ces brunchs dominicaux puissent faire leur retour en d’autres circonstances et dans une meilleure ambiance, mais c’était utopique d’espérer une telle chose. « Est-ce que quelqu’un sait où se trouve Connor ? » demanda-t-elle finalement à l’assemblée. Elle n’avait pas eu de nouvelles de son petit frère depuis la veille et en réalité, elle n’avait pas la moindre idée de s’il comptait faire acte de présence aujourd’hui ou non.
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CODES BY LITTLE WOLF.
Dernière édition par Théodora Hazard-Perry le Lun 11 Déc - 5:28, édité 1 fois
Je n’avais pas mon mot à dire en même temps… Mais il faut dire que ce brunch ne m’inspirait rien de bon. Un peu comme le plan de Théo et le garage, enfin en plus… planifié vu que cette fois c’est Gauthier qui est au commande. Soyons clair, je n’ai pas de problème avec Maura, on peut même dire que notre relation s’est quelque peu amélioré avec le départ des 4 autres, mais elle reste globalement une étrangère, dans le genre arrière grande tante par alliance (l’âge en moins bien sur). Et au fond même si les tensions entre moi et Charlie ce sont légèrement atténuées depuis l’histoire de miss droguée, l’ambiance à la Villa reste parfois bien plus que tendue, surtout depuis que nous avons appris l’arrivée de Maura, même si je soupçonne que ce ne soit pas le seul sujet sensible. Enfin en résumé cette soirée promettait son lot de surprise et surement quelques coups de gueules, une bonne grosse réunion familiale qui craint en soit.
Pas étonnant au final que je décidai d’y faire l’impasse. Sans prévenir personne j’avais prévu mon petit coup dans mon coin, espérant que le brouhaha autour de Maura fasse diversion sur mon absence,. Et franchement ça aurait peu marcher avec un peu de chance ils s’en rendu compte que trop tard. J’avais donc tout prévu, y compris le toit qui m’accueillerait, après tout ce n’était pas la première fois que je découchait chez Bryn, avec cette fois la ferme l’intention d’y rester jusqu’à ce que je ne pense plus jamais à ce brunch. Enfin c’était sans compté Théo qui connaissait bien trop Bryn et avec qui elle avait parlé de ce repas de famille… Il ne fallu pas longtemps à Bryn pour qu’elle me fasse la morale… « Connor, dégage d’ici » J’avais tout tenter pour me faire accepter, mais en vain, aucun de mes arguments ne ferai changer d’avis Bryn, elle défendrait son amie coute que coute. « Tu sais bien que c’est important ! Et tu peux pas laisser Théo. » Mon regard se durcit instantanément, Bryn savait comment me faire culpabiliser. D’un coté je lui en voulais pour ça mais de l’autre je savais pertinemment qu’elle avait raison et qu’il ne servait à rien de contourner le problème en espérant qu’il se résolve tout seul. Je n’avais donc pas vraiment d’autre choix. Enfilant ma veste et adressant à Bryn un au revoir à l’arraché « J’déteste quand t’as raison. » Je finit par quitter la pièce. J’entrevu son sourire resplendissant alors que je m’éclipsais, pour de bon.
Le chemin séparant me séparant de la villa fut bien laborieux. Plus d’une fois je fus tenté de faire demi-tour, me ravisant, tentant en vain de me convaincre que ce serait la même chose que je sois là ou pas. Qu’au fond je n’étais plus le centre du problème et que par conséquent il vaudrait peut-être mieux que je ne sois pas là. Mais Bryn avait raison… Même si je n’était pas le coeur du problème, il y avait bel est bien un problème dans cette famille et le mieux à faire dans ce cas était qu’on soit tous ensemble pour en parler (même si nous connaissant on tentera plutôt tous de pousser les conflits sous le tapis jusqu’à ce qu’ils nous explosent à la figure). Un coup d’oeil à ma montre m’appris que j’étais clairement bien à la bourre et que vu la ramasser que je risquai de me prendre à l’arrivé, il pourrait être judicieux de réellement songer à faire demi tour définitivement… Pourtant j’étais enfin à dix pas de la maison alors maintenant j’allais clairement y rentrer.
Une fois dans l’entré je me débarrassai à nouveau de ma veste et finit enfin par rejoindre les autres. Sans grande surprise tous le monde est déjà là, et depuis un petit moment de tout évidence. Un seul regard à Théo me fait comprendre que j’étais attendu et que l’ambiance semblait correcte pour l’instant (même si mon arrivé ne fut pas des plus discrète) « Oh la grande famille au complet, si j’y croyais… Est-ce qu’il neige en Australie ? » le regard de ma fratrie me fit comprendre que la remarque n’était pas des plus approprié. Seul Ollie semblait vraiment content de me voir débarquer, et comme il avait du le faire avec tout le monde avant moi, il accouru vers moi pour me montrer son tout nouveau cadeau. Je m’accroupis à sa hauteur et enfuis ma main dans sa tignasse « Génial petit chef, tu vas nous faire des chefs d’oeuvres maintenant. » Je me redressai alors pour faire face au reste de la famille, mon regard s’arrêtai alors sur Maura, puis un sourire se dessina sur mon visage « Hey Maurora, ça fait un baille ! J’te manquais tellement que t’as décidé de me suivre ? » Je devrais regretter ce surnom, peut-être que c’est le cas? Je ne l’avais jamais utilisé devant elle par le passé. Normalement je me contentais de la surnommer comme ça quand elle m’énervait lorsque nous devions supporter ces brunch à en famille restreinte. Quel poison… Cependant voilà qu’il est sorti pour de vrai et pas vraiment dans la meilleure des situations vu la tête de Gauthier, ça sent fort la réprimande et je n’ai pas vraiment de bonne excuse.
Les choses allaient se tasser… C’était ce que Gauthier se disait - souvent - et pour bien des choses il avait cette certitude que le temps faisait son travail. Et bien souvent il n’avait pas tord, c’était un stratagème qui avait semblé marcher plutôt habilement entre les deux garçons de la fratrie qui s’échangeaient maintenant des regards presque complices dès qu’un deux se permettait une réflexion déplacée. Il en serait de même pour Maura, du moins il voulait le croire, de même aussi pour Theo qui lui avait à peine adressé un mot depuis son retour d’excursion. Certes la nouvelle qu’il lui avait annoncé avant de mettre les voiles dans sa montagne pour plusieurs semaines n’était pas des plus anodine. Cependant il était encore loin de voir la fin de ses peines. Daniel devait prochainement être mis au courant de cette paternité et à n’en pas douter le bruit risquait de vite courir dans les rues de Brisbane. Une idée qu’il méprisait au plus au point - les bruits de couloir et les ragots étant à son avis le cancer du monde. Ce brunch familiale n’était de ce fait pas tout à fait désintéressé. Si l’idée de réunir sa famille sous le même toit lui trottait dans la tête depuis plusieurs semaines, il avait maintenant une raison toute dessinée - une révélation à faire.
Mais il n’est pas idiot Gauthier, il sait bien que ça ne leur plait pas vraiment - pas plus qu’à lui au final - ce retour de mascarade - cette impression que tout doit être parfait, comme si il était encore sous le joug de ses parents - comme si ils étaient cachés quelque part dans son cerveau à lui dicter ses actes. Alors que Maura arrive il est encore occupé à préparer ce qui doit ressembler à un vieux souvenir du passé. Il voudrait pouvoir faire autrement - se défaire de ses habitudes qu’ils a si souvent critiqué en son fort intérieur - mais il est rigide Gauthier, il n’aime pas le changement il y en a déjà bien trop dans sa vie. « Aaah, la joie de retrouver ces brunchs dominicaux » Il roule des yeux alors qu’il congédie la gouvernante pour se tourner vers son frère. « Une seconde et demi sans sarcasme on a presque notre record. » Mais il ne s’y attardera pas plus ça serait lui donner du credit - et de ce fait lui faire bien trop plaisir. Il préfère se tourner vers ses soeurs. « Bonjour Maura et bienvenue. » Une salutation polie, discrète, jamais d’effusion, pas entre eux. « Comment te portes-tu ? » ll ne l’a pas revu depuis plusieurs semaines elle aussi, et il lui trouve toujours cette mine un peu fatiguée dont il n’a pas souvenir. « Est-ce que quelqu’un sait où se trouve Connor ? » Il n’en faut pas plus pour entendre la porte claquer à l’entrée et la tête du cadet se dessiner. « Quand on parle du loup. » Le voilà qui pointe son nez. « Oh la grande famille au complet, si j’y croyais… Est-ce qu’il neige en Australie ? » Décidément les garçons n’avaient pas décidé de rendre cette rencontre facile, mais ce n’était pas vraiment une surprise.
« Maintenant que tu es là nous pouvons passer au salon. » Dit-il en désignant les verres déjà préremplis sur la table base et les quelques apéritifs qui les attendent. « La table devrait bientôt être prête. » Elle l’est sans doute déjà tout bien considéré, mais l’idée de se retrouver à table avec cette ambiance tendue ne l’emballe pas. « Hey Maurora, ça fait un baille ! J’te manquais tellement que t’as décidé de me suivre ? » Cette fois l’ainé soupire ouvertement. « Vraiment Connor ? Maurora ? Tu n’as pas trouvé mieux ? Même un enfant de l’âge d’Oliver peut la trouver celle-là. » « Oui c’est vrai ! » C’est la voix d’Ollie qui le coupe ce dernier qui vient de pointer son nez, n’ayant pas suivi la conversation mais avec une fierté non cachée, l’enfant pas du tout conscient de l’enjeu de cette conversation. « Tu vois… Et si on essayait de se comporter comme des adultes ? » Parce que si ils devaient passer deux heures à supporter sarcasme sur sarcasme et surnom ridicule, autant y mettre fin de suite. Tout ça n’était peut-être qu’une mauvaise idée. Qu’ils apprennent la nouvelle par la bouche d’inconnu, peu importe non ?
C'que je veux dire c'est que la famille c'est inévitable. C'est comme les impôts ou la mort. △
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J’avais laissé mon passé de prince londonien en quittant la capitale anglaise. Si j’avais toujours apprécié (à mon propre agacement) le confort financier que mes parents et mes grand-parents m’avaient offert dès mon plus jeune âge, je n’avais jamais aimé les obligations qui allaient avec. Mon enfance n’avait rien d’un conte de fée. Non, grandir parmi la jeunesse dorée de Londres n’avait rien d’une sinécure. Il fallait constamment se montrer irréprochable, nous étions la vitrine de nos parents qui, le temps de leurs soirées mondaines, se targuaient d’être fiers de leurs enfants, vantant leurs exploits dont ils ne connaissaient au final pas grand-chose, simplement dans le but de briller en société et de montrer que la lignée était dignement préservée. Car aucun de nous n’avait réellement la chance de connaître ses parents, nous avions pour la grande majorité été élevés par les multiples filles au-pair qui s’étaient succédé dans la demeure familiale pour s’occuper de nous pendant que nos parents entretenaient la fortune amassée tout en conservant la réputation familiale. L’innocence propre aux enfants n’avait pas lieu d’être chez nous. Nous ne pouvions pas courir dans le jardin, jouer dans la boue, rentrer dans un groupe de rock ou jouer au foot. Pour nous c’était échecs, danse de salon, apprentissage assidu du solfège, entraînements de tir à l’arc ou cours d’équitation. De bons petits robots, conçus pour rentrer dans le rang, paraitre beaux et intelligents, bien que creux et malheureux sous la surface brillante des faux-semblants. Les émotions étaient bannies, car après tout, un jeune homme de bonne famille ne perdait pas son sang-froid, ne ressentait pas la colère et ne cédait pas à la passion. J’avais essayé de tout mon cœur, tenté en vain d’être cette couverture de magazine qu’on attendait de moi pendant mes premières années d’existence. Mais l’hypocrisie avait fini par avoir raison de moi. Peu à peu, l’admiration et la volonté de plaire à mes parents, s’étaient transformées en dégoût pour ces êtres que je ne connaissais pas réellement et qui n’avaient qu’un intérêt restreint pour moi. Avec les années, grâce à l’action salvatrice du temps, ce rejet c’était mué en profonde indifférence. Au final, mes parents avaient obtenu de moi ce qu’ils désiraient, j’étais devenu un cyborg, lisse et désinvolte. Bien-sûr mon je-m’en-foutisme n’était pas exactement ce qu’ils espéraient, mais au moins je ne me laissais pas guider par mes émotions. J’avais quitté l’Angleterre sans trop de regret et sans trop de difficulté si on faisait abstraction de ceux que je laissais derrière moi (comme Connor, Will ou Ryleigh). Mais il semblait qu’on ne quittait pas l’aristocratie anglaise comme ça, sans subir le retour de bâton. Sans trop savoir s’ils s’étaient passé le mot, Maura et Gauthier essayaient de nous ramener cinq ans en arrière à mon plus grand désarroi. Je m’étais promis de me tenir, d’assister à ce brunch sans faire de scandale. Mais évidemment en découvrant ma sœur aînée dans le hall d’entrée, je n’avais pu retenir un sarcasme de passer la barrière de ma bouche. Si cela ne devait choquer aucun d’entre eux, ils ne purent s’empêcher, à leur tour de me faire une remarque. « Bonjour Charlie. J'ai bien cru qu'on allait vivre dans la même ville sans se croiser... Tu as l'air en forme. » lançait alors Maura. Quelque part en moi, je savais que j’aurai dû m’en vouloir de l’accueillir avec aussi peu d’enthousiasme alors qu’elle avait traversé un continent tout entier pour venir nous voir, mais je n’y arrivais pas. Le retour de Maura signifiait bien trop de choses, réveillant en moi des sentiments avec lesquels je n’étais pas prêt à composer pour le moment. Je lui accordais alors un sourire forcé, ce genre de rictus qui ne s’étendait pas jusqu’au regard, tandis que j’apercevais Théodora du coin de l’oeil qui levait les yeux au ciel. « Comme on dit, le meilleur pour la fin. Mais merci, toi aussi tu m’as l’air en forme. » L’avait-elle réellement ? Je n’aurais su le dire. Cela faisait bien trop longtemps que j’avais côtoyé la jeune femme. Quelque chose, au fond de son regard ou dans ses micro expressions avait changé, mais je n’aurai su dire quoi. Etait-ce simplement parce qu’elle venait enfin de rejoindre le clan des enfants déçus par leurs parents ? Sûrement mais Gauthier interrompait le cours de mes pensées pour me remercier de ce fabuleux trait d’esprit dont je venais de faire cadeau à la famille : « Une seconde et demi sans sarcasme on a presque notre record. » Avec un petit sourire en coin, serrant le poing je faisais un geste de victoire. Après tout, je m’étais fait la promesse de ne pas faire de scandale mais être totalement sage, c’était bien trop me demander. Jugeant visiblement qu’il était judicieux de changer de sujet avant que les choses ne s’enveniment, Théodora attirait l’attention sur le seul membre de la fratrie qui brillait par son absence. « Est-ce que quelqu’un sait où se trouve Connor ? » J’haussais nonchalamment les épaules, mains dans les poches. Voilà longtemps que le benjamin de la famille ne se sentait plus obligé de rendre des comptes à qui que ce soit sous ce toit. Et quand bien même j’aurai été mis au parfum de ses projets que je n’en aurais pas touché mot à Gauthier ou Maura. Interrompant alors leurs salutations pleines de respect et de faux-semblants qui me donnaient mal au cœur, les deux aînés se tournaient alors vers la porte d’entrée derrière laquelle venait d’apparaitre le plus jeune d’entre nous. « Quand on parle du loup. » commençait Gauthier. « On en voit la queue. » ne pouvais-je me retenir de compléter, avec une moue amusée. C’était indéniablement cette atmosphère fausse et contrôlée qui commençait à me faire perdre la tête mais je sentais qu’il allait devenir de plus en plus difficile pour moi de tenir ma langue de vipère. Je croisais un instant le regard de Connor et je comprenais aussitôt que je ne serai sûrement pas le seul à avoir du mal à m’en tenir aux politesses pour aujourd’hui. A l’instar de son grand-frère, il ne tarda pas à honorer la famille d’un de ses sarcasmes bien senti : « Oh la grande famille au complet, si j’y croyais… Est-ce qu’il neige en Australie ? » Je ne pouvais me retenir de pouffer de rire, alors que le reste de la famille semblait se retenir avec difficulté de soupirer. Heureusement Oliver intervenait de nouveau pour saluer son troisième oncle et lui montrer sa toute nouvelle acquisition avec fierté. « Maintenant que tu es là nous pouvons passer au salon. La table devrait bientôt être prête. » intervenait finalement Gauthier et je ne pouvais m’empêcher d’avoir la désagréable impression de me trouver face à mon paternel. Je me gardais cependant bien d’en faire la remarque à haute voix, pas certain de vouloir affronter le regard meurtrier de celui qui m’offrait l’asile gratuitement depuis maintenant cinq ans. De toute façon, Connor, visiblement en pleine forme, décidait d’attirer de nouveau l’attention vers lui, mettant volontairement les deux pieds dans le plat. « Hey Maurora, ça fait un bail ! J’te manquais tellement que t’as décidé de me suivre ? » Je reconnaissais bien le jeune homme là-dedans, toujours le mot pour faire plaisir et détendre l’atmosphère. J’étais bien content d’avoir plus ou moins enterré la hache de guerre avec lui désormais. Gauthier sautait sur l’occasion pour réprimander Connor, usant de son autorité naturelle et secondé par un allié inattendu : Oliver. « Et si on essayait de se comporter comme des adultes ? » suggérait alors le trader et je levais les yeux au ciel. « Bon allez viens mon grand » intervenais-je aussitôt en m’adressant à Oliver. « On va aller prendre l’apéro, parce que j’ai bien besoin d’un petit remontant et je suis certain que tu as envie de ses petits biscuits salés. » Oliver accourait dans ma direction avant de me suivre dans le salon. Je m’installais aussitôt sur un fauteuil moelleux, le garçon sur mes genoux à qui je donnais quelques gâteaux. Le reste de la famille ne tardait pas à se joindre à moi et mon regard se posait finalement sur la bouteille qui attendait sagement que Gauthier ne veuille bien la sabrer. « Du Champagne, carrément ? Si j’avais su qu’en restant en retrait dans les jupons des parents, j’aurais le droit au grand jeu à mon retour, j’aurai peut-être reconsidéré ma venue jusqu’ici avec toi et Théo. » Je ne savais pas faire dans la dentelle quand il s’agissait d’exprimer mon point de vue. Et si j’avais depuis longtemps tiré un trait sur mes espoirs d’une relation normale avec Maura, je n’avais toujours pas digéré son attitude face à la grossesse de Théodora. Je ne supportais pas de la voir essayer de nouer un lien avec son neveu, qui faisait partie de cette famille uniquement parce que Gauthier avait eu le courage de s’opposer aux parents. Je m’étais toujours montré particulièrement intolérant face à l’hypocrisie et n’accordait pas facilement le bénéfice du doute à mon entourage. Avoir le droit à une seconde chance avec moi relevait en général de l’exploit. « Oh pardon, je me suis fourvoyé sur le thème de la journée. Permettez-moi de reprendre. » Je me tournais alors vers Maura pour m’adresser à elle. « Comment se passe ton arrivée ici ? Pas trop difficile de quitter Londres et le confort de la vie avec les parents ? » Je plaquais aussitôt ma main sur ma bouche, théâtral. « Décidemment, je ne sais pas ce qui m’arrive. Excusez-moi mais je crois que je ne sais vraiment pas faire semblant. »
“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”
E
lle s'y était préparée, mentalement... elle avait imaginé la réaction de chacun, imaginant Gauthier orchestré le repas, comme leur père l'aurait fait, l'inhumanité en plus ceci étant dit. "Ca va, merci." lui répondit-elle d'ailleurs alors qu'il lui demande de ses nouvelles. Elle avait aussi imaginé Théo son visage d'enfant mais ses gestes de femme mure s'occupant d'Oliver, Oliver qui ferait glissé les choses avec un peu plus de douceur parce qu'ils se retiendraient tous d'agir comme des animaux si le petit était là -du moins Maura l'avait espéré, après tout, aucun d'entre eux n'avait été élevé comme ça-, puis elle avait imaginé Charlie et Connor. Charlie celui qui l'ignorait royalement, Connor celui sur qui elle avait un peu veillé par demande de leur aîné, mais qui aurait préféré avoir une tique à la jambe plutôt que sa soeur sur le dos. Maura était loin de la vérité et aucun de ses films ne reflétait ce qui était entrain de se passer. Charlie avait clairement tenté d'esquiver, refusant de la voir et de jouer ce rôle qu'on essayait de lui coller à la peau depuis toujours. Connor usait d'un surnom particulièrement charmant pour l'accueillir. "Oui, tu as du me manquer, ça doit être ça." Maura se contenta de ces quatre petits mots, mais au fond d'elle, elle bouillonnait. Elle aurait eu envie de lui en retourner une, qu'il lui montre un peu de respect rien que par le fait qu'elle est plus vieille que lui, le fait qu'elle soit sa soeur, ca en est même secondaire à ce point là. Mais elle se tait. Se mordre la joue, la langue, serre les poings, tendre le dos, relever les épaules, recommencer et recommencer, puis tendre l'autre joue parce que se taire c'est ce qu'elle savait faire de mieux, avec son père, avec les hommes machos qu'elle croisait dans son milieu professionnel et avec ses plus jeunes frères. Aucun d'eux n'avait essayé de la comprendre. Pouvait-elle réellement les blâmer? Oui... non... c'était trop tard de toute manière, mais parfois elle aimerait. Elle avait pensé à sa carrière et alors? N'en avait-elle pas droit? Aurait-elle dû tout plaquer ses années d'études, sa sueur, ses nuits blanches, ses crampes à la main pour toutes les heures qu'elle avait donné pour avoir une situation? Elle ne s'était jamais réellement intéressée aux autres, parce qu'ils avaient été élevés ainsi. Elle avait pensé à elle et à une issue de sortie... un truc qui pourrait la rendre un peu fière et pas ressembler à une fille à papa comme toutes ses camarades de classe. Mais ça, elle n'en avait jamais parlé et jamais personne ne l'avait compris. Ils avaient vu ce qu'elle avait montré et les années avaient fait le reste. Gauthier proposait qu'ils se comportent comme des adultes... intérieurement elle riait jaune, c'était clairement impossible. Charlie et Connor et leurs caractères... à côté Oliver était plus adulte qu'eux. "Tes études se passent bien Théo?" Demanda Maura à sa jeune soeur. Puisque les garçons ne semblaient pas préposer à être cordiaux, elle n'allait clairement pas lancer une discussion avec eux... comment le pourrait-elle de toute manière? Elle risquait de se prendre un revers et sa fatigue risquait de l'affaiblir et de lui enlever sa répartie plus rapidement encore. Mais à peine avaient-ils rejoint Charlie pour débuter l'apéritif qu'un nouveau coup de couteau lui pénétra le ventre. Que pouvait-elle répondre à ça? Son regard se posa sur Charlie mais elle se refusait à chercher de l'aide auprès de son aîné. "Mais non, Charlie. Je t'en prie continue. Toi aussi Connor, ne vous retenez pas parce que je suis là. Si vous croyez que ce sont vos petites réflexions qui vont arranger les choses, alors pourquoi pas. J'encaisserais." Ce n'était pas la première fois et certainement pas la dernière qu'elle aurait le droit à ce genre de réflexion. Ils pensaient qu'elle avait choisi le camp des parents, quand en réalité, elle avait choisi son clan à elle. Juste elle. Et encore plus aujourd'hui mais leur accueil lui assurait que ce n'était ni l'endroit, ni le moment de leur dire la vérité. Et Maura était même encore plus certaine qu'elle n'avait pas envie de le dire à Charlie. "Et pour ton information, j'avais un appartement à moi, au moins. Je ne vivais pas avec les parents et... surtout je ne vivais pas gratuitement. C'est pas le cas de tout le monde, je me trompe?" Elle s'installa sur le canapé, laissant le choix à qui voudrait bien s'asseoir à côté du poison qu'elle semblait être, pourtant elle regrettait déjà ayant l'impression d'avoir evenimé les choses. Peut-être aurait-elle simplement dû hocher la tête... comme on lui avait si bien appris...
Dire qu’elle avait espérer que ce brunch se passerait bien serait mentir. Théodora avait su dès les départ qu’ils auraient tous à composer avec quelque chose qui ne les enchantaient pas, mais d’un autre côté, elle avait soutenu Gauthier dans cette entreprise. Parce qu’elle savait que ce repas avait une importance particulière pour lui et que malgré tout, elle estimait qu’ils avaient bien le droit de laisser une chance à Maura de trouver une place de sœur dans cette famille qui était aussi la sienne. Certes, la pilule n’était pas tout à fait avalée du côté de la cadette, mais elles avaient déjà eu l’occasion de s’entretenir en tête à tête et de discuter de certaines choses qui les avait séparées par le passé. Des excuses avaient été présentée, il ne suffisait plus que de laisser le temps au temps de faire son affaire. En attendant, c’était l’occasion de se retrouver pour la fratrie Hazard-Perry. Charlie avait fini par faire acte de présence, ne pouvant s’empêcher de jouer de sarcasme alors que le repas n’avait même pas encore commencée. Les sarcasmes de Charlie, la politesse probablement un peu trop poussée de Gauthier, l’entrevue risquait d’être longue et Théo n’avait pas la moindre idée de où se positionner dans toute cette joute. Rester en dehors semblait être la meilleure des choses à faire pour le moment, même si ça n’était clairement pas dans les habitudes de la belle de rester en retrait. D’ailleurs, voyant que les choses risquaient de s’envenimer, elle ne put s’empêcher d’intervenir, demandant si quelqu’un savait où était Connor. Le cadet de la fratrie brillait généralement de sa désinvolture et par certains moments, il arrivait à Théo de l’envier. Il faisait tout ce que bon lui semblait, n’en n’avait qu’à faire de ce que l’on pouvait bien dire… Une chose avec laquelle la jeune femme avait encore du mal pour le moment, surtout lorsqu’il s’agissait de la famille. « Quand on parle du loup. » Relevant la tête en direction de la porte d’entrée, la brune aperçut son petit frère, sourire aux lèvres. Et avant même qu’il n’ait ouvert la bouche, Théo aurait pu prédire que sa réflexion ne serait pas la bienvenue. « Oh la grande famille au complet, si j’y croyais… Est-ce qu’il neige en Australie ? » Un soupir, un regard appuyé en direction de son petit frère. Et en même temps, que pouvait-elle en dire ? Dans le fond, elle n’en pensait pas moins. Depuis qu’elle avait quitté Londres en compagnie de Gauthier et Charlie, jamais Théo n’aurait imaginé qu’ils se retrouvaient tous les cinq ici, à Brisbane, pour l’un de ces repas qu’elle chérissait autant qu’elle détestait. Elle avait juste la délicatesse de ne pas faire part du plus profond de ses pensées. Gauthier intervint alors à nouveau, proposant de passer au salon afin de prendre l’apéritif. Hochant la tête, Théodora s’apprêtait à emboiter le pas lorsque Connor reprit la parole. « Hey Maurora, ça fait un bail ! J’te manquais tellement que t’as décidé de me suivre ? » Stoppée dans son élan, elle jeta un coup d’œil au plus jeune de la fratrie, avant de passer rapidement sur Charlie qui semblait s’amuser de la situation plus que tout autre chose, puis sur Maura qui ne sembla pas se formaliser d’avantage de ce surnom douteux pour finalement arriver sur Gauthier qui prenait Oliver à parti. « Est-ce qu’il serait possible de garder mon fils en dehors de cette conversation ? » souffla-t-elle exaspérée alors que le petit garçon, fier d’être évoqué, n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se tramait réellement. Baissant finalement les armes, Théodora secoua légèrement la tête, laissant Oliver se joindre à son oncle pendant que l’aîné de la fratrie appelait à un peu plus de maturité. Croyait-il réellement cela possible ? Enfin qu’importe. « Tes études se passent bien Théo ? » Prenant enfin la direction du salon, la jeune femme jeta un coup d’œil en direction de sa sœur, lui adressant alors un sourire poli. « Tout se passe bien, oui. Ce n’est pas forcément évident tous les jours, mais ça se passe bien. » Il était clair que reprendre des études dans sa condition n’était pas évident, Théo s’appliquait à être parfaite sur tous les fronts ce qui n’était clairement pas une chose aisée, mais elle n’avait rien à envier à qui que ce soit au niveau de ses notes et son fils semblait se porter à merveille, c’était bien là tout ce qui importait. Et quand bien même si les choses avaient à être plus difficile, elle ne l’aurait certainement pas avouer et encore moins à Maura qui avait vu cette grossesse comme la pire des choses qui soient. Même si elle s’était excusée à ce sujet, le morceau n’était pas encore totalement digérer. Arrivée au salon, elle se dirigea vers Connor, enroulant un bras autour du sien pour l’obliger l’inviter silencieusement à s’installer à ses côtés. L’accalmie fut cependant de courte durée puisque Charlie reprit les hostilités, ne pouvant s’empêcher de s’acharner une fois de plus sur leur grande sœur. « Décidemment, je ne sais pas ce qui m’arrive. Excusez-moi mais je crois que je ne sais vraiment pas faire semblant. » « Charlie… » souffla-t-elle finalement, espérant que Connor n’en rajouterait pas une couche. En un sens, elle le comprenait parfaitement, mais à côté de cela, elle avait aussi conscience de tout l’enjeu de ce repas en famille et si l’ambiance était lourde à ce point, elle n’osait imaginer ce qu’il en serait une fois que l’aîné aurait fait sa grande annonce. Un verre ne serait pas de refus dans l’immédiat pour la peine. Maura enchaîna, répondant au jeune homme en invitant ses deux plus jeunes frères à déballer leur sac, ce qui surpris quelque peu la jeune femme. « Et pour ton information, j'avais un appartement à moi, au moins. Je ne vivais pas avec les parents et... surtout je ne vivais pas gratuitement. C'est pas le cas de tout le monde, je me trompe ? » Fronçant les sourcils, Théodora se redressa légèrement sur son siège. Si cette attaque ne lui était pas destinée, la jeune femme ne pouvait que s’en sentir concernée. Elle aussi vivait au crochet de son frère aîné. Certes, elle avait tenu à participer aux frais lorsqu’ils étaient arrivés en ville, elle avait même trouvé un petit job histoire de se faire un peu d’argent avant de décider de se lancer dans des études de médecine, soutenue par les garçons de la famille. « On n’a pas non plus tous eu l’occasion d’être soutenu par papa et maman au niveau de notre carrière pour nous permettre d’avoir ensuite un certain confort. » annonça-t-elle, le regard assombri, mais le ton plat, sans la moindre vague dans ses mots. « Cela dit, je ne crois pas qu’on soit là aujourd’hui pour ça. On le boit ce champagne ? » demanda-t-elle finalement en reportant son attention sur l’aîné de la famille.
Pas besoin de faux semblants, l’ambiance était tendue et je compris vite que mon arrivé s’assimilait facilement à un cheveu sur la soupe. Même si la soupe en question avait déjà bien tourné avant que je ne mette les pieds dans cette maison. « Quand on parle du loup. » Me lança Gauthier lorsque je débarquait enfin après ma brillante absence. « On en voit la queue. » le suivit Charlie d’un air amusé. Je lui adressai un sourire complice avant de saluer toute la troupe, ne manquant pas de communiqué ma surprise d’apercevoir tout le monde réuni sous le même toit. Gauthier décida alors que c’était le moment de passer à table « Maintenant que tu es là nous pouvons passer au salon. La table devrait bientôt être prête. » Avant de me diriger vers le salon je saluai Maura à ma manière, ce qui ne plu pas à tout le monde d’ailleurs. « Vraiment Connor ? Maurora ? Tu n’as pas trouvé mieux ? Même un enfant de l’âge d’Oliver peut la trouver celle-là. » Je ne répondis rien, et en même temps j’avais surement l’âge de ce dernier lorsque j’ai découvert cette similitude. Mais je fus interrompu par la petite voix d’Oliver, fière d’intervenir même s’il n’avait pas suivi le moindre mot de notre conversation. « Tu vois… Et si on essayait de se comporter comme des adultes ? » Je lève un sourcil. Ah parce que maintenant je suis un adulte pour lui ? C’est bien la première fois que j’entends ça de la part de mon ainé. Un peu facile de me titrer de la sorte quand ça l’arrange, mais de continuer à me traiter comme un gamin en permanence. « Est-ce qu’il serait possible de garder mon fils en dehors de cette conversation ? » Théo me ramena à la scène présente, je lui adressait un regard d’excuse, c’est vrai que ce n’était pas très fin de le dire devant Oliver même s’il n’a probablement pas conscience de la porté de mes mots. « Mes excuses, je tacherai de bien me tenir à l’avenir. » Articulais-je en mimant un semblant de courbette à l’attention de Gauthier et Théo, avant de me diriger vers le salon suivant Charlie et Oliver. Maura quant à elle ne releva rien, égale à elle même et à nos parents. Ne rien dire c’est toujours plus simple après tout… Dommage pour moi, je trouve les repas bien plus conviviaux avec une point de répondant, heureusement j’ai Charlie de mon côté pour ça. Alors que j’arrivais au salon, je fus rattrapé par Théo qui m’attrapa le bras m’indiquant ma place à côté d’elle. Je me penchais vers elle, parlant à voix basse « Crois moi je suis là uniquement parce que tu as accepté ce truc. » Même si je n’avais toujours pas bien compris pourquoi elle l’avait fait d’ailleurs. « C’est une torture d’être ici… » Théo le savait, je me cachait bien trop derrière mon semblant de sarcasme pour être totalement à l’aise, tout ce que je voulais c’était en finir et repartir en vadrouille, le plus loin possible de cette famille et de ses hostilités.
En parlant de ça, Charlie ne manqua pas de lancer sa première flèche, qui n’était d’ailleurs probablement pas la première de la soirée, mais comme j’avais manqué les autres je la considérais comme la première… « Du Champagne, carrément ? Si j’avais su qu’en restant en retrait dans les jupons des parents, j’aurais le droit au grand jeu à mon retour, j’aurai peut-être reconsidéré ma venue jusqu’ici avec toi et Théo. » Je souris, il fut un temps ou je n’aurais vraiment pas apprécié cette remarque… savoir que me laisser derrière ne changeait rien alors que le champagne aurait pu faire la différence… ça ne serait clairement pas passé. Enfin, j’avais tourné la page et au moins je me permis un sourire. Mais Charlie reporta alors son attention sur la cause principale de cette réunions de famille « Comment se passe ton arrivée ici ? Pas trop difficile de quitter Londres et le confort de la vie avec les parents ? » Je sentis Théodora soupirer à cette remarque et je compris que ce repas allait surement être loin de se passer dans le calme. Finalement, je fus surpris de voir Maura réagir, pour une fois, mais ce fut de courte durée « Mais non, Charlie. Je t'en prie continue. Toi aussi Connor, ne vous retenez pas parce que je suis là. Si vous croyez que ce sont vos petites réflexions qui vont arranger les choses, alors pourquoi pas. J’encaisserais. » Mes points se crispèrent sur la table… Oh tout doux l’agneau, j’avais juste fait un jeu de mot douteux, je n’avais pas déclaré la guerre non plus… pas besoin de me fourrer dans le même sac que Monsieur Sarcasme.
Enfin si c’est ce qu’elle voulait, je pourrais faire en sorte de ne pas retenir mes réflexions comme elle le dit si bien. Maura continua d’ailleurs sur sa lancée « Et pour ton information, j'avais un appartement à moi, au moins. Je ne vivais pas avec les parents et... surtout je ne vivais pas gratuitement. C'est pas le cas de tout le monde, je me trompe? » Je restai muet à cette remarque. Elle avait beau être clairement adressée à Charlie, étais-ce vraiment judicieux de la lancer maintenant alors que nous étions 3 (4 avec Ollie) à vivre encore au crochets de Gauthier ? En réponse Théo ne manqua pas de prendre la parole « On n’a pas non plus tous eu l’occasion d’être soutenu par papa et maman au niveau de notre carrière pour nous permettre d’avoir ensuite un certain confort. » Malgré son ton neutre, nous avions tous conscience de la retenu dont notre soeur, faisant preuve de sang froid après cette remarque, qu’elle plus que nous autres avis surement pris bien trop à coeur. Reprenant son inspiration elle continua « Cela dit, je ne crois pas qu’on soit là aujourd’hui pour ça. On le boit ce champagne ? » Ok bon c’est encore un peu tôt pour s’entretuer non ? Je posais ma main dans le dos de ma soeur, la félicitant d’avoir garder son calme. Je portai ma main à ma bouche avant de me racler la gorge « Bonne idée Théo, buvons un verre » Je m’adressai ensuite à mon neuve, l’une des seule personnes à table à toujours affiché un sourire sur son visage, même s’il s’entait surement que quelque chose n’était pas habituel « Et toi Bonhomme, tu veux du jus de pomme ? » Un vrai sourire se dessina sur ses lèvres, ce qui me fit sourire à mon tour. Il ne serait pas si heureux s’il savait à côté de quoi il passe en buvant son jus de pomme et non pas le champagne.
Gauthier n’était pas connu pour sa naïveté, et pourtant face à ce diner il avait clairement sous estime la capacité de ses cadets à se tenir. Maintenant qu’il n’y avait plus maman et papa pour veiller aux grains tout semblait permis, et le peu d’autorité qu’il semblait encore exercer sur eux était de bien trop courte durée pour permettre d’éviter la confrontation. Au lieu de ça il avait tenté la diversion en les faisant changer de pièce. Espérant que la construction bien réglée de se repas permettrait de calmer les ardeurs et les commentaires agressifs ou détournés. C’était, semble t’il, bien mal connaitre sa famille. « Du Champagne, carrément ? Si j’avais su qu’en restant en retrait dans les jupons des parents, j’aurais le droit au grand jeu à mon retour, j’aurai peut-être reconsidéré ma venue jusqu’ici avec toi et Théo. » Levant légèrement les yeux au ciel, cette fois Gauthier n’avait pas eu envie de lui adresser un nouveau regard de colère. Fatigué de devoir jouer les chaperon pour ses frères qui n’étaient plus des enfants aujourd’hui. « On voit où sont tes intérêts en tous les cas. » Si il voulait jouer à ce jeux il risquait fort de se faire prendre à son propre piège. « Oh pardon, je me suis fourvoyé sur le thème de la journée. Permettez-moi de reprendre. Comment se passe ton arrivée ici ? Pas trop difficile de quitter Londres et le confort de la vie avec les parents ? » Il garde le silence Gauthier, encore, mais sent que l’agacement monte en lui. L’impression qu’il ne maitrise pas la situation… Et il déteste ça, pour un psychorigide dans son genre rien de pire. Et cette fois plus encore parce que c’est sa famille qui est concernée. « Décidément, je ne sais pas ce qui m’arrive. Excusez-moi mais je crois que je ne sais vraiment pas faire semblant. » Un froncement de sourcil cette fois avec l’impression que c’est Gauthier que son frère tente de provoquer… Comme si c’était personnel. « De toute évidence, tu as aussi oublié comment te tenir. » Il le sait, avec ce genre de réflexion il doit sonner comme son père, mais ses provocation l’insupportent et le fait que Connor en rajouter un couche avec ses sourires entendus l’agace plus encore.
« Mais non, Charlie. Je t'en prie continue. Toi aussi Connor, ne vous retenez pas parce que je suis là. Si vous croyez que ce sont vos petites réflexions qui vont arranger les choses, alors pourquoi pas. J’encaisserais. » Il y a peu de chance à son avis que ce type de comportements arrangent quoi que ce soit. Mais si ils veulent finir de briser leur famille ils sont sans doute sur la bonne voix… Il n’a plus qu’à se consoler en sachant qu’une fois sa révélation effectuée, les préoccupations quand à la venue de Maura risque de passer au second plan. Et il ne doute pas de la réaction démesurée que risque d’avoir Charlie… Pour Connor la surprise reste entière toute fois. « Et pour ton information, j'avais un appartement à moi, au moins. Je ne vivais pas avec les parents et... surtout je ne vivais pas gratuitement. C'est pas le cas de tout le monde, je me trompe? » Il grimace cette fois… Mauvaise idée. C’est dans un terrain miné qu’elle avance maintenant et au regard de Théo elle l’a bien vite compris. « On n’a pas non plus tous eu l’occasion d’être soutenu par papa et maman au niveau de notre carrière pour nous permettre d’avoir ensuite un certain confort. » Forcement il y a du vrai dans chacun de leur discours. « Je crois qu’aucun de nous n’est à blâmer, chacun a fait ses choix en son âme et conscience. » Mais ça c’est quelque chose que le reste de la farteriez semble avoir de la peine à assimiler au grand désarroi de leur ainé. « Cela dit, je ne crois pas qu’on soit là aujourd’hui pour ça. On le boit ce champagne ? » Prenant son rôle d’hôte à coeur c’est Gauthier qui remplit leur coupe, laissant un peu de répits à la gouvernante. Pendant que Connor s’occupe de servir Oliver. Une fois toute le monde son verre en main ils trinquent.. à rien… Comme si n’importe quelle réflexion risquait de faire repartir le feu des sarcasmes.
L’ambiance est lourde d’un coup… Le silence qui plane comme au bon vieux temps. Quand ils n’avaient rien à se dire, les parents qui prônaient presque en tyrans de chaque coté de la table, les enfants silencieux au milieu… Il n’aime pas ça Gauthier, il ne veut pas reproduire les erreurs du passé et retrouver cette ambiance familiale pesante et presque glauque. Il se dirige vers le jeune garçon lui murmurant quelques mots à l’oreille pour lui demander de laisser un peu les adultes entre eux. « On viendra te chercher pour manger… Tu peux prendre quelques gâteaux avec toi. » Il ne se fait pas prier… Lui qui n’a normalement pas le droit de manger dans sa chambre. Une fois le petit garçon parti, l’ambiance ne s’améliore pas. « Tu as raison Charlie… C’était hypocrite de vous demander de faire comme si les relations étaient au beau fixe entre nous… Les choses sont compliquées c’est vrai et peut-être y a t’il des sujets de conversation que nous devons avoir mais… Vous voulez vraiment de ça ? D’un repas dans le silence comme si nous étions encore à cette grande table familiale ? Je crois qu’aucun de nous n’aimait ça. » Les parents peut être et encore il en doute. « Que ça vous plaise ou non, nous sommes une famille. De la rancoeur il peut y en avoir mais Maura sera tout de même votre soeur et que ça vous plaise ou pas je continuerai à l’inviter. Elle n’a pas agi comme nous tous.. mais c’est son droit… Croyez le ou non, l’enfance que nous avons eu avec Maura n’est pas la même que la votre. Notre éducation non plus bien que nos parents soient les mêmes. Alors allez-y.. dites ce que vous avez à dire mais fait le avec un minimum de respect, de réflexion et d’ouverture d’esprit » Si pour une fois ils voulaient jouer dans la sincérité et arrêter de se cacher derrière des sarcasmes et de faux semblants alors d’accord… Mais il n’étaient pas sûr que les cadets de cette familles soient prêt à faire face à leur sentiments et avoir une vraie discussion. Jouer les petits cons désinvoltes était bien plus leur style.
C'que je veux dire c'est que la famille c'est inévitable. C'est comme les impôts ou la mort. △
hazard-perry family
J’avais lamentablement échoué. Abandonné les promesses que je m’étais faite plus tôt dans ma chambre lorsque j’avais compris que je n’échapperai pas à cette réunion familiale qui avait davantage des allures de mascarade à mes yeux. L’arrivée de Maura venait troubler l’équilibre instable que nous avions réussi à instaurer ces dernières semaines après l’arrivée tonitruante de Connor dans notre quotidien. Je n’avais pas pu m’empêcher d’assener à Maura ces répliques cinglantes dont j’avais le secret et qui compliquaient souvent mes rapports avec les autres. Je faisais surement preuve de mauvaise foi, laissant libre court à mon pensées pour exprimer ce ras-le-bol général que je ressentais depuis que ma vie ici semblait échapper à mon contrôle chaque jour un peu plus. « Charlie… » avait soufflé ma petite sœur, tentant visiblement de calmer mes ardeurs. A mon grand étonnement cependant, Maura ne se laissait pas impressionner par mes critiques, décidant de me répondre avec un ton sec qui me rappelait avec amertume celui de ma mère. « Mais non, Charlie. Je t'en prie continue. Toi aussi Connor, ne vous retenez pas parce que je suis là. Si vous croyez que ce sont vos petites réflexions qui vont arranger les choses, alors pourquoi pas. J'encaisserais. » Je la jaugeais du regard, l’observant d’un œil torve, me demandant si elle était réellement prête à encaisser tout ce que j’avais sur le cœur. Pourtant je gardais le silence, lèvres pincées. Je ne me livrais pas. Je n’étais, comme on dit, pas du genre à m’épancher sur mes états d’âmes, encore moins en public et surtout pas face à Oliver qui ne méritait pas de nous voir nous déchirer. Ce fut finalement Maura elle-même qui rompit le silence qui avait succédé à ses dernières paroles. « Et pour ton information, j'avais un appartement à moi, au moins. Je ne vivais pas avec les parents et... surtout je ne vivais pas gratuitement. C'est pas le cas de tout le monde, je me trompe ? » Je me raidissais aussitôt, mon regard se durcissant. « Oh crois-moi, Maura tu n’as pas envie de t’aventurer sur ce terrain-là. » la menaçais-je d’une voix glaciale. De quel droit se permettait-elle de m’attaquer sur ce sujet quand elle-même avait toujours choisi le confort d’une vie au crochet de nos parents ? Néanmoins, avant que je n’ai eu le temps de dire quoi que ce soit d’autre, ce fut Théodora qui intervenait d’un ton morne, me surprenant au passage : « On n’a pas non plus tous eu l’occasion d’être soutenu par papa et maman au niveau de notre carrière pour nous permettre d’avoir ensuite un certain confort. » Ma petite-sœur me surprendrait toujours par son aplomb et le calme dont elle savait faire preuve, surtout quand on songeait que c’était elle et Oliver qui avaient le plus pâtit du manque de considération de nos géniteurs et de celui de Maura à notre égard. Comme toujours, Gauthier finissait par intervenir, essayant d’apaiser les tensions avec des paroles vides de sens de mon point de vue. Je ne pouvais me retenir de grimacer en le voyant agir de la sorte, tenter de rester dans sa neutralité habituelle. Il ne pouvait s’empêcher d’agir comme un véritable dickhead dès que ma grande sœur se trouvait dans les parages. La présence de Maura avec nous avait toujours fait ressortir le clivage manifeste qu’il y avait entre les aînés de notre fratrie, ceux qui avaient bénéficié du peu d’amour et de temps que nos parents étaient disposés à accorder à leurs enfants, et les plus jeunes, relégués au rang de simples vitrines pour le nom Hazard-Perry, un peu trop bruyants, pas assez obéissants et définitivement trop dérangeants pour être dignes d’un peu de l’attention et d’affection. Pour ma part, j’avais toujours été celui du milieu, celui qui n’avait jamais vraiment eu sa place ni auprès des fiertés de la famille, ni du côté des benjamins, souffrant très certainement de ce manque d’identité que j’évacuais de façon passive agressive à travers mes répliques cinglantes et mon air snob. Sentant sûrement que les choses pouvaient tourner au drame si elle n’intervenait pas, Théodora tenta une diversion : « Cela dit, je ne crois pas qu’on soit là aujourd’hui pour ça. On le boit ce champagne ? » Interlude au milieu du champ de bataille que Connor saisissait aussitôt, jamais contre un petit remontant : « Bonne idée Théo, buvons un verre. Et toi Bonhomme, tu veux du jus de pomme ? » demandait-il aussitôt à Oliver. Alors que le benjamin de la fratrie s’occupait du petit garçon et que Gauthier servait à chacun d’entre nous une coupe de champagne, je me contentais de fixer le tapis, ruminant mes pensées en silence avec l’irrépressible envie de mettre le plus de distance possible entre moi et cette réunion familiale. Quand tout à coup, le propriétaire des lieux prenait la parole, me surprenant une fois de plus pour demander à Oliver de bien vouloir aller jouer dans sa chambre de ce qu’il en avait l’air. « Tu as raison Charlie… C’était hypocrite de vous demander de faire comme si les relations étaient au beau fixe entre nous… Les choses sont compliquées c’est vrai et peut-être y a t’il des sujets de conversation que nous devons avoir mais… Vous voulez vraiment de ça ? D’un repas dans le silence comme si nous étions encore à cette grande table familiale ? Je crois qu’aucun de nous n’aimait ça. » Je n’avais pu empêcher mes yeux de s’écarquiller un peu. Ce jour était à marquer d’une pierre blanche comme le jour où Gauthier prenait enfin ses responsabilités de grand frère pour tenter de rétablir la communication au sein de ce foyer. Je restais cependant muet, acquiesçant silencieusement sur le fait que je tenais en horreur ces brunchs dominicaux, d’autant plus depuis que j’avais eu à affronter le rejet de Ryleigh et sa présence à la même table que moi, régulièrement. « Que ça vous plaise ou non, nous sommes une famille. De la rancœur il peut y en avoir mais Maura sera tout de même votre sœur et que ça vous plaise ou pas je continuerai à l’inviter. Elle n’a pas agi comme nous tous… Mais c’est son droit… Croyez-le ou non, l’enfance que nous avons eu avec Maura n’est pas la même que la vôtre. Notre éducation non plus bien que nos parents soient les mêmes. Alors allez-y... Dites ce que vous avez à dire mais fait le avec un minimum de respect, de réflexion et d’ouverture d’esprit » enchaînait-il. J’avais l’impression que c’était la première fois que j’entendais Gauthier s’exprimer pendant aussi longtemps, lui qui avait tendance à se contenter de réponses claires et concises la plupart du temps. De nouveau, un long silence suivait les sages paroles de Gauthier alors que nous nous regardions tous en chien de faïence, attendant de voir qui se jetterait à l’eau le premier et qui préférerait se taire. Comme à l’accoutumée, l’idée même d’exprimer mes sentiments à voix haute ne me plaisait guère. Je n’avais pas la moindre envie d’avoir à faire à Maura, car l’affronter c’était également affronter mon enfance et mon adolescence dans un milieu corrompu et l’absence d’amour et d’attention de mes parents à mon égard mais c’était également affronter Ryleigh et la douleur que c’était de l’avoir dans ma vie alors que je n’avais jamais réellement réussi à ne plus l’aimer. Et je n’étais pas prêt à avoir une discussion à ce propos, surtout pas face à tant d’audience. Avouer que je redoutais le retour de ma sœur car cela revenait à affronter le retour d’un passé que j’avais bêtement cru révolu, c’était avouer une faiblesse et je m'y refusais. Néanmoins, il y avait bien un point sur lequel j’étais prêt à discuter, face à ma fratrie au grand complet. « Tu peux penser ce que tu veux de moi Maura. Ça fait bien longtemps que j’ai arrêté de me soucier de ton point de vue et de celui des parents sur ma personne. Tu peux te persuader que si je vis ici, sous le toit et avec le confort financier que Gauthier me procure ce n’est que par pur intérêt personnel. Je ne nierai pas. » Je ne m’étais jamais caché à ce propos, j’aimais le niveau de vie que m’offrait mon frère, ce confort de ne pas avoir à s’inquiéter de l’argent tout en pouvant entamer ma carrière dans le journalisme sans devoir compter chaque centimes dépensé. J’étais privilégié et j’en étais fier. « Mais si je vis ici, c’est parce qu’ils sont ma famille. Et que j’ai choisi ma famille, contrairement à toi. » continuais-je en lançant un petit regard à Connor, Théodora et Gauthier. Si je portais le même nom qu’elle, ce nom pompeux hérité de nos parents, je ne me sentais pas du même sang qu’aucun d’eux. Voilà cinq ans que je cohabitais avec Gauthier, malgré ses manies qui m’insupportaient parfois, composant avec cette autorité que j’avais du mal à accepter. Cinq années que je partageais la chambre à côté de celle de Théodora, profitant de chaque moment libre que nous avions ensemble pour passer du temps avec elle et son fils. Et si cela ne faisait que quelques mois que Connor avait enfin retrouve la place qui était la sienne au sein de la famille, il avait fini par s’intégrer à notre schéma familial, bon gré mal gré, pour mon plus grand bonheur (même si devoir l’admettre à voix haute me coûterait sûrement la vie et toute ma fierté). Ils étaient tout ce qui m'importait, avec Oliver et se suffisaient largement à eux-mêmes. « Je ne sais pas quelles excuses tu as présenté à Théo, mais elles devaient être sacrement efficaces. Parce que moi ça me tue de te voir parler à Oliver comme si de rien n’était, comme si tu ne t’étais pas rangé du côté des parents au mépris de sa vie à lui. » Si mon ton était froid et neutre, l’émotion restait palpable au fond de mes yeux qui lançaient des éclairs. « Je m’en fiche que tu veuilles suivre la voie que les parents t’ont prévu, c’est tout à ton honneur et je te souhaite du fond du cœur de briller professionnellement parlant. Mais j’ai une question : t’étais où il y a cinq ans, quand on avait besoin de toi ? » Oliver n’était pas mon fils et à l’époque,n 'étant encore pas né, ce petit bonhomme n’avait pas encore changé ma vie. Mais j’avais assisté impuissant à la bataille que Théodora avait tenté de mener contre nos parents pour avoir le droit de donner la vie et d’élever son enfant comme elle le désirait. Si je ne l’avais jamais dit, gardant comme toujours mes sentiments pour moi, la voir se faire détruire à petit feu par mes parents qui souhaitent à tout prix conserver leur réputation m’avait rendu malade. « Alors peut-être que je ne suis qu’un snobinard égoïste et irrévérencieux qui ne connait rien à rien et qui vit au crochet de son grand-frère, mais j’étais là. » Je n’étais pas certain d’avoir joué un grand rôle dans l’éducation d’Oliver, Théodora et Gauthier assumant à eux-deux et avec brio, les grosses responsabilités de parents, mais je m’étais tenu à leurs côtés du début à la fin. « Par contre, pas certain que ça améliore l’ambiance. » ajoutais-je finalement dans un haussement d’épaules avant de boire le contenu de ma coupe cul sec et de m’en resservir une aussitôt. « Il va me falloir un peu plus d’un verre pour supporter cette réunion familiale, pardonnez-moi. »
“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”
"N
on merci, pas d'alcool pour moi." répondit-elle au moment où sa cadette demanda à leur aîné s'ils allaient boire ce champagne. Maura lança un regard à Gauthier, qui avec peu de mots l'avait convaincu de rester encore un peu assise avant de craquer. D'un regard, elle tenta de le rassurer qu'elle ne refusait pas ce verre parce qu'elle n'en avait pas le coeur avec les attaques qu'elle s'était prise juste un peu avant mais parce qu'elle avait ses raisons. Le connaissant, il n'insisterait pas. Les autres, ils verraient certainement ça comme un refus de participer à leur activité de groupe encore, comme si elle refusait le calumet de la paix et encore... ils étaient bien décidés à ne le lui offrir alors après tout... pourquoi boirait-elle un verre juste pour se sentir intégrer. Elle n'avait tout simplement pas le droit et elle n'avait pas non plus envie que le sujet qui la taraudait soit lancé. La réflexion de Connor laissa à Maura un nouveau goût amer dans la gorge. Mais si elle avait réagi à leurs attaques juste avant, elle décida de ne pas renouveler l'expérience. Voilà qu'on ouvrait le champagne pour elle, ils auraient pu ouvrir un bouteille d'eau pétillante que ça aurait eu le même effet. Elle avait choisi sa carrière pour faire quelque chose de sa vie, quelque chose qui la passionnait et maintenant elle en payait le prix. Peut-être aurait-elle dû vivre une vie bohème et s'attirer des ennuis pour que l'estime que ses frères et sa soeur avaient d'elle remonte... L'ambiance était pesante, lourde et désagréable. Elle n'était pas la bienvenue et si Théo semblait malgré tout mettre de l'eau dans son vin pour Gauthier et probablement pour Oliver, les deux jeunes hommes n'en avaient absolument rien à faire. Après tout, elle aurait pu leur annoncer qu'elle était mourante, ils auraient probablement trouvé quelque chose à redire... ils auraient été capables de penser que c'était pour se rendre intéressante ou une autre raison idiote de ce genre. Ca lui tiraillait le coeur, parce que jusque là, elle n'avait le soutien de personne à part Ryleigh et la plupart du temps, Maura n'avait plus aucune envie de se battre. Se battre pour quoi? Pour une famille dont elle s'était éloignée pour son boulot. Pour son boulot qu'on lui avait enlevé? Partie dans ses pensées, les paroles de Gauthier, ou plutôt le monologue -fait rare- chez son aîné, la ramena avec attention dans le salon. Maura n'avait jamais vu son frère agir de la sorte, c'était surprenant et agréable de retrouver son autorité de frère. Une autorité qu'elle aurait volontiers laissé guider sa vie en ce moment... Elle lui envoya un faible sourire, une promesse qu'elle allait faire encore un peu plus d'efforts ce soir et qu'elle ne répondrait pas aux attaques avec d'autres attaques. Charlie en avait décidé autrement. Maura tourna la tête vers lui alors qu'il entamait ses explications. Il aimait vivre au crochet de son aîné... Soit, si ça lui plaisait... Il profitait tout autant de la vie riche que lui offrait Gauthier, comme elle avait profité que ses parents étaient à la tête d'une grande entreprise pour réussir sa carrière. Ils n'étaient pas si différents mais au contraire de lui, elle avait pris son indépendance sachant pertinemment que les parents qu'ils avaient n'en avaient rien à faire qu'elle échoue ou qu'elle réussisse. Elle s'était choisie ELLE, non pas leurs géniteurs. Et ça personne ne le comprenait. Maura laissa son frère déballé son sac, disant du vrai et du faux, du moins en ce qui la concernait. Il ne la connaissait pas et il n'avait jamais cherché à la connaître, s'arrêtant à l'apparence qu'elle dégageait. Elle n'avait pas non plus pris le temps de le connaître certainement. Une de ses erreurs... Ses erreurs. C'était sa faute du début à la fin alors? "Je n'ai jamais pris le parti des parents, Charlie. Je ne me suis pas prononcée, je n'ai pas choisi de camp. Très honnêtement que je choisisse votre camp, est-ce que ça aurait changé quelque chose?" Leur lien n'était déjà pas très solide à l'époque. Connor était mineur et il aurait dû rester à Londres, seul. Gauthier et elle savaient très bien que ce n'était pas une option. Même s'il n'avait pas apprécié de l'avoir sur son dos jusqu'à ce qu'il parte pour Brisbane, au moins elle avait pu veiller un peu sur lui. Si elle avait choisi leur camp, elle serait probablement partie à l'autre bout du monde mais ça aurait changé quoi? Elle serra les dents, se mordit la langue pour ne pas laisser les vannes s'ouvrirent. Mais elle ne pouvait pas rester ici. Ce n'était pas le moment de se retrouver, pas quand la moitié de la fratrie ne pouvait même pas supporter sa présence. "Ce n'est pas la réunion familiale que tu as du mal à supporter. C'est juste moi. Et je vais te faciliter les choses, Charlie." Maura se leva, rajustant sa tenue. "Tu diras au revoir à Oliver de ma part." Dit-elle à Théodora avant de se tourner vers Gauthier. Elle fit quelques pas et posa une main sur son avant bras. "Désolée..." souffla-t-elle, sans prendre la peine de s'adresser à ses deux autres frères, l'un l'appelait Maurora l'autre ne supportait pas sa présence... Maura n'avait juste plus d'énergie. Vidée. Pale. Elle avait besoin d'air, de craquer loin, de ne plus paraître et juste être. Être comme aucun d'entre eux ne la connaissait. On lui reprocherait encore de fuir certainement, de toute manière on lui reprocherait toujours quelque chose parce qu'il y a cinq ans elle avait choisi de se taire. Ce qui était fait était fait. Elle quitta le salon, reprenant ses affaires, bien décidé à franchir la porte.
C’était se leurrer que de croire que ce rendez-vous familial tournerait bien. Théodora s’était dit que, peut-être, il se passerait dans le calme. Après tout, ils avaient réussi à cohabiter et à avoir ce genre de repas tous ensemble pendant au moins quelques années, alors pourquoi n’en serait-il pas de même pour ce repas-ci ? Probablement parce que les parents n’étaient plus là et que même si le peu de considération qu’ils avaient pu avoir pour les plus jeunes de la fratrie n’avait jamais aidé à une bonne entente entre tous, ils imposaient malgré tout un certain cadre qui les empêchait chacun d’aller trop loin. Ce cadre n’était pas là aujourd’hui et encore une fois, il y avait bien trop de non-dits et de fantômes dans le placard pour que tout se passe sans encombre. Théodora connaissait néanmoins l’enjeu de ce repas, elle savait qu’il comptait pour son frère aîné au-delà d’une simple réunion familiale et c’est aussi pour cela qu’elle avait mordu sur sa chique, se contentant d’une brève réflexion alors que sa sœur faisait une remarque à Charlie à propos la dépendance financière de ce dernier. Tous sous ce toit vivaient gracieusement grâce à Gauthier et Théo se sentait presque responsable de cette situation. De son côté, vivre au crochet de son frère n’était en rien une fierté, mais elle lui était extrêmement reconnaissante de tout ce qu’il pouvait faire pour elle et de tout ce qu’il avait déjà fait depuis qu’ils avaient quitté Londres. C’est d’ailleurs en repensant à cela que la jolie brune se trouva idiote d’en vouloir à son aîné à propos du secret qu’il leur avait caché à tous, mais qu’importe. Elle préféra détourner la conversation vers quelque chose de plus neutre, proposant qu’ils boivent ce champagne plutôt que de continuer de s’envoyer des piques. Théodora adressa un sourire en coin à Connor qui était venu lui passer une main dans le dos, la soutenant silencieusement. Après quoi, Gauthier prit en charge le service – sauf pour Maura qui avait décliné le champagne – pendant que le plus jeune de la fratrie s’occupait d’Oliver avant qu’on ne l’envoie s’occuper dans sa chambre. De toute évidence, la conversation finirait par mal tourner. Elle savait que tant que son fils serait là, ses frères feraient un bref effort pour se tenir, ou tout du moins pour ne pas être trop virulent face à un petit garçon de 5 ans, mais maintenant qu’il était monté, les hostilités étaient officiellement ouvertes.
« Tu as raison Charlie… C’était hypocrite de vous demander de faire comme si les relations étaient au beau fixe entre nous… Les choses sont compliquées c’est vrai et peut-être y a t’il des sujets de conversation que nous devons avoir mais… Vous voulez vraiment de ça ? D’un repas dans le silence comme si nous étions encore à cette grande table familiale ? Je crois qu’aucun de nous n’aimait ça. » Comme tout le monde dans la pièce probablement, Théodora tourna la tête vers l’aîné, surprise d’entendre un tel discours sortir de sa bouche. Gauthier était habituellement un homme de peu de mots et en un sens, elle était presque heureuse de le voir s’imposer. « Que ça vous plaise ou non, nous sommes une famille. De la rancœur il peut y en avoir mais Maura sera tout de même votre sœur et que ça vous plaise ou pas je continuerai à l’inviter. Elle n’a pas agi comme nous tous… Mais c’est son droit… Croyez-le ou non, l’enfance que nous avons eu avec Maura n’est pas la même que la vôtre. Notre éducation non plus bien que nos parents soient les mêmes. Alors allez-y... Dites ce que vous avez à dire mais fait le avec un minimum de respect, de réflexion et d’ouverture d’esprit » Le silence s’imposa ensuite dans le salon. La jeune femme ne put s’empêcher d’observer chacun des membres de sa fratrie. Elle avait conscience de ce que venait de dire Gauthier. Elle savait parfaitement que même s’ils étaient issus d’une même famille, leur éducation et leur enfance n’avait pas été la même. Elle avait toujours imaginer que les espoirs de leurs parents avaient toujours reposé sur les deux aînés et que les trois autres n’avaient été là que pour parfaire le portrait de cette belle et grande famille. Aussi loin que sa mémoire puisse remonter, elle ne se souvenait d’aucun réel moment avec ses parents ; les seuls lui revenant en tête étant ces brunchs et autres galas auxquels elle se devait d’assister auprès de sa famille. Les moments importants, elle les avait vécus auprès de ses frères et de Maura pour quelques-uns, lorsqu’elles étaient plus jeunes. Un soupir échappa à la brune. Elle n’avait rien à dire. Elle avait déjà eu l’occasion de voir Maura avant ce jour et elle lui avait déjà plus ou moins craché son venin à la figure. Quant à ses frères, elle vivait avec eux et ils avaient aussi déjà eu droit à une intervention suite à leur comportement envers les uns les autres. C’est finalement Charlie qui prit la parole, déballant ce qu’il avait sur le cœur concernant leur sœur. Personne ne broncha alors qu’il parlait. Le cœur de Théo se resserra alors qu’il évoquait ce qui avait causé la plus grosse cassure qui soit dans leur famille. Elle en était responsable. Ses frères l’avaient soutenus, mais ils n’en seraient probablement pas là si elle n’était pas tombée enceinte. Sans méprise, elle était plus que comblée aujourd’hui par son fils et par la vie qu’elle menait à présent loin des parents, mais si Maura ne faisait plus partie du paysage depuis un bout de temps, elle avait complètement été rayée du tableau après cela. L’aînée lui avait effectivement présenté des excuses quelques jours plus tôt et Théo avait compris certaines choses. Tout n’était peut-être pas pardonnée, mais de son côté, elle était prête à mettre de l’eau dans son vin pour que les choses aillent mieux. A ses yeux, il fallait juste laisser un peu de temps au temps, mais cet avis n’était de toute évidence pas partagé de tous.
Charlie sembla en avoir fini avec ses explications, concluant en finissant d’une traite sa coupe de champagne. Théodora se passa alors une main sur le visage tandis que Maura répondait à l’assaut, terminant elle en se levant pour quitter la pièce. La brune jeta un coup d’œil à chacun de ses frères avant de se lever à son tour pour rejoindre sa sœur qui rassembler ses affaires dans l’entrée. Elle resta cependant entre le salon et le hall. « Maura, attend. » lança-t-elle pour la stopper dans son élan. « Il fallait que tu t’attendes à ce que les choses ne se passent pas facilement. Tu devais le savoir, mais tu es venue quand même, c’est idiot de tourner les talons après ça. » Puis chez les Hazard-Perry, ils savaient encaisser, non ? Même si Théo pouvait comprendre la détresse de la jeune femme. Se retrouver avec tout le monde sur le dos ne devait pas être une mince affaire et il était compréhensible qu’elle veuille juste s’en aller. « Gauthier a organisé ce repas et pour une raison ou pour une autre, on est tous là. » reprit-elle en jetant un coup d’œil du côté du salon cette fois afin de s’assurer d’avoir l’attention des garçons également. « On lui doit bien ça, alors est-ce qu’on peut juste… reprendre ? Charlie, Connor, si vous n’avez pas envie de faire semblant, et bien ne le faites pas, mais est-ce qu’on peut juste… J’en sais rien. Ne pas s’envoyer des crasses au moins le temps que ce dîner se passe ? » C’était peut-être beaucoup demander, mais dans le fond, ils avaient tous répondu présent à l’invitation. Peut-être en se sentant forcé, mais après tout, ils étaient tous adulte et que la raison soit bonne ou mauvaise, ils avaient tous accepté d’être là aujourd’hui.
L’ambiance étant déjà assez explosive, je décidais vite de calmer mes ardeurs et ne relevais pas les remarques qui ne m’étaient pas adressées et même celles qui me m’étaient adressées. A la place je me positionnais en pilier soutenant Théo lorsque la remarque de Maura, pourtant adressé à Charlie ricocha sur cette dernier. Finalement nous avions réussi à tourner la conversation vers un autre sujet et Gauthier commença à nous servir du Champagne. Maura déclina d’ailleurs son verre. Probablement comme Charlie je fus surpris de cette décision, je serai incapable de supporter la totalité de ce brunch sobre… J’avais clairement besoin de mon verre « Si tu ne veux pas ton verre Maura, tu peux me servir une double dose Gauthier, ce n’sera pas de refus. » J’me ferai bien la bouteille en entier au passage. A la place de ça Gauthier envoya Oliver jouer dans sa chambre (Adieu à ma porte de sortie, l’un des seul élément saint de cette table). Et à la grande surprise générale, Gauthier se lança dans un discourt des plus éloquent sur nos rapports familiaux. A croire qu’il avait aligné plus de mot dans ce discours que dans sa vie entière. « Que ça vous plaise ou non, nous sommes une famille. De la rancœur il peut y en avoir mais Maura sera tout de même votre sœur et que ça vous plaise ou pas je continuerai à l’inviter. Elle n’a pas agi comme nous tous… Mais c’est son droit… Croyez-le ou non, l’enfance que nous avons eu avec Maura n’est pas la même que la vôtre. Notre éducation non plus bien que nos parents soient les mêmes. Alors allez-y... Dites ce que vous avez à dire mais fait le avec un minimum de respect, de réflexion et d’ouverture d’esprit » Je ne pu m’empêcher de lever les yeux aux ciel lorsque notre ainé mentionna son éducation et celle de Maura. Bien facile de parler comme ça quand on avait été sous l’aile du paternel toute son enfance et nos pas dans le coin du nid à rechercher en vain l’approbation de ce dernier.
Pourtant, une fois de plus je décidai de tenir ma langue pour le moment, ne me sentant pas la force de pinailler sur des mots. Et comme apparemment certains étaient décidés à vider leur sac, je leur laissais volontiers la place. Charlie pris la parole à son tour et aussi surprenant qu’il en paraisse pour Monsieur Sarcasme je ne perçu pas une once d’ironie dans ses propos, juste une amertume à peine camouflée à l’encontre de notre ainée. Rancoeur que je partageai également, à un niveau peut être légèrement atténuée pour le coup. En effet, vivre ses quelques années en compagnie de Maura avait fait passer la pilule, même si je ne lui pardonnerai pas totalement, du moins tant que Théo n’en fera pas de même. La phrase de Charlie résonna encore dans ma tête « Mais si je vis ici, c’est parce qu’ils sont ma famille. Et que j’ai choisi ma famille, contrairement à toi. » Oui, malgré tous leurs défauts (et les miens) nous étions une famille, nous nous soutenions quoi qui l’en coute. « Alors peut-être que je ne suis qu’un snobinard égoïste et irrévérencieux qui ne connait rien à rien et qui vit au crochet de son grand-frère, mais j’étais là… Par contre, pas certain que ça améliore l’ambiance. » Je souris malgré moi à cette annonce, comme si Charlie était un petit snobinard… Tout le monde sait que c’était le pire snobinard qui existe au monde… Mais une fois de plus il n’a pas tord sur ce point, lui était là et avait soutenu Théo lorsqu’elle en avait besoin et n’avait pas choisi la facilité parental contrairement à notre soeur. Cette dernière ne resta pas muette à ce remarque tentant de se justifier comme elle le pouvait « Je n'ai jamais pris le parti des parents, Charlie. Je ne me suis pas prononcée, je n'ai pas choisi de camp. Très honnêtement que je choisisse votre camp, est-ce que ça aurait changé quelque chose? » Un petit agacement monta en moi, c’était trop simple de remettre la faute sur nous. « Et qu’est-ce que tu risquais à prendre parti ? Bien sur que ça aurait pu changer des choses Maura. » Allez savoir comme les choses ce serait profilé, mais c’est sur que c’était plus simple de ne rien faire et de venir ensuite acclamer que ça n’aurait rien changé de toute façon. « Chacun ses opinions et je ne sais pas quels étaient les tiens ce jour-là, mais tu penses bien qu’en décidant de garder ton avis pour toi, nous allions automatiquement te rallier à celui de nos parents. » Sans compter qu’à aucun moment elle n’avait semblé en désaccord avec leur plan plus que douteux… « Peut-être qu’en t’exprimant, nous aurions au moins pu… J’sais pas moi, essayer de comprendre ton point de vue. » Même si globalement, dans le cas ou l’intention de Maura à ce moment là était de ne pas garder ce qui allait devenir notre petit Oliver, il aurait été impossible de faire changer d’avis Théo (et nous tous ici). Mais nous aurions au moins pu connaitre les arguments de Maura, arguments qui nous auraient peut être permis d’au moins tolérer son avis et nos pas de le réfuter de A à Z comme nous l’avons fait pour celui de nos géniteurs.
Finalement, se sentant surement trop loin de son petit confort, Maura pris la décision de satisfaire la demande qu’elle pensait surement générale et quitta la table. Encore une fois, elle choisissait la facilité. La fuite plutôt que d’affronter nos opinions une bonne fois pour toute. Je ne pu retenir un souplement d’agacement et croisais mes bras sur mon torse « Pour quelqu’un qui se dit prêt à encaisser, ça ne fait pas long feu sous la pression. » Ma remarque n’aidait pas, je le savais pertinemment, mais c’était plus fort que moi cette situation m’irritait et tout ce que je voulais actuellement c’était bien que Maura quitte cette villa afin qu’à mon tour je puisse prendre mes jambes à mon cou, Pourtant, voilà Théo qui se leva à son tour pour retenir notre ainée « Maura, attend. » Je laissais mes dents se serrées à cette demande, si Théo la retenais je pouvais dire adieu à ma libération. « Il fallait que tu t’attendes à ce que les choses ne se passent pas facilement. Tu devais le savoir, mais tu es venue quand même, c’est idiot de tourner les talons après ça. » J’avoue que cette remarque était peut-être plus constructive que la mienne mais dans le fond c’était du pareil au même, les formes en moins pour ma part. « Gauthier a organisé ce repas et pour une raison ou pour une autre, on est tous là. » La raison, nous pensions la connaître, “mettre les choses à plat, calmer les tensions dans l’espoir que nous puissions redevenir une familles exemplaire et blah et blah et blah“… Comme si un brunch pouvait faire toute la différence.
Théo finis alors par revenir vers nous, tournée principalement vers Charlie et moi. « On lui doit bien ça, alors est-ce qu’on peut juste… reprendre ? Charlie, Connor, si vous n’avez pas envie de faire semblant, et bien ne le faites pas, mais est-ce qu’on peut juste… J’en sais rien. Ne pas s’envoyer des crasses au moins le temps que ce dîner se passe ? » Je soupirai et me laissai m’avachir un peu plus sur ma chaise, attitude qui ne plairait clairement pas à nos géniteurs. Pourtant malgré ma forte envie de non collaboration, je savais que c’est contre productif et que ce brunch s’écoulerai bien plus vite si nous nous tenions à carreau. « Si ça peut te faire plaisir Théo. » Je laissais mes yeux rouler une dernière fois, croisant les doigts pour ne plus faire ça avant la fin de notre réunions de famille. « Je ferai un effort. Même si je comprends toujours pas pourquoi tu soutiens ça et que je pense clairement qu’un simple Brunch ne démêlera pas tous ces noeuds… » Enfin et que moi j’accepte de collaborer n’influencera probablement en rien notre princesse Chachatte alors nous n’étions pas encore sorti d’affaire… Bonne chance pour ça.
Par ces quelques mots Gauthier avait de toute évidence lancé une guerre ouverte. Plus question de retenu, il était temps pour Charlie de vider son sac, pas de sarcasmes cette fois, une pure vérité qui était presque choquante venant de lui. « Mais si je vis ici, c’est parce qu’ils sont ma famille. Et que j’ai choisi ma famille, contrairement à toi. » Une pique glaciale de plus pour remettre Maura à sa place de lâcheuse, elle était celle qui n’avait pas suivi la famille, celle qui avait été lâche et s’était rangée du côté parental et si Gauthier lui laissait le bénéfice du doute, il était toute de même sensible aux propos de son frère. « Je m’en fiche que tu veuilles suivre la voie que les parents t’ont prévu, c’est tout à ton honneur et je te souhaite du fond du cœur de briller professionnellement parlant. Mais j’ai une question : t’étais où il y a cinq ans, quand on avait besoin de toi ? » Maura s’était tue… N’avait rien dit parce que faire des vagues n’avait jamais été dans son tempérament. « Alors peut-être que je ne suis qu’un snobinard égoïste et irrévérencieux qui ne connait rien à rien et qui vit au crochet de son grand-frère, mais j’étais là. » Et malgré tout ce que Gauthier pouvait reprocher à son frère, c’était tout à son honneur d’avoir aidé Théo comme il le pouvait, d’avoir tout lâché pour les suivre ici et participer à l’éducation d’Oliver. La vie de tous avait été chamboulée avec l’annonce de cette grossesse, et Maura avait sans doute été la moins touché de part son détachement. « Je n'ai jamais pris le parti des parents, Charlie. Je ne me suis pas prononcée, je n'ai pas choisi de camp. Très honnêtement que je choisisse votre camp, est-ce que ça aurait changé quelque chose? » Dans le silence une fois de plus, Gauthier avait légèrement levé les yeux au ciel face à la mauvaise foi de sa soeur, il voulait bien la soutenir mais ce type de réflexion était mal venue. Et il n’était de toute évidence pas le seul à le penser, Connor exprimant haut et fort une part de ce qu’il pensait lui aussi. Et Charlie son habituel sarcasme à peine dissimulé qui avait fini de pousser Maura à bout. « Ce n'est pas la réunion familiale que tu as du mal à supporter. C'est juste moi. Et je vais te faciliter les choses, Charlie.Tu diras au revoir à Oliver de ma part. » Le regard sur sa soeur Gauthier était resté silencieux alors qu’elle s’approchait un peu de lui pour lui adressé un. « Désolée… » Le trader baisant la tête, déçu et impuissant face à l’incapacité de sa famille à communiquer sans que ça ne dégénère.
Forte heureusement, Théo était là une fois de plus pour ramasser les pots cassés. Sa douceur naturelle et son tact aidant à apaiser les esprits. « Gauthier a organisé ce repas et pour une raison ou pour une autre, on est tous là. » La raison d’ailleurs il ne l’avait toujours pas évoqué, l’étau se resserrant, lui faisant comprendre que si il voulait faire son annonce il ne fallait pas trop attendre. Les membres de sa famille risquaient de ne pas finir la soirée dans la même pièce, pour peu qu’ils ne s’égorgent pas avant… « On lui doit bien ça, alors est-ce qu’on peut juste… reprendre ? Charlie, Connor, si vous n’avez pas envie de faire semblant, et bien ne le faites pas, mais est-ce qu’on peut juste… J’en sais rien. Ne pas s’envoyer des crasses au moins le temps que ce dîner se passe ? » Un souhait qu’ils avaient en commun avec sa cadette, mais la demande sortant de la bouche de la jeune femme elle avait possiblement plus de chance d’être entendue. « Si ça peut te faire plaisir Théo. Je ferai un effort. Même si je comprends toujours pas pourquoi tu soutiens ça et que je pense clairement qu’un simple Brunch ne démêlera pas tous ces noeuds… » Amenant son verre à ses lèvres, Gauthier ne pouvait s’empêcher de se dire que lui aussi aurait besoin de plus d’un verre pour supporter cette soirée, qu’il avait pourtant lui même orchestré avec une idée derrière la tête. « Personne ne le pense Connor… Faisons juste au mieux. » La servante rentrant à ce même instant dans la salle pour les inviter à prendre place dans la salle à manger autour de la grande table. Gauthier en tête de table comme le bon patriarche qu’il était. Il s’était raclé la gorge en restant debout alors que le reste de la famille prenait place à table - Oliver toujours dans sa chambre. « A vrai dire, la raison première de votre présence ici n’est pas de régler tous les problèmes. Il se trouve que j’ai une information à vous communiquer. » Ou plutôt une révélation et pas des moindres. Mais amener le sujet avec délicatesse était sans doute trop demander à Gauthier. « Je suis père. » Voilà c’était dit. Et il se serait bien contenté de ça, retrouvant sa chaise comme si de rien n’était sous le regard médusé de ses frères et soeurs.
Jetant un regard à Théo il avait compris rapidement que ce n’était pas suffisant se relevant un peu à contre coeur. « Gabriel, le fils d’Elisabeth est aussi le mien. Il me semblait important que vous soyez au courant. » Avant que l’info ne filtre autrement. Pour le reste et les détails il ne comptait pas s’étendre sur le sujet. Sa vie privé avait toujours été quelque chose de très secret et à son avis il avait dit l’essentiel. Sa famille maintenant au courant il pouvait continuer le souper avec plus de tranquillité, sa tache étant accomplie.