| tomorrow when the war begins (lenatt) (-18) |
| | (#)Ven 5 Jan 2018 - 23:37 | |
| Le simple contact de ses doigts sur ma nuque suffit à ce que je ralentisse, à ce que je frôle l’arrêt, à ce que je me calme, beaucoup moins pressé, beaucoup plus ancré dans cette cuisine plongée dans la pénombre, dans le rythme de nos respirations qui ne font bientôt qu’une, qui réagissent aux mouvements, les coups de reins justifiant le reste. Et elle est belle dans mes bras, et elle est belle alors qu’elle se mord la lèvre, qu’elle ferme les yeux, que son front se dépose sur le mien, que ses jambes enlacent avec envie mon bassin, qu’elle se colle un peu plus ou que je l’attire encore trop. De l’urgence je passe à l’anticipation, et je calcule chaque va, chaque viens, juste assez pour qu’elle tressaille, jamais pour qu’elle râle. Petit jeu de pouvoir qu’elle reconnaît comme fait tant d’autres fois avant, alors que la vie ne nous menaçait pas, alors qu’on ne tapait pas à outrance à la porte barricadé de notre ultime refuge. Ses doigts dans mes cheveux, mon nom sur ses lèvres, et mes mains qui encerclent sa nuque, qui l’aident à se cambrer un peu plus, à me recevoir un peu mieux. Jamais jusqu’au bout, jamais de mouvement complet, et je profite de chaque coup d’oeil qu’elle renvoie dans l’espoir que la tentation passe, que j’arrête de jouer, que ce ne soit plus qu’une excuse pour profiter, pour étirer le moment, pour en goûter chaque seconde, pour la triturer jusqu’à la folie. Et les minutes passent, et l’envie monte, et mes baisers se font encore plus diffus, de ses lèvres à sa nuque, de ses épaules à ses clavicules, de sa poitrine à sa mâchoire. Ce sont mes doigts qui trouveront les siens bien vite, qui les enlaceront avant de les presser un peu plus, annonçant la suite, précisant mes intentions. Elle comprendra d’un regard que j’en veux plus, que j’irai plus vite, plus fort, mais surtout que maintenant, on ne se concentre que sur elle, sur son plaisir, sur tous ses muscles qui se contractent à mon contact, qui en redemandent tout autant que moi. Je la chéris du bout de l’index, je l’embrasse à en perdre le souffle, je la sens se tendre alors que j’accélère mes mouvements, alors que mes prunelles s’accrochent à chaque détail de son visage, que je n’en perds pas une seule parcelle. Chaque réaction, chaque râle, chaque mouvement est observé, enregistré, comme si je pouvais le garder en mémoire le plus longtemps possible, référent d’un moment de bonheur pur sans aucun autre stress, sans aucun risque, sans la moindre bribe de danger maintenant que nos corps ne font plus qu’un et qu’enfin, elle rompt le silence dans lequel la cuisine était tombée. Je la suis en soupirant d’aise, mon corps secoué d’un long frisson qui termine par flirter avec le soulagement. Et elle reste là, Lene, ma tête appuyée lâchement sur son épaule, l’odeur de sa peau qui emplit mes narines, le temps que ma respiration retrouve un rythme normal, naturel. |
| | | | (#)Ven 12 Jan 2018 - 2:47 | |
| Elle s’abandonne intégralement à lui, à ses bras, à ses commandes, sans marquer aucun signe de la retenue qui la caractérise si souvent. Les gestes de Matt font grimper la fièvre qui l’anime, la chaleur dans son bas-ventre et elle en redemande encore plus à chaque mouvement qu’il produit, faisant ainsi monter le niveau de décibel dans la pièce. Ses bras, qu’elle a placé autour de ses épaules resserrent leur emprise, ses lèvres attrapent les siennes avec de plus en plus de désir et de passion et ses plaintes s’accélèrent au fur et à mesure que les secondes défilent, dès que sa respiration le permet. Elle a envie de lui, encore plus vite, encore plus fort et ne manque pas de lui faire sentir. Sa prise sur lui se resserre, améliore sa position ainsi que les sensations qu’il produit, elle se cambre un peu plus, l’accueille avec une envie qui ne cesse de s’accroitre tandis que ses doigts s’enfoncent un peu plus dans sa chair pour mieux se tenir à lui, pour mieux sceller leur union, ses lèvres goutent chaque parcelle de peau qui s’offrent à elle, le moment l’enivre et ne fait qu’agrandir l’envie de découverte de ses sens. Son prénom s’échappe de plus en plus vite, entre deux souffles, comme une invitation à en faire plus, à lui donner plus. Et Matt communique, ses besoins, ses sensations. Les minutes défilent et l’intensité poursuit son chemin, jusqu’à ce que celle-ci atteigne son paroxysme, jusqu’à ce que la chaleur qui grandit en elle se fasse trop forte pour ne pas éclater, jusqu’à ce que celle-ci ne se répande en un instant dans ton son organisme, jusqu’à ce que la dernière plainte résonne dans la pièce, ne laissant rien deviner de l’effet que le moment a eu sur Lene. Les spasmes la prennent, elle vit la petite mort et Matt la suit quelques secondes plus tard alors que son corps frissonne encore du choc. Leurs respirations sont ce qui meublent la pièce, on entend rien d’autres, ceux peut-être des gémissements venus de dehors, contre les volets, mais Lene n’y pense pas, elle ne fait que récupérer son souffle, le visage niché au creux de l’épaule de Matt, ses bras toujours autour de lui, une façon d’étendre l’instant, de garder un peu de l’euphorie qu’elle ressentait à être si proche de lui, une façon de ne pas se séparer trop vite, de ne surtout pas retourner à la réalité mais de rester dans ce moment-là, qu’ils viennent de créer et vivre ensemble parce que Lene aimerait ne pas vivre autre chose. Ses halètements se réduisent, laissant le temps filer, transformant de façon prématurée leurs ébats en un souvenir, les minutes ont défilé et il est désormais temps – à contrecœur – de retourner à la réalité, de revenir à survivre. Matt desserre son étreinte et elle suit le geste, elle ne dit rien, bien trop secouée encore, bien trop triste que les choses aient repris leur place, que cette cuisine soit à nouveau redevenu leur abri plutôt que le théâtre de leur jeu. Elle ne sait quoi dire, quoi faire, elle ne fait que ressentir la peur de revenir dehors, de courir encore le risque bien présent d’être à nouveau séparée. « J’ai envie qu’on se sauve. » lâche t-elle, alors qu’il se baisse pour ramasser des vêtements, il lui tend ce qu’il semble être à elle alors qu’elle explicite sa pensée. « Je veux qu’on se sauve, qu’on aille loin, là où on courra plus aucun danger. » ça parait utopique. C’est même surprenant venant d’elle, qui a toujours les pieds sur Terre mais, elle veut juste sentir qu’il y’a de l’avenir au-delà de ces volets. |
| | | | (#)Jeu 25 Jan 2018 - 0:16 | |
| C’est trop court, et trop long à la fois. C’est elle qui s'accroche, c’est son corps qui se cambre sous mes mains, c’est des années de souvenirs qui me reviennent en mémoire, et c’est son souffle qui finit de m’achever, dernier frisson d’une longue série, Lene encore dans mes bras, et un soubresaut qui suffit à ce que nos corps s'enlacent un peu mieux, un tout. La sueur colle à notre peau, la peau colle en elle-même, ses mèches caressent mon dos découvert, et c’est une série de baisers qui papillonnent le long de sa nuque avant de retrouver une nouvelle fois ses lèvres, moins empressés, le soupir d’aise facile. Chaque minute à ne pas penser à ce qui se trame dehors soulage mes muscles, détend ma mâchoire, Chaque minute près d’elle suffit à ce que j’en oublie, presque, notre survie. Mais ce serait trop beau, trop facile, trop innocent de croire que c’est ici la cachette où on finit par se planquer pour le reste de nos jours, s’il en reste simplement. Lene attrape le fil de mes pensées maintenant qu’elle interrompt ma course, mon mouvement à contre-coeur de lui tendre un morceau de tissu et un autre. J’en profite pour l’admirer, pour enregistrer ce qui reste, pour me rappeler que c’était plus juste un fantasme, à contre-sens. Que pour une fois, j’étais pas le seul à ressentir quelque chose, à l’avoir voulu. Elle aussi, en quelque sorte. « On fait ça. » mon sourire en rajoute une couche, maintenant que j’hoche de la tête, que je me revêtis à mon tour, que je profite du dernier mouvement qu’elle vient de faire pour passer son t-shirt sur sa tête et m’approcher à nouveau, me lovant entre ses cuisses de façon beaucoup plus prude qu’il y a quelques minutes. « On se repose le temps que ça tienne, on ramasse de la bouffe, et on se barre. » qui sait si demain matin les gardes n’auront pas cédé sous une nuit à être agitées de tous les côtés par les autres paquets de chair. Encore une fois, je pense tout de même que de gratter un peu de repos, que de recharger nos batteries serait beaucoup plus brillant, prudent, que de partir aussi vite qu’on est arrivés. « Y’avaient des rumeurs au campement que vers l’ouest, c’était moins pire. » sans que je le réalise, mes doigts glissent sur les parcelles de Lene qui sont toujours à découvert, maintenant que je relate ce que j’aie entendu, ce dont on parle dans les tranchées, quand on croit qu’il y a encore un espoir quelque part. Quand on tente de s’en persuader. L’index sur le revers de sa main, le pouce sur le poignet, la paume. Comme si j’avais encore besoin de proximité, comme si c’était con de me détacher aussi vite, pour l’avoir espérée aussi longtemps. Elle s’agite pourtant, et je laisse passer, me décalant sur la droite, finissant par errer à mon tour dans la cuisine, à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, justement. Sans conviction, j’ouvre les placards, le frigo même, me disant que ce serait bien un signe de la providence qu’il reste dans les provisions quoi que ce soit de potable... « Lene. » mon ton est catégorique, presqu’apeuré. « LENE! » elle met une fraction de seconde avant d’être à mes côtés. « Y’a du fromage. » lentement, interdit, ma main se lève en direction de la tablette où siège le paquet, le saint graal. « Et il est presque pas périmé! » c’est quoi, 3 semaines, sur la possibilité de gratiner quelque chose, peu importe ce que ça peut être? |
| | | | (#)Ven 26 Jan 2018 - 11:34 | |
| C’est l’apocalypse qui se joue dehors, et elle aurait continué à l’oublier plus longtemps dans les bras de Matt. Mais, la réalité revient à la charge avec son acre vérité qu’elle peine à accepter à nouveau. Il faut qu’ils se séparent, qu’ils reprennent leur vêtement et pense à leur survie en premier lieu. Ce sont les réflexes de six mois de survie dans ce monde hostile qui reprennent le pouvoir sur eux. Ce sont les moment d’intimité, de pure complicité qui s’estompent au fur et à mesure qu’elle se rhabille, qu’elle commence déjà à faire des plans dans sa tête pour la suite, qu’elle étudie tout le potentiel d’être là, protégés pour le moment, et de mettre à profit le lieu pour préparer leur fuite. Et c’est son souhait le plus cher qui sort d’entre ses lèvres, c’est ce qu’elle veut, fuir loin de tout ça, se mettre dans une vraie sécurité qu’elle exprime et d’en revenir à l’époque où elle pouvait le traiter de con sans culpabiliser que ce soit la dernière chose qu’elle lui aurait dit. Quand elle regarde Matt, il y’a un peu de peur qu’il refuse, qu’il pointe ses sœurs qui sont peut-être encore là, ou même d’autres personnes. Qu’être à Brisbane, ça lui donne l’espoir d’avoir encore un peu du monde d’avant. Pour Lene, elle n’a que lui, elle se moque de savoir si un autre Adams a survécu. Elle veut juste être libre de vivre sans la peur de finir en repas au détour d’une rue. Mais Matt accepte et c’est un soulagement qui s’empare d’elle dès les premiers mots. « On fait ça. » C’est un cri de joie qu’elle se retient de pousser trop fort qui se matérialise en un souffle long, suivi d’un sourire. C’est une envie folle de l’embrasser qui la consume alors qu’il s’approche à nouveau d’elle pour l’étreindre. C’est l’apaisement qui arrive de se dire qu’ils vont s’échapper tous les deux, que cet épisode aura une fin. « On se repose le temps que ça tienne, on ramasse de la bouffe, et on se barre. » Ses mains se place naturellement autour de sa taille alors qu’elle acquiesce gentiment le plan de bataille. Elle le suit, ils vont se reposer en croisant les doigts que les volets tiennent, mettre ce qu’ils trouvent de côté et partir loin d’ici. C’est encourageant, pour la première fois, Lene voit une porte de sortie à ce calvaire et n’est qu’impatience à l’idée que tout ça se met en œuvre. « Y’avaient des rumeurs au campement que vers l’ouest, c’était moins pire. » Elle les avait entendues aussi, mais elle avait peur qu’on dise à l’Ouest que ce serait à l’Est que c’est moins pire. Des rumeurs. C’est tout ce qu’ils ont, là où il y’a à peine quelques mois, il était possible de savoir ce que le voisin a mangé au petit déjeuner rien qu’en allumant son ordinateur. Les mains de Matt se font baladeuses. Elle aurait tort de dire qu’elle n’aime pas ça, mais malheureusement son esprit pratique l’amène à penser à déjà préparer ce demain. Elle dépose un dernier baiser sur ses lèvres avant de se défaire, d’ouvrir les tiroirs de la cuisine, les meubles à la rechercher de quelque chose d’intéressant. « On pourrait fuir vers le désert sinon. Ou prendre la mer. » Qu’elle propose comme opportunité. Après tout, elle sait conduire un bateau, il y’en a plein à l’abandon sur le port. Il n’y a qu’à espérer que le passage soit safe. Forcément, on ne rejoint plus Bayside aussi facilement qu’avant. « Il suffit d’une île. » Elle a l’air pleine d’espoir, encore. Les placards ne donnent rien d’important à se mettre sous la dent. On frôle l’optimiste débile d’espérer que quelqu’un chose de comestible ait survécu aux pillages. Peut-être dans les réserves, mais dans ce cas, il faudra trouver où elles sont cachés. Elle sait que les proprios étaient assez axés survie pour avoir de quoi satisfaire leurs estomacs. « Je commence à regretter de pas avoir commencé par la boite de ravioli que tu m’as proposé. » Qu’elle avoue, en plaisantant alors que les derniers placards ne donnent rien. Elle aura seulement trouvé quelques allumettes dans un tiroir. « Lene. » Son ton ne l’inspire pas. Son premier réflexe est d’écouter, des fois qu’il ait entendu un bruit de craquement qui ne lui ait pas parvenu à elle. « LENE! » Qu’il répète, sans changer de place, ce qui lui met la puce à l’oreille qu’elle s’est probablement mise en alerte pour rien. Elle arrive derrière lui, alors qu’il est toujours penché sur le frogi, se demandant bien ce qui le met dans cet état. « Y’a du fromage. » Qu’il explique, alors qu’elle lâche un son de fatigue, il lui a fait peur le con. « Et il est presque pas périmé! » Qu’il ajoute, alors qu’elle a encore les yeux collés au packaging, mesurant dans sa tête le temps qu’il avait passé là, la probabilité que les panneaux solaires sur le toit aient assez alimentés la maison pour que le frigo dure, le fait que c’est illusoire que ce truc soit là. Puis après, elle se dit que c’est truc là, c’est de la moisissure de base et qu’au pire, elle aura eu le droit à un peu de paradis avant de mourir. « T’es sûre que c’est pas un mirage ? » Elle se moque, il le prend trop religieusement pour qu’elle ne fasse pas la vanne. « Félicitations, tu t’es trouvé un trésor. » Qu’elle annonce, elle passe ses bras autour de lui, dépose un baiser sur sa nuque avant d’ajouter. « On grattera quand même les tours. » Oui, parce que ce serait un comble d’être malade la veille de la fuite. « On passe voir ce qui se fait au sous-sol. Je suis sûre qu’on peut trouver mieux que du fromage. » C’est optimiste. Mais, il reste qu’ils ont des provisions à faire. |
| | | | (#)Dim 4 Fév 2018 - 2:40 | |
| La suite est inévitable, et nécessaire à planifier. Il n'est pas question que mon chemin quitte à nouveau celui de Lene, surtout pas après avoir enterré la hache de guerre, surtout pas après l’avoir retrouvée. Son parfum encore sur mes mains, son goût encore sur mes lèvres, et si la survie met fin à nos rapprochements plus vite que je ne l’aurais voulu, c’est qu’il est essentiel de se trouver un plan de match ultime, une solution, une conclusion pour s’assurer la sécurité le plus longtemps possible. « Une île, j’aime bien. » de ses propositions, c’est celle qui me parle le plus. Oui, le chemin vers le port sera difficile, ardu, probablement plus encore que n’importe quelle autre route à prendre. Mais sachant comment on avait appris à se sortir ensemble de situations particulièrement sanglantes depuis les 6 derniers mois, voyant comment on avait pu survivre en étant prévoyants et énormément alertes, j’ai confiance. Avec Lene à mes côtés, je sais que j’aurai la motivation nécessaire pour nous amener le plus loin possible, et qu’elle aura le talent et le doigté pour racler du zombie au pied carré. Le cerveau se met déjà en marche pour essayer de situer le trajet le plus simple et le plus direct d’ici, pour tenter de me souvenir où j’ai pu repérer un véhicule encore en bon état dans le coin, où le prochain poste à essence se trouve pour assurer nos arrières, et si mes iris sont occupés à fouiller les placards, comptoirs et réfrigérateur, j’ai la tête qui fume des derniers détails enregistrés auparavant. « Pour une fois où t’aurais dû m’écouter, et pas l’inverse. » que je pique, amusé, alors que Lene rêve des raviolis qui restaient à la maison. Je suis con de pas les avoir pris, de pas les avoir glissés dans mon sac. Je m’en veux qu’elle ait faim, qu’elle puisse pas profiter au moins ce soir d’un peu de calme, d’accalmie après la fin du monde qui a été particulièrement chiante avec nous depuis le petit matin. Mes prières sont exaucées quand le frigo m’offre une brique de fromage presque pas périmée, et si la brune est un minimum méfiante, j’en salive déjà. Mes doigts se perdent dans ses cheveux lorsqu’elle dépose ses lèvres sur ma peau, encore un peu de son contact, de sa proximité, de sa chaleur avant de faire le con une énième fois. « J’pourrais être cheesy et dire que c’est toi le trésor, mais j’aurais trop peur que tu me casses les côtes devant la remarque de beauf, alors j’vais juste m’activer. » et je rigole, et je repère la porte vers le sous-sol, et je l’entraîne vers le vide sanitaire où des conserves par dizaines sont savamment alignées. « Ça augure bien, ça. » qui guidera mes simagrées, alors que je n’ai pas la décence d’esprit de me demander pourquoi les gens habitant ici n’ont pas tout mangé, où ils ont bien pu passer si la maison était si sécuritaire et leurs provisions si nombreuses. Rien ne me met la puce à l’oreille après une brève visite des lieux, et c’est la grande gastronomie qui conclura la journée, un plat de pâtes au fromage et aux tomates qui nous servira de ration quotidienne. Lene et moi, nous partageons le dîner en direct de la chambre, profitant du lit défait et de vieilles couvertures trouvées dans un placard de fond de couloir pour se créer un semblant de confort, une bribe d’avant. Je m’endors à la seconde où je pose ma tête sur l’oreiller, la brune dans mes bras. « T’es prête pour la grande évasion? » l’eau froide de la douche a terminé de nous réveiller au petit matin, bien avant le lever complet du soleil. Si j’ai entendu des bruits suspects toute la nuit, rien ni personne ne semble avoir réussi à s’infiltrer dans la maison à voir nos corps sans morsures, et nos coeurs qui battent encore dans notre poitrine et non dans la bouche du premier paquet de chair putréfiée venu dans le coin. Bon signe. « La rue semble relativement calme, je pense qu’on aurait au moins une dizaine de minutes sans se faire déranger avant d’être repérés par qui que ce soit. » je détaille de derrière le rideau, faisant bien attention de ne pas trop faire bouger le tissu et attirer l’attention de façon précoce sur nous. |
| | | | (#)Mer 7 Fév 2018 - 19:06 | |
| Et c’est un monde d’opportunité qui s’ouvre à eux. La fuite peut être partout, tout est meilleur qu’ici et Matt n’a qu’à pointer un endroit sur une carte pour qu’elle le suive et quitte cet endroit avec lui. Si la décision peut être difficile, pour beaucoup de monde, elle pense notamment à lui et au fait qu’il soit plus sensible qu’elle et plus attaché à l’idée de revoir des gens d’avant, il ne faut qu’une demi seconde pour que tout soit prêt dans sa tête. Elle avait réussi à s’accommoder à ce nouveau monde mais elle n’a aucun envie de continuer à y évoluer. Elle veut pouvoir à nouveau se sentir en sécurité, et que plus jamais l’urgence ne vienne mettre fin à leur moment comme quelques minutes plus tôt. « Une île, j’aime bien. » Alors, l’île ce sera. Il ne lui faut pas longtemps avant que déjà, le plan se monte dans sa tête : rejoindre l’autoroute, trouver une voiture, voler un bateau, faire des provisions, trouver du carburant. Et puis, quelle île ? Où autour de Brisbane peuvent-ils trouver un endroit pour être auto-suffisant ? Toutes ces questions qui apparaissent dans son esprit alors qu’il s’occupe de leur chercher quelque chose à se mettre sous la dent s’ils veulent être d’attaque demain pour la grande évasion. C’est le bruit de son estomac et le souvenir d’une boite de ravioli qui lui revient en mémoire, suivi du regret de ne pas en avoir profité. « Pour une fois où t’aurais dû m’écouter, et pas l’inverse. » Qu’il répond, l’air taquin qu’elle renvoi immédiatement.« Je me suis laissée distraire par tes embrassades, c’est tout. » Qu’elle invoque comme excuse, comme si c’était sa faute à lui alors qu’elle en a encore la respiration qui s’emballe d’en parler, ce qu’elle cache en adoptant un silence, en prenant les meubles d’assaut pour trouver quelque chose, bien qu’il soit déjà passer par là. Et la découverte est faite, Matt s’écrie. Dans le frigo trône un morceau de fromage dont la conservation bien que douteuse indique qu’il reste comestible (et au pire, c’est pas le but de ce truc de pourrir ?) « J’pourrais être cheesy et dire que c’est toi le trésor, mais j’aurais trop peur que tu me casses les côtes devant la remarque de beauf, alors j’vais juste m’activer. » Qu’il répond, alors qu’elle se colle à lui, son rire résonne, elle l’embrasse avant de répondre. « Disons que tu viens de griller ton joker. » Brique en poche. Ils quittent l’endroit pour une autre pièce. La cave plus précisément, qui peut augurer d’être riche en découverte, les gens d’ici étant du genre à craindre l’apocalypse – et il s’est avéré qu’ils avaient raison- elle se saisit au passage dans le couloir de sa hache, qu’elle avait posé au sol parce qu’on ne sait jamais, les gens peuvent avoir tenté de survivre dans la cave, il peut y avoir une mauvaise rencontre (même si concrètement, si quelqu’un était revenu à la vie dans cette maison, la partie de jambe en l’air l’aurait déjà amené à venir à leur rencontre, mais mettons sa démarche sur le fait qu’elle n’est pas à l’aise non armée). « Ça augure bien, ça. » Qu’il annonce, alors que devant eux apparait ce qui s’apparenterait presque à un mini magasin, des boites, des pâtes, tout ce qu’il faut pour faire un repas. C’est avec violence qu’elle se retient pour ne pas sauter sur la première boite de conserve à sa portée et se goinfrer de son contenu. Son estomac gronde à nouveau, la faim l’emporte et Matt prend les devants en faisant ses courses. « Il faut qu’on en prenne. » Qu’elle annonce en regardant tout. « Je vais voir si on peut trouver de quoi en transporter. » C’est la faim qui parle, son anticipation aussi, parce que la route sera longue, parce qu’ils auront besoin de ça et que zut, tout ça, alors que la ville a été vidée de ses ressources, ça ne se laisse pas là. Et alors qu’elle fouille les placards à la recherche d’un sac plus grand que le siens pour contenir plus, Matt s’attèle à faire le diner qu’il prenne dans la pièce qu’elle a élu chambre de fortune. Et l’assiette n’a pas le temps de refroidir qu’elle est déjà engloutit, que les besoins de Lene reviennent à la charge et s’empare d’elle. Tranquillement, tous couvert est viré du lit, et pour dormir elle se loge au creux de ses bras, n’en demande pas plus avant de sombrer, profitant de l’agréable sensation de sécurité qu’il lui procure pour dormir une fois sur ses deux oreilles. La matin arrive plus vite que prévu, le réveil aussi, et ses bras qui agrippent fermement Matt. « T’es prête pour la grande évasion? » « Non, pas du tout. » Qu’elle lui répond, les yeux toujours fermés, le sommeil qu’elle tente d’étirer un peu plus, la non-envie de le voir partir. Le caprice ne dure pas longtemps. La raison revient rapidement et elle le libère de ses bras pour qu’il se prépare, avant de suivre son mouvement et de commencer à préparer tout ce qu’elle aura voulu prendre de cette maison. Prêts, c’est le moment de se préparer. « La rue semble relativement calme, je pense qu’on aurait au moins une dizaine de minutes sans se faire déranger avant d’être repérés par qui que ce soit. » Qu’il annonce, alors qu’elle rechigne intérieurement à sortir et quitter ce cocon de fortune. Elle se motive en pensant à la fuite et agrippe sa hache. « Je pense qu’on augmente de croiser aucun mort si on passe par les jardins. Les rues attirent plus. Mais, je ne sais pas si on court le risque de prendre une voiture, on irait plus vite, mais on serait moins discret. » A vrai dire, sa grande crainte, ce serait de tomber sur des gens pas-mort justement. Elle ne sait pas, elle a peur qu’être trop pressée ne les amène à se faire tuer. « Les jardins sont mieux c’est ça ? » Qu’elle demande, alors que son regard veut tout dire, qu’il a pensé pareil. « Je suis prête, on peut y aller. Tu me promets de pas faire le con cette fois ? » C’est à dire, de ne pas prendre de risque inutile. |
| | | | (#)Mer 28 Fév 2018 - 2:11 | |
| Le réveil est rude, mais nécessaire. Il est gage de nouvelles aventures, mais surtout de dernière chance. On a pas fait les malins hier, on s’est couchés tôt, relativement, on a repris des forces, mangé un peu. Lene est encore blottie dans mes bras quand je me réveille, et ce sont mes lèvres qui épousent sa nuque, qui tentent d’agir à titre de réveil-matin pour la ramener avec moi en douceur. Elle est belle endormie, le visage relâché, les sourcils détendus. « Allez. Tu feras la grasse matinée quand on sera entourés de palmiers. » que je finis par souffler alors qu’elle articule clairement qu’elle n’est pas du tout prête, encore moins envie de mettre le nez dehors. On risque gros, même si on garde le tout tabou. Y’a potentiel qu’on ne s’en sorte pas, qu’on ne finisse pas la journée, mais rien n’est dit, rien n’est assumé, tout est à écrire. Le temps de me lever, de ramasser mes affaires, de faire le plan de match d’un coup d'oeil passé à travers les rideaux et la Adams propose deux options, dont l’une me paraît plus avertie, mais pas nécessairement moins dangereuse. « Les jardins me vont, au sens où si y’a quoi que ce soit on peut facilement se cacher et attendre. » les buissons, les arbres, les bosquets. Ce seront nos repères le temps de semer du zombie si on se fait voir, et ce n’est pas plus mal. Un peu de couverture n’est pas de refus, et même si les jardins sont en soit un peu plus à vif que les rues, ils nous donnent le potentiel de voir loin, et d’avoir l’espace pour rejoindre l’horizon. Son regard sur l’extérieur me donne froid dans le dos, quand je finis par revenir sur mes talons, pressant un peu pour qu’on profite des premiers rayons du soleil question de mettre toutes les chances de notre côté. « Je fais pas le con si tu fais pas la barbare. » sourire en coin est de mise. Lene insiste pour qu’on soit sécuritaires, c’est clair, net et précis dans ma tête que je ne risquerai rien de stupide sous prétexte d'accélérer les choses. Et comme elle me manque, comme sa chaleur, son parfum, son contact n’est plus aussi frais qu’hier dans ma mémoire, je l’attire à moi, bras autour de sa taille, deux et trois baisers qui se perdent dans ses cheveux, le long de sa mâchoire, ses lèvres. « Ça va bien aller. Encore un peu, et on n’a plus besoin de s’en faire avec toutes ces histoires. » j’y crois, merde que j’y crois. Cette île qu’on espère, ce petit mirage qu’on se crée probablement de toutes pièces, mais qui serait foutument bon, libérateur, mérité.
Et évidement, le répit ne met pas trop de temps avant d’être bousillé du revers. À peine une poignée de minutes après avoir mis le pied dehors, c’est le nid de zombies ayant élu domicile dans un parc en périphérie, à un peu moins d’un kilomètre du jardin que l’on traverse à tâtons, qui s’alarme. Ils commencent par grogner, suffisamment fort pour qu’on les entende et qu’on prenne le virage le plus proche. Mais les feuillages et les crissements de branches qui sont heurté un peu avant notre mission discrétion ont tôt fait de réveiller le reste des morts-vivants. La fuite est lancée, la course est impossible à éviter, et ma main encercle fermement le poignet de Lene pour la forcer à me suivre, son rythme qui dicte le mien, et pas la moindre chance que je la lâche d’un centimètre. Pas facile de se sauver, pas facile de s’en sortir, mais il n’y a pas une seule seconde où je ne suis pas convaincu qu'on va y arriver, dur comme fer. Un regard derrière à plusieurs reprises, je m’assure qu’elle est toujours là, qu’elle suit, que je ne l’ai pas perdue, pas encore. Et merde qu’elle est belle, pas effrayée pour le moins du monde, déterminée, enragée, mais fonceuse. Si je m’en sors, je veux que ce soit à ses côtés et rien d’autre. « T’es ok? D’où ils nous ont vus, merde...? » à bout de souffle, c’est lorsque la baie est enfin dans notre champ de vision et qu’aucun zombie ne nous a talonné aussi loin que je reprends un pas normal, presque de la marche, le temps de faire volte-face vers Lene, de calmer notre respiration. On y est, on les a semé, le quai est tout juste battant dans l’angle, il ne reste qu’à trouver un bateau ou une chaloupe ou même des planches de surf, n’importe quoi et… et… « Bouge pas, c’est pas si profond, ça devrait aller. » que je m’interromps, le visage contracté, les prunelles vrillées à examiner son bras droit, celui que je n’ai pas tenu dans la course, celui duquel s’échappe de longs filets de sang, pas encore assez séchés pour dater d’hier. C’est frais, elle a été blessée, et si je scanne ma mémoire pour savoir à quand dans notre fuite elle aurait pu donner un signe ou un autre d’être attaquée, c’est plus alarmé qu’autre chose que je tente de me contenir. « C’est… qu'est-ce qui t’a fait ça? » de longues minutes, un silence, et je finis par soupirer. Elle ne dit rien, muette, et j’aime pas ça, j’aime pas ça du tout. « Lene?! » qu’elle me réponde, qu’elle me dise que c’est un arbre qui en est la cause, son écorce qu'elle a rafflé au passage, une roche, n'importe quoi, mais pas une morsure de tas de chair dégeulasse. Pas une épée de Damocles au-dessus de sa tête, tout, sauf ça. |
| | | | (#)Lun 5 Mar 2018 - 15:06 | |
| « Je fais pas le con si tu fais pas la barbare. » Elle a le sourire en coin qui lui répond qu’il peut toujours courir. Sa violence, c’est ce qui lui a sauvé la vie jusque-là et elle ne compte pas faire une croix là-dessus. Elle opte pour un dernier excès pour se protéger, avant de ne plus être obligée à se battre du tout, avant d’être enfin tranquille et en sécurité. Elle a le rêve facile à ce sujet, l’aspiration qui grimpe autant que l’excitation d’être bientôt loin de tout ça. Elle insiste juste un peu plus sur la sécurité, la survie. Et une dernière fois, avant de partir elle s’autorise l’accolade, l’étreinte, les baisers qui viennent lutter contre l’envie de s’enfuir pour passer plus de temps dans leur cocon de fortune à se retrouver, encore. Mais s’ils peuvent s’enfuir, ils auront tous et ça, c’est trop gros pour que Lene n’opte pas pour cette option. « Ça va bien aller. Encore un peu, et on n’a plus besoin de s’en faire avec toutes ces histoires. » Et elle y croit. Elle le veut. Sa main qui prend la sienne, sur laquelle elle dépose un baiser avant qu’il ne s’élance dans leur périlleuse entreprise. « On va survivre. » Qu’elle assure, l’instinct qui se permet de douter, elle le cache. Ils ont tenus six mois. Une journée de plus, c’est rien.
La suite des évènements met un gros coup à leur optimisme. Quelques minutes de répit pour le reste de voyage de course, de lutte, parce que malgré les précautions, ils n’auront pas été assez discret. Et c’est probablement le fait de voir la fin du voyage qui causera sa perte, parce que Lene opte pour la course, parce qu’elle ne sort pas la hache pour éliminer chaque marcheurs qui s’approchent d’elle et qu’elle décide de s’enfuir avec Matt, pour ne pas être blessée, pour qu’il ne le soit pas non plus. C’est la stratégie d’évitement qui veut que s’ils ne se battent pas, alors il n’y a aucune chance qu’ils soient blessés. Si seulement, c’était vrai. Parce qu’au détour d’un passage, alors qu’elle court après Matt, qu’il ouvre la voie. Ce sont des doigts qui frôlent son bras. C’est très rapide. Elle n’aurait presque pas eu le temps de s’en rendre compte si ça avait été un humain normal, mais ce sont des griffes qui ont heurté sa chair et si elle va trop vite pour que le reste de son corps passe à travers les dents du cadavre. C’est de savoir qu’elle est désormais foutue qui dicte chacune de ses pensées, qui lui collent la boule au ventre quand elle regarde Matt qui n’a rien vu, qui semble y croire encore et qui se démène pour qu’ils atteignent l’objectif. C’est le cœur qui se brise, parce que le paradis est en fumée. Le regret qui s’installe, parce qu’elle sentait en se levant qu’elle ne devait pas quitter ses bras, parce qu’elle avait eu le pressentiment qu’ils devaient rester là-bas encore un peu. Et elle a la rage, discrètement d’avoir lancé cette idée que de s’enfuir. Que si elle avait été fine. Elle n’allait pas être séparée de lui dans les heures qui suivent. Et toute cette bataille interne se joue en silence. Et c’est la mer qui apparaît, qui soulage Lene alors qu’elle commence à sentir la fatigue. Elle souffle, elle observe son nouvel objectif, qui est de le coller lui sur un bateau pour qu’il se réfugie loin. « T’es ok? D’où ils nous ont vus, merde...? » Qu’il râle alors que c’est le bout du voyage qui s’annonce. Elle se sent prise au piège, parce que tant qu’ils fuyaient, Matt regardait devant lui, mais là, il va avoir plus d’attention pour elle. Et ça ne tarde pas, dès qu’il se retourne, il observe la blessure sur laquelle elle tente de tirer sa manche pour qu’il n’y porte pas attention. En vain. « Bouge pas, c’est pas si profond, ça devrait aller. » Et il regarde, probablement dans l’espoir d’y porter un coup d’antiseptique pour que tout aille mieux. Mais, la réponse vient du visage de Lene qui se décompose. De ses yeux qui l’observe avec une peine qu’on ne lui a jamais connue. De ce silence qu’elle adopte juste pour repousser encore un peu plus ce moment où elle va devoir lui annoncer la vérité et lui dire qu’il y’a un changement de plan majeur. C’est tout ça, et Matt qui commence à comprendre tout seul à poser des questions. « C’est… qu'est-ce qui t’a fait ça? » Et elle s’entête, parce que c’est dur à dire, c’est tellement dur de faire une croix sur ces petits espoirs qu’ils ont eu, sur cette image de vie saine qu’elle lui a planté dans le crâne au moment où elle a voulu s’enfuir. C’est dur d’assumer que c’est sa faute. « Lene?! » Et il insiste, parce que le silence qu’elle impose commence à être insoutenable. Parce que même elle a du mal à le vivre, mais que son entêtement le fait durer parce que confirmer ses doutes ne sera que douloureux. Et finalement, elle ouvre la bouche, d’une voix un peu cassée, terriblement désolée. « J’ai été griffée. » Sous-entendu que ça ne vient de nul autre qu’un marcheur. Confirmation d’un avenir proche qui s’impose à eux. Elle ne veut pas ça. Mais, elle a mieux à faire de l’accepter car elle n’aura pas à vivre avec ce fait. « Je suis tellement désolée Matt. » Qu’elle s’écrie, sans pleurer, parce que c’est pas le moment, parce qu’ils ont encore à faire. Il y’a un bateau là, quelque part qui va l’emmener loin. « J’ai pas fait attention, dans la course, il m’a juste griffé et … » Et la suite est là, en train de se jouer. Et elle observe son visage qui se décompose. Elle anticipe sur sa réaction. Il est hors de question qu’il abandonne là. « Mais, je vais t’accompagner, je veux que tu te mettes en sécurité. Matt, on change pas le plan ! » |
| | | | (#)Sam 10 Mar 2018 - 5:52 | |
| C’est le sang qui bat au niveau de mes tempes d’avoir trop couru d’abord, et de réaliser ensuite. Le souffle qui doucement revient à la normale, dans un monde où le cardio suffit à être la meilleure arme d’auto-défense sans doute aucun, mais pas celle qui nous aura sauvés sur tous les fronts. Et je la détaille Lene, les mains sur son corps, les prunelles qui se vrillent, scrutant avec précision, l’attention qui passe sur chaque parcelle de sa peau, mon seul et unique but étant de la faire mentir, de la remettre en question, de ne pas accepter ces mots stupides, ces mots tellement cons, tellement inutiles qu’elle avance. Non, non, c’est pas comme ça que ça se termine, c’est pas ici, comme deux idiots si près du but qu’on va se lâcher. « J’ai rien vu, y’en a aucun qui était assez proche, je, tu... » et j’en perds mes mots mais je m’en balance, parce que ce qui compte n’est pas de me faire comprendre, mais de trouver rapidement et autour de nous la source de ce qui aurait pu la blesser. Son regard me dit tout et c’est bien pourquoi je l’évite, parce qu’elle est trop patiente, qu’elle est trop silencieuse, qu’elle me laisse babiller et paniquer et hyperventiler sans mot dire, sans calmer la donne. Parce qu’elle sait que c’est fini pour elle, stupide course à la con contre laquelle j’ai envie de gueuler, et le blâme que je prends de plein fouet. J’avais pas été foutu de garder Ginny proche, j’avais perdu Heidi au front, et Lene, la seule qui compte, la seule qui est là, la seule avec qui je voulais me barrer de ce monde qui me donne des hauts-le-coeur est là, devant moi, minutes comptées. « Comment tu te sens? » parce que c’est la seule chose qui me vient à l’esprit, la voyant ainsi. C’est la seule chose qui compte, de savoir si elle a mal, si elle est faible, si elle sent les dommages se propager, si elle souffre. Mes bras l'attirant à moi avec empressement, tristesse, rage, et mes lèvres qui l’embrassent comme si y’avait rien de mieux à faire, comme si ça allait taire le flot de pensées qui met du temps à passer de mon coeur à mon cerveau, de ma logique à ce qui reste d’espoir pour nous. « C’est certainement pas dans ce bordel que ça va se terminer. » et je jette un regard de dédain tout autour de nous, des bribes de cadavres là, à l’horizon, des râles qui nous font échos, la dépouille d’une ville qui nous a fait office de cocon tellement longtemps, la ville de tous les possibles qui est réduite à néant, pitoyable, comme moi, alors que je tente de ravaler l’émotion de la voir reprendre le plan en main, de l’entendre faire comme si tout roulait. Elle ne veut pas rester, tout comme moi, nos secondes sont précieuses, et je mets en sourdine tout ce qui pourrait de près ou de loin nous stopper dans cet élan de bon sens. « Le plan a pas changé, non. » et ça me fait mal, plus encore que tout le reste. Parce que je serais resté ici. Parce que j’aurais tué pour lui trouver un antidote. Parce que je serais aller éclaté la gueule de celui qui lui a fait ça, de tous les descendants de son troupeau de cadavres en entier juste pour passer ma rage. Mais on n'a pas le temps, on ne l’a plus. « C’est toi et moi contre le reste. » mon front s’appuie sur le sien, mes lèvres la cherchent, mais déjà elle se dérobe. Lene qui remarque un bateau pas trop loin, le truc à rame, mais qui fera largement l’affaire, la barque que je mets direct dans mon champ de vision en l’entraînant à mes côtés, plus proche encore que possible, mon bras autour de ses épaules et chaque contact, chaque bribe de chaleur qui me fait l’effet d’un couteau supplémentaire entré dans mon coeur. « Elle est belle l’île, on y sera bien. » dernier message d’espoir, alors que je l’aide à grimper dans l’embarcation, et que je me charge durant tout le trajet de faire avancer le machin, non sans la quitter une seule fois du regard. Elle pâlit doucement, ses paupières semblent lourdes, elle lutte, merde qu’elle lutte, et mes baisers se perdent sur sa peau furtivement, crève-coeur que je tienne absolument à ce qu’elle la voit, notre issue, à ce que je lui offre au moins la sécurité, à la fin, la toute fin. Et parce qu’elle arrive mal à se lever lorsque la coque touche enfin le sable salvateur de notre oasis, je passe ses bras autour de ma nuque, la porte avec un délicatesse que je ne me connaissais pas à ses côtés, parce qu'elle n’avait jamais eu besoin que je la protège, que je la couve - jamais, sauf maintenant. Et ce cocon de confort, je lui offrirai, je lui promets, d’un regard. « Je suis là, je bouge pas. » posés au sol, le soleil qui finit sa course tout en haut dans le ciel, et le bruit des vagues qui distrait mes pensées de flotter trop loin, alors qu'elle se blottit encore un peu plus contre moi. |
| | | | (#)Jeu 15 Mar 2018 - 0:25 | |
| Et forcément qu’il semble paniqué. Cette blessure à son bras, ils savent tous les deux ce que ça représente : la fin. Ils ont vu assez de leur connaissance finir en steak périmé pour savoir que c’est ce qui attend Lene. Pourtant, elle parvient à rester calme face à cette réalisation. Ce serait un gâchis énorme d’énergie que de paniquer face à la situation. Maintenant que le temps est compté, autant l’user à bon escient. « J’ai rien vu, y’en a aucun qui était assez proche, je, tu... » Qu’il bafouille, alors qu’il entame le processus d’acception de ce qu’il va se passer. Elle ‘ajoute rien. Elle se sent tellement mal de le voir ainsi. Parce qu’elle a mal, parce qu’elle rage de la situation intérieurement, mais qu’elle a trop peu de temps devant elle pour le consacrer à se plaindre et à le gâcher. Et qu’il pense sûrement pareil. Mais, quand elle sera plus là, il n’aura que ça, du temps devant lui pour fulminer, pour être en deuil, pour vivre toute la tragédie de la situation et ça lui brise le cœur parce qu’elle voulait qu’ils soient tous les deux en sécurité. Qu’elle voulait troquer sa peur du quotidien contre de la quiétude, mais que c’est de la rage qui l’attend au bout du chemin. Elle se sent tellement désolée pour lui. « Comment tu te sens? » Qu’il vient à demander avant de s’emparer d’elle, de partager une étreinte, la première de la dernière série. Et ses baisers qui viennent sur fond de boule dans la gorge qui font aussi mal qu’il ne rattrape le temps qui s’écoule. « Ça va. » Qu’elle chuchote en ne quittant ses lèvres qu’un instant. « Je vais bien. » Qu’elle ajoute entre deux respirations, au moins pour se faire un minimum rassurant. Ce virus, peu importe ce que c’est n’agit qu’en son temps. Et c’est parce qu’elle le sait qu’elle coupe le moment pour parler du plan, parce qu’il est hors de question que sans elle, Matt reste là. Qu’elle se refuse de mourir pour qu’il coure le risque de connaitre le même sort le lendemain. C’est certainement pas dans ce bordel que ça va se terminer. » Qu’il annonce, l’air déterminé qui la rassure. Sa seule peur à ce moment, c’est qu’il décide un truc stupide. « Le plan a pas changé, non. » Il semble décidé. Et elle se jure qu’elle donnera ce qu’il lui reste pour s’assurer que sa dernière volonté est réalisée. Elle observe ses derniers instants d’apocalypse, pose ses yeux sur les gratte-ciel qui n’ont plus l’aplomb d’avant puis sur les marcheurs qui commencent à prendre leur direction. « C’est toi et moi contre le reste. » assure-t-il, la visage près du siens, le front collé au sien et là, elle serait capable de se perdre à l’embrasser encore, à prendre le temps qu’il reste à ne faire que ça, mais là n’est plus question de ses envies mais de son avenir à lui. Ne cédant pas à ses désirs, elle attire son attention sur une barque posée pas trop loin. Elle est là, leur rédemption, leur fuite. C’était ça, l’objectif de la journée et rapidement, elle s’élance parce qu’il ne faut pas le perdre de vue. « Elle est belle l’île, on y sera bien. » Et tous deux prennent place à bord. Il insiste pour accomplir tous les efforts et elle n’insiste pas plus. Elle tente de trouver un peu de paix en profitant de la dernière brise, d’être sur la mer pour ses derniers instants. Quand elle y pense, elle n’aurait pas pu demander plus qu’une sortie en bateau pour son dernier jour. La barque n’a pas l’allure d’un voilier, mais ça ne compte pas à ce moment précis. Et les heures défilent. Le jour pointe vers la fin, de même que la traversé qui affiche un tas de sable au loin. Elle laisse Matt gérer l’abordage. Plus très vaillante. Incapable de se tenir debout. Elle a de la peine pour la vision qu’elle offre, pour la Lene de maintenant qu’il se doit de porter. Elle n’arrive même plus à sentir le sable lorsqu’elle gagne celui-ci. Elle garde appui sur Matt qui l’entoure de ses bras, tandis que s’offre à elle la vision de son dernier soir. Elle ne sent même plus cette fierté qui a toujours dirigé ses pensées. Les sensations la quittent et ne laissent que le regret. « Je suis tellement désolée. Si j’avais su, j’aurais rien proposé de tout ça. Je regrette tellement. » Qu’elle avoue, à bout de souffle. Elle tente d’élever la voix pour que Matt l’écoute, pour qu’il ne lui dise pas de se taire pour qu’elle économise des forces qu’elle a mieux de gaspiller en s’ouvrant au moins une fois à lui. « Je savais que je n’aurais pas dû ouvrir mes bras ce matin pour te laisser partir, j’aurais dû insister pour qu’on reste encore un peu, tous les deux. Je n’aurais pas dû proposer une idée aussi ridicule. » Parce que c’était trop beau d’y croire. C’était stupide. Qu’elle ne comprend pas qu’elle se soit laissé aller à tant d’idiotie. Que s’ils avaient rejoint un camp, ils n’en seraient pas là. « Il y’a tellement de chose que j’aurais voulu. » Et tellement peu de temps pour les énumérer. Mais, elle tente le coup. « J’aurais voulu qu’on profite d’une journée à deux, qu’on fasse au moins un peu semblant d’être comme avant, de goûter la normalité, j’aurais voulu refaire l’amour avec toi et te chuchoter que je t’aime, que j’ai été la reine des conne en laissant ma fierté m’empêcher de te le dire parce que maintenant, je suis même plus capable de sentir mon cœur battre la chamade et que je perds une capacité folle de concentration à essayer de me rappeler ce que ça fait. » Et ça la fait rire. Cette ironie l’a fait rire. De ne pas être capable de sentir sa respiration s’agiter à l’idée d’être dans ses bras. Son corps a comme un soubresaut provoqué par le rire, mais elle poursuit son discours. « Je suis désolée Matt d’avoir échouée. » Parce que maintenant, y’a que ça à dire. C’est sa faute. « Mais, promet moi, y’a un couteau de chasse dans mon sac. Me laisse pas finir comme ça. Ce ne sera pas moi. » Qu’elle argumente, voulant être sûre qu’il fera le nécessaire pour préserver son intégrité. Si elle est en paix avec la mort. Elle sait qu’elle ne supporterait pas d’être transformée. « Mais, je suis contente, au moins, je gagnerais de m’endormir une dernière fois dans tes bras. » Dernier soupir d’optimisme avant que justement, le sommeil se fasse trop lourd et que ses paupières commencent à vraiment avoir de la difficulté à continuer d’observer le levant. « Serre-moi fort. » Qu’elle demande une dernière fois avant que le silence ne règne autour d’eux et que la fin n’arrive. |
| | | | (#)Mar 20 Mar 2018 - 13:19 | |
| Le jour fait place, les heures passent comme des minutes, le bruit des vagues suffit à m’empêcher de sombrer aussi, à me concentrer sur autre chose, n’importe quoi d’autre que son souffle qui s’affaiblit, sa voix qui se cherche, son corps qui se pose, s'appuie sur le mien, parfois trop lourdement pour qu’un sursaut puisse me convaincre de regarder, de m’assurer que tout va bien, qu’elle est toujours là, le regard perdu dans le vide. L’instant d’après, Lene se blottit un peu plus contre moi, et ses mots percent le silence de coton dans lequel nous étions posés, ancrés, comme si plus nous nous faisions discrets, moins elle avait de chance de me filer entre les doigts, moins elle avait de chance de m’être enlevée. Stupide hypothèse, ridicule idée, et je me trouve d’autant plus idiot lorsqu’elle avance que le blâme lui appartient, à elle seule. De la voir courber l'échine, de la sentir si haletante, tout ça suffit à ce que je la laisse parler, non sans mordre jusqu’au sang l’intérieur de ma joue. Ça avait toujours été moi, à blâmer entre nous deux. à l'époque et aujourd'hui, c'était moi le cancre, le boulet, le gros zéro. C'était le jeu, c'était l'habitude, et ça me plaisait, qu'elle soit mon bourreau. C’était moi qui n’avait pas surveillé ses arrières là où elle en avait eu tant besoin. C’était moi qui l’avait laissé se faire mordre, attaquer, au profit de notre liberté si éphémère. C’était ma faute si on avait traîné trop longtemps ici avant de partir, c’était tout moi de l’avoir laissée derrière le temps d’aller lui chercher ces foutus bonbons qui trouveraient le temps de moisir dans son sac avant que je n’ose fouiller dans ses affaires, que j’en ai la force. Chaque mot doux, chaque bribe d'amour qu’elle crache me fait l’effet d’un coup de poignard alors que je tends l’oreille, douce torture de ne rien vouloir manquer, de graver chaque seconde, chaque effort au plus creux de ma mémoire, resserrant mon étreinte comme si rien ni personne ne comptait plus qu’elle à mes yeux - ce qui est tellment le cas. Il n’y avait jamais eu que Lene, il n’y aurait jamais qu’elle. Je l’avais dans la peau, et c’est ce qui rend la scène si douce, si belle à l’entendre, et si horrible à savoir que ce sera bien même la dernière fois où je sentirai son parfum, où j’aurai l’esquisse de sa chaleur sur ma peau, où je pourrai la toucher, la voir, l’aimer comme personne. J’emmagasine, je ravale, je joue à l’adulte, quand tout a l’intérieur de moi a l’impression de crever plus vite encore que Lene dans mes bras. « C’est pas ta faute, pars pas en pensant que c’est ta faute. » je me fais violence pour garder enfoui ce sanglot qui menace de casser ma voix, de rendre le tout encore plus pénible pour elle. J’aurai tout le temps du monde pour la pleurer, pour rager ma connerie, pour traîner ma carcasse sans elle ; pas question de lui imposer un Matt faible, un Matt fragile, un Matt émotif pour la fin. Mes lèvres la cherchent, la trouvent, glacée, et je tente de la réchauffer au mieux sous ce foutu soleil australien qui n’a que faire de nous deux, de tout ce qu’on représente l’un pour l’autre. « Je t’aime, je t’ai toujours aimé, et c’est pas prêt de changer, jamais. » et à travers mes baisers, à travers tout l’amour du monde que je lui souffle, je tente de la garder au plus près, tellement près, plus proche que possible. Sentant son corps craquer sous mon empressement, refusant de lâcher prise sous aucun prétexte. Et elle annonce la sentence, et elle ne me laisse pas d’autres choix. La sachant si forte, si belle, si fière, la sachant si parfaite en tout point et tellement vulnérable, tellement fragile, à quelques secondes à peine de pousser un dernier râle et de laisser la pourriture qui me l’a enlevé ouvrir de nouveaux yeux exorbités dans ma direction. Le frisson de l’horreur qui parcourt mon corps tout entier, alors qu’à un haut-le-coeur près je détache mon bras droit le plus délicatement du monde, mes doigts qui se perdent vers son sac, qui forcent chaque mouvement comme s’il s’agissait du pire calvaire - ce l’était. « Pense à nous. Pense à comment j’ai pu te faire chier si souvent. Pense à comment je t’ai toujours regardé, même la toute première fois. » et mon visage est collé au sien, mes lèvres n’en peuvent plus de la couvrir de baisers, de tenter de lui insuffler toute cette chaleur, toute cette tendresse, tout cet avenir, ces espoirs, ce parfait que je nous souhaitais. Je ne lui laisserai même pas la chance de sentir la que transformation est entamée, je ne lui laisserai aucune raison d’avoir peur, si ce n'est que pour une fois, et une seule dans sa vie, je serai digne d’elle, je serai digne de ce qu’elle attend de moi. Retenant mes larmes jusqu’au bout, je vrille mon regarde au sien, l’admire une dernière fois, l’aime plus que je ne l’ai jamais aimée. « Ça va aller. Je t’aime. Ferme les yeux. » la seconde d’après, le mouvement est incisif, difficile, horrible, nécessaire. Le liquide carmin qui bouillonne sur mes doigts, son sang comme de la lave, ma paume pressée, imprégnée du manche de la lame. Et même si la vie continue, et même si le monde n’a pas cessé de tourner, et même si elle s’est assurée que je sois en sécurité avant de n’être plus qu’un corps sans vie entre mes pauvres bras si fatigués, c’est ce jour-là, je le jure, où je suis mort au même titre qu’elle.
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| | | | | | | | tomorrow when the war begins (lenatt) (-18) |
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