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 taddy ▲ feel it still

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taddy ▲ feel it still Empty
Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyDim 15 Oct 2017 - 0:13

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Tad & Ginny

C’était un aller simple vers memory lane, dès l’instant où je pose le pied dans le séjour de Mme Wyler. Je me fais violence pour le lui demander, mais un bref regard tout autour de moi m’hurle que rien n’a changé, que tout est encore à sa place, de cette plante, là, grimpante, jusqu’au téléviseur en angle. Le canapé face à l’entrée, d’où je repère facilement cette vilaine tache de sauce tomate qu’on avait tenté de faire partir pendant plus d'une heure. Les rideaux qu’on avait décroché quand on s’était imaginé un costume d’Halloween à la va vite, deux pseudo fantômes bien idiots, recouverts chacun d’un tissu blanc coquille d’oeuf qui sentait encore l’encens qu’on avait fait brûler pour cacher l’odeur de notre première cigarette, partagée derrière le garage. Et je sens un sourire couronner mes lèvres. Parce que je n’aurais pas voulu, justement, que ça change. Que je m’y plaisais, dans cet environnement familier, tout comme la petite Ginny d’à peine 6 ans qui y entrait pour la première fois, les yeux rêveurs, le coeur à l’aise. « Un thé vert, oui. Merci maman Tad. » la voix qui chante, à l’intention de la silhouette qui vient de s’engouffrer dans la cuisine après m’avoir accueillie dans sa demeure comme tant d’autres fois avant. Je l’entends qui laisse échapper un rire face à la façon dont je l’ai appelée, dont je l'appelais toujours. « J’arriverai jamais à la nommer autrement. » que je chuchote à l’intention de Tad, toujours à mes côtés, qui me quitte bien vite pour aller s’élancer sur le divan sans grâce aucune. Et je le rejoins, laissant mes doigts caresser doucement l’immensité de bibelots sur les tablettes qui prennent autant la poussière qu’avant, jetant un regard puis un autre, empli d’intérêt, vers la bibliothèque où sa mère conservait tous ses romans, des thrillers aux harlequins. « Tu as passé une bonne journée? » habitude sur habitude. Je laisse couler un filet de miel dans ma tasse de thé avant de lever la tête vers Tad. Le bruit de la cuillère qui cogne sur la porcelaine, mon attention qui est toute dirigée vers lui. On passait des heures à papoter dans ce salon, à détester ou adorer nos routines, devant des pizzas, des épisodes de vieilles séries télé ridicules, nos films d’horreur préférés, des magazines que j’avais piqués à Jill. Il aurait probablement autant de souvenirs sinon plus si je l’avais invité à l’ancienne maison McGrath - pour y avoir été fourré tout aussi souvent qu’ici, mais elle avait été vendue il y avait presque une décennie. Et à voir ce que les nouveaux acheteurs en avaient fait à tout rénover, à tout repeindre, à tout démolir pour reconstruire, rien n’aurait été pareil. Jouer le jeu ici était donc beaucoup plus logique, beaucoup plus nostalgique, que dans un vieux parc choisi au hasard, ou pire, dans la cours d’école derrière notre ancien collège. Initiant l’activité, probablement beaucoup plus enthousiaste que le garçon pourrait être lui-même - j’espérais qu’à l’époque, il avait au moins pris le temps d’écrire de vrais trucs et pas juste de dessiner des zizis sur les papiers à disposition. « J’ai fait les choses bien. La boîte est dans mon sac, et j’ai pris la portion géante de frites, les chips, la salsa et les réglisses. » je narre, ma besace maintenant déposée sur la table basse, que j’ouvre en énumérant son contenu. Mes doigts se posent d’abord sur l’essentiel, et je prends le temps de doucement sortir la boîte où se cache nos écrits de gamins de mon sac. Délicatement, avec précaution, je la place bien en vue sur la table, l’entourant des autres items sacrés - de la bouffe, beaucoup de bouffe, des éléments qui avaient tous et chacun un sens particulier pour nous. Les frites qu’on se partageait tous les jeudis soirs avant le cours de maths de 4 heures d’affilées du lendemain. Les chips à la saveur la plus dégeulasse qu’on pouvait trouver au supermarché. La salsa pour couvrir le goût souvent terreux, parfois sucré, jamais bien dosé, des fameuses croustilles. Les réglisses qui finissaient bien plus souvent dans nos cheveux, sur nos joues ou sous nos pieds que dans notre bouche ; on adorait s’en servir comme arme d'attaque pour s’énerver l’un l’autre pendant nos séances de visionnement. « Tu as de la musique pour la cérémonie? » que je finis par demander, parce que c’était toujours lui qui avait la trame parfaite, l’oreille absolue.
 
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Dernière édition par Ginny McGrath le Mar 24 Oct 2017 - 20:42, édité 1 fois
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 24 Oct 2017 - 16:12

Ouvrir les volets. Arroser les plantes. Prendre le courrier. Une liste pas si longue que Tad n’avait pas du tout rempli. Maman était partie depuis deux semaines pour son voyage annuel dans un coin chaud (cette année, c’était la Thailande) et comme chaque année, il n’avait rien fait de ce qu’elle lui avait demandé, à se demander pourquoi Mme Wyler continuait de confier des tâches à son idiot de fils incapable de maintenir un cactus en vie pendant trois jours. La liste l’avait frappé au moment où il était entré dans la maison, suivie de Ginny, il s’était alors empressé de justifier qu’il avait quelques petits trucs à faire dans la maison avant de commencer leur rituel. Histoire de ne pas avoir une pluie de reproche cette année, il la laisse s’installer au salon tandis qu’il se dépêche à faire accomplir les trois petites choses qu’elle lui avait demandé en vitesse et de préparer un thé. Quand il revient, c’est pour entendre Ginny marmonner comme une enfant. « Un thé vert, oui. Merci maman Tad. » Il s’en amuse en l’observant revisiter la pièce comme si c’était la première fois, l’endroit n’a pourtant pas tant changé, c’est juste qu’elle n’est pas venue depuis très longtemps. Il pose le tout sur la table basse avant de demander « Qu’est ce que tu fais ? » amusé qu’elle parle seule, il part fouiller son sac pour en ressortir sa part des éléments essentiels à la fête. « J’arriverai jamais à la nommer autrement. » chuchote t-elle, ce qui faire rire Tad, c’est à en croire presque que le fantôme de sa mère hante les lieux, cette dernière ayant toujours été particulièrement sévère. « Elle n’est pas morte tu sais ? » chuchote t-il à son tour, en posant ses affaires sur la table basse pour aller se jeter dans le canapé, comme il avait toujours l’habitude de le faire quand elle n’était pas là. « Mon dieu, il nous manquerait juste un album de Green Day dans la chaine hi-fi et ça y’est, on est en 2004 ! » dit-il en se marrer avant de se tourner vers elle quand elle le rejoint. « Tu as passé une bonne journée? » « Bwah » dit-il avant de rediriger son regard sur le plafond. « J’ai été collé pour avoir dessiné des bites sur le livre de math de Lauren Stevens. » Il est sérieux. Trois secondes. Avant de rire et de lui demander en la regardant. « Tu t’rappelles du scandale que ça avait fait ? J’espère sérieusement que Maxime a réussi à l’éclairer à ce sujet là. » soupire t-il avant de descendre de son canapé pour s’asseoir par terre et se servir à son tour du thé. « Mais, la journée ne s’est pas trop mal passé. On essaie de reformer le Street Cat avec Elio & Lou, ça prend un peu de temps pour nous trouver des salles mais bon, ça reste fun, comme quoi, on ne vieillit pas, on enlaidit juste. » De se retrouver là, à boire le thé, ça ravive forcément des souvenirs et c’est drôle. « Et toi ? » dit-il, maintenant que la situation s’arrangeait avec Noah, il était beaucoup plus facile de lui poser cette question, tout n’était pas parfait, mais Tad pouvait envisager une soirée sans que le pire n’arrive. « Contente de savoir qu’il y’a un tag très très sale sur Adams dans les toilettes des mecs ? » demande t-il avant de réaliser « Gosh, j’aurais tellement voulu avoir une de ses applications que les jeunes ont aujourd’hui à l’époque. Snapchat, c’est le nouveau des toilettes en fait ! » dit-il en pensant à Lola et au fait qu’il entravait plus sa manie d’être toujours collé sur son téléphone. « Plus sérieusement. » dit-il en se reprenant, prêt à commencer le vrai rituel en posant sur la table une bouteille de rhum, qui il l’espère s’est bonifié avec le temps qu’elle a passé dans la cachette de l’époque. « Puis, j’ai des twinkies aussi. » « J’ai fait les choses bien. La boîte est dans mon sac, et j’ai pris la portion géante de frites, les chips, la salsa et les réglisses. » « Parfait, il restera qu’à prendre des pizza si besoin est et puis, je suis sûre que ma mère n’a pas jeté mon intégral de buffy. » Il n’ajoute rien, tandis que Ginny vide doucement et méthodiquement le contenu de son sac face à lui, ses yeux ne quittent pas la boite. Il est plutôt impatient de la redécouvrir. « Tu as de la musique pour la cérémonie? » « Ouaip ! » Il s’empresse de dégainer son téléphone, le brancher à une enceinte portative et c’est là la bande originale de dawson qui englobe la pièce. « So open up your morning light and say a little prayer for I. You know that if we are to stay alive then see the peace in every eye, tou tou tou tou» Il chantonne comme un idiot « Perfect Mood ! J’ai téléchargé tout l’album. » Il est plutôt fier de lui, de sa trouvaille. « Allez McGrath, envoi le reste ! »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyVen 3 Nov 2017 - 14:28

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Tad & Ginny

C’était prévisible - Tad allait se moquer de moi dès que j’allais jouer le jeu, dès que j’allais faire comme si. Ne lui dites pas trop fort, mais j’étais tout de même déçue que sa maman ne soit pas là pour nous accueillir comme jadis - pas qu’elle était hyper exubérante, mais sa présence m’avait toujours calmé, aussi étrange cela puisse-t-il être. Je crois qu’elle m’aimait bien, derrière ses regards en coin, et son coup de chiffon sous le verre que j’oubliais souvent de poser sur le sous-verre prévu à cet effet. Il ridiculise mon entrée, il rigole et je rigole aussi, parce que tout a tellement changé, parce qu’on était bien avant, parce qu’un aller simple vers le passé, le bon, le doux, ça faisait du bien parfois. « Oui, oui je sais. Elle va tous nous survivre, anyways. » c’était même pas une intention envoyée en l’air pour rien - on savait tous pertinemment que madame Wyler serait la première à critiquer les fleurs qu’on avait pu mettre sur ma tombe, la tenue qu’avait choisie Tad pour être exposé avant d’être mis en terre. Elle, elle sera là toujours à pincer les oreilles de garnements, à grogner quand quelqu’un téléphone pendant l’heure du dîner. Ma tasse de thé bouillante déposée devant moi, je commence tranquillement à amasser le plus de coussins possible pour m’y installer, habitude prise quand on passait des heures dans ce salon à réviser pour les partiels, à noter de 1 à 10 la bouffe de la cafétéria le midi d’avant. Tad comprend tout de suite mon analogie à nos conversations d’ados, faisant ressortir un souvenir et un autre, qui m’arrachent un éclat de rire. « Tu t’es sacrifié pour la cause j'te dis, elle arrêtait pas de copier sur moi en bio. Fallait lui expliquer un peu plus en détails l’anatomie. » La pauvre Lauren qui avait retrouvé son cahier de notes complètement recouvert de doodles grivois, et les doigts noirs d’encre de Tad qui l’avaient fait prendre direct pour le coup. J’avais tenté haut et fort de clamer qu’il m’aidait avec un projet au fusain qui lui avait taché les mains de la sorte, mais aussi stupide Lauren pouvait être parfois, elle avait bien vite vu le stratagème, Tad incapable de garder son sérieux devant les accusations beaucoup trop injustifiées aux yeux du proviseur. Apparemment, selon Matt, elle venait tout juste de se marier avec son chéri du lycée, un joueur de rugby typique comme il ne s’en fait plus, et c’est bien fait pour elle. Oh, et pour Lene aussi, que je savoure, trempant mes lèvres dans mon thé, fronçant les yeux avec un semblant d’air menaçant. « Karma’s a bitch only if you are. » ouuuuuuuuuh kitty can scratch. En fait, c’était plus trop d’actualité, j’avais presque fait la paix avec la chose. Bien sûr, le traitement de faveur dont j’avais été victime de la part de Lene et ses sbires n’était pas du tout ok, pas correct ni maintenant, ni jadis, mais je tentais un peu plus à chaque jour de faire la paix avec le tout. Pas facile, mais nécessaire. « En plus la meilleure, Matt est retourné habiter avec elle. » mon frère avait décidé de traîner avec elle, depuis qu’il avait lui aussi repris ses bonnes vieilles habitudes de jadis. Et après il osait venir me dire de rester loin d’Ezra… je roule des yeux, pas encore tout à fait adepte de la nouvelle, mais aux vues des récents événements, et du lien qui recommençait doucement à se tisser entre le big bro’ et moi, il fallait y aller au compte-goutte, ne rien craquer, ni rien briser trop vite, pas insister. On verrait en temps et lieu, s’il fallait s’en faire. « Ah non, j’ai très bien vécu le fait de ne pas recevoir des nudes en snap pendant mon adolescence, merci de ne pas gâcher cette pureté. » et sa mention des réseaux sociaux du temps où les hormones nous jouaient des tours m’effraie plus qu’autre chose. Imaginer être bullied autant dans les couloirs que sur Facebook? Lorsqu’on entendait ces histoires d’horreur de gamins qui recevaient des menaces de mort, des insultes, des commentaires hyper blessants 24-7 sur leur portable toujours scotché à leur main, ça me rendait malade. Ce n’était pas pour rien que je surveillais toujours Lola du coin de l’oeil quand elle traînait avec nous, au cas où. Pas que j’avais peur pour elle - simplement, déformation personnelle i guess. Suffit les conversations sérieuses et la mauvaise nostalgie, retour au programme principal et à la bouffe qui l’accompagne. Tad pointe du doigt une immense lacune et je m’en mords la lèvre, honteuse. Merde, la pizza. « Oh, mais j'ai une pizzeria sur le speed dial, regaaaaaarde. C’est Ben qui a programmé. » que je tente de racheter, tout aussi dégoûtée que lui d’avoir oublié. En même temps, on n’était pas à plaindre côté nourriture, mais on risquait probablement de passer plusieurs heures à éclater de rire devant ce qui se retrouverait dans la fameuse boîte, autant avoir un plan serré pour éviter au mieux les distractions. Je laisse à Tad le soin de voir la dite programmation entrée dans mon bottin, numéro de la meilleure pizzeria de Logan City - parce qu’on les avait presque toutes testées, c’est dire comment on était dévoués à la tache. Obnubilée par les reliques qu’il annonce, j’ignore comment contenir le flot d’émotions qu'elles génèrent. « Si t’existais pas, je t’inventerais. » Parce que les derniers mois ont été difficiles, horribles, intenses, impossibles. Parce que là, tout semble se placer, s’adoucir, revenir à la normale, s’améliorer. Et que cette foutue playlist, cette série de fillettes, cette discussion, lui, tout ça, ça me fait un bien fou. Comme si on repartait de zéro, sur une base solide, prêts pour la suite.  « On a besoin d’un roulement de tambour sur Sixpence none the richer. Are you up for the challenge? »  le voilà, le moment tant attendu. Nos espoirs datant d’il y a 10 ans, rassemblés dans cette vulgaire boîte de carton que je tapote des doigts, nerveuse, excitée. Bizarrement, je le sens aussi fébrile que moi, et ça me met la puce à l’oreille. Je parie qu’il n'a pas pris le jeu au sérieux, qu’il a juste dessiné des conneries encore, et limite, ça ne me dérangerait pas. Parce que c’est le moment qui compte, pas ce qu’on espérait vivre jadis. Je ne m’en souviens même plus, et je suis tentée de penser qu’il s’agit là d’un comportement normal, un joli déni. La tête qui dodeline sur la musique, l’image bien claire qui s’affiche dans ma tête de Dawson et Joey qui dansent ensemble sur cette chanson, teaser qu’on a vu passer des tas de fois à l’époque à la télé, devant lequel on criait, on lançait des bouh bien matures.  « Je sais, je sais, c’est la boîte qui te tente, mais tu penses pas qu’on devrait d’abord prendre le temps de ressasser les dix dernières années et... »  je prends ma voix sérieuse, celle de l’introspection, celle de Ginny l’artiste, qui parle à ses apprentis, qui interagit dans l’atelier en mode posée.  « … et… ON S’EN BALANCE. »   avant de pouffer en ouvrant la boîte d’un coup sec, déchirant presque le carton. Qu’est-ce que le jeune Tad avait comme aspirations? Qu’est-ce que la petite Ginny avait en tête lorsqu’elle pensait à son futur?  « Aouch. J’avais de grandes ambitions t’as vu, en premier : passer tous les Zelda en speed run sans crever.  »  je me replace sur mes coussins, après avoir tendu la feuille identifiée à mon ami, et avoir pris la mienne que je déplie délicatement. La première ligne, le plus important.  « N’empêche, ça fait des mois que je n’ai pas joué. Je devrais tester juste pour voir... » avec tout ce qui s’est passé pour Noah, ce n’est pas étonnant que j’ai laissé ma console bien loin derrière. Teenage Ginny serait curieuse de voir si j’ai encore la main.  « Oh Cordy va pas là, seigneur! »  à l’écran, Cordelia qui entre en trombe dans une salle de classe remplie de vampires me distrait de suite de ce qui peut se trouver en 2e place sur ma petite liste.
 
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 14 Nov 2017 - 1:32

Il ne peut s’empêcher de glisser une remarque face à l’attitude de Ginny comme si elle revisitait le temps. Sûrement qu’elle ne s’en rend pas compte, mais les deux jeunes gens sont très chanceux d’avoir la maison pour eux deux. Maman Tad, comme elle se plait à l’appeler, n’aurait rien compris de ce qu’ils seraient venus faire chez elle maintenant qu’ils sont bien loin de l’âge de raison. Parfois, quand Tad est avec Ginny et qu’il pense à sa mère, il se rend compte toutefois qu’elle est un sacré personnage. Peut-être que finalement de l’entendre râler sur leur puérilité incurable manque à cet instant. « Oui, oui je sais. Elle va tous nous survivre, anyways. » C’était même certain, Tad s’était toujours imaginé que sa mère le mettrait à mort le jour où il aura fait la connerie de trop. Il vient de gagner des prolongations en arrosant les plantes comme elle a demandé, mais patience, ce moment viendra. Il profite de l’instant où Ginny s’installe bien comme il faut pour y penser, avant de remettre les pieds sur Terre au moment où Ginny lui comment a été sa journée. Pour répondre, il décide au hasard une de leurs anciennes soirée à rejouer. « Tu t’es sacrifié pour la cause j'te dis, elle arrêtait pas de copier sur moi en bio. Fallait lui expliquer un peu plus en détails l’anatomie. » Il éclate de rire. Sûr que la jeune femme était un sacré ingénu. Lorsqu’était venue le moment d’étudier l’Ecole des Femmes en littérature étrangère, il l’avait de suite imaginée dans le rôle d’Elise. « Ouais, la dick pics existait pas encore. Elle a raté un truc, je pense que ses années scolaires auraient été bien meilleures si elle les avait vécus aujourd’hui. » Ou pas. Même s’il n’avait pas vu la jeune femme en question depuis des années, il était certain que sa « maladie » (ndlr :sa stupidité) n’avait aucun remède. « Karma’s a bitch only if you are. » répond Ginny lorsqu’il mentionne la petite vengeance perso qu’il avait écrit sur le mur des toilettes homme pour venger son amie. Certes, c’était ce qu’on peut appeler une vengeance stupide, mais c’était ce qui marchait back in the days. « En plus la meilleure, Matt est retourné habiter avec elle. » « Arf, je comprends. On est tous faible devant une telle paire de robert. Tu lui as dit si ça te dérangeait ? » demande t-il, en se répondant immédiatement à lui-même que même si elle lui avait donné le fond de sa pensée le jeune homme en aurait eu que faire. C’était toujours bien plus facile pour lui de penser à ce qu’il voulait plutôt que ce qui était mieux pour sa sœur. Tad ne peut s’empêcher de se pincer la joue en pensant à la dernière fois où il a parlé au jeune homme avant de changer de sujet pour revenir sur les différences entre l’adolescence d’aujourd’hui et la leur. « Ah non, j’ai très bien vécu le fait de ne pas recevoir des nudes en snap pendant mon adolescence, merci de ne pas gâcher cette pureté. » « Je crois que j’aurais passé mon temps à traquer les raies de fesses de sortie pour les faire passer à tout l’monde. Ça aurait été l’œuvre de ma vie. Je suis né trop tôt » Il prend l‘air pensif, en s’imaginant lancer des concours du genre « à qui elle appartient » ou en faisant la story de la journée. Il se fait rapidement la remarque qu’il pourrait faire ça à l’hôpital, mais malheureusement son âge n’excuse plus son immaturité. Il redevient donc sérieux en vidant le contenu de son sac sous ses yeux, faire l’état des lieux de leur ressource.  « Oh, mais j'ai une pizzeria sur le speed dial, regaaaaaarde. C’est Ben qui a programmé. » Il n’avait pas la remarque sur la pizza de façon accusatrice, mais au lieu de répondre ça à Ginny, il se fait une autre réflexion. « Ben ? » qu’il demande à haute voix. Il était loin le temps où Ginny lui confiait n’importe lequel de ses états d’âme, maintenant qu’elle était revenue et que tout allait correctement, il aimerait rattraper ce précieux temps perdu. « Si t’existais pas, je t’inventerais. » lui confie t-elle alors qu’il est déjà en train de s’enjailler sur le générique de dawson « I don’t a wait ! » chante –il en grimpant fort dans les aigu, ce qui lui donne forcément une sale voix qu’il se plait à utiliser avant de redevenir sérieux. « Je suis présentement en train d’imaginer le genre d’ami imaginaire que j’aurais été. » Il espère bien qu’elle ne l’aurait pas imaginer autrement, ou alors, au moins un peu plus grand pour mieux plaire aux dames.  « On a besoin d’un roulement de tambour sur Sixpence none the richer. Are you up for the challenge? » Sans attendre, il s’empresse de tapoter sur la table comme pour laisser durer le suspense. « Je sais, je sais, c’est la boîte qui te tente, mais tu penses pas qu’on devrait d’abord prendre le temps de ressasser les dix dernières années et... » dit-elle alors qu’il a les yeux rivés sur les petits papiers qui trônent tout au dessus. « … et… ON S’EN BALANCE. » OUI ! Lui veut connaitre les ambitions de la jeune Virginia McGrath. « Aouch. J’avais de grandes ambitions t’as vu, en premier : passer tous les Zelda en speed run sans crever.  » Effectivement, elle a raison. Mais ç cet instant, il est aussi occupé par le côté bonne enfant des souhaits de Ginny. « Je sais pas si le changement de console depuis ne rend pas le défi plus facile. » « N’empêche, ça fait des mois que je n’ai pas joué. Je devrais tester juste pour voir... » dit-elle alors qu’il pioche son premier papiers. « Et bien, t’étais une fille bien plus sage que moi. Mon objectif premier était de ne plus être puceau. Et je me souviens à ce moment, je pensais surtout à ma première BJ mais je voulais noter correctement pour ne pas te faire rougir. » En soi, les attentes pour l’avenir que n’importe quel étudiant aurait émis. Evidemment, ans s’en rendre compte, il vient d’admettre qu’il était encore puceau à son entrée en fac. Comme si ça avait encore de l’importance aujourd’hui. « Bon, ce but a été réalisé. Donc, c’est un win pour celui là. » dit-il en reposant le papier sur la table et en prenant une poignée de chips en suivant le regard de Ginny vers la télé qui joue Buffy. « Oh Cordy va pas là, seigneur! » La brune semble se mettre dans de beaux draps. Tad est hapé par la situation, jusqu’elle semble hors de danger, avant de se rappeler brusquement ce qu’il se passe derrière. « Mwah, c’est l’épisode de la fille invisible ? Je me souviens, je me suis toujours dit d’être sympa avec tout le monde pour éviter d’être tué par une fille invisible parce qu’elle aurait été trop ignoré. » Il mime un frisson. « Bon, qu’est ce qu’il y’a ensuite sur ta liste ? Je veux du dirty. »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyJeu 21 Déc 2017 - 21:42

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Tad & Ginny

La simple mention de mon frère me serre un peu le coeur - et je tente de le masquer au mieux. C’est pas facile, de perdre ses repères face à la personne qui, jadis, signifiait tout à mes yeux. Malgré les semaines qui passent, malgré le fait qu’il me laisse de l’air, qu’il ne force pas la donne, qu’il comprenne que j’ai besoin de temps, la blessure est toujours très vive. « Je préfère pas lui dire grand chose ces jours-ci, en fait. On s’est disputé... » à propos de sa nouvelle cohabitation avec mon ancienne nemesis du lycée, c’est bien le dernier de mes soucis. Tad n’en sait pas énormément de ma part sur l’histoire, principalement parce que les moments passés avec lui depuis mon retour à Brisbane étaient focalisés sur l’état de santé de Noah, mais surtout parce que je n’ai appris les manigances de ma famille qu’il y a peu, et que je digère encore le tout au mieux. « C’est un peu lourd, mais en résumé il… avec mes parents, ils ont menti gros comme le bras à l’époque et… toute l'histoire avec Ezra c’était que du vent. Ils ont tout inventé, il a jamais su que je partais, ni même dit tout ce que Matt m’a raconté par la suite. Bref. » je n’avais jamais ressenti le besoin de censurer quoi que ce soit avec Tad, il était probablement l’une des personnes si ce n’est la seule qui me connaissait en long et en large pour avoir été dans ma vie depuis plus longtemps que quiconque. Ça avait du bon, de ne pas avoir de filtre avec le brun, et déjà je sentais la pression de devoir garder ça pour moi se soulager un peu. C’était pas dit qu’il n’aurait pas de questions suite à tout ça, qu’il ne voudrait pas approfondir pour comprendre justement, parce qu’une dispute à ce point intense entre Matt et moi nous coupant l’un de l’autre n’était pas du tout chose commune, et je serais tout autant à l’aise s’il grattait que s’il laissait aller. Le mood est tout de même un peu alourdit par ma faute, et si Tad n’avait pas décidé de partir en vrille et de fabuler sur les triptyques de raies qu’il aurait pu accumuler s’il avait eu un portable plus tôt m'arrache un éclat de rire bien senti, qui calme tout de suite le jeu. On était bien là, on avait pas besoin de se casser la tête avec des disputes et d’autres problèmes - l’important, c’était ce qui se tramait dans ce salon que je connaissais par coeur, et les promesses que nos versions adolescentes peu glorieuses s’étaient faites l’une à l’autre. Il parle de pizza pendant que j’exhibe notre butin alimentaire, et je salive déjà. « C’est le pote avec qui je suis allée à Disney à l’automne. Celui qui est meilleur que toi à Mario Kart. D’ailleurs, j’attends toujours de vous voir en duel. » que je laisse glisser, disposant la boîte sur la table, distraite. Quand on me demandait de parler de Ben, le fameux type sorti de nulle part avec qui je passais du temps dernièrement, ça venait toujours avec une belle interrogation, un regard entendu. C’est vrai que je n’étais pas connue pour être du genre à avoir de nouveaux amis à la tonne, encore moins pour sympathiser avec le genre de Casanova qu’il se targuait d’être. Mais quand on apprenait à le connaître un peu plus que les bribes de beauf qu’il laissait voir, on remarquait tout de suite quelques ressemblances. Ami imaginaire et hypothèses sur ce à quoi Tad aurait ressemblé si j’avais été l’auteure de sa petite personne, et il me faut quelques secondes de réflexion, les yeux fermés, avant de renchérir. « Oh, t’aurais été une version hyper artsy de toi-même, avec du eyeliner et un col roulé noir à la Warhol. Comme dans ma phase cinéma. » il sait pertinemment de quoi je parle, et je ne retiens même pas un nouveau rire, pensant aux courts-métrages que je l’avais forcé à faire, en noir et blanc, maquillage charbonneux compris et répliques emo tirées des recueils d’Emily The Strange. Les rires font place à la concentration, et au lancement de la cérémonie. On parle de console et de Zelda, terrain connu pour moi même 10 ans plus tard, puis il pige à son tour et j’écarquille les yeux pour une raison évidente. « Attend… tu étais toujours vierge quand moi je…?! » de tout son discours, c’est le savant calcul que j’ai pu faire entre l’âge où il a potentiellement eu son premier rapport et l'âge où j'ai eu le mien  - et oui, j’ai les joues qui rougissent de ne pas du tout être à l’aise de parler de ça, avec lui. Old habits die hard. « À qui tu mens? T’aurais passé ta vie dans les vestiaires des filles! »  surtout puceau, ah. Bien sûr que s’il avait été à la place de Marcie, il aurait filé en vitesse grand V à la salle de bain adjacente au gymnase - question de se rincer l’oeil à la bonne franquette. « Bon, à moi, à moiii! » il veut du lourd, et honnêtement, me souvenant de la gamine que je pouvais être à l’époque, c’est pas chose assurée. Mon empressement me fait attraper deux papiers, et bonne joueuse, je les garde tout près, en dépliant d’abord le premier. « Ok, ça, je sais faire. » amusée, enjouée, je me lève d’un bond, déplace la table basse à la va vite, pose les mains au sol, les coudes aussi, lève le bassin et hop, me tenir sur la tête comme une vraie de vrai pro du yoga est prouvé d'une, rendant l’innocente et candide jeune Gin bien fière. Ce n’est qu’au second papier que je réalise qu’il aura peut-être du dirty finalement, genre de. « Et ça aussi, apparemment. » le second papier toujours entre mes doigts, je joue avec nerveusement avant de le laisser tomber devant moi, attrapant les prunelles de Tad au passage. On peut y lire de mon trait hésitant tenir tête à mes parents. « Ils sont venus, à l’hôpital. » ma mine n’est pas aussi grave qu’elle le devrait. Peut-être parce que j’ai déjà accepté le fait de les avoir sortis complètement de ma vie, que je l’assume graduellement. « T’aurais été fier de moi, j’avais de la répartie à la Buffy. »  et comme pour appuyer mes dires, la slayer dégomme 5 vampires de suite à l’écran, leur dédiant chacun un pun bien brillant avant de les transformer en poussière. « À ton tour! » et hop, le grand dévoilement se poursuit.  


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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMer 27 Déc 2017 - 22:06

De voir le visage de Ginny qui se décompose au moment où Tad pose une question sur Matt est l’unique indice nécessaire pour que Tad comprenne qu’il s’est passé un truc. C’était pas récurrent qu’elle fasse cette tête-là et il la connaissait assez pour savoir que, soit elle est en colère, soit elle est vraiment triste. De savoir lequel des deux il s’agit, cela ne tient que du reste de la conversation et de ce qu’elle va dire. Il n’empêche que l’instinct de Tad lui indique qu’un truc mauvais est arrivé. « Je préfère pas lui dire grand-chose ces jours-ci, en fait. On s’est disputé... » Mais encore ? La tête légèrement inclinée, les lèvres scellées et le regard en biais ne font que l’interroger encore plus pour qu’elle explique. « C’est un peu lourd, mais en résumé il… avec mes parents, ils ont menti gros comme le bras à l’époque et… toute l'histoire avec Ezra c’était que du vent. Ils ont tout inventé, il a jamais su que je partais, ni même dit tout ce que Matt m’a raconté par la suite. Bref. » Son sang se glace. Il s’efforce d’être impassible mais il ne peut retenir le frisson qui lui parcoure le dos alors qu’il constate de ses yeux ce qu’il avait deviné au moment où Matt lui avait avoué l’intégralité de ses plans il y’a maintenant plusieurs années. Que ça n’allait pas passer. Que bien sûr, elle allait le prendre pour une trahison. Et qu’enfin, elle ne voudrait plus le voir. Plusieurs fois, Tad avait pensé à lui dire. Il avait toujours été retenu par sa non-envie de briser la relation entre les McGrath. Maintenant que c’est fait, il ne fait que se laisser envahir par la culpabilité d’avoir malgré lui participé aux mensonges de son vieil ami. « J’imagine que ça te fait mal. » Seul commentaire. Plutôt une question, parce que Tad a peur, parce que Tad est mal aussi, parce qu’il n’a jamais pensé à mal non plus. Mais la nostalgie revient balayer ce moment dramatique. Cette soirée est là pour l’amusement, pour se retrouver en évoquant ce qui est maintenant le bon vieux temps, alors que l’époque n’était pas rose. Les estomacs grondent et le sujet de la nourriture s’impose de lui-même. « C’est le pote avec qui je suis allée à Disney à l’automne. Celui qui est meilleur que toi à Mario Kart. D’ailleurs, j’attends toujours de vous voir en duel. » « Tsss » Qu’il répond comme si elle venait de prononcer le plus gros non-sens jamais entendu. Voilà que maintenant, elle jouait à la console avec quelqu'un d'autre. « Personne n’est meilleur que moi à Mario Kart. » Il y’a des gens meilleurs que Ginny par contre, c'est peut-être pour ça qu'elle dit ça. Mais, meilleur que Tad, ça n’existe pas (à part peut-être Céline Dion, mais parce qu’il l’aurait gagné). Mais plutôt que de se lancer dans un entier débat vantant ses mérites et prouesses, Tad s’engage plutôt dans la voie du karaoké, balance le son et chante avec une voix non-faite pour chanter dans les aigu. C’est drôle. Gin rit, ce qui efface ce moment de grise mine lorsque Matt était apparu dans leur conversation. De savoir qu’elle n’aurait pu se passer de lui, même dans l’hypothétique monde où il ne serait pas né amène des questionnements sur ce qu’il aurait été s’il n’avait pas été né. Sorti tout droit de l’imagination de Ginny, il craint le pire. « Oh, t’aurais été une version hyper artsy de toi-même, avec du eyeliner et un col roulé noir à la Warhol. Comme dans ma phase cinéma. » « Ouuuh, j’espère au moins que j’aurais pas eu d’acné dans ce monde-là. » Oui, parce que quitte à avoir des airs de footit le clown, autant avoir la peau douce quand même. Il dit ça, ça ne le rend pas moins malheureux d’exister réellement. C’est là que vient le fameux moment. Celui tant attendu de re-découvrir les rêves et aspirations de Tad l’adolescent (adulte au moment de la rédaction) et de Ginny l’émo. De tirer le premier papier, on observe déjà que les ambitions de chacun étaient très différente. « Attend… tu étais toujours vierge quand moi je…?! » Il lève les yeux, se prépare à ce qu’elle termine sa phrase mais rien ne sort. Là maintenant, sa tête est partagée entre l’heureux souvenir de sa première BJ et l’épisode de buffy, qui se classe facile dans le top 3 des plus flippants. « À qui tu mens? T’aurais passé ta vie dans les vestiaires des filles! » « Ouais, si j’avais été invisible. Faute de quoi, j’ai décidé d’être toujours gentil. » Et il papillonne des yeux pour appuyer son propos, comme s’il était possible de lui donner les bon dieu sans confession. « Bon, à moi, à moiii! » s’écrit Ginny alors que vient son tour de piocher dans la boite. L’attention de Tad lui est dévoué, sauf peut-être un œil tourné vers la télé, mais soit. « Ok, ça, je sais faire. » Qu’elle annonce en lisant le papier, alors que lui aimerait savoir de quoi elle parle du coup ? L’attente n’est pas longue. Surpris et pourtant pas étonnée, il regarde Ginny faite vite démonstration de sa souplesse. « Merde ! Dans le prochain, je vais noter qu’il faut que tu m’apprennes à faire ça, ou au moins à être aussi souple. » Mais il savait, elle allait lui répondre de manger ses fruits et légumes par jour et de se mettre au yoga, ce qui n’avait aucun intérêt pour lui. Revenue à sa place. Elle se lance dans la lecture de son second papier. Tad reprend la boite devant pour quand ce sera son tour. « Et ça aussi, apparemment. » L’espace d’une seconde, il se demande si elle va encore accomplir une figure étrange, mais au lieu de ça, elle lui présente le papier. tenir tête à mes parents. Il lève les yeux vers elle l’interrogation bien visible dans ses prunelles. « Ils sont venus, à l’hôpital. »  « Et comment c’était ? » Curieux. Mal aussi. Pour les mêmes raisons que plus tôt, il culpabilisait. Si cela va mieux quand ils parlent à autre chose, Tad se connait, il va pas arrêter de remuer. « T’aurais été fier de moi, j’avais de la répartie à la Buffy. » Il l’aurais été. Mais, il se tait plutôt que de le lui attester. Un moment d’hésitation le gagne. « Gin, j’ai un truc à te dire. » Bon, à ce moment là, fini la soirée. Il repose la boite. Prend un air sérieux qui en choquerait plus d’un. « Je savais tout. » Oui, tout. Ce qui n’est pas très parlant quand il le dit comme ça. Ce qu’il voit dans les yeux de Ginny qui ne doit pas comprendre ce qu’il avance. « Matt était venu me le dire quand vous êtes parti, pour Ezra, pour toi. C’était déjà fait. » Qu’il explique, le regard au sol, honteux de ce qu’il avoue. Il fait soudainement très chaud dans la pièce. Là encore, ça doit être ça l’effet de la honte. « Je te présente mes excuses de ne pas te l’avoir dit plus tôt. Vous étiez déjà partis, et ça me semblait important de ne pas foutre en l’air ta relation avec Matt, parce que, c’était ton pilier et il l’aurait été plus là bas. »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 16 Jan 2018 - 6:09

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Tad & Ginny

Et j’hoche vigoureusement de la tête, hilare au simple souvenir des épopées cinématographiques desquelles il avait fait les frasques jadis. « Une peau de pêche, et une! » ma paume vient tapoter dans un élan maternel sa joue, alors que je constate que la panoplie de crèmes et de cachets dont ils avaient bien pu le gaver avait tout de même fait effet, et les cicatrices d’acné particulièrement virulente à l’époque étaient totalement envolées. « Par contre, tu gardais ton appareil dentaire. Capital de sympathie, tout ça. » autant garder les priorités aux bonnes places, et je suis persuadée qu’il aurait tout de même un public hypothétique bien intéressé par un appareil de torture censé garder son sourire impec - tout en le rendant plus humain, plus normal aux yeux des critiques. La connerie bien tapée, ce sont plusieurs bouchées de frites qui accompagnent le reste, et le dévoilement d’un autre de mes souhaits, teinté de mon amour pour le yoga découvert toute jeune, et maintenu depuis. C’était bien l’une des seules choses de mon passé qui était restée intacte, conséquente, alors qu’elles étaient très, très rares les journées où je ne déroulais pas mon tapis de yoga pour y passer quelques minutes, heures. « À voir comment tu t’assoies toujours avec la colonne vertébrale qui part dans tous les sens, je suis sûre que tu es bien plus flexible que moi. »  point in case maintenant que je pointe sa posture actuelle du menton. Il est recroquevillé en permanence Tad, l’art de la nonchalance qu’il maîtrise comme un chef, et qui doit avoir fait s’affaisser ses côtes d’un point de vue particulièrement inquiétant. Mais trêve de discours sur les bienfaits d’un dos droit et d’épaules suffisamment ancrées - et je passe au plus sérieux, et à la visite de mes parents qui m’arrache un long soupir. Même une énième scène larmoyante d’Angel et de Buffy à l’écran n’arrive pas à faire amende honorable, et c’est tout de même concise que je raconte comment leur présence à l’hôpital avait bien pu se passer. « Typique McGrath. » papa qui reste là, stoïque, sans un mot, à juger le moindre de mes gestes ou de mes paroles du regard. Maman qui papillonne, qui parle trop et trop vite, qui essaie de comprendre, de justifier, de réparer les pots cassés, alors qu’elle en brise d’autres au passage. « La lecture de toutes mes fautes, et à travers tout ce qu’ils ont fait pour nous, et ce que je risque de manquer si je les coupe de ma vie. » ils le sentaient bien, que ce n’était qu’une question de temps. L’un comme l’autre n’était pas dupe - et à avoir joué ainsi dans mon dos, ce n’était que partie remise avant que les récentes révélations me donnent le tournis, un haut-le-coeur en prime à leur intention. Ils l’avaient vu de suite, que j’avais changé. Que la Ginny d’avant, leur Ginny bien domptée, bien ficelée, n’était plus aussi docile que jadis. Et du revers de mes doutes, de tout ce que j’accumulais depuis que je savais, je leur avais tourné le dos, refusé le moindre contact pour la suite. Pour toujours, pour maintenant, j’ignorais quelle était la date limite, mais elle était encore en suspens et pour de nombreuses semaines. Une gorgée de thé plus tard, et Tad prend la parole, la voix qui oscille, suffisamment pour que je lève les yeux dans sa direction, le coeur qui se serre. Je déteste le voir aussi mal, je déteste être incapable de savoir ce qui se trame dans sa tête pour le connaître habituellement par coeur, pour être en mesure de tout anticiper comme tant de fois avant - puis, c’est le choc. L’électricité qui passe d’un neurone à l’autre, qui secoue mes sens, qui me force à me poser vraiment, à faire fi de tout le reste, à écouter les mots qu’il articule difficilement, la honte au visage. « Tu savais? Il t’a dit tout ce qu’ils ont fait? »  que je résume, à demi-mot, la voix qui souffle, le regard qui se perd. Je cherche les détails stupides, je m’accroche à une ligne de temps, à tenter de savoir quand Matt a bien pu se confier à Tad, à quel moment tout le monde était au courant sauf moi, si Ezra et Tad s’étaient vu, si tout et n'importe quoi. Des futilités, de la logistique, quelque chose de concret, n’importe quoi, pour m’empêcher encore une fois de flancher à cause d’eux. Puis, c’est la culpabilité qui remonte, et mes iris qui cherchent ceux de mon ami, qui les attrapent, qui les couvent. « Je… je suis tellement désolée qu’ils t’aient pris là-dedans Tad... » dans un murmure. Parce qu’il n’avait pas à être un dommage collatéral, parce qu’il n’avait jamais rien fait pour brimer personne, pour blesser qui que ce soit. Parce qu’il avait toujours été là, présent, sans jugement, et qu’on l’avait forcé à être dans le coup, parce qu’on lui avait fichu une pression tout sauf nécessaire, un malaise qu’il ravalait difficilement à me le relater aujourd’hui. « T’avais pas à être mêlé à leurs secrets, ils avaient pas le droit de te faire ça... » et je secoue la tête de la négative, le coeur qui s’emballe, l’injustice au bord des lèvres. « Ils m’ont presque tuée - je les reprendrai plus à impliquer qui que ce soit dans cette histoire. » dans un soupir, et un frisson supplémentaire. C’étaient bien eux qui m’avaient poussé à bout, et à cause de qui j’avais failli y laisser ma peau il y a quelques années. Le simple souvenir de la céramique glacée de la salle de bain à Londres me revient en tête, et le coin de mes paupières s’humidifie direct. Non, non. Pas de nouvelles larmes à leur intention, plus jamais. « T’es ce qui se rapproche le plus d’un semblant de famille pour moi maintenant, tu sais. » comme jadis, et encore plus maintenant. Ce n’est plus Matt, ce ne sont plus mes parents, ce ne sont plus eux qui comptent, désormais et pour toujours. Ce sont des gens comme Tad, comme Cora, ce sont eux qui en bout de ligne prendront la place qui leur ait dû. « J’espère que t’as une belle connerie là-dedans, un truc bien glauque et sexuel que t’avais vu à la télé ou je sais pas. Faut alléger l’ambiance. » et je laisse aller un rire, lui tendant la boîte et les quelques papiers restants, l’espoir qui renaît doucement.

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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMer 24 Jan 2018 - 19:01

Et finalement, il avait cédé sous le poids de la culpabilité. A savoir que Tad est un très mauvais menteur et ne sait aucunement gérer la pression. Que Ginny aborde le sujet de ses parents, de Matt et de ce qu’ils lui avaient fait n’avait pas failli à déclencher les vannes du remords chez le jeune garçon, qui s’en avoir participé à la machination des McGrath aurait très bien empêché la tournure des choses. Il n’avait pas fait amende honorable au retour de la brune à Brisbane, ne voulant pas être celui qui balancerait dans un cercueil la forte relation qui l’a toujours liée à son aîné. Maintenant que Matt faisait de son propre fait face à ses actes, Tad pouvait avouer et accepter la colère de Ginny pour son silence. L’ambiance est totalement retournée. Les rires de jeux s’estompent, ne laissant planer qu’un silence glacial, entrecoupé des aveux de Tad et de l’épisode de Buffy qui continue à se jouer derrière eux. « Tu savais? Il t’a dit tout ce qu’ils ont fait? » Qu’elle demande, visiblement choquée, retournée par ses aveux. Tad annonce un oui de la tête, trop peureux, trop honteux de lui-même pour oser reprendre la parole. Il a le sentiment que la soirée se termine, qu’ils peuvent remballer parce qu’il ne voit que le fait qu’il ait participé à cela en ne prenant son parti et elle aurait tous les droits de le placer dans la même boite que le reste de sa famille. Il ne vaut pas mieux qu’eux, qui ne dit mot consent, et de par son silence, il a le sentiment d’avoir légitimé tous les actes pris à son encontre. « Je… je suis tellement désolée qu’ils t’aient pris là-dedans Tad... » Qu’elle ajoute après quelques minutes sans parole, alors que Tad se fait tous les films possible et imaginable de sa réaction. Des excuses n’étaient clairement pas au générique. Il hoche la tête vivement, en répondant. « Non, non, non. » Pourquoi elle s’excuserait ? Il se retient presque d’aller de son côté de la table pour la prendre dans ses bras, mais l’idée qu’elle lui montre de la colère est encore là. « C’est moi. C’est sûrement pas toi. J’aurais du tout te dire, et prendre des risques parce qu’on en serait pas là, c’est certainement pas à toi de t’excuser de ça. » Non, pas à elle. Parce qu’elle avait été la victime de tout ça, pas lui. Il avait continué sa vie, terminé ses études, poursuivit ses conquête amoureuse jusqu’à vivre une première relation forte bien que chaotique. Tad avait évolué, mais Ginny était prisonnière de ce qu’ils ont fait d’elle, de la probabilité de ce qu’elle aurait pu vivre si personne n’avait mis le nez dans ses affaires. « T’avais pas à être mêlé à leurs secrets, ils avaient pas le droit de te faire ça... » Qu’elle soutient, à sa grande surprise, énervée contre eux et pas lui. Lui, il préfère soutenir que, ça n’a pas été plus dur à porter que ce qu’elle a vécu. « Ils m’ont presque tuée - je les reprendrai plus à impliquer qui que ce soit dans cette histoire. » Et son cœur connait un pincement à la mention du suicide de Ginny, celui qu’il avait appris quand elel était déjà loin, celui qui aurait du tout déclenché chez lui et lui faire prendre un billet pour Londres pour arrêter ça. Et lieu de ça, il avait juste nourri de la colère contre Matt, pris des nouvelles et continué sa vie de son côté. Quel lâche. « C’est moi qui te dois des excuses, parce que j’ai pas agi, j’ai pas eu le courage de bouleverser leur organisation pour te sortir de là, et je m’en veux, tout comme je m’en veux de pas te l’avoir dit plus tôt. » Il a la tête baissé, la gorge noué. Il avait jamais voulu tout ça lui. Il ne cherche jamais à faire du mal, mais même sans chercher, il l’avait fait et là, il doit faire face à ce fait. « T’es ce qui se rapproche le plus d’un semblant de famille pour moi maintenant, tu sais. » Qu’elle lui confie, l’amenant à lever les yeux vers elle. Il ne pleure pas, mais presque parce que c’est trop d’honneur, mais qu’il comprend qu’il ne peut pas la laisser tomber à nouveau, parce que Ginny, elle n’a plus de Matt pour pilier. Et le cœur de Tad se moue, s’attendrit. « Oui, je sais, je t’aime aussi tu sais. » qu’il annonce timidement, avant d’ajouter pour détendre l’atmosphère. « Tu veux pas qu’on demande à Roselyn de t’adopter ? » Des fois qu’une mère italienne hyper stricte la fasse rêver. « J’espère que t’as une belle connerie là-dedans, un truc bien glauque et sexuel que t’avais vu à la télé ou je sais pas. Faut alléger l’ambiance. » Qu’elle demande en pointant la boite du doigt, revenant à leur jeu et Tad pioche, lit le bout de papier et fait une grimace en lisant à haute voix, épuisé par lui-même. « Chanter l’hymne national en rotant. » Il ne rit pas, il observe la réaction de Ginny. « T’es sûre que t’es prête à entendre ça ? »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 30 Jan 2018 - 15:01

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Oh qu’il n’a pas besoin d’être si dépité, et le voir ainsi me fend le coeur. Tad n’avait rien de mesquin, de vil, de méchant. Tad n’avait aucune malice et voilà qu’il avait été pris dans le cross fire à l’époque pour une raison qui m’échappe, que je sais tout sauf bien fondée. Je déteste le voir ainsi et encore plus par ma faute, et c’est sans hésiter une seule seconde que je me redresse à son intention, la voix tranchante, lui présentant mes propres excuses plus sincères encore que bien d’autres paroles échangées à mon propos. Il les refuse, le Cooper mal à l’aise devant ma désolation et c’est bien ce qui est si pire à mes yeux. Qu’il croit une seule seconde que je lui en veuille, qu’il se retrouve au même niveau, bien bas, que Matt. C’est tellement évidemment à mon sens que c'est tout sauf le cas. « Tu sais, l’important c’est que tu me l’aies dit au final. Le reste est passé, derrière nous et toute cette histoire… toute cette histoire est bel et bien terminée. » que je souffle, tout l’amour du monde dans ma voix. Pas la peine d’insister ni même de tenter de me faire changer d’idée, il reste comme symbole de famille à mes yeux, le frère que je n’ai jamais eu, celui qui envers et contre tout ne fera jamais volontairement quoi que ce soit pour me briser à ce point. Sa déclaration d’amour m’arrache un sourire, sachant que ce n’est pas tous les jours qu’on a droit à un Tad le moindrement sentimental. J’en profite même si je n’ai jamais douté sans fondements de ses sentiments à mon égard ni des miens pour lui, encore moins aujourd’hui. « Par chance ; sinon tu risques de trouver le temps long à m’avoir de collée à tes baskets pour toujours. » ça avait toujours été ainsi entre nous deux, avant Londres. Maintenant que tout rentrait dans l’ordre et que je retrouvais ma vie, la vraie, les habitudes avaient tout à gagner à revenir se mettre en place entre nous deux. Le voilà qui s’amuse en mentionnant sa mère et une possible adoption, ce à quoi j’éclate de rire. Elle avait tout de la mère effrayante, de la marâtre trop stricte et tellement étouffante, mais j’avais toujours nourri une bien étrange fascination elle, ce qui n’avait jamais manqué de faire rigoler Tad. Allez savoir ce que je trouvais d’inspirant en la mère de mon meilleur ami, ce que j’allais chercher, mais ça avait toujours été et ce serait probablement le cas pour encore très longtemps. « Elle dirait oui tu crois? Ou ce serait une nouvelle occasion pour elle de me forcer à aller expier mes péchés à l’église? »  et Dieu sait que j’en avais selon Roselyn, aussi prude et pudique puis-je être malgré tout le reste. Avais-je besoin de vous rappeler l’enfant hors mariage que j’étais allée exhiber à l’autre bout du globe? Elle s’en souvenait probablement encore, ses remontrances face à mon avenir raté par la bande. La blague est douce tout comme le retour au programme principal, et Tad qui se targue maintenant de passer en mode alphabet vocal - et digestif. Je me cale contre les coussins l’air presque rêveur en attendant la suite avec une curiosité malsaine qui me faisait autant peur qu’elle m’amusait. « Prête et attentive ; ton public n’attend que toi! » et il se déchaîne le petit, il donne tout ce qu’il a et encore, quelques hoquets tentant de rattraper la mise et je me retrouve, hilare, à couronner son Z expulsé d’une ovation presque dégoûtée. C’est à mon tour lorsque la boîte se glisse enfin dans ma direction, et la douce mélodie des rots de Tad encore enregistrée dans un endroit nébuleux de ma tête arrive presque à se mettre en sourdine lorsque je lis ce que ce nouveau papier me réserve.« Avoir ma propre galerie.  » et un soupir, un qui glisse le long de mes lèvres. De raison, la suite s’explique maintenant que je joue presque nerveusement avec le papier, une gorgée de thé plus tard. « C’est pas encore ça, mais j’ai recommencé à peindre pour vrai. »  Tad sait bien que je sors d’un passage à sec particulièrement ardu qui s’est étendu sur plusieurs années - et sachant comment l’art était important pour moi jadis, c’est tout un statement que de lui annoncer le tout, maintenant l’enfer bâti de toutes pièces par mes parents et mon frère derrière moi. « Y’a même des rumeurs que je serai à un vernissage en mai. » un coup d’oeil complice plus tard et il sait ce qui s’en vient, lui qui jadis a été mon allié, mon équipier, mon partenaire fidèle dès l'instant où je me retrouvais à mener de front n’importe quel projet créatif. « Si jamais t’as envie de te prendre pour une grande personne.  » l’invitation est lancée, et il comprendra à mon intonation que sa présence à mes côtés vaudrait pour tout l’or du monde.

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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 30 Jan 2018 - 22:06

Et les aveux tombent les uns à la suite des autres. Les excuses pleuvent et Tad s’évertue à faire amende honorable devant une Ginny trop bonne, trop miséricordieuse qui lui pardonne sans même connaitre tous les détails de l’histoire de lui avoir failli, de ne pas avoir su être le meilleur ami qu’il se targue d’être et d’être resté spectateur de son malheur pendant toutes ces années où il savait intérieurement qu’elle n’était pas heureuse. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle arrive à présenter des excuses pour cette implication forcée, pour la place qu’on lui a donné, et si certes, Tad n’a rien demandé de cette pression. Ce n’est pas à elle d’être désolée pour ça. C’est même un comble. Et Tad reste là, pantois un peu, à juger du ridicule de la situation. « Tu sais, l’important c’est que tu me l’aies dit au final. Le reste est passé, derrière nous et toute cette histoire… toute cette histoire est bel et bien terminée. » Qu’elle conclue, face au manque de conviction de Tad. Ginny veut avancer, mettre cette histoire derrière elle et probablement reprendre ce qui lui a été retirée mais Tad n’arrive pas à se dire qu’il doit s’en tirer comme ça. Il mériterait sérieusement qu’elle soit amère envers lui et tant de bonté, de compréhension et de gentillesse, ça le bouleverse. Jamais il aura meilleure amie que Ginny. Jamais il ne rencontrera meilleure personne qu’elle. C’est presque bouleversant d’être assis face à elle, face à sa générosité et se dire qu’on a une telle place. C’est que l’émotion grimperait à la gorge de Tad, qui dans un élan d’affection, ne peut s’empêcher de lui témoigner tout l’amour qu’il ressent pour elle, qu’il doit lui dire qu’elle est importante, lui faire sentir parce qu’une personne qui comprend les failles humaines comme le fait Ginny, ça se garde précieusement. « Par chance ; sinon tu risques de trouver le temps long à m’avoir de collée à tes baskets pour toujours. » Bwarf, ça, c’est un peu de son vécu depuis qu’il a posé les pieds dans le voisinage en étant môme. Ginny ne l’avait jamais quittée d’une semelle et ça lui avait toujours convenu. « Je ne pourrais pas rêver d’une meilleure huitre sur le rocher qu’est ma vie. » Qu’il soupire, un brin poète, un brin rien du tout. Mais, ça le fait rire, ça le rend fier. « Elle dirait oui tu crois? Ou ce serait une nouvelle occasion pour elle de me forcer à aller expier mes péchés à l’église? » Huuum, il prend l’air de réfléchir, avant de hocher la tête catégoriquement. « Je ne pense pas. Elle aurait trop peur que Noah l’appelle grand-mère. Tu sais, faut pas lui faire ces frayeurs-là. » Et il rit, même si en soi, ce n’est pas tellement drôle. Roselyn avait passé tellement de temps à élever son fils qu’elle en avait délaissé une vie amoureuse qu’elle tentait de raviver depuis quelques années et la présence d’un enfant sur l’arbre familial en serait, psychologiquement, un frein. « Mais bon, pour tes péchés, rappelle qu’elle a aussi eu un batard. » Et il papillonne des yeux en parlant de lui-même, le mot étant plus drôle à ses yeux qu’une véritable insulte. Et il enchaine, sur le bout de papier sensée briser l’ambiance, les remettre dans l’humeur de leur retrouvaille dans le petit jeu des papiers.  Rien de sexuel, ou drôle. Juste crade. Un rappel de l’immaturité du Tad de l’époque. « Prête et attentive ; ton public n’attend que toi! » Que Ginny se prépare, parce qu’il avait effectivement tâcher à maitriser ses rots pour en sortir des chansons. Ce n’est clairement pas le meilleur argument séduction, mais ça fait toujours rire les potes. Et Tad entonne, les premières notes, les premières paroles jusqu’à s’abimer le tube digestif. Ça lui prend quelques minutes, ça lui fait mal, mais il est fier d’avoir été capable de tenir cet objectif. « Avoir ma propre galerie.  » annonce Ginny après avoir pioché un énième papier. Tad reste silencieux, ne pouvant s’empêcher de revoir Ginny le soir où ils avaient écrit ça, toute heureuse de son école et de voir que maintenant, même ça, on le lui avait pris. « C’est pas encore ça, mais j’ai recommencé à peindre pour vrai. » Et c’est une bonne nouvelle. Elle aurait jamais du à arrêter, mais il se retient de lancer le débat à nouveau. « Y’a même des rumeurs que je serai à un vernissage en mai. » Déjà ? Et bien, il est forcé d’avouer qu’elle se remet vite en course. « Si jamais t’as envie de te prendre pour une grande personne.  » C’est vrai que dis comme ça, vernissage, ça parait pompeux, guindé, chic. Le genre d’évènement qu’il évite, ou alors, dans lequel il traîne Ariane parce qu’elle est aussi peu sérieuse que lui. Quoique, Charlie semble être le cavalier snob parfait. « Je viendrais, je mettrais un col roulé, et je prendrais l’accent snobinard de Charlie pour commenter tes œuvres. Je suissûr que les gens croiront que je pèse dans le game. » Et il se picture déjà à l’expo, la rose à la main à commenter des dégrader de couleur et à parler de son âme. A son tour, il pige un nouveau papier. « Être un dieu de la guitare. » Il affiche la mine déçu, mais bon, au moins, il n’a pas arrêté de jouer ; « Bon, bye bye mes rêves d’êtres Jimmy Hendrix, mais bon, paraitrait que le Street Cat renait de ses cendres donc. Peut-être dans dix ans. »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyDim 4 Fév 2018 - 3:44

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Et l’idée que Roselyn m’adopte hypothétiquement me fait sourire. Même si elle était stricte, même si elle m’avait donné la chair de poule de nombreuses fois avec son ton sec et ses exigences catégoriques, je l’aimais bien. Elle n’avait besoin de personne pour être heureuse, elle était solide, indépendante. Elle était dure, mais ça lui avait toujours réussi. Et malgré tout ce que Tad pouvait râler sur son cas quand nous étions ados - elle avait fait un boulot remarquable avec mon meilleur ami. Son comportement et ses confessions du jour ne me le confirmaient que trop. « Je me suis souvent demandé ce que ça donnait, une maman Tad jeune et frivole. » et j’imagine la situation, à notre âge, avec ses histoires d’amour, ses passions, ses colères, ses enjeux. Si je me perds un brin dans mes réflexions, c’est le nouveau défi de Tad qui m’arrache à mes pensées, et l’hilarité dont je fais preuve maintenant qu’il s’exécute, le rot qui chante, et toutes les lettres qui y passent. J’ai la larme à l’oeil au H, j’éclate au T et j’en ai mal aux côtes au Y. « Prends à boire, là. » je lui tends ma tasse de thé déjà entamée, mais assez remplie pour pouvoir aider ses cordes vocales à ne pas en finir avec leur existence. « Dans 10 ans, ce sera l'alphabet elfique que je te demanderai. » que je renchéris, amusée, m’essuyant le coin de l’oeil en retrouvant mon souffle. Si mon ami avait toujours été ce grand gamin, ce n’est pas étonnée que je réalise que malgré les responsabilités, malgré la vie et le quotidien, malgré sa routine, il est toujours le même. Ça me rassure, ça me plaît, et ça sera toujours le cas, j’en suis persuadée. De ses responsabilités je passe aux miennes, et au fameux vernissage qui m’occupe les pensées depuis que Dannie a officialisé sa demande, et que j’ai fini par l’accepter. C’est énorme de penser qu’après toutes ces années j’aurai, le temps d’une soirée, un aperçu de ce qu’aurait été ma vie si j’étais restée à Brisbane, si je n’avais pas suivi la famille à Londres. Mieux vaut tard que jamais. « Ce sera le moment de voir si j’avais raison quand je te disais que tu avais tout pour être ma Edie Sedgwick. » ma muse, Tad avait joué le rôle à la perfection durant notre jeunesse, et aujourd’hui n’était qu’un retour de plus dans ses souliers d'égérie. Un peu plus, et j’arriverais à le convaincre de poser à nouveau pour mes croquis, j’étais persuadée. « Demi-Dieu, ça le fait très bien. Et puis Hercule a toujours été plus musclé que Zeus selon moi. »  la pique est douce, la vanne n’est pas si méchante que ça, et je me note mentalement de valider la prochaine date maintenant que je n’ai plus besoin d’annuler mes présences à leurs shows pour cause de rendez-vous à l’hôpital en matinée le lendemain. D’ailleurs. « J’ai Noah qui insiste pour venir vous voir aussi. Je dis vous, mais tu sais très bien qu’il n’aura d’yeux que pour son parrain - ce gamin est probablement ton fan numéro 1. » je pourrai bien le faufiler à mes côtés dans un bar où ils ont un gig  - sous mes cardigans de laine, incognito - ou lui gratter une place en salle de répèt’ un jour. La présence de Lou à proximité ne me plaît pas plus que ça, mais pour le plaisir du gamin, et pour voir son air dès que Tad improvisera un solo, ça vaut la peine. « Je me disais aussi... » et je tâte le terrain d’un potentiel cadeau, sachant que Noël arrive bientôt, et que le Cooper avait mentionné être opé pour une soirée à trois pour célébrer les Fêtes. « La prochaine fois que tu viendras à la maison, je pense qu’il aimerait bien apprendre à jouer une chanson ou deux. » si Tad avait déjà tenté de m’apprendre à jouer, je savais que mon fils serait un bien meilleur élève, qu’il l'apprécierait beaucoup plus. Vient finalement le dernier papier pour moi, et je glisse ma main distraite dans la boîte, le regard qui suit Willow habillée en fantôme dans les rues de Sunnydale. La conclusion de tout ça, l’exercice qui date de dix ans, qui m’avait semblé si simple à imaginer, si facile à espérer. Il s’en est passé des choses, et pas que des mauvaises depuis, mais la nostalgie est encore douce à mon coeur lorsque je finis par lire à haute voix ce que mes jolies lettres alignées avaient de beau à souhaiter. « Avoir une vie simple et heureuse. » et je laisse aller un rire, la pression qui suit toujours. « On pourrait presque dire que je sentais que ça allait barder, quelques mois plus tard... » si je me souviens bien, j’avais appris pour Noah l’été suivant, après avoir passé plus d’un an et demi à cacher ma relation avec Ezra à Matt. Juste d’y penser, et je sens les frissons monter. « C’est en train de se réaliser, ça. » et ma voix est douce, mon ton est plein d’espoir. Une bouchée de frites, et je me replace sur les coussins au sol. « Edward et moi on est enfin libres des parents avec le divorce finalisé. Ezra sait pour Noah, Noah sait pour Ezra. »  7 ans de manigances et de secrets qui avaient enfin fini de nous briser le coeur, de nous triturer l’esprit. « Les seuls trucs dont je dois me préoccuper maintenant, c’est de finaliser la peinture de la maison et d’écrire aux étudiants des workshops pour leur dire quand les ateliers recommencent. »  ça, c’était simple. Ça c’était heureux. Et c’était ma vie maintenant. Ce serait parfait, ce serait idéal, ce serait suffisant, si je n’avais pas perdu l’une des personnes les plus importantes pour moi par la bande. « Y’a pas qu’aux parents que j’ai arrêté de parler - à Matt aussi. Je suis pas encore tout à fait en paix avec ça, mais si je veux mettre toutes leurs manigances de côté, j’ai pas le choix de m’éloigner de lui pour arriver à passer à autre chose. » levant lentement les yeux vers Tad, j’attends je ne sais quoi. J’imagine qu’il ne doit pas plus porter mon frère dans son coeur que moi actuellement, néanmoins, je sais aussi que de nous deux, il a toujours été le plus juste, le plus terre à terre. Foncièrement gentil, il risque malgré tout de voir le positif à travers toute cette histoire. « Je suis trop dure envers lui tu crois? »  

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taddy ▲ feel it still Empty
Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyJeu 8 Fév 2018 - 0:12

« Je me suis souvent demandé ce que ça donnait, une maman Tad jeune et frivole. » L’aveu de Ginny ne provoque pas la même réaction sur le visage de Tad. Si la jeune femme semble vraiment s’interroger, l’image qu’il a en tête, celle d’une Roselyn effectivement jeune et libérée, l’inquiète grandement. Il aura beau ne pas être un sentimental, il n’empêche qu’il est italien, que sa maman est précieuse et qu’il se refuse d’imaginer qu’elle ait pu être volage. Personne ne baise sa mère, et là, c’est un point de fierté qu’il exprime et qu’il tente de dissimuler. « J’ai pas vraiment envie de savoir tu sais. » Et il fait une sorte de grimace, laissant présager ce que son imagination lui dicte bien malgré lui mais en espérant qu’elle ne le comprenne pas. Ça lui rappelle l’époque où il jouait à ce jeu, où ils se disent des choses horribles comme, un poussin pas tout à fait mort en nugget dans l’assiette, pour voir si l’autre l’imagine, fait une grimace et lui coller un gage parce que c’est sûr que la personne l’a imaginé. Mais bon, no way qu’elle soit présentement en train de jouer à ce jeu. Et Tad enchaine, pioche son dernier billet, en lit le contenu et l’exécute. « Prends à boire, là. » Qu’elle lui ordonne avant qu’il ne poursuive, au moins parce que s’il doit jouer les cœurs le des concerts de Street Cats, c’est mieux qu’il ne s’abime pas trop les cordes vocales. « Dans 10 ans, ce sera l'alphabet elfique que je te demanderai. » Alors qu’il termine ses gammes, le fond de la tasse de thé qui fait du bien en passant derrière tout ça. Et il renchérit, question d’honneur. « Haha, dans dix ans, je parle elfique. » La phrase à ne pas prononcer à la légère, qu’il regrette aussitôt l’avoir prononcé. Ginny essuie ses dernières larmes de rire de l’avoir écouté pendant deux longues minutes se déformer le larynx. Au moins, il aura su alléger l’ambiance après ses aveux. Il saura toujours la faire rire. Et elle enchaine, c’est son tour de piocher un morceau de papier. Nouvel objection, un énième qui arrache à Tad une grimace, tellement la pensée qu’elle aurait réalisé tout ça est présente si seulement on l’avait laissé décider de sa vie. Un ressentiment qu’il garde pour lui au moment où elle parle de son exposition à venir, où elle l’invite et où il recommence à faire le con, à parler de tout et n’importe quoi. A déjà se donner des airs de personne important. « Ce sera le moment de voir si j’avais raison quand je te disais que tu avais tout pour être ma Edie Sedgwick. » Et il éclate de rire. En pensant  à tous les projets « artistique » de Ginny dont il avait été l’instrument principal ou qui avait tourné autour de lui. Il n’y avait jamais pensé mais, peut-être aurait-il dû penser à un jour mettre tout ça dans un cb. « Et bien, tu me feras penser à me teindre en blond quand tu me présenteras à ton public, je tiens à être dans les codes. » Ou pas. A son tour, il pioche son papier. Un énième rêve non réalisé mais peut-être un peu trop ambitieux. C’est sûrement ce que l’on retiendra du jeune Tad au moment où il a rempli cette boite. Le garçon voyait trop grand pour lui. « Demi-Dieu, ça le fait très bien. Et puis Hercule a toujours été plus musclé que Zeus selon moi. » Qu’elle fait remarquer. Bon, il est pas musclé du tout mais, il apprécie que Ginny fasse semblant que ce soit le cas. C’est très aimable de sa part de ne pas froisser son égo d’homme. Il ne voit même pas qu’à la base, c’est une vanne.  « J’ai Noah qui insiste pour venir vous voir aussi. Je dis vous, mais tu sais très bien qu’il n’aura d’yeux que pour son parrain - ce gamin est probablement ton fan numéro 1. » dit-elle alors qu’il aborde le sujet des Street Cats. Les yeux de Tad se gonflent de fierté. C’est beau de savoir que le petit veut assister à un concert. Maintenant, il ne reste qu’à savoir si son état le lui autorise. « Dès qu’il aura le droit, toi et lui aurez droit à tes tickets VIP pour un des show. » Qu’il assure, en notant mentalement qu’il faudra également qu’il songe à filer un truc à paillette à Lou ce jour là pour qu’elle joue avec dans son coin et oublie la présence de Gin. « Je me disais aussi... » « Ouuui ? » Qu’il répond automatiquement. « La prochaine fois que tu viendras à la maison, je pense qu’il aimerait bien apprendre à jouer une chanson ou deux. » Ouuh, alors le moment est venu. Tad essaie de se contrôler à la demande de Ginny, mais il a déjà tout en tête. « JOR, tu me confierais l’éducation musicale de ton fils ? » Qu’il demande, alors que c’est obvious et que dans sa tête, il est déjà en train de sélectionner les chansons qu’il compte lui apprendre. « Je suis sûr que je peux même te filer ma vieille guitare pour que tu lui file, c’est quelque part là haut. » Là-haut, dans sa vieille chambre d’ado, devenu un entrepôt de carton que Roselyn menace de jeter à la poubelle une fois par an même qu’elle ne fait jamais. « Tu peux compter sur moi, tu auras un mini-Tad à la maison. » Il n’est pas sûr que ce soit une bonne chose pour tout personne autre que Ginny, mais la vision l’amuse. A son tour, et pour la dernière fois, Ginny prend le dernier morceau de papier qui la concerne et le lit à haute voix. « Avoir une vie simple et heureuse. » Il fait une tête, de celle qui tente de jauger si cet objectif est bien réalisé ou non. « On pourrait presque dire que je sentais que ça allait barder, quelques mois plus tard... » Elle essaie d’être drôle, Tad étouffe un rire jaune, parce qu’il a pas le droit de rire à ça. Parce que la culpabilité reste là et qu’aujourd’hui serait différent s’il avait agi. « C’est en train de se réaliser, ça. » Qu’elle dit, après un silence. Il reste silencieux.  « Edward et moi on est enfin libres des parents avec le divorce finalisé. Ezra sait pour Noah, Noah sait pour Ezra. » Visiblement, la fin des soucis s’annonce alors qu’elle les liste. « Les seuls trucs dont je dois me préoccuper maintenant, c’est de finaliser la peinture de la maison et d’écrire aux étudiants des workshops pour leur dire quand les ateliers recommencent. » Et c’est bien, qu’elle pense à elle un peu. Qu’elle n’ait qu’elle dans sa liste de projet à réaliser parce que c’est ça l’important et que la vie de Ginny a été entre parenthèse trop longtemps. « Et bien, ça me semble être un sacré programme. Promet de ne penser qu’à toi pour au moins les dix ans à venir. » Et c’est presque un ordre, quelque chose à noter sur leurs nouveaux papiers. « Y’a pas qu’aux parents que j’ai arrêté de parler - à Matt aussi. Je suis pas encore tout à fait en paix avec ça, mais si je veux mettre toutes leurs manigances de côté, j’ai pas le choix de m’éloigner de lui pour arriver à passer à autre chose. » Il s’interrompt dans son entreprise d’aller prendre son propre dernier papier. Il s’interdit devant son annonce. Visiblement, Matt n’a pas eu le droit au même pardon qu’elle. « Je suis trop dure envers lui tu crois? »  Il hausse les épaules, c’est difficile à jauger. Matt n’a pas pensé à mal et Tad sait qu’il a juste cherché à la protéger, mais l’absence de mauvaises intentions ne change rien. « Je ne sais pas. Tu penses être dure toi ? » Il lui retourne la question, ce qui lui fait un peu pensé à un psy alors il enchaine. « Je pense que, si tu ne veux pas lui parler, alors ne te force pas. Tu verras quand ça voudra bien revenir. » C’est ça, son si précieux conseils, attendre que l’envie se fasse. « J’imagine que tu as toutes les bonnes raisons du monde de ne pas le revoir maintenant ? »
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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyJeu 15 Fév 2018 - 3:45

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Tad & Ginny

Je le sais à la seconde où Tad renchérit qu’il aura autant de plaisir, si ce n’est plus que Noah lui-même, à faire une place à mon gamin aux premières loges de l’un des shows des Streets. Entre eux deux avait toujours eu ce lien immuable, cette complicité de presque frères, cette connexion pas si différente de celle qu’il partageait avec moi, toute simple, toute douce, drôle, solide. Tad avait su dès les premières minutes où il avait rencontré Noah créer ce contact solide que mon bambin n’avait avec personne d’autre, et de voir son regard briller alors que je lui propose sur un plateau d’argent de recommencer là où ils en étaient, là où la vie avait mis le tout en arrêt sur image, c’est plus beau encore que tout ce que j’aurais pu imaginer, espérer, pour mon meilleur ami et pour mon gamin. « Ah ouais VIP quand même : ça donne droit à quoi? Un poster dédicacé de toi en train de jouer, un t-shirt du groupe, une mèche de tes cheveux à vendre sur ebay après? » j’énumère, je rigole, je rêve et je réalise qu’au final, je ne suis qu’une groupie de plus d’y croire un peu, pas mal. Au talent certain de mon ami, à sa passion pour la musique qu’il avait enfin retrouvée, dont il n’avait pas lâché la trace, avant de remettre le pied dans l’étrier, et de passer la sangle de sa guitare sur son épaule. De nous deux, si je m’étais appliquée comme personne à l’éduquer côté littérature, cinéma et évidement tout ce qui touchait de près ou de loin la peinture, c’était bien le Cooper qui avait eu la lourde tâche de travailler mon oreille musicale durant toutes ces années. Et de le voir si fier, si enthousiasmé, si heureux que je lui passe le flambeau de la tâche pour fiston m’arrache un nouvel éclat de rire, et le regard plein de tendresse qui l’accompagne. « Tu t’es bien chargé de la mienne à une époque - et je m’en suis pas si mal tirée. » qui sait quels genres de bands emos, de groupes particulièrement obscurs serait constitué ma bibliothèque de vinyles aujourd’hui sans les nombreuses heures que Tad avait passées à me présenter ses artistes préférés, ses morceaux fétiches. Qu’il pense à sa guitare d’antan me rappelle direct plusieurs dizaines de cassettes qu’il avait pu me faire, sa voix essoufflée entre les tracks, et des liens entre différentes chansons, des thématiques, des blagues vaseuses dont on avait le secret, des mélodies stupides et disparates qu’on aimait pour des raisons inexplicables, et d’autres classiques qui avaient joué tellement souvent dans nos radios respectives qu’on les reconnaissait à la moindre fraction de première note. « Tu penses qu’il y a toujours ta collection de mixtapes en haut? » mon regard suit dans la seconde les escaliers qui mènent à l’étage, un sourire qui se dessine sur mes lèvres de reconnaître les quelques marches isolées qui craquent plus fort que les autres, qu’on évitait quand on ne voulait pas que Roselyn sache l’heure à laquelle on était rentré du cinéma, ou du parc d’à-côté. « Et après tu me crois une fois sur trois quand je te dis que t’es son préféré. » entre la guitare qu’il veut lui refiler et les places au prochain show, je sais d’or et déjà que Noah va encore une fois filer à Tad la première place sur son podium, et ce n’est pas plus mal. Comme exemple, Noah ne pouvait pas faire mieux que mon ami d’enfance, et il ne me le confirme que trop maintenant qu’il s’attarde à écouter attentivement mon dernier résultat, insistant sur le fait que maintenant, aujourd’hui, le plus vite possible, je dois penser à moi. « Faudra que tu me surveilles, tu sais comment je suis tête en l’air parfois... » et un clin d’oeil plus tard, j’approche ma main gauche de mes lèvres, inspire un bon coup, et crache dans ma paume sans équivoque aucune. Toute fière de ma connerie, je lui tends ensuite, prête à sceller le pacte, à tenir la promesse, à le rendre fier, à lui prouver que je ne gâcherai pas une seule des minutes que cette nouvelle vie peut bien me promettre. « Mais je vais essayer. Promis. » de parler d’avant, de parler de maintenant, et bien sûr le sujet de Matt revient sur le tapis. C’est moi qui l’amène, et si j’avais toujours parlé de mon frère avec des étoiles dans les yeux, elle est loin et révolue l’époque où il était mon tout, mon univers, ma référence. « Plus qu’avec quiconque d’autre dans cette histoire. » c’est probablement ce pourquoi je suis si dure avec lui, pourquoi je me braque à ce point, pourquoi il m’a tant déçue, et que je l’aie expulsé de ma vie à la seconde où j’ai su. Tad partage son point de vue non sans rien juger du tout, et c’est soulagée que je réalise que pour une fois dans ma vie, personne ne me donne de position à prendre, personne ne m’oblige à choisir un camp. Il ne fait que poser les bonnes questions, remuer tout à l’intérieur, sans jamais influencer mes réponses. « Est-ce que tu penses que ça reviendra, un jour? » poser la question c’est y répondre, mais je suis trop naïve, trop vidée surtout, pour vouloir m’attarder à la rhétorique de la chose. Bien sûr que non Ginny, jamais ce ne sera comme avant et c’est probablement la plus belle chose qui puisse t'arriver, que ça change. « Toutes les meilleures, et toutes les pires. » que je précise, lorsque mon ami mentionne les raisons qui me poussent à le faire. Et devant sa mine qui interroge, je poursuis, j’explique. « D’un côté, je veux tout oublier, tourner la page, ne plus rien entendre de toute cette histoire. Et de l’autre… j’ai juste envie de comprendre. Même si ça ne peut rien changer de savoir pourquoi il a fait ça. » la balance qui tangue d’un côté puis de l’autre, qui jamais n’arrive à se stabiliser, qui en tout temps me donne le tournis. Tad sème la graine, Tad m’aide sans vraiment le faire, et ce n’est pas parce que je me mure dans mon silence que je ne lui en suis pas des plus reconnaissantes. Devant nous s'étalent les restes de ce qu’on avait prévu il y a 10 ans, de ce que jeune Tad et jeune Ginny avaient en tête, leurs rêves les plus fous, les conneries qui les faisaient sourire, les espoirs qu’ils se souhaitaient. Il ne reste qu’un tout petit bout de papier destiné à mon meilleur ami, que j'agrippe et lui tends, le plus solennellement du monde. « Allez, pour le dernier retour dans le passé, je vais filmer le truc. T’inquiètes, c'est filtre noir et blanc pour sûr, typique Tad et Ginny circa 2006. » dégainant mon portable et actionnant la caméra, c’est tout sourire que je crie action, faisant trembler les quelques vases et bibelots éparses du salon, la trouille que l'un d'entre eux s'éclate en mille morceaux au sol.

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Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyVen 16 Fév 2018 - 21:33

« Ah ouais VIP quand même : ça donne droit à quoi? Un poster dédicacé de toi en train de jouer, un t-shirt du groupe, une mèche de tes cheveux à vendre sur ebay après? » « Baah, pour toi, le droit que je te paye un verre et pour lui, le droit d’entrer compte tenu de son jeune âge et lieu qui ne sera probablement pas indiqué aux enfants. » Réponse droite. Plutôt carré venant de Tad. Les Street Cats n’en étaient pas encore à remplir des endroits convenables, des bars de quartier, des scènes ouvertes et parfois, à défaut d’avoir le choix, des coins où la coke circule dans les toilettes, où il faut garder Lou à l’œil, parce qu’on sait jamais et qu’avec les années, il a pu constater qu’une rechute est vite arrivée. Mais pour en revenir, l’honneur d’être celui qui va pouvoir éduquer le petit Noah au bon goût lui va droit au cœur. C’est que le petit est bien entouré, des erreurs de parcours arrivent très vite dans ces cas là. « Tu t’es bien chargé de la mienne à une époque - et je m’en suis pas si mal tirée. » « Huum. » Et il réfléchit, fait l’état des lieux des préférences de Ginny, de ce qu’il a déjà réussi à entrevoir sur son spotify. « En effet, j’ai cru que tu finirais du mauvais côté avec tout un tas de hipster, mais tu m’es restée fidèle. Je suis fier. » Qu’il expose, un brin de fierté dans les yeux comme s’il s’agissait de sa môme face à lui. Et c’est toujours avec le même air qu’il pose l’idée de léguer sa guitare à Noah, sa toute première, celle qui avait connu bien des péripéties avec eux, leur jeu, leur voyage et tous les moments rock où il s’en était fallu de peu pour l’objet finissent en morceau sur le sol. « Tu penses qu’il y a toujours ta collection de mixtapes en haut? » Qu’elle demande, alors que Tad en venait justement à penser à tout ce qu’il avait composé sur cette guitare, du fau jingle de pub aux chansons d’amours qui ne lui avait pas valu de choper. « Rangées quelque part. Il doit même y avoir les restes de l’émission de radio qu’on aurait monté, si on avait été adulte, et équipé du bon matos, et populaire. » Qu’il énumère, pointant du doigt les raisons probables qui faisaient qu’aucune de leur entreprise ne les avait fait percé. Mais après tout, ils avaient bien rigolé. « Ne me dis pas que tu veux qu’on les ouvre. » Parce qu’il la voit là, qui scrute, qui se demande et si dans ses souvenirs, c’est propre. Il doit pas en être dans le monde réel, avec le recul. Il n’est pas si certain de vouloir se rendre compte de l’ado ridicule qu’il était. « Et après tu me crois une fois sur trois quand je te dis que t’es son préféré. » Qu’elle soupire, alors qu’une fois de plus, il lui suggère d’être un peu égoïste. D’arrêter de vouloir faire plaisir à ses parents, à Matt. Sa vie avait été en suspens des années et il se sent tellement responsable qu’il se fixe bien de faire en sorte que la machine n’arrête jamais. « Faudra que tu me surveilles, tu sais comment je suis tête en l’air parfois... » Et elle joint le geste à la parole, la main bien tendu, le mollard bien en place, qu’il s’empresse de mélanger au siens qui sort de sa bouche, tout fier. Un pacte comme avant. « Mais je vais essayer. Promis. » Qu’elle annonce, avant d’en revenir à Matt, dont l’absence de relation doit être une partie du pacte où elle annonce qu’elle va mieux penser à elle, se défaire de son influence. Et finalement, il sent qu’elle regrette un peu. Que de rayer son frère de sa vie n’est pas chose aussi aisée qu’elle pense. Et ça, il le comprend. « Plus qu’avec quiconque d’autre dans cette histoire. » Elle est dure, c’est normal. Il est gêné de parler de ce sujet, de pas se sentir mieux que Matt, de se sentir même tout aussi minable et il a le sentiment de n’avoir strictement rien à voir dans le châtiment qu’elle lui inflige. Tout ce qu’il trouve à dire, c’est que c’est elle qui sait, c’est que ce sont ses sentiments sur la balance et qu’il ne peut pas les sentir à sa place. « Est-ce que tu penses que ça reviendra, un jour? » Oui, forcément. « C’est ton frère. Ça va forcément revenir. C’est pas quelque chose contre lequel tu peux lutter, mais je pense que t’es mieux à te défaire de son emprise avant que ça revienne, d’apprendre à vivre pour toi. Tout comme, je pense qu’il doit apprendre à te laisser décider ce qui est bon pour toi. » Parce que, c’est ça le problème, c’est Matt qui prend la démarche de décider, c’est Matt qui veut et qui a obtenu, Ginny qui a pâti. « Je te cache pas que je me sens pas en meilleure position de commenter ce qu’il a fait. » Qu’il admet enfin, parce que même si c’étaitp as voulu, il a participé, il est fautif aussi. Et il enchaine sur les raisons qui la pousse à faire une pause, à s’éloigner.. « Toutes les meilleures, et toutes les pires. » « Bah voilà. » Qu’il répond simplement, parce que c’est Ginny qui sait et qu’il a pas besoin de lui dire. « D’un côté, je veux tout oublier, tourner la page, ne plus rien entendre de toute cette histoire. Et de l’autre… j’ai juste envie de comprendre. Même si ça ne peut rien changer de savoir pourquoi il a fait ça. » Et là encore, il ne sait pas où se placer. Y’a sa loyauté envers elle, envers ce qui est arrivé et sa non-envie qu’on lui refasse du mal un jour, et puis, bien enfouie, y’a de l’empathie pour Matt, parce qu’il imagine bien son tourment et qu’il ne peut que souhaiter que ça en revienne à avant. « Tu feras le pour et le contre naturellement. Je ne peux pas décider pour toi, juste t’inviter à attendre d’être sûre de ce que tu veux. Ça viendra, à un moment. Tout d’abord, découvre ce que c’est que la vie d’une indépendante. » Parce que c’est ça. Pour le moment, elle n’a pas l’aperçu de la vie sans lui, de sa vie où elle commande. « Allez, pour le dernier retour dans le passé, je vais filmer le truc. T’inquiètes, c'est filtre noir et blanc pour sûr, typique Tad et Ginny circa 2006. » Et elle sort le téléphone. Pour sûr, sur le moment, il regrette presque le vieux caméscope qui doit désormais servir à filmer les ébats des parents McGrath. Mais bon, si y’a le bon filtre. Et il se saisit de son papier. « Tu veux que je prenne cinq minute pour faire couler du mascara ? » Il plaisante, déplie le petite papier, se racle la gorge. « Devenir Monsieur Dion. » Qu’il annonce, sérieusement. Souhait plutôt particulier de lap art d’un jeune adulte, et là, Tad rigole, se défend. « Baah, vu que Céline est veuve, j’dirais que je suis plus près de réaliser cet objectif que y’a dix ans, donc on peut dire que c’est un win nan ? » Il demande, à moitié conscient du ridicule.
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taddy ▲ feel it still Empty
Message(#)taddy ▲ feel it still EmptyMar 20 Fév 2018 - 5:40

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Tad & Ginny

C’est comme irréel, c’est comme en phase, c’est étrange et pourtant c’est nécessaire. « Vivre sans Matt... » que je m’entends dire dans un souffle, ressassant ces mots que Tad vient de dire, vient de proposer, et que j’assumais déjà à moitié même si c’était ce à quoi je m'appliquais depuis plusieurs semaines. Je n’avais pas défini la chose, au sens où j’y pensais le moins possible, où la simple coupure me prenait toute l’énergie nécessaire qu’il me restait. Mais même si c’était temporaire, même s’il y avait possibilité que je retrouve ce lien-là, avec mon frère, le simple fait de l’articuler rend le tout beaucoup plus facile à comprendre, et tout autant terrifiant à engager. « Même si ça fait presque deux ans que j’y arrive, c’est un concept qui me semble encore tellement difficile à assimiler. » mon regard ne fuit pas celui de Tad, néanmoins il remarquera l’inconfort à ma posture que je retravaille, à mon visage qui tente de rester neutre, se voile d’inquiétudes. Comment mon frère, la personne que j’estimais le plus au monde, mon mentor, mon héros, avait pu faire un passage à sec de l’autre côté complètement de la pyramide en si peu de temps, si facilement? Comment s’était-il retrouvé là, dans ce dossier qui répertoriait mes parents, et les quelques bullies qui avaient fait de ma vie un enfer au lycée? Ce que j’apprécie, de cette conversation qui tangue un peu trop sur le pourquoi, sur le comment, c’est que jamais, au grand jamais, Tad ne m'a dit quoi faire. Qu’il suggère, qu’il aligne, mais qu’il ne me souffle pas la réponse, qu’il me laisse moi-même la trouver, que ce soit aujourd'hui, ou demain, dans un an, dans une vie. Cette liberté qu’on ne m’avait jamais autorisée, cet éventail de choix qui s’offre maintenant à moi, et dont j’ai l’embarras. Il est mal, il n’est pas à l’aise, il se rétracte, il revient encore et toujours à cette culpabilité qui le terrasse, et mes doigts trouvent le chemin de sa main, la serrent, la tapotent, la triturent, l’agacent. J’essaie de le distraire, j’essaie de le calmer dans son malaise, j’essaie de lui faire comprendre que malgré ce qu’il peut penser, il n’est pas du côté des méchants dans l’histoire - il n’aurait jamais pu l’être de toute façon. « T’as pas besoin, de commenter. T’as pas besoin de choisir de camp, de te justifier, de t’excuser même. » c’est l’évidence, et ce sera ce que je répèterai à quiconque veut se mettre en tête qu’il s’agit d’un combat, qu’il s’agit d’une joute entre mon équipe et celle de Matt. Trop grands pour ce genre de conneries, et jamais je n’accepterais qu’on se fasse du mal pour ce qui s’est passé pour moi, pour ce qui m’est arrivé et pas à eux, surtout pas par leur faute. « La seule chose que je te demande, c’est d’être là si un jour je flanche, si à un moment ou un autre je pense à aller le voir sur un coup de tête. Pour le moment ça va, je tiens bon, je gère. » Tad me connaît par coeur, Tad m’a vu grandir, Tad anticipe le moindre de mes gestes, de mes regards, de mes paroles. Il a un éventail d’histoires gênantes à mon propos, de récits touchants aussi. Il sait tous les détails qui font de moi une personne à part entière, il connaît mes secrets, mon mode d’emploi. Il est la vérité incarnée lorsqu’il parle de moi, parle avec moi. Il est le frère d’adoption dont j’ai toujours rêvé et bien sûr, le jour où je serai prête à refaire une place à Matt dans cette famille que je suis en train de relancer de toutes pièces, dans le salon de notre enfance, Tad sera mis au courant. Sans même que je dise quoi que ce soit. Parce qu’on est fait du même moule, un moule en deux exemplaires seulement. « Quand je serai rendue là, tu sauras, je te dirai. En attendant, je préfère rester ici à roter l’hymne nationale avec toi. » et je bats des cils sous la mention plutôt gutturale de notre nouveau passe-temps. Je n’ai pas oublié ma demande spéciale, et le compteur se lance directement à la mention pour retrouver, dans 10 belles et longues années, l’alphabet elfique des rots expulsé par mon meilleur ami. Rassemblant les papiers distraitement maintenant qu’il lit le dernier, je laisse mon regard passer de la table aux victuailles, en s'attardant bien sûr par la télévision. Quelques épisodes ont sauté puisque l’un des disques de la boîte est resté depuis des années entre les mains de ma grande soeur - d’ailleurs, son amour pour Angel m’est encore tellement incompréhensible, je devrai le lui mentionner la prochaine fois où on se parle. « Tu savais que j’ai toujours dit à Jill que tu serais le premier de nous deux qui se marierait? »  penser à elle me ramène directement à cette conversation qu’on avait eu toutes les deux, un peu avant notre départ pour Londres. Elle tentait de me changer les idées en parlant de tout et de rien, voyant clairement que quelque chose clochait, que je n’étais déjà plus la même. « Je t’imaginais en tournée à travers les États-Unis, t’arrêter à Las Vegas, dire “i do” sur fond d’Elvis cheap. » Tad la rock star et sa guitare à bord d’un tour bus qui aurait suivi la courbe de la côte ouest avant de s’accrocher une blonde plantureuse, roadie de service au bras, et à l’annuaire. « Il est encore temps de joindre ma prophétie à ton rêve de gamin. » agitant le papier sous ses yeux, je jure que j’y vois une mince lueur d’espoir, un genre de “tu crois?!” qui passe sur ses iris. « Elle attend que toi. » les rires fusent, couronnés de tous les plans qu’il devrait, pourrait mettre en place pour que la chanteuse, l’amour de sa vie, daigne enfin lever les yeux vers lui, et l’accompagne à l’autel. Puis, c’est le canapé qui reçoit nos deux carcasses désarticulées, qui, comme jadis, s’installent dans une chorégraphie de jambes pliées et de colonne vertébrale tordue qui se rapproche à peu près d’une posture confortable, pour finir la saison qui joue à l’écran, pour lancer la prochaine. À un moment, je sens l’impulsion, je sens l’évidence, et je tourne la tête dans la direction de mon ami. « Je t’aime, Tad. » comme toujours, comme ma moitié, comme le seul dans son genre. Silence, puis vient la demande officielle. « Et je t’aimerais encore plus si tu me faisais l’honneur, que dis-je l’immense privilège, de nous composer un nouveau mixtape, à Noah et moi. » regard de biche, supplication silencieuse qui suit, maintenant que je joue sur la pitié pour couronner le reste. « Pour accompagner l'infâme semaine de peinture qui nous attend au deuxième étage. »

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