Ça fait vraiment très longtemps que je n'ai plus revu Lene. En vrai, depuis la tempête en octobre l'année dernière, nous ne nous sommes vu que par intermittence. Toujours plus ou moins en contact via les réseaux sociaux ou par sms, mais nous n'avons passer que deux ou trois soirées ensemble, rien de bien folichon. Et finalement, malgré nos efforts respectifs, la vie arriva et avec elles les problèmes, les coups bas et les quelques bonheurs que je ne pouvais partagé qu'avec Myrddin. Peut-être était-ce là, la raison pour laquelle j'ai cessé de donner des nouvelles à Lene? Peut-être me sentais-je mal à l'aise à n'avoir pas grand chose à lui dire? Au vu de ce qu'elle a vécu, sa longue hospitalisation, je ne me voyais pas lui parler de mes doutes et mes questionnements et encore moins de mes petites joies. Et ces comme ça que, malgré nous maigre essaies de rester en contact, nous avons fini par tout cesser.

Jusqu'à dernièrement. Quelle n'a pas été ma joie en découvrant, un matin, début décembre, un sms de Lene ! Sans doute une bonne résolution en avance des deux côtés, mais nous avons décidé, la semaine dernière qu'on devait, peu importe comment on se débrouille, se voir au moins une voire deux fois par mois. Un rythme pas trop soutenu pour se lasser, pas trop bas pour pas qu'on se manque. Bref, on s'est mit d'accord là-dessus et ça nous convenait à tous les deux. Je lui ai promis que je ferais tout ce qui est en mon possible pour maintenir ces rendez-vous mensuels.

Et aujourd'hui est le premier. C'est Lene qui a choisi l'activité qu'on fera et, malgré mon insistance, elle n'a rien voulu avouer.  Alors j'ai du faire avec et c'est à 13h pile que je me retrouves au point de rendez-vous qu'elle m'a donné, stressé. Déjà qu'il n'en faut vraiment pas beaucoup pour me stresser alors ne pas savoir ce qui m'attendre s'est le summum. Je me suis pris la tête, pendant bien 15 minutes, à savoir ce que je peux mettre, en plus. Et c'est totalement idiot, non ? Non mais imaginez, Lene m'emmène dans un restaurant. J'aurais l'air idiot avec un jogging et un t-shirt ample. Imaginez, ensuite, qu'elle m'embarque dans une activité sportive quelconque, j'aurais l'air bien con avec une chemise et une veste de costard. Certes, ce sont les deux extrêmes, mais Lene, elle est extrême dans son genre …

J'ai, finalement, décidé d'opter pour un jeans et un simple t-shirt. De toute manière, exit le restaurant, elle n'a sans doute pas les moyens de se payer le genre de restaurant qui réclame un dress code. Les activités sportives, elles, je ne les exclues pas totalement. Mais si elle est doté d'un peu de bon sens elle saura qu'il ne faut pas encore exagérer de genre de chose avec moi. A moins que son but ce soit de m'achever en un rien de temps. Comme dit, elle est extrême, Lene, mais elle n'est pas non plus une sans cœur. Quoique … ?

Je soupire lourdement et ferme quelques instants les yeux comme si ça me permettait de faire partir ces pensées négatives. L'optimiste, Nathan, il faut que tu sortes l'optimiste qui est en toi. Ça ne doit pas être bien difficile, non ? Tu parles. Je me passe une main sur le visage puis dans les cheveux et souffle doucement, décidant de garder mon esprit un peu occupé en cherchant Lene du regard.

Elle n’avait pas réalisé en proposant à Nathan de se revoir avant les fêtes que ça allait faire ressortir pas mal de chose en elle. Elle avait pensé que ce serait une bonne idée, après avoir passé plusieurs mois à suivre chacun son chemin de se retrouver un petit peu, de reprendre cette habitude qu’elle a de toujours le sortir de ses retranchements. Elle avait appris qu’il remarchait et pour elle, ça ne faisait nul doute qu’il devait se saisir de cette seconde chance en faisant quelque chose d’épique. Elle n’avait simplement pas pensé aux quelques petites choses qui allaient s’infiltrer dans son esprit : comme la dernière fois où elle a vu le jeune homme, les circonstances surtout, la tempête, la roue en fer, ses blessures, l’hôpital, l’absence total de monde. Tout était remonté à la surface, provoquant quelques insomnies. Et finalement, le jour prévu de leur sortie était arrivé, elle allait s’essayer à ne pas remuer le couteau dans la plaie.
Lene était partie de chez elle avec une petite mine, due à la fatigue. Elle n’avait pas fait un grand effort vestimentaire pour l’occasion. De toute, Nathan la connaissait assez bien pour savoir que ça ne la dérangeait pas de reporter ses vêtements de la veille et Lene n’était pas le genre à faire du chichi pour une tâche sur un tee-shirt, c’était déjà pas mal qu’elle arrive à l’heure, faire un effort vestimentaire aurait totalement foiré son timing.
Aujourd’hui est le jour où elle renoue avec un pote, aucune prise de tête n’est accordé. Quelques minutes suffisent et elle arrive dans la rue où réside le jeune homme, fidèle à elle-même, elle ne se gêne pas pour arriver en klaxonnant, déranger tout le quartier et appeler « POTTER ! » à tout va jusqu’à ce que le prévenu fasse son apparition. Après tout, Lene est une dame et les dames font en sorte d’avoir une entrée remarquée, même si on est loin de tout ce que Disney tente de faire croire aux petites filles. « T’as pris des baskets ? T’as mangé ? » Qu’elle lui demande aussitôt qu’il a posé dans le véhicule. « J’espère que t’as pas mangé trop lourd parce que tu vas être malade, je nous ai prévu une journée riche en émotion ! » Qu’elle lui annonce, sourire aux lèvres, autant excitée par la surprise que par l’activité en question, depuis le temps qu’elle rêvait de faire ça. « C’est bon, fais pas cette tête. J’ai pas prévu de nous tuer ! » Elle le voit qui s’inquiète, qui se demande sûrement dans quel plan elle l’embarque encore. Et bien, nous dirons qu’avec le temps, il devrait avoir l’habitude qu’elle trouve toujours de quoi le sortir de sa zone de confort. « Tu en es où d’ailleurs du médecin ? Pour tes jambes ? » Même si y’a pas de risques. Elle veut déjà savoir si pour la prochaine fois elle peut prévoir un truc extrême.

La voix de Lene me sort vivement de ses pensées. Se redressant, tournant mon regard vers l'endroit où lui était parvenu la voix et mon regard tombe sur la voiture de Lene qui s'arrête à côté de moi. Un large sourire s'affiche sur mon visage, faisant écho a celui de mon amie alors que je m'introduis dans la voiture. J'ai tout juste le temps de refermer la porte que déjà elle m’inonde de questions, me demandant si j'ai pris ses basket et si j'ai mangé, avant de préciser espérer que je n'ai pas mangé trop lourd parce que ça risque de me rendre malade tant la journée sera chargée en émotion. Je la regarde, pas vraiment rassuré.  « Je ...j'ai juste mangé un sandwich jambon beurre et bu un café. Ça va le faire, ça, tu crois ?» demandais-je en grimaçant un peu. Qu'elle précise ensuite qu'elle ne compte pas nous tuer ne me rassure pas non plus  «J'espère bien, j'suis pas arrivé jusqu'ici pour mourir maintenant » rayais-je.

Lene et moi-même sommes passé par de nombreuses épreuves où on aurait pu pensé que la vie serait finie pour nous. Pour l'un ce n'était pas voulu, l'autre avait décidé de ne plus vivre. Mais maintenant, 2 ans après ma tentative de suicide et 1 an après la tempête qui a laissé Lene dans un état assez critique pendant quelques temps, la vie nous sourit de nouveau et le passé est réellement derrière nous. Du moins en ce qui me concerne moi. Etant donné que je n'ai pas trop vu ma meilleure amie ces derniers moi, je ne saurais pas vraiment comment elle gère tout ça, elle. Je vais sans doute en apprendre un peu plus aujourd'hui et les prochaine fois qu'on se verra, mais la connaissant ça ne m'étonnerait pas que tout se passe bien de son côté.

Elle reprend la parole et j'avoue ne pas trop comprendre sa question. Où j'en suis ? Avec mes jambes ? Je fronce légèrement les sourcils en une moue interrogatrice et lance un coup d'oeil vers mes cuisses avant d'hausser les épaules  «Ben ...je marche, plutôt bien en vrai. Parfois l'équilibre me fait encore défaut, mais ça va de mieux en mieux » expliquais-je  « Mais non, je n'ai aucune contre indication du côté du médecin concernant les activités que je peux faire ou ne pas faire. C'est ...a mon bon vouloir » dit-je en haussant les épaules  «Evidemment je vais pas commencer à m'amuser à partir en randonné, faire de l'escalade ou du saut à l'élastique hein » rayais-je en haussant les épaules. Autant, oui, la randonné et l'escalade même le médecin serait contre le fait que je le fasse. Le saut à l'élastique c'est juste parce que je suis une grosse flippette et que jamais je n'oserais faire ça..

C’est avec la grâce d’une lady qu’elle hèle le jeune anglais pour qu’il monte dans le véhicule. Lene n’a pas de pudeur, pas de respect. Et puis, ça faisait longtemps, il fallait qu’il remarque son retour dans sa vie, juste au moins pour qu’il se dise qu’elle ne change pas, qu’elle reste toujours aussi jeune et insouciante. Elle n’attend pas longtemps et ne lui donne même pas l’occasion de poser les questions d’usage pour rattraper en quelques minutes cette année d’absence. Elle s’intéresse à ce qu’il a fait ce matin, s’il va bien, juste pour s’assurer que son activité ne tombera pas à l’eau. « Je ...j'ai juste mangé un sandwich jambon beurre et bu un café. Ça va le faire, ça, tu crois ?» « Ouuuuuais. » Qu’elle balance, en levant la main comme si c’était du pipi de chat son p’tit dèj. Elle l’aurait cru plus gourmand. « T’inquiète, ça ira très bien. » Et elle insiste, parce qu’il n’a pas l’air de la croire. Certes, Lene a un don pour le sortir de sa zone, mais quand même, elle le fait sans danger. «J'espère bien, j'suis pas arrivé jusqu'ici pour mourir maintenant » « Tu sais, si ça arrivait, ce serait une de ces histoires hyper ironique qu’on raconte pour se faire rire. Jor, le mec qui a eu peur de l’avion toute sa vie, se décide de prendre un vol et meurs dans un crash. Ce serait tellement con que ça t’arrive, le mec qui survit à un incendie et finit dans un accident de voiture. » Et elle poursuit, et elle rigole, sans se soucier de n’être absolument pas rassurant, jusqu’à ce qu’elle regarde à nouveau Nathan. »Fais moi confiance, va. » ça, c’était la phrase fétiche de la jeune femme. Ça n’apportait pas souvent du bon. «Ben ...je marche, plutôt bien en vrai. Parfois l'équilibre me fait encore défaut, mais ça va de mieux en mieux » Une chance, là où ils vont, pas besoin d’équilibre. « Mais non, je n'ai aucune contre indication du côté du médecin concernant les activités que je peux faire ou ne pas faire. C'est ...a mon bon vouloir » Bien, bien. Une chance qu’elle ne l’ait pas inscrit pour un marathon alors. «Evidemment je vais pas commencer à m'amuser à partir en randonné, faire de l'escalade ou du saut à l'élastique hein » Elle rit très fort, ce qui est un signe que Nathan a tout pour s’inquiéter. « Je te promet, on ne fera rien de ces choses-là. » Comme s’il s’agissait d’une liste exhaustive.

Lene elle a dont de nous mettre à l'aise, de faire en sorte qu'on soit confortable en sa présence. Elle ne donne jamais l'impression d'avoir préparer un mauvais coup ou qu'elle manigance quelque chose qui ne lui convient qu'à elle. Faux. Je l'aime beaucoup et heureusement que je la connais depuis plusieurs années maintenant, que je n'ai jamais été dans son champs de mire et, qu'au contraire, nous nous sommes très rapidement noué d'amitié. Sinon, si je m'étais retrouvé dans le rôle de la victime, je crois que je n'aurais jamais survécu à ces années qu'elle a passée en Angleterre. Mais peut importe. Si elle me met mal à l'aise, je sais qu'en général s'est joué et je ne lui en veut absolument pas car je sais que, dans le fond, elle tient pas mal à moi et que jamais elle ne me rabaisserait de façon volontaire et sincère.

Elle a dit qu'elle passera me chercher et c'est ce qu'elle fait. Je grimpe dans sa voiture, un peu nerveux étant donné que je ne sais vraiment pas ce qui m'attend et j'avoue que, quelque part, son air mutin et son ton malicieux ne me rassure pas des masses. Elle est bien trop évasive quand elle parle et c'est horrible. Même si elle ne me mettrait jamais en danger ou quoique ce soit, elle est genre à me mettre dans des situations assez horribles et insoutenables. Et ne pas savoir ce qu'elle a prévue, aujourd'hui, de me faire faire, me met dans un état de stress assez fort. Elle me parle de petit déjeuné légers puis me dit que ça aurait été ironique que, moi, qui ait survécu à un incendie, me retrouve finalement mort dans un accident de voiture. Je rigole un peu, plus nerveusement qu'autre chose  «Hahaha..ha. Non mais moi de toute manière ma mort va sûrement figurer dans les Darwin Award de l'année» dis-je, m'étonnant quelque peut de la facilité avec laquelle je parle de la mort alors que je l'ai frôlé de mon plein grès il y a deux ans. Mais c'est du passé ça et je ne saurais jamais le mettre derrière moi si je ne l'évoque plus.

Je lui explique ensuite deux ou trois choses concernant ma santé physique, avant de l'entendre rigoler très fortement lorsque je lui parle d'escalade ou de saut à l'élastique. Je la fixe et déglutie, absolument pas convaincu quand elle m'annonce qu'elle ne me fera rien faire de tout ça  «Lene ... » l'interpellais-je doucement, jouant nerveusement avec mes doigts  «Qu'est-ce que t'as prévu, dis moi s'il te plaît ... » la suppliais-je presque  «Histoire que je me prépare psychologiquement pendant les quelques minutes de trajets ...ou que je trouve un moyen de m'échapper discrètement et rapidement ... » Lene, avec son rire, elle a réussi à chasser le peu que j'étais encore à l'aise.

Elle est certainement la dernière personne à contacter pour ce qui d’éviter une crise d’angoisse. C’est plus fort qu’elle, elle blague, elle manque de sérieux et ça l’amène à remuer le couteau dans la plaie plus qu’autre chose. C’est tout elle, c’est tout. Mais, elle s’imagine qu’en plus de dix ans d’amitié, Nathan s’est fait à la chose et se répète que c’est sa nature et qu’elle n’est pas devin, juste maladroite. Elle espère, parce que là, elle parle de mort sans relever le moindre problème. C’est juste drôle donc, pourquoi tout le monde ne rigole-t-il pas ? C’est la seule question qui la traverse.

Et puis, il est là avec elle aussi et ça faisait longtemps qu’ils n’avaient papoté, donc Lene s’emporte, elle parle, elle fait peur mais tout reste sous contrôle. Nathan en vient même à plaisanter un petit peu avec elle. C’est que vraiment, y’a pas de soucis et bon, plus il aura peur là, moins il se chiera dessus quand il verra ce qu’elle lui a préparé. «Hahaha..ha. Non mais moi de toute manière ma mort va sûrement figurer dans les Darwin Award de l'année» C’est vrai qu’avec son level de chance, les pronostics étaient bons, les paris pouvaient être ouverts. « J’espère que tu battras le mec à la vitre alors ! Autant que je puisse dire après que je connaissais un gars célèbre. » Qu’elle renchérit avant d’ajouter. « Célèbre post-mortem, ça compte. » Oui, parce qu’elle suppose qu’on devait plus se vanter de connaître Camille Claudel après plutôt qu’avant le décès.

Enfin, la conversation sur la mort l’amène tout de même à poser des questions de sécurité. Si elle avait toujours pris un malin plaisir à désinhiber Nathan, elle veillait un maximum à essayer de ne pas le tuer. Mais là, les trois choses qu’il avait dite, elle pouvait lui garantir qu’il les ferait pas aujourd’hui. «Lene ... » Il prend un ton grave. Ça y’est, il se chie dessus. « Nathan. » Qu’elle répond comme si de rien était. «Qu'est-ce que t'as prévu, dis moi s'il te plaît ... » Elle hoche la tête. Elle sera muette comme une tombe pour ne pas gâcher la surprise. «Histoire que je me prépare psychologiquement pendant les quelques minutes de trajets ...ou que je trouve un moyen de m'échapper discrètement et rapidement ... » Et voilà, elle savait qu’il allait paniquer. D’un geste, elle appuie sur le bouton qui verrouille les portes. « Pourquoi tu te détendrais pas un petit peu ? Je te jure, ce sera rien de dangereux. » Et elle insiste, elle essaie d’être crédible mais, elle lui a sûrement trop fait le coup.

Je ne demande qu'une seule chose : savoir ce qui m'attend. Mais Lene ne semble vraiment pas envie de lâcher le morceau, pas même une petite bribe de rien du tout. Non. Elle me laisse mijoter, encore et encore et est bien parti pour ne rien me révéler. Que je me détente qu'elle me dit ? Je rigole d'un rire jaune  « Plus facile à dire qu'à ...» je n'en dis pas plus car au même moment elle appuie sur le bouton qui verrouille les portes de l'intérieur, ajoutant un coup de pression à la panique déjà grandissante.  «Allez, déconne pas Lene ... » soufflais-je, déglutissant difficilement.

J'ai beau me dire que jamais elle ne me mettrait en danger, que, peu importe ce qu'on fera, elle ne sera pas du genre à me faire faire des choses qui ne vont pas tuer. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser au fait que Lene est tout sauf prévisible. Je fini par soupirer et secoue doucement la tête ne me reculant contre le dossier de la voiture.  « Bon ...» soufflais-je en prenant une profonde inspiration  « vas-y, change de sujet. Parle moi de quelque chose, peu importe quoi.» je lance un coup d'oeil vers la jeune femme  «Je ...je sais pas, ta vie, tout ce qui s'est passé cette dernière année ? Genre … t'habites toujours au même endroit ? Toujours avec ce Matt dont tu m'as parlé la dernière fois ? Vous ...êtes ensemble, ou pas du tout ? » je garde mon regard rivé sur mon amie, avant de soupirer doucement.

 «Moi j'ai quitté mon job et je commence des études d'architecture à la rentrée prochaine » je me stop et grimace  « Mais je te l'ai déjà dit, ça» me reprenais-je en soupirant légèrement  «Enfin peu importe … t'as déjà rencontré Arthur, le fils de Myrddin ? Faut que vous vous arrangiez pour vous voir » je pince les lèvres  « En fait, faudrait qu'on se fasse de nouveau une soirée à trois un de ces jours».

Elle fait des mystères, ce n’est pas son genre d’ordinaire, parce que Lene n’aime pas qu’on la fasse tourner en rond, mais avec Nathan, c’est tellement facile, tellement plus drôle qu’elle ne lésine pas sur les effets dramatiques. De plus, elle le connait assez pour savoir que s’il ne se fait une montagne dans la tête de ce qu’elle lui prépare, il n’arrivera pas à relativiser l’activité qu’elle l’emmène faire et ça, ça la dérangerait beaucoup. «Allez, déconne pas Lene ... » Qu’il souffle alors qu’elle verrouille les portes pour l’empêcher de sortir au prochain feu (bien que, la tentative serait dangereuse pour lui et ses jambes, mais faut se parer à l’illogisme de tout geste désespéré). « Je ne déconne pas. Fais-moi confiance ! » Qu’elle appuie, insiste en y mettant un peu de conviction parce qu’autrement, elle n’arrivera à rien. Pourquoi les gens ont-ils besoin qu’on les ménage ? « Bon … vas-y, change de sujet. Parle moi de quelque chose, peu importe quoi.» Il tente de se détendre, pour le coup, Lene n’a pas matière à faire la conversation là. Si, hier, elle a regardé un documentaire sur la reproduction des tortues dans Queensland. Bon, c’était pas si mal mais rien qui ne va sauver un trajet en voiture. «Je ...je sais pas, ta vie, tout ce qui s'est passé cette dernière année ? Genre … t'habites toujours au même endroit ? Toujours avec ce Matt dont tu m'as parlé la dernière fois ? Vous ...êtes ensemble, ou pas du tout ? » Elle fronce les sourcils, c’est peut-être pas le sujet à aborder avec elle. Celui de Matt. A croire que comme Andy, ils sont tous tombé sous le charme de ce grand crétin. « J’habite toujours au même endroit. » Qu’elle répond de façon succincte, sans lui donner matière à en savoir plus. Lene n’a jamais été du genre à parler d’elle ou à se confier sur ses états d’âme. Et avec Nathan, ce n’était pas chose facile (comparé à avant). Il semble comprendre rapidement, sinon quoi, elle aurait été capable de lui décrire historique netflix. «Moi j'ai quitté mon job et je commence des études d'architecture à la rentrée prochaine » Elle tourne la tête, ça veut dire qu’il ne bossera plus pour Eva ? Bien, comme ça, l’autre mégère n’aura pas lui brandir la menace de mener la vie dure à son ami et elle n’aura plus à se faire à aller à ABC et manquer de croiser son regard.  « Mais je te l'ai déjà dit, ça» Qu’il affirme, elle hoche la tête. « Non, je ne le savais pas. Je pensais que tu bossais toujours pour l’autre mégère. Mais c'est bien, j'aurais pas besoin de me lancer dans tes speech visant à te faire arrêter de bosser pour elle » (NDLR :Eva) «Enfin peu importe … t'as déjà rencontré Arthur, le fils de Myrddin ? Faut que vous vous arrangiez pour vous voir » Il change de sujet, probablement que le sujet d’Eva est à éviter, en tant qu’ancien employé, elle comprend qu’il veuille la balayer de son esprit. « Non plus. Puis tu sais, j’aime pas les enfants. » Elle le dit, honnêtement. Elle a déjà assez de se faire baver dessus par son neveu, elle aurait du mal avec un enfant pour lequel elle n’a aucune obligation familiale. « En fait, faudrait qu'on se fasse de nouveau une soirée à trois un de ces jours». Qu’il ajoute, ce qui est pas plus mal, comme ça, le môme lui bavera dessus à lui et ça arrange Lene. « Si tu arrives à organiser ça, pourquoi pas. » Qu’elle répond avant de prendre la direction d’Arlie Beach, petite indice sur leur activité. Elle emboite sur la suite. « Et donc, l’architecture ? ça t’est venu comment ? T’as vu ma maison et tu t’es dit que t’allais m’en construire une mieux ? » Elle plaisante, ou pas vraiment. « Ou alors, c’est tes jambes qui te donnent des ailes. »

C'est moi ou Lene ne semble pas avoir envie de me donner plus d'information et de matière à parler ? Lorsqu'elle me répond, c'est de façon totalement évasive et sa réponse veut tout et rien dire. Elle évince même une très grande partie de ma question et ne répond que à ce dont elle a envie de répondre. Je ne dit rien, étant bien le dernier qui va forcer une personne à répondre à mes questions et change donc de sujet, bien qu'un peu frustré quelque part. Je lui dit, du coup, que j'ai quitté mon job et là elle semble tout de suite bien plus à l'écoute. Elle vient même a commenté que, certes, non je ne l'avais pas dit, mais que c'est cool quand même parce que je n'aurais plus à bosser pour l'autre mégère. A savoir Eva, sa grande sœur. Rien que le fait de repenser à cette femme me met mal à l'aise étant donné la façon dont je lui ai parlé la dernière fois, avant de partir de la boîte. Elle ne mérite sans doute pas d'autre traitements, mais j'assume de moins en moins la violence dont j'ai pu faire preuve avec mes mots.  «Je lui ai bien fait comprendre, le dernier jour, à quel point elle est conne » glissais-je encore avant de changer à nouveau de sujet.

Je demande à Lene si elle a déjà vu le fils de Myrddin. La réponse négative ne m'étonne pas, cela dit. Le fait qu'elle n'aime pas les gamins non plus. Mais Arthur n'est pas n'importe quel gamin non plus ! Je fini par proposer qu'il faudrait vraiment qu'on se fasse une soirée à trois avec elle et Myrddin et elle me donne l'objectif d'organiser cela.  « Ok, compte sur moi !» dis-je en hochant la tête, persuadé que je vais arriver à nous rassembler à nouveau, tous les trois, comme au bon vieux temps.

Je suis déjà entrain de réfléchir quel jour pourraient nous convenir tous les trois, lorsque Lene revient à la charge en relevant le sujet de mes études. Elle semble étonné que je me lance dans cette voie là et souhaite connaître les raisons pour lesquelles j'ai choisi ça, énumérant quelques hypothèses qui me font doucement rigoler.  « Je te ferais peut-être un prix d'ami une fois que j'aurais fini mes études. Mais faut que tu restes dans ta maison actuelle encore au moins 5 ans, sinon plus en fonction de si je veux me spécialiser dans un truc ou non » haussais-je les épaules alors que Lene prend la direction d'Arlie beach. Le genre de plage paradisiaque de laquelle parte plusieurs croisières journalières ou des bateaux de plongés. Peut-être que … ? Je décide de ne rien dire, de me calmer et me laisser surprendre.

 « Et en vrai c'est depuis que je marche de nouveau que je pense au fait de reprendre mes études» reprenais-je en me passant une main sur les cuisses  «Donc on peut effectivement dire que mes jambes me donnes des ailes » souriais-je avant d'hausser les épaules et reporter mon attention sur Lene  «Mais en vrai c'est mon beau père ...enfin, le copain de ma mère, qui est architecte à Londres. Je l'ai rencontré l'année dernière quand on est rentrée au pays avec Myrddin et Thomas et … ouais, on a énormément parlé de son métier et m'a promis que, si je commençais ces études, j'aurais un stage d'assurer chez lui » expliquais-je  «Ce n'est pas seulement pour ça que j'ai commencé ces études là, hein !  » me reprenais-je subitement  «ce ...c'est juste que j'ai envie d'un petit challenge. Après le challenge physique qui s'étire depuis deux ans maintenant, j'ai besoin d'un challenge mental et faire un vrai truc de ma vie.» j'hausse les épaules  « Travailler à ABC c'était pas mal, ça m'a beaucoup aidé pendant plusieurs mois et j'ai vraiment aimé mon travail. Mais c'est pas mon truc. J'étais de moins en moins motivé à la fin, encore pire quand Jamie est parti et qu'Eva a prit les commandes» je grimace  « Donc voilà. Envie et besoin de changements» concluais-je avec un sourire.  «et toi ? Ça se passe bien à la caserne ?» lui retournais-je la question. Je sais qu'elle a quitté son taxi pour rouler la camion rouge des pompiers, mais je n'en sais pas plus.

Parle d’elle n’a jamais été chose aisée mais lorsqu’il commence à parler de Matt, le mec avec qui elle vit, elle arrête directement la conversation pour lui faire parler de lui. Elle préfère de toute façon, et visiblement sa vie à lui semble avoir été beaucoup plus excitante que la sienne cette année. A commencer par son départ d’ABC. Elle éclate de rire au moment où il qualifie sa sœur de conne. C’est vrai que ça, ça lui avait manqué, les discussions que Nathan pouvait passer à lui dire combien Eva était une boss chiante et mal aimée. Ça lui ressemble. Qui aime les mégères ? « Je l’ai vu le mois dernier, je suis de t’apprendre que visiblement, elle a pas tout compris. Elle se croit toujours supérieure. » Mais à force peut-être qu’on lui dise, peut-être qu’elle se revalorisa. Nathan a trouvé la voie pour rendre Lene plus expressive. « On devrait t’appeler Orphée, maintenant que t’as réussi à sortir des enfers. » Elle plaisante, ce n’est pas drôle.

Il aborde finalement le sujet du manque de rendez-vous avec Myrddin, le troisième mousquetaire de la bande. Lene, fidèle à elle-même, ne manque pas de pointer son désamour des enfants. Elle a déjà essayé d’être amie avec des gens devenus parents. Elle n’a pas supporté, il faut toujours que ça parle de la tête blonde, que ça la vante, que ça la défende si une bêtise est faite. Non, ça ne l’intéresse que très peu, mais il semble y tenir et elle ne résiste pas longtemps avant d’accepter, si jamais il a quelque chose de prévu.

Toujours peu disposée à parler d’elle, elle se met à jour sur sa vie à lui. Elle le questionne sur les raisons l’ayant amené à changer de voie, elle se moque un peu d’elle-même aussi en pointant sa maison qui n’est pas du dernier chic. Ça l’intéresse. Et en même temps, elle est contente pour lui, qu’il prenne l’opportunité de faire des projets, d’évoluer, d’accomplir des choses. Elle se doute bien que cela va de paire avec ses jambes. C’est une seconde vie qui s’offre à lui. « Haha, je le savais. » Qu’elle répond quand il parle de ses jambes qui donnent des ailes. Et il explique, en détail comment cette idée lui est venue. Le principal, c’est qu’il ait trouvé une voie engageante. « C’est vrai ? Moi qui pensait que tous les beaux-pères étaient mauvais. Les contes de fées nous auraient-ils menti ? » Toujours ironique, elle reprend rapidement. « Non, mais c’est bien, ça veut dire que risque d’être amené à repartir à Londres ? » Etant britannique, elle a toujours su que c’était une possibilité, mais elle avait l’impression qu’il se plaisait bien ici. « Enfin, je suis contente que tu te sois décidé à embrasser la vie. » Qu’elle dit, en prenant un accent français parfaitement ridicule. Il finit par ramener la conversation sur elle, les pompiers, la caserne. Elle hausse les épaules. « Et bien, c’est pas l’ambiance de travail qui fait rêver. J’ai pas mal de soucis d’intégration, à cause de ma … personnalité. » Du fait, qu’elle soit une femme plutôt libérée et couillue en fait. « Mais, ça se passe. J’ai des collègues avec qui ça se passe bien et j’aime le sentiment d’aider des gens. Ça ratrappe mon karma. » Qu’elle ajoute en plaisantant, ou pas. Airlie Beach pointe à l’horizon, et c’est sans attendre qu’ils arrivent à destination. Devant une sorte de piste de décollage, avec un hélico et une équipe qui semble les attendre. « Tadaaaaam ! » balance Lene en actionnant le frein à main. « Avant que tu dises quoi que ce soit, t’es à des kilomètres de chez toi. Et enfin, la parachute, y’a un pro avec toi des fois que tu paniques. » Et elle papillonne des yeux, pas du tout coupable de son traquenard.

J'avais presque oublié à quel point c'est jouissif pour Lene quand on rabaisse sa sœur. Même si je n'ai jamais comprit qu'on puisse haïr sa famille de la sorte, je peux toutefois comprendre qu'on puisse ne pas aimer Eva. Une boss chiante, qui se sent supérieure aux autres, qui aime rabaisser ses employer encore plus bas que terre, le genre d'individu que je fuit en règle général, mais étant contraint de bosser pour elle, et manquant un peu d'argent à l'époque, j'avais décidé de rester encore un peu après le départ de Jamie. Sauf que ça n'a pas duré longtemps avant que je ne donne sa démission, Eva en étant sans doute la cause principale de cette décision. Le rire de Lene semble sincère et ça me fait un peu marrer lui aussi, d'avantage encore lorsqu'elle me dit qu'on devrait m'appelle Orphée parce que j'ai 'réussi à me sortir des enfers'.  « Moui … mais on évitera toute la partie chant et lyre, ok ? Parce que t'as pas envie de m'entendre chanter» rigolais-je doucement.

Remarquant très rapidement que Lene n'a pas envie de parler d'elle, je décide de faire un effort et d'au moins la mettre à jour sur la mienne, lui expliquant rapidement ce qui m'a pousser à changer de voie. Le fait de pouvoir marcher, de pouvoir me projeter plus sincèrement dans le futur et d'avoir, de ce fait, envie de faire des projets qui peuvent être réalisable. Je lui parle de Matthew, mon beau père, avec qui je m'entends parfaitement bien, lui explique qu'il est architecte à Londres et qu'il a promis de me prendre en stage dans quelques années. Cette information semble fortement étonner Lene qui me demande si je serais donc amené à repartir en Angleterre.  « Ouais, mais ce ne sera pas pour tout de suite» acquiesçais-je doucement  « Les stages ne commencent qu'en deuxième ou troisième année. Et puis je ne vais pas rester éternellement là-bas. Je veux dire, j'aime trop Brisbane pour m'imaginer partir de nouveau d'ici» lui assurais-je  « Et oui, mon beau-père est une exception dans la règle des beau-pères cons et chiants» précisais-je, amusé  « il est vraiment cool et on essaie d'être le plus souvent en contact par skype ou téléphone.» concluais-je, rougissant légèrement en entendant mon amie me dire être contente que je me sois enfin décidé d'embrasser la vie.

Je refais ensuite un dernier essaie pour voir si elle veut bien me parler d'elle-même et lui demande comment ça se passe à la caserne, son nouveau boulot. Elle m'avoue que l'intégration est difficile à cause de son caractère ce qui m'arrache un éclate de rire un peu moqueur.  « ça ne m'étonnes tellement pas, tu sais ?» dis-je, amusé, avant d'hausser les épaules  « Mais c'est cool que ça ...» Je ne peux en dire d'avantage car Lene immobile la voiture, l'éteint, tire le frein à main et me regarde avec un large sourire en me disant qu'on est à des kilomètres de chez moi et que ...  «...du parachute …. ? » soufflais-je en fixa la courte piste de décollage sur laquelle trône déjà un hélicoptère  «a...attend non ! Non y a pas moyen Lene ! » dis-je en secouant la tête , me calant dans le fond de mon siège  « Tu m'as dis qu'on ferait un truc qui n'est pas dangereux !» m'exclamais-je  «Le parachute c'est la pire chose qui existe ! Si tu savais le nombre de gens que je vois en centre de rééducation qui ... » je ne peux en dire d'avantage car déjà Lene sort de la voiture en rigolant. Je pince les lèvres et la suis du regard, bien décidé à ne pas sortir de la voiture. Si elle veut que je la suive sur le piste, il faut qu'elle m'y entraîne de force, qu'elle me traîne au sol si besoin. Mais il est hors de question que je ne fasse, ne serait-ce qu'un seul pas sur cette piste.

« Déjà fait ! » Qu’elle s’écrie au moment où il parle de sa délicieuse (ou pas) voix lorsqu’il chante. Elle l’avait déjà entendu, il y’a des années et elle doit avoir qu’elle en garde encore un souvenir perçant, qu’elle n’évoquera pas afin de respecter la dignité du jeune homme (et surtout parce que, si elle le vexe tout d’suite, y’a pas moyen qu’il se décide à bouger une fois arrivés à destination.) Au lieu de ça, elle se met à jour sur sa vie, ce qu’il a fait, ses projets maintenant qu’il a à nouveau deux jambes fonctionnelles. Elle lui souhaite bien de s’emparer de cette deuxième chance à pleine main. Et puis, il poursuit, il parle de son beau-père, de Londres et la pensée qu’il serait amené à y retourner interpelle Lene. L’Angleterre, c’est tellement loin, dans le temps et dans l’espace. Elle commence presque à avoir le sentiment que sa capitale lui prend toujours les êtres chers. « D’accord, donc on a encore un an et quelques à tenir avant que tu ne mettes les voiles. Ça nous laisse le temps de pleein de chose ! » Qu’elle dit, dans un léger sous-entendu qu’il a encore jusqu’à ce départ en stage pour vivre tout un tas d’expérience qui le mettre à rude épreuve avant d’être tranquille dans sa zone de confort, à des milliers de kilomètre d’ici. « Tant mieux si tu t’entends avec lui. » Qu’elle commente juste, le sujet étant très pauvre chez elle. Lene n’a jamais eu cet attachement que l’on peut avoir pour sa famille, Lene n’a jamais compris que ça se retrouve chez d’autre. Sa langue se dénoue et au fil de la conversation, elle devient plus encline à parler. Si ça ne concerne que son travail, elle n’a pas vraiment de difficulté à en parler, juste que pour le moment, on lui mène la vie dure. Elle fronce les sourcils au moment où elle se marre. Est-ce que c’est le harcèlement morale et sexiste qu’elle subit qui l’amuse ? Elle n’a pas le temps de poser la question qu’ils arrivent à destination, tout semble être prêt à les accueillir et là bien sûr, Nathan panique. « Mais ce n’est pas dangereux. » Qu’elle soupire, en sachant que, se jeter dans le vide n’est pas la définition de sureté. Il insiste, en prenant pour arguments ses petits copains éclopés. Elle soupire devant tant de mauvaise foi. Evidemment, il ne la suit pas quand elle sort de la voiture. Elle adresse un signe à l’équipe, pour leur faire comprendre que ça va être long. Elle avait prévenu que son ami était peureux. Elle rouvre la porte. « Statistiquement, tu avais plus de chance de perdre des jambes dans la voiture avec moi, pendant le trajet aller. Tu le sais ça ? » Elle prend un air qui donne à réflechir, comme si elle parlait à un enfant. « De plus, tu sautes avec un moniteur qui a toutes les qualifications requises pour que tu restes en sécurité, tu n’es pas seul, tu as juste à avoir confiance. » Qu’elle appuie comme second argument avant de tenter de le prendre un peu plus gentiment. « Tu as dit que tes jambes te donnent des ailes Nathan, ce serait dommage de te brimer à rester les pieds sur Terre. Je sais que c’est pas facile de ré-apprendre à prendre des risques, mais il faudra sauter le pas un jour, et ce jour, c’est aujourd’hui. »

Je refuse clairement de sortir de la voiture. Car sortir signerait mon arrêt de mort. Elle aurait pu me prévenir Lene ! Certes, je n'aurais sans doute pas accepter de faire quoique ce soit et je serais rester chez moi comme un con, j'aurais peut-être même voulu ne plus jamais avoir à faire avec Lene, mais au moins j'aurais eu le temps de préparer psychologiquement. Là je suis bien trop pris de court pour être contente d'être sur le point de me jeter dans le vide. Lene, ça a l'air de l'emmerder dans un premier temps, mais au final elle sait se montrer assez douce et parvient même à me rassurer en me prenant par les sentiments. Non pas en m'expliquant que je saute avec un autre mec, un diplômé qui à toutes les qualifications nécessaires pour garantir ma sécurité, mais bel et bien en me disant que j'ai dit, juste avant, que mes jambes me donnaient des ailes et qu'un jour ou l'autre je vais bien devoir réapprenne à prendre des risques.

 « Lene, je ...» soupirais-je en secouant la tête  «Je n'ai pas fait tout ce chemin depuis deux ans pour risquer ma vie de cette façon » je déglutis et pince les lèvres, posant mon regard sur la piste de décollage où trois hommes sont entrain de préparer je ne sais quoi  «Je ... » j'avale difficilement ma salive puis ferme les yeux  «Je suis vraiment obligé … ? » demandais-je en posant mon regard sur ma meilleure amie. Elle n'a pas besoin de dire quoique ce soit pour que je comprenne que la seule réponse possible est 'oui'. Je pince les lèvres puis prends une profonde inspiration et soupire doucement pour me donner un peu de courage  «bon. » je joue encore quelques instants nerveusement avec mes doigts avant de souffler  « je vais le regretter putain» marmonnais-je en ouvrant la portière.

Je m'extirpe de la voiture, puis lance un coup d'oeil vers Lene et, avec un petit hochement de tête, lui fait comprendre que c'est bon, il viendra avec elle quitte à crever de trouille avant même d'entrer dans l'engin qui vole. Arrivés près du hangar, un homme en combinaison, s'approche d'eux, tout sourire  « Lene et Nathan, c'est bien ça ?» question rhétorique, évidement. On se sert la main avant qu'il ne nous indique une porte  « Moi c'est Sam, je vais vous accompagné dans les airs aujourd'hui ! Vous pouvez passer la porte, ma collègue va vous équiper. Et une fois que tout est correct vous pourrez me rejoindre, ma collègue et moi-même pour qu'on vous explique les bases il lance un coup d’œil vers sa montre  « On décolle dans 1h30 grand max. ça vous laisse le temps pour vous familiariser avec le matériel et tout ça.» il nous offre un large sourire  «Ok ? » demande-t-il, enjoué en frappant joyeusement dans ses mains.

Tandis qu'il se décale, j'attends que Lene fasse le premier pas en avant avant de la suivre, regardant un peu autour de moi très peu à l'aise. Nous passons la porte que l'homme nous a indiqué avant, sans cesser de me répéter que je vais regretter ce que je vais faire. La femme, qui se présente sous le nom de Jenna, nous poses quelques questions avant de disparaître dans une pièce adjacente. J'en profite pour me pencher vers Lene  « Tu te rends comptes de ce que tu vas me faire faire, hm ?» demandais-je avant d'aller m'asseoir, de peur que mes jambes me lâchent tout à coup.

Et voilà le drame. Elle l’avait vu venir et quelque part, elle se réjouie de se dire que c’est moins pire que ce qu’elle pensait, parce qu’elle s’imaginait vraiment devoir lui courir après (enfin, elle l’aurait rattrapé en deux-deux) alors que là, le fait qu’il reste dans la voiture augure un dialogue. Et elle le comprend le Nathan, quand il pointe tous ses efforts pour récupérer ses deux jambes et combien il serait bête de les foutre en l’air en faisant du parachute. Mais, voilà, elle a toujours été celui qui le sort de sa zone de confort et ces dernières années, elle n’avait plus osé de peur de lui faire mal, ou bien parce que l’excuse du fauteuil est valable. Aujourd’hui, c’est un retour à l’ancien « eux » et elle refuse de le retarder parce qu’il a trop peur. « Je sais, mais Nathan, t’as pas fait tout ça pour rester dans ta zone de confort. Qu’est ce qu’il va t’arriver de si grave, perdre tes jambes, c’est déjà fait et tu t’en es déjà relevé. La prochaine étape, c’est réapprendre à vivre. » Qu’elle lui explique calmement. « A vivre à 100%, pas se contenter de respirer. » Oui, parce qu’il pourrait lui sortir l’argument que justement, s’il veut continuer à vivre, il a mieux de ne pas sauter. Et il parvient à se laisse convaincre, lentement mais sûrement.  Elle hausse les épaules, au moment il demande si c’est obligation. « Tu ne veux pas avoir peur toute ta vie, ça va être long. » Et il peut la croire. La tempête survenue un an et demi plus tôt avait placée Lene dans ce même état de peur à l’idée de simplement sortir, ou pire, aller dans un parc d’attraction. Et la décision finale tombe, il se décidé et sort de voiture. Elle ne trouve pas mieux que de l’applaudir pour ça. « Mais non, tu ne vas rien regretter. Sauf les premières secondes peut-être, le temps que l’adrénaline fasse effet. » Et alors qu’ils marchent, elle passe son bras par-dessus son épaules, dans un esprit de pure camaraderie.

Et la visite commence à prendre son cours. Un premier type se présente, par chance, il évite les blagues noires, qui si elles sont le propres de Lene, pourraient faire reculer le jeune anglais et rapidement, elle amorce la suite à l’intérieur, là où est rangé l’équipement. Une fille les aborde, explique rapidement comment telle chose s’enfile, à quoi tel truc sert. L’excitation s’empare d’elle, à croire qu’elle va sauter en parachute. Elle tente quand même de ne pas trop le montrer. Tant qu’il a pas le pied dans l’avion, elle se modère avec lui. « Oui, je vais te faire prendre ton pied comme jamais, et je suis sûre que tu ne t’étais jamais douté que ça viendrait de moi un jour. » Qu’elle lui répond en papillonnant des yeux pour l’amuser. Classic Lene. « Tu vas voir, tu vas aimer ça, et puis, on va survolé Airlie Beach, ce qui sera plutôt awesome. »

Sortir de ma zone de confort n'est absolument pas dans mes habitudes. Ça n'a jamais été dans mes habitudes et ça l'a encore moins été ces dernières années. Je ne peux pas dire que j'aimais ma vie, mais au moins j'étais en sécurité, je ne risquais rien dans mon petit confort, mon cocon personnel. Mais Lene a toujours eu cette fâcheuse tendance à vouloir me sortir de cette zone dans laquelle je ne risquais rien. Comme aujourd'hui. Elle a organisé un saut en parachute ! Un. Putain. De. Saut. en. PARACHUTE ! Je n'arrive pas à y croire. En vrai, si je n'étais pas dans cette voiture, garée devant ce hangar, je penserais que c'est une mauvaise blague. Sauf que non, elle est tout à fait sérieuse. Et ça me fait flipper.

Mais Lene n'est pas Lene si elle ne trouve pas les mots rassurant. Bien que dure et directe, son ton est très gentil et calme, contrastant parfaitement avec les mots qu'elle ne mâche pas. Et elle a raison. Dieu qu'elle a raison. Ce qui pourrait arriver de pire ? Perdre à nouveau l'usage de ses jambes et je m'en suis relever. Oui, mais aurais-je la force physique et mental pour le faire une deuxième fois ? Je préfères ne pas lui faire part de ces questionnement, ça ne ferait que l'ennuyer et n'avancerait en rien le débat. Alors je me donne un gros coup de pied au cul, rassemble ce que j'ai comme courage et sort de la voiture sous les applaudissements de Lene. Celle-ci, visiblement heureuse et enchanté par ma décision, vient m'attraper par les épaules  et me dit que je ne vais rien regretter, si ce n'est les premières secondes le temps que l'adrénaline ne fasse effet.  «T'as intérêt à avoir raison ... » soufflais-je, un très léger sourire s'affichant sur mon visage.

Arrivé sur place, nous sommes accueillit par un homme. Blond, bronzé, yeux bleus, beau gosse, le physique type d'un australien de base et surtout très gentil qui a l'air totalement compréhensif, il nous explique qu'on va devoir s'équiper avant de passer la théorie. Je ne dis rien, pas mal impressionné, mais suis Lene qui s'en va déjà vers la pièce adjacente. Je referme la porte derrière moi, sourit poliment à la femme qui nous observe avant de disparaître dans l'arrière boutique. En attendant je demande à Lene si elle est au courant de ce qu'elle va me faire faire. Et j'avoue que je ne m'attendais pas à la réponse. Me faire prendre mon pied ? J'arque un sourcil avant de lâcher un rire  « Et m'envoyer au septième ciel, c'est ça ?» demandais-je, en secouant doucement la tête avant de me passer une main sur le visage  «Ouais c'est vrai que Arlie Beach c'est quand même foutrement classe » je me pince les lèvres  « Cela dit... si l'humain était fait pour voler il aurait été pourvu d'ailes» je lève mon regard sur Lene  «C'est Wolverine qui l'a dit, donc c'est vrai » eh voilà la référence geek que je ne pouvais empêcher.

Je soupire doucement puis me redresse lorsque le jeune femme reviens avec deux combinaison. Elle nous explique comment les enfilés et à quoi elle serve puis nous refile deux casques et des lunettes. J'écoute très attentivement tout en mettant l'habit rouge avant d'attraper le casques et suivre les deux femmes en dehors vers l'autre australien. Il est entouré de deux autres personnes qui sont entrain de préparer les sac à dos qui contiendront les parachutes. «Au fait ne me suis pas présenter avant ! » s'exclame le blond  « Moi c'est Chris, tu vas sauter avec moi» se présente-t-il en me désignant.  « Et toi Lene, tu vas sauter avec Elsa explique-t-il en désignant la femme qui nous a équipé  «T'inquiète pas, même si c'est une femme tu ne crains rien. » reprend-t-il avec un clin d’œil. Elsa lui fait un fuck avec un sourire emplie d'ironie qui fait fortement rigoler Chris. La jeune femme roule des yeux en soupirant puis s'approche de Lene  «L'écoute pas, il sait pas ce qu'il dit le pauvre homme ... » lui glisse-t-elle avant de se diriger le centre du hangar et nous faire signe de la suivre  «Venez, je vais vous expliquer la théorie et tout ce qu'il faut savoir, faire et ne pas faire »

Je me place non loin d'Elsa et l'écoute avec toute mon attention possible, sentant tout de même le stresse s'emparer de moi au fur et à mesure qu'elle avance dans son explication. Pendant une bonne demi heure elle nous explique en détail ce qui très important, nous fait signer une décharge -papier que je ne signe qu'à contre cœur et la main tremblante-, nous fait faire quelques exercices d'assouplissement -que j'arrive plutôt bien à suivre-  puis attrape son casque  «Alles vous êtes prêt ? » demande-t-elle avec un très large sourire.  «Si on dit 'non' ça change quelque chose … ? » marmonnais-je en grimaçant.  « T'inquiète pas Nathan» intervient Chris en posant une main sur mon épaule  « Les conditions sont parfaites aujourd'hui. On pourrait pas rêver meilleur temps donc t'as vraiment pas à t'en faire» me rassure-t-il avant de se décaler et me montrer le petit avion, m'invitant à y monter. Je lance un coup d’œil à Lene puis déglutit difficilement et m'avance en premier vers la machine.