| GQ STAFF + I don't get drunk, I get awesome |
| | (#)Mer 27 Déc 2017 - 22:53 | |
| Un “merci à tous et bonne journée" conclut le traditionnel briefing du matin, donné cette fois sur la terrasse à l'ombre des parasols nous épargnant le cagnard. La climatisation est en panne alors il y a toujours plus d'air respirable dehors que dedans malgré la chaleur de cette journée d'été. Au final, nul endroit n'est idéal pour travailler, mais tous les jours entre les deux fêtes de fin d'année sont bonnes à prendre lorsqu'il est question de boucler un numéro. Même moi, me suis-je fait violence afin de ne pas répondre au diabolique appel du bermuda dans l'open space, ne serait-ce que pour sentir une brise de ventilateur sur mes chevilles. “Mr Keynes, juste une minute !” intervient Natalie, déléguée du personnel qui m’avait déjà demandé la permission d'effectuer une petite intervention à la fin de la réunion. D'un geste un peu blasé, je l'invite à s'exprimer. “Je voulais juste vous rappeler que la soirée de Noël du personnel a lieu aujourd'hui, même si, techniquement, Noël est passé, hihihi.” Je ne peux m'empêcher de penser que certains sont morts pour moins que cet insupportable rire de rongeur de dessin animé. “Elle aura lieu au Sixteen Antlers, qui a été privatisé pour nous, et ce sera open bar et open buffet.” Généralement cela signifie que l'établissement loué laisse à disposition fonds de bouteilles, fins de stocks et alcools les moins chers, tout ce qu'un public moins regardant car trop occupé à enchaîner les verres se fiche bien, et l’industrie du doliprane se frotte les mains. Quant au buffet, j'imagine que la brochure du traiteur le moins cher à retenue toute l'attention de leur enveloppe budgétaire de deux dollars par personne. En tout cas c'était ainsi que les choses fonctionnaient chez ABC lorsque j'y travaillais pendant quelques années, pourquoi serait-ce différent ici ? “Merci Natalie, cela a l'air d'être à ne pas manquer.” je conclus pour de bon avec une belle louche d'hypocrisie à peine dissimulée. Peut-être est-ce la chaleur qui me rend hargneux, peut-être est-ce un de ces jours où je le suis tout simplement et sans avoir besoin de raison. Quoi qu'il en soit, il est clair, à cet instant, que je n’irai pas.
Et pourtant me voici, me fondant parfaitement dans la masse de collègues, un verre à la main, comme tout le monde, et évitant très soigneusement cette branche de gui que je ne sais quel petit malin s'est plu à accrocher sur une poutre du toit du bar dans l'intention de voir tout le monde s'échanger des fluides en dessous. Je ne suis pas particulièrement à mon aise, j’ai rarement fait dans les “soirées du personnel”, mais je fais au mieux pour jouer le jeu. Laisser le patron au placard, oublier la hiérarchie, et surtout, m'empêcher de ne parler que de travail, de deadlines, de sujets de papiers, d'interviews à venir et de modifications de maquette. Je ne sais tout simplement pas quoi partager d'autre avec eux tous, je ne suis pas certain de le vouloir à vrai dire. Cette frontière entre monde professionnel et monde privé a toujours fait partie de mes fondamentaux. En me rendant à cette fête, j'imagine que ce principe a déjà été mis à mal. Il ne me reste plus qu'à déterminer si je trouve tout ceci distrayant, et cela est encore un point d'interrogation. Néanmoins, pour être honnête, les moyens développés pour faire de cette fête une réussite selon les critères du commun des mortels parviennent à me surprendre ; ainsi, la décoration a été personnalisée avec soin et un certain goût, la sono est décente, le buffet très mangeable, et même le champagne n’est pas en reste. Ma principale activité depuis mon arrivée, il y a peut-être une vingtaine de minutes, consiste à vagabonder ici et là, tendre l'oreille en passant près des conversations, chercher du regard un visage familier, et autoriser Natalie à mettre mon nom dans un grand bocal pour la tombola des cadeaux qui aura lieu à la fin de la sauterie. Parce qu'elle a vraiment, beaucoup, beaucoup insisté. Mes pas finissent par me faire échouer sur la terrasse, appuyé sur la rembarde, sifflant le fond de cette première flûte et admirant la vue sur tout Brisbane pendant que le soleil en fin de course teint le ciel de rose. Je suis arrivé à ce poste il y a bientôt six mois en me forgeant une réputation de bombe à retardement mais de travailleur acharné, jusqu'à la crise cardiaque qui m’a arraché à mon workalcoholism pendant quatre interminables semaines. De retour depuis deux mois, je ne me sens toujours pas vraiment à ma place ; d'un côté les circonstances ne me l'ont pas permis, de l'autre, est-ce qu'il n’y aurait pas un effort à faire de ma part dans ce sens ? J'imagine que oui, et c'est sûrement la raison de ma venue.
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| | | | (#)Jeu 28 Déc 2017 - 19:11 | |
| Comme à chaque année, il y avait la soirée de Noël du personnel du GQ Magazine. Depuis qu'elle était graphiste pour le magazine, Thea s'y rendait. La jeune femme adorait cette soirée. La plupart du temps, elle finissait la soirée un peu trop ivre à son goût, mais ça lui plaisait bien. Elle discutait avec des collègues et l'ambiance était au top. Cette soirée allait pouvoir lui permettre de se changer les idées et de discuter davantage avec des collègues avec qui elle ne parlait pas nécessairement à tout les jours, lorsqu'elle était au boulot. Pour cette soirée, la jeune femme enfila une longue robe noire avec des talons hauts rouges. Pour compléter la tenue, elle se frisa les cheveux et se maquilla, mettant l'accent sur ses lèvres sur lesquelles elle mit du rouge à lèvres de la même couleur que ses chaussures. Après avoir mis des bijoux qui étaient la dernière touche, elle se regarda dans le miroir. Il lui restait à mettre du parfum. La voilà enfin prête à passer une excellente soirée. Du moins, elle l'espérait sincèrement. Thea prit son sac à main et sortie de chez elle, prenant bien soin de barrer la porte. Étant donné que la soirée avait lieu dans un autre quartier que celui où elle vivait, elle héla un taxi et donna l'adresse. La jeune femme ne savait pas combien de temps allait durer la soirée. Probablement plusieurs heures. Si elle revenait aux petites heures du matin, ça n'allait pas la surprendre. Après une longue route de vingt minutes, elle paya le chauffeur et sortie de la voiture jaune. Thea n'a jamais aimé prendre le taxi, mais elle n'avait pas le choix, alors il fallait bien qu'elle fasse des efforts. Elle entra ensuite dans la salle et regarda autour d'elle. C'était bien décoré, mais sans plus. Thea n'allait certainement pas s'attarder sur les petits détails. Ce n'était pas son genre. Elle prit une flûte de champagne et but une gorgée. La soirée venait de commencer. |
| | | | (#)Jeu 28 Déc 2017 - 23:03 | |
| Le côté positif avec les fêtes de fin d’année, c’est qu’on a l’occasion de manger et boire aux frais du contribuable. Il avait eu l’occasion de manger chez sa sœur, pour une soirée organisé en petit comité afin de fêter noël à Brisbane. Puis, il y avait eu le départ à New-York pour fêter en grande pompe noël avec les parents. Et là, le repas avait été incroyablement délicieux. Alors pour la soirée de noël organisé par le boulot, Nunzio avait hâte de se remplir de nouveau l’estomac avec toutes les bonnes choses qui seraient au programme. Nunzio se rendait à cette soirée organisée par GQ depuis trois ans maintenant. Et même s’il pensait qu’il s’ennuierait ferme la première fois qu’il s’y est rendu, la surprise fut fort agréable. Il avait su nouer de nouvelles relations grâce à cette soirée et il n’avait jamais fini dans un état d’ébriété au point de se ridiculiser. Alors il recommençait chaque année, sauf qu’il y avait un nouveau responsable actuellement et qu’il ne savait pas encore sur quel pied danser avec lui. Tantôt de bonne humeur, tantôt grincheux, Nunzio n’avait pas l’habitude d’avoir affaire à des gens avec une personnalité aussi complexe.
C’est à l’arrière de son UBER que Nunzio essayait tant bien que mal de nouer son nœud papillon. C’était compliqué de porter une tenue un peu plus classe avec cette chaleur étouffante. S’il y a bien une chose que Nunzio n’arrivait pas à s’habituer, c’était le fait de passer noël en plein été. Heureusement pour lui, le lieu choisit pour cette soirée possédait la climatisation. Nunzio pénétra enfin après avoir salué son chauffeur. L’endroit été déjà rempli de beaucoup de ses collègues, il en salua quelques-uns d’un signe de tête pour éviter de devoir se lancer dans des discussions formelles qui n’auraient rien à faire là et s’avança directement vers le champagne. Il attrapa une coupe où il trempa ses lèvres un court instant. Il n’était pas un très grand consommateur d’alcool, mais faisait souvent exception pour du bon champagne. Il repéra Théa, une collègue qu’il adorait embêter et elle semblait aussi l’apprécier, puisqu’elle l’aidait toujours en lui rappelant le dernier moment qu’il avait pour rendre son article. Il se glissa derrière la demoiselle et lui glissa à l’oreille « Dis donc, si vous étiez toute habillée comme ça la semaine, on comptabiliserait beaucoup moins d’arrêt maladie chez les hommes de cette entreprise. » Une remarque parfaite sexiste comme Nunzio savait en faire, heureusement la plupart de ses collègues savaient qu’il plaisantait.
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| | | | (#)Sam 30 Déc 2017 - 3:45 | |
| Ils avaient du goût tout de même, le club social. De tous les bars bien crades du coin, de tous les pubs qu’on avait écumés au fil des années, c’était au Sixteen Antlers qu’ils avaient décidé de s’établir ce soir pour souligner les Fêtes façon GQ. L’an dernier si je me souviens correctement, on avait commencé la soirée dans le lounge d’un hôtel tout à l’est qui avait été loué pour ses promotions de fin d'année, et la canicule additionnée à l’absence d’air clim avait suffit à faire suffoquer la moitié d’entre nous, alors que l’autre partie s'était humblement proposé pour la mission razzia crème glacée au supermarché - et finir par ne pas revenir du tout. J’étais dans l’escouade numéro deux, obviously. « Nah, ils couchent pas ensembles. T’as rien compris de l’atelier langage corporel toi, mhm? » Andy désigne du menton Thea et Nunzio qui se font les yeux doux, l’un susurrant à l’oreille de l’une, alors qu’elle bat des cils et qu’il a un sourire qui oscille entre le flirt et la blague. Il a la drague facile et elle n’y voit que du feu, là, c’était juste un nouveau coït voué à l’échec. Même si le pseudo pas couple à notre diagonale suffit à attirer l’attention de mon ami, c’est au bar qu’on a décidé de s’établir, ayant ainsi une jolie vue en périphérique de la salle. Vous vous doutez que je n’étais pas venue ici de mon plein gré, d’abord parce que je n’avais pas particulièrement besoin de nouveaux amis, mais surtout parce que quelque heures supplémentaires à rire de blagues tapissées d’anecdotes de bureau ne m'emballaient pas autant qu’un marathon de Masterchef Australia additionné de vin rouge. Néanmoins, la simple idée d’être accompagnée de Rivera - et de sa verve grivoise, avait suffit à me donner envie d’enfiler la première robe propre sur la pile de vêtements traînant dans mon garde-robe, rouge à lèvres assorti. Il s’assure que mon verre ne soit jamais vide, je veille au grain en lui pointant du menton les cas particulièrement marrants à juger à distance, et on s’est promis une fuite dans les règles de l’art vers minuit question de ne pas manquer la dernière parade du Père Noël avant l’an prochain. Des gamins à odeur de scotch, de cigare et de mauvaise foi. « J’reviens, employee of the month duty. » il hoche de la tête, comprenant particulièrement, me voyant aligner mes pas vers la terrasse où le patron a décidé d’élire domicile. Comme il se la joue solo Jamie, comme il l’a toujours fait par habitude, et ce n’est pas dit qu’il restera seul bien longtemps. Autant aller faire amende honorable tout de suite, avant de retourner vaquer au programme bitching de la soirée.
« Y’a des rumeurs qui suggèrent que la Santa-Gria a été faite avec une part de vin rouge, et une part d’alcool à friction. » meilleure entrée en matière, alors que je brandis mon verre à martini décoré d’une branche de romarin, very christmassy. Une gorgée de plus et j’ai l’impression de tuer toutes les bactéries buccales pouvant se loger sur mes gencives et quelques papilles gustatives au passage, avant de dégainer un regard approbateur vers la flûte de champagne qu’il tient du bout des doigts. « Je vois que vous y êtes allé avec la valeur sûre. » un brin de déception face à ma mauvaise sélection, mais surtout devant son choix qui n’inspire pas vraiment l’esprit des Fêtes à son meilleur. Même si j’adorais l’idée de l’imaginer avec un cocktail servi à même une verre en forme de traîneau et couronné de fausse neige comestible - j’ose admettre que l’endroit n’est pas allé trop fort avec le côté kitsch de la chose. Grand bien leur en fasse. « Tout le monde est là, c’est cool. » m’appuyant sur la rambarde, je profite de la vue sur Brisbane qui se détaille devant nous quelques minutes avant de faire volte-face, les prunelles qui scrutent la salle pour confirmer mes dires. Toute l’équipe est là, probablement pour 5 minutes encore, avant qu’on commence à perdre quelques joueurs entre d’autres obligations familiales, ou vers un concours de shots à saveur de cannelle et de canneberge. Quant à Jamie ; il me laisse l’impression de ne pas vraiment vouloir être ici, de simplement faire acte de présence pour rallier les troupes après quelques semaines loin du navire. « On a cru pendant un moment qu’il faudrait vous faire la livraison de bûche de Noël directement à St. Vincent’s. » je n’ai pas particulièrement envie de parler de sa crise cardiaque, ni de sa convalescence - et j’imagine que lui-même n’est pas trop fan de ressasser l’expérience en soit. Reste tout de même que lorsque mon regard croise le sien, il y dénotera une once de soulagement. Qu’aurait été GQ sans son tyran en chef? À qui aurais-je dédié mes soupirs devant de fausses crises de nerfs et autres actes trop impulsifs à mon goût?
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| | | | (#)Sam 30 Déc 2017 - 11:32 | |
| Ca c’est une véritable xmas party. Action Studio n’est pas du tout dans le game à côté de GQ. Après c’est vrai que ce n’est pas non plus la même envergure. Pas le même budget fin d’année. Vous ça a été petit resto et un coup à boire au bar du coin. En même temps vous êtes que cinq. Ca va vite.
Tu t’es mis une chemise pour ce soir. T’as ouvert assez de bouton pour qu’on y voit ta chaîne en or autour du cou. T’as pas de jeans, non. C’est pantalon et pas de basket non plus. Des chaussures en cuir. Faut faire classe dans une soirée pareille. Quand Ariane t’a proposé de venir avec elle, t’as pas hésité une seule seconde. La version plus correct serait de dire que tu lui as demandé de venir avec toi pendant plusieurs mois. 12 mois. Elle t’a parlé de la soirée de l’année d’avant et tu t’es invité à la prochaine pour lui embellir sa fête. Ca fait près d’un an que tu attends cet évènement et tu comptes bien en profiter à fond. Comme d’hab, tu vas essayer de pas trop boire mais sachant que c’est gratuit, c’est peine perdue.
« Ouh ça sent le sexe les deux là bas. »
Ariane te dit le contraire. Tu te dis qu’ils feraient mieux de tirer un coup dans tous les cas. Ca leur ferait du bien. Vous filez au bar, passage obligatoire. La soirée commence à peine et t’as déjà un verre à la main. On perd pas de temps. Normal. Alors que tu sirotes ton verre, Ariane file vers la terrasse et te voilà tout seul. Tu connais personne, ou juste de vue. La plupart, tu connais leurs noms grâce aux potins que Ariane te dit régulièrement. Vous vous voyez souvent, vos boulots sont juste à côté les uns des autres. Vos pauses vous avez fini par vous coordonner pour les prendre ensemble. Un petit bol d’air en journée, ou carrément un lunch. Vous faites ça de temps en temps. Tu connais toute la vie à GQ, ou presque. Du moins ce que Ariane veut bien te raconter.
T’es tout seul accoudé au bar et tu regardes les gens, te demandant de qui il s’agit, si t’as déjà entendu des trucs sur eux. Tu te fais des films et tu descends ton verre un peu trop rapidement. Faut vraiment que tu y ailles doucement, mais t’entends quelqu’un commander à côté de toi.
« La même chose pour moi. »
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| | | | (#)Mar 2 Jan 2018 - 17:04 | |
| Thea était à la soirée depuis dix minutes et elle avait discuté avec une seule personne. Bien que la graphiste était sociable, elle n'avait pas encore senti le besoin d'aller discuter avec les autres. Thea devrait faire un petit effort, si elle avait envie de s'amuser et de profiter de cette soirée qui n'était pas encore finie. La graphiste regardait autour d'elle, à la recherche de quelqu'un avec qui engager la conversation. Malheureusement, tout les gens autour d'elle semblaient déjà être occupés à discuter avec d'autres personnes Évidemment, Thea pourrait aller vers eux et discuter avec un groupe de personnes, mais, pour une raison ou une autre, elle était timide d'aller vers les gens, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Thea se dit qu'elle allait bien trouver quelqu'un, durant la soirée, afin de ne pas être seule pour le reste de la fête. L'Australienne buvait des petites gorgées de champagne, dansant un peu au rythme de la musique. Bon, la musique n'était pas nécessairement excellente, mais c'était mieux que rien. Alors que la jeune femme commençait à désespérer, elle entendit quelqu'un lui glisser quelques mots à l'oreille. Thea se mit à sourire, ayant reconnu la personne en question. Il s'agissait de Nunzio, un collègue qu'elle appréciait énormément. Elle était la personne qui lui rappelait toujours de rendre son article à temps. Du moins, elle essayait souvent de lui rappeler. Il arrivait même à la jeune femme de le reconduire chez elle, puisqu'il n'avait pas de voiture « Je vais prendre ça comme un compliment. Du moins, je suppose. » Elle rit, regardant son collègue. « Toi aussi, tu es bien habillé, ce n'est pas dans tes habitudes. » Thea adorait faire des blagues avec Nunzio. Ils se taquinaient souvent et ça faisait du bien à la jeune femme d'être en sa compagnie pour la soirée. « Je commençais à désespérer. Je me demandais si j'allais passer la soirée toute seule avec le champagne. » Bien que cela ne l'aurait pas dérangé, elle était à une soirée pour s'amuser et discuter avec des collègues. « Sinon, comment vas-tu? » @Nunzio Grimes |
| | | | (#)Ven 5 Jan 2018 - 9:32 | |
| « Y’a des rumeurs qui suggèrent que la Santa-Gria a été faite avec une part de vin rouge, et une part d’alcool à friction. » La voix familière, et presque réconfortante, m'arrache enfin un sourire alors que mon regard passe par dessus mon épaule pour croiser celui d'Ariane, toujours là pour veiller sur mes arrières, pour venir à la rescousse. « Je vois que vous y êtes allé avec la valeur sûre. » Un coup d'oeil à son verre encore bien plein le conforte dans mon très classique choix de poison pour ce soir. De toute manière, je suis désormais puni d'alcool, et forcé à la plus haute modération, je songe que j'ai sûrement vidé ma coupe trop vite. “Je fais assez rarement preuve d'originalité de ce côté là, j'admets.” De toute manière ma tolérance à l'alcool est telle que je ne me lance jamais dans la descente de bouteilles plus exotiques ; le grand gaillard n’a pas besoin de plus de quelques flûtes de champagne pour être complètement désinhibé. Cela rend les actes compulsifs, dans ces moments, si facilement justifiables. Si cela peut simplement apaiser mon malaise ce soir, j'en serais satisfait. « Tout le monde est là, c’est cool. » Il y a du monde. Entre le flux des gens de passage et des retardataires, il reste toujours juste assez de place pour ne pas se marcher sur les pieds. En revanche, la terrasse est envahie par un brouhaha ambiant nécessitant d'élever le niveau sonore de nos voix. Les uns renchérissant sur les autres, bientôt plus personne ne pourra s'entendre -mais j'imagine que d'ici là, plus de la moitié aura troqué la conversation contre la danse, et je serai sûrement déjà parti. “En effet… Je m'attendais à pire, je dois dire. Mais j'ai l'impression que Natalie sait ce qu'elle fait.” Ce n’est pas la première année qu'elle organise cette fête, à en voir tous ceux qui circulent comme s'ils étaient chez eux ici une fois par an. Je suis certain que les retours de la fête seront bons, et l'encourageront pour l'année prochaine. « On a cru pendant un moment qu’il faudrait vous faire la livraison de bûche de Noël directement à St. Vincent’s. » Ah, le sujet qui fâche. Mais je souris, voyant bien qu’il s’agit là de sa manière à elle de dédramatiser. J’ai également appris, par la force des circonstances, à relativiser ce qui m’était arrivé. “Mieux vaut à St. Vincent's que chez Saint Pierre.” je réponds en haussant les épaules. Et bien que je ne pense pas mes collègues capables de me souhaiter autant de mal, j’ai quelques doutes sur le fait que tous soient aussi soulagés de mon retour qu’Ariane. Pourtant mieux vaut s’y faire, car je ne compte pas partir à nouveau de sitôt. “Tu es venue accompagnée ?” je demande, autant pour alimenter la conversation que par curiosité. Je ne suis pas certain que Joanne parviendra à se libérer pour venir, et je ne m’attends pas à pouvoir monopoliser la rouquine une soirée supplémentaire. “Celui-là n’a clairement pas sélectionné ta tenue.” j’ajoute, taquin, et sûrement bien trop sûr de mes goûts. En balayant la salle du regard, je finis par trouver Nunzio et Thea. Les agrégats de belles gens attirent souvent le regard naturellement, à croire qu’ils se forment en s’attirant les uns les autres. Rien d’étonnant donc à ce que l’ancien surfeur ait approché la brune, le spectacle est presque banal. “Seigneur, il ne l'a gardera jamais dans son pantalon, hein ?” je souffle, un brin amusé tout de même. Tous les sermons du monde sur l’importance de rester professionnels entre collègues n’empêcheront pas Nunzio d’aller en chasse à la moindre occasion, alors autant le laisser se frotter, encore et encore, à l’éternelle princesse au sommet de sa tour. |
| | | | (#)Sam 6 Jan 2018 - 21:31 | |
| Jamie suit mon regard, détaillant la salle remplie, la terrasse qui pullule. C’est un joli effort tout ça, et les honneurs reviennent à Natalie, d’avoir trimé autant pour nous accumuler dans un bar huppé, cocktails à la clé. Le Keynes ajoute la traditionnelle pique de mauvaise foi que je partage d’un coup d’oeil amusé, parce qu’en vérité, malgré notre râlage commun et la présence qu’on a dû s’arracher nous-mêmes pour nos propres raisons, c’est une belle soirée. Mais je ne l’avouerai qu’à demi-mots. « Elle est née pour ça. Y’a des rumeurs qui disent qu’elle planifie déjà l’an prochain. » et je n’en serais même pas étonnée, à voir les tableaux Pinterest de fiestas à thématiques que la nana montait durant sa pause midi, aux noms bourrés d’emojis et de références à des citations bien inspirantes toutes dérivées d’un carpe diem cliché au possible. Et je tente une nouvelle gorgée de mon verre, m’arrache une grimace que je cache à peine. Ça goûte aussi mauvais après la quatrième lampée, si vous vous demandez. La brise se lève un brin, et elle fait un bien fou vu la chaleur étouffante qu’on ressent, tout en haut du quartier, le smog qui nous chatouille les narines. Instant sentimental engagé. Je prends des nouvelles, d’abord à la blague, surtout parce qu’il en donne à peine - ce que je comprends parfaitement. C’est juste dérangeant, de l’imaginer dans un lit d’hôpital, branché dans tous les sens. On n’aimait jamais voir des gens qu’on côtoie ainsi, et le souvenir d’une grand-mère que j’ai visitée un peu trop souvent à mon goût à ce même hôpital pas si longtemps derrière complète ma curiosité sûrement déplacée, mais à laquelle il répond en rigolant. Ça va, ça passe, on est sur la même longueur d’ondes. « Le ticket d’aller est hyper cher en plus, pas sûre qu’on ait le salaire pour assumer. » et hop, une petite pique supplémentaire, et un battement de cils qui peut-être lui mettra la puce à l’oreille concernant une augmentation prochaine. Je dirai que c’est le shot pris précédemment avec Andy sur le parking qui motive mes paroles s’il roule des yeux, et je rigolerai l’air intéressé s’il laisse aller. Ce n’est pas tout, mais c’est surtout bon de retrouver sa verve maintenant qu’il semble remis de ses émotions. Je serai toujours beaucoup trop fière pour l’avouer, mais autant j’adorais claquer de la langue à son intention, autant je savourais ses propres attaques verbales, cette fois directement visées sur mon cavalier. Arquant la nuque dans sa direction, trop sérieuse pour l’être vraiment, mais suffisamment pour m’en amuser, je rétorque d’un murmure. « Il a choisi ce qui se trouve dessous, par contre. » connaissant le spécimen, il serait plus qu’avisé de dire qu’Andy avait expressément sélectionné la lingerie que je portais sous ma robe. Il avait mille fois plus l’oeil que moi pour ce genre de trucs, et même si mon quotidien était ponctué de sexe et d’autres synonymes, n’en restait que j’étais toujours plus confortable avec les bases, des sous-vêtements confortables sans chichi. Ou complètement à poil.
Ce sont à nouveau Nunzio et Thea qui volent la vedette à se roucouler à l’oreille l’un l’autre, ce qui attrape directement le regard de Jamie, me fait pouffer en parallèle. « Ça serait beaucoup moins amusant sinon. » à chaque occasion, le Grimes sautait sur l’opportunité de flirter avec la gamine, profitant de son éternelle naïveté pour lui envoyer toute la sauce, les remarques grivoises et les jeux de regard complémentaires, qui trouvaient écho devant l’incapacité de la graphiste à capter l’essentiel. Elle était jolie, elle était plaisante, il avait tout bon à garder espoir, adaptant son langage pour faire dans le plus cru, l’évident, au cas où ça finisse par fonctionner. Un bon gros point pour l’effort. « En même temps, si ça les rend heureux. Quoi que je doute que Thea remarque quoi que ce soit. » surtout, c’était le genre de petits trucs que les employés adoraient regarder, juger, analyser. Je n’avais qu’à voir la tête que tirait Andy au début de la soirée en détaillant Nunzio comme une fleur aux côtés de Thea, et son intérêt décuplé pour les histoires salaces de bureau pour savoir que lundi, à la machine à café, ce sera la nouvelle de l’heure. « Et vous? Une cavalière pour se dandiner à votre bras? » une potentielle miss Keynes. Si Jamie était seul pour l’instant, je ne me fiais jamais à la première impression ni aux apparences, pouvant très bien exhiber une conquête le temps d’un verre ou deux. Ça lui ferait du bien, de s’éclater un peu, de sortir de sa routine de workaholic - et regardez qui parle, l’accro du boulot en chef. Arf. D’ailleurs. « J’ai bouclé un chapitre. » que je finis par articuler, mes mots me confirment la chose, à laquelle je ne crois plus trop depuis une bonne année, malgré la voix à l'intérieur tentant de me motiver à arrêter de dire que je le ferai, et à le faire tout court. « C’est pas grand chose, mais ça avance. » je ne me souviens plus trop quand j’en avais parlé à Jamie, probablement une fois où il avait surpris par-dessus mon épaule une esquisse de page, j’sais pas. Mais c’était cool de pouvoir donner un avancement, de quantifier le projet, d’en faire un truc concret. Et de l’articuler à voix haute. « Si ça vous dit un jour en janvier, je vous montrerai. » oh qu’il est désabusé mon ton, oh qu’il est relax, zen. Trop. Mine de rien, son avis comptait, au sens où je savais qu’il n’allait jamais mettre de gants blancs à mon égard, qu’il ne ferait pas dans la douceur. Et entre les éloges de ma mère et de Nadia, et le simple hochement de tête d’Hugo, j’allais avoir besoin d’un peu plus pour motiver le reste.
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| | | | (#)Dim 7 Jan 2018 - 16:26 | |
| Que l'on ne s'y méprenne pas, les fréquentations étaient peut-être un petit peu réduites durant les périodes de fêtes, mais dans les coulisses, on courrait de partout. La date fatidique du trente-et-un-décembre arrivait à grand pas et bon nombre de dossiers devait être bouclé avant ce jour-là, afin que le rapport annuel du QAGOMA soit le plus juste possible et que les objectifs des années suivantes soient réajustées. On en demandait pas tant à Joanne lorsqu'elle travaillait au Museum of Brisbane, mais elle l'acceptait volontiers. C'était certainement pour cela que l'on recherchait les personnes les plus compétentes qui soient car il fallait faire preuve d'une certaine polyvalence. Cela ne l'en éloignait pas trop de son métier, elle en voyait plutôt un élargissement de son champ de compétences. Et Joanne voyait cela plutôt comme une bonne chose. En revanche, ces activités étaient particulièrement chronophages et elle ne voyait décidément pas le temps passer, surtout lorsque les réunions se suivaient. Bien sûr, elle n'avait pas oublié que Jamie lui avait suggéré de passer à la soirée GQ si elle en avait l'occasion, laissant bien comprendre qu'il ne lui en voudrait si elle ne parviendrait pas à se libérer en temps et en heure. Il avait été compréhensif à ce sujet, il savait ce que c'était d'avoir des journées particulièrement chargées. Mais Joanne avait tenue à faire tout son possible pour passer. Elle avait réveillé le petit plus tôt que d'habitude pour l'emmener à la crèche, elle avait été l'une des premières à être arrivée au musée pour se mettre au travail le plus vite possible, afin de terminer un peu plus tôt que ces derniers jours. Ce n'était pas à son habitude d'être en retard, elle n'aimait pas l'être. Joanne n'avait pas vu le temps passer et elle avait eu un sacré sursaut en voyant l'heure sur son portable. Tout devenait alors particulièrement précipité. Un rapide coup de brosse dans les cheveux, un dernier regard dans le rétroviseur de sa voiture avant d'en sortir et de rejoindre le bar. Celui-ci était noir de monde. D'un côté, elle comptait sur l'extravagance de Vee –si elle comptait venir– pour que la petite blonde puisse reconnaître ne serait-ce qu'un visage au milieu de toute cette horde GQ. Elle se faufilait entre les silhouettes bien souvent plus grandes qu'elles. Joanne avait juré avoir vu Andy, un photographe que le musée avait sollicité déjà quelques fois pour les divers événements organisés au QAGOMA. Elle songeait à 'aller le saluer un peu plus tard. Joanne voulait en priorité retrouver Jamie, elle venait surtout pour le voir lui. D'instinct, elle se dirigeait vers la terrasse et c'était avec soulagement qu'elle le vit enfin. La petite blonde fit glisser une de ses mains le long de son dos afin d'attirer son attention et lui faire un adorable sourire. "J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Mais la journée était particulièrement chargée. Beaucoup de réunions de dernière minute." dit-elle avec un léger rire. La jeune femme ignorait s'il fallait déjà officialiser leur relation, elle ne savait pas si Jamie tenait à s'exposer ainsi auprès de tous ses collègues. Et Joanne lui laissait largement comprendre, en un seul regard, que ce n'était certainement pas l'envie de l'embrasser qui manquait. Tout dépendait de l'image que lui voulait avoir auprès de l'ensemble de ses collègues. Aussi, Joanne était arrivée en plein milieu d'une discussion avec une belle rouquine, à qui elle adressa également un sourire des plus amicales. Joanne se surprenait à ne pas être plus mal à l'aise, du moins, bien moins qu'elle ne l'aurait été quelques mois, ou quelques années plus tôt. "Je suis Joanne." dit-elle un ton chaleureux à la rousse, estimant que se présenter était la moindre des choses. "Et j'ai certainement interrompu votre conversation, désolée." ajouta-t-elle avec un sourire sincèrement navré. Joanne ne s'était même pas pris le temps de se chercher à boire, d'ailleurs. Mais s'il y avait bien une habitude qu'elle n'avait pas perdu, c'était de garder un contact physique avec Jamie, c'est pourquoi elle avait laissé sa main posée sur son dos. Elle avait l'impression d'être quelque peu arrivée comme un cheveu sur la soupe, à couper leur conversation, ce pourquoi elle peinait à en démarrer une autre. |
| | | | (#)Jeu 25 Jan 2018 - 21:21 | |
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Ariane squatte avec un type plutôt charmant un peu plus loin et ta première pensée c’est « Get that dick, girl ! ». T’essaies de lui faire un thumbs up mais elle a reste dos à toi et le type est un peu plus visible à présent. Tu réalises qu’il s’agit d’un boss de GQ. Tu l’as déjà remarqué dans les locaux. Tu l’as aperçu. Il est hot. Bien plus cool d’avoir un boss comme ça que le vieux de 60 ans que t’as au boulot. Avec un type pareil tu ferais certainement des heures sup’ pour pouvoir rester seul avec lui à la fin d’une longue journée de boulot… Au cas où sur un malentendu ça finisse à moitié à poil.
Entre deux gorgées de ton verre, deux coups d’oeil au monde présent ce soir, tu regardes Ariane et le boss discuter. Y’a une femme qui se joint à eux et Ariane te jette un coup d’oeil. Tu prends ça comme un signal d’alarme de sa part. Elle a peut être besoin d’être sauvé. Tu sais pas mais tu préfères la jouer safe et tu te lèves, ton verre à la main, pour aller les rejoindre. Apparemment ils ont été coupé dans leur conversation. T’arrives a bon moment.
« Bonsoir. »
Tu tends la main à Jamie et Joanne pour te présenter.
« Andy. »
Et tu vas passer ton bras dans le dos d’Ariane, pour faire comprendre que t’es là avec elle. Même si Jamie a déjà certainement vu ton visage dans les locaux de GQ. Tu squattes assez régulièrement. Tu piques de la bouffe dans leur immense cuisine et tu joues aux jeux vidéos dans leur salle de jeu. Tellement mieux qu’à ton taf où il n’y a qu’une machine à café dans l’arrière boutique.
« Faut que je remercie GQ de m’avoir fait rencontrer une femme aussi extra ordinaire qu’Ariane. C’est vous qui l’avez embauché ? »
Tu laisses expressément le doute sur la nature de ta relation avec Ariane. T’as envie de jouer au couple pour une raison étrange. Ca te fait kiffer.
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| | | | (#)Ven 26 Jan 2018 - 4:34 | |
| Juste de le dire, juste de l’avancer, et déjà mon livre prend une dimension irréelle, surréaliste. C’est cool à dire, qu’un chapitre est écrit. C’est cool à quantifier, à visualiser, à prévoir, à étaler sur le temps. Si habituellement j’étais toujours un peu plus sarcastique, un peu plus piquante en présence de Jamie, c’était mine de rien une grosse partie d'information que je lançais là, et l'anticipation que peut-être son oeil d’aigle acéré aurait envie de s’y plonger ; ou juste, que je trouverais en lui quelqu'un pour challenger mes idées m'inspirait à en parler plus que de raison. Force est d'admettre que ce ne sera pas aujourd’hui qu’on discutera de la bête, maintenant qu’une blonde sort de nulle part et s’accroche à son cou sans plus de cérémonie. Elle me dit quelque chose sans vraiment le faire, et c’est après son minaudage et une série de battements de cils réglementaire qu’elle daigne finalement tourner la tête dans ma direction. Vous m’en voyez honorée qu’elle réalise que je ne suis pas juste là pour faire jolie. « Ariane. » par chance, elle ne m’avait pas tendu la main pour faire office de présentation. J’aurais détesté avoir à snobber le contact devant le big boss, ç’aurait pas été du tout cool pour ma lettre de référence le jour où GQ sera de l'histoire ancienne. Et Joanne réalise qu’elle a peut-être coupé quelque chose, qu’elle est arrivée inopinément, ce qui en soit, est totalement le cas. « C’était pas important. » que je balaie du revers, portant mon verre à mes lèvres. Oui, ce l’était. Oui, j’y tenais. Autant ravaler, autant acquiescer, autant la laisser faire son entrée remarquée et récolter ce pourquoi elle est venue se faire cueillir. Ça ira à une autre fois, ou à jamais, au choix. Je tangue vers la deuxième option lorsque mes prunelles s’accrochent à celles d’Andy, et qu’il comprend le signal comme personne. Sa silhouette slalomant entre les autres employés, le voilà qui finit par venir se poster à notre hauteur. J’ai tant envie de mimer la posture de Joanne au bras du Rivera, mais la caricature serait trop ridicule. Je préfère laisser à Andy tout le loisir de passer son bras autour de mes épaules, sourire intéressé en prime.
Une longue lampée plus tard, et le colombien part dans tous les sens en me louangeant comme s’il venait de se poser près de miss Brisbane 2018. Je retiens un rire, faudrait pas casser son joli monologue, avant de secouer la tête de la négative, faussement modeste. « Ah c’est bon, la drogue que j’ai mise dans ton verre commence à faire effet. » et j’éclate de rire, avant de me souvenir que c’est tout de même le patron devant moi, et sa poupée du soir. Autant ne pas prendre de chance, et jouer sur le professionnalisme à outrance. Les apparences, ça me connaît. « Je rigole. J’ai seulement spiced up un peu le punch - il était déjà horrible sans extra, autant s’assurer qu’on s’en souvienne. » mon verre tinte sur celui de mon cavalier, doux souvenir de la flasque de vodka qui trône fièrement dans mon sac à main, et de laquelle on a un peu abusée sur le parking. Les priorités, tout ça. « Andy est un excellent photographe, il est souvent embauché à GQ depuis un peu plus de deux ans. » que je relance, maintenant que mine de rien, il est venu le temps de compléter les présentations. Jamie l’a probablement déjà vu dans les studios - et sinon, ce n’est qu’une question de semaines. Et parce que la Santa-Gria colore mes joues, et parce qu’Andy s’amuse, et parce que le jeu est plus drôle quand il est ambigu, j’en rajoute une couche. « Il sait faire bouger les corps comme personne - il a pas juste l’oeil, le doigté, aussi. » l’innocence même, et la vérité. J’avais assisté à plusieurs shooting photo de mon ami - et chaque fois, il arrivait à sortir des clichés particulièrement impressionnants, le jeu de lumières relançant les postures et les structures à la perfection. Autant lui donner du crédit, aussi sassy puisse-t-il être.
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| | | | (#)Ven 16 Fév 2018 - 17:54 | |
| Un verre en main, les bras croisés, Ariane et moi observons Nunzio et Thea comme deux commères profitant de l'occasion pour faire le plein de potins. Je sais que dans cette pratique, la jeune femme détient un certain niveau que je n'égalerai pas avec mes maigres commentaires -et là n’est pas l'idée de toute manière. « En même temps, si ça les rend heureux. Quoi que je doute que Thea remarque quoi que ce soit. » Et je doute que la perpétuelle recherche d'un partenaire d'un soir fasse le bonheur de qui que ce soit pour ma part. Cela ne m’a jamais aidé en tout cas. « Comme toujours, poor dear. » Je n’ai pas plus de pitié pour la brunette qu'une certaine sympathie, un brin d'affection face à cette naïveté et cette gentillesse qui me rappelle souvent ma propre compagne, son degré de son de soi et sa totale incapacité à déceler les messages des regards masculins. « Et vous? Une cavalière pour se dandiner à votre bras? » Il n’y a pas tant la place de se dandiner, comme elle le dit, sur cette terrasse juste assez grande pour tous nous accueillir. Et il n’est pas question de danser en face des collègues, de l'équipe, par pure question de crédibilité. « Peut-être. » je réponds vaguement. Si je m'avance et que Joanne ne pointe pas le bout de son nez, j'aurai l'air du dindon de la farce. J'espère qu'elle viendra, histoire d'être deux mal à l'aise qui se serrent les coudes à cette soirée, et d'un autre côté, je ne lui en voudrais pas de s'épargner cela. Comme toujours, le voile que je laisse planer sur ma vie privée force les changements de sujet de conversation, et Ariane préfère tourner le projecteur vers elle et son dernier accomplissement qui consiste en mieux qu'une tyrolienne en trombones ; l'écriture du premier chapitre du livre qu'elle a en projet depuis quelques temps. « Si ça vous dit un jour en janvier, je vous montrerai. » qu'elle me propose, me laissant les yeux ronds. « Vraiment ? » Pourquoi mon avis importerait ? Je ne le sais pas, mais la proposition me flatte et j'accepte avec un sourire ; « Avec plaisir. »
Une petite main dans mon dos attire mon attention et mon regard se pose sur Joanne, finalement arrachée à son travail pour me rejoindre. Immédiatement, mon sourire s'agrandit, et je lui vole un baiser pour accueil. « Je suis content que tu aies pu venir. » Bien qu'en le lui proposant, je n'avais pas songé à la présence d'Ariane et à ce que la soirée que nous avons partagé, la possibilité avortée, suspendue, avait laissée planer entre elle et moi ; un voile opaque sur des évènements que nous préférons tous deux oublier, pas mal de non dits, et une bonne dose de déni. Ce n’est qu'en voyant la blonde et la rousse l'une face à l'autre que le problème m’effleure et que ma gorge se serre de nervosité. "Et j'ai certainement interrompu votre conversation, désolée." s'excuse Joanne, et Ariane et moi de lui répondre en même temps dans un fouilli inintelligible ; « C’était pas important. » « Ne t’en fais pas. »
C'est un jeune homme qui s'ajoute à cette troupe, profitant du flottement pour s'intégrer dans la conversation, inséré sans grande discrétion -pas que cela soit nécessaire. « Bonsoir. Andy. » Andy-tout-court, rien qui éveille un son de cloche, pourtant je le dévisage avec curiosité. « Jamie. Votre visage m’est familier. » Le bras qu'il passe autour de la taille d'Ariane me confirme qu'il s'agit de son cavalier de ce soir -date ou pas, cela ne me regarde pas et importe peu, sauf si mes avances avaient été adressées à une femme déjà prise, et cette simple idée me fait redoubler de nervosité. « Faut que je remercie GQ de m’avoir fait rencontrer une femme aussi extraordinaire qu’Ariane. C’est vous qui l’avez embauché ? » Je secoue la tête négativement, néanmoins, si j'avais conduit les entretiens pour le poste, j'aurais sûrement engagé Ariane moi-même en effet. « Elle était là avant moi. Je suis encore le petit nouveau avec trop de pouvoir et un problème de tempérament. » Autant le dire, s'il a un jour tendu l'oreille vers notre open space, il y a des chances qu'il m'ait entendu piquer une légendaire crise de nerfs. Un luxe que je me permets bien moins depuis ma sortie de l'hôpital. « Andy est un excellent photographe, il est souvent embauché à GQ depuis un peu plus de deux ans. Il sait faire bouger les corps comme personne - il a pas juste l’oeil, le doigté, aussi. » Jesus. On ne veut pas savoir. « Je suis sûr que le magicien aimerait garder ses trucs pour lui. » je rétorque avant de faire glisser l'information et les images imaginées avec dans une gorgée de champagne bon marché. Et puisque l'heure est aux introductions, je n'oublie pas d'évoquer ma propre cavalière ; « Joanne est conservatrice au QAGOMA, et… » Je pourrais ajouter un compliment aisément, en choisir un seul serait un bon défi, mais c'est surtout le titre à lui donner, de simple cavalière à compagne, ex-fiancée, mère de mon fils, que je bloque et opte pour la solution de facilité ; ne rien dire. « … sûrement morte de soif. Je reviens. » Et avant de finir étouffé par ma propre gorge asséchée, je file en direction du bar, laissant Joanne entre les mains d’Ariane, hypothèse d'un coup d'un soir qui n'aura jamais lieu, et Andy, au “doigté” remarquable. Great.
Au comptoir, je m’accoude et passe commande près d'une silhouette facilement reconnaissable ; Thea, déjà à l'abandon. Du regard, je cherche rapidement le jeune homme qui lui faisait du gringue il y a encore quelques minutes seulement, peut-être lui aussi au bar pour leur prendre à boire -la demoiselle étant légendairement si facile à saouler. Mais rien, personne. Il est plus loin, déjà pendu aux lèvres et à la carrosserie d'une autre beauté. « Hey. Nunzio s’est trouvé une autre proie, hm ? » dis-je en réalisant plus tard que la formulation manque de tact. Je me sens désolé pour elle. « Un bout de l’équipe s’est réuni là-bas. Ne reste pas seule, rejoins-nous. » Bien sûr, l'invitation polie peut être déclinée aussi gentiment et je ne lui en tiendrais pas rigueur. Thea a sûrement des amis de son service à retrouver, d'autres graphistes, maquettistes, avec qui elle sera à l'aise pour discuter. Je ne lui force pas la main, je n'en dis pas plus et récupère le verre de muscat commandé pour Joanne, et du vin blanc pour moi. « Tu n’as rien accepté à boire de leur part j’espère, on ne sait jamais ce qu’Ariane met dans les verres. » je lance à la petite blonde à mon retour au sein du groupe. Le souvenir du tabasco dans le thé est encore frais, le rire diabolique de la rouquine aussi.
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| | | | (#)Sam 17 Fév 2018 - 11:33 | |
| " Excusez moi mais, ça va encore être long ? J'ai la soirée du personnel ce soir et vous savez comme c'est important pour une entreprise… Et surtout pour mon patron " Je mens sans soucis aucun et offre à l'organisateur de la formation mon plus beau sourire. Ou battement de cils. Ou peut-être les deux. Parce que je suis comme ça. Je me suis mise sur mon trente-et-un, longue robe rouge qui met mon teint en valeur. Et rien de trop vulgaire ou trop voyant, loin de là même. Il n'y a qu'une manche et un effet de pli pour donner du volume à cette magnifique pièce. Je bascule d'un pied sur l'autre pour attiser la pitié de l'organisateur qui finit par me laisser quitter les locaux après avoir signé mon acte de présence. C'est comme ça que j'arrive avec une poignée de minutes de retard. Mes yeux parcourent l'ensemble de la salle et je vois que tous mes collègues ont fait l'effort de venir et que Nathalie est heureuse de me voir. Après tout, que serait une fête sans l'assistante du chef franchement ? Qui va pouvoir gérer les retours critiquent du grand boss si ce n'est moi ? Enfin, elle s'est bien donnée, notre Nathalie nationale, et je suis bien contente d'être là au final. Ariane est avec Andy et une jeune femme blonde que je ne connais pas... Mais il y a Jamie avec eux. Alors forcément, c'est vers eux que je me dirige. Arrivée à la hauteur de mon big boss, ma main se pose sur son épaule, pour signifier ma présence. Rapide, quelques secondes à peine mais c'est pour ne pas les effrayer. " Alors patron, comment trouvez-vous la soirée ? " Demandais-je avec un large sourire. J'ai bien d'autres questions à lui poser. Oui, j'ai bien envie de savoir pourquoi est-ce qu'il marche sur ses propres principes, ceux de ne pas se lier avec ses collègues après le boulot mais… On aura le temps plus tard. Mes lèvres se posent sur la joue de mon amie, j'ignore le Colombien avec la plus grande classe du monde. " Je confirme et j'appuie ce que Jamie vient de dire. Refuses absolument tout ce qu'Andy te propose, on ne sait jamais avec lui … " Elle risque de se retrouver complètement ivre après un verre ou pire encore, à vomir ses tripes devant tout le monde. Je tends ma main droite à la blonde. " Bonsoir. Marianna, je suis l'assistante de Jamie, celle qui répond à tous ses besoins avant qu'il les formule " Je ris légèrement. Oui, je montre à cette demoiselle / nouvelle employée qui il faut avoir dans la poche pour tenter d'approcher le big boss. Je suis un filtre entre le monde et Jamie. Mais au boulot seulement. " Vous êtes nouvelle ? Quel service ? " Marianna ou l'art de mettre les pieds dans le plat… Je suis arrivée un peu tard parce que je n'aurais jamais dis ça si j'avais vu Jamie embrasser Joanne ou si je l'avais vu lui ramener un verre.
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| | | | (#)Sam 17 Fév 2018 - 12:58 | |
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Après être passé chez ton dealer, un peu plus tôt dans la journée, t’aurais peut être pu croiser Ariane chemin faisant visiblement. Vous échangez ce genre de plans. Tu ris avec elle quand elle parle de drogue dans ton verre. Ca aurait pu être vrai, mais non. Ce soir, t’es encore bien maître de toi même. T’as bu un verre seulement. La soirée est jeune. Tu dirais pas non pour de la drogue, mais rien de trop fort non plus et pas si tôt. Ce serait plutôt un délire d’after party ce genre de plan. Parce que mine de rien, ces gens ils t’embauchent régulièrement et t’as pas envie de t’afficher complètement non plus. La rousse précise qu’elle plaisante et ça te fait doucement rire qu’elle doive faire cette précision. Le mec avec nous, Jamie, doit pas être à prendre à la rigolade. T’apprends qu’effectivement ça doit être un boss parce qu’il parle de pouvoir. Mais tu sais pas pourquoi tu l’avais deviné. Sûrement son charisme.
Quand tu fais tinter ton verre avec celui de ta belle, tu lui fais un clin d’oeil et tu bois une gorgée ensuite. Elle enchaine avec quelques compliments à propos de toi. Tu caresses doucement sa taille en l’écoutant dire ces belles choses. Le doigté. Oui. Mais elle n’a jamais eu l’occasion de le vérifier personnellement. Pas encore en tout cas.
« Le doigté… »
Tu fais échos à ses paroles. Ca a le don te filer un sourire amusé aux lèvres. Tu peux pas t’en empêcher. C’était bien trop tentant. Surtout qu’à ce moment là ta main descend un peu sur les fesses d’Ariane, histoire de lui faire vivre brièvement l’expérience la plus proche de ton doigté qu’elle ait connu jusqu’à maintenant. Tu agrippes sa fesse quelques courtes secondes et tu reposes ta main dans le bas de son dos naturellement. Ni vu ni connu ? Tu sais pas. Mais tu t’en fiches un petit peu pour dire la vérité.
Jamie parle de Joanne, la femme à côté de lui. Celle qu’il a embrassé quand elle est arrivée. Ils doivent donc sûrement être un item ces deux là. Jamie s’esquive pour aller prendre de quoi boire à sa belle. Tu demeures quelque peu silencieux alors que ton regard est tourné vers Jamie qi est au bar. De dos. Tu mates ses fesses, son dos. Tu dirais pas non pour écarter les cuisses pour lui. Tu sors légèrement de tes pensées avant de lancer une requête.
« Il me faut votre truc pour avoir un bout de ce mec. »
Parce que clairement elles ont de l’expérience toutes les deux. Tes yeux vont de Ariane à Joanne, parce que tu t’adresses autant à l’une qu’à l’autre. La blonde est clairement en couple avec lui. La rousse a eu un moment avec son boss. Elle te l’a confessé. Sauf que ledit Jamie est déjà sur le retour, les mains pleines. Tu lui fais un large sourire. T’es juste un peu déçu de ne pas avoir eu de réponse à ta demande à temps. Sauf si une d’entre elle se permet de te répondre malgré qu’il soit là. Mais c’est l’arrivée de Marianna qui coupe un peu le moment. Elle fait comme si t’existait pas, mais elle parle de toi la seconde d’après. Tu fais mine d’être touché.
« Marianna. Tu me blesses ! »
Vous deux vous remontez way back. Tu la regardes se présenter à la blonde, tout en buvant ton verre. A ce rythme il va te falloir un refill dans pas longtemps. Marianna présice qu’elle répond à tous les désirs de son boss, ça t’arraches un sourire entendu. Peut être qu’elle aussi pourrait répondre à ta demande d’un peu plus tôt. Ca serait pas très professionnel de sa part, mais tu pars du principes qu’entre adultes consentant, tout est possible. Même de mélanger privé et boulot. Tu le fais très bien toi.
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| | | | (#)Sam 17 Fév 2018 - 14:05 | |
| Joanne s'était dit en premier lieu que c'était une occasion comme une autre de passer un peu de temps avec Jamie. L'objectif n'était pas vraiment de faire connaissance avec ses collègues. A ses yeux, elle connaissait déjà Vee, qui était devenue une bonne amie depuis, et c'était déjà beaucoup selon elle. Non, c'était simplement pour être avec lui, parce qu'elle savait que le temps leur venait à manquer avec leur emploi du temps respectif. Un peu comme durant leurs débuts. Le sourire de Jamie lorsqu'il l'avait vu arriver était contagieux pour elle aussi, et elle répondit timidement à son baiser. Ayant remarqué qu'elle avait avorté la conversation avec la rousse, les présentations furent rapidement faites. "Enchantée." répondit Joanne avec un ton sincère. Elle s'était ensuite platement excusée d'avoir interrompu leur conversation, ce à quoi les deux interlocteurs répondirent simultanément avec deux phrases différentes, créant ainsi un malaise bien étrange. Joanne avait bien remarqué que son compagnon semblait soudainement quelque peu nerveux. Seulement, elle ignorait pourquoi, parce qu'en théorie, c'était peut-être elle qui devait plutôt l'être, à se retrouver là au milieu de tout un tas de personnes qu'elle ne connaissait. Et voilà que tout à coup, un jeune homme fit son apparition, ne se gênant pas pour passer le bras autour de la taille d'Ariane, comme un prince charmant qui voulait venir à la rescousse – sauf que Joanne doutait qu'elle en ait véritablement besoin d'un. "Bonsoir." avait-elle répondu en lui serrant timidement la main. Il fallait savoir qu'il ne fallait pas trop jouer avec les seconds et troisième degrés en matière d'humour avec Joanne. Elle était souvent bien naïve, c'est pourquoi ses yeux s'arrondirent dès que la collègue de Jamie disait avoi mis de la drogue dans le verre du photographe lorsque ce dernier ne manquait pas de la complimenter. Elle réalisait qu'il ne s'agissait que d'une plaisanterie lorsqu'Ariane éclata de rire. Alors, c'était ça, l'humour, à GQ ? Joanne n'était pas certaine de pouvoir y être très réceptive. Et voilà que les sous-entendus commençaient à être particulièrement osé et dirty. Joanne souriait, mais ce n'était que de la pure façade, car le malaise commençait à sérieusement pointer le bout de son nez. "Ce doit être particulièrement gratifiant, de voir ses clichés être dans les magazines GQ." dit-elle malgré tout, sincère, au photographe. Ce n'était que small talk au fond, juste histoire de noyer tous les sous-entendus précédents. Jamie savait combien ces messages subliminaux, en rapport avec le sexe, avait le don de mettre mal à l'aise à la jeune femme. Jamie espérait écourter la conversation en faisant une remarque, avant de se décider à présenter sa... quoi, déjà ? Lui-même ne savait pas, si bien qu'il ne terminait jamais sa phrase et usait du prétexte de devoir aller lui chercher à boire. Il fallait reconnaître qu'elle était un brin déçue, et sentait ensuite particulièrement démunie lorsqu'il la laissait à ce qu'elle voyait comme étant un nid de vipères. Si seulement ça pouvait s'arrêter à ça. Non seulement Andy se montrait particulièrement tactile avec Ariane, et c'était sans gêne qu'il confessait avoir des pensées peu catholiques envers Jamie tout en touchant les fesses de la rousse. Et le malaise de Jamie avant. Les rouages des pensées de Joanne se montraient toujours très productives en matière d'interprétation, mais là, il y avait beaucoup trop de données particulièrement déplaisantes à gérer d'un coup. Dont le fait qu'Andy se rinçait l'oeil, toisant Jamie de haut en bas avec un regard envieux. "Même pas en rêve." répliqua-t-elle sèchement, d'un air impassible et étrangement calme, en fusillant Andy du regard. Joanne n'avait pas pour coutume de s'énerver, il fallait même dire que c'était extrêmement rare, tout comme lorsque sa jalousie pointait le bout de son nez. Manque de pot, les deux se montraient bien présents le soir-là. Que ce soit une plaisanterie ou non, elle savait qu'il y avait un fond de vérité dans ces paroles. Autre donnée qu'elle assimilait peu de temps après, c'était qu'Andy avait dit "votre truc". Alors quoi, Ariane aussi ? Joanne la dévisagea un bref instant, ne préférant pas songer à ce qu'il s'était passé. Elle se disait alors que c'était derrière eux, qu'ils repartaient d'un bon pied, qu'il ne fallait pas qu'elle se laisse hanter par les anciennes conquêtes de Jamie. Mais qu'il travaille encore avec elle(s) la dérangeait quelque peu, il fallait l'admettre. Ravaler tout ceci ne faisait en revanche qu'accroître son malaise, et la rendait à fleur de peau. Le brun ne tardait pas à revenir avec les boissons en question. Elle le remercia et but immédiatement une gorgée de son muscat. "Non, non. Mais par contre, ils me font part de leur faim de loup. Surtout Andy. Je ne peux que vivement lui conseiller d'aller se servir ailleurs." Rares étaient les fois où elle se prêtait à ce genre de jeu de mots, à croire que sa jalousie faisait faire des petits miracles. Alors, c'était ça, le milieu dans lequel Jamie travaillait ? Elle regretterait presque de l'y avoir encouragé, surtout si c'était pour qu'il devienne l'objet de convoitise de toute la boîte. Mais comme si tout ceci n'était pas assez, voilà qu'une brune, définitivement plus belle que n'importe quelle autre femme présente à cette soirée. Rayonnante comme tout, avec son sourire à en faire tomber plus d'un. Elle s'était présentée en toute spontanéité, toute rieuse, adorable. Joanne lui serra la main, la brune lui semblant plus sympathique que n'importe qui. Sauf que. Ah, l'assistante de Jamie, celle qui arrivait à anticiper le moindre de ses besoins. Quels besoins ? Fabuleux. Quelque peu tactile, de surcroît. Elle aussi, semblait vouloir marquer son petit territoire, se présentant comme celle qui connaissait le brun mieux que tout le monde. Joanne n'aimait pas quand une personne parvenait à ébranler le peu de confiance en elle qu'elle avait pu récupérer au fil des derniers mois. Rien de définitif, mais suffisant pour qu'elle vienne à se demander ce qu'elle faisait encore là. Sauf que Marianna avait l'air sympathique et particulièrement adorable, tout en ayant une personnalité forte – du moins c'était la façon dont Joanne la voyait –, le genre de personnes qu'elle admirait – et jalousait, parfois– sans vouloir l'admettre. A côté, Andy prétendait être touchée par les propos de Marianna. "Je prends en compte vos conseils." lui répondit-elle avec un sourire. Joanne s'était rapidement faite un avis sur le photographe, tout comme sur Ariane d'ailleurs. Des gens qui semblaient bien peu fréquentables. "Joanne." répondit-elle avec douceur. "Et non, je ne travaille pas ici, je..." La blonde soupira. "J'accompagne Jamie, il m'avait proposée de le rejoindre." Ni plus ni moins, ce n'était là que des faits, et la vérité. Quoi que non, ce n'était pas la bonne stratégie à utiliser. Joanne rectifia rapidement le tir. "Nous sommes en couple." Il fallait bien le placer quelque part. Bien drôle de groupe de conversation que voilà. Deux qui adoraient lancer des messages subliminaux et peu catholiques à tout va, une qui ne manquait pas de préciser la proximité qu'elle avait avec son supérieur, un Jamie qui semblait bien nerveux, et une qui faisait office de mouton noir dans le troupeau et qui allait certainement faire officie de bouc émissaire pour bon nombre de mauvaises plaisanteries et qui n'arrivait pas à gérer sa jalousie. Elle finissait par se demander si tout ceci n'était rien d'autre qu'une blague de bien mauvais goût orchestré par on-ne-sait-qui et dont elle était la victime. Trop d'un coup, beaucoup trop, et tout ceci ne la rendait pas très loquace. Et malgré ça, il fallait prétendre. |
| | | | | | | | GQ STAFF + I don't get drunk, I get awesome |
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