| GQ STAFF + I don't get drunk, I get awesome |
| | (#)Dim 18 Fév 2018 - 3:42 | |
| Jamie était nettement plus fun quand il me proposait de terminer la soirée dans son lit. De le voir incertain, à chercher ses mots, à se décomposer à la moindre pique venant d’Andy ou de moi ne me plaisait pas particulièrement, parce que d’office je connaissais le personnage, et qu’à force je le savais plus piquant que ça, plus apte à répondre à mes ironies, à en ajouter même quelques unes au travers. Bien sûr, j’imagine que les démonstrations d’Andy à mon égard et que mon commentaire qualifiant son doigté de légendaire risquent de faire mouche, mais au moins, un petit sourire, un roulement d’yeux, quelque chose à me mettre sous la dent aurait été cool. À la place, voilà qu’il lorgne un peu trop vers le bar, et pire encore, qu’il nous fausse compagnie, probablement le temps d’aller voir si ses couilles sont derrière le comptoir depuis tout ce temps. Mon attention se repose sur la blonde que je scrute maintenant, elle qui semble trouver le temps long entre nos remarques et notre humour pas suffisamment à son niveau, et ça aussi, ça m’agace. Si d’ordinaire je préférais toujours m’attaquer à des gens qui me prouvaient être capables d’en prendre, sa pseudo tentative de marquer son territoire à l’égard de Jamie, et de stopper avec une pointe d’agressivité les blagues grivoises mais totalement inoffensives de mon ami fait grincer mes dents. Comme s’il sentait que de nous laisser tous les trois seuls trop longtemps n’était pas une idée des plus sécuritaires, patron revient se poster à nos côtés, verres en main, tenter de désamorcer l’ambiance qui a perdu quelques degrés depuis les minutes où il s’est barré. « D’ailleurs, entre sel et cumin, qu’est-ce qui est pire avec un oolong selon vous? » la mention de ce qu’on peut glisser dans un verre pour rire - ou pour pire - me fait rebondir, et c’est un battement de cils qui suit mes paroles. Il savait déjà que me passer pour la préposée aux cafés lui coûtait cher aux papilles à chaque fois, mais là, c’est chantante que je lui annonce mes couleurs pour la prochaine fois. Un peu de sang neuf qui vient se joindre à notre petit groupe, et mon visage s’illumine direct à l’arrivée de Marianna. Ses démonstrations chaleureuses envers nous tous terminées, la colombienne est fidèle à elle-même en envoyant une pointe à Andy, ce à quoi je réponds du rire de celle qui assiste à leurs joutes verbales quotidiennes, et qui en redemande toujours autant. « Je pensais que la période des Fêtes et les moments en famille vous auraient rapproché un peu, tous les deux. » et faussement déçue, je laisse la conversation se poursuivre.
Une nouvelle gorgée de cocktail et c’est une toux de surprise que je tente de ravaler, maintenant que l’assistante de Jamie prend la blonde pour une nouvelle recrue. Levant les yeux, je m’assure de ne manquer aucune bribe des réactions de la jeune femme, qui d’un ton outré affirme haut et fort qu’elle et le Keynes sont en couple. « Ah, c’est donc ça. » ma langue claque, et si ma phrase est simple et concise, c’est beaucoup plus qui reste à l’intérieur, commentaires que je me garde de passer entre sa dépendance maladive qui se voit jusqu’ici, son manque de confiance qui lui donne envie de se mettre au centre de tout, et cette façon qu’elle a de nous regarder comme si on n’était que des pantins supposés l’acclamer d’avoir mis le grappin sur Jamie. M’enfin. « Bienvenue dans la famille, alors. » si elle n’a pas capté l’humour au deuxième degré d’Andy plus tôt, elle ne verra aucun mal à ce que mon commentaire soit bourré de sarcasme et de mauvaise foi. Je la sens, la hargne qui me semble bien futile, mais proportionnelle au potentiel qui me fait chier depuis les dernières minutes. « Tout le monde, votre attention s’il-vous-plaît! » le bruit d’un ustensile qu’on cogne sur une flûte attire le regard des employés vers la silhouette gracile de Nathalie qui sillonne la terrasse pour s’assurer qu’on la voit bien agiter des mains, préparer la suite de la soirée. « C’est le moment tant attendu, le Secret Santa commence dans quelques minutes! » qu’elle annonce tout sourire. Ah ouais, ça. Quelques semaines plus tôt elle avait pris le temps de passer par chaque poste de travail pour nous supplier de piger le nom d’un collègue, cadeau secret qu’on devait lui acheter pour souligner Noël comme dans toutes bonnes boîtes listées sous Conde Nast. Elle avait bien sûr insisté des dizaines de fois pour qu’on lui laisse choisir une thématique précise, censée rendre l’exercice fun, mais devant notre maigre enthousiasme sur le combat entre le thème “rouge, vert et blanc” et “quelque chose que Rudolf adore” elle avait fini par plier en nous laissant le champ libre. Les présents se distribuent, les éclats de rire des uns compensent pour la déception un brin cachée des autres, avant que je reconnaisse de loin le papier piqué à Nadia pour emballer mon propre cadeau. « Et ici… on a une jolie boîte pour le patron, Jamie Keynes est demandé à l’avant! » évidemment, les gens sont un peu plus attentifs à ce colis en particulier, se demandant d’ors et déjà qui a eu la lourde tâche de combler le bas de Noël du boss, et qui subira son courroux si le choix ne lui plaît pas. Il revient vers nous quelques minutes plus tard. Pendant que Jamie s’affaire à déchirer le papier et à découvrir ce que j’ai bien pu cacher dans la boîte, je commente, l’air de rien, le sourire en coin. « C’est pour les prochaines fois où vous vous prendrez pour Sinatra. » petit clin d’oeil à notre soirée passée ensemble lors de son arrivée à GQ, et à son moment crooner avec Vee. Entre ses doigts, se trouve un fedora tout noir, plus pour la blague que pour le style. C'était budget minimum de toute façon, fallait pas s'attendre à ce que je lui file une montre sertie de diamants résumant 3 mois de salaire. |
| | | | (#)Lun 19 Fév 2018 - 8:58 | |
| J'adore mon boulot au sein de GQ Magazine, vraiment. Chaque jour que Dieu fait, que mon téléphone sonne au milieu de la nuit pour X ou Y raisons, je sais que c'est dans ce milieu que je veux travailler, c'est ça que je veux faire jusqu'au bout de ma vie. Enfin, le poste au-dessus. C'est le poste de Jamie qui m'intéresse réellement. Mais pas ici, pas dans ce magazine. Parce que non, je ne m'adapte pas à un magazine, je veux créer mon mensuel, je veux faire naître mon petit bébé de papier et le regarder grandir et vivre. Cette idée, je l'ai depuis tellement d'année et si je me retrouve ici ce soir, à mon poste plutôt qu'à celui de Jamie c'est simplement parce que les évènements ont fait que je ne pouvais que me contenter d'être assistante pour apprendre les ficelles du métier. Et puis, avec mon relationnel, j'ai de grandes facilités pour devenir la meilleure du domaine en deux-deux. Parce que je serais passée par le poste inférieur et ça, de nos jours, c'est de moins en moins courant. Et avant de me présenter, je m'annonce par une main sur l'épaule de mon patron, de notre patron à nous tous ici. Je souris à la blonde et tourne le visage vers Andy, un regard plein de dédain que seul lui et Ariane peuvent voir. " Ça fait douze ans que je te connais, je sais clairement de quoi t'es capable hein " Je lui adresse un léger sourire parce que je ne peux pas me permettre de plus le casser, de lui dire Ah bah tiens, tu sais parler anglais toi maintenant ? parce que j'y perdrais ma crédibilité. " Jamais " Soufflais-je à Ariane avant de m'intégrer un peu mieux dans ce quatuor – bientôt sextuor parce que Thea va bien finir par nous rejoindre. Je me présente à la jeune blonde aux côtés de Jamie et elle n'est dans aucun service. Oh. Mes yeux glissent sur la jeune femme et des tas de choses sautent à mes yeux. En effet, j'aurais du le savoir au premier coup d'œil qu'elle n'était pas de GQ Magazine. Sa façon de se tenir n'évoque pas la confiance, l'assurance, le côté shark qui nous caractérise un peu tous ici. C'est la crème de la crème après tout. On parle d'un trimestriels, pas du journal du lycée. Quoi que. Elle aurait très bien collée en tant que comptable. Je l'imagine déjà derrière son écran à entrer des tas de chiffres dans son logiciel de comptabilité, créer des factures pour chacune de nos dépenses. Peut-être qu'elle est comme Andy, un service extérieur, une pièce rapportée. Mais non, la raison de sa présence tombe assez vite et je regarde Jamie, un peu choquée. Ah. Il est en couple. D'accord. Et il ramène sa dulcinée à notre soirée de Noël du personnel ? On aurait du faire un arbre de Noël et j'aurais ramené Gina tiens. " Eh bien enchantée. On n'a jamais entendu parler de vous en tout cas. Moi qui pensait que vous sépariez vie privée et vie professionnelle, je suis surprise de ce retournement de situation " Et peut-être un petit peu vexée qu'il ne veuille pas de moi dans sa vie privée alors qu'il l'intègre elle dans sa vie professionnelle. Tout ça, toutes ces limites, ce n'est que dans un sens alors ? " Et on vient quand manger un rôti de porc et des fagots de haricots chez vous alors boss ? Soirée pour fêter le nouvel an et se souhaiter prospérité pour cette nouvelle année qui arrive ? " Je sais très bien qu'il dira non et tout ce qui va avec mais je l'imagine bien derrière les fourneaux et, puisque nous sommes ici dans une zone personnelle-professionnelle, je me comporte avec lui comme je me comporte avec tout le monde, légèrement garce sur les bords. Ariane lui souhaite bienvenue dans la famille et j'enfonce mes ongles dans la paume de mes mains. Et rapidement, c'est l'heure du Secret Santa alors j'en profite pour quitter le groupe pendant les blablas incessants de Nathalie. Sa voix m'irrite et cette situation me déplait grandement. J'aurais mieux fait de rentrer chez moi ce soir. Je prends un Cosmopolitan – juste pour balancer un pic que seule moi comprendra surement, une boisson qui a le même nom qu'un magazine – et je retourne vers le petit groupe alors qu'Ariane offre son cadeau à notre supérieur. J'ai presque envie de lui enfoncer sur la tête mais je ne bouge pas. " Avec votre veste de costume beige Dolce & Gabanna et une chemise blanche, ça sera magnifique " Il n'avait pas besoin de conseil mode mais je connaissais sa garde robe sur le bout des doigts. Et pourtant, c'est pas facile de faire la différence entre les différents costumes d'un homme. Mais moi, ça m'intéresse. Je ne finirais pas ma vie avec un plouc, c'est mort. Mes standards sont un peu trop haut, que voulez-vous.
Dernière édition par Marianna Rodriguez le Lun 19 Fév 2018 - 9:45, édité 1 fois |
| | | | (#)Lun 19 Fév 2018 - 9:26 | |
| Thea discutait avec Nunzio depuis seulement quelques minutes et tout semblait bien aller. La jeune femme était heureuse de lui parler et il était un bon ami pour Thea. Toutefois, après seulement dix minutes, Nunzio abandonna la jeune femme et alla discuter avec quelqu'un d'autre. La graphiste venait de se faire laisser comme une vieille chaussette. Elle ne savait pas si elle devait être insultée ou si elle ne devait pas s'en préoccuper et rester à la soirée, tout en ayant du plaisir à discuter avec ses autres collègues. Thea fit semblant que tout allait bien, restant tout de même au bar, buvant une gorgée de sa boisson alcoolisée qui n'était pas très bonne, mais, à défaut d'avoir mieux, la jeune femme garda sa boisson et se força à la terminer. Elle vit alors son patron s'approcher d'elle. « On dirait bien que oui. » La brunette haussa les épaules, souriant timidement. Il lui proposa de venir discuter avec d'autres personnes. Thea ne pouvait pas refuser une telle proposition. Elle était sur le point d'accepter, lorsqu'il retourna vers le groupe de personnes. Thea prit sa boisson et alla donc les rejoindre, espérant que tout allait bien se passer avec eux. La jeune femme embarqua dans la conversation, lorsque quelqu'un annonça le Secret Santa qui était devenu une tradition au GQ Magazine. « Je me demande ce que je vais recevoir. Je suis très curieuse, je dois l'avouer. » Oui, la curiosité pouvait parfois être un vilain défaut et la graphiste l'acceptait sans aucune difficulté. C'était une partie de sa personnalité. Il fallait mieux en rire qu'en pleurer. Jamie eut alors un cadeau. Il s'agissait d'un magnifique fedora qui convenait parfaitement à son patron. « Il est très joli. C'est un très bon choix de cadeau. » En fin de compte, être venu vers ce groupe fut une excellente idée aux yeux de la jeune femme qui avait beaucoup de plaisir. |
| | | | (#)Mer 21 Fév 2018 - 3:34 | |
| "Alors patron, comment trouvez-vous la soirée ?" Malgré la main qui passe furtivement sur mon épaule, je sursaute légèrement. Mon regard tombe sur Marianna dans une robe rouge comme elle semble en avoir des dizaines –ce qui n’est pas tant un problème tant qu’elles lui vont bien-, bien apprêtée, le sourire aux lèvres. Je suis plutôt content de la voir ici ; elle et moi avons une bonne dynamique et la jeune femme a juste ce qu’il faut pour survivre à mes côtés dans la sphère professionnelle. Sur le moment, je me dis qu’elle peut rendre cette soirée plus agréable. « C’est trop tôt pour le dire. » je réponds donc. Il y a un instant, je pensais que ce pré-Noël était moins pire que prévu, et maintenant, je n’en suis plus autant convaincu. J’ai bon espoir que la troupe cesse de m’embarrasser et me faire honte auprès de Joanne ; le fait est que je ne suis pas au bout de mes peines. A peine de retour auprès du groupe, je comprends que laisser la jeune femme auprès d’Ariane et Andy n’était pas particulièrement une bonne idée. Je sens la petite blonde tendue, sur la défensive, tandis qu’elle se montre peu réceptive à une pointe d’humour. "Non, non. Mais par contre, ils me font part de leur faim de loup. Surtout Andy. Je ne peux que vivement lui conseiller d'aller se servir ailleurs." Les yeux plissés, je les regarde tour à tour, pas certain de tout saisir. Et c’est avec toute la naïveté du monde que je pointe les plats disposés plus loin sur la terrasse ; « Well, le buffet est juste là, vous savez… » Les sourires en coin laissent deviner qu’il y a quelque chose qui m’échappe. L’ambiance est étrange, c’est peu dire, et le malaise palpable de mon côté et de celui de Joanne. Je veux croire que ce n’est pas vraiment comme ça, tous les jours, au travail, que cette soirée n’est pas l’exergue du climat dans l’open space. Que nous valons quand même mieux que de l’humour potache, salace, et des joutes entre collègues. Ou peut-être est-ce simplement une confirmation placardée juste sous mon nez que je ne suis pas fait pour me mêler à eux en dehors des heures de travail. Le très, très embarrassant "Nous sommes en couple." de Joanne reçoit quand même le soutien d’un bras que je passe autour de sa taille pour le confirmer. Je sens qu’un jour prochain la jeune femme me demanda des explications sur le silence de ma part à ce sujet un peu plus tôt. « Bienvenue dans la famille, alors. » lâche une Ariane qui sonne faux. "Eh bien enchantée. On n'a jamais entendu parler de vous en tout cas." J’écarquille les yeux. Que quelqu’un la fasse taire. "Moi qui pensait que vous sépariez vie privée et vie professionnelle, je suis surprise de ce retournement de situation. Et on vient quand manger un rôti de porc et des fagots de haricots chez vous alors boss ? Soirée pour fêter le nouvel an et se souhaiter prospérité pour cette nouvelle année qui arrive ?" Je serre les dents et me montre pragmatique jusqu’au bout. « C’est prématuré. » Sauvé par le gong ; la voix de Natalie parvient à réunir un peu de silence et d’attention autour d’elle tandis qu’elle annonce le début de la distribution des cadeaux du Secret Santa où Marianna m’a inscrit de force. Je ne suis pas doué en matière de cadeaux pas chers. Autant dire que je ne partage pas vraiment l’impatience dont fait preuve Thea, et j’appréhende assez ce cirque. Forcément, je suis le premier appelé, et cela n’est pas plus mal ; le plus vite le mieux. Le paquet n’est pas savamment emballé et il ne me faut pas longtemps avant d’en sortir le fedora offert par Ariane qui commente ; « C’est pour les prochaines fois où vous vous prendrez pour Sinatra. » Du coup de l’œil, je guette la réaction de Joanne. La jalousie étant un trait de caractère commun et particulièrement prononcé, je ne serais pas étonné qu’elle se monte la tête, se demandant où et quand la rouquine a pu m’entendre chanter et regretter que cela ne soit plus son privilège. « C’est adorable, merci. » dis-je avant de coller une bise sur chaque jour d’Ariane. « Il est très joli. C'est un très bon choix de cadeau. » commente Thea avec raison. "Avec votre veste de costume beige Dolce & Gabanna et une chemise blanche, ça sera magnifique." ajoute Marianna, pointue, précise, sûre d’elle d’une manière qui ferait presque peur. « Comment… » « La suite, la suiiite ! » Interrompu par Nathalie, je n’aurais jamais l’occasion de demander par quel miracle la belle brune connaît la marque de mes vestes. Plusieurs employés du magazine passent à leur tour jusqu’à ce qu’un membre de notre groupe soit sollicité à nouveau ; « J’appelle Thea à venir récupérer son cadeau ! » Vœu exaucé pour la jeune femme, et je croise les doigts pendant qu’elle ouvre le paquet afin qu’une couche de honte ne s’applique pas sur les précédentes qui ont à peine eu le temps de sécher ; c’est un carnet à dessin, loin de la suggestion des autres demoiselles ci-présentes d’offrir un sextoy à notre ingénue. Thea en a sûrement des dizaines, qu’importe à quel point la couverture de celui-ci est esthétique. « C’est sûrement ce que je pouvais trouver de moins original, désolé. » j’avance, offrant le bâton pour me faire battre. Et pendant que les cadeaux à bas budget continuent de pleuvoir, je me penche à l’oreille d’une Joanne à fleur de peau pour lui chuchote ce que toute personne à cran adore entendre ; « Ils ne mordent pas, détends-toi. » |
| | | | (#)Mer 21 Fév 2018 - 8:53 | |
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C’est vrai que Marianna sait de quoi tu es capable. Tu te contentes de lui sourire pour l’énerver. La deuxième moitié de Jamie a pas l’air commode. Toi tu plaisantais bien sûr. C’est pas comme si tu pouvais te taper le mec d’une meuf devant elle. Quoi que quelque chose te dit que Ariane te laisserait certainement avec Tad du moment qu’elle peut se rincer l’oeil. Mais là avec Joanne, c’est pas le même délire. Elle te regarde avec des yeux qui veulent tout dire. T’as compris, chasse gardée. Tu ris légèrement quand elle annonce ta faim de loup. Tu lui fais un clin d’oeil par automatisme l’air de dire « bien vu gurl ». Jamie parle du buffet en réponse à ton appétit mentionné par sa compagne, tu souris bien largement. Il est cute, il a pas idée. C’est peut être mieux comme ça. C’est le boss après tout, enfin, t’oses espérer qu’il a le sens de l’humour. Surtout que c’est que des compliments que tu as fait à son égard.
« Très beau buffet d’ailleurs. »
Tu parles de Jamie ? On sait pas. Ariane qui fait un commentaire sur les fêtes avec Marianna et c’est vrai que t’as eu droit à un repas chez les Rodriguez. C’était quand même pas assez pour vous rapprocher comme elle l’annonce. Tu fais une mine qui veut dire « tu rêves tu connais Marianna ».
Tu fais pas de commentaires quand Joanne annonce être en couple. Ariane lui souhaite bienvenue dans la famille et tu bois une gorgée de ton verre pour t’occuper. Marianna se gêne pas pour faire quelques remarques et tu caches ton sourire derrière ton verre. Tu l’aimes cette fille quand même. Tu captes carrément le malaise de Jamie. Elle va se faire taper sur les doigts et cette idée te ravit.
Une tête de plus se joint à votre cercle et s’en vient le moment des Secret Santa. T’as pas participé, t’es pas un employé à part entière et tant mieux. Ca t’aurais saoulé de trouver un cadeau pour quelqu’un que tu connais certainement pas. Déjà que tu galères à acheter des trucs pour ceux que tu connais. Enfin, t’aurais sûrement pris une bouteille de vin. Solution de facilité. Jamie récupère son cadeau, fait par Ariane visiblement. Tu ressers ton bras autour de sa taille et tu lui parles à l’oreille.
« T’as trafiqué le jeu pour le tirer lui ? Bien joué. »
Le cadeau a l’air de faire son petit effet. C’est donc Thea qui se fait offrir quelque chose par le boss. Tu bois ton verre qui fini par être vide. Tu t’éclipses deux minutes alors que les cadeaux continuent d’être échangé et tu vas prendre deux nouveaux verres de punch. Un pour toi, un pour Ariane. Tu lui mets devant quand tu reprends ta place dans le groupe. Tu embrasses doucement la joue de la rousse et tu replaces ton bras autour d’elle.
Tu te fais bousculer, tu te retournes pour voir ce qu’il se passe et visiblement c’est un mec très éméché. Il s’excuse en baragouinant et file du côté du bar en marchant de travers. C’est ça l’alcool gratuit, y’a toujours de l’excès dans ces soirées.
« Marianna, si tu veux écarter les cuisses ce soir je t’ai trouvé le prétendant parfait. »
Tu parles, dans ta langue natale, du mec bourré bien évidemment. Ca te fait marrer parce qu’il risque plutôt de lui vomir dessus, et c’est bien ce qui te plaît dans l’histoire. Puis tu réalises que c’est pas très poli de parler en espagnol devant des gens qui comprennent pas alors tu fais la traduction.
« Désolé, je demandais si elle avait participé à l’organisation de la soirée parce que c’est parfait. »
Avec ton air le plus angélique qui soit. Celui que tu arbores à chaque repas chez elle, devant sa famille.
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| | | | (#)Mer 21 Fév 2018 - 12:41 | |
| Joanne ne faisait pas partie de la maison, et le peu de personnes avec qui elle était supposée discuter le lui faisaient bien comprendre; elle n'était pas vraiment la bienvenue. Et plus la soirée avançait, plus elle se disait que c'était finalement une mauvaise idée d'être venue. Non seulement Jamie se montrait particulièrement sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi, mais ses collègues se montraient en plus bien peu sympathiques avec elle. De l'humour bien lourd et très indélicat, pas le genre de rigolades auxquelles elle aurait pu s'attendre au sein d'une équipe d'un tel label. Le rédacteur en chef semblait aussi bien ravi de voir sa chère et tendre assistante. Fort heuerusement, le ridicule ne tue, sinon Joanne serait morte depuis bien longtemps. Forcément, n'ayant pas suivi grand chose de la conversation précédente, Jamie arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe, sans pouvoir comprendre les lourds sous-entendus que Joanne avait glissé dans ses propres – pour une fois qu'elle le faisait. Il se contentait alors de rebondir sur le premier degré, ce qui faisait gentiment sourire tous le monde, sauf Joanne. Et Andy qui en rajoutait une couche, ça en devenait lourd. Mais les festivités ne s'arrêtaient certainement pas là. Elle avait jugé de préciser qu'ils étaient ensemble, puisque Jamie n'avait pas jugé bon de le dire plus tôt. Mais ce dernier semblait plus embarrassé qu'autre chose face à cette révélation. Alors quoi, il en avait honte, maintenant ? Ariane, sous ses grands airs, hautaine et fière au possible, particulièrement ravie d'être mauvaise et d'une grande méchanceté, ne manquait pas d'insolence non plus. Son attitude cherchait à faire réagir, mais tout ce qu'elle obtenait de Joanne était un sourire des plus naturels et un "Merci beaucoup." d'un ton particulièrement calme. Elles n'avaient pas les mêmes techniques d'approche, loin de là. Joanne savait qu'elle n'avait pas beaucoup de réparti, mais elle pouvait rester de marbre dans la mesure du possible. Mais elle commençait surtout à atteindre ses limites, quand Marianna pointait du doigt le fait que personne ne savait qu'ils étaient ensemble. Et elle remuait le couteau dans la plaie, l'air de rien. La blonde se passait de tout commentaire. Finalement, elle n'était pas certaine de pouvoir apprécier Marianna non plus. A se demander ce que Jamie pouvait bien faire parmi des gens pareils. C'était maintenant l'heure des cadeaux apparemment. Toujours muette, Joanne observait sans rien dire le brun récupérer son présent. Et, comme par hasard, Ariane était la désignée pour le présent. Marianna semblait aussi connaître son dressing par coeur et la rousse révélait ensuite qu'elle l'avait déjà entendu chanter. Intérieurement, Joanne fulminait, extérieurement, elle serra sa mâchoire. Bien sûr qu'elle était jalouse, bien sûr qu'elle avait horreur de savoir qu'elle n'était plus la seule à l'avoir entendu chanter – si seulement elle savait. La petite brune qui avait rejoint le groupe félicitait le choix du chapeau. Elle était assez discrète et avait l'air plutôt sympathique, mais Joanne ne préférait pas s'avancer de trop à nouveau, elle avait eu tort bien trop de fois déjà en l'espace d'une soirée. C'était au tour de la brune d'ailleurs de recevoir son cadeau. "Je trouve la couverture du carnet vraiment très belle." dit-elle Thea, avec le sourire le plus sincère qu'elle ait pu avoir depuis qu'elle avait mis les pieds. "Vous dessinez beaucoup ?" Autant aborder d'autres sujets de conversation, faire passer le temps, peut-être trouver une issue pour améliorer un peu une ambiance que la blonde commençait à trouver insupportable. Sa nouvelle interlocutrice avait l'air bien sympathique. Pendant que le reste des cadeaux pleuvaient, Jamie se pencha pour lui chuchoter quelques mots qui n'allaient certainement pas la détendre. Elle avait tellement envie de lui hurler dessus à énumérer toutes les raisons qui l'embêtaient, non, qui l'énervaient au plus haut point. Mais contrairement à d'autres, elle tenait à rester un tant soit peu civilisée en pleine société et se contentait de le fusiller du regard. C'était extrêmement bref, une fraction de secondes, mais amplement suffisant pour que Jamie le voit. Joanne n'avait pas l'habitude d'être en colère, et c'était une émotion qu'elle n'avait jamais su comment exprimer. La jalousie était quant à elle bien plus flagrante, mais pour le reste, tout s'accumulait et faisait office de bombe à retardement. Elle inspira profondément et adressa enfin un regard plus doux, avec un sourire de façade qui frisait la perfection. A croire qu'elle apprenait aussi à avoir des masques. "Tes collègues sont vraiment adorables. Ils sont accueillants, ne manquent pas d'humour et je suppose que l'ambiance doit être parfaite dans les locaux. Vous avez l'air proches, à vraiment bien se connaître, une bonne cohésion, beaucoup de partage, à l'évidence. L'essentiel est là, c'est le plus important." Bien sûr qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait. Elle n'en avait rien à faire que les autres l'entendent ou non. Autant ne pas faire de scène au milieu de ce si beau monde. Bien sûr que Joanne ne pensait aucun de ses mots, et le calme et le sourire qu'elle avait employé avec ses phrases étaient particulièrement déroutants. Du partage, ça oui, il y avait l'air d'en avoir vraiment beaucoup, c'est sûr. Joanne se demandait ce qu'il pouvait bien faire au milieu d'une horde pareille. Tant qu'il s'y plaisait lui, c'était l'essentiel, se disait-elle. Et puis Andy, qui n'arrêtait de peloter Ariane à la moindre occasion, certainement à charge de revanche lorsque Joanne avait osé poser sa main sur le dos de Jamie. Elle arquait un sourcil en les regardant d'un air dubitatif et avait bien de leur cracher au visage qu'ils feraient mieux de se trouver une chambre (ou d'aller dans les locaux de GQ, ils y seraient tranquilles à cette heure-ci et en cette période de l'année). Certaines personnes étaient déjà bien imbibées d'alcool et l'un d'entre eux ne manquait pas de bousculer le photographe. Il se mit à parler en espagnol à l'assistante de Jamie. La sessions des cadeaux arrivait enfin à son terme et chaque groupe de discussion se reformait à nouveau. "Parfait, effectivement." répéta-t-elle, toujours avec cet air naturel alors qu'elle n'en pensait absolument rien. Elle aurait voulu que la soirée se termine. Tout en restant aux côtés de Jamie, elle préférait discuter avec la dénommée Thea, bien qu'elles n'avaient pas été présentées en bonne et due forme. En général, Joanne se serait plutôt fermée comme une huître mais elle se disait que cette attitude serait un énième prétexte pour être encore lynchée. Quoi qu'elle fasse, elle savait qu'ils allaient continuer, mais elle ne voulait plus être celle qui alimentait à foison leurs pics plus douloureux les uns que les autres. Le pire était qu'ils ne s'en rendaient même pas compte, que ça blessait énormément Joanne. Ils n'en avaient rien à faire, cela dit, ce n'était pas leur problème. Cela n'empêchait pas qu'elle était à bout de nerfs, et que si la soirée se poursuivait dans cet esprit là, elle finirait par partir bien plus tôt que prévu, après avoir jeté son verre de muscat sur quelqu'un – parce que c'était l'une des choses les plus violentes dont elle était capable, oui oui. "Et vous, que faites-vous au sein de GQ ? Dans quel service travaillez-vous ?" demanda-t-elle alors à Thea, curieuse d'en savoir un peu plus sur elle. |
| | | | (#)Mer 21 Fév 2018 - 20:13 | |
| J'aurais vraiment du rentrer chez moi. Mon père est sur Sydney avec Gina et ma belle-mère. Ils sont partis voir des amis à eux et j'ai donc la maison pour moi toute seule. J'ai la maison pour moi toute seule donc. J'aurais pu faire plein de choses. Comme dormir. Mais non, je suis là, entourée de mes collègues que je vois déjà toute la semaine. Entourée de mes collègues et de la copine du big boss. Oui, j'ai un peu de mal à l'avaler quand je vois la façon dont il s'efforce de délimiter vie privée et vie professionnelle. Pas tant que ça, finalement. Enfin, je fais avec parce que je n'ai guère le choix. Thea reçoit son cadeau et je souris légèrement. Il ne s'est pas foulé le coco. Mais bon, ça lui convient bien à Thea, ce cadeau. Je veux dire, elle est infographiste alors bon, du papier et des stylos, c'est toujours très important dans la vie. Je suis sure qu'elle a déjà des tonnes de carnet pour ses différents projets et, intérieurement, j'ai grave envie d'aller fouiner dans son bureau pour voir si elle n'a jamais dessiné Jamie ou moi. Ma curiosité est piquée à vif et pendant qu'on se débarrasse enfin d'Andy – amen – c'est moi qui donne mon cadeau à Ariane. C'est dans une belle et grosse boite carré. Un t-shirt blanc avec des imprimés noirs. J'ai tout fait moi-même, bien entendu. Dessus, c'est écrit "C'EST QUI LE PATRON ?" en lettres majuscules et, en dessous, on peut voir un croquis d'une Ariane le poing levé avec… un vibro dans la main. Après tout, on sait TOUS qu'elle en reçoit des tonnes avec le boulot et quand je vois le petit stagiaire qui fait la distribution du courrier, je ne suis jamais loin pour aller faire mon shopping personnel. " J'en ai fait faire un deuxième, un peu moins… voyant " Que je lui souffle avec un léger sourire. Au cas où elle aurait envie de passer un T-shirt un peu moins connoté sexuel quoi. Le deuxième est similaire en tout point sauf qu'à la place du vibro, on peut voir un croquis d'un magazine GQ avec, en couverture, des mini dessins de deux personnes, un drapeau Colombien derrière eux. " C'est Andy et moi. Juste pour toi, on peut faire un petit effort " Que je souffle avec un large sourire. Mais quand le colombien revient avec une boisson pour Ariane et lui, je lève les yeux au ciel. " En fait non, je retire ce que je viens de dire " Je me tourne vers le petit groupe et leur souris largement. Surtout à Joanne qui ne semble pas très encline à la discussion avec nous tous. " Courage Joanne, votre supplice est bientôt terminé " Soufflais-je avec un sourire sur le visage alors que mon corps crie – et hurle – des insultes à tout va. Ce n'est pas contre elle que j'en ai, c'est contre son statut et alors que j'entends la voix d'Andy, je me tourne et pose mon regard sur… le-dit stagiaire-postier. " J'te le laisse. J'ai d'autres projets. Le pouvoir ça m'excite un peu plus " Soufflais-je avant qu'il fasse une traduction bien plus approximative que ça. Je ris légèrement et hausse les épaules. " C'est mon plus grand fan " Soufflais-je avec un très large sourire. Je soulève une feuille de soie dans le carton et balance le t-shirt au visage d'Andy. " C'est pour toi ça, frérot " Soufflais-je avec un large sourire. C'est un t-shirt avec écrit "c'est qui le patron ?" dessus mais avec MON visage en grand et en couleur. Une vraie photo, un truc qui m'a pris 30 secondes à faire. " Allez, mets le " Soufflais-je avec mon plus beau sourire sur le visage. Et quand Joanne dit que la soirée est parfaite j'ai envie d'hurler "ah bon, bah ça ne se voit pas sur votre visage en tout cas !" Mais non. Elle n'a rien demandé pour subir mes courroux. " Nous ne faisons pas un duo d'enfer avec Jamie pour rien, n'est-ce pas boss ? Vous m'avez choisi mais je vous ai choisis aussi un peu… " Parce que je ne travaille pas pour n'importe qui. Je n'abandonne pas mes projets et mes rêves pour le commun des mortels. Pas folle la feuille. " Vous voulez boire quelque chose Jamie ? Votre verre est vide… " Je lui adresse mon plus beau sourire. " Votre petite amie est en bonne compagnie, je peux vous accaparer trente secondes ? J'ai reçu les chiffres pour la vente du magazine à J+3 " Autant parler de boulot pour le détendre. J'aurais bien d'autres manières de le faire mais je n'ai pas envie de perdre mon poste.
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| | | | (#)Jeu 22 Fév 2018 - 2:23 | |
| La fête battait son plein et les gens semblaient s'amuser. En ce qui concernait Thea, c'était effectivement le cas. La jeune femme ne pouvait pas être plus heureuse, qu'à cet instant. Elle ne pensait même plus au fait que Nunzio l'avait abandonné comme une vieille chaussette, pour aller draguer une fille plus jolie que Thea. Elle discutait avec un groupe de personnes et se sentait à l'aise avec eux. La brunette riait et discutait de tout et de rien, comme dans une fête. Le Secret Santa venait tout juste de commencer, lorsque Thea entendit son nom. Surprise, elle alla chercher son cadeau et le déballa devant Jamie. C'était donc lui qui l'avait pigé. La jeune femme découvrit alors un magnifique carnet, afin qu'elle puisse dessiner. Thea en avait plusieurs, mais celui-ci était le plus beau dans sa petite collection. « Ne vous excusez pas, il est magnifique. Merci! » La graphiste n'a jamais été une grande matérialiste, bien au contraire. Elle alla alors rejoindre le groupe et la blondinette du groupe se mit à lui parler. « Merci, c'est gentil. J'avoue que je l'adore moi aussi. » Elle ne la connaissait pas très bien, mais elle semblait réellement être gentille, alors Thea était heureuse de discuter avec elle. « Oui, en effet. Disons que ça fait partie de mon emploi et je ne vais pas m'en plaindre. Dessiner est une passion pour moi. » Le Secret Santa continuait, offrant des cadeaux aux employés du GQ Magazine. La jeune femme répondit alors à la question de la blondinette. « Je suis graphiste. » Thea désirait continuer la conversation avec la petite-amie de Jamie, Nathalie parla à nouveau. « Nous avons un cadeau pour Marianna! » Thea savait qu'il s'agissait de son cadeau. Ce n'était pas le cadeau le plus original, mais c'était une petite pensée qui allait probablement faire plaisir à Marianna, l'assistante de son patron. Il s'agissait d'un magnifique foulard rouge foncé, tout ce qu'il y a de plus normal. « J'espère qu'il te plaît. » Thea sourit timidement. |
| | | | (#)Jeu 22 Fév 2018 - 12:15 | |
| Oh, tiens, elle est encore là la copine du boss, elle nous ravit de sa présence fuyante aux sourcils froncés, à la tête de celle qui s’emmerde, à l’attitude de celle qu’on n’aime pas maintenant, qu’on n’aimera probablement jamais. Si je détestais profondément les gens qui se la jouait victime en comptant sur leur moue boudeuse et leurs yeux vitreux pour mériter traitement de faveur et faire au passage quelque chose de leur peau, la blonde frôle des niveaux encore inexplorés lorsqu’elle laisse échapper un “merci beaucoup” pas confiant du tout, pas subtil non plus, auquel je répond du sourire carnassier de celle qui s’étonne que le sarcasme soit passé, compris, et que justement Joanne réalise très bien que sa carrure molasse et ses pitoyables tentatives de marquer son territoire autour de Jamie - encore heureux qu’elle ne lui pisse pas dessus à l’heure où on se parle - ne lui offrent en aucun cas l’immunité face à nous. Trop peureuse pour s’avouer qu’elle joue à l’enfant gâté, occupée à camoufler le fait qu’elle est terrifiée qu’il nous trouve moins ennuyants qu’elle. C’est d’un pathétisme encore sans nom et c’est bien parce qu’elle est au bras du boss que je lui accorde la moindre attention, importance. Même réaction que je capte chez Marianna qui comprend direct mes appréhensions face à Joanne, et qui saisit d’un regard que nous aurons bien des choses à juger dans la salle à manger lundi prochain. Le cadeau de Jamie semble lui plaire, et lorsqu’il pose ses lèvres sur ma joue, je vrille mes iris direct dans ceux de Joanne, petit jeu de pouvoir qu'elle a cherché, et que j’apprécie particulièrement quand je vois la pâleur de son visage faire fi des regards de haut de petite pimbêche dont elle nous couve depuis que son air d’animal perdu a passé la porte. C’est bien parce qu’Andy sait que son contact sur ma peau me calme direct qu’il insiste, qu’il enserre ma taille, qu’il essaie de me détendre. Ce n’est pas de la jalousie qui se lit sur mon visage, c’est simplement une profonde déception. Ce patron que j’estimais tant, ce mec au pouvoir qui avait un caractère de feu et une poigne de fer, mené au doigt et à l’oeil par une voix nasillarde et des épaules renfoncées, ça passe pas. « Merci pour le stamp of approval, trop d’honneurs venant de votre part. » elle se croit bien bonne, bien miséricordieuse à encenser notre équipe, à faire l’hypocrite devant nous, et surtout face à Jamie. Lui mentir effrontément en plein visage et le prendre pour un vulgaire type stupide devant son équipe de travail n’est pas, à mon sens, la meilleure tactique pour le garder fidèle devant la tentation. J'ai envie d'aider à prouver mon point. Et ses éloges sur le fedora offert, souvenir d’une soirée à deux où il m’avait laissée l’impression d’être tellement plus. Je me demande si la blonde se ravit de voir que le chapeau s’accorde parfaitement avec la laisse invisible qu’elle entortille au cou de mon rédacteur en chef. Heureusement, Marianna me sort de ma torpeur et de ce trou béant de lassitude que la non-GQ m’inspire en m’offrant un cadeau tout DIY, cadeau qui m'arrache le plus franc des rires de toute la soirée. On n’était peut-être pas une équipe sortie de la MENSA, on n’était peut-être pas des enfants de riches avec le cul bien serré et les rêves alignés parfaitement entre la maison en rangée, le mariage de princesse, le gamin aux cheveux parfaits et les tailleurs qui s’accordent à nos coupes de vin blanc de la tristesse du mardi après-midi, mais on était bien. Une famille, dysfonctionnelle à souhait, passionnée, motivante, solide. C'est ce que je réalise un peu plus en voyant les cadeaux qui continuent de se distribuer, petites pensées pas chères du tout, mais attentions réfléchies qui font de nous un tout. On s’aimait à GQ, fort, mal, maladroitement, on était une équipe, et grand bien en fasse à ceux qui passaient le cap et entraient dans la cadence. Les autres, qu’ils passent au buffet ; le vrai. « T’es adorable, merci. » venant de moi, ce genre de phrase prenait tout son sens et Marianna ne le comprendra que trop, un baiser qui claque sur son front. Et avant qu’elle s’esquive avec Jamie, qu’ils parlent de boulot, qu’ils s’isolent le temps de régler quelques détails urgents qui nous aideront à garder le cap pour commencer l’année aussi haut dans les palmarès que nous l’avons finie, je les accroche, je résume. « Oh, ça me fait penser que je pourrai sans soucis vous revenir avec le dossier St-Valentin une semaine tout pile avant la date de tombée ; comme ça, on sera pas pris pour retravailler les visuels à la bourre comme l’an dernier. » sachant que, comme à chaque année, dès la dernière semaine de janvier j’étais cloîtrée au bureau, autant m’y prendre d’avance. À Jamie, et à Joanne, obvi - j’ajoute, malicieuse. « Et ça nous empêchera de nous ajouter une nouvelle nuit blanche de boulot en duo, aussi. »
Thea se sacrifie pour faire la conversation à la blonde et dès l’instant où elles sont seules toutes les deux, je tourne le dos à Joanne comme si elle n’avait jamais mis le pied ici. Andy m’entraîne un peu plus loin, profiter d’un autre angle de la terrasse qui donne une vue vers le pont, les flots. Conclusion nécessaire à la scène précédente, que je laisse couler à mon ami, entre deux gorgées. « J’aimerais te dire que je suis étonnée qu’un mec comme lui soit avec une nana comme elle. » rien à faire de ses piques molasses et de ses tentatives de se montrer menaçante. « Mais à le voir se comporter quand elle est dans les parages, je me demande qui est le plus soumis entre la stepford wife et le chiot de poche. » Andy toujours à mes côtés, c’est l’occasion de rattraper le temps perdu et de lui laisser libre court pour me raconter toutes les histoires salaces qu’il a pu vivre depuis la dernière fois où on s’est croisés. Toute ouïe, je prends même des notes mentales, ses épopées m’ayant aidée à plusieurs reprises à sceller quelques articles, à boucler nombre de podcasts. Ce n’est qu’un verre et demi plus tard, la soirée allant bon train, Nathalie qui abuse un brin du punch et les danses de groupe toutes plus clichées les unes les autres qui se lancent que je fais signe au Rivera de terminer son punch, que la soirée nous a accueillis assez longtemps, que c’est le temps pour un round two. « On fait une dernière tournée et on part rejoindre les autres chez Charlie? Marianna vient. » |
| | | | (#)Lun 26 Fév 2018 - 0:53 | |
| Le cadeau de Thea remporte un succès auprès de la principale intéressée, et c’est tout ce qui importe à mes yeux. Je me contente d’un sourire, rassuré, et laisse la jeune femme et Joanne engager une conversation qui ne soit pas à base de piques infantiles. L’idée n’était pas tant d’assister à une lapidation en public de ma compagne que de donner à mon équipe un peu plus à voir de leur patron comme ils le réclamaient. Un aspect plus humain que leurs vacheries stupides mettent de plus en plus à fleur de peau. Je saisis que les réticences naturelles de Joanne face à un environnement nouveau lui ont donné des airs snobs que le reste du groupe n’ont pas perçu d’un bon œil sans prendre la peine de lui laisser la moindre chance pour autant. A mes yeux, celui qui frappe le premier est forcément le fautif -parole d’expert- et dans ce cas de figure, le blâme se porte sur mes propres collègues qui me couvrent de honte de minute en minute. Ma tentative de tempérer auprès de la petite blonde, définitivement braquée face à des assaillants qui n’ont pas l’air de s’encombrer de bienséance, relève de l’échec pur et simple. A son tour elle use du cynisme afin de répliquer, et ne parvient qu’à envenimer la situation. "Tes collègues sont vraiment adorables. Ils sont accueillants, ne manquent pas d'humour et je suppose que l'ambiance doit être parfaite dans les locaux. Vous avez l'air proches, à vraiment bien se connaître, une bonne cohésion, beaucoup de partage, à l'évidence. L'essentiel est là, c'est le plus important." Mon visage se ferme, le regard dur, déçu et agacé ; « Et tu te crois vraiment mieux, là, tout de suite ? » Et dans cette partie de ping-pong ridicule, il fallait bien évidemment compter sur les deux pimbêches incapables de garder leurs bouches fermées et de faire preuve d’un minimum de ménagement, les rendant parfaitement indéfendables ; « Merci pour le stamp of approval, trop d’honneurs venant de votre part. » "Courage Joanne, votre supplice est bientôt terminé." « Vous n’aidez pas. » La joute est interrompue par un nouvel échange de cadeaux, Marianna pour Ariane, une peste à l’autre, et le présent à leur image ; sans gène, déplacé, grossier. L’échange en espagnol entre le photographe et mon assistante n’est pas sans me hérisser le poil un peu plus, considérant la manière à peine voilée dont Andy se paye généralement notre tête à tous en feignant une traduction ; « Désolé, je demandais si elle avait participé à l’organisation de la soirée parce que c’est parfait. » "Parfait, effectivement." Je vais en prendre un pour frapper tous les autres si ce cirque ne prend pas fin immédiatement. "Nous ne faisons pas un duo d'enfer avec Jamie pour rien, n'est-ce pas boss ? Vous m'avez choisi mais je vous ai choisis aussi un peu…" Je termine mon verre plutôt que d’y aller de mon propre commentaire cinglant. "Vous voulez boire quelque chose Jamie ? Votre verre est vide…" Sans blague. « Ca ira, je ne pense pas que nous allons nous éterniser. »je réponds en partageant un regard lourd de sens avec Joanne qui se mure dans un brin de small talk avec Thea, ce qui vaut bien mieux pour ces deux jeunes femmes qui n’ont sûrement pas demandé à être les actrices d’une scène aussi grotesque en venant ici. "Votre petite amie est en bonne compagnie, je peux vous accaparer trente secondes ? J'ai reçu les chiffres pour la vente du magazine à J+3." « Oh, ça me fait penser que je pourrai sans soucis vous revenir avec le dossier St-Valentin une semaine tout pile avant la date de tombée ; comme ça, on sera pas pris pour retravailler les visuels à la bourre comme l’an dernier. Et ça nous empêchera de nous ajouter une nouvelle nuit blanche de boulot en duo, aussi. » Marianna tente de m’emporter d’un côté et Ariane de s’esquiver de l’autre, mais je finis par rattraper la rouquine et son ami, l’adolescente qui me sert d’assistante sous le bras, pas prêt de laisser couler pareil comportement. Ma main se ferme sur le bras d’Ariane, et je l’attire loin de son cavalier en lâchant un « Excusez-moi. » machinal. Si l’on m’avait dit que je terminerais la soirée à jouer les figures paternelles pour deux sottes capricieuses incapables de se tenir, je me serais passé de ce temps perdu. Mais je me retrouve là, avec Ariane et Mariana face à moi, et l’envie que je réprime de tout simplement les virer. « Vous deux. » Le regard est noir, les traits crispés, les muscles tendus. Derrière l’agacement, il est surtout question de déception, et les deux jeunes femmes atteignent des sommets en la matière. Joanne n’est pas en reste, mais ce cas là nécessitera une conversation privée. « Après des mois à me bassiner sur la nécessité de créer du lien avec l’équipe, je concède à venir ici ce soir et laisser une chance. J’invite celle qui n’est pas moins que la personne la plus importante de ma vie. Et non seulement vous m’embarrassez, mais vous vous montrez offensantes auprès d’elle. Je me fous que vous l’aimiez ou pas, le respect n’est pas en option. Vous ressemblez à une bande de gosses dans une cour de récréation et j’ai autre chose à faire que corriger votre éducation. Que ce soit clair : ce genre de familiarités, c’est terminé. » Mes yeux se posent sur la brune. « Je veux ces chiffres sur mon bureau à la première heure lundi. » Puis sur l’autre rustre. « Et ton dossier a intérêt à être absolument parfait. » La première à ouvrir la bouche risquant gros et n’étant plus en état de supporter le son de leurs voix, je tourne les talons immédiatement et récupère Joanne sur le chemin de la sortie. « On s’en va. » je crache, me jurant que l’on ne me reprendrait plus à faire deux fois la même erreur. |
| | | | (#)Lun 26 Fév 2018 - 1:40 | |
| Que Joanne se montre effrontée, voire même insolente, n'était pas monnaire courante, loin de là. Elle se disait que si elle explosait, cela ne donnerait que davantage de matière à Ariana et Marianna de se moquer ouvertement d'elle et de la ridiculiser davantage devant les autres. Une bête de foire, voilà ce qu'elle était devenue en mettant les pieds dans cette fichue soirée. Et que Jamie lui demande de se détendre et qu'il lui assure qu'ils n'avaient rien de méchant au fond était certainement la goutte d'eau qui avait faire déborder le vase. Oui, sa manière de réagir de lui avait pas plus et il ne suffisait que d'un regard pour le couple pour savoir ce que l'autre pouvait bien ressentir. La phrase de la blonde dégoulinait d'une jalousie qu'elle ne contrôlait plus vraiment, d'un air plus hautain qu'elle ne l'aurait pu l'imaginer, et cette attitude déplut Jamie. Histoire de ne pas rajouter de l'huile sur le feu, elle ne fit aucun autre commentaire. Ils étaient tous les deux bien tendus et ce n'était pas le moment pour qu'une première dispute n'éclate, encore moins devant un public qui n'attendait certainement que ça. Elle ne faisait même plus attention aux présents qui s'offraient entre collègues, mais ne put se retenir face au commentaire d'Andy. C'était plus fort qu'elle. Elle n'en pouvait plus, de tout cet acharnement et tentait au mieux d'y faire abstraction en discutant un petit peu avec Thea. Elle avait malgré tout une oreille tendue sur ce que pouvaient dire les deux pimbêches qui prenaient un malin plaisir à s'accaparer le brun. Et bien sûr qu'elle les entendait, bien sûr qu'elle avait envie de fondre en larmes lorsqu'Ariane parlait d'une nuit blanche avec lui. Que cela devait être plaisant pour elle de constater que Joanne était loin d'être aussi forte qu'elle ne voulait laisser le croire depuis le début de la soirée. Mais la blonde en avait assez et elle baissait les armes. Il ne l'a quand même pas fait avec elle. Pas elle. se disait-elle. Et une larme s'échappa de son oeil, qu'elle essuya rapidement du dos de la main. Elle sourit à Thea, demandant tacitement de ne pas faire attention à ce détail, incapable de parler tant sa gorge était serrée. La dernière chose qu'elle voulait était bien de décevoir et de mettre en colère Jamie. Elle savait qu'ils allaient finir par en parler, un jour ou l'autre et elle appréhendait déjà. Il y avait des non-dits, des faits qui méritaient encore d'être abordés pour tout mettre à plat. Le rédacteur en chef avait pris ses deux employées afin de discuter avec elles. Quelques minutes plus tard, il entraînait Joanne avec lui en direction de la sortie, sans franche délicatesse. La blonde, quant à elle, n'adressait pas un seul regard aux chers collègues de Jamie, en dehors de Thea à qui elle salua poliment. "Passez une bonne fin de soirée." lui dit-elle d'ailleurs, avec un sourire aimable. Que les autres moquent, de son regard bas et de ses yeux rougis, Joanne n'en avait désormais cure. Une fois le bâtiment quitté, elle avait l'impression de pouvoir enfin respirer un peu d'air frais. Et son esprit avait soudainement décidé d'enfermer ce mauvais souvenir dans une boîte, et de la ranger quelque part pour qu'elle se fasse oublier. Elle savait qu'ils allaient finir par en parler, un jour ou l'autre. Après les fêtes, certainement, ou quand il y aura autre chose qui leur rappellera toute cette mascarade. Jamie retrouvait devant lui une Joanne qu'il connaissait bien mieux que celle qu'il avait pu voir quelques minutes auparavant. "Ma voiture est garée là-bas." indiqua-t-elle d'un signe de tête. Elle devait retrouver Daniel et la baby-sitter à Toowong, elle devait aussi aller promener les chiens. Quand Joanne culpabilisait, elle avait ce petit réflexe. Elle savait que Jamie avait horreur des excuses, que ces mots là n'avaient pas la moindre signification tant ils étaient faciles à dire. Ce n'était pas la première tension entre eux et certainement pas la dernière. Et tout ce qu'elle trouvait à faire dans ces mots là, était de venir se blottir dans ses bras, de le serrer de toutes ses forces contre elle. Peut-être que cette fois-ci, son contact n'allait pas le détendre. Mais désormais il savait qu'elle n'était pas fière, qu'elle regrettait son attitude qu'elle n'avait pas véritablement su contrôler. Elle restait longuement ainsi, contre lui, à regarder dans le vide. C'était sa manière à elle de lui dire qu'elle était désolée, qu'elle l'aimait. Jusqu'à ce qu'elle desserre son étreinte et qu'elle se permette de lui faire un bien timide baiser sur la joue avant de prendre le volant. Au plus tard, ils allaient se retrouver pour la soirée du Nouvel An. Et tout ce que Joanne espérait, c'était qu'ils parviennent à laisser derrière eux cette fichue soirée, préférant se dire qu'elle n'y avait jamais vraiment été. |
| | | | (#)Lun 26 Fév 2018 - 6:05 | |
| Je souriais largement à Thea alors qu'elle m'offrait son cadeau. " Il est magnifique, merci beaucoup " Que je soufflais en laissant glisser mes doigts sur le tissu. Il était vraiment joli et elle avait compris que ma couleur, c'était le rouge. Un très bon choix et je ne manquerais pas de le porter le plus tôt possible. Seulement, pour le moment, j'en avais assez de cette ambiance merdique à coup de regard en coin et même si j'étais l'une des premières à lancer des piques, vexée comme pas possible, je souhaitais discuter avec Jamie de tout ça, de discuter du fait que ouai, je le prenais plutôt mal qu'il tentait de me repousser de sa vie personnelle depuis des mois et que là, il nous imposait sa petite amie. C'est quoi ce délire sérieusement ? Ça me dépasse totalement et je pense que c'est l'effet de surprise qui me fait autant grincer des dents. J'ai toujours été très cordiale mais s'il voulait mélanger privé et pro, il aurait droit à mes deux penchants. La garce était de sortie et je souhaitais l'accaparer pour tout ça, pour voir ce qu'il en était, tout simplement. Sauf que rien ne se passait vraiment comme prévu. C'est bien connu. Et le ton qu'usait Jamie avec Ariane et moi me faisait ouvrir grand les yeux. C'est sérieux là ? On a quel âge ? Six ans et on se fait taper dessus par papa Keynes ? Non, je ne crois pas. Je croise les bras sur ma poitrine et alors qu'il nous tourne le dos, tel un gamin de douze ans qui ne veut pas rester parce que plus aucune répartie, je sors mon téléphone de mon sac à mains et balance, bien fort. " Vous venez de recevoir un mail, Monsieur Keynes ! " Attendre lundi ? Et puis quoi encore ? Lundi, je serais sûrement ailleurs et clairement loin de lui. Je transferts rapidement le mail et me tourne vers Ariane. " Eh petite sœur, on s'arrache ? " Que je souffle en suivant le pas du couple plan-plan à mourir qui venait de me faire perdre ma soirée. " La pièce rapportée, on décolle ! Thea, bonne soirée " Lançais-je avant de sortir de la salle sans glisser un regard vers qui que ce soit, les talons claquant fortement contre le parquet. " T'sais quoi, t'appeler la pièce rapportée c'est te manquer de respect, ça me fait penser à l'autre insipide " Que je balance en tournant le visage vers Andy. J'avais plus de respect pour lui que pour la petite copine de mon boss… Même que mon boss à l'heure actuelle. Il voulait la guerre ? Eh bien il l'aura et plus vite qu'il ne le croit. La guerre froide mon ami, tu la veux et tu vas l'avoir.
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| | | | (#)Lun 26 Fév 2018 - 12:58 | |
| Je sens tout de suite que ça va barder lorsque le patron nous fait signe de le suivre, à l’écart. M’excusant d’un roulement d’yeux à Andy, je suis Marianna et Jamie, sachant déjà rien qu’à voir la ride se dessinant entre les sourcils du Keynes qu’il est temps pour lui de jouer à l’adulte. Aussi étrange que ça puisse paraître, je dois me faire violence pour retenir le sourire qui veut se dessiner mon visage, soulagement de retrouver le personnage que je connais, d’avoir sous les yeux le boss que j’estimais, le caractère de feu que je lui connaissais, le type avec une colonne vertébrale. S’en suit d’un discours où il ne reprend pas son souffle une seule fois, et un regard noir qu’il nous partage. Des menaces sans en être vraiment, un avertissement qui nous chauffe les oreilles, et l’autre blonde en retrait qui ne vaut absolument pas la peine que je perde mon boulot pour ses cambrures et son rire niais. Si Jamie avertit Marianna qu’elle devra lui revenir sous peu avec le dossier dont elle parlait, c’est à moi qu’il adresse le dernier mot, en guise d’épée de Damocles qui ne me fait pas autant peur qu’elle le devrait à l'entendre. « Comme toujours. » ma voix claque, et je ne m’affaisse pas, bien au contraire. Jamais au grand jamais je n'avais rendu quoique ce soit chez GQ qui n’était pas nickel, révisé, revu, parfait. Mon boulot était le truc pour lequel je donnais un nombre d’heures incalculables - que je ne calculais pas, de toute façon - et pour lequel je misais en entier chaque seconde, chaque énergie de ma vie. Toute l’équipe pouvait en témoigner, il n’y avait pas eu une seule journée depuis mon arrivée au magazine où je n’avais pas livré la marchandise, et même mieux. J’étais à ma place, j’en tirais une fierté immense, et je bûchais plus que quiconque dans le but d’avoir la certitude que je donnais mon maximum, peu importe la situation. C’est sans la moindre inquiétude que je tiens le regard de Jamie suffisamment, avant de le voir faire volte-face et filer vers son date du soir. L’envie de leur donner une date d’expiration est là, est puissante, est palpable, mais je me retiens. Je leur ai déjà accordé beaucoup trop d’importance pour que ça en vaille la peine, autant dédier ma soirée à ceux avec qui j’avais prévue la passer, anyways.
Marianna s’assure que la dernière altercation avec Jamie n’a pas assombrit mon regard, et je lui renvoie le sourire de la conquérante, de celle qui a déjà tout oublié, qui retournera à l’open space lundi comme à chaque fois, pour bosser, pas pour faire dans le lèche-cul du patron ou de sa concubine. Hop, petit arrêt vers Andy, et s’ils se chamaillent encore tous les deux, j’ai l’argument parfait pour les motiver à faire la trêve. « Y’a du whisky et des sushis qui nous attendent. » sur l’entrefaite, j’avais envoyé un petit texto à Charles pour lui confirmer qu’on allait passer à la soirée qu’il avait improvisée avec les autres, beaucoup plus notre style, beaucoup moins guindée même si se déroulant dans le prestigieux manoir des HP. Un coup d’oeil à Thea qui reste dans notre sillage, et je laisse glisser un sourire sincère. « Hugo t’a appelée, finalement? » pour les illustrations de la graphiste, pour une idée de bouquin qu’il voulait présenter à son éditeur, et pour lequel j’avais proposé la jeune femme comme artiste pour y gribouiller deux trois trucs sympas. Devant sa réponse je m’assure de valider le tout avec mon meilleur ami, avant d’entamer le chemin vers la sortie avec les colombiens. Et bien sûr, je passe mon tout nouveau t-shirt sur mes épaules fièrement, en profitant pour partager un éclat de rire libérateur avec Andy, Marianna. « C’est un miracle de Noël! » l’espace d’un instant ils sont sympas l’un envers l’autre, et ça, ça doit être souligné. Une fois sur le parking tout est oublié, tout est rangé, et la soirée ne fait que commencer. |
| | | | | | | | GQ STAFF + I don't get drunk, I get awesome |
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