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 clarck ▲ it takes time to be someone

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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptySam 20 Jan - 7:25

it takes time to be someone
clara & jack


C’était la deuxième fois en un peu moins d’un mois qu’on se retrouvait à partager la scène - ou pseudo - d’un bar de quartier. Parfois désaccordés, souvent à la ramasse, c’étaient les belles années qui remontaient lorsque je me glissais derrière l’instrument du soir, que les mélodies suffisaient à nous rallier, que les Street Cats prenaient un peu vie, juste assez, et que je me greffais à leurs mélodies. Pas particulièrement populaires, ni vraiment ignorés, la sensation de quelques paires d’yeux autres que celles connues d’avant laissait toujours une drôle d’impression, entre le confort, et l’anxiété. Call me classic, mais j’aimais à croire que la musique, peu importe jouée pour qui, pour quoi, comment, de quand, avait sa raison d’être lorsqu’on la composait avec soi-même, son coeur, ses dix doigts. Et c’est l’esprit le moindrement léger, allégé, que je sors entre une pause et une autre, cigarette au bec, la nuit fraîche qui contraste avec l’ambiance fumante à l’intérieur, compacte. « Vous cherchez du feu? » une tête blonde qui erre parmi le troupeau, qui titube à gauche et à droite, que je ne remarque que parce qu’elle claque au sol, chaussures contre le bitume, et rythmique qui me rappelle le ton qu’a ajouté Annie à la dernière chanson que Tad lui avait confiée. « Oh. » et elle fait volte-face devant mon offre, ou heureux hasard, maintenant que mes rétines mettent un temps à identifier ce visage, sachant très bien qu’il est familier, déjà vu, connu. « Miss Davis. » j’articule, quasi autoritaire, autant qu'elle, concis maintenant qu’elle approche et que les quelques bières ingérées précédemment rendent l’échange un peu plus fluide que lorsqu’elle énumèrait dans son bureau toutes les tares de père que je cumulais depuis plus de 15 ans. « J’ai… Ellie et moi, on s’est improvisé quelques activités, depuis. » que je relate, persuadé qu’elle s’en fiche, autant que possible. Mais le simple fait de l’articuler me rend fier - je crois, j’ai l’impression - et c’est suffisant pour justifier l’ébauche de paroles, l'empressement de le lui confier. Pour la situer aussi, au cas où ma gueule délabrée ne lui soit pas revenue à la mémoire facilement, aussi simplement que ses pommettes pour mes neurones. « Rassurez-vous, elle est pas à l’intérieur. » j’aspire le tabac, fait craquer la clope contre mes lèvres, le sourire s’esquisse de derrière. « Elle a perdu ses faux papiers, c’est un hussle chaque fois qu’elle squatte les bars où on joue.  » à mon souvenir, l’humour ne la faisait pas rire, ni rien de ce que je pouvais ajouter qui puisse la faire réagir. Ça va, ça passe. Au moins, j’aurai essayé.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyJeu 25 Jan - 0:40

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clara & jack


Les adieux sont rapides et bruyant. Lassée de leur compagnie, Clara s’empresse de claquer la porte du taxi dans lequel elle a fourré toutes ses potes pour qu’elles rentrent chez elles en toute sécurité. Elles ont trop bu, sont rendues insupportables et à voir la tête du videur, cela n’était qu’une question de temps avant qu’il ne suggère à ses dames un repos bien mérité. C’est aussi le moment où Clara, après avoir menti qu’elle rentrerait après le temps d’une clope, commence la soirée seule, en quête de nouvelles rencontres et à défaut de, elle pourra au moins assister à la fin du concert pour lequel on l’a tanné de venir. Elle tourne donc les talons, sa démarche est précipité et s’insère dans la cohue de fumeur, sa main qui cherche désespérément son paquet à l’intérieur de son sac, et une voix, étrangement familière qui la coupe dans son élan. « Vous cherchez du feu? » Elle se tourne, clope au bec, mais sans feu, comme il l’a deviné. Face à elle, un parent d’élève. Elle ne manque pas de partager sa gêne à être dans ce genre de situation, mais acceptant bien volontiers le feu qu’il propose, il en obtient le droit à prononcer le premier mot. « Miss Davis. » « En personne. » Qu’elle rétorque, un peu agressive, un peu moqueuse aussi, c’est qu’elle ignore si elle doit se comporter comme celle qui réprimande, ou comme une personne lambda, croisée au détour d’un verre (d’une clope en l’occurrence) dans un bar le soir. Elle n’est cependant pas plus étonnée que cela, ayant passé la dernière heure dans la salle, elle a avait eu ce temps à loisir pour observer la personne derrière la basse. « Ellie m’a dit que vous bossiez dans la musique, mais elle n’avait pas mentionné que vous jouiez. C’est bien, vous devriez lui faire partager cette passion. » Qu’elle ajoute, en écho à leur dernière conversation, quand elle parlait qu’ils devaient partager des trucs, ce genre de chose en fait partie. « J’ai… Ellie et moi, on s’est improvisé quelques activités, depuis. » Qu’il ajoute, alors qu’elle tire sur la cigarette en l’écoutant, elle est contente de savoir qu’il a mis (ou sinon, au moins tenté) de mettre en pratique ses conseils. Elle reste convaincue que le problème de sa relation à sa fille, c’est le manque de dialogue et partage. « Rassurez-vous, elle est pas à l’intérieur. » L’idée ne l’avait même pas effleuré, même si maintenant qu’il en cause. En effet, ce serait le genre d’endroit où elle pourrait croiser la petite. L’inquiétude d’avoir un jour à croiser un élève dans ce type d’endroit faisant son apparition en ce moment même. « Je me doute bien, autrement, elle serait là à fumer avec nous. » Là encore, elle ne retient pas le sarcasme. Elle ne se rend compte que trop tard que, cela peut-être vu comme une pique. « Elle a perdu ses faux papiers, c’est un hussle chaque fois qu’elle squatte les bars où on joue. » « Et quelque chose me dit que vous n’êtes pas pour rien dans cette perte. » C’est affirmatif, mais c’est plus une question qu’autre chose. Elle tire à nouveau, avant de reprendre, plus sérieuse. « Vous savez, vous n’avez pas à vous justifier dès que vous me croisez. Je ne suis pas venue ce soir pour vous surveiller. » Non, certainement pas. C’est les vacances. Laissons les problèmes à la rentrée.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyJeu 1 Fév - 22:30

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Son regard s’ancre au mien à la mention, à l’accroche. Et elle réduit la distance entre nous de quelques pas à peine, la foule dispersée, les quelques autres fumeurs affublés de clopes au bec et de discussions plus ou moins enflammées. Elle et mon humour de merde, Ellie et notre point commun - même si la jeune femme ne l’avait probablement pas vu ainsi lors de notre dernière rencontre - son bonheur, son aise. Ma fille et toutes les distances qu'elle mettait entre nous, entre tous, suffisaient à ce que je perde contenance, à ce que mon calme habituel, qu’on aurait presque pu qualifier de lâcher prise ultime, soit bousillé d’une simple remarque acerbe, d’un simple soupir, roulement d'yeux. Ellie faisait de moi un fou, et je lui rendais bien. « C’est pas faute de laisser traîner des instruments dans toutes les pièces... » et je tire sur la clope à la réplique, parce que la musique était dans nos veines, peu importe ce que ma gamine pouvait en dire. Parce que l’adolescente y avait baigné même avant d'être collée à moi, Jude qui avait toujours été une meilleure pianiste que mes pauvres doigts pouvaient en témoigner. Le sourire s’étend, la remarque s’adoucit. « Elle est douée, à la guitare. Sans même aucun cours. » que je complète, parce que comme moi, c’était l’oreille absolue qui faisait tout le travail. Ellie aurait pu être vachement douée si elle passait au moins le même nombre d’heures à gratter ma six cordes qu’à embêter les autres élèves, les voisins, ses profs. Elle aurait tout le loisir d’en faire carrière si elle y mettait l’effort nécessaire, parce que c’était inné, parce que ça se voyait quand elle jouait distraitement avec l’instrument, quand elle reprenait de vieux classiques sur l’air, cachée au salon, croyant que je ne la vois pas, que ce n’est pas un iris bien brillant de fierté qui la surveille en retrait du couloir. « Étonnement, c’est la bière son poison, pas la clope.  »  malgré les remarques que la conseillère avait pu me balancer l’autre fois, Ellie était plus à même de piquer des bouteilles que des cigarettes - ce qui en soit était assez alarmant, sachant que déjà mes rations de tabac étaient limitées par ses doigts fins et hypocrites. Miss Davis qui pique, le sourire aux lèvres, la voix amusée, et je tire une nouvelle bouffée avant d’hausser les épaules, pris sur le fait. « Il y a des habitudes qui ne se perdent pas. » mon esprit éparpillé et brouillon, ma tête perdue, qui s'égare entre une pile de feuilles dépareillées recouvertes de gammes, entre les responsabilités que j’apprenais encore à arrimer à ma vie depuis 3 ans et des poussières. « Vous m’en voyez presque déçu. » qu’elle ne me surveille pas, qu’elle le nie. Si la rencontre à son bureau avait fini par allumer quelques lumières malgré un élan d’ego mal placé, c’était presque sincère que je rachetais la paix, essayant de lui glisser un mot ou deux sur les suites de notre conversation, de ses conseils. On jacasse derrière, on rigole, on s’exclame. Mon attention s'y diffuse, un temps. Et personne qui ne semble la chercher, personne qui tape du pied dans l’anticipation qu’elle trottine vers ses autres plans, vers ceux qui l’attendent, l’espèrent. « Venue seule? » sans attaque, sans intrusion, une simple constatation. « Ce qui n’est pas plus mal - les soirées en solo sont toujours les plus intéressantes. » c’étaient mes soirées préférées. Celles où on rencontre, où on découvre, où on observe. Installé au coin du bar à laisser l’esprit divaguer, accoudé au fond de la salle à réinventer le monde, une pinte bien pleine, bien fraîche à la main.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyLun 5 Fév - 10:56

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Cela l’embête sur le moment, de devoir revêtir cette attitude si solennel, si froid un peu qu’elle adopte sur son lieu de travail. Si ça lui était déjà arrivé de croiser un parent en faisant ses courses, c’est la première fois qu’elle le fait en sortant de boite de nuit, ou d’un bar qui s’en veut l’ambiance. Elle n’est pas mal à l’aise, mais elle sent qu’elle se raidit, qu’elle met de la distance là où il n’y en aurait pas eu avec le premier venu, loin de là. Rapidement, c’est le seul sujet de conversation possible entre eux qui prend le pas et s’installe. « C’est pas faute de laisser traîner des instruments dans toutes les pièces... » Qu’il répond, lorsqu’elle suggère qu’elle accompagne plus sa fille dans son avenir, dans ses démarches ou même qu’il l’aide simplement à se créer une passion autre que de cumuler les mauvais résultats. « Elle est douée, à la guitare. Sans même aucun cours. » Qu’il ajoute, et elle reconnait là la volonté de tout parent à vanter son enfant, sa volonté à lui de lui faire comprendre que sa fille n’est pas un cas perdue comme elle a tenté de lui insinuer, bien qu’il aurait s’agit là d’une tentative de le faire réagir, force lui est de constater qu’il y’a eu quelque bourgeon pendant l’été. « J’ai parlé avec elle vous savez ? » Elle lui avait dit qu’elle le ferait après leurs rendez-vous. « De ce qu’elle aimerais faire, de ce qui lui fait envie pour plus tard. » Elle explique, elle ne compte pas lui faire un compte rendu de l’entier rendez-vous, ceux-ci sont confidentiel. « Elle n’a aucune idée de ce qu’elle veut faire, mais elle y pense à travailler avec vous, à produire des artistes, à les chercher aussi. Vous devriez lui proposer de lui montrer l’envers du décor, susciter une vocation. Ce serait bien qu’elle trouve quelque chose auquel se raccrocher. » Qu’elle explique, tout en inspirant sa cigarette, en essayant de ne pas trop en dire, parce qu’après tout, c’est les vacances scolaires, elle devrait s’amuser loin de ces tracas-là. C’est alors qu’il argumente que lui et sa fille ont faits des trucs ensemble depuis, que ça se lie, qu’ils apprennent à se connaitre. Clara approuve d’un signe de tête, avant qu’il n’enchaine sur l’absence de sa progéniture parmi eux. Là, elle ne se retient pas de faire une remarque, qui maintenant qu’elle est dite pourrait presque passer pour de l’humour. « Étonnement, c’est la bière son poison, pas la clope. » Bien. Enfin, elle ne sait pas si c’est véritablement mieux mais, elle imagine que dans la mesure où la bière ne donne pas le cancer, il y’a un avantage par là. Elle serait très mal placée pour critiquer le sujet, vu qu’elle est présentement en train d’en griller une. « A ce propos, je passe une partie de mon temps à parler à mes élèves des méfaits de la cigarette et de ne jamais commencer. Si vous lui parlez de ça – et elle pointe la blonde entre ses doigts – je la perds. » C’est même certain, un adolescent ne lui ferait pas de cadeau sur ses mensonges et well, elle a besoin de la confiance de ces gosses pour faire son métier. « Il y a des habitudes qui ne se perdent pas. » Mention aux faux papiers. L’envie de le questionner à ce sujet la taraude. Elle se retient. Elle ne travaille pas, c’est d’ailleurs ce qu’elle tient à lui faire comprendre. « Vous m’en voyez presque déçu. » La confession lui arrache un sourire, y’a un brin de provocation là-dedans, le côté allumeur de la réponse mais également qu’elle est parfaitement capable à se rendre aussi chiante et rabaissante que lors de leur dernier rendez-vous. Elle ne répond pas, qu’il semble observer les alentours, à la recherche de quelque chose. « Venue seule? » Qu’il remarque, et nonchalamment elle fait oui de la tête pour lui répondre. « Je me suis débarrassée de mes copines. Elles avaient trop bu et la conversation tournait en rond. » Qu’elle explique, sans aller plus loin, sans lui raconter comment elles se pâmaient dans la boite à en être ridicule. Elle ne sait que trop ce qu’on lui conseille dans ces moments-là, changer d’amies. Mais où trouverait-elle des personnes assez stupides pour ne rien voir quand Clara flirte avec des inconnus. « Ce qui n’est pas plus mal - les soirées en solo sont toujours les plus intéressantes. » « Je suis également de cet avis. » Et elle sourit, à nouveau, amusée par le fait qu’ils viennent très probablement de se trouver un second point commun. « Vous remontez sur scène après, ou vous avez fini ? »
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyLun 26 Fév - 6:54

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clara & jack


L’ambiance tamisée et beaucoup plus intimiste de la nuit, la fumée au bord des lèvres et les allers et retours des taxis, des voitures, des passants, rendent la rencontre plus douce, plus intéressante. Il est loin le bureau illuminé aux néons où Miss Davis mettait le doigt directement à l'endroit, aux faits et aux gestes où j’échouais en tant que père, le sachant déjà tellement moi-même. Si le sujet d’Ellie était toujours plutôt difficile pour moi, si la gamine arrivait à m’émouvoir comme à me briser le coeur, ce n’est pas sans un sourire fin, énigmatique, que je reçois la confession, la suggestion de la blonde. « C’est vrai? » parce que la voir gratter la guitare est une chose, mais la savoir intéressée par tout ce qui touche le domaine de près ou de loin me semblait irréaliste. Parce qu’Ellie était une bête particulière, toute en courbes, en nuances, et si la musique faisait partie intégrante de notre vie, jamais je n’aurais pu croire qu’elle la voyait comme une industrie et non comme un passe-temps. Une voile passe sur mes iris, fin, indicible, réalisant que le piètre père a encore une fois manqué à la tâche, qu’il s’est épris à jouer à l’ami, à la distraire, et non à l’écouter, à la comprendre, à la voir, vraiment. Double du revers, j’inspire sur ma cigarette une longue seconde. « Ça restera entre nous. » comme si elle sentait que je me suis une nouvelle fois perdu dans mes pensées en sa présence, la blonde me ramène à l’ordre, la clope au bec et les enseignements anti-fumée qu’elle réitère au lycée qui devront rester bien loin de ce qu’elle est en train de faire là. C’est un coup d’oeil complice que je lui renvoie, l’un des premiers je pense, quelque chose qui est doux là, qui passe, le temps que mes iris s'accrochent aux siens dans la confidence. Incapable de dire si la porte est ouverte pour un peu de charme, ou si elle l’a refermée aussi vite, je me plais à tâter, à y aller doucement, d’un mot ou d’un autre, d’un coup d’oeil indiscret et d'un nouveau, difficile à percer, petit jeu auquel je m’adonne avec un entrain particulier. « Si vous gardez pour vous le fait que son propre père musico n’a même pas remarqué que sa gamine avait plus que juste de l’intérêt pour la musique. »  secret pour secret, et je ne suis pas à ma première prise de conscience d’à quel point mon rôle n’est pas au point, surtout devant elle. La jeune femme ne peut pas vraiment attester pour ma vaillance ni ma solidité, mais si elle porte attention à mon visage, à mes eintentions, ma voix, elle risque bien de comprendre que je ne fais pas que mentionner les divers efforts faits, mais bien tout ce qui me trotte dans la tête, tout ce que je souhaite accomplir pour Ellie, avec Ellie. La conversation est néanmoins un brin trop sérieuse à mon goût, et c’est l’intérêt décuplé que je demande à la Davis si elle est seule, ou accompagnée. Sa réponse me satisfait, elle souligne la ressemblance d’un soupir, et c’est d’un geste que je laisse mon mégot tomber au sol, l’écraser du bout des orteils. « On y retourne dans 15 minutes. » un coup d’oeil vers l’intérieur, et je remarque Anwar déjà prêt, Tad qui rôde un peu sur la scène, Lou impossible à retrouver pour le moment, mais qui ne doit pas être très loin la sachant toujours au taquet pour ce genre de choses. C’est encore tout embryonnaire, mais ce quatuor me donne l’impression d’avoir le potentiel d’être une famille, une pas mal, et si je m’y applique, si je m’y investis comme je l’ai fait jadis, je parie qu’on ira loin. Pour vrai. Pas pour le vedettariat, pas pour le rythme intense des tournées. Pas pour la futilité du succès. Mais parce qu’on aime tous foncièrement la musique, parce qu’on en respire, et parce que rien ni personne ne le comprend mieux que nous. « Vous restez? » nouvelle interrogation, et mon regard qui suit la cigarette de mademoiselle qui elle aussi laisse échapper un dernier craquement, avant de se retrouver sur le bitume. « Parce que je ne serais pas contre prendre un verre en solo avec vous, après. » et j’insiste, intéressé, juste assez, pas dans l’intention sournoise de m’imposer à elle, mais plutôt dans l’intérêt, la curiosité, de voir si le silence est aussi confortable à ses côtés que la parole, quand il n’y a que nous deux, et aucune bribe de ma parentalité fuyante, absente. D’ailleurs, autant préciser, la blonde qui l’a mentionné à quelques reprises avec la voix de celle qui conclut la donne, qui garde le sujet pour les heures ouvrables, pour les matinées en semaine. « Et promis, Ellie ne sera pas mentionnée. Je garderai ça pour la prochaine fois où je serai convié à votre bureau. »
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyLun 5 Mar - 17:52

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clara & jack


Ce sont leurs travers qui semblent prendre possession de leur conversation. A lui, ses travers de père qui expose les qualités de son enfant, vante les talents de la gamine pour qu’elle y croit, qu’il parle un peu plus d’elle, discours motivé par le fait qu’elle soit en contact quasi-quotidien avec sa tête blonde et qu’elle est peut-être la seule autre adulte à savoir de quoi il parle. Quant à elle, le travers de la conseillère, de celle qui travaille, qui aide et qui même lors de ses sorties privés se retrouve à travailler dès qu’elle croise un parent d’élève. Ce sont des réflexes difficiles, dont ils ont très probablement chacun de la difficulté à ne pas avoir en temps normal, mais là, ce soir, c’est dur de résister. Leur dernier échange motivant celui-ci, plus calme, plus à plat, plus adulte peut-être aussi. « C’est vrai? » Elle acquiesce. Cela parait assez surréaliste. Et elle ne veut pas l’induire en erreur, la jeune fille a mentionné le domaine de travail de son père comme une porte de garage, un truc facile à faire. Clara n’expose pas son regret que l’adolescente ne cherche pas ailleurs d’autres passions. Elle préfère encourager ce sourire qu’il a, encourager une possible entreprise de faire découvrir à sa fille son quotidien, à faire peut-être naître une vocation et à défaut, resserrer les liens familiaux. « C’était très bref. Mais, c’est là. » Qu’elle commente brièvement, ne tenant pas non plus à lui exposer tout ce qu’elle partage avec la jeune fille. C’est important pour elle qu’il y’ait une confiance, et cela ne s’installe que si elle est réglo avec les élèves et qu’elle ne cafte pas leurs confidences à leurs parents. Parlant confiance, elle réagit bien vite quant au fait qu’elle en train de fumer une cigarette et que cela ne doit pas s’ébruiter. « Ça restera entre nous. » Qu’il répond, faisant naître le sentiment curieux d’une connexion entre eux. Comme si ce secret sorti de nulle part et sans grand importance les liait. Et la négociation entre. Ce qui affiche un léger amusement sur le visage de la blonde. Son tempérament habituel faisant surface sans qu’elle n’en ait encore conscience. « Si vous gardez pour vous le fait que son propre père musico n’a même pas remarqué que sa gamine avait plus que juste de l’intérêt pour la musique. » Elle fait le signe autour de ses lèvres d’un motus, avant de jeter une clé invisible. Elle ne compte même pas faire de remarquer sur le sujet, ou même lancer un sarcasme ou quoi que ce soit. Clara ne dira rien. Et l’opportunité s’annonce. Les travers mis de côté, Jack lui pose la question pour la soirée. Accompagnée ou non. Et c’est un point commun entre eux qu’elle souligne qui met en lumière leur deuxième instant complice. « On y retourne dans 15 minutes. » Il répond à sa question, elle se rend compte que déjà, le monde à l’extérieur commence à regagner le bar pour la suite du spectacle. « Vous restez? » Qu’il demande, alors que de base, elle pensait juste à partir. Des yeux, elle tente d’apercevoir Ariane. Rescapée du taxi des bourrés, puisque cette dernière ne compte pas finir la soirée avec elle. « Parce que je ne serais pas contre prendre un verre en solo avec vous, après. » Et là, c’est le naturel qui agit. Le principe de ne jamais refuser un verre. Puis la curiosité de voir encore combien de points communs ils peuvent se trouver. « Très bien, je vais rester encore un peu » Qu’elle assure, en jetant à son tour sa cigarette au sol pour l’accompagner vers l’entrée. « Et promis, Ellie ne sera pas mentionnée. Je garderai ça pour la prochaine fois où je serai convié à votre bureau. » Elle retient un rire, parce que ce n’est pas son habitude mais lui adresse un regard soulignant qu’il serait aise de ne pas parler boulot pour ce soir. Ce n’est qu’au moment où il regagne la scène, où elle se retrouve à nouveau derrière un verre que le sourire s’estompe, que l’effet du nuage de fumée causé par la cigarette s’estompe et lui rend la pleine possession de son cerveau. Cette idiote a accepté un verre avec un parent d’élève. C’est la merde.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptySam 10 Mar - 4:58

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Ses pas sur le bitume, les miens. Elle n’avait pas à suivre, encore moins à accepter, et si le malaise de nos premiers échanges s’estompe peu à peu, j’ai cette impression qu’elle n’est pas plus à son aise. Entre l’allée enfumée qui offrait une part de mystère, c’est le bar bondé et ses conversations en sourdine qui nous accueillent la minute d’après, dur retour à la réalité et l’envie de retrouver l’air ambiant le temps d’une minute, d’une nuit. À ses côtés, si elle le veut. Le prochain set ne sera pas particulièrement désagréable à jouer, au sens où on commence à prendre du nerf. Les accords se trouvent plus facilement. Tad improvise un solo qui sort de nulle part, que je n’avais encore jamais entendu de ses doigts, et l’oreille qui s’y accroche, qui note déjà les temps où ma basse pourra contrebalancer, apporter profondeur, lui donner assez de coffre pour plus d’impact. Lou dans sa tête, Anwar dans son rythme, et mes prunelles qui chassent la foule à la recherche de la tête blonde laissée au bar il y a un moment déjà, me surprenant à me demander si elle est toujours là, ou si elle a fini par suivre son instinct, ses impressions, et prendre le taxi de la responsabilisation jusque chez elle. C’est lorsqu’une tête se dégage, qu’une autre se lève, et qu’elle arque légèrement la nuque que je la vois, la reconnais. La lumière tamisée contre sa peau, ses mèches qui encadrent son visage, l’air blasé de celle qui attend, qui ignore pourquoi aussi. J’aimerais aider, mais je suis aussi paumé si ce n’est plus. Les dernières mélodies qui glissent le long de nos instruments, et c’est la fin pour nous, c’est l’étape remballage. Une partie du groupe regagne le van, Tad file à l’anglaise avec une rousse qui me dit vaguement quelque chose sans plus, et je mets un instant ou deux avant de fendre les sièges, de rejoindre la Davis, non sans un arrêt au bar d’abord, et deux verres en mains. Whisky and soda, une chance prise, et le sien que je pose sous ses yeux. « J’ai choisi pour vous, un peu de mystère. » l’ironie de la chose me fait sourire, assez pour sentir le rictus se lover contre les parois de mon verre avant de prendre une première gorgée. Malaise, silence, pesant, pas dérangeant pour deux adeptes de la solitude comme il avait été décrété plus tôt, mais assez pour que le brouhaha ambiant me blase, m'ennuie. « Venez. » j’attends qu’elle ramasse ses affaires, qu’elle hoche de la tête surtout, prête à suivre, avant d’engager le mouvement, de la faire passer le long du comptoir, puis du couloir, et la réserve. De l’épaule, j’ouvre la grosse porte métallique qu’on a empruntée plus tôt, donnant accès à une rue piétonne, privée, allée de livraison au potentiel presque charmant si on porte attention à l’absence de bruits agressants, et aux étoiles qu’on arrive à bien y apercevoir. En s’installant sur la rambarde, tout juste à côté de la porte, on a même un semblant de siège à disposition, et tout le loisir d’observer les fêtards et divers couples déambuler dans l’allée avant de rejoindre l’artère principale vers le premier taxi. « Quand je disais en solo, c’étaient pas des conneries. » j’ai bien vu que les sourires, les blagues, la pointe d’humour n’étaient pas du domaine de ses favoris, néanmoins j’essaie toujours. Call me insistent. Et un silence plus doux maintenant, plus calme, un silence dans lequel la nuit, la brise, les echos des alentours, tout semble prendre doucement sa place. Je tourne la tête dans sa direction, vois que ses iris étaient déjà pointé dans la mienne. « Ça vous dérange - que je sois le père d’Ellie? » qu’elle soit restée, qu’elle ne dise mot, et ce qui n’est pas encore défini se dictera selon ce qu’elle annoncera à son tour. « Ou ça s’oublie vite, vu mon potentiel paternel douteux? » promis, cette tentative d’humour sera bien la dernière.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyVen 16 Mar - 0:47

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Elle a le dilemme facile pendant toute la seconde partie de la soirée et c’est très peu habituel pour elle parce qu’en général, elle sait si elle doit foncer ou rester dans ses retranchements. Mais là, la situation est inédite, voir même compliquée. Parce que c’est un parent d’une de ses élèves. Parce qu’elle s’emballe un peu. Qu’elle se connait après deux-trois verres et qu’inconsciemment, elle n’a pas accepté ce verre supplémentaire en s’disant que ça lui donnera l’occasion d’entrer un peu plus dans son intimité pour mieux l’aider dans sa relation avec sa fille. Non, Ellie était à des lieux de son cerveau à ce moment-là. Et Clara s’entête à se dire qu’elle ferait tout aussi bien de partir, de sortir une excuse bidon s’ils se revoient pour justifier de lui avoir poser un lapin et voilà la belle affaire. Après tout, les urgences, ça arrive. Mais également, de l’autre côté, a-t-elle vraiment une raison de filer ? Tout ce qu’il veut, c’est probablement juste un peu d’aide, une main tendue pour l’aider à voir plus clair dans ses problèmes. Y’a peut-être rien de très cavalier dans sa proposition. Elle n’a aucune raison de se monter la tête et plutôt que de continuer à hésiter entre partir et rester, elle ferait bien de tenter de trouver dans son attitude des indices concernant ses intentions réelles en proposant ce verre. Et elle ressasse ses paroles et ses gestes, les regards qu’il a posé sur elle pour déterminer s’il n’y a rien de trop curieux là-dedans. Elle ne se répond pas et finalement, alors que son verre se termine, qu’elle pose les yeux sur scène pour observer la fin du spectacle, elle tente de calmer le jeu, de se convaincre qu’elle n’a absolument aucune raison de se sentir aussi perdue, parce que jusqu’à maintenant, elle n’a rien fait de mal et qu’elle est assez adulte pour garder sa barque dans ce sens-là. Les dernières minutes d’hésitation sont là, quand la salle est plongée dans le silence puis quand c’est la sono qui prend le relai pendant que le band débarrasse le plancher. C’est son téléphone qu’elle observe, espérant un message providentiel réclamant sa venue, un signe l’aidant à prendre une décision. « J’ai choisi pour vous, un peu de mystère. » dit-il en posant un verre sous son nez, elle ne réagit pas de suite, le coin de ses lèvres se redressent pour exprimer dans la gratitude, elle l’espère sans transmettre sa gêne. Où veulent-ils en venir. Elle n’ajoute rien, le silence est pesant bien qu’autour d’eux, la foule s’agite et ne manque pas d’ambiancer la salle. « Venez. » dit-il, saisissant son verre au passage tandis qu’elle rattrape sa veste posée sur le dossier de sa chaise et son sac à main. Ses chevilles se tordent sur les haut-talons qu’elle porte pour tandis de garder la cadence derrière lui, il marche vite parce qu’il connait l’endroit, l’arrière-boutique, là elle n’ose pas trop s’aventurer et où elle observe de partout de peur d’être renvoyée à la salle. Finalement, ils tombent sur l’arrière-cour, déserte si omet quelques passants qui rentrent chez eux. « Quand je disais en solo, c’étaient pas des conneries. » Qu’il ajoute, lui rendant son verre alors qu’elle s’appuie sur une rambarde, qu’elle sourit poliment mais qu’elle ignore quoi faire. Finalement, c’est lui qui brise le silence et elle sent à ce moment qu’elle s’allège de toute cette prise de tête ridicule. « Ça vous dérange - que je sois le père d’Ellie? » Il vise juste. Non parce que ça la dérange, mais ça remet certainement en question la façon dont elle avait eu l’intention de finir sa soirée. « Ou ça s’oublie vite, vu mon potentiel paternel douteux? » Il tente l’humour, elle ne rit pas, pas parce qu’elle est réfractaire à cette conversation, mais parce qu’elle ne sait pas et qu’aussi, le sujet est assez important pour ne pas être l’objet d’une blague. « Disons que, je n’ai pas l’habitude de naviguer sans repère. Boire un verre à l’arrière d’un bar/boite de nuit avec un parent d’élève n’est pas dans mes habitudes et je préfère être honnête que la situation n’a rien pour me mettre à l’aise. » Qu’elle explique, franchement, parce que malgré tout, il a l’air de comprendre et qu’elle ne pourra pas cacher ses pensées bien longtemps. « Mais, j’imagine qu’il faut bien le faire de temps en temps. Sortir de sa zone de confort j’entends. » Qu’elle ajoute avant de prendre une gorgée de son verre, le passage d’un couple dans l’allée, juste devant coupant le flot de parole quelques secondes. « Mais, on avait dit qu’on ne parlait pas d’Ellie, donc je pense que l’on va devoir d’autre chose, je peux vous poser une question anodine, comme ce qui vous a amené à vous lancer dans un band et d’où la musique vous vient, ou quelque chose de plus personnel, par exemple, comment se constituait votre schéma familial plus jeune ? » Et elle est assez sérieuse dans ses demandes, les réponses la fixant assez sur ce qu’elle doit attendre de lui. Elle a le nez dans son verre, prête à l’écouter.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyMar 20 Mar - 12:55

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Prendre la fuite alors que rien ne la provoque, filer à l’anglaise vers un peu plus de silence, de calme, de pénombre. C’est l’habitude de m'isoler qui ressort maintenant que la blonde m’a fait part de son propre exil, et j’ai les idées aussi claires que notre sillage lorsque je l’invite à me suivre, à profiter de quelques minutes loin du brouhaha de l’intérieur, à répéter l’ambiance tamisée de la clope partagée quelques minutes plus tôt, une heure tout au plus. Si elle me suit non sans opposer de résistance, si la candeur se lit dans mon visage et mes intentions quoique non assumées soient honorables, c’est à sa voix, à l’expression qu’elle exhibe une fois dehors que je comprends que l’innocence du geste, que la routine rodée que je tente de partager avec elle n’est pas si facile à déceler pour une inconnue. Et elle est franche, et elle explique de suite que ce n’est pas pour la rassurer que je l’isole, que ce n’est pas une situation dans laquelle elle est en pleine possession de ses moyens. Vieux fou de croire bêtement qu’aucun risque ne lui viendrait en tête si je prenais les devants. « Je suis désolé si à un moment ou un autre je ne vous ai pas mise à l’aise. » que je bafoue, beaucoup moins confiant ni sérieux que plus tôt, beaucoup moins charmeur l’espace d’une seconde et de deux. Elle n’est pas non plus à même de prendre ses jambes à son cou ce qui est déjà ça, néanmoins, je sais bien que si je ne justifie pas, que si je n’explique pas les intentions inoffensives derrière elle risque de ne pas traîner aussi longtemps que je le voudrais. Les années sont lointaines où le musicien que je pouvais être traînait dans les loges quiconque s’y intéressait - où les candidates étaient toutes plus disponibles les unes que les autres. « J’ai simplement pensé qu’ici, au moins, on n’aurait pas à endurer ceux-là trop longtemps. » et comme le timing est particulièrement bon ; pour une fois, je désigne du menton les fêtards qui passent devant nous, titubant, l’une qui est à même d’être malade, les deux autres qui rigolent de son trouble, bruyamment. De vraies hyènes sans la moindre once de respect pour leur amie. M’assurant tout de même du regard que leur trajet se finit dans un taxi les attendant tout au bout de la ruelle, je finis par laisser à miss Davis toute la latitude de prendre ses aises, de parler, de questionner ce qu’elle veut. Si la conversation coule bien, elle verra sûrement qu’elle n’a rien à craindre d’un type dans mon genre, mes dernières frasques remontant à loin, très loin derrière. J’avais fini par m’assagir, il faut croire, et le simple fait de profiter un brin de sa présence sans plus me suffisait amplement.  « La musique, c’est ça ma zone de confort. » que je finis par articuler, faisant écho à ce qu’elle disait plus tôt, à savoir en sortir, justement. Inspirant longuement, j’en profite pour prendre une gorgée de mon verre, et lever par la suite les yeux vers elle. « Je connais que ça depuis toujours. » gamin, adolescent, jeune adulte, et même maintenant, la musique avait tout pris, avait suffit. « Et je suis enfant unique, fils de militaires. La famille est restée au Canada, il n’y a qu’Ellie et moi ici. »  au schéma familial, il n’y a rien de plus gros à ajouter, si ce n’est que mes parents n’avaient jamais vraiment approuvé mon choix de carrière, même des dizaines d’années et de succès plus tard. Tous deux partis depuis quelques années, un peu avant Jude, ils avaient laissé un souffle d’inachevé sur ma vie que je me tenais de pointer trop souvent du doigt, de l'orgueil. « Oh, c’est vrai. » que j’étouffe dans un rire, pas de mention de ma fille ici, interdit. Un coup d’oeil complice plus tard, et je lui laisse toute la place pour maintenant parler d’elle, ou tout du moins, de ce qu’elle veut bien aborder. Partons sur du simple, donc, sur ce qu’elle-même a voulu savoir de moi. « Vous êtes de Brisbane? » la blondeur des cheveux, le hâle naturel, l’accent tout simple et tant d’indices qui me vendent la mèche avant qu’elle ne m’offre une réponse.  « Et pour ce que ça vaut, vous me semblez beaucoup plus à l’aise, déjà. »  c’est son visage un peu plus détendu que je finis par détailler des prunelles, l’esquisse d’un sourire qui menace de venir se dessiner sur ses lèvres, qui y est suggéré, anticipé. « J’ai presque envie de prendre un peu de crédit.  » il faut dire que ma vieille voix a fini par devenir plus posée, plus calme, plus soothing avec les années. À ça, j’ajoute aussi le fait que les oeillades se veulent plus prudes, le contact presque absent depuis qu’elle a signalé ne pas être tout à fait sûre de sa présence à mes côtés. Douce, légère, je suis choyé si elle reste, si elle insuffle encore un peu d’elle à ma soirée.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyMar 27 Mar - 1:16

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Elle a plus de mal à cacher sa gêne qu’elle ne l’aurait pensé. Elle avait pour habitude d’entrer dans un personnage quand elle écumait les bars, celui de la nana séductrice, plutôt détachée et qui sait ce qu’elle veut. Mais, le fait qu’il ne soit pas un inconnu, et même une relation lié à son emploi, Clara n’arrive pas à se mettre dans la peau de celle qu’elle incarne plusieurs soirs par semaine. Elle ignore totalement sur quel pied danser, et ça, c’est une nouveauté à laquelle elle aurait aimé ne pas être confrontée parce qu’elle ne contrôle pas la situation et que quelque part, elle est terrifiée à l’idée qu’il s’en aperçoive. Et c’est pourquoi elle décide de crever l’abcès. Elle n’explique pas les raisons de cet inconfort. Elle se planque derrière leur lien, mais s’il s’en rend compte, il ne poussera pas l’explication jusqu’à tout savoir et ça lui convient, à elle. « Je suis désolé si à un moment ou un autre je ne vous ai pas mise à l’aise. » Et ses excuses ont de quoi la surprendre, parce qu’il n’a rien fait qui les justifie. C’est juste elle qui reste bien trop coincée dans ses habitudes, dans ces pseudo règles qu’elle se fixe. « Non, vous n’avez rien fait. Je m’inquiète juste de ce que l’on pourrait conclure de cette entrevue, si quelqu’un du lycée passait par ici. » Elle l’explique dans un sourire. Loin d’elle l’idée de paraître gênée mais il y’a certains types de comportement que l’on attend des professeurs et elle ne déroge pas à la règle. « N’y voyez aucun reproche. Je m’interroge juste trop je pense. » Là, c’est sûr qu’elle se prend peut-être un peu trop la tête et c’est pour ça qu’elle l’invite à parler d’autre chose. « J’ai simplement pensé qu’ici, au moins, on n’aurait pas à endurer ceux-là trop longtemps. » Il désigne du menton une paire de fêtard qui titube devant eux, dans l’allée. Elle les suit du regard, silencieuse en repensant à leur conversation d’un peu plus tôt, au fait que chacun apprécie le calme et un brin de solitude. Quelque part, ça semble la toucher qu’il y’ait pensé et qu’il ne l’ait pas emmené là juste pour l’intimité. « La musique, c’est ça ma zone de confort. » Il l’annonce en mettant fin au silence entre eux, leur attention ayant vite été happées par les jeunes qui marchaient devant eux. C’est une sorte de déformation professionnelle pour elle que de s’assurer que les gens alcoolisés –même adulte- trouvent le chemin de la maison. Cela a de quoi la surprendre quand elle y pense, avant de réaliser que Jack a eu le même réflexe qu’elle, le sien ayant été très certainement motivé par un instinct paternel dont il doute mais qui reste bel & bien présent. C’est juste plus limpide à la lumière d’un vieux néon qu’entre les quatre murs de son bureau. « Je connais que ça depuis toujours. » Il poursuit. Il se livre un peu. Il lui offre un aperçu un peu plus profond de ce qu’il est et elle l’écoute effacer petit à petit tous ces à priori qu’elle avait eu sur lui. « Et je suis enfant unique, fils de militaires. La famille est restée au Canada, il n’y a qu’Ellie et moi ici. » Et elle fronce les sourcils, légèrement. Parce qu’on avait dit qu’on ne parlerait pas de l’adolescente, que Clara n’est pas au lycée et qu’elle ne travaille pas. « Oh, c’est vrai. » La grimace l’a aidé à s’en rendre compte et c’est pourquoi il se tait. Néanmoins, Clara ne peut s’empêcher de faire la réflexion. « Pour une personne au potentiel paternel douteux, vous faites régulièrement mention d’elle. » Et, qu’est-ce que ça veut dire ? Pas grand-chose. Juste que pour un parent paumé, il ne se moque pas tellement de ce que sa fille devient, si elle grandit bien. Et c’est déjà pas mal à ses yeux. Sa mère avait été incapable de montrer la moindre dose d’instinct, mais elle ne pouvait même pas se racheter en montrant le moindre signe d’intérêt. C’est là la différence qu’elle note, qui le rachète à ses yeux. « Vous êtes de Brisbane? » Elle ne peut s’empêcher de demander s’il y’a un signe qu’elle émet qui montrerait le contraire. Clara aurait aimé répondre quelque chose de plus exotique, mais non. « Oui, j’ai grandi et toujours vécu ici J’allais même au lycée où je travaille maintenant. » Qu’elle avoue, elle glisse l’anecdote pour rigoler un peu, bien que face à une personne de son passé, elle aurait eu honte de l’admettre. « J’ai aussi habité au Japon quelques mois. Mais, j’ai pas réussi à me faire à l’habitus social là-bas. » Disons qu’à un moment, elle a senti qu’elle ne pouvait pas s’intégrer plus et que le mal du pays s’est fait sentir. « Et pour ce que ça vaut, vous me semblez beaucoup plus à l’aise, déjà. » Il le dit sous des airs de confession qui amène un mince sourire sur ses lèvres en même temps qu’un léger sentiment de gêne revient à l’attaque pour s’être un peu laissée aller en sa présence. « J’ai presque envie de prendre un peu de crédit. » Qu’il ajoute, avant qu’elle admette. « C’est parce que c’est plus facile quand tout ce que j’ai à faire, c’est écouter. Je ne suis pas très bonne pour faire la conversation. » Non, son truc, c’est l’écoute. C’est peut-être ça qui a fait qu’elle est devenue conseillère. Un métier où c’est aux autres de se livrer et pas à elle. « Vous avez pas le mal du pays parfois ? L’Australie, ça doit sacrément changé de la neige non ? »
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyVen 30 Mar - 14:32

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Évidemment qu’elle attrape la pointe, qu’elle voit bien que je parle de ma fille et surtout, que je me retiens dans l’élan. N’a-t-elle pas précisé qu’Ellie était off limits ce soir ; demande que je suis plus que prêt à garder en tête, à maintenir, contenir. « Elle sait marquer les esprits. » d’entendre la jeune femme effleurer du bout des lèvres le potentiel paternel duquel je semble me dérober à son contact me fait plaisir, c’est bien un sourire là, discret, qui couronne mes lèvres. Cette gamine, je l’avais aimée à la première seconde de sa vie, et je l’aimerais probablement jusqu’à la dernière. Pas de la meilleure manière qui soit, probablement même pas comme une figure d’autorité, comme un père exemplaire, comme un allié, un tuteur. Mais je l’avais aimée comme ma chair et mon sang, et ça, Jude l’avait su. Elle qui connaissait mes travers, elle qui avait vu s’étaler devant ses yeux et durant toutes ces années mes défauts, savait que pour Ellie, je serais prêt à crever dans la seconde. L’ambiance aurait pu doucement sombrer dans la nostalgie, et presque, j’y ai cru, jusqu’à ce que la blonde reprenne au sujet de son propre parcours, et me suffise d’une poignée de secondes avant de la relancer à mon tour. Une longue gorgée d’alcool plus tard, et j’étais prêt à reprendre la conversation là où elle l’avait laissée. « Vous y êtes allée récemment? J’ai eu à passer par le Japon plusieurs fois pendant les tournées. »  que je laisse couler, des étoiles dans les yeux, et ces souvenirs qui se multiplient des passages avec le groupe. On y avait été tous ensemble, séparemment, durant de longues périodes puis de plus courtes, des temps difficiles aussi, et la mémoire qui tente d’effacer les quelques moments où j’avais été pris de mes mauvais vices, la drogue au bord des narines et les idées embuées. « C’est habituellement moi qui reste en retrait, en silence. » la complicité qui naît encore une fois au creux de mes lèvres, alors que miss Davis me confie qu’elle est beaucoup plus à l’aise d’écouter que de se livrer. Drôle de mélange, et si sa présence a le don de poser un drôle de baume plutôt confortable sur l’allée que l’on partage en duo, l’envie de lui confirmer qu’elle fait bien son boulot, ici, ailleurs, me suffit. « À croire que vous déclenchez ça, chez les gens. L’envie de parler, de se confier. » la confession qu’elle provoque la seconde d’après en me demandant si la neige, si le Canada, si mon avant me manque. « Un peu à tous les jours. Mais c’était ça le but, le changement. »  n’allez pas croire que je n’appréciais pas Brisbane et ses moindres petits recoins, pourtant, il ne fallait pas être très perspicace pour se rendre compte que tout ce qui me manquait n’était pas qu’un simple pays.  « Quand Jude est décédée, c’est devenu invivable là-bas. Tout me la rappelait. » peu importe l’endroit où on aurait pu poser nos valises, peu importe le paysage qu’on aurait vu chaque matin, les montagnes qui nous auraient bordés, les gens qu’on aurait croisés - Ellie et moi, on n’y aurait jamais survécu. Sans elle. « C’était la mère de… mon premier amour. » et je me rattrape, pas particulièrement étonné d’en venir si vite à ce que Jude était pour moi, avant d’avoir été la mère de ma gamine. Si la jeune femme à mes côtés a tous les droits de se sentir mal à l’aise devant si grande fraction de mon intimité, c’est tout doucement, naturellement, que je rajoute, autant à elle qu’à moi, en promesse. « J’ai prévu y retourner avant la fin de l’année. » plusieurs mois de préparation, d’anticipation, de doutes. Mais la famille qui y reste, les amis aussi, et les racines de ma fille qu’elle doit retrouver le temps d’aider à son deuil - je le sens, ça, je le sais. Mais ce sera la première fois depuis 3 ans. Ça s’anticipe. Si je sais que l’émotion sera au rendez-vous le jour où on, où je poserai le pied à Vancouver, le reste est encore à écrire. « Et vous? Pas de fourmis dans les jambes, l’envie de partir ne vous prend pas trop? » et parce que même si elle a foncièrement dit qu’elle souhaitait me laisser la parole, je préfère lui renvoyer la balle le temps de chasser les vieux fantômes qui planent un peu trop au-dessus de nos têtes ce soir.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyVen 6 Avr - 1:14

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« Elle sait marquer les esprits. » Qu’il répond, doucement en parlant de sa propre descendance, dont elle a eu vite fait de rappeler que le sujet de conversation n’était pas sur la table de discussion ce soir. Elle l’a fait sans nourrir de reproche, pointant là, de bonne foi, un défaut commun à tout parent que de vouloir vanter sa tête blonde pendant des heures. Après tout, n’est-il pas plus productif de pointant ce qu’il y’a de bon, que ce qu’il y’a de mauvais ? C’est ce que l’expérience semble prouver. C’est ce que son père lui avait toujours conseillé, que les gens voient leurs défauts, pas les qualités et qu’on ne les aide pas en leur disant quelque chose qu’ils savent déjà. Naturellement, il avait fallu que la conversation l’amène à partager un peu sur elle, ce qui est habituelle pour elle. D’ordinaire, les hommes qu’elle rencontre sont si imbus d’eux même qu’ils ne lui posent pas la moindre question, et quand ça arrive, elle invente toute une histoire, ce qui est impossible là, vu que monsieur connait au moins son métier. « Vous y êtes allée récemment? J’ai eu à passer par le Japon plusieurs fois pendant les tournées. » Qu’il partage, le point commun la fait sourire, même s’il parle probablement d’une époque bien lointaine. « Non, mon agenda s’est alourdit depuis mon départ. » Elle répond de façon plus fermée. Si elle a mis de côté ses ambitions de voyage, c’est à cause du cancer de papa et malgré l’échange qui se porte bien entre eux. Passer trop près de ce sujet dans leur conversation ne lui donne pas envie. Elle se reprend, lançant d’une façon plus ouverte et optimiste. « Mais, je n’exclue pas de refaire un tour un jour. J’y ai beaucoup appris. » Pour sûr, c’est d’être partie là-bas qui avait fait de Clara une véritable adulte. D’avoir fait l’expérience de la mentalité et de la société japonaise, d’avoir eu beaucoup de difficulté à correspondre à leur monde du travail et d’avoir dû s’y forger, sous peine de devoir rentrer en ravalant sa fierté. Et alors qu’elle explique un peu, il fait la remarque qu’elle semble se tenir mieux. En effet. La pensée qu’elle aurait pu vraiment s’entendre avec lui s’il n’avait pas été un parent d’élève la traverse. « C’est habituellement moi qui reste en retrait, en silence. » Et la pensée qu’ils partagent un sacré nombre de point commun se fait plus présente. La situation est étrange. Elle se sent étrange. « Il semblerait que je sois parvenue à vous faire sortir vous aussi de votre zone de confort. » Dans les deux cas, la soirée aura donc été à marquer d’une pierre blanche. « À croire que vous déclenchez ça, chez les gens. L’envie de parler, de se confier. » Qu’il poursuit, l’amenant à penser à nombre de ses échanges, à toutes ces personnes qui parlent, qui se livrent sans qu’elle ne le demande. Pointé comme ça, c’est vrai qu’elle semble avoir ça dans le sang. « Que voulez-vous ? Il faut au moins ce pouvoir magique là pour échanger avec des adolescents. » Et c’est la première tentative d’humour de la soirée. Il ne le sait pas encore, mais faire rire n’est pas le propre de Clara, à défaut de savoir écouter. Rire et faire rire est un code donc elle n’a pas la maîtrise. Et après un instant, elle se risque à poser question plus personnelle, le motif professionnel est là derrière, parce qu’Ellie ne parle pas et parce qu’elle veut connaitre le background de la gamine. « Un peu à tous les jours. Mais c’était ça le but, le changement. » Et elle penche la tête et devient attentive, tandis qu’il en dit plus, qu’il se laisse faire par ce pouvoir magique qu’il pointait un peu plus tôt. « Quand Jude est décédée, c’est devenu invivable là-bas. Tout me la rappelait. » Elle ne dit rien. Mais si les informations ne sont pas complètes, elle devine assez de qui il parle. « C’était la mère de… mon premier amour. » Qu’il explique, avec un manque de pudeur qui fait détourner le regard de Clara. C’est une grosse immersion dans leur vie privée qu’il autorise tout d’un coup et si les motivations de la conseillère sont professionnelles, elle ne parvient pas à se sentir à l’aise. C’est à la jeune femme qu’il parle, pas celle chargée de veiller au bon comportement scolaire de son enfant. « J’ai prévu y retourner avant la fin de l’année. » Qu’il annonce, ce qui lui fait afficher un léger sourire. C’est bien, il l’écoute, il fait des projets. « Je pense que ce sera bon pour Ellie de retrouver ses racines. Et ce sera bon pour vous de vous sortir du quotidien. » Parce que c’est là son conseil principal, de quitter cette routine empli de non-dit dans laquelle ils sont. « Et vous? Pas de fourmis dans les jambes, l’envie de partir ne vous prend pas trop? » Là, maintenant ? Etrangement, elle se rend compte qu’elle pourrait passer le reste de sa soirée assise à cet endroit, seul bémol. « Non, je suis bien. Mais, je sens l’humidité qui vient de s’alourdir d’un coup. Il va bientôt pleuvoir. » Qu’elle annonce, sûre et certaine de sa prédiction. C’est l’été, la chaleur qui descend la nuit, ça fait rapidement cette effet.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptySam 14 Avr - 23:53

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Je le vois, ce fin sourire qui vient couronner ses lèvres, qui fait écho à cette blague qu’elle tente du bout de la langue. Ce sont les détails ainsi qui rendent la vie si belle, si pure, si facile, maintenant que j’y porte un peu plus attention. La bulle d’avant, le cocon dans lequel je m’étais enlisé toutes ces années de tournée me semble bien éphémère maintenant que je suis attentif, maintenant que je tente de faire un pas de plus sans chanceler, vers quelque chose de potable, vers une vie normale, vers ce qui me rendra un jour probablement plus prompt à être un meilleur père pour Ellie. On y croit. « Et comme moi, ils doivent n’y voir que du feu. » et la remarque est si facile, si piquante envers moi-même qu’elle sort toute seule, m'arrachant un rire devant ma piètre capacité à comprendre l’essentiel, qu’elle avait elle-même pointé du doigt il y a à peine quelques semaines plus tôt. La blonde qui prend un peu plus ses aises, qui me semble respirer mieux, et ce n’est pas sans gêne que j’en prends un peu, à peine, juste assez de crédit, sachant à quel point il est parfois difficile, voir invivable de sortir de sa zone de confort simplement pour tenter les eaux, pour oser. Elle m’avait bien attrapé alors que je m’enlisais dans des comportements nocifs qui rendraient ma relation avec ma fille probablement damnée plus vite encore qu’on aurait pu le prédire. Puis, vient le sujet qui jette un voile, parce que je le laisse le faire. Jude et ses souvenirs, ma mémoire qui n’a pas besoin de faire grands efforts pour parler d’elle, pour esquisser quelques mots à son sujet, alors qu’elle mériterait tellement mieux. Parler d’elle me fait encore mal, me fera probablement toujours autant mal, peu importe quand, comment, pourquoi, pour qui. Mais cela doit faire partie d’un processus de deuil je suppose, d’acceptation. Et mine de rien, la mentionner m’aide à m’en rappeler toujours un peu plus chaque jour, à voir à quel point fût un temps où elle était tout pour moi - et qu’aujourd’hui, elle ne le saura jamais. « En effet, je pense que ce sera nécessaire. Pour faire la coupure, pour mieux avancer. »  c’est l’évidence que garder le Canada en retrait, en aparté ne nous fera pas de bien ni à Ellie ni à moi. Je mentirais si je disais que j’avais eu l’envie seul, si les mots de la conseillère n’avaient pas été l’un des déclencheurs me donnant envie d’arrêter mes conneries et d’acheter deux billets vers Vancouver dans l’espoir qu’on y trouve quelque chose qu’on ne savait même pas y avoir laissé, Ellie et moi. C’était un long shot, c’était beaucoup de et si, et peu de oui mais, mais c’était une possibilité, et je ferais tout pour la toucher, pour l'atteindre. L’air ambiant un brin humide arrache la prédiction à miss Davis, et c’est un froncement de sourcils amusé qui lui répond pour ma part, ignorant si elle signale là qu’elle est au bout de ses ressources et souhaite me laisser pour mieux, ou si elle est bien sérieuse, appliquée. « Un autre pouvoir magique que de prédire la météo? » et je blague, et j’ose, parce qu’elle a ouvert la porte tout à l’heure, parce qu’elle est nettement plus détendue, et parce que, ma foi, cette soirée est douce, belle, vraie, simple, comme il ne s’en fait désormais plus assez. « Je peux vous appeler un taxi. » que je finis par proposer, le regard se vissant vers la rue plus agitée à quelques pas de nous, qui nous offre de quoi s’assurer qu’elle parte d’ici saine et sauve si tel est son désir. « Ou vous raccompagner chez vous. »  ne sachant pas trop ce que cela signifie, tout au mieux que la soirée est bonne, avec elle dans les parages. Que peu importe l’issue qu’elle souhaite, sa présence me fait du bien, sa présence est plus que juste sympathique, juste correcte. Et que dans cette ville où je tente de faire mes marques, un visage familier de plus n’est que bénédiction. Son bref silence me donne de quoi ajouter, l’expression malicieuse et le jeu qui rigole. « Ou ignorer vos prédictions, qui jusqu’à maintenant s'avèrent particulièrement... » ce n’est qu’une fois le premier coup de tonnerre enclenché que je me dis que finalement, me moquer n’était peut-être pas la meilleure solution pour rester au sec. « … vraies. » les premières gouttes viennent éclater sur mon front, eau chaude qui mine de rien s’accompagne d’un vent plus frais soulevant ses mèches, les miennes. Une minute plus tard et c’est le déluge, alors que je lui fais signe, alors que je pointe un endroit en face recouvert d’un petit toit de fortune, les escaliers de secours du building qui feront office de protection le temps qu’elle décide, et que je suive ou non.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyMar 24 Avr - 1:06

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L’échange est doux et très calme. A l’image de la personnalité de Jack, ou du moins, à ce qu’il lui renvoi à cet instant précis. Ce n’est pas aussi courant qu’on ne le penserait, qu’elle parvienne à se sentir aussi secure lors d’une conversation, surtout face à une personne avec qui elle ne devrait moralement pas partager un verre d’après-concert. C’est probablement la rareté de la chose qui la garde assise où elle est. Elle l’écoute attentivement, Jack qui raconte, qui s’ouvre et la laisse entrevoir plus de sa personnalité que ce que leur premier échange dans son bureau n’avait laissé percer. « Et comme moi, ils doivent n’y voir que du feu. » dit-il en parlant des élèves, elle hausse une épaule, l’air de lui faire comprendre qu’ils ne sont pas toujours réceptif. Elle pourrait entrer dans une sérieuse conversation, où elle expliquerait que certains ados ont besoin de continuer à défier l’autorité, ceux-là qui ont en général pas d’autorité à bafouer chez eux, et qu’il y’a ceux qui ont besoin d’aide, qui ont compris. Elle insisterait sur l’importance d’avoir ce trait de caractère : l’écoute, c’est si important. Aujourd’hui, les gens ne font que s’observer le nombril. Après, on se demande pourquoi les choses vont si mal. « J’ai quelques têtes dures. » Qu’elle répond, doucement, non sans aller dans de grandes explications, parce qu’autrement elle s’y perdrait et que de toute manière, parler de son quotidien avec des adolescents n’est pas sujet à traiter. Et puis, l’échange tourne à la confidence, à l’histoire de cette femme dont le décès est ce qui semble amené la situation à ce qu’elle est et aux projets de Jack, de renouer un peu avec ce passé, avec cette douleur qu’ils devraient partager au lieu de la vivre chacun de leur côté. Et Clara qui encourage ses initiatives, parce que tout ce qu’il a besoin de faire, c’est de montrer à sa fille qu’il s’intéresse, qu’il est là, qu’il n’est pas qu’un étranger. « En effet, je pense que ce sera nécessaire. Pour faire la coupure, pour mieux avancer. » « Vous lui en avez déjà parlé ? » A Ellie. De ce voyage. De ses intentions. Elle ne verra l’adolescente qu’à la rentrée, mais elle imagine que ce genre d’annonce a dû donner un coup de pouce à la demoiselle. « C’est moi qui ait abordé cette fois, on devrait instaurer de cookie jar dès que l’un de nous parle d’elle. » annonce Clara, en se rendant compte qu’elle a remis sur le tapis, ce sujet dont elle lui a plusieurs rappelé qu’il n’était pas de mise. C’est juste qu’elle aimerait se faire une idée de l’état d’esprit de l’enfant quand elle la retrouvera à la rentrée. Et brusquement, c’est l’atmosphère qui change entièrement quand elle capte se moment où l’humidité dans l’air s’alourdit, quand tout indique que la pluie frappera bientôt. « Un autre pouvoir magique que de prédire la météo? » lance Jack, en riant, elle ignore s’il se moque d’elle à cet instant précis, son regard l’interroge alors qu’elle en vient à penser qu’ils vont finir arrosés à ne pas bouger. « Je peux vous appeler un taxi. » Qu’il propose, ce qui mettrait fin à cette conversation et elle se prend à ne pas en avoir envie, la sensation l’étonne, ce refus la déroute. Pourquoi voudrait-elle rester ? « Ou vous raccompagner chez vous. » Qu’il ajoute, ce qui la déroute un peu plus et fait rosir ses joues parce qu’elle se rend compte qu’elle pourrait dire oui, si elle ne vivait pas avec son père, ou Nicolas. « Ou ignorer vos prédictions, qui jusqu’à maintenant s'avèrent particulièrement... » Et le tonnerre gronde alors qu’il n’a pas fini sa phrase, il parait surprise qu’elle ait deviné « … vraies. » et elle sourit, parce que c’est si naturel pour elle de savoir ça. « L’été à Brisbane. » Qu’elle explique, brièvement, sous-entendu que c’est l’habitude, que c’est la science aussi, que les fortes chaleurs s’accompagnent d’orage. Et la pluie tombe très rapidement, elle est chaude, elle dérange à peine si ce n’est qu’elle est forte et sans que Clara n’ajoute quoi que ce soit, Jack la conduit à un repère de fortune, le genre d’endroit qui fait espérer que ça ne sera pas trop long parce qu’il n’y a pas la place d’y passer une nuit. Et dans la rue, y’a d’autres personnes qui passent en courant, une veste au-dessus de la tête comme protection, puis des rires parce que la situation n’est pas triste non plus et Clara se prend sourire de la situation, d’avoir été bousculée de la sorte. Et quand elle recroise le regard de Jack, elle ignore si c’est cette pluie, ces rires, la chaleur ou même les quelques verres qu’elle a eu ce soir qui sont remonté, si c’est leurs échange et d’avoir entraperçu une personnalité qui lui plait, elle ne sait pas si c’est la façon dont Jack pose ses yeux sur elle, le vent qui s’engouffre qui provoque ce léger frisson. Mais, ça fonctionne comme un électrochoc, une pulsion, un déclencheur qui l’amène à se dresser sur la pointe des pieds et à déposerune main dans son cou pour l’attirer à elle et déposer ses lèvres sur les siennes, sans même penser un instant à l’interdit qu’elle brave mais juste à cette respiration qu’elle apprécier sentir sur son visage, à ce bras qui la saisit et aux pas des coureurs de fortune, qui devront chercher un abri ailleurs.
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Message(#)clarck ▲ it takes time to be someone EmptyMer 25 Avr - 4:25

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Avancer à tâtons, ignorer la suite, et la conversation qui coule doucement sans qu’on y fasse le moindre effort. La miss Davis du collège est loin derrière lorsque son sourire complice s’accroche au mien, lorsque mes iris la caressent du regard. Parce que dans l’intimité de la ruelle, il n’y a plus personne qui puisse vraiment déranger, moins de règles à suivre, moins de conformités auxquelles se plier. Les confidences sont donc un peu plus faciles à exhiber, et néanmoins c’est tout en douceur que je me livre à elle, d’abord pour expliquer ceci et cela, surtout pour me l’entendre dire. Un deuil pouvait prendre des semaines comme des mois, comme des années. Et humblement, je ne croyais jamais vraiment pouvoir me remettre du décès de Jude dans les bons délais, mais voilà que de parler d’elle, une pointe à son sujet, suffit à ce que la pression d’une soirée passée à discuter de tout et de rien fasse un peu de bien, un baume contre tout le reste. À cela s’ajoute aussi le fait qu'éventuellement, un retour au Canada se prépare pour Ellie et moi.  La logique des choses voulant qu’un ressourcement nous fasse le plus de bien, mais surtout, que la gamine se permette de construire des souvenirs sur sa patrie autres que ceux larmoyants laissant sa mère et sa jeunesse en entier derrière pour le premier vol vers Brisbane. L’arracher à ses origines était tout sauf le plan de départ, mais sans notre fuite calculée, j’ignore ce qu’on serait devenus tous les deux. Ellie aurait sûrement survécu, elle et sa force de caractère, elle et son courage, elle et tout ce que Jude lui avait légué, et qui la rendait si fabuleuse et puissante de jour en jour. Moi par contre, c’était une toute autre histoire. Trop proche des tentations et je me serais brûlé à nouveau, le voile d’un trait de coke me faisant saliver en temps de crise, et la cure que j’aurais facilement envoyé valser si un buzz chimique m’assurait l’oubli, le néant un temps. « Oui. Non. Enfin, je tente de lui faire la surprise. » la jeune femme qui demande si ma fille est au courant et je m’empêtre dans mes mots, j’affirme avant de me rattraper, maladroit ici comme avec Ellie, mais les intentions qui tentent d’être un peu plus douces, un peu plus attentionnées - justement.  « Mais elle en a parlé l’autre jour ; quand elle croyait que j’écoutais pas. » et je précise, parce que qui dit surprise dit aussi risquer gros. Néanmoins, c’était l’oreille attentive que j’avais haussé le sourcil à quelques reprises, décelé les signes, porté un peu plus attention à ce que la tête brune au regard noir pouvait bien babiller à la maison, quand mon attention se diluait ailleurs. Elle avait parlé de Vancouver, elle avait parlé de Chloe, elle avait parlé de ses anciens potes, elle en avait parlé, et moi, tout ce que j’avais fait, c’était écouter. Et acheter les billets. Le reste était encore à prévoir, mais il s’adoucissait avec le temps et l’espoir. La blonde qui se rattrape dans son élan, sachant qu’à ses propres règles elle a échoué et mentionné la gamine alors que l’intention était de garder ce volet rangé bien sagement, le mieux possible. Elle m’amuse d’être plus à l’aise, et elle me fait sourire, doux amusement en aparté qui la voit être plus fluide, plus elle-même, plus versatile sans le moindre changement de ton. Et cette lueur de malice dans les yeux qui la rend encore plus belle à lune, si c’est possible. « Y’aura de quoi payer la prochaine tournée. » l’intention de la retenir à mes côtés ce soir me frôle les idées - mais je préfère laisser le reste aller, comme ce moment qui s’allonge au fil des minutes. Si le prochain verre n’est pas pour bientôt, il sera pour un futur approximatif, il sera au planning, il sera là, ambiant, promesse qu’on s’est faite sans vraiment se la faire, et toujours lorsque je la croiserai dans les couloirs du lycée, ce sera l’appréhension de la retrouver hors de l’établissement qui suffira à maintenir cette électricité, là, palpable. Et la météo y est pour beaucoup, lorsque le tonnerre gronde, lorsqu’on entend les bribes d’un éclat tomber sur le bitume de la ruelle, et que d’instinct je l’attire sous un toit qui fera office d’abri suffisant le temps que le déluge estival se calme, ou qu’il soit moins diluvien. Tout autour, on s’active, on court, on évite, mais l’action des environs m’importe peu, si ce n'est ce sourire qui prend sa place sur ses lèvres maquillées, et ces prunelles qui se vrillent sur moi comme les miennes sur elle. J'enregistre tout. Les mèches humides collées sur son front, la finesse de sa nuque dégagée, la froideur des doigts qu’elle appose sur ma peau, l’élan qu’elle se donne pour venir à ma hauteur, et le bras que je passe tout naturellement le long de sa taille pour l’aider dans son mouvement. Le souffle haletant de l’interdit alors que j’ignore le reste, et le baiser que je prolonge avec un peu plus de vigueur, la tension qui est tangible, tranchante, et le poids plume dont elle fait preuve que j'immobilise d’une étreinte, distance infime entre son corps et le mien. Nos souffles ne font qu’un lorsque je finis par me détacher, et qu’un coup d’oeil, qu’une moue amusée, qu’une phrase, toute simple, et l'ironie qui pend au bout de ma langue le temps qu’elle reprenne ses esprits. « L’été à Brisbane, hen. » la température qui doucement chute avec l’averse, et le silence de la rue, le trottoir reluisant, les étoiles qu’on discerne à peine entre les nuages. Son parfum dans mon sillage, son goût sur mes lèvres, son visage de porcelaine que ma paume enserre et ramène, avide, vers moi. L’instant suivant, c’est un nouveau baiser que je relance, beaucoup plus charnel, beaucoup plus passionné. Parce que je sais que son temps est compté, je sais que la minute, la seconde suivante, elle me filera entre les doigts, elle prendra le premier taxi du bord et je ne la reverrai que lorsqu’elle l’aura décidé. Ce qui rend le tout si pressant, si opressant, si enivrant, aussi. Surtout.
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