Tout était dans le moment. Celui où, tout juste abrités sous un repère de fortune, elle avait croisé son regard et le désir était né de là, comme par
magie. Ou peut-être juste qu’elle essayait de ne pas le voir alors qu’ils discutaient tranquillement et qu’il lui partageait certaines parts de sa vie, peut-être qu’elle s’était fait discrète jusque-là, parce qu’elle n’était pas venu pour repartir seule et qu’elle avait combattu l’optique qu’il soit son
prince du soir (bien qu’il ait plus des airs de
bête) parce que c’est justement pas correct. Clara est psychorigide avec tout ce qui touche de près de loin à son travail. Mais, une fois cette pluie tombée, marquant étrangement minuit et le moment pou
r les citrouilles de revenir au potager. Elle avait cédé à la pulsion et advienne que pourra, l’avait embrassé dans un comportement indigne de
Cendrillon parce qu’elle en avait eu envie, parce qu’il l’attirait sans qu’elle ne l’assume et que le moment s’y prêtait. Que
cette pluie, bien que pas d’avril, avait rompu cette distance qu’elle posait, de même que le
tonnerre avait surgit hors de la nuit et que son bras l’avait attrapé fermement pour la hisser à sa hauteur. Elle en avait le souffle coupé, probablement pour ne pas réfléchir à la transgression qu’elle commettait, c’était juste beaucoup trop enivrant pour que son flot de pensée fonctionne correctement. Et doucement, leurs lèvres se séparent, sa respiration lui revient et elle a le cœur qui s’emballe.
« L’été à Brisbane, hen. » Qu’il souligne, arrachant un rire nerveux à ses lèvres, parce que ce geste n’était absolument pas prévu, comme beaucoup de chose qu’elle fait dès qu’elle sort dans les bars.
L’histoire de sa vie, en somme. Mais, elle n’ajoute rien, elle se contente de garder les yeux plongé dans son regard, le suppliant presque de recommencer avant qu’elle se ne remette à réfléchir et que la situation délicate dans laquelle elle se fourre ne lui saute aux yeux.
Vœux auquel il répond favorablement en saisissant à nouveau ses lèvres, d’une manière qui manque de la faire défaillir, ses doigts se plongent dans
sa crinière de lion et fort heureusement qu’il la tient fermement, parce qu’elle sent le sol s’ouvrir sous ses pieds. Et ce baiser-là est plus fort, moins timide. Exit la
Reine des Neige qu’elle incarne dans son bureau, elle place sa rigueur ailleurs et après plusieurs minutes, c’est la pluie qui semblent tomber moins fort, ce sont ses automatismes et sa pensée normal qui reprenne le contrôle sur elle quand elle se détache, qu’elle repose les pieds sur Terre. Elle a le cœur qui bat la chamade et les joues qui rougissent de découvrir ce qu’elle a fait, dans les bras de qui et de se souvenir la plaisir qu’elle y a pris. C’est donc ainsi que l’on se sent, quand l’on
croque la pomme empoisonnée. Il est sûrement trop tard pour prendre ses airs de
princesse. Son visage affiche l’inquiétude qu’il semble avoir prédit, qu’il observe doucement tandis qu’elle s’écarte.
« Je … » Elle ne sait pas quoi dire. C’est affreusement gênant et son sourire à lui en l’observant ne retire rien, comment est-elle sensée faire un travail correct si c’est ce genre de relation qui s’installe. Désemparée, elle observe à droit et à gauche jusqu’à ce qu’un taxi passe dans la ruelle.
Sa bonne fée semble lui amener le
carrosse à ses pieds vers lequel elle s’élance, manque de perdre un
soulier au passage.
« Je dois partir, c’était … » Elle perd ses mots, qu’est ce qu’elle pourrait bien dire sur ce qu’il vient de se passer.
« Bonne soirée Jack. » Qu’elle conclue, l’appelant par son prénom, ce qui semble être la moindre des choses vu qu’ils étaient en plein pelotage il y’a deux minutes. Clara s’éclipse, annonce la destination. Elle pourrait presque appeler la chauffeuse
Marraine pour qu’elle la ramène plus vite dans la maison qui lui fait office de
château . Les conseils d’Olivia, sa
demi-sœur, lui revenant en mémoire. Pour n’arrête-t-elle pas d’enchainer les conneries ? La vie n’est pas un
dessin animé, certes, mais elle serait bien plus paisible si elle était capable de se maîtriser en tout temps.