Sérieusement, qu'est-ce qui a prit à Clément d'accepter cette demande d'Ambroise ? Peut-être est-ce parce qu'il ne cesse de lui rabâcher les oreilles depuis des semaines, qu'il a finit par céder, juste pour espérer avoir un peu de calme par la suite et qu'il cesse de l'emmerder à ce point ? Car franchement, la haine qu'il ressent envers ABBA dépasse n'importe quoi dans ce monde. Il ne saura se l'expliquer réellement, mais il ne peut tout simplement pas écouter une chanson de ce groupe sans hurler au désespoir. Et pourtant, le voilà, assit sur le canapé, devant Netflix, à regarder le film 'mamamia' avec Ambroise. Juste pour lui faire plaisir. Alors que, sincèrement, il aurait préféré faire autre chose à la place. Il a encore toute une scène et un gros monologue à réécrire puis à apprendre, quelque rendez-vous à prendre, son sac pour la danse à préparer et réviser ses cours. Mais non, il est là, à se la couler douce devant un film qu'il ne supporte pas, grimaçant à chaque fois que les acteurs commencent à chanter.
Il évite tout commentaires, car il en aurait des centaines par minutes à exprimer. Il ne peut, décemment, pas apprécier ce film. Trop à l'eau de rose, trop édulcoré. Des danses et des chansons à se tirer une balle dans la tête ou dans le pied ...bref, une grosse guimauve informe, une merde en boîte qui fait grincer les dents au jeune comédien. Fort heureusement, Moana a décidé de leur tenir compagnie et est allongée de tout son poids sur ses genoux, jouant un peu avec les doigts de son maître. Sans la compagnie de sa chienne, Clément aurait sans doute péter un plomb depuis longtemps.
Il tient bon, mais dès que le générique de fin s'affiche sur l'écran, il se redresse vivement et se jette presque littéralement sur la télécommande, effrayant Moana au passage, et éteint la télé avant de soupirer lourdement de soulagement en se reculant contre le dossier du canapé. «Je crois que je préfères encore écouter 'let it go' pendant 10 ans plus que de me taper tout un film avec fucking ABBA en BO ... » souffle-t-il en se passant une main sur le visage. Il lance un coup d’œil vers Ambroise et sait pertinemment qu'il va le contre dire, lui exposer avec exactitude pourquoi ce film est génial et à quel point ce groupe est excellent. Mais Clément n'a pas envie d'engager une conversation sur ce sujet. Car cette discussion va résulter en débat qui ne mènera à rien. Les goûts et les couleurs tout ça.... bref.
Le jeune comédien fini par se redresser et s'étire, grimaçant un peu lorsque la douleur dans le bas de son dos se fait sentir. Il se passe les mains sur les lombaires et se masse un peu en lançant un coup d’œil vers Ambroise «Bon, c'est pas tout ça mais j'ai du boulot moi. Je ... » il ne peut en dire d'avantage car Moana saute du canapé et court vers la porte en aboyant joyeusement. Suivant sa chienne du regard, le jeune néo zélandais soupire doucement « Non ma belle, on peut pas sortir maintenant. Après, ok ?» elle accourt vers Clément, jappe de mécontentement puis repart vers la porte. Clément secoue la tête et se lève pour aller vers sa chambre mais Moana n'est pas de cet avis. Elle revient vers son maître queue frétillante et laisse dans la bouche. Un signe évident d'une envie pressante.
Hésitant un instant, Clément soupire discrètement puis se tourne vers Ambroise «Tu viens avec ? » demande-t-il « Tu m'dois bien ça, de m'accorder une heure et trente minutes de ton temps, alors que tu m'as fait perdre le mien devant ce film là» argumente-t-il en désignant la télé d'un coup de tête, demi sourire sur les lèvres. En vrai il n'a aucune envie de sortir, se sentant déjà bien trop mal d'avoir perdu 1h30 pendant lesquelles il aurait put réviser ses cours et bosser son texte.
Clément travaille trop. Et c’est l’avis d’Ambroise, le mec qui a passé plus de temps à réviser dans sa vie que toute une classe universitaire d’étudiants en médecine. Sybbie a aussi remarqué que leur ami a toujours quelque chose à faire, entre les études et le théâtre. Heureusement que Moana est là, sinon Clem n’arrêterait pas une minute, et son meilleur ami ne serait pas surpris d’apprendre qu’en balade, il récite ses lignes. Les jumeaux en ont discuté assez rapidement, après avoir échangé quelques regards, dialogue silencieux qui leur suffit parfois. Si la jeune femme a subi quelques échecs en voulant entraîner le néo-zélandais loin de ses révisions, Bonnie a plus de chance. Sans doute parce que Clément lui a promis que sa charge de travail dans la compagnie, qui s’ajoutait à sa pratique de la danse et à ses études, ne changerait en rien le fait qu’il aurait toujours du temps à consacrer à son meilleur ami. Ce n’est pas non plus tous les jours que l’australien l’embête ; la plupart du temps, il se contente d’être dans la même pièce que lui, lisant ou le regardant apprendre ses textes. Comme un chat.
Ça lui suffit de l’avoir à proximité, et heureusement qu’ils habitent ensemble, sinon ils ne se verraient quasiment plus, il en est certain. Quelque part, cela lui fait de la peine, pourtant leur relation n’a pas changé, ils partagent des délires, des petites joutes verbales, une complicité flagrante et le nombre de contacts tactiles n’a même pas diminué. Suite à la nuit passée ensemble – où ils ont réitéré l’exercice quelques fois d’ailleurs... – aucun d’eux n’en a reparlé, mais il n’y eu aucune modification dans leur relation, mise à part une proximité physique encore plus aisée. Mais cela, Ambroise ne l’a même pas remarqué, habitué à rechercher son contact depuis longtemps déjà, ce qui est une rareté chez lui. Ça ne l’étonne donc plus du tout. Là par exemple, s’il n’y avait pas déjà Moana en place, il aurait la tête sur les genoux de son ami, à n’en pas douter. Mais en soi, de pouvoir observer du coin de l’œil ses expressions alors qu’ils regardent Mamma Mia vaut clairement des caresses dans les cheveux.
Clément l’a vraiment étonné en acceptant de regarder ce film avec lui, alors qu’il déteste ABBA, mais sûrement que le fait que Bonnie en parle souvent l’a poussé à céder pour lui faire plaisir. Et ça le touche, vraiment, d’une manière qu’il ne saurait exprimer. Il ne comprend pas cette haine pour le groupe, alors que lui, quelques notes de début suffisent à le mettre de bonne humeur, chantonnant toute la journée parfois juste parce que son cœur est léger et qu’il a envie de danser. Il apprécie aussi réellement l’absence de commentaires, mais ça non plus il ne sait pas comment le formuler. Et puis, quelque chose lui dit que Wolf le prendrait peut-être mal, alors il ne dit rien et se contente de regarder le film avec un sourire sur les lèvres. Par respect, il se retient aussi de faire du karaoké, certain que le comédien le tuerait pour ça. Déjà qu’il se plaint à chaque fois qu’Ambroise fredonne une des chansons d’ABBA. A la fin du film aussi il n’y a aucun commentaire ; heureusement, car il pourrait réciter par cœur tout ce que son meilleur ami n’aime pas. Et dès les prémices de cette mésentente musicale, Ambroise ne proteste pas. Il a essayé au début, ça n’a servi à rien à part braquer davantage Clément. Alors il laisse toujours couler, les goûts et les couleurs hein...
« On pari... ? » demande alors le jeune australien en tapant déjà sur son clavier de téléphone ‘Let it go’, montrant bien la page youtube à Clément au passage. Il rit simplement de sa réaction tout aussi dégoûtée. Il n’aime pas le forcer à faire des choses, mais à partir du moment où son ami accepte, il est à la fois content et coupable. Il sait que ça a été une mauvaise expérience pour le comédien, alors il ne pousse pas le bouchon, déjà heureux de lui avoir fait sortir le nez de ses révisions pendant tout un film. Ça lui a changé les idées. Il fait donc preuve de compréhension et se contente de sourire légèrement, avant de perdre ce sourire quand il est question de travail. Seulement, Moana est sur la même longueur que lui, et fait très bien comprendre à son maître qu’elle veut sa balade maintenant, tout de suite, et qu’il n’a pas le choix. Bonnie dissimule son accord en répondant vite fait à un sms, écoutant la scène pourtant attentivement.
Il est toujours aussi surpris de cette chienne qu’il est venu à aimer encore davantage depuis qu’elle partage littéralement sa vie, et il comprend de mieux en mieux pour Clément l’aime à ce point. Il l’observe d’ailleurs convaincre son maître tout aussi bien qu’il aurait pu le faire – et Ambroise s’y connaît là-dedans –, quand le maître en question lui propose de les accompagner. Il relève les yeux sur lui, puis rigole légèrement en se levant. « Je dois te dire que je vais apprécier cette balade au moins autant que t’as détesté le film, du coup, franchement, c’est pas un supplice. » Il lui lance un clin d’œil en se dirigeant vers l’entrée pour enfiler ses chaussures. « J’ai besoin de prendre l’air aussi, ça tombe bien », ajoute-t-il. La vérité résidait surtout dans le fait qu’il ne crachait jamais sur une occasion (devenue rare) de vraiment passer du temps avec Clément, de partager quelque chose. Il récupéra ses papiers et vérifia qu’il avait son portable et ses clefs, puis observa son meilleur ami. « Et ben qu’est-ce que t’attends ? Dépêche-toi sinon elle va faire pipi sur le tapis et souviens-toi que c’est ton boulot de rattraper ce genre de bêtises », lui rappelle-t-il avec un léger sourire taquin avant de se diriger vers la porte d’entrée pour sortir de l’appartement.
Alors qu'Ambroise saute du canapé en acceptant de les accompagner pour leur balade et se prépare pour sortir, Clément observe son meilleur ami avec un mélange de bonheur et d'anxiété. Ils n'ont jamais reparlé de leur rapprochement ultime en ce début d'année. Le lendemain, chacun a vaqué à leur occupation aucun d'eux n'évoquant ce qu'ils ont fait ensemble. Ni le lendemain, ni le jour suivant, ni la semaine suivante. Et même un mois après, ils n'en ont toujours pas parler. Ambroise agit comme si de rien n'était, sans pour autant instaurer un quelconque malaise. Et même si Clément a passé plusieurs jours et nuits à se poser d'innombrable questions, il a décidé de mettre tout ça de côté. C'est sans doute un peu pour ça qu'il travail autant, pour éviter de trop penser à leur relation. D'ailleurs, en vrai, rien n'a changé. Et même si Clément n'était pas très a l'aise les premiers jours, qu'il n'a pas forcément cherché la proximité d'Ambroise, il acceptait sans broncher quand c'est lui qui venait. Et au final il s'est rendu compte qu'il aime de plus en plus quand son meilleur ami instaure quelques rapprochements physiques. Ne voulant donc pas gâcher leur entente parfaite de ces dernières semaines, Clément n'a jamais remit le thème du sexe sur le tapis.
La voix de son meilleur ami qui le sort de ses esprits. Se redressant, il relève la tête et pose un regard interrogateur sur Ambroise, cligne un peu des yeux, perdu, avant de sourire doucement et secouer la tête «Elle ne fait plus ça depuis longtemps » répond-t-il en se reprenant finalement, désignant Moana « C'est une grande fille» il rigole doucement et chausse ses converses avant de laisser glisser son portable dans la moche arrière de son jeans «allez c'est bon » déclare-t-il avant d'attacher la laisse au collier de la chienne et sortir dans le couloir. Il attend qu'Ambroise ait fermé la porte à clef derrière eux puis se dirige vers l'escalier et descend pour sortir du bâtiment.
Une fois dehors, dans la rue, il laisse Moana renifler les murs et se soulager une première fois contre un poteau, silencieux dans un premier temps avant de se tourner vers Ambroise « La plage, ça te va ? » demande-t-il, l'air de rien. Dans le fond, pourtant, l'idée de se balader à la plage, le soleil se couchant sur l'océan, ne lui déplaît absolument pas, bien au contraire. «A cette heure y aura sûrement plus grand monde et je vais pouvoir laisser Moana gambader comme elle veut » reprend-t-il en baissant le regard sur sa chienne. Celle-ci trottine joyeusement, queue frétillante et langue pendante, à ses cotés, le regard attentif et la truffe en l'air, humant toutes les odeurs qui se trouvent sur son passage «Ah et en rentrant, ça te dit qu'on passe chez Kotobuki ? J'ai vraiment envie de sushi depuis avant hier ... » avoue-t-il, persuadé que son meilleur ami partagera son avis.
La balade en perspective a de quoi réjouir Ambroise, car elle signifie du temps en plus à partager avec Clément avant qu’il ne retourne à son travail. Il a l’impression que son ami en accumule de plus en plus, et se demande parfois s’il ne va pas devoir lui en parler directement un jour. Pour le moment cependant, le distraire de temps à autre suffit, pour le reste, il a l’air de gérer convenablement. Il n’est pas forcément plus stressé – pas plus que ce qu’il devrait vu son agenda –, donc même s’il a beaucoup moins de temps à consacrer à Bonnie, ce dernier ne se fait pas tant de soucis que ça. Ils sortent de l’appartement avec une Moana tout excitée d’aller dehors mais qui se tient correctement jusqu’au moment où ils mettent tous le nez dehors. La météo est radieuse pour cette fin de journée, l’été est encore bien présent et le fait savoir. Il ne fait pas trop chaud non plus, car la soirée est tout de même avancée. Le néo-zélandais propose alors d’aller jusqu’ à la plage. Ça leur fait une bonne durée de marche, mais l’idée est plaisante, et Ambroise sourit en hochant la tête. « Ouais ça m’va. » Il observe un instant Moana, qui va être tout aussi ravie qu’eux, elle va pouvoir s’épuiser sur la plage en toute liberté.
« Je suis toujours partant pour des sushis Clément, tu le sais bien... » répondit-il ensuite à son meilleur ami avec un sourire en coin. Un bon déroulement apparait, et au final, Ambroise est content de l’avoir forcé à le joindre pour visionner Mamma Mia. Sans cela, peut-être que Wolf serait parti en balade sans même l’inviter. Avec la perspective de partager des sushis, cela va même au-delà de la balade. « D’ailleurs, on mettra le film que tu veux, c’est toi qui choisis maintenant », annonce-t-il d’ailleurs ; une manière de contrebalancer ce qu’il lui a fait subir plus tôt. « N’importe lequel. » Bonnie sait qu’il risque fort de mater un film qu’il hait et que son pote adore juste pour le plaisir de la vengeance de ce dernier, mais il est prêt à ce sacrifice. Notamment car il aura des sushis dans la bouche et la possibilité de se blottir contre Clément ensuite, ce qui serait la meilleure excuse pour s’endormir et rater ainsi une partie du film s’il le déteste. Les petits papillons dans son ventre sont de retour, mais il n’y fait pas attention. Ce brin d’excitation pour ce qui est une simple soirée entre amis est devenu courant, depuis facilement deux mois. Et, comme à son habitude, il n’analyse pas, il se dit juste qu’il a hâte e pouvoir profiter de Clément, alors que depuis une ou deux semaines, ce genre d’occasion se fait très rares.
Ils prennent donc la direction de la plage, discutant de tout et de rien sans aucun problème et riant souvent. Depuis son portable, Bonnie lui fait découvrir quelques musiques et Wolf en fait de même à son tour, et de temps à autre c’est Moana et ses frasques qui accaparent leur attention et leur sourire. A les voir, on dirait simplement deux amis, personne ne pourrait s’imaginer qu’il y a eu un nouveau tournant à leur relation. Ambroise agit inconsciemment à ce propos, comme avec toutes ses relations finalement, il ne voit pas cela comme une chose incroyable, dérangeante, déplacée. Ça n’est pas une raison pour lui de changer de comportement. Et en y faisant attention, il a au moins réussi à comprendre au fil des jours que chez le comédien non plus, rien n’avait changé, qu’ils sont toujours proches, tactiles, ce genre de bricoles qui dans les films est qualifié par le terme bromance. A vrai dire, Bonnie ne sait pas ce qu’il en pense, à par le fait que ça ait été génial et que si l’occasion se représente, il ne dira pas non. En revanche, il ne sait pas non plus comment il réagirait si le néo-zélandais venait à poser des questions, cherchait à savoir si cela changeait quelque chose entre, ce qu’ils étaient l’un pour l’autre... Pour lui c’était clair, ils restaient meilleurs amis, mais il craignait qu’il en aille différemment pour Clément, et il ne voulait pas le blesser ou quoique ce soit et il savait que ça risquait d’arriver. Et pour ça Bonnie se détestait d’avance.
Enfin soit. Au bout de quelques dizaines minutes de marche qu’ils ne virent pas défiler, le sable est là pour les accueillir. Moana commence à tirer sur sa laisse, doucement, pour montrer qu’elle n’a qu’une hâte : pouvoir courir après les mouettes. Ambroise en profite pour retirer ses vans, et soupire en glissant ses pieds nus dans le sable chaud. « On devrait faire ça plus souvent j’crois... C’est dommage que tu viennes jamais quand je vais surfer », lance-t-il, le regard fixé sur l’océan devant lui, le cœur se gonflant un peu plus à chaque vague. Il connait bien le traumatisme de son meilleur ami, et ne l’a pas une seule fois amené sur le tapis. C’est toujours Clément qui ouvre le sujet, lorsqu’il en ressente le besoin, et Bonnie écoute sans faillir. Cependant, lui, il adore la mer, l’océan, l’eau. Sûrement la seule chose en commun avec son père. Sans attendre plus, après un coup d’œil au comédien, il commence à avancer lentement, suivant le chemin qu’a tracé Moana une fois libérée, s’approchant de l’eau à quelques dizaines de mètres. La plage est large, mais pas très longue, et à cette heure-ci, quelques-uns profitent des derniers rayons de soleil, certains font leur jogging, et d’autres encore discutent entre amis sur le muret délimitant le trottoir de la plage. Somme toute, il n’y a pas grand monde. « On reste un moment dit ? Je veux voir le coucher de soleil », lâche-t-il un peu à la manière d’un enfant, avec un sourire dans la voix alors qu’il se retourne vers Clément.
Il est vrai que sans Moana ou Ambroise, Clément resterait enfermé toute la journée dans l'appartement. Dans sa chambre plus précisément, avec ses livres, des classeurs et ses cours. Alors que l'année dernière encore il profitait de chaque instant de calme pour sortir avec Moana, s'amuser avec sa chienne ou en soirée avec Ambroise et d'autre potes, ces derniers il se change plus les idées en changeant de sujet sur lequel il bosse. S'il en à marre du théâtre classique, il passera sur la scénographie, si ça ça ne le branche plus, il finira par s'intéresser au théâtre d'improvisation médiéval européen. Bref, il y a tellement de possibilités que Clément ne peut décemment pas s'ennuyer en révisant.
Mais il doit avouer que laisser ces bouquins de côtés pour deux ou trois heures ne lui fait vraiment de mal. D'autant plus qu'il peut ainsi passer du temps avec son meilleur ami. Il lui avait d'ailleurs promis que quoiqu'il arrive, même si ses journées sont plus chargées, il trouvera toujours du temps pour lui. Et ça passe par perdre plus d'une heure de son temps devant un film de merde avant d'aller faire une balade avec Moana et Ambroise. D'autant que le soleil est sur le déclin et que la température est plus fraîche. Ça va leur faire du bien à tous les trois d'aller se dégourdir les jambes et les pattes.
Ainsi, une fois dehors, Moana reniflant l'air, Clément propose d'aller à la plage. Même si ce n'est pas l'endroit qu'il préfère et qu'en vrai il évite au maximum d'y aller, il sait que c'est un des endroits préférés de son meilleur ami et surtout que sa chienne adore chasser les mouettes. Ainsi donc, il prendra sur lui. Et puis, d'un commun accord, ils décident qu'en rentrant ils passeront prendre quelques sushi et Ambroise lui promet de choisir le film qu'il veut. «Oh tu sais pas dans quoi tu t'engages ... » dit-il, faussement menaçant, avant de rigoler doucement. Clément n'a aucune envie de choisir un film qui ne plaira pas à tout les deux. En vrai, il n'a aucune envie de regarder un deuxième film, ce ne sera que du temps perdu en plus.
En chemin vers la plage, la bonne humeur est de mise, ils échangent leur dernière découvertes musicales et, encore une fois, Clément se rend compte qu'ils se ressemblent vraiment bien plus qu'ils ne diffèrent l'un de l'autre. En fait, leur différence ne réside que dans quelque petits détails qui font que leur relation n'est pas trop banale et plate, mais plutôt intéressante avec pleins de rebondissements. Et ça, ça c'est super cool.
Arrivant au niveau de la plage, le soleil déjà assez bas sur l'horizon, Clément de dirige avec Ambroise vers un escalier qui les mènent dans le sable. Là, Moana s'excite un peu plus et tire de plus en plus sur sa laisse. Clément fini par hausser un peu la voix et la calme juste le temps de détacher sa laisse et l'autoriser à courir. Elle prend rapidement en chasse quelques mouette et cours vers l'eau, pendant que Clément retire ses converses et les gardes en main en suivant Ambroise. Celui-ci s’extasie sur l'océan, trouvant ça dommage que son meilleur ami ne le rejoigne jamais quand il va faire du surf.
Pinçant les lèvres, se passant une main sur le coude, il hausse les épaules « J'suis juste pas super fan de l'océan» dit-il sur un ton qui se veut assurer. Mais Ambroise n'est pas con, il sait parfaitement que les raisons pour lesquelles il n'aime l'océan, résultent d'un réel traumatisme qui est bien plus profond qu'un simple malaise face à la mer. « Enfin, bon tu sais pourquoi hein » reprend-t-il en s'immobilisant, tandis qu'Ambroise, lui, s'avance vers la mer. C'est idiot, il n'arrive même pas à s'approcher de l'eau sans que son corps réagisse aussi négativement. Même là, loin des vagues qui s'échouent régulièrement sur le sable, il sent comment ses entrailles commencent à travailler alors que son regard se perd dans le remoue des vagues.
Croisant ses bras, il prend une profonde inspiration et ferme les yeux lorsque les flash du tsunami lui reviennent à l'esprit. Crispant le visage pendant quelques instants, il les rouvre en entendant les aboiement de sa chienne qui vient déposé un bâton aux pieds d'Ambroise. Celui-ci l'observe et Clément n'a aucun mal à savoir qu'il vient de lui parler et qu'il attend sa réponse. « Tu ...hm...pardon ?» demande-t-il, l'interrogeant aussi du regard. Avec un petit sourire, Ambroise réitère sa réponse et Clément se passe une main sur le visage en hochant la tête « Ah, ouais. Ouais bien sur qu'on peu rester un peu. Ici» dit-il en regardant autour de lui, resserrant un peu plus ses bras autour de lui montrant qu'en vrai il n'est vraiment pas à l'aise à l'idée de rester ici.
Moana observe Ambroise puis Clément, puis aboie pour avoir l'attention d'un des deux garçons. Le jeune comédien sourit légèrement et désigne son chien d'un coup de tête « J'crois que quelqu'un t'attends pour jouer un peu » dit-il avant de se reculer de deux pas et s'asseoir sur le sable. Ce qui, en soit, est déjà un bon progrès car pendant de longues années il ne s'est pas approché de la mer, si bien que s'asseoir à même le sable lui était totalement impensable. «C'est un peu nul, non ? » demande-t-il en levant son regard vers Ambroise lorsqu'il s'approche de lui « Je veux dire, ce genre de couché de soleil est incroyable et je suis incapable de pouvoir l'apprécier comme il se doit ...»
« Peut-être que si, justement... » rétorque Ambroise en un haussement d'épaules, alors que Clément le menace vaguement de lui faire payer ce visionnage de Mamma Mia. Il n'a pas peur, si Wolf veut lui montrer je ne sais quel film nul, il acceptera sans broncher. Il sait à quel point son ami déteste le film qu'ils ont regardé, alors ils seraient quittes ainsi. Et puis ça passera mieux avec des sushis, de toute façon. La route vers la plage se passe sans accroches, et ils ne voient guère le temps passé en parlant de tout et de rien. Ca fait vraiment du bien à Bonnie, autant de sortir que d'avoir ce genre de discussions avec son meilleur ami ; ce genre de moment s'est fait rare, même s'il voit bien que Clément fait souvent des efforts pour dégager un peu de son temps à leur amitié. Ça n'est souvent pas assez, alors l'australien, sans faire pour autant des remarques désobligeantes dont il a le secret, vient parfois squatter sa chambre où ils révisent alors tous les deux.
Aujourd'hui a été une belle journée, et cette soirée s'annonce aussi radieuse alors, après des heures enfermés à l'appartement puis devant un film, une balade tombe réellement à pic. Moana en est toute heureuse, et il est très facile de le remarquer. Bonnie aussi se sent de meilleure humeur alors qu'ils arrivent à la plage. La chienne commence à tirer davantage sur sa laisse, demandant à être libérée, et se calme sur ordre de Clément juste le temps que sa laisse soit défaite. Elle s'élance alors comme une folle après les mouettes, brusquement dérangées et qui font comprendre leur mécontentement. Attiré comme un aimant par l'océan, Ambroise défait ses chaussures puis s'avance vers l'eau. Il trouve regrettable que Clément ne l'accompagne jamais lorsqu'il vient surfer, même si ce n'est que pour rester au soleil comme un lézard en manque. Il est encore assez proche du néo-zélandais pour entendre sa réponse (il n'aime pas l'océan), et il se retourne juste assez pour lui lancer un regard appuyé par-dessus son épaule, lui faisant comprendre de ne pas lui parler comme s'il était inconscient de son histoire. Le jeune homme se reprend alors et balaie le sujet. Bonnie lui sourit simplement, compatissant, puis se détourne face à l'océan et reprend sa progression, tout en sachant que son ami s'est arrêté.
Il n'approchera pas plus, il le sait, et ce n'est pas dans l'idée d'Ambroise de le pousser. C'est déjà un énorme progrès qu'il reste sur le sable à une douzaine de mètres des vagues. Il y a trois ans, c'est à peine s'il descendait les escaliers. Mais petit à petit, et parce que Moana adore sacrément cet endroit, il paraît prendre un peu plus d'assurance à chaque fois. Il ne retournera sûrement jamais à l'eau, mais ce n'est pas grave, l'australien est déjà assez fier de lui. Il l'est toujours, à vrai dire, mais soit. Il s'intéresse alors à l'eau, au calme va et vient des vagues qui le relaxe profondément. Il se tourne un peu vers Clément pour lui demander de rester ici quelque temps, au moins assez pour voir le coucher de soleil. Mais il n'obtient aucune réponse. C'est alors qu'il entend un petit jappement à ses côtés, et baisse les yeux sur Moana en position de jeu qui pousse un bâton du bout de sa truffe. Il lui sourit et se baisse pour ramasser le bout de bois, puis reporte un instant son attention sur Clément. En remarquant que celui-ci est de retour sur terre, il réitère sa demande. Et doit le faire une fois de plus pour que son ami entende, comprenne, et réponde par la positive.
Ambroise acquiesce, satisfait, puis lance le bâton au loin. Comme il n'est pas dupe et connaît son ami, il le sait mal à l'aise et revient donc sur ses pas. Mais Moana est plus rapide et l'animal aboie à nouveau pour attirer l'attention des deux garçons, le bout de bois à ses pieds et la queue frétillante. Ambroise rigole légèrement, de même que son maître. L'australien se retrouve une nouvelle fois obligé de lancer le nouveau jouet de la chienne, et se dit furtivement qu'il n'a pas vu la fin de ce petit manège. Il profite ensuite de l'accalmie pour rejoindre Clément assez vite, pour être ainsi à côté de lui lorsque le chien reviendra quémander du jeu. « Ouais c'est dommage mais est-ce que ça manque vraiment ? Je veux dire, y'a d'autres endroits où les couchers de soleil sont magnifiques », répond tranquillement Bonnie alors que son ami se désole de ne pouvoir apprécier la vue comme il se doit, à cause de sa peur diffuse à la vue de l'étendue d'eau. Il reste debout, attendant que Moana revienne, puis se baisse et récupère le bâton dans sa gueule qu'il renvoi sans attendre. Il baisse ensuite son regard sur Clément. « Ne te tracasse pas, et j'étais pas sérieux tout à l'heure, pour le surf », assura-t-il avec un léger sourire. « Je sais c'que t'as vécu, tu fais comme tu le sens, y'a aucune obligation. »
C'était une passion qu'il ne pouvait partager avec son meilleur ami, mais d'un autre côté, l'astronomie non plus de fascinait guère Clément en elle-même. Sans lui, il ne s'y intéresserait pas. Si Bonnie pouvait comprendre pour l'océan, car il avait de sacrés bonnes raisons, il ne désespérait pas de lui faire apprécier les étoiles et la magie du cosmos à sa juste valeur. Et puis, il était tant passionné par cela, il en parlait avec tant de fougue et de dévotion, le comédien lui a déjà avoué que même s'il ne comprenait pas toujours tout, il aimait bien l'entendre parler de ce sujet. De toute façon, il valait mieux, car Ambroise ne se contrôlait guère lorsqu'il s'agissait de galaxies. Moana revient et il relance le bâton, inlassablement. « C'est déjà super regarde, y'a trois ans tu te serais même pas baladé sur le trottoir là-bas, et maintenant t'es assis sur le sable. » Il attendit que Moana rapplique vers lui à toute vitesse pour lancer une dernière fois le bout de bois, puis il se laisse tomber sur le sable avec un soupire, étirant ses fines jambes avant de glisser ses orteils dans le sable encore chaud. « Franchement, une plage, c'est toujours magnifique. Peu importe laquelle, j'm'y sens toujours bien. C'est comme une bibliothèque un peu, calme, reposant... Sauf quand y'a trop de monde bien sûr mais d'base j'aime pas les gens alors rien d'étonnant... » précise-t-il avec un léger rire, avant de tourner les yeux vers Clément. « Mais on part quand tu veux hein... »
Là, devant l'océan, les souvenirs divers et variés, lui reviennent en mémoire. Et pas forcément les plus agréables. L'odeur maritime lui rappelle le réveillon de Noël, mais surtout cette sensation avant que la première vague n'ait frappé la côte et les ait emporté au loin, les séparant, lui, sa mère, son frère et son père. En voyant cette énième s'échouer sur la plage et montant plus haut sur le sable que les autres, Clément a l'impression de suffoquer, comme s'il se noyait. Déglutissant, détournant le regard et fermant les yeux, il pince les lèvres et crispe le visage, secouant la tête comme pour chasser ses mauvais souvenirs de son esprit.
C'est Moana, pourtant, qui lui fait reprendre ses esprits en jappant pour attirer l'attention d'un des deux hommes. Rouvrant les yeux, son regard se posant sur le sable, il reporte finalement son attention sur Ambroise et se rend compte que son meilleur ami lui a parlé. Celui-ci est obligé de réitérer, sûrement la troisième fois consécutive, sa question. Et finalement il a droit à une réponse positive de la part du néo zélandais. Celui-ci est d'ailleurs surprit lui-même par le fait qu'il accepte aussi facilement la demande d'Ambroise de rester ici jusqu'au couché du soleil, histoire de profiter un peu. Le jeune homme fini par se reculer de quelques pas puis s'installe à même le sable. Il ramène ses jambes contre lui, observe quelques instants son meilleur ami jouer avec sa chienne puis soupire un peu et se dit être idiot de ne pas profiter de ce genre de couché de soleil sur la plage.
Ambroise lui dit de ne pas se tracasser, qu'il a bien conscience de son histoire et surtout des progrès qu'il a pu faire. Et il n'a pas tort : il y a trois de ça, lorsqu'il est arrivé en ville, il n'aurait même pas oser se balader sur le trottoir au bord de la plage et maintenant il est assit là, les pieds enfoncés dans le sable. Donc oui, les progrès sont bel et bien là. Mais ça n'empêche pas Clément d'être terrorisé à l'idée de s'approcher encore plus. « T'as sans doute raison» souffle-t-il en haussant les épaules, son regard se posant sur Moana qui rapplique puis détale à nouveau derrière le bâton qu'Ambroise lui lance. Celui-ci profite du fait qu'elle soit bien loin pour venir se poser à côté de Clément, expliquant que la plage c'est magnifique, peu important à quel moment, que c'est, pour lui, comme une bibliothèque, calme, rassurante, reposante ….sans quand y a trop de gens. Clément se joint au léger rire de son meilleur ami, puis hoche la tête lorsqu'il lui dit qu'ils peuvent repartir quand il veut.
«Je sais. » sourit-il «Merci » il l'observe, hésite un instant puis soupire doucement et, se laissant glisser sur le côté, pose sa tête contre l'épaule de son meilleur ami « Tu vas voir, avec la chance qu'on a y aura Marvin et ses acolytes qui vont venir nous emmerder » dit-il, amusé, alors que Moana revient en courant « Quoiqu'il va goûter à la morsure de staff avant d'avoir pu nous approcher » reprend-t-il en caressant le cou de sa chienne qui semble totalement s'en foutre de ses caresses. Tout ce qui l'intéresse c'est le bâton qui doit être lancé. Encore et encore. Clément, pourtant, reste encore quelques instants contre Ambroise, pensant naïvement que s'il ignore l'animal, elle va se lasser de japper et quémander leur attention.
Mais Moana est sans doute tout autant tête de même que son maître, sinon plus. Alors, soupirant doucement, Clément se redresse et s'appuie sur le sable. Il lance un coup d'oeil et hausse les épaules « T'as vu comment je suis esclave de mon chien ? C'est fou hein ...» sourit-il en se levant. Il enlève le sable se son pantalon puis se baisse et prend le bâton «C'est ça c'que tu veux, hm ? Hein c'est ça ? » demande-t-il, enjoué à Moana, qui commence a sauté partout en aboyant joyeusement. Rigolant doucement, il s'éloigne et lance le bâton avec force. Et pendant une bonne quinzaine de minutes, il s'amuse avec son chien, la poursuit, lui lance le bâton et se défoule autant qu'elle. Sinon bien plus.
C'est finalment essouflé et en nage mais souriant, qu'il retourne s'asseoir aux côtés de son meilleur ami. Il soupire doucement et se laisse tomber en arrière en secouant la tête « Elle est increvable cette ...» il ne peut en dire d'avantage car déjà Moana est à nouveau sur lui à lui lêcher le visage en lui donnant des coups de pattes dans la poitrine. Grimace et grognant mais rigolant tout de même, il repousse sa chienne et la fait descendre, attrape le bâton et l'envoie au loin. Délivré de l'animal, il soupire doucement et se redresse «Increvable j'te dis » soupire-t-il, amusé en se massant la poitrine. Voyant que Moana a finalement décidé de s'amuser avec les quelques mouettes qui restent, il reporte son attention sur Ambroise « Bon, ça donne faim tout ça. On va manger ?» demande-t-il en souriant.
L'océan est une liberté. Ambroise ne se départira jamais de cette idée. Indomptable et ravissant. Sans doute que les deux se ressemblent un peu. Pour autant, Clément est loin de partager son avis en raison du traumatisme qu'il a vécu il y a de nombreuses années, et cela se comprend aisément. Bonnie est au courant, ils en ont parfois parlé, la première fois car il se montrait insistant à comprendre pourquoi son ami refusait de l'accompagner surfer, sport national s'il en est sur les plages australiennes. Petit à petit, il en a appris de plus en plus, et a su très vite ne rien demander, seulement écouter. Il y a de cela trois ans, il n'aurait mis à un pied sur le sable, et à présent il s'y assied. A distance raisonnable certes, mais le scientifique ne peut s'empêcher de noter les progrès. Il est d'abord occupé avec Moana, et il se dépense à la faire courir de partout en lançant un bâton qu'elle ramène le plus rapidement possible. Et dire qu'il n'aime pas les chiens. Mais cette petite, il l'a connait depuis toujours pour ainsi dire, et à présent qu'elle vit sous son toit, on ne peut rester insensible. D'ailleurs, au début, elle cherchait souvent sa compagnie et ses caresses même s'il restait loin d'elle. Elle lui arrive d'être encore collante, et lui encore distant. Aujourd'hui elle a décidé que ça serait lui qui serait son compagnon de jeu, et aucune chance d'y couper.
Il prit finalement une pause, en profitant pour rejoindre Clément et s'asseoir à côté de lui. Il voudrait rester pour admirer le coucher de soleil, et le comédien a obtempéré, mais il se plaint de ne pouvoir apprécier le spectacle à sa juste valeur. Cette fois-ci, c'est à voix haute qu'Ambroise lui fait remarquer ses progrès, et lui rappelle qu'il y a mille couchers de soleil tout aussi beaux les uns que les autres, dans différents endroits. L'océan n'est qu'un paysage parmi d'autres. Le néo-zélandais n'est guère convaincu, mais ne le contredit pas pour autant. Bonnie ajoute qu'ils peuvent partir dès qu'il le souhaite, s'il ne se sent pas très bien et, le remerciant, Clément vient reposer sa tête contre son épaule. Avec un léger sourire, Ambroise pose sa joue contre le haut de son crâne, n'osant bouger de sa position. Les bras soutenant son corps, il ne peut en passer un autour des épaules de son meilleur ami, et ça l'attriste un peu. Mais tant pis. Il apprécie ce contact à sa juste valeur. Il rit légèrement à l'évocation de Marvin et de la morsure qu'il risque de se récolter s'il vient les emmerder. « Ouais elle te protégera j'm'en fais pas pour ça », acquiesce-t-il doucement, le regard posé sur Moana qui rapplique vers eux à toute vitesse.
Leur petite bulle explose sous l'énergie de la chienne qui réclame son maître. Elle se fiche de ses caresses et lui fait bien comprendre que seul le jeu compte. Amusé, Ambroise observe la scène avec un sourire en coin. Il ne sait pas lequel est le plus buté, Clément ou Moana. C'est le jeune homme qui cède en tout cas, marmonnant un truc sur le fait d'être esclave de son chien. Bonnie se joint à son rire. « C'est pas étonnant, elle te dresse aussi bien que tu l'as dressée, juste retour des choses », sourit-il largement, taquin, alors que son ami part jouer avec la jeune staff. Il se perd dans la contemplation de leur jeu, tout en pensant à mille et une choses dont il perd facilement le fil. Il avait eu envie de déposer un baiser sur front, alors qu'il le sentait un peu mal à l'aise d'être aussi proche des vagues, mais un détail qu'il ne comprenait pas l'avait retenu. Un sentiment de peur étrange qu'il avait vite fait dégager. Au final, le coucher de soleil fût bel et bien magnifique et obtint toute son attention.
Ce n'est que quinze minutes plus tard que Clément revient vers lui, la respiration un peu plus laborieuse et une fine couche de sueur faisait briller son front. Il s'est bien défoulé, et Ambroise a l'impression que c'est réellement autant une sortie pour lui que pour le chien. Pouvoir se fatiguer ainsi sans pression, juste en jouant avec son chien, ne peut lui faire que du bien, et Bonnie aura moins mal au cœur en le revoyant se plonger dans les études pendant des heures d'affilées après cela. Moana, elle, est bien moins épuisée, et revient la queue frétillante avec le bâton. Clément lui renvoi une dernière fois après moult léchouilles joyeuses, et qui ont tiré un rire à Ambroise. C'est juste adorable de les voir ainsi. Moana reporte par bonheur son attention sur des mouettes de passage, les laissant un peu tranquilles. « Avec plaisir ! » lance l'australien lorsqu'il est question de manger. Il se redresse, s'étire, puis se lève en s'étirant de nouveau de toute sa hauteur. « Kotobuki donc ? On rentre à l'appart' pour manger ? » C'était plus une question rhétorique ; ils mangent très rarement sur place, et de toute façon ils doivent rentrer après.
Il se tourne vers Clément pour tout de même avoir son approbation, et c'est alors que son regard tombe sur un jeune homme à quelques mètres, qui lui fait un signe de la main avec un large sourire, en s'approchant des deux amis. « Oh, hey Ben ! » s'exclame Ambroise en le reconnaissant enfin alors qu'il les rejoint. « Salut Cupcake, ça faisait longtemps que j't'avais pas vu traîner par ici. » Un ancien amant. Il y a de cela plus d'un an, ils ont couchés ensemble plusieurs fois. Ben est un surfeur, ça se voit, et un très bon qui plus est. Bonnie ne le pensait pas intéressé, mais ses sous-entendus avaient fini par le faire passer à l'action. Pas un mauvais souvenir du tout. Ils se croisent toujours de temps à autre, lors de sessions sur l'eau, mais après trois fois, il n'y eût rien de plus. Ben étant le genre de gars fun à ne pas se prendre la tête, Ambroise avait accepté de remettre le couvert quelques fois – et puis ces muscles.. bref –, mais ni l'un ni l'autre ne cherchait la stabilité. Maintenant, ça doit faire plusieurs mois qu'ils ne se sont pas vu, et pourtant Bonnie reconnaît cette lueur dans son regard. En revanche, il déteste toujours autant ce surnom.
« M'appelle pas comme ça, tiens-t-en à Bonnie merci », ronchonna-t-il, avant d'esquisser un sourire au rire de du blond. « Compte là-dessus, Cupcake. » Il pousse alors un soupire, tandis que Ben lui ébouriffe les cheveux en se penchant vers lui. Ambroise ne se dégage pas pour autant, ni ne se recule. Il devine un peu les intentions du jeune homme, mais ne fait rien pour se dérober. C'est alors qu'il hausse les épaules à l'intention du comédien. « Clément, je te présente Ben, un pote surfeur, et Ben, je te présente Clément, mon meilleur ami. » Bref, efficace, il ne rentre pas plus dans les détails. Le blond sourit largement, et va lui serrer la main en affirmant être enchanté de faire sa connaissance. Il est sûrement plus ravi de savoir que ça n'est pas un petit-copain. Il lance ensuite à Bonnie un regard presque interrogatif. « T'as prévu un truc ce soir ? » Une demande très simple, qui pourrait vouloir tout dire, mais qu'il n'a qu'une seule véritable signification. Et malheureusement, Bonnie marque une hésitation à répondre. Après tout, Clément va retourner à ses livres tout de suite après les sushis, le laissant seul, peut-être que...
En se lançant à la poursuite de sa chienne, Clément s'approche de la mer, sans réellement s'en rendre compte. L'esprit occupé par Moana qui est increvable, il se retrouverait presque dans l'eau si ses reflex n'étaient pas revenu subitement, protégeant ses pieds d'une attaque mouillée. Il reste un instant interdit, sur place, comme paralysé, ne sachant pas ce qu'il doit penser de cette situation, mais Moana le sort encore une fois de ses pensées et, c'est avec un sourire, qu'il s'éloigne de nouveau de l'eau en commençant à jouer avec sa chienne. Quinze minutes de jeu, intensif et inconscient, qui font, mine de rien, un bien fou à Clément. Celui-ci en oublierait presque le stress de ces dernières semaines et parvient à faire baisser la pression qui s'était emmagasiné en lui sans qu'il ne s'en rende réellement compte.
C'est, la respiration courte et laborieuse et les jambes en coton pour avoir couru pieds nus dans le sable moue, qu'il revient vers Ambroise. Se laissant tomber à ses côtés avec un soupire mais tout de même un sourire, il se plaint de Moana qui revient à l'attaque avant de prendre en chasse des mouettes qui ont l'air plus marrantes que son maître. Celui-ci fini par se redresser en soupirant doucement, essuie la sueur de son front puis se tourne vers Ambroise et lui dit avoir faim. Son meilleur ami est d'accord avec lui et, se levant, indique qu'ils iront acheter des sushi et qu'ils les mangeront chez eux.
«Comme d'habitude » indique Clément, souriant en se levant à son tour. S’époussetant à nouveau le pantalon, il entends la voix d'Ambroise qui interpelle un certain Ben. Relevant la tête, le regard de Clément tombe sur un homme qui est cliché Australien ambulant. Cheveux blonds, longs et humides, yeux bleus et brillants, ressortant parfaitement sur une peau impeccablement bronzée, des abdo dessinés grâce à une pratique assidue du Surf... bref, un beau gosse, un peu trop beau en vrai. Et qui connaît Ambroise. Rien que ça, ravive la flamme de la jalousie en Clément. Celui-ci, pourtant, ne dit rien mais tique tout de même au surnom duquel est affublé son meilleur ami. Cupcake. Fronçant légèrement les sourcils, les dents un peu serrées, le regard de Clément passe de Ben à Ambroise, jusqu'à ce que celui-ci ne décide de les présenter.
Avec un faux sourire parfaitement joué, Clément sert la main à Ben et dit être lui-même très enchanté de faire sa connaissance. Mais ce sourire se fige lorsque le surfeur demande, sur un ton emplie de sous entendu, à Ambroise ce qu'il fait ce soir. Et ce même sourire disparaît lorsque son meilleur ami ne répond pas tout de suite, hésitant. Il lui lance un coup d’œil, sentant son cœur se serrer en voyant que Bonnie aurait presque envie d'accepter cette invitation. Il faut qu'il réagisse, tout de suite, avant que Ben ne se fasse des idées.
« pas possible ce soir» intervient-il en faisant un pas en avant «On est invité chez Jessica et James, tu te rappelles ? » demande-t-il avec un regard appuyé que seul Ambroise peut reconnaître. «C'est le 25e anniversaire de Jess et ça fait 2 mois qu'elle nous a invité. Si on n'y va pas ça va lui briser le coeur » continue-t-il de mentir. Merci les cours d'art dramatique, car Ben n'y voit que du feu. Moue déçue sur le visage, il finit par hausser les épaules et hoche la tête « Tant pis» dit-il en réajustant sa prise sur sa planche de surf « On se reverra une autre fois de nouveau. Les vagues vont être meilleures au printemps» reprend-t-il avec un clin d’œil vers Ambroise.
Posant son regard sur Ben, Clément lui souhaite silencieusement d'aller brûler en enfer tout en souriant «vous aurez tout le temps nécessaire pour faire des sorties plus tard » Ben hoche la tête et lui sourit largement « Tu surf toi ?» demande-t-il à l'attention du jeune comédien. Celui-ci s'empêche de grimacer et secoue la tête «Non, pas vraiment ... » répond-t-il alors que Ben arque un sourcil « T'es Australien et tu surf pas … ?» sourit-t-il sur un ton presque moqueur et arrogant. « c'est parce que je ne suis pas Australien et qu'en Nouvelle Zélande on est plus rugby» répond Clément «Et puis qu'est-ce que ça peux te foutre que je surf ou non, hum ? » demande-t-il sur un ton un peu plus dur, près a en découdre avec Ben. Mais la discrète pression des doigts d'Ambroise sur sa main le font revenir sur terre. Ça et le grognement de Moana qui s'est approchée assez discrètement. Ben roule des yeux et secoue la tête avant de se détourner et partir.
Clément le suit du regard encore quelques instants, attend qu'il soit assez éloigné pour plus les entendre avant de se reculer et faire face à Ambroise « T'as vraiment hésité à accepter son invitation, j'me trompe ?» lui demande-t-il sèchement. Il soupire, roule des yeux et secoue la tête en se détournant. Il fait quelques pas en avant avant de refaire face à Ambroise «J'accepte ton film de merde puis de sortir me balader avec toi, aller chercher des sushi et les manger devant un autre film ...et c'est comme ça que tu me remercies ? En hésitant l'invitation d'un mec quelconque ? » il fait un pas vers Ambroise, visiblement énervé, mais Moana se met en travers de son chemin et le regarde comme si elle voulait, cette fois-ci, protéger Ambroise. Observant l'animal avec une moue interrogatrice, Clément finit par se rendre compte qu'il a un peu trop hausser la voix -pour des raisons aucunement valables- alors qu'en vrai il ne sait même pas si Ambroise allait accepter ou non l'invitation de Ben.
Il relève un regard sincèrement désolé sur son meilleur ami et grimace «Pardon » souffle-t-il, déviant le regard et se calmant instantanément. Pinçant les lèvres, il se passe une main sur son coude, puis se baisse et récupère ses chaussures qu'il a laissé sur le sable «On y va ? » demande-t-il, ne laissant toutefois pas le temps à Ambroise de répondre et passe à côté de lui pour rejoindre l'escalier.
Ambroise reste assis sur le sable, appuyé sur ses mains vers l’arrière, les jambes étendues devant lui, à regarder Clément avec un léger sourire. Cela fait très longtemps qu’ils n’ont pas eu ce genre de moment, même si son meilleur ami s’amuse surtout avec Moana. Ça lui fait vraiment plaisir de le voir se décontracter, se dépenser à courir avec sa chienne increvable. Et ne pas penser à la proximité des vagues -ce doit être la première fois depuis son traumatisme qu’il en est aussi proche, Ambroise y mettrait sa main à couper. L’humain est le premier à céder, en revenant vers le scientifique avec le souffle court. Ce dernier s’en amuse, alors que Moana revient solliciter son maître une dernière fois mais, voyant sa fatigue, elle repart courir après les mouettes.
Bien rapidement, les deux jeunes hommes se décident à se lever pour chercher à manger, car ils commencent tout deux à avoir faim. Seulement, une fois debout, alors qu’il se retourne en direction de l’escalier, Bonnie aperçoit un blond, s’approchant d’eux. Il reconnaît alors un collègue de surf, Ben, avec qui il a eu une aventure par le passé. En dépit des quelques mois sans le voir, en raison tout un tas de facteurs du côté de l’un et de l’autre, Ben n’hésite pas une seule seconde avant de le reconnaître et de l’appeler par son surnom. Cupcake. L’étudiant déteste ça, mais il n’a jamais réussi à empêcher Ben de l’appeler ainsi. Les habitudes ne changent pas. Après lui avoir demandé en vain d’arrêter d’utiliser ce surnom, Ambroise fait les présentations entre le beau blond et son meilleur ami. Il ne manque pas le côté forcé chez ce dernier, il le connait assez. Cependant il reporte son attention sur Ben qui lui demande ce qu’il fait ce soir. L’erreur de Bonnie, c’est de ne pas répondre tout de suite. De ne pas dire non tout de suite. Car dans sa tête, il voit la soirée se profiler ainsi : des sushis, puis un Clément qui repart dans sa chambre. Et malheureusement, le jeune scientifique n’a jamais assez sa dose de la compagnie de son meilleur ami. Et ce, depuis le début de ce rythme infernal qu’a pris la vie du comédien.
Puis il tourne vivement la tête lorsque Clément intervient à sa place. Il l’observe, détaille son visage avec un regard surpris, alors que celui-ci explique qu’ils sont déjà pris ce soir. Par un anniversaire, un mensonge éhonté que le néo-zélandais n’a aucun mal à improviser. Se demandant tout de même pourquoi il fait ça, et n’explique pas simplement la vérité s’il voulait encore passer de temps avec lui, Ambroise hoche quand même la tête. « Oui.. c’est vrai », confirme-t-il avant d’arborer un léger sourire. Ben paraît déçu, mais ça n’est que partie remise. Bonnie lui offre un sourire plus appuyé, et acquiesce. Clément ajoute un commentaire, puis répond très sèchement à Ben qui lui demandait sur le ton de la conversation s’il faisait du surf et, si non, comment un véritable australien pouvait ne pas savoir surfer. Sans grand tact, le comédien lui rétorque qu’il est néo-zélandais, et commence à s’emporter. Mais Ambroise vient glisser une main sur la sienne, le ramenant sur terre d’une légère pression, le regard presque inquiet. Il lance ensuite un au revoir à Ben, lui faisant de comprendre de partir à présent. Ce que le blond fait.
Bonnie n’a pas imaginé que c’en était fini, aussi n’est-il pas surpris lorsque Clément se retourne après avoir effectué quelques pas. Il avait bien noté son hésitation, et la lui reproche à présent. Subitement, gêné, Ambroise baisse le regard un court instant en se mordant la lèvre inférieure, il est prêt à s’expliquer mais le comédien revient à la charge en s’énervant de plus en plus. Bonnie fronce les sourcils ; il n’allait pas recevoir ces paroles injustes sans rien dire. Après tout, c’est son ami qui l’abandonne souvent, qui se trouve des excuses, qui a toujours trop de boulot. Il n’est pas dupe, il sait qu’après cette après-midi ensemble, il va vouloir retourner à ses livres. « T’allais t’enfermer dans ta chambre dès le dernier sushis avalé, me fait pas croire qu’on va aussi passer la soirée ensemble », réplique-t-il en croisant les bras, avec un soupire. Contre toute attente, Moana vient se placer entre eux, mais face à son maître, comme si elle protégeait Ambroise, et il en est bien le premier surpris. Cela fait réagir Clément, qui comprend avoir exagéré les choses et le ton de sa voix. Bonnie perçoit ses excuses dans son regard avant même qu’il ne les prononce. « C’est rien... » répond-il doucement, accompagnant de son ton le calme revenu chez son meilleur ami. Il l’a rarement vu se calmer aussi vite. Merci Moana. Il hoche ensuite la tête et le suit jusqu’à l’escalier.
Là, il s’installe sur une marche quelques instants, juste de quoi se débarrasser du sable et remettre ses chaussures tranquillement. Occupé à sa tâche, il ne relève pas la tête pour s’adresser à Clément. « J’allais pas accepté tu sais », lance-t-il, un peu de nulle part. « Et.. je suis heureux d’avoir passé une partie de l’aprèm’ avec toi, mais j’sais que j’vais me retrouver seul après, tu vas allez réviser, comme depuis les trois derniers jours, et Sybbie n’est même pas là en ce moment. » Il ne savait pas trop pourquoi il raconte ça. A vrai dire, il s’ouvre un peu trop, et ça le gêne à faire rougir ses joues. Il n’a pas vraiment réfléchi avant de parler, et à présent il se mord la joue, se fermant un peu. On dirait un gamin, incapable de rester seul sans avoir de l’attention. Il déteste ça. Avec un soupire sec, il se relève et remonte totalement sur le trottoir. « Mais t’étais pas obligé de mentir. Ni de répondre pour moi, j’aime pas ça. » Comme si le comédien le contrôlait. « Du coup on se regarde vraiment un film ce soir encore ? » demande-t-il pour conclure, sur un ton un peu plus léger, et posant enfin son regard sur son meilleur ami.
Clément ne se contrôle pas. Il a toujours été impulsif, on lui a toujours dit de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ou réagir, mais rien n'y faisait. Il a apprit à gérer ces accès de colère qui se sont quand même pas mal atténués depuis qu'il est arrivé à Brisbane et qu'il a Moana. Cette chienne a des effets extrêmement positifs sur lui, elle le calme quand il en a besoin ou, au contraire, l'entraîne dans des conneries quand il a besoin de se changer les idées. La danse et le théâtre ont aussi permis à Clément à apprendre à se canaliser, à ne plus se laisser gérer par ce trait de caractère. Ambroise aussi n'est pas innocent dans ce changement. Aux côtés de l'Australien, le jeune comédien sait qu'il n'a pas besoin de se cacher et en même temps il remarque être beaucoup plus calme, il s'est découvert une patience assez incroyable. Alors qu'il y a quelques années encore il aurait sans doute réagit encore plus violemment qu'une simplement agression verbale, aujourd'hui, une simple pression sur ses doigts par ceux d'Ambroise l'aide à se focaliser sur la réalité qui est bien plus importante que de se laisser emporter par de la colère inutile.
Toutefois, une fois qu'il le relâche, le naturel impulsif de Clément revient au galop et c'est alors qu'il s'en prend à Ambroise, chose qui ne lui arrive que très rarement. La dernière fois c'était un poing dans la gueule, certes, mais depuis leur entente est parfaite. Mais aujourd'hui Clément s'énerve à nouveau, verbalement, certes, mais les paroles on souvent plus d'impact que les actions. C'est, pourtant Moana, qui le fait redescendre sur terre. Le néo zélandais est étonné de la réaction de la chienne, pourtant il en est carrément enchanté. C'est la première fois depuis qu'ils vivent ensemble, qu'elle prend la défense d'Ambroise. Et ça rempli le cœur de Clément d'une joie assez immense car c'est la preuve irréfutable qu'elle considère Ambroise comme un membre de sa famille. En se mettant au travers du chemin de son maître, c'est comme si elle jurait allégeance à l'australien. Celui-ci peut être sûr et certain que, peu importe ce qu'il fera, Moana le protégera et lui sera fidèle jusqu'au bout de sa vie.
C'est sur cette pensé, que Clément redressant en pression et vient à s'excuser. Il se calme aussi rapidement qu'il s'est énervé et ça c'est assez incroyable. En vrai, alors qu'il passe à côté d'Ambroise, il est à nouveau totalement calme, comme s'il n'avait jamais levé la voix ni sur Ben ni sur son meilleur ami. Ce n'est pas rare, mais c'est la première fois que ses sauts d'humeurs sont aussi intenses. Pourrait-ce être un effet secondaire au fait qu'il bosse tellement ces derniers temps ? Non, pas possible. Il ne se sent vraiment pas stressé ou sous pression. Du moins, pas plus que d'habitude. Il a même réussi à gérer son emploie de temps et à l’aménager de manière correct à ses yeux.
Il ne répond donc pas à Ambroise, non pas par déni, mais simplement parce qu'il ne veut pas s'énerver à nouveau. Il sait que s'il répond à ce petit affront il risque de s'emporter à nouveau, et ce n'est pas ce qu'il souhaite. Alors, s'avançant dans le sable, il se dirige vers l'escalier et le monte avant de s'adosser contre le muret pour remettre ses chaussures. C'est Ambroise qui, sans le regarder, brise le silence. Il lui explique qu'il n'aurait pas accepté la proposition de Ben, qu'il est content d'avoir pu passer une partie de l'après midi avec lui mais qu'une fois rentré et après avoir mangé, Clément ira sans doute s'enfermer dans sa chambre et il n'y a même pas Sybbie pour lui tenir compagnie.
Les bras croisés, Clément relève son regard sur Ambroise, le cœur serrer. Le fait qu'il travail autant et qu'il n'a plus autant de temps à accorder à son meilleur ami, semble vraiment peser à ce dernier. Pinçant les lèvres, son regard se posant sur ses chaussures, et il soupire doucement. S'il avait sut … Se relevant, Ambroise reprend en lui disant qu'il n'avait pas besoin de mentir ni même de répondre pour lui. Là, Clément se contrôle pour ne pas répliquer du tac au tac, d'autant plus que ce n'est pas dit sur le ton de méchanceté et que ce ton se fait plus léger lorsqu'il lui demande s'ils vont vraiment encore regarder un film ce soir. «Oui » répond Clément sans hésitation aucune « On va regarder Retour vers le futur. Je n'ai jamais vu cette trilogie, ou alors je l'ai vu quand j'étais gamin et j'm'en rappelle plus» explique-t-il en reportant son attention sur son meilleur ami.
Croisant le regard de ce dernier en souriant doucement, il doit se faire violence pour pas se noyer dans ces iris émeraude. En fait, dès qu'il pose son regard sur Ambroise il a tellement envie de le prendre dans ses bras et de l'embrasser, en même temps que les muscles de son bas ventre se contractent joyeusement et qu'une partie de son anatomie ne tardera pas de se réveiller. Il fini par dévier le regard à nouveau hoche la tête «Désolé » s'excuse-t-il à nouveau « Mais je ...je sais pas. Avant, en partant en balade je me suis effectivement dit qu'on ferait une petite balade et qu'en rentrant je mangerais mes sushi dans ma chambre avec mes cours, mais ….» il pose son regard sur la mer et hausse les épaules «ça fait trop longtemps qu'on a pas passé plus de deux heures ensemble » il pose à nouveau ses yeux sur l'australien «Et je t'avais promis que peu importe ce qui se passe cette année je trouverais du temps pour toi. Donc ...voilà » il sourit doucement « Je laisse mes cours et tout ça de côté pour aujourd'hui.» il incline légèrement la tête sur le côté «Mais demain tu me donneras la réplique pour m'aider avec mon texte, ok ? » demande-t-il doucement.
Son regard se pose finalement sur Moana qui le pousse un peu de son museau. Souriant, il s'accroupit et lui caresse la tête et lui tapote le flanc «En tout cas sa réaction tout à l'heure était assez incroyable » avoue-t-il en relevant le visage « Elle ne l'a jamais fait avec personne. Pas mal avec mes potes en nouvelle Zélande et ...en fait elle ne s'est jamais mise à travers mon chemin pour protéger quelqu'un d'autre de moi-même » il dépose un bisou sur le crâne de la chienne puis se relève «C'est vraiment un honneur pour toi, qu'on soit clair » reprend-t-il en souriant doucement, tapotant le dos de son meilleur ami.
Toucher Ambroise réveil à nouveau une pulsion de désir en Clément. Le désir pas seulement sexuel mais aussi celui de l'avoir contre lui. Alors, il cède à la tentation et, se décalant légèrement, passe ses bras autours d'Ambroise et l'attire contre lui. Un câlin tout ce qu'il y a de moins viril, mais un besoin irrépressible d'une proximité de leurs corps. Resserrant légèrement son étreinte, Clément ferme les yeux et profite de cet instants de bonheur incroyable. Dans les bras de son meilleur, il se crée cet havre de paix dans lequel les cours, le théâtre, sa professionnalisation, les examens et la danse n'existent pas ou seulement en petites quantités et pas aussi stressantes que ces derniers temps. Il pourrait aller plus loin et se détacher pour l'embrasser, mais il n'en fait rien et se détache simplement pour seulement se reculer. «Désolé, j'avais envie » s'excuse-t-il sur un ton léger, gardant une main sur l'épaule d'Ambroise. Il l'observe encore quelques instants puis le relâche. «On y va du coup ? » demande-t-il finalement, pour changer totalement de sujet.
Ambroise est assez surpris de la facilité avec laquelle Clément retrouve son calme, alors que sa colère allait crescendo depuis quelques minutes. Tout ça grâce à Moana qui s’est interposée entre eux, posant son regard sur son maître. Bonnie est tout aussi étonné d’ailleurs de voir ce comportement chez le chien, il n’avait encore jamais fait ce genre de choses à son égard, et encore moins alors qu’elle paraît le défendre de son propre maître. Ce dernier s’excuse alors que son énervement se volatilise, et l’australien lui assure que ce n’est rien. Il a quelque peu l’habitude de ce genre d’humeur impulsive chez son meilleur ami, il y répond souvent, peu enclin à se laisser faire, surtout lorsqu’il estime la situation injuste. Mais il est tout de même rare que la colère de comédien soit directement dirigée contre lui, sans doute est-ce là une raison qui a poussé Moana à se placer entre eux. Ambroise n’a que peu de recul sur les changements que sa présence a opéré chez Clément, il n’imagine même pas être une des raisons qui le poussent à se calmer, alors que c’est devenu naturel chez eux, parfois un regard suffit, aujourd’hui c’était une pression sur sa main. Il faut dire que le caractère de Bonnie pousse à la patience si on veut le supporter. D’un autre côté, Clément arrive à faire tomber ses murs, à s’ouvrir un peu, comme il le fait là, alors qu’ils sont revenus sur le dur et qu’ils remettent leurs chaussures.
Il avoue qu’il n’allait pas accepter de toute façon, même si Sybbie ne sera pas avec lui ce soir et que Clément retournera à ses révisions à peine le pas de la porte passée. Sa voix trahi son besoin de ne pas être seul ce soir. Il a des moments comme ça, souvent comblés par sa sœur jumelle, son autre moitié. Mais aussi par son meilleur ami depuis quelques années, et beaucoup moins alors qu’il a un emploi du temps chargé. Leur rapprochement du premier de l’an, et des mois avant ça d’ailleurs, pèse dans la balance, mais Bonnie n’en a que peu conscience. Il a toujours recherché la proximité de son ami. Et ce soir, il a envie d’être avec lui, car cela fait trop longtemps à son goût qu’ils n’ont pas eu ce genre de moment. La balade et le film ont été de bons moments, il en est reconnaissant, mais ça ne lui suffira pas ce soir. Egoïste, oui, un peu, mais il ne le dérangera plus pour les prochains jours après cela, lui-même retournera à ses livres et sa bulle avec plaisir. Clément arrive à le faire s’ouvrir aux autres, à montrer davantage de sensibilité, comme lui arrive à le rendre plus posé. Sauf que, à chaque fois qu’une brèche s’ouvre, et qu’il parle, même à demi-mot, de ce qu’il ressent, Ambroise arbore un visage fermé et presque agacé. Mais son meilleur ami a ce genre de pouvoir sur lui.
D’ailleurs, il lâche aussitôt qu’il n’avait pas à répondre à sa place, refermant l’ouverture de son cœur. Cependant, il n’y a aucune colère, un simple rappel qu’il n’apprécie pas ces détails. Sans transition, il revient sur le fait que Clément a réellement parlé d’un film avec les sushis, et il pose enfin son regard dans le chocolat des yeux du comédien. Ce dernier n’hésite pas à répondre positivement, et explique avoir choisi Retour vers le Futur, dont il n’a aucun souvenir. Soit parce qu’il n’a jamais vu la trilogie, soit parce qu’il était trop jeune, lui-même ne me sait pas. Alors Bonnie esquisse un sourire. « Ca me convient », acquiesce-t-il, avant de devenir plus malicieux en arquant un sourcil, et il poursuit. « Mais.. toute la trilogie, alors... ? » Il redevient ensuite sérieux quand, un silence plus tard, Clément s’excuse. Il avait réellement envisagé de manger ses sushis en compagnie de ses livres, mais qu’en se rendant compte qu’ils ne passaient que très rarement plus de deux heures ensemble, il a changé d’avis. Le fait qu’il se rappelle de sa promesse fait sourire Ambroise, avec une douceur qui lui est peu coutumière, autant dans les traits que dans le regard. Il le prendrait dans ses bras là, juste pour le sentir contre lui et transmettre par des gestes la chaleur intérieure que son meilleur ami fait naître en lui.
« Ca m’va ! » réplique-t-il en retrouvant un léger rire amusé. En guise d’équilibre pour cette soirée qu’ils vont bel et bien passer tous les deux, le comédien voudrait son aide pour réviser son texte demain. Et Ambroise n’est que trop heureux d’accepter. Moana leur rappelle son existence en revenant enfin dans les jambes de son maître, aussi calme que d’ordinaire. Tout le contraire de l’opinion publique imagine des American Staff. Clément souligne alors son geste de tout à l’heure, et la surprise qu’il a ressentie. Ambroise ne peut qu’être d’accord, et sourire, alors que son regard se pose sur le chien. « J’en doute pas... C’était.. bizarre un peu de la voir te faire face quand même, mais ça m’touche. Merci Moana », souffle-t-il en allant lui gratouiller le crâne comme il se doit. Après tout, il a gagné sa loyauté, il n’y connait pas grand-chose en chien, mais il ne fait aucun doute que ça n’est pas rien. Comme le néo-zélandais le lui confirme. Puis il se relève et reçoit des tapes amicales dans le dos, et presque sans comprendre, un câlin.
Clément l’emprisonne dans une étreinte qu’il ne sait trop comment interpréter, mais Bonnie se laisse aller sans problème. Il ferme les yeux, passe ses bras autour de la taille de son meilleur ami, et profite, tout simplement. Il le serre dans ses bras avec la même force, et le laisse choisir quand y mettre fin. Sans se l’avouer, ça lui avait manqué, très clairement. Il a l’impression de se ressourcer dans les bras du comédien, que le temps ralenti. Et puis le retour à la réalité quand la chaleur d’un corps est remplacée par du vide. Qu’il en est presque déçu, Bonnie ne se l’avouera pas non plus. Il hausse les épaules, faisant de son mieux pour ne pas paraître troublé par cette étreinte, il esquisse même un sourire en coin. « Quand tu veux Wolfie », répond-il avant d’aller, sur une impulsion, déposer un bref baiser sur sa joue. Taquin. Il préfère ça que de penser réellement à ce qu’il a voulu faire ; c’est-à-dire l’embrasser, réellement, sur la bouche. « Mais là j’ai faim », reprend-il en se reculant un peu et en se mettant en route, alors que Clément a la même idée.
Moana de nouveau en laisse, ils se dirigent dans un silence agréable vers leur restaurant de sushis favoris. Enfin, le plus prêt de leur appartement qui est de ce côté-ci de la ville. Ils n’auront pas à faire un détour, c’est presque pile sur leur chemin. Au bout d’un moment, alors qu’Ambroise était perdu dans ses pensées, il revient brusquement à lui. « Au fait, ça s’passe bien à la compagnie ? Et.. dans tout ce que tu fais, aussi ? » Le néo-zélandais n’en parle que rarement à vrai dire, de comment tout ceci se déroule, à part qu’il est super organisé. Bonnie a même parfois du mal à suivre son emploi du temps chargé, et pourtant, il connait les horaires de cours de son meilleur ami quasiment par cœur – histoire d’avoir une idée du moment où ils peuvent se voir sur le campus. Et puis, il veut en savoir plus, la vérité, comment il se sent lui. Car il ne l’a jamais vu monter aussi vite au créneau pour redescendre de la même façon, en l’espace de quelques minutes et instinctivement, ça l’inquiète. Dès qu’une constante de ses piliers que sont sa sœur et son meilleur ami varie, Ambroise le repère très vite.
L'étreinte échangée entre les meilleurs amis est bénéfique pour tous les deux, Clément le remarque bien en serrant Ambroise contre lui. Le jeune australien se détend à vu d’œil dans les bras du comédien qui n'imaginait pas une seule seconde qu'il pourrait être tendu. Mais le fait qu'il réponde à son étreinte sans aucune hésitation lui fait beaucoup de bien et le rassure énormément. S'il le pouvait, Clément garderait intacte cette bulle de bonheur dans laquelle ils se trouvent. Malheureusement, ce n'est pas trop possible et il brise cette étreinte un peu trop brusquement à ses yeux. N'ayant pas d'autre choix que de se détacher, il se recule et, souriant, lui demande s'ils peuvent y aller. L’appelant par son surnom personnel, Ambroise indique quand même avoir faim et décide donc qu'ils devront d'abord passer au restaurant de sushi. «ça tombe bien, moi aussi » rigole-t-il doucement en se mettant en route, talonné par Moana qui suit joyeusement les deux amis.
Ils marchent pendant plusieurs minutes, silencieux, tous les deux étant perdu dans leur propre pensée. Voyant qu'Ambroise ne parle pas, les pensées de Clément se tournent presque naturellement vers ses cours mais surtout vers la pièce qu'ils sont entrain de mettre en scène. Les mains dans les poches de son jeans, regard baissé sur le sol, Clément se rappelle assez aisément ses lignes qu'il commence à réciter dans sa tête. Il reste toutefois assez attentif pour se rendre compte qu'Ambroise lui parle. Tournant une moue interrogative vers lui, un léger sourire s'affiche sur son visage lorsqu'il lui demande comme ça se passe à la compagnie et dans tout le reste qu'il entreprend. Ce n'est pas un sourire amusé ou joyeux, mais un sourire fatigué presque triste.
Toutefois, Clément prend très rapidement de nouveau contrôle sur ses sentiments et masque très facilement sa fatigue en transformant son sourire en un sourire bien plus sincère et en hochant la tête «Ouais, ouais, nickel » dit-il, comme s'il était persuadé de ce qu'il disait « Charles est vraiment super top. Il a de l'expérience dans tellement de domaine au niveau théâtrale, c'est juste hallucinant !» explique-t-il «Londres, Hambourg, Sydney et surtout, surtout, Broadway ! » les yeux de Clément se mettent à briller, rien qu'en évoquant le nom de la compagnie de ses rêves. « Entre lui et Lily, j'ai toutes les chances de mon côté pour avoir de bon contacts et finir là-bas dans quelques années» son sourire se fait plus large, plus sincère « Les cours ...ouais c'est pas évident cette année, ils demandent pas mal de chose et de connaissances mais c'est tellement intéressant et génial que ça ne me dérange aucunement» il hausse les épaules et remet ses mains dans ses poches «La danse pareil. Raph est un peu plus exigent que d'habitude, mais seulement parce qu'il est persuadé que Wendy et moi avons le potentiel nécessaire pour présenter une de ses créations originales lors du prochain concours » reprend-t-il « Je progresse aussi au chant et ça c'est cool »
En vrai, c'est en expliquant tout ça, qu'il se rend réellement compte que son quotidien est vraiment très remplie. Jusque là, ce n'était pas vraiment clair pour lui tout ce qu'il entreprenait, mais maintenant qu'il met les mots dessus ça devient franchement limpide. Est-ce que ça lui fait peur ? Peut-être. Changera-t-il quoique ce soit ? Non, absolument pas. « Et avec tout ça j'arrive à trouver du temps pour toi et Moana, t'as vu un peu ? Ça s'appelle The Wolf Organisation » reprend-t-il avec humour, rigolant doucement alors qu'ils arrivent au niveau du restaurant. Là, il attache Moana à un poteau, lui caresse le museau en lui promettant de prendre un truc pour elle puis entre derrière Ambroise.
Quelques minutes plus tard, parfaitement bien équipé, ils ressortent du restaurant et Clément retourne auprès de Moana qui hume l'air en se léchant les babines. S'asseyant sur son postérieur, elle lui fait son regard de chien battu auquel, elle le sait, il ne résiste pas. Soupirant doucement, il plonge sa main dans le sachet et en sort un sushi qu'il place délicatement sur le museau de Moana. Celle-ci le garde en équilibre le temps qu'il enlève la laisse du poteau. «vas-y » l'autorise-t-il finalement avec un hochement de tête bref. Ne se faisant pas prier deux fois, c'est avec un super mouvement de tête qu'elle gobe littéralement le sushi, sous l'éclat de rire de Clément qui lui offre une vigoureuse caresse. Elle lui lèche la main puis se met à trottiner à côté de lui.
Ils ne mettent pas longtemps avant d'arriver à nouveau à l'appartement où, après s'être débarrasser de leur chaussures, ils s'installent au salon sur le canapé. Clément va remplir la gamelle de sa chienne qui semble pourtant avoir bien plus envie qu'il partage ses sushi avec elle que de manger ses croquettes. Mais comme elle sait qu'elle ne recevra rien de la bouffe, ni de l'un de l'autre, elle se contente de manger son propre repas. Clément, lui, va brancher le disque dur externe sur lequel se trouve la trilogie qu'ils souhaitent regarder et lance le premier «D'ailleurs, pour te répondre...on verra bien. J'ai pas cours demain et je ne dois être au théâtre qu'à 15h, donc pourquoi ne pas se faire toute la trilogie après tout » de toute manière, il ne réussira sans doute pas à fermer les yeux de la nuit, autant la passer avec son meilleur ami.
Après une étreinte un peu sortie de nulle part, mais nécessaire pour les deux amis, ils se dirigent vers le restaurant japonais sur le route de leur appartement. Ambroise a remarqué combien Clément avait eu besoin de le serrer dans ses bras, tout comme lui-même s'était rendu compte que ça lui avait manqué. Seulement, il ne savait pas trop pourquoi Wolf avait initié ce contact, et ça lui donne matière à réfléchir sur le trajet, dont la première partie se passe tout en silence. Ils n'ont pas toujours besoin ou envie de remplir les silences entre eux, ces derniers sont confortables comme du coton. Mais Bonnie se résout à le rompre pour demander au comédien comment se passe ses projets en cours. Il voulait, en demandant cela, une vraie réponse, mais ce ne sont pas les mots de Clément qui lui donnent la vérité. Il note son sourire étrange, plutôt fatigué, avec une lueur furtive de tristesse dans le regard. Ça l'inquiète, brusquement, mais vu la rapidité de l'instant, il espère de tout cœur avoir rêvé. Le néo-zélandais, ayant retrouvé une expression plus joyeuse, lui ressort sa soupe habituelle : tout va bien. S'il est sincère en parlant de son metteur en scène, et d'autres détails, quelque chose sonne faux aux oreilles d'Ambroise, sans qu'il ne puisse en déterminer la raison.
Il hoche simplement la tête, ne le contredisant pas, car il suppose que c'est simplement le fait de l'avoir aussi loin de lui qui lui froisse le ventre. Il arrive à être jaloux des passions de son meilleur ami, si ce n'est pas le fond ça... Mais il ne s'en rend pas réellement compte, et à peine effleure-t-il ce genre de pensées qu'il passe à tout autre chose pour éviter d'y réfléchir. Il n'a jamais aimé disséquer ses sentiments, c'est souvent douloureux et il sait d'instinct que ça le sera sur ce sujet aussi. Alors il se concentre sur la soirée qu'ils vont passer tous les deux, sur les films, et sur les sushis dont il a envie. Son silence, son absence de réponse plutôt, est un bon indicateur de son état d'esprit si Clément fait attention, vu ce qu'il connait de son australien. Ce dernier esquisse un léger sourire au final, lorsque son ami plaisante sur le fait de quand même trouver du temps pour lui et Moana. Là non plus, il ne dit rien, ne commente pas, et préfère se focaliser sur leur commande qui est très rapidement préparée.
Ils ressortent à peine quelques minutes plus tard et prennent la direction de l'appartement, dans le silence. C'est aussi ainsi qu'ils s'installent, que Clément s'occupe de Moana et que Bonnie prépare la table basse pour eux. Il termine rapporter deux vers et de quoi boire alors que le plus âgé branche le disque dur à l'arrière de la télévision. Il repense alors à la question posée par Ambroise à laquelle il n'a jamais répondu, et le regard de celui-ci s'illumine. « Vrai ? Les trois films ? » redemande-t-il confirmation. Mais c'est surtout le fait que son ami ne soit réellement pris qu'à partir de 15h (sans cours de la journée, magnifique) qui fait briller l'émeraude. Il fait en sorte que cela passe pour l'excitation de se faire un petit marathon de la trilogie de Retour vers le Futur, avec la question qu'il vient de poser. Puis il sourit. « Enfin, t'auras le droit de t'endormir quand tu veux », ajoute-t-il. Il a quelque peu connaissance des courtes nuits que passe Clément. Rien que sa tête certains jours mettrait même un aveugle sur la piste. Mais s'ils en ont déjà parlé, le néo-zélandais ne veut rien entendre des techniques à appliquer, et répète que cela passera.
Ambroise, lui, a l'habitude des nuits de quelques heures, c'est ainsi qu'il fonctionne le mieux. Gamin, c'était le plus gros dormeur que la terre ait porté, mais au court de l'adolescence, son besoin de sommeil a diminué, pour se caler sur ce rythme étrange. Il n'est vraiment pas du matin (les jours de cours matinaux, il n'arrivera jamais à se coucher avant deux heures du matin de toute façon), mais quatre heures lui suffisent pour être plein d'énergie. Aussi, il sait qu'il pourra s'enfiler les trois films sans problème. Mais il espère, plutôt sincèrement, que Clément s'endormira. Le manque de sommeil, et l'absence de sommeil surtout, n'est pas un bon signe. Néanmoins, il n'y fait plus mention et c'est là-dessus qu'ils lancent le premier film. Les sushis sont dévorés rapidement, un peu trop au goût d'Ambroise, car ils étaient vraiment bons. Ils ont de la chance d'avoir un bon resto à deux pas. Ils ne parlent guère tout au long du film, mise à part pour s'échanger quelques remarques et, du côté de Bonnie, de s'amuser des réactions de Clément. Il l'observe parfois, délaissant quelques instants la télé sans même s'en rendre compte. Il remarque à quel point il apprécie ces instants, juste avec son meilleur ami, à regarder un film, à rire ensemble, une soirée seuls, tout les deux. Mais il pense bientôt à autre chose et son visage pivote vivement vers le film. Il s'était dit qu'il oublierait ça. Cette nuit. Mais bon sang que c'est difficile.
La fin du film se déroule sans même qu'il n'y fasse attention, et c'est la question de Clément - qu'il doit répéter - qui le ramène sur terre. Oui, bien sûr qu'il veut continuer. Un simple hochement de tête et un mot, puis il se lève et va chercher la carafe d'eau. Il descend un verre entier quasiment cul-sec, puis se réinstalle correctement sur le canapé, les jambes repliées d'un côté, le coude appuyé sur l'accoudoir de l'autre. Il sourit à un commentaire du comédien, puis plus rien ne se passe durant de longues minutes, alors qu'ils regardent tout deux le film. A un moment, pourtant, Ambroise ne tient plus la distance. A cause de ses pensées remontant à leur nuit, il se maintenait un peu loin de son ami, mais il ne pût tenir la tactique. Alors il bouge, se décale, change ses jambes de côté et pose un coussin sur l'épaule de Clément, avant d'y reposer sa tête. Confortablement installé, ayant fait attention que son ami le soit aussi, il laisse un sourire jouer sur ses lèvres. Il est bien mieux là. Beaucoup mieux.
Exprimer à voix haute tout ce qu'il fait depuis plusieurs semaines, lui donne un peu le vertige. Pour tout avouer, il serait presque tenté de se confier à Ambroise sur tout ce qu'il ressent. Ses craintes de ne pas réussir sa troisième année, d'être dépassé par les événements concernant sa professionnalisation théâtrale ou en apprenant à connaître sa famille biologique. Il a déjà fait connaissance par téléphone avec sa mère et a déjà rencontré son frère. Ou encore Raphaël qui lui met de plus en plus la pression au niveau de la danse. Il aimerait parler à Ambroise de la peur, du stress, de l'incompréhension, bref de tous ces sentiments qui l'abritent mais qu'il essaie de garder enfouit au plus profond de lui-même, refusant de se rendre compte que s'il continue comme ça, il risque de ne plus avoir d'emprise sur sa vie.
Mais il ne peut pas. Il ne veut pas. Inquiéter son meilleur ami est vraiment la pire erreur qu'il puisse faire maintenant. De toute manière, ce n'est pas le but de cette soirée. Il ne veut pas gâcher cette merveilleuse après midi avec seulement quelques paroles de travers. Non, vraiment, ce n'est pas le moment pour lui parler de tout ses sentiments contraire. Un autre jour, sans doute, mais pas aujourd'hui. Alors il utilise ses talents de comédien pour lui faire croire que tout va bien, qu'il gère, qu'il est assez organisé pour réussir à survivre à ses journées et cette années, bref que le stress ne l'a pas encore gagné et qu'il saura arriver à tout faire parfaitement comme il a l'habitude.
Ambroise ne réagit pas plus que de simples sourires ou hochements de tête, ce qui n'est pas bon signe. Clément comprend qu'il ne boit pas totalement ses paroles, qu'il n'est pas dupe. Peut-être a-t-il vu son sourire fatigué qui est passé sur son visage avant ? Peut-être est-il au courant de ses insomnies et de ses cauchemars à répétitions ? Sans doute, il n'est pas con Ambroise. Mais Clément ne dit rien ni n'ajoute quoique ce soit de plus. Ils vont chercher leur sushi, Clément s'amuse un instant avec sa chienne puis ils retournent vers leur appartement où Ambroise s'occupe de la table basse.
Le jeune comédien va brancher le disque dur externe puis lance le film et commence sa dégustation de sushi. Le premier film se déroule sous les commentaires tantôt intelligents tantôt idiots ainsi que les nombreux éclats de rires des deux amis. Toutefois, Clément a l'impression que son meilleur ami n'est présent que physiquement. Le fait qu'il doive réitérer plusieurs fois sa demande s'il veut continuer ou non, lui confirme qu'effectivement Ambroise n'est pas concentré. Clément finit par mettre le deuxième film en route et sent son cœur se serrer un instant lorsqu'Ambroise change de position pour finir un peu plus loin de lui. Pinçant légèrement les lèvres, il soupire reporte son attention sur la télé …
… avant qu'un mouvement n'attire son regard. L'instant d'après, un coussin se pose sur son épaule et Ambroise vient se blottir contre lui. Arquant un sourcil sous la surprise dans un premier temps, Clément finit par sourire doucement et passe un bras autour des épaules de son meilleur ami pour l'attirer d'avantage contre lui. Un sourire s'affiche sur son visage et s'agrandit un peu lorsqu'Ambroise dépose un baiser dans son cou. Il se fige et s'amoindrit toutefois quand son meilleur ami se fait plus entreprenant, commençant à l'embrasser sur la mâchoire puis sur la joue. Il ferme les yeux et soupire doucement de bien être
«Bonnie...je ... » souffle-t-il en fermant les yeux . Il secoue doucement la tête puis se dégage un peu, juste le temps de se tourner vers son meilleur ami. Il plonge son regard dans l'émeraude de ces yeux magiques et se mordille légèrement la lèvres inférieur alors que la commissure de ses lèvres s'étire un peu plus «T'es pas croyable ... » souffle-t-il, posant une main sur la joue d'Ambroise. Il se penche en avant, entre ouvre légèrement les lèvres et fini par les joindre à celle de son meilleur ami, les scellant en un doux baiser.
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