| tadriane ▲ nobody cares, and everybody does |
| | (#)Mer 18 Avr 2018 - 22:25 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Le pub est bondé, mais j’ai quand même réussi à nous dégoter une banquette relativement à l’écart, relativement aérée. C’est pas donné à tous d’avoir le moindrement de savoir-vivre, et j’ai pas non plus envie que les oreilles des curieux se tordent dans notre direction. Parce que ouais, y’aura matière ce soir à être mal léché, à ne pas se mêler de ses affaires, à vouloir savoir qui de Tad ou d’Ariane aura le dernier mot. Même moi, je l’ignore, et c’est bien ce qui rend mes gestes un peu plus secs, entre le carnet que je sors de mon sac, les stylos qui s’étalent sur la table, ma jambe qui s’agite en-dessous, ma langue qui claque. Un terrain neutre donc. Pas chez lui, certainement pas, avec tout le bagage que ça occasionne et la nostalgie qu’on aura de travers. Pas chez moi, certainement pas, avec des vestiges de notre vie d’avant qui s’étalent entre les affaires de Vitto, cette esquisse de nouvelle vie à laquelle je croyais de plus en plus. Un pub comme un autre, celui qui avait vu autant de bonnes soirées entre nous que de mauvaises, mais surtout un pub où y’a du monde, où y'a du bruit, où y’a de quoi faire si la tension monte, si le ton agresse, si on a envie d’aller prendre l’air, si on réalise que, comme on l’a tout les deux prédit de toute façon, cette histoire se terminera mal. Du bout des doigts, je tourne les quelques pages imprimées plus tôt aujourd’hui au bureau, cachées dans la pochette la plus surveillée de l’histoire de l’humanité. J’avais pas encore réussi à écrire quelque chose de concret, de solide, sur nous. Mais j’avais fait une liste. De tous nos problèmes, de toutes nos disputes importantes, de ces moments où ça avait été difficile. Un résumé de pourquoi ça n’avait pas marché, de comment on s’était acharné. Un condensé des raisons qui faisaient que lui et moi, ça ne faisait pas de sens qu'on s'aime si fort, si mal. Et au-dessus de tout ça, y’avait toujours des non-dits, des incompréhensions, un peu de malaise, de mal-être. On était pas méchants, même si on s’était brisé le coeur l'un l'autre. On n’était pas malins, même si on avait su si bien se tirer vers le bas pendant trop longtemps. C’est du noir qui se broie, et c’est surtout le projet que je chéris depuis tellement longtemps que je vais finir par montrer à quelqu’un pour vrai, et pas juste pour faire joli. Y’a ce stress-là qui embarque aussi, celui qu’au final, j’ai peut-être fait tout ça pour rien. Que je l’ai peut-être pas, la plume. Que je ne les ai peut-être pas, les mots. On ne verra peut-être jamais ce bouquin voir le jour si Tad ne se gêne pas pour me dire que j’écris comme une gamine de pré-maternelle lorsqu’il s’agit de parler de moi, de ma vision des choses, même si elle implique pour presque la totalité du livre la vie des autres. M’enfin. Il passe la porte comme je commande, il me rejoint comme on reçoit les verres et les plats, et c’est bien parce que je suis passée maître dans l’art d’exhiber un air à la parfaite limite du désabusé que je sens mon stress retourner de là où il est venu. « Je voulais faire plus officiel que te demander ton avis par texto. » que je commente, sérieuse, maintenant qu’il voit un peu le foutoir que j’ai étalé sur la table, les différentes notes, l’attirail prêt à être scruté au couteau. « On est là pour longtemps, autant avoir de quoi se ravitailler. » et j'anticipe l'évidence, que ça ne sera pas un truc à prendre à la légère. À côté de tout ça, y’a nos pintes de bière, y’a de quoi manger un peu, y’a suffisamment pour qu’on n’ait pas besoin de prétexter avoir besoin d’autre chose, de se murer derrière des excuses bidon sans entrer dans le vif du sujet. Et justement, ça a assez traîné, j’ai laissé le truc mariner dans ma tête pendant trop de temps pour garder tout à l’intérieur, et pour ne pas partager mon calvaire sur ses épaules. Tad voulait prendre part activement à la rédaction de ce chapitre. Il allait plonger direct dedans, et sans flotteurs. « J’ai papier, crayon, t’as toute mon attention. Dis-moi ce que t’en penses. » et si je sens qu'il y met la moindre dentelle, c'est pas dit que mon calme sera gardé longtemps. |
| | | | (#)Jeu 26 Avr 2018 - 1:36 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Elle avait tenu à ce que ce soit dans un endroit public qu’ils se feraient leurs échanges sur le contenu de son livre. Enfin, de la partie où il est question d’eux et dont il fait forcément parti et où il avait tenu à pouvoir dire son mot. Il avait compris l’idée, qu’être devant des gens extérieurs allait probablement les amener à se tenir un peu sur les sujets abordés. Ce serait mentir de dire qu’il est serein, au moment où il s’avance vers l’endroit, où il pense à tout ce qu’il a à dire, tout ce qu’il a noté et où il se demande surtout s’ils arriveront à ne pas prendre la mouche trop vite et à avancer un chouia. Parce qu’il sait que ça ne sera pas pour aujourd’hui, il sait qu’à la fin de cette rencontre, les pourquoi et les comment qui ont menés à leur séparation et la situation actuelle ne seront pas découvert. Il sait que cette entrevue n’est pas le remède sacré et qu’il y’en aura d’autres, comme ceux qui font des thérapies. Mais, il se fait des flips parce qu’il espère que ce premier fonctionnera et ne dénoncera pas ce qu’il a peur d’entendre : que cette relation était véritablement vouée à l’échec et que là, c’est bien trop tard. Il est à l’heure au moment où il franchit la porte d’entrée. Mieux vaut commencer en mettant toutes les chances de son côté. Il s’avance vers elle et prend place, en affichant un air proche de la surprise en observant la masse de travail qu’elle a étalé devant elle. Clairement, ce sera bien plus long que de répondre aux appels à l’aide de ses lecteurs. C’est un travail de fond qu’elle a préparé et Tad sent une pression qui s’ajoute. « Je voulais faire plus officiel que te demander ton avis par texto. » Qu’elle explique, alors qu’il ne se risque même pas à toucher le moindre morceau de papier pour ne pas désorganiser le tout. Il connait Ariane quand elle travaille, c’est méthodique et perfectionniste. Mieux vaut attendre qu’elle annonce la couleur. « On est là pour longtemps, autant avoir de quoi se ravitailler. » Effectivement, elle a tout prévu. Tad prévoit pour le moment de ne toucher à rien. Il se contente de l’observer. C’est étrange, mais il a presque l’impression de passer devant un officier de police à justifier un crime qu’il n’a pas commis. Ça lui colle la pression, et ça on le sait : Tad gère très mal. « J’ai papier, crayon, t’as toute mon attention. Dis-moi ce que t’en penses. » Qu’elle demande, et tout d’suite, elle l’amène en terrain miné à lui demander son avis aussi vite. Et surtout, c’est le meilleur moyen pour qu’elle puisse riposter à ce qu’il avancera. En y réfléchissant, il se dit que c’est déjà un problème entre eux si chacune de leur conversation sur des sujets sensibles est vue par lui-même comme une bataille à mener. Ne devraient-ils pas être adultes pour échanger sans que ça soit la guerre ? Il se garde en tête cette pensée. « Et bien, pour le moment, j’ai pas trop compris sous quelle forme tu envisageais d’écrire ce passage. C’était très fluide pour les autres couples mais, tu es narrateur extérieur et là, tu comptes faire en disant d’entrée de jeu que c’est ton histoire, le garder pour plus tard, faire comme si que non. » Et ça, il se demande surtout pour savoir si elle compte poser au lecteur une forme d’impartialité ou non. « Et sinon, vu qu’on en a pas parlé, je me suis dit qu’on devrait comment à retracer la chronologie. Commencer par marquer le moment où tout a commencé à s’effondrer, où on a commencé à retenir des petites choses contre l’autre pour se le jeter à la figure. Peut-être le poser ironiquement comme un effet papillon, je trouve que ça te ressemblerait. » [ |
| | | | (#)Ven 27 Avr 2018 - 21:48 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Y’a une raison pourquoi je ne me lève pas, pourquoi je ne l’embrasse pas à son arrivée même si j'en ai vraiment envie, pourquoi je ne lui agrippe pas une fesse pour la blague comme tant d’autres fois avant. Y’a une raison pourquoi mes yeux s’accrochent aux siens avec sérieux, pourquoi mes doigts lissent le papier sur la table, mes lèvres ne trempent pas de suite dans ma bière, pinte toute fraîchement servie. Y’a le pourquoi du comment de cette entrevue à allure professionnelle, y’a nos erreurs et notre historique qui me narguent, y’a ce qu’on est en train de devenir là, d’apprivoiser, sans vraiment l’assumer, y'a un goût de retour en arrière plutôt amer sur ma langue, mais l’espoir qu’on est mieux que ça, mieux qu’avant. Et y’a une distance que je mets entre nous volontairement, lorsqu’il arrive à ma hauteur, qu’un sourire neutre l’accueille, et que de suite je ne laisse pas la place à du small talk que ni lui ni moi n’avons envie d’entretenir en attendant la tempête. Pas la moindre intention de faire traîner la sauce, de me prendre les pieds dans la dentelle alors qu’il se tournera les pouces le temps que je minimise le potentiel d’importance que cette première entrevue a à mes yeux. Et il parle, enfin, une fois mes différentes indications lancées, une fois les plats posés et ses iris qui s’en détournent pour soutenir les miens. La guerre de celui qui tient bon le plus longtemps, à laquelle on était passés maîtres, ravaler tout à l’intérieur et garder la tête impassible le temps que l’acide grésille, que le feu brûle, et qu’on soit au bord de l’explosion lorsqu’on finit par cracher la concoction à qui veut bien - ou pas - l’entendre. Ici même, y’avaient eu quelques combats salés, des disputes dans les toilettes, dans la ruelle derrière, et une même, si je me souviens bien, qui avait eu lieu dans le booth à quelques mètres de moi. De l’histoire ancienne ou non, c’est ce même mécanisme qui s'enclenche tout doucement dès les premiers mots que j’articule, et ceux que Tad répond. « Y’aura une mise en contexte pour sûr, ce sera pas fait à l’arrache. » que je commence, un brin irritée qu’il ait pensé que j’ai aucune structure de roman en tête pour avoir pensé et mijoté le truc pendant presque quatre ans en somme. Mais, c’est une voix particulièrement stable qui prend parole, et qui poursuit. « Mais je voyais le truc à la troisième personne. Pour mettre de la distance. » entre nous, surtout, entre mon oeil et mes mots. Mais ça me semblait beaucoup plus logique de suivre la même forme qu’avec tous les autres volets, en précisant d’emblée à qui ce dernier chapitre appartenait. Le truc ici, le but ultime du livre, c’était bien de critiquer d’un oeil extérieur, d’étaler et de raturer ce qui devait l’être, et même si Tad soutenait par son discours et ses coups d’oeil mon manque d’objectivité certain, je serais pas là ici, aujourd’hui, si j’avais voulu garder le cap et strictement pousser ma version entre ces pages. « De toute, le reste du bouquin est ainsi, ça passera mieux. » un bref regard de biais vers l’index du livre que j’ai sur papier juste ici, le temps de compter distraitement les histoires, repasser sur les titres ciblés, revoir les grandes lignes. Le plan de match était pas mal déjà tout tracé, les couples ciblés, les brouillons en cours. Y’avait que notre histoire qui restait en chantier innommable. D’ailleurs, Cooper qui propose. « Oh, si seulement ça avait été que ça , notre problème. » retenir de petites choses, c'était bien simple pour nommer nos tares. Et l’espace d’une minute, je la sens, la goutte passive, la goutte agressive. Probablement dûe au fait que depuis qu’il est arrivé, je le laisse à peine en placer une. Probablement ma défensive qui prend du jeu alors que lui donne du leste, parce que ce projet, c’est mon bébé, c’est tout ce à quoi je pense ces jours-ci, ces semaines-ci, et que de disséquer le chapitre le plus personnel avec lui rend la conversation plus délicate que pas mal toutes les discussions qu’on ait pu avoir depuis les Fêtes. De ce fait, je prends un long moment pour inspirer, hocher de la tête, poursuivre. « Ouais, c’est pas tout mal. » et la minute d’après, mon index danse sur les papiers pêle-mêle, avant d’extirper la pochette de sous une pile de notes gribouillées entre mon arrivée ici et celle de l’italien. « On peut partir de cette liste. » premier objet tangible que je lui tends depuis son arrivée, ironique comme drapeau blanc, puisqu’il ne mettra pas très longtemps avant de voir qu’il s’agit de bullet points bien précis, d’une liste préparée à l’avance, anticipée selon les pires souvenirs nous mettant tous les deux en vedette. « Nos grands moments. » elle est piquante la voix, un brin sarcastique, une touche amusée. Tout en haut les pires disputes, tout en bas, les irritants. Et au centre, les fois où, dans mon cas comme dans le sien, on avait tout fait dans les règles pour se saboter comme des champions. |
| | | | (#)Sam 5 Mai 2018 - 1:38 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle avait tout prévu et ça, c’est quelque chose qui fait peur à Tad, parce que dans ces moments où ils vont se dire leurs vérités, il sait que c’est elle qui saura placer les siennes et mènera l’attaque. Tad, il n’est pas bon pour les batailles verbales, ce n’est pas son style. Il préfère cent fois le charme d’une conversation calme et posée, chose à laquelle il n’avait jamais eu réellement droit avec elle, du moins, pas en traitant des problèmes de fond comme ceux qu’il s’apprête à aborder. Et, il finit par prendre la parole, par poser ses questions, donner sa vision sur la forme de l’objet. Peut-être qu’il a l’air de lui dire quoi faire, lui n’en a pas l’impression. Il veut juste se renseigner, partager sa vision des choses parce que quelque part, ce passage du livre c’est une partie de lui et il veut savoir comment elle compte la transcrire. « Y’aura une mise en contexte pour sûr, ce sera pas fait à l’arrache. » Qu’elle reproche, immédiatement, comme si elle soupçonnait qu’il l’ait pris pour une idiote alors que ce n’était pas son attention. Un coup d’œil à sa bière et l’idée de vite vider tout ça pour avoir l’excuse d’avoir trop bu pour travailler prendre forme dans sa tête et il doit se faire violence pour rester raisonnable et ne pas céder à cette lâcheté qu’elle semble lui imposer sans s’en rendre compte. Finalement, elle reprend la parole, plus calme, plus maitrisée . « Mais je voyais le truc à la troisième personne. Pour mettre de la distance. » Il n’ajoute rien, il ne répond même pas parce qu’il ne veut pas prendre le risque qu’elle utilise encore ce ton là avec lui, ça l’avait épuisé pendant des années et les choses allaient tellement bien, ça ne valait pas le coup. Evidemment, à ce moment, il ne prend pas conscience que cette réaction n’est pas naturelle et devrait être abordée pendant cette soirée. Seulement, pour ça, faudrait que Tad ait une clairvoyance sur sa façon de gérer les choses et qu’Ariane sache entendre qu’elle est la cause de ce défaut. « De toute, le reste du bouquin est ainsi, ça passera mieux. » Qu’elle termine et Tad n’ouvre pas le sujet plus, il se contente de lancer une idée, comme ça, du récit qu’il imagine. « Oh, si seulement ça avait été que ça , notre problème. » Elle répond et ça le stoppe net dans ce qu’il avait à dire, ils n’ont même pas commencé à traiter du sujet et déjà, Ariane est d’attaque et n’en laisse pas passer une. Trop préparée qu’il avait pensé. Il aurait mieux fait de prévoir cette soirée en la prenant par surprise chez elle, quand elle n’avait pas encore une idée précise de cet échange et des piques qui allaient être envoyés. « Ouais, c’est pas tout mal. » Qu’elle finit par admettre, en parlant de ses idées. Probablement qu’elle a vu, qu’elle s’est rendue compte qu’elle ne l’aidait pas et Tad apprécie qu’elle se réfrène, qu’elle tente d’être un peu raisonnable. « On peut partir de cette liste. » Et le papier glisse vers lui, sous le doigt de la jeune femme. Il s’en empare rapidement, curieux d’en découvrir le contenu, curieux de lire ce qu’elle a à dire, curieux de tout. « Nos grands moments. » Qu’elle ajoute alors qu’il a déjà commencé à parcourir la fameuse liste. Il a les sourcils qui se froncent à plusieurs moments, quand ses souvenirs sont erronés et biaisé. Il retient son souffle parce qu’il veut terminer cette liste avant de réagir aux propos, avant de réagir à ces reproches regroupés sur une page blanche : sa décision de quitter la médecine, sa lâcheté, son laisser-aller, son manque d’ambition, de travail, le temps qu’il a perdu à se faire berner par Lou et la place de Ginny dans sa vie, en tout dernier et c’est plutôt bien placé, parce que ça le fait tiquer de suite. « Attends, tu comptes parler de Ginny dans ton livre ? » Qu’il demande, vachement sérieux pour le coup, parce qu’il ne croyait pas en l’impartialité d’Ariane et qu’il puisse en prendre plein la gueule, ça le dérangeait pas plus au final, parce qu’il avait ses torts mais Ginny n’avait rien à voir là-dedans. « Je peux savoir ce que tu as à lui reprocher ? » Il ne hausse pas le ton. Il est même calme, parce que c’est que la partie immergée de l’iceberg et qu’il ne peut pas s’énerver aussi vite. « J’ai pas envie que ma meilleure lise ton livre et se mette dans la tête qu’elle a été une des causes de notre rupture. C’est bas, et je ne suis pas d’accord. » Déjà, le premier sujet de discorde et il peut comprendre que sur la fin, il avait été peu présent, qu’il avait préféré passer plus de temps pour soutenir son amie dans la maladie de son fils plutôt que d’attendre une Ariane qui rentre tard dans leur appartement, il comprend qu’elle lui reproche une forme d’absence mais il ne veut pas une phrase qui laisse sous-entendre que son amie ait une pointe de responsabilité là-dedans.
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| | | | (#)Dim 6 Mai 2018 - 19:58 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Il n’y avait pas de surprise à ce que je sois si préparée, pas d’étonnement à ce que je sois autant sur la défensive. Rien d’extraordinaire à ce que je ne baisse pas le regard malgré mon envie d’aviser de suite que tout ceci était une mauvaise idée. Que j’étais bien là, avant ce soir, avec Tad. À ressasser les bons côtés du passé, à recommencer en mieux, sans recommencer vraiment. Mais ç’aurait été trop lâche, et trop facile. Ç’aurait été de renoncer à un truc auquel je tiens pas mal plus que ce que j’aurais pu penser, et qui flirte très bien avec ce que je me suis toujours interdit. Parce que je ne retourne pas en arrière. Parce qu’une fois que quelque chose est terminé, chose du passé, c’est une page qui se tourne, et rien que j’en ressasse. Mais lui, il est toujours là, et dans le booth, et dans ma vie, et dans les pages de mon futur bouquin. Il est toujours là à détailler les mots que j’ai transcrits, la coupe de rouge pour seule alliée la veille. Il est toujours là à froncer les sourcils, exactement aux endroits où je l’avais prédit. Il est toujours là, aussi, à recevoir des textos de ma part en plein milieu de la nuit, à finir par débarquer à l’appartement les minutes qui suivent. À me voir errer proche de la scène quand les Street jouent, comme au bon vieux temps, la pinte de l’entracte comme classique et parfois les allers secrets dans les toilettes du bar du soir parce que jouer aux adolescents nous amuse encore après quelques mois, faut croire. Et plus il prend son temps, et plus les secondes avancent, et plus je me dis que finalement, Tad c’est pas du passé. Hardly done, comme chapitre. Ça m’agace, et en même temps, ça me soulage. Parce que ce qu’on fait là a du sens. C’est ce qui terminera le truc, ce qui apportera la conclusion, peu importe ce en quoi elle consistera. Mais j’en ai besoin, et il est probablement le seul à le comprendre. « Parler de la situation plutôt. C’est pas une surprise qu’elle et Lou se retrouvent là. » les doigts qui se referment autour de mon verre, je prends le temps d’avaler une longue gorgée de bière avant de répondre à son attaque. Parce qu’aucune de mes piques agressives depuis le début l’ont heurté suffisamment pour qu’il lève le sourcil, mais là, c’est autre chose. La place qu’avaient eue Lou et Ginny dans sa vie m’avaient toujours énervée, un peu de jalousie bien sûr, mais surtout une totale incompréhension devant un Tad prêt à donner sa chemise, son coeur, son monde entier pour les sauver l’une et l’autre, et ne jamais rien recevoir en retour comme moindre gratitude. Que le type que j’aime le plus au monde se fasse prendre pour une valise à saveur de calinours et de bonne poire, ça passe pas pour moi. « Et puis Ginny est pas conne. Elle prendra pas la responsabilité de rien du tout, parce que je parle à peine d’elle. Je parle de toi et de moi, face à elle, pas l’inverse. » j’écrirai pas ce chapitre en le dédiant à sa meilleure amie. J’écrirai pas ce chapitre en mettant nos fautes sur ses épaules à elle, quand la grande majorité de notre relation elle n’a été qu’un fantôme flottant. Ambiante, de Londres jusqu’à la maison de Roselyn. Mais je fais la part des choses. Je m’étire sur mon siège, prends le temps de poser le papier sur la table sous les yeux de l’italien, d’y écrire “aucun lynchage, aucune accusation” sous le nom de sa McGrath. Le truc fait tout de même partie de notre historique et là, ça me fait chier d’avoir à trouver de la dentelle pour l’apporter comme il se doit, mais s’il sort les dents si tôt dans le processus, faut quand même qu’il voit que je ne suis pas non plus prête à sortir le lance-flamme à la prochaine remontrance. D’ailleurs. « Tourne la page. » une fois ma place reprise dans mon siège, bien calée contre le dossier, je pointe la feuille qu’il a toujours dans les mains du menton, dans l’attente qu’il réagisse. Ce qui prend relativement du temps, assez pour que je répète, dans l’impatience. « Tourne la page et arrête de penser que je t’ai juste invité ici pour te passer au bûcher sans faire le moindre effort de mon côté. » aussi étonnant cela puisse paraître à ses yeux, j’ai pas non plus envie qu’on finisse cette soirée à se crier dessus et à se lancer de la vaisselle par la gueule. J’ai déjà donné, et surtout, on bosse là. C’est du travail, pur et net, et si j’ai pilé sur une bonne grosse dose d'orgueil dans mon travail de recherche pré-rencontre, il ne le verra que lorsque finalement, ses iris se posent sur le verso et l’autre liste que j’y ai mise. C’est là qu’il pourra voir que si d’un côté ses tares étaient à l’honneur, là, ce sont toutes les miennes que j’ai, avec une honnêteté plutôt salvatrice, répertoriées. Son silence en continu, et je m'impatiente un brin face à son air un brin perdu, ses iris qui flottent. « Je veux savoir à quoi tu penses, quand tu regardes dans le vide. » ma mauvaise habitude d’être toujours sur la défensive, mon passif agressif inné, toutes ces fois où il m’a reproché de ne pas le soutenir après avoir terminé ses études, lui qui a mes yeux aurait pu facilement rafler tous les honneurs et faire un putain de vraiment bon médecin. « Toujours à jouer avec les mots, toujours à se rejeter la faute. J'peux comprendre que t'aies fini par dire stop. » et je narre sa lecture, et j'esquisse un sourire, probablement plus triste que je ne devrais. Y’a mes ultimatums, y’a l’état de la situation d’une dernière année à deux où j’avais passé le plus clair de mon temps au travail pour le fuir, pour nous fuir. Y’a tout, qu’il se rince l’oeil. « Il est là. » et y’a même mon père, et tout ce qu’il a représenté comme conflit entre Tad et moi. « Parce que je me doute que si on refait le truc façon Memento, c’est là où ça a commencé à déraper. » le souvenir encore amer sur ma langue, suffisamment pour que je chasse le tout d’une nouvelle lampée de bière plus généreuse que prévu. Un soupir, et je n’accorde plus la moindre importance au paternel, plus le moindre espace dans mes souvenirs qu’une simple ligne gribouillée sur l’index de nos erreurs. « Tu peux te gâter et ajouter ce que tu veux, je t’ai laissé des espaces vides rien que pour ton plaisir. » et d’un geste, je fais doucement glisser un stylo dans la direction du Cooper. |
| | | | (#)Jeu 24 Mai 2018 - 22:38 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Et bien, le ton n’aura pas tardé à monter et quelque part, il est sûr qu’elle le savait et qu’elle le préméditait qu’il allait forcément réagir à la mention de Lou et Ginny. Les deux jeunes femmes avaient été le sujet de beaucoup de dispute entre eux. Ils s’étaient écorchés à parler des problèmes d’addiction de Lou, de sa copinade avec ce gang pas très net à fréquenter et de son attitude qui était déjà insupportable à l’époque. Ariane et lui, ils avaient débattu longuement de ce qui faisait la personnalité de Tad, cette charité chrétienne semblable à de la naïveté. Elle ne supportait pas qu’il se dévoue, ce qu’elle n’a jamais compris, c’est qu’il n’aurait jamais pu se regarder en face s’il était arrivé quelque chose qu’il aurait pu empêcher. L’exemple de Ginny lui avait servi de leçon, mais ça, c’était bien trop dur de justifier son comportement auprès d’elle en évoquant son épisode de lâcheté. « Parler de la situation plutôt. C’est pas une surprise qu’elle et Lou se retrouvent là. » Il soupire. Evidemment, il aurait voulu que cette partie ne concerne que lui et que de tiers personnes n’aient pas à être mentionnée. « Je vois pas en quoi être un ami dévoué mérite d’être sur cette liste. » Il suppose que lui aussi doit donner du siens s’il veut qu’Ariane accepte d’être aussi ouverte. Un énième soupir avant de tente d’être un peu conciliant. D’accord, Lou lui avait craché à la gueule. Bien sûr, elle n’était pas une bonne personne. Certainement qu’elle n’avait jamais donné de bonne raiso à Tad pour continuer d’être là, et il peut comprendre l’amertume d’Ariane. Mais ça, c’est pour Lou. « Lou, je peux comprendre. Mais Ginny ? » Ginny n’avait rien fait. Ginny avait besoin d’un ami, du meilleur qu’elle ait eu pour s’aérer l’esprit et bien entendu qu’il avait répondu présent. « Et puis Ginny est pas conne. Elle prendra pas la responsabilité de rien du tout, parce que je parle à peine d’elle. Je parle de toi et de moi, face à elle, pas l’inverse. » Cinq années et elle fait encore des suppositions sur le caractère d’une personne qu’elle n’a jamais rencontré. « Tout ce qu’elle lira, ce sont tes reproches parce que j’ai préféré passer du temps avec elle plutôt qu’avec toi pendant que son gosse était en train de crever. » Et il comprend la jalousie, mais ça n’a rien à faire sur la liste des reproches qui viennent de lui. Il ne s’excusera pas pour ça. Elle reprend la feuille, y appose sa signature, couvrant Ginny de tout reproche et lui, il note mentalement d’être vigilant à cette partie-là quand il la lira. « Tourne la page. » Qu’elle indique, comme si maintenant qu’elle avait fait sa note, ils peuvent parler d’autres choses. Pourtant, le sujet de ce soir n’est-il pas de se dire les choses ? « Tourne la page et arrête de penser que je t’ai juste invité ici pour te passer au bûcher sans faire le moindre effort de mon côté. » Elle exige et bien qu’il ait une foi complète dans le fait que ce soit exactement pour ça qu’elle l’ait invité, il ne dit rien et se contente de lire les torts qu’Ariane prend sur elle, comme une adulte qui avance enfin. « Je veux savoir à quoi tu penses, quand tu regardes dans le vide. » Qu’elle prononce, alors qu’il ne termine pas, qu’il reprend en tête chaque souvenir qui colle à chaque mot qu’elle a rédigé. « Toujours à jouer avec les mots, toujours à se rejeter la faute. J'peux comprendre que t'aies fini par dire stop. » Il relève la tête, au moment où elle doit se douter qu’il a lu le mot. Il était venu en y pensant mais, la dernière fois qu’ils avaient traité le sujet, l’unique fois, les choses avaient dérapées. « Il est là. » Son père. Le sujet qui a signé la fin de la Lune de Miel, qui a confirmé l’adage qui dit que l’amour dure trois ans. « Parce que je me doute que si on refait le truc façon Memento, c’est là où ça a commencé à déraper. » C’est là qu’elle lui a montré qu’elle savait être violente, qu’est venue leur première dispute et qu’il s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas encore tout se permettre avec elle. Qu’elle avait des sujets tabous quand lui était clairvoyant depuis le premier jour. « Parce que tu te décides enfin à en parler ? » Qu’il demande, un peu railleur parce qu’il y croit qu’à moitié. C’est bien le sujet où elle bloque. « Tu peux te gâter et ajouter ce que tu veux, je t’ai laissé des espaces vides rien que pour ton plaisir. » Qu’elle provoque, mais plutôt que de l’enfoncer, Tad décide de prendre de bonne foi son geste en s’disant qu’elle n’est pas venue du jour au lendemain à penser à son père mais qu’elle y a réfléchit, qu’elle a fait des efforts et dans ces moments, mieux vaut pas insister. « Je remplirais au fur et à mesure. Je préfère qu’on se penche tout de suite sur le sujet avant que tu te défausses. » C’est honnête. En même temps, de l’avoir écrit n’indique pas qu’elle ne va pas se défiler et puisqu’il est question d’eux, il aimerait savoir ce qui à motivé sa réaction, il y’a trois ans. « Ne le prend pas mal je saisis que ce soit justement toi qui en parle, de ce soir-là. » |
| | | | (#)Lun 4 Juin 2018 - 2:50 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane « Parce que tu te décides enfin à en parler ? » qui me fait tiquer, qui lance une douce, une chiante décharge électrique le long de mon corps, me forçant à me replacer avec empressement. « Il faut bien. » c'est l'évidence, et je réplique sur le même ton, pas particulièrement sécuritaire comme technique de confession, mais suffisamment posée et calme pour ne pas annoncer le raz-de-marée auquel Tad était franchement trop habitué pour chaque fois où la mention, même minime, de mon père m’avait fait sortir de mes gonds. D’ailleurs, le sarcasme prend du service maintenant que j’hausse le sourcil devant sa remarque, lui qui laisse volontairement mes autres torts en suspens, pointant du doigt le seul et unique problème que je croyais amener d’un coup bref du revers, avant de changer de disque. « On dirait presque que t’as du référent pour porter ce genre d’accusations. » bien sûr qu’il veut en parler, bien sûr qu’il veut profiter de l’ouverture - et maintenant que j’ai mis le pied dans l’embrasure, maintenant que j’ai ouvert moi-même la boîte de pandore, il m’apparaît inutile de me rétracter. Surtout me doutant que c’est là, le nerf du problème, que c’est là où tout converge, une déception commune, un coup de poignard qu’on s’était passé vainement, et le souvenir du traitement d'un silence froid et inhumain dont je l’avais infusé des jours durant après qu’il ait tenté de se mettre les deux mains dans mes soucis, qu’il ait voulu se donner un trop gros rôle dans l’histoire, et qu’il ait voulu faire de mon père un personnage récurrent alors qu’à mes yeux, il aurait très bien pu crever que je ne l’aurais jamais mentionné ni même dans le synopsis. « Tu veux que j’en dise quoi? » et le ton est rieur, parce que ce serait bien la première fois que je lui céderais là-dessus - et pourtant, s’il lit bien entre les lignes, il verra que c’est en effet, la seule et unique fois où je me permettrai de mettre des mots sur ce que je ressens face à tout ça, face à mon paternel, face à Tad et ses idéaux, face à nous et à comment ça nous a détruit à petit feu. Autant qu'il pose les bonnes questions. « Que chaque fois où il vient sur le sujet, je me braque? Ça tu le sais déjà. » le sourire en coin concède que oui, en effet, c’était pas une surprise qu’il faille gratter, que ça pique, que ça fasse mal quand on me donnait la parole à son propos, quand on me laissait champ libre ; si vraiment, je voulais me livrer. « Y’a un truc que j’ai noté, c’était à peu près ce que t’as dit, avant que je coupe toute possibilité d’en parler. » mais aujourd'hui, c’est pas pareil. Là, c’est ma décision d’écrire un chapitre sur nous, et c’est sa présence à titre de validation de l’information qui change la donne, qui force à jouer fairplay. C’est la nouvelle relation que l’on entretient et les avancés de bébé qu’on fait l’un l’autre pour tenter d’être des adultes là-dedans. Ce sont les comportements que je nous reconnais, qu’on ravale pour jouer aux plus forts, pour tenter de l’être. Le temps que Tad s’étire pour attraper la nouvelle feuille à laquelle je me réfère, que je lui refile et en prenne connaissance, j’en profite pour faire le ménage dans certains papiers qui seront sûrement inutiles ce soir, l’impression qu’on restera sur le sujet de mes daddy issues plus longtemps que tout le reste. « Je pense que tu avais mentionné que je pourrais pas lui en vouloir toute ma vie. » remarque anodine, que le Cooper avait sûrement pensée de tout son être, qu’il défendrait fort probablement encore aujourd’hui. « Ce qui est marrant, parce que tu vois, je me souviens pas d’une seule année en 28 ans où je l’ai pas haïs. » et d’un ton scientifique presque, neutre, comme si c’était la narration qui faisait le reste, voilà que j’entrouvre la porte, que je l’entends grincer, que je sais que le terrain est glissant, que la pente risque de voir mes crocs, mes serres sortir, que la suite ne sera pas rose, pas digne de mention non plus, mais nécessaire pour dénouer les altercations d’après, et peut-être au final résoudre l’équation qui bloque toujours à mes yeux. Comment Tad et Ariane ont-ils pu devenir ce qu’on était, à la toute fin? Comment le couple le plus cool de la bande, celui qui faisait chier par sa complicité, par son humour qui résonne, par les coups d’oeil envieux des autres, par sa fusion quasi dégueulasse tellement elle était complète avait pu se retrouver à s’entredéchirer avant de mettre un point final sur tout le reste? « Je suis pas comme toi Tad, je suis pas comme Nadia non plus, j’arrive pas à toujours voir du bon dans les autres, même quand ils font des coups de merde. » pour ça, déjà. Pour cette différence de caractère, pour ces atomes crochus qui ne rattrapaient pas les difficultés, les accroches. « Et avec lui… avec lui c’est pire. » un homme que je n’avais jamais connu, que je n’avais jamais voulu connaître avait tout de même pris une sacrée place dans ma vie, en prenait encore. Il me fascinait autant il me répugnait, et le fait que maman en soit toujours amoureuse ne rendait pas la tâche facile. « C’est sûrement ce qui a servi à me hisser au rang de sang-coeur à tes yeux, que j’accepte pas de le voir juste une fois. » le coup de téléphone qu’il m’avait fait, maman qui lui avait filé notre numéro. La voix de glace au téléphone, le refus catégorique de le rencontrer. Et le regard de Tad sur moi ce soir-là, que je garderais imbriqué dans ma tête surement trop longtemps pour que ce soit sain. « Je t’ai kick off de cette partie-là de ma vie parce que c’était réglé selon moi, et parce que t’avais rien qui aurait pu me faire changer d’avis à l’époque. » plus trop certaine de ce qui sort, plus trop en contrôle non plus, c’est une explication qui flirte avec la justification, c’est un état des choses qui tangue dangereusement vers une vision crue de l’affaire. Mais c’est aussi une sensation de soulagement, maigre mais tout de même présente, qui allège un peu plus mes épaules. « Même encore aujourd’hui, j’ignore ce que ça donnerait si t’essayais. » elle est là la vérité, et il ne le sait que trop. Que tout ceci est un aparté, que toute cette conversation est en retrait du quotidien, que c’est un stop sur le parcours, une sortie vite faite avant de reprendre le chemin. Et que s’il insiste comme à l’époque, peut-être que je réprimerai mes vieux démons à cause de ce qui se dira ce soir, ou peut-être pas. Je ne le sais pas moi-même. Puis je soupire, puis je vide d’un trait ce qui reste de bière de mon verre, puis je lève les yeux vers lui, et conclut sans vraiment conclure. « Du coup, il est là. Tout comme un bon gros paragraphe sur le fait que se fermer à la personne qu’on aime le plus au monde est aussi un aller-simple vers la fin de la lune de miel. » elle avait tout de même duré 3 ans, notre parfaite idylle. Avant qu’on passe les 2 années suivantes à tenter de recoller les morceaux d’un vase qu’on éclatait à chaque semaine. Son regard, son silence, l’attente ; tout me ronge, et je finis par me lever d’un bond, visant le bar des yeux, faisant état de nos verres alors que je sais très bien que le mien est en manque d'annihilant. « J’ai besoin d’une autre bière. » un pas et un autre. Ce n’est que lorsque je suis à sa hauteur que je laisse glisser à son oreille « Tu peux fouiller, y’a rien de bien secret là-dedans de toute façon. » qui en étonnerait plus d’un. Depuis quand Ariane Parker autorisait-elle qui que ce soit à poser le regard sur son boulot, à y apposer ses pattes graisseuses sans qu’elle ne soit là pour superviser? Les temps changent, i guess. |
| | | | (#)Jeu 28 Juin 2018 - 23:49 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane « Il faut bien. » Parler de son père. C’est effectivement devenu une nécessité parce qu’elle ne semble pas se rendre de combien cette animosité lui gâche la vie et la prive de beaucoup de chose, à savoir en premier lieu d’une relation saine et honnête parce que si Tad avait appris à ne pas trop lui en demander, il reste toujours énormément de ressentiment en lui qu’en cinq années de relation, elle ne l’ait jamais trouvé suffisamment digne pour montrer patte blanche sur le sujet. Il n’a jamais demandé à ce qu’elle tisse une relation avec son père mais qu’elle tourne la page et qu’elle arrête d’avoir des secrets pour lui. Etait-ce trop demandé ? « On dirait presque que t’as du référent pour porter ce genre d’accusations. » Qu’elle répond quand il annonce qu’il s’attend à ce qu’elle se défile très rapidement pour aborder un autre sujet, moins lourd que celui-ci. Elle aura beau objecter, il la connait par cœur. « J’ai trois ans de non-dit à ce propos. » Qu’il rétorque, parce qu’il sent qu’elle s’agace, qu’elle n’aime pas l’Ariane qu’il dépeint dans ses reproches alors que pourtant, qui d’autres que lui pour la dépeindre, pour parler de ses défauts, de cette partie d’elle qu’elle tente de masquer avec beaucoup d’effort mais qu’il a su entrevoir plus d’une fois, contre son gré, et qu’il tente de faire sortir bien que manifestement, elle ne veuille pas. « Tu veux que j’en dise quoi? » N’importe quoi. Mais que ça parle du fond du cœur, qu’elle se livre vraiment, qu’elle mette des mots sur ce ressenti qu’elle est incapable d’aborder. Merde, ce sera certainement l’unique fois où ils joueront carte sur table, où l’honnêteté dirigera la conversation. Peut-elle lui expliquer ses sentiments ? Les évènements qui l’ont marqué au point qu’elle se soit refermée au moment où il a commencé à vouloir voir une autre facette d’elle. « Que chaque fois où il vient sur le sujet, je me braque? Ça tu le sais déjà. » Oui, et il apprécierait que ça ne soit pas ce qu’elle soit en train de faire. Ce serait ironique, d’écrire un livre sur leur histoire, de faire une rétrospective des éléments mais d’être incapable de travailler assez sur soi pour y inclure la partie qui explique tout. « Y’a un truc que j’ai noté, c’était à peu près ce que t’as dit, avant que je coupe toute possibilité d’en parler. » Qu’elle commence à expliquer, il ne l’interrompt pas. Si Ariane doit parler de quelques chose de sérieux, il ne compte pas lui donner l’occasion de se défiler en changeant de sujet. « Je pense que tu avais mentionné que je pourrais pas lui en vouloir toute ma vie. » Il l’avait fait, parce que c’est la vérité. C’est sûrement idiot. Ça doit lui venir de sa mère et de son amour du christianisme mais le pardon est salvateur et à un moment, Ariane devra s’y conformer si elle ne veut continuer à être victime de ses ressentiments. Ça n’aide jamais et ça bouffe de l’intérieur. « Ce qui est marrant, parce que tu vois, je me souviens pas d’une seule année en 28 ans où je l’ai pas haïs. » Et justement, ça l’étonne qu’en 28 ans, elle n’ait jamais flanché, qu’elle ne soit jamais partie en vrille, hormis ce soir là. « Je suis pas comme toi Tad, je suis pas comme Nadia non plus, j’arrive pas à toujours voir du bon dans les autres, même quand ils font des coups de merde. » Il inspire. C’est le moment, celui où elle entrouve un peu la porte de ses émotions et Tad prend un air sérieux tout en s’y faufilant. « Et avec lui… avec lui c’est pire. » Il sait. Il n’avait pas eu le père de l’année non plus. Toujours absent. Jamais disponible. Le genre de père qu’on a eu téléphone à noël, une fois tous les trois ans, mais Tad avait appris à ne pas se laisse détruire par ça. C’était juste ainsi que les choses sont faite et il aurait voulu qu’Ariane soit capable de mettre cette distance avec sa propre réalité. « C’est sûrement ce qui a servi à me hisser au rang de sang-coeur à tes yeux, que j’accepte pas de le voir juste une fois. » Il soupire, lâchant doucement. « Tu n’es pas sans cœur. » Et ça n’a jamais été son opinion. Il a toujours su qu’elle avait été blessée et le problème qu’il pointe, c’est qu’elle ne l’avait jamais laissé tenter de guérir ses plaies. Elle avait choisi de souffrir en silence, en se murant dans cette pseudo agressivité non justifiée. « Je t’ai kick off de cette partie-là de ma vie parce que c’était réglé selon moi, et parce que t’avais rien qui aurait pu me faire changer d’avis à l’époque. » Et c’était là l’erreur qu’elle avait commise, parce qu’elle l’avait projeté au loin, qu’elle lui avait fait entrevoir leurs différences sur des sujets importants à ses yeux, qu’il avait pu constater que dans la fond, ils n’avaient pas tant en commun et ça a tout détruit parce qu’Ariane s’était muré dans le silence, que la blessure occasionné par cette soirée avait chopé la gangrène et que deux ans plus tard, il avait fallu mettre fin à eux parce qu’elle n’avait pas le courage d’être honnête. « Même encore aujourd’hui, j’ignore ce que ça donnerait si t’essayais. » Qu’elle confesse, il n’ajoute rien, sachant pertinemment qu’au moment où il prendra la parole, elle s’éclipsera aussi vite. « Du coup, il est là. Tout comme un bon gros paragraphe sur le fait que se fermer à la personne qu’on aime le plus au monde est aussi un aller-simple vers la fin de la lune de miel. » Et si en faire un paragraphe est un début, peut-être qu’il devrait marquer celui d’une réflexion au sujet d’elle et du tournant que sa vie prendra si toutes ses relations amoureuses finissent comme la leur. « J’ai besoin d’une autre bière. » Et c’est là, le moment où elle se défile, où elle part se remettre les idées en place sans lui avoir laissé sa chance de partager son opinion. Il faut admettre que celle-ci, elle la connait déjà : Ariane doit tourner la page, c’est aussi simple que ça. « Tu peux fouiller, y’a rien de bien secret là-dedans de toute façon. » Elle désigne le tas de papiers qu’elle a ramené et honnêtement, Tad n’a pas le désir d’aller lire toutes ses petites pensées qu’elle a couché sur le papier. Il sait que c’est sa façon détournée de s’ouvrir à lui mais, il préfère cent fois quand elle le fait de vivre voix, pour qu’ils puissent échanger. C’est pourquoi, il attend son retour, les bras croisés. Prêt à poursuivre. C’est quand elle s’assied qu’il fait remarquer « Tu sais, tu aurais pu la commander ta bière ? » Mais il avait compris, la prise d’air et cette remarque est une façon maladroite de lui faire comprendre qu’il avait saisit mais que maintenant, il faut qu’ils échangent. « Tu sais, aujourd’hui, je pense n’avoir plus rien à dire sur la façon dont tu veux gérer ta vie et tes démons. Tu peux choisir de continuer à détester ton père pour vous avoir abandonné ta mère et toi, mais cet abandon te bouffe. Je vais encore avoir l’air con, tu vas encore m’insulter mais un jour, tu vas devoir prendre le taureau par les cornes et tourner cette page de ta vie. Que ce soit en lui pardonnant, ou en décidant que tu lui as assez consacré d’énergie, parce que je t’assure, tu lui en donnes, tu vas être obligée de le faire parce qu’un jour, tu rencontreras quelqu’un d’autre avec qui tu ne voudras pas avoir la même fin que nous, parce qu’un jour, tu auras des enfants et que si tu veux que ta vie soit saine, tu devras montrer patte blanche. Je sais que ce que je dis parait absurde, de l’idéalisme pur et dur signé Taddeus Cooper mais tu écris sur notre relation pour te permettre d’être en paix avec nous, avec ce qu’on a raté. Tu ne penses pas que tu devrais profiter de ce travailler sur toi pour chasser ce vieux démon ? » |
| | | | (#)Dim 8 Juil 2018 - 20:52 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane C’est probablement le plus long temps record que j’accorde à mon géniteur d'aussi loin que je me souvienne. Jamais je n’avais passé plus d’un haussement de sourcil, qu’un grognement, qu’une phrase crachée à son sujet, jamais je n’avais éternisé lorsque Nadia m’en parlait, maman le mentionnait, qui que ce soit me faisait l’affront de le citer. Il n’avait pas voulu prendre de place dans ma vie, il n’avait jamais levé même le petit doigt autre que cette fois-là, et à mon sens, sa place était depuis bien longtemps disparue. Donnée à ma mère qui avait fait des pieds et des mains pour m’élever toute seule, enlevée à son dos que j’imagine bien tourné, bien droit, stoïque, lui qui se barre de ses responsabilités comme le lâche qu’il a toujours personnifié à mes yeux. Et j’en suis presque à bout de souffle, après avoir lâché mon venin, après avoir répondu aux maigres questions et remarques de Tad, surfé sur la vague de hargne que je garde à l’intérieur et qui encore une fois est alignée vers le jeune homme en toute connaissance de cause. L’envie de fermer le dossier, de le remercier pour ses bons et loyaux services, de prendre la poudre d’escampette est grande, quand je finis par me lever pour aller chercher lâchement un round two de bière au bar ; mais ce serait mimer un comportement qui me répugne, qui est à la base de ma haine pour mon père. Au-delà, c’est surtout gage de toujours refaire les mêmes erreurs, de ne pas mettre le doigt sur le problème, de ne pas bloquer l’engrenage qui avait cassé ce que Tad et moi avions tout de même mis 5 ans à construire. La sensation de devoir à accomplir, de reste de souvenirs pas encore réglés suffit à ce que je fasse le trajet inverse, bière en main, retrouve ma place face à lui, inspire profondément quand il assure que c’était pas nécessaire. Que je parte, que je mette une pause, que je casse la dynamique - comme à mon habitude, comme avant. J’en profite pour prendre une longue gorgée de bière, repasser mes paroles dans ma tête, réaligner l’angle pour revenir au travail, maigre brèche que je n’ai pas envie de laisser entrouverte trop longtemps par soucis de manque d’intérêt, et de blessure, là, à vif, qui brûle autant mon coeur que mon ego si j’y porte assez attention. La seconde d’après pourtant, Tad renchérit. Et pas seulement en une phrase ou deux, et pas ses foutues interrogations habituelles qui ont le don de me faire chier autant que d’être pile là où il faut peser. S’il me connaît par coeur et sait en cinq mots top chrono comment me faire autant rire que rager, son discours actuel me fait l’effet d’une claque au visage additionnée d’une douche froide de vérité. Il a pesé chaque propos, il a calculé chaque affirmation, et si je découvre un Tad complètement nouveau qui, encore une fois, tient tête là où il aurait traditionnellement ravalé sagement, c’est qu’une seule chose qui trouve ma langue, une fois sa tirade complétée. « T’as pas l’air con. Et j’ai pas envie de t’insulter. » un sourire se dessine sur mes lèvres, comme si j’appréhendais qu’il soit aussi étonné que moi que l’agressivité ne soit pas mon go-to dans l’instant. « J’ai longtemps pensé que si ça avait pas fonctionné avec toi, ça fonctionnerait pas avec personne d’autre. » qui statue sur ces fameuses futures relations qu’il imagine déjà, et qui me font tout de même froid dans le dos. J’avais encore au travers de la gorge toutes ces années d’efforts et de complicité, tout ce travail de fond qui finalement arrêté avait gâché tous mes plans, ramené ma vie à zéro, à néant à travers. « Je lui ai filé la faute aussi, je l’ai tenu responsable pendant une bonne grosse semaine après qu'on ait rompu, juste d’avoir existé, d’avoir tout bousillé. » parlant autant pour lui que pour moi, je me replace sur mon siège, joue avec ma pinte entre mes paumes non sans tenir le regard du Cooper en joue. « Ce qui est stupide et tout à fait faux quand t’y penses, parce qu’il a toujours excellé à être jamais là, et que donc, il aurait pas pu nous gâcher autant que je l’ai fait. » commentaire rhétorique, et plutôt grande révélation si on s’arrête à l’entendre. Que je dédouane ce type, que je le sorte de notre débandade de couple, c’était quelque chose qui avait mis du temps à faire son chemin de ma tête à mes tripes, mais c’était aujourd’hui en toute honnêteté que je l’affirmais, le comprenais surtout. « Mais comme pour tes potes, c’est pas sur lui que je veux écrire, mais sur nous. » le paragraphe semble peut-être maigre à ses yeux, mais l'essentiel est là, et concrètement, les lecteurs ne veulent pas en connaître plus sur sa Ginny, sur Lou, sur mon paternel, que plus sur nous deux. Néanmoins, je sais bien qu’il y aura un gros morceau qui touchera à la suite, au chaos imposé, aux répercussions, à leur cause, leurs effets sur Tad et Ariane. « Sur comment je me suis fermée, comment t’as tenté, et sur les séquelles que ça apportera à mes relations d’après. » stylo entre les doigts, j'annote au rythme de mes mots, douce ironie sachant que de voir les lettres s’aligner les unes à côté des autres me fait aussi mal à voir qu’à dire. « Sur le fait que tu aies voulu aider, et qu’à la place j’ai passé mes nerfs sur toi. Qu’à la place, je vous ai sortis tous les deux de ma vie ce soir-là. Légitime défense ou pas, c’était pas juste pour toi. » et la seconde d’après, je fais ce qui aurait dû être fait depuis 4 ans au moins. Posant le crayon, levant le menton, j’attends d’avoir toute son attention pour caler à peine ce qui aurait sûrement tout changé à l’époque. « J’suis désolée de pas avoir au moins pris le temps d'en discuter avec toi, de pas t'avoir écouté, au lieu de me fermer direct. » s’il se souvient à quel point cette suite de mots est difficile, impossible à affirmer de ma part, c’est qu’il réalisera aussi que là, c’est tout un chapitre que je lui demande de revoir, de reconsidérer. C’est pas tout fait, et ça en prend bien plus, mais pour le moment, c’est tout ce que je peux lui offrir et à mes yeux, c’est déjà immense. J’ai réalisé ce tort, j’en ai bien d’autres devant, mais je l’ai compris. Du moins, c’est ce que je crois foncièrement. « Parfois j’me dis qu’on aurait juste dû rester une semaine de plus en Italie. » un rire, une gorgée de bière, l’envie de craquer une clope me prend, mais je ne bouge pas d’un centimètre. C’est pas avec des “et si” qu’on changera grand chose, mais si j’avais pas été à l’appartement pour recevoir son appel, on en serait sûrement à tester la version ré-éditée 2018 du kama sutra en ce moment. « Quoi que ça aurait sûrement juste repoussé l’échéance. » malgré tout l’amour que j’avais pu avoir pour Tad, malgré tout l’amour que j’avais encore pour lui, malgré cet espèce de genre de couple ouvert qu’on tentait maintenant, j’étais de ceux, réalistes, qui savaient que si notre relation avait à éclater, elle aurait éclaté anyways. « Je pense qu’il y a aussi tes études en médecine qu’on devrait aborder… et de comment on a chacun vécu le truc. » et tant qu’à être dans les sujets chauds, autant continuer de mettre le doigt direct là où ça fait mal. |
| | | | (#)Dim 22 Juil 2018 - 1:00 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Là où il aurait d’ordinaire gardé ses pensées pour lui, il se décide enfin à les lui faire savoir. Tad a toujours pensé mais Ariane a toujours été têtue et à vrai dire, avant cette histoire de livre et ce projet de travailler sur elle pour savoir ce qui n’est pas allée, il n’aurait jamais pris l’initiative de lui dire une vérité aussi franche et cruelle, bien qu’il soit convaincu qu’elle ait besoin d’être entendu. Non, Ariane a toujours fait la fière, comme si elle n’avait besoin de personne et parce que la seule fois où il a commis l’impudence de penser qu’elle pourrait avoir besoin de lui, elle lui a bien fait savoir que non, il n’a jamais tenté à nouveau de lui démontrer, lui donnant à l’occasion raison de par son silence. Mais aujourd’hui, c’est différent. Elle semble prête. Et dans le fond, ils sont déjà rompu, que pourrait-il craindre comme conséquence à sa franchise qui n’a aucune intention de préserver la moindre des défenses qu’elle a érigé devant elle. « T’as pas l’air con. Et j’ai pas envie de t’insulter. » Qu’elle répond, là où il se serait attendu à ce qu’elle pète un câble, le rendant misérable, lui collant la honte de sa vie au milieu de tout l’monde juste parce que c’est comme ça que son mécanisme d’auto-défense fonctionne. Mais non, elle tempère. Elle semble accepter et c’est là que lui vient la confirmation qu’il est enfin l’heure de se parler à cœur ouvert, ce qui en soi la plus grosse évolution dans l’heure relation depuis que celle-ci existe. « J’ai longtemps pensé que si ça avait pas fonctionné avec toi, ça fonctionnerait pas avec personne d’autre. » Il l’avait pensé aussi. Mais en soi, ces années avec Ariane ne sont pas à ses yeux perdues. Elle l’a tellement changé. Il reste juste capable d’accepter la dure réalité que le premier amour n’est pas nécessairement le dernier et que quand tous les deux auront de la bouteille, ils seront bien à leur façon. « Je lui ai filé la faute aussi, je l’ai tenu responsable pendant une bonne grosse semaine après qu'on ait rompu, juste d’avoir existé, d’avoir tout bousillé. » Il reste silencieux alors qu’elle se livre au compte-goutte. Evidemment que le mec qui l’avait fucked up avait sa place dans ses blâmes mais Ariane est adulte aujourd’hui et comme il vient de le lui dire, soit elle tourne la page, soit elle reste bloquée la dessus. « Ce qui est stupide et tout à fait faux quand t’y penses, parce qu’il a toujours excellé à être jamais là, et que donc, il aurait pas pu nous gâcher autant que je l’ai fait. » Il esquisse un sourire. Pas parce qu’elle avoue pour la première fois sa culpabilité sans renchérir sur lui, mais parce que l’ironie qu’elle souligne est drôle. « Mais comme pour tes potes, c’est pas sur lui que je veux écrire, mais sur nous. » Mais ça, ce sera la prochaine chose à lui faire comprendre. Malgré elle, cet homme occupe une place dans sa vie, dans sa tête et dans son comportement. Il a malheureusement sa place dans cette histoire si on veut replacer le contexte correctement. Indirectement, il comprend que Lou ou Ginny ont leur part, aussi minime soit-elle. « Sur comment je me suis fermée, comment t’as tenté, et sur les séquelles que ça apportera à mes relations d’après. » Il ne dit rien. Il a fait mouche et maintenant, c’est à elle de s’exprimer avant que le naturel ne revienne au galop. « Sur le fait que tu aies voulu aider, et qu’à la place j’ai passé mes nerfs sur toi. Qu’à la place, je vous ai sortis tous les deux de ma vie ce soir-là. Légitime défense ou pas, c’était pas juste pour toi. » Et c’est difficile de soutenir son regard alors qu’elle aborde à nouveau ce souvenir plutôt difficile. Y’a ses doigts qui grattent l’étiquette de la bouteille de bière en l’écoutant. Ce qu’il aurait donné pour une fin différente, c’est tout ce qu’il a en tête. « J’suis désolée de pas avoir au moins pris le temps d'en discuter avec toi, de pas t'avoir écouté, au lieu de me fermer direct. » Qu’elle finit enfin par confesser, le surprenant au passage parce qu’à aucun moment il n’aurait cru possible de percer cette carapace en acier qu’elle s’est forgé, il n’aurait jamais pensé qu’elle reconnaitrait l’injustice de sa réaction de ce soir là. C’est surréel comme situation et difficile de ne pas lui souligner, ce qui évaudrait à remuer le couteau. Il se retient, eux deux, ce n’est plus une bataille de fierté. « Parfois j’me dis qu’on aurait juste dû rester une semaine de plus en Italie. » Dernier moment d’insouciance. Avant que leur relation ne prenne le virage. « Quoi que ça aurait sûrement juste repoussé l’échéance. » Sûrement. C’est ce que son visage qui acquiesce lui communique. Ce qui est arrivé serait arrivé de toute manière, parce qu’il aura fallu passer par là pour qu’Ariane évolue, pour qu’elle fasse face à ses démons et pour que lui de son côté prenne en maturité et apprenne à se battre un peu. « Je pense qu’il y a aussi tes études en médecine qu’on devrait aborder… et de comment on a chacun vécu le truc. » Elle change le sujet, une autre histoire. Elle s’est effectivement assez mise à découvert et d’un signe de la tête, il accepte que le sujet change. Il prend une gorgée de bière au passage avant d’entamer la conversation. Il ne sait pas par où commencer mais puisqu’elle a livré ses pensées, il estime juste d’en faire autant. « Je l’avoue, j’ai été déçu par toi. C’était pas une décision facile à prendre que de changer de voie, j’ai tourné le dos à des années de travail, à tout ce que ma mère avait préparé pour moi et la femme avec qui je partageais ma vie ne me soutenait pas. » Il se redresse, il a du mal à en parler parce que même si sur le moment, ça l’avait bien fait chier, il n’avait pas de rancœur sur sa réaction. Il savait déjà à l’époque qu’Ariane était exigeante sur les autres et elle avait réagi comme il s’y attendait. Il aurait juste voulu qu’elle ne prenne pas autant de temps à comprendre. « J’étais seul. Et j’avais le sentiment que je pouvais pas décider pour moi ce que je voulais faire, que je devais être taillé à ta vision des choses et qu’avoir mon libre-arbitre me rendait indigne de toi. C’était pas facile mais au final, je trouve qu’on a pas trop mal réussi à travailler le problème. » |
| | | | (#)Mar 31 Juil 2018 - 5:57 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Étrangement, du moment où Tad se cale dans son siège pour me laisser toute la place, c’est un feu déferlant de confessions qui franchit mes lèvres, secrets qui sont enfin assumées ou du moins, qui passent sans que j’ai envie d’y mettre le moindre filtre. Je bavassais de banalités énormément, j’avais toujours la connerie à dire, j'étais abonnée au dernier mot. Mais voilà que lorsqu’on me lançait sur une conversation axée sur mon père, les mots se faisaient rares, limite détestés. J’aimais pas ce qu’il m’inspirais, encore moins ce que je devenais à sa simple mention. Puis, restait toujours en travers de ma gorge la façon abrupte dont j’avais bousillé la complicité que Tad et moi avons à l’époque par sa faute, les liens brisés direct après l’avoir chassé de cette part de ma vie sans lui accorder la moindre importance, sans vouloir ne serait-ce qu’un peu écouter ce qu’il pourrait bien avoir à dire. Je réalisais aujourd’hui que c’était pas la meilleure façon d’avoir géré le truc, et qu’à partir de là ça n’avait été que débande sur conflit accointé, mais n’en restait que sur le coup, c’était la seule réaction que j’avais eue en banque, la seule façon pour moi de dealer avec la situation et le conflit chaotique qu’elle amenait avec elle. Patient, Tad écoute ce que j’ai à dire avec respect et mutisme, conscient tout comme je le suis que tout ceci n’est que pour faire table rase, et que rien de ce qu’il pourra ajouter ou de ce que je voudrais justifier ne changera quoi que ce soit à la situation. Mais, ça fait un bien fou de finir par cracher tout ce qui reste, par réfléchir par la bande, et faire le tout sous son regard attentif, et disons-le, foutrement compréhensif. Une longue inspiration plus tard, et une gorgée de bière pour faire passer les révélations, et je surfe sur le prochain point à l’ordre du jour. La chronologie sèche sur papier, notre passé à froid que je ressasse, mais ça va, plus on avance et plus je fais des liens, plus les noeuds se détendent, plus les paragraphes et les idées s'éclaircissent. L’exercice me sort de ma zone de confort, mais c’est pour le bien de mon bouquin - et pour le mien aussi. Soit. « Je comprenais pas pourquoi t’avais bossé si fort avec un but ultime en tête, pour te tirer au premier obstacle. » j’hausse les épaules une fois que Tad a terminé lui même de m’expliquer sa vision des choses. Sa solitude, mon manque de support, ses doutes, ma dureté. Bien sûr que j’avais pas été cool avec lui, que j’avais pas usé de bons mots et de vérités douces à entendre lorsqu’il m’avait annoncé que d’un cursus il sautait à un truc totalement différent de son rêve de gamin. « C’est quand j’suis allée te voir à l’hôpital que ça m’a frappé, que t’étais bien mieux là, plus détendu, plus en contrôle. » une des seules fois où on avait mis nos disputes en berne, un moment où j’avais pris le temps de voir son environnement de travail, où la morgue m’avait pas semblée être un faible deuxième choix pour le type paumé que Cooper personnifiait à mes yeux d’avoir réorienté sa carrière sous un pseudo coup de tête à mon sens. « Mais, c’était pas facile à capter que toute ta vie tu voulais quelque chose, puis que du jour au lendemain t’en étais plus sûr. » il me baratinait qu’avec son envie d’être chirurgien. Il parlait que de ça, il vivait que pour ça. Et du jour au lendemain, c’était plus le cas? « Tu te pensais seul, et moi, j’voulais juste te ramener dans la direction où je croyais que tu souhaitais aller.» ce qui au final, avait évolué, l’avait amené sur un autre chemin, lui avait fait découvrir un boulot dans lequel il se sentait confortable, à son aise. J’avais fini par comprendre à force de le voir faire, à force d’être moins sur son cas et plus dans son sillage à observer, à comprendre. « Puis y’avait GQ aussi. J’ai tellement attendu d’avoir un boulot du genre, j’étais tellement accomplie d’un coup, que je voulais que ça aille aussi rondement et vite pour toi aussi. Qu’on soit à la même place au même moment. » loin de moi l’idée de me décriminaliser, juste, c’est important de lui mettre toutes les cartes sous les yeux, et pour moi aussi de dresser la raison des impulsions, raison que je note dans la marge, au fil de ses propres paroles. « J’voulais pas partager ça avec quelqu’un d’autre que toi. C’était dur de ravaler quand tu te cherchais encore. » la consécration pour moi, l’ère où je devenais enfin plus qu’une drop out du lycée qui bloguait sur les potinages de ses potes comédiens au théâtre. Ma réussite qui me laissait un goût amer en bouche parce que Tad était encore à tâter une possibilité de carrière. Et je l’avais détesté un peu, sans qu’il sache mais of course qu'il a dû s'en douter, de me sentir si coupable de partager mes nouveaux succès quand pour lui c’était pas encore tout à fait le cas. |
| | | | (#)Mer 15 Aoû 2018 - 16:34 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Tad n’avait jamais compris la rancune. Cette manie qu’a l’être humain de rester bloqué sur un affront et de le macérer pendant des années tout en passant à côté de pas mal de chose. Ce n’était juste pas sa façon de penser et aller de l’avant a toujours été son leitmotiv. Il avait pendant longtemps vu sa mère nourrir énormément d’amertume envers son père, leur divorce et le fait que ce dernier ait toujours été très absent dans leur vie qu’il avait compris très jeune que c’est en nourrissant ce genre de sentiment que l’on passe à côté de sa vie. La rancune est une perte de temps et pendant des années, à partir du moment où il avait compris qu’Ariane était de ce genre de personne, il avait travaillé à lui faire comprendre son point de vue. Pour la première fois depuis leur rencontre, ce soir, il a le sentiment qu’elle parvient à saisir cette notion qu’il a tenté de lui enseigner. En vouloir à la Terre entière ne la rendra pas heureuse. Faire exploser sa rancune au visage de quelqu’un, lui faire admettre ses torts ne lui rendra pas un temps perdu et ne fermera pas une blessure qui a été cultivée à rester bien ouverte jusqu’au moment où l’abcès se crève. Non, avancer, c’est l’unique moyen pour l’emporter et cette façon de voir les choses ne l’avait jamais trahi. Au final, alors qu’il entreprend d’expliquer à Ariane le ressenti qu’il avait à propos de son changement de carrière, de ce qui avait été l’une des dernières gouttes d’eaux de leur relation, Tad le fait de façon calme parce que si ça a précipité la rupture, ça n’a jamais changé le fond de ce qu’il ressentait pour elle. « Je comprenais pas pourquoi t’avais bossé si fort avec un but ultime en tête, pour te tirer au premier obstacle. » Il l’avait bien compris que pour elle, c’était un bel exemple de lâcheté venant de lui comme si tout avait été facile et là, tout d’un coup, ça ne l’était plus, comme s’il avait peur de l’adversité. Elle l’avait trouvé lâche et c’était ce qui avait fait mal à l’époque, qu’elle puisse avoir une opinion aussi faible de lui. « C’est quand j’suis allée te voir à l’hôpital que ça m’a frappé, que t’étais bien mieux là, plus détendu, plus en contrôle. » Qu’elle poursuit, quand elle était venue et qu’au final, les mots avaient réussi à ne pas l’emporter sur la relation et qu’ils avaient réussi à rester fort ensemble. C’est peut-être la dernière qu’être amoureux avait suffi entre eux à réparer les choses. Ils ne s’étaient pas compris. C’était à l’époque où il pensait naïvement que l’incompréhension de l’autre faisait partie de l’expérience, qu’une relation, ça n’allait pas loin s’il n’y avait pas besoin de s’apprivoiser. « Mais, c’était pas facile à capter que toute ta vie tu voulais quelque chose, puis que du jour au lendemain t’en étais plus sûr. » Parce que ce n’était pas ce qu’il voulait. Il n’a jamais douté des intentions d’Ariane et que dans le fond, même si elle l’enfonçait par ses propos, elle espérait l’aider à prendre conscience de quelque chose, à adopter son point de vue mais elle était dans le faux à l’époque et ça, c’était déjà bien compliqué de le lui faire comprendre. « Tu te pensais seul, et moi, j’voulais juste te ramener dans la direction où je croyais que tu souhaitais aller.» Ce n’était qu’un malentendu. Une preuve peut-être qu’ils ne pouvaient toujours être sur la même longueur d’onde, ou bien qu’ils avaient déjà perdu cette complicité et que là, c’était bien perdu. Il ne sait pas. A y penser, c’est bel et bien derrière lui tout ça. « Puis y’avait GQ aussi. J’ai tellement attendu d’avoir un boulot du genre, j’étais tellement accomplie d’un coup, que je voulais que ça aille aussi rondement et vite pour toi aussi. Qu’on soit à la même place au même moment. » Et ça, il l’avait ressenti aussi, ce sentiment qu’elle lui donnait qu’elle avait honte de lui, que subitement, il n’était plus aussi pour la femme pleine de succès qu’elle était. « J’voulais pas partager ça avec quelqu’un d’autre que toi. C’était dur de ravaler quand tu te cherchais encore. » Et Tad n’y voyait pas le mal à être en retard sur elle. Leur relation, ce n’était pas un concours et à vrai dire, il était content pour elle de ne pas être aussi en proie au doute que lui. C’était un soulagement déjà, de ne pas être deux pauvres paumés. « Mais tu sais, je me suis jamais senti diminué par ton succès. J’ai toujours pensé que c’était une bonne chose qu’au moins l’un de nous deux avait trouvé sa voie et que j’allais suivre à un moment ou un autre, qu’il me fallait juste le temps de savoir ce que je voulais. » Qu’il finit par expliquer, maintenant qu’ils en parlent, il ne veut pas qu’elle pense qu’il tient quelque chose contre le fait que ses efforts aient payés. Pour lui, ça parait normal que tout n’arrive pas en même temps, que chacun réussit à son rythme et que ce n’est pas une tare d’y avoir pris le temps pour être sûre. « C’est peut-être un peu ma faute aussi, pour avoir aussi bien joué le mec qui voulait être médecin et t’avoir faire croire dur comme fer que c’était mon rêve alors que j’ai juste toujours été conditionné à le devenir et sur le papier, faire un métier qui rendait service à l’humanité, évidemment que ça me branchait mais ça a déchanté quand j’ai compris que je gérais pas le stress. C’était pas un obstacle, juste une voie sans issue. C’est comme vouloir être vétérinaire et se rendre compte qu’on est allergique aux animaux. C’était juste pas possible et comme mon ambition en soi, c’était d’être utile à la société, je me suis dit que y’aurait toujours d’autres moyens et que ça foutait pas en l’air mes plans pour toujours. » Parce qu’il s’en rend compte, il avait peut-être trop bien joué la carte de l’étudiant, il avait trop bien suivi les plans de maman et dans le fond, il est vrai qu’il aurait aimé ça : aider son prochain. C’est naturel pour lui mais d’avoir arrêté la médecine, c’est juste la résultante d’une prise de conscience. Il ne sait pas comment l’expliquer, quand tu crois dur comme fer quelque chose et que soudainement, tu changes d’avis. Il dirait que ça fait partie de la vie, quand on cherche toujours à se connaitre. « Bon, je mentirais si je disais que j’étais pas dèg d’avoir passé autant de temps à bosser pour rien finalement mais c’est énervant un moment et j’ai accepté. » Qu’il nuance, afin d’alléger un peu le moment avant de reprendre une gorgée de bière. « Enfin, c’était pas simple mais en ce qui me concerne, c’est derrière moi. J’ai jamais été très long à prendre de grosse décision. » |
| | | | (#)Jeu 23 Aoû 2018 - 13:59 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Un des noeuds, un des gros, et je l’écoute plus patiemment encore que bien des fois, aucun sourcil arqué, à peine plus intéressée par ma bière que je ne l’ai été depuis que je suis lâchement allée en chercher une seconde pour la distraction. Le changement de carrière de Tad m’avait pris à la gorge à l’époque, et à l’entendre en parler, à m’entendre l’aborder, c’est un paquet de malentendus qui ressortent, d’ego aussi, le mien, d’avoir cru sauvagement que tous les deux on deviendrait un de ces stupides power couples qu’on encourageait à outrance sur Instagram de nos jours. Bien sûr qu’on n’a pas besoin d’être millionnaires en duo, bien sûr que ça n’enlève rien que ma réussite soit arrivée une poignée de mois avant la sienne, que j’ai eu l’emploi dont je rêvais en un claquement de doigt alors qu’il a dû s’y reprendre à deux fois avant de savoir vraiment où il voulait poser ses pieds. Mon exigence envers lui n’avait de limites que mon exigence envers moi-même et là, c’est en plein le doigt que je mets dessus. Au final, je le savais que je ne le supportais convenablement. Au final, c’était son choix et son choix à lui seul ; et moi, je restais là à piquer du nez, à le vanner, à le remettre en question quand j’étais celle qui aurait dû se jeter un coup d’oeil dans la glace. Telle réalisation passerait mieux avec une longue lampée d’houblon - ce que je fais d’office. Mais les faits sont là. Si pendant cette période je râlais à son intention, les piques m’étaient clairement destinées, et c’était bien moi le problème, celle qui l’avait pas vu venir, celle qui l’avait poussé sur un front et pas le bon, celle qui avait pas été one step ahead, celle qui avait joué le rôle de bourreau plutôt que de copine à l’écoute. « Tu l’as su quand? Ce que tu voulais? » que je demande d’emblée, une fois qu’un élément et un autre dans ses phrases me glisse à l’oreille qu’il n’a pas pris cette décision sur un coup de tête non plus, que c’était murement réfléchi. Et que j’ai été bien aveugle de croire savoir si bien ce dont il avait besoin alors que la vérité ne m’avait jamais effleuré l’esprit. « Faut quand même admettre que tu t’en es bien sorti, avec ou sans mon support. » il avance être en paix avec ça, je me cale dans mon siège, le sourire en coin un tantinet trop énigmatique sur mon visage. Tad avait toujours été bien meilleur que moi pour tirer un trait sur les trucs dans l’instant, pour ne pas s’accorder des minutes de ressassement supplémentaires. Oui, pour moi, une fois le move fait c’était définitif, mais y’avait toujours un moment où je râlais, où je ressassais, où je repoussais l’action. Un bref espace-temps, puis on se lance yeux fermés, tête baissée. « Et tes plans, ils sont toujours les mêmes? » pas le moins du monde agressif, au contraire, mon ton est curieux. Curieux de savoir s’il est toujours heureux dans sa vie. Curieux de savoir si ça en a valu la peine. Curieux de savoir si même j’peux pas faire quelque chose, à commencer par mieux l’écouter aujourd’hui, si ses désirs sont autres, ou alors s’il a eu maintes confirmations que le chemin choisi était le seul et l’unique, le bon pour lui. « Je demande pas ça pour les mauvaises raisons. J’veux vraiment savoir, si tu es toujours heureux, si ça te convient toujours, ou si comme pour la médecine ça a évolué. J’suis juste curieuse, pas judgemental. » voulant tout de même m’assurer que contrairement à mes attaques par le passé, Tad n’ait pas l’impression que ma question soit encore à double-sens, je précise, mes intentions et la discussion. Les pages de notes roulent sous mes doigts, le stylo fait pareil. Y’a des mémos et des post-its et des ratures de notre histoire, et les prochaines minutes peuvent bien passer à son avenir plutôt qu’à notre passé s’il a envie d’en parler. Ma mine narquoise tique sur un truc, rebondit sur un coup d’oeil, précise sur sa lancée. Dénotant une ouverture, et me laissant inspirer par le recto de ma fameuse liste où tout au bas, y’a inscrit en grosses lettres notre rupture - et la douzaine de beignets qui a suivi, je rétorque, faisant mine d’accrocher mes prunelles aux siennes. « Je me suis toujours demandé aussi, si tu t’y attendais. Quand ça s’est terminé. Est-ce que tu le sentais? » parlant de choix sur un coup de tête, ou de décision mûrement réfléchie. « Ma décision était pas prise jusqu’à la dernière seconde, tu sais. Je me laissais encore la latitude de changer d’avis. » |
| | | | (#)Mar 11 Sep 2018 - 1:10 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane Ariane avait toujours de l’ambition. Elle avait toujours su là où elle voulait être et a toujours travaillé en conséquence. En y repensant, ça n’étonne pas Tad qu’elle ait aussi mal pris ses décisions alors que pendant les années précédentes, il avait agi comme s’ils étaient sur la même longueur d’onde de ce point de vue-là. Il n’avait pas menti mais il avait caché combien il n’était pas en pleine possession de sa vie et de sa tendance à voir où les évènements vont l’amener plutôt que de prévoir comme le ferait n’importe quel adulte. « Tu l’as su quand? Ce que tu voulais? » Il est hésitant. La question est grande et en même, pas du tout parce qu’elle n’a pas de réponse. C’est peut-être ça le grand problème de Tad : l’indécision. Ou le simple fait qu’il soit assez simple pour se contenter des situations où il se retrouve. « Je te dirais que je ne le sais pas encore. » Ses doigts se baladent sur son verre de bière, il peine à expliquer la chose et surtout, il craint qu’elle ne saisisse pas parce qu’à son âge, il serait naturel qu’il ait une petite idée. « Mais, j’ai su en commençant l’internat ce que je ne voulais pas, ce qui est déjà un pas je trouve. » Note positive. Parce qu’après tout, c’est là l’essentiel, que là où il soit, il ne soit pas malheureux. C’est du moins la façon dont il voit les voit les choses. Peut-être devrait-il aborder toutefois qu’il n’est plus aussi épanoui qu’il ne l’était auparavant dans son métier. Mais, maintenant ne semble pas être le moment. « Faut quand même admettre que tu t’en es bien sorti, avec ou sans mon support. » Qu’elle ajoute, à propos de sa reconversion. Loin de lui l’idée de s’en vanter, parce qu’il aurait aimé que ça ne soit pas un sujet de discorde entre eux. Il se contente de sourire timidement quand elle reprendre. « Et tes plans, ils sont toujours les mêmes? » C’est sa curiosité qui semble de mise. On tient peut-être le genre de situation qui rend Tad pas très bavard. Tad, c’est un gars du présent. Il profite de l’instant, et rien d’autre. S’il est incapable de ressasser le passé pour se faire du mal, il en est de même avec l’avenir. Demain, c’est dans trop longtemps pour qu’il fasse des plans. « Je demande pas ça pour les mauvaises raisons. J’veux vraiment savoir, si tu es toujours heureux, si ça te convient toujours, ou si comme pour la médecine ça a évolué. J’suis juste curieuse, pas judgemental. » Qu’elle précise, mais il avait compris sa question, seulement, il n’est pas certain qu’elle se retienne de juger la réponse. « A vrai dire, je ne sais pas. Je me plais, mais je sais que je peux me plaire ailleurs et que je suis peut-être un peu jeune pour suivre un seul schéma de carrière. » Il essaierait tout s’il pouvait, afin de mieux savoir ce qui lui convient mais, ce n’est pas le cas. En attendant, il voit, il change, il avise. Dans le fond, il pourrait vendre des journaux que si on l’accueillait avec le sourire, ça ne l’embêterait pas. « Je me suis toujours demandé aussi, si tu t’y attendais. Quand ça s’est terminé. Est-ce que tu le sentais? » Rien à voir avec ses propres ambitions. Il prend une longue inspiration. C’est difficile de parler de cette rupture, parce qu’il y’a quelques temps, elle lui avouait combien elle en avait chié et peut-être qu’être honnête à ce sujet n’est pas bon pour eux. « Ma décision était pas prise jusqu’à la dernière seconde, tu sais. Je me laissais encore la latitude de changer d’avis. » Il aurait voulu lui répondre qu’il y avait cru aussi longtemps qu’elle mais, il avait senti le truc se briser. Peut-être s’ils avaient cette conversation avant de prendre leur décision, ça aurait tout changé. « Je dirais que oui, je le sentais. Je ne sais pas à quel moment c’est arrivé mais j’ai juste senti que je t’avais perdue mais j’ai rien dit, ou rien fait. C’était la rupture assurée mais je t’aimais toujours trop pour franchir ce cap. Tu as eu plus de courage que moi sur ce coup-là. » Qu’il admet, prenant le risque que sa franchise ne la réveille elle. Dans le fond, après plus d’un an, il sait que ça devrait être le genre de sujet sur lequel il ne peut pas mentir. Il le regrette, de s’être laissé faire et d’avoir baissé les bras mais quand il les regarde aujourd’hui, il se dit que c’est pas plus mal. Ils avaient besoin d’une vue en perspective. « Mais, je regrette rien. Tu as changé ma vie Parker, dans le bon sens. » |
| | | | (#)Ven 21 Sep 2018 - 4:49 | |
| nobody cares, and everybody does Tad & Ariane La question n’a pas le temps de mariner avant que je l’entende remonter jusqu’à mes oreilles. Est-ce que son boulot lui convenait toujours? Et il a tous les droits de me remballer, de changer de sujet, de pointer du doigt qu’on est pas là pour parler du présent et surtout pas du futur, mais du passé, le nôtre. Que c’est pas mes affaires, pour la simple et unique raison que j’ai été assez chiante sur ce point pendant des années, il aura absolument aucun compte à me rendre au sujet de tout ce qui touche de près ou de loin à son statut et sa carrière, au moment où l’on se parle. Mais c’est bien de Tad dont on parle. Tad qui y croit, Tad qui laisse la chance au coureur. J’ai pas du tout mérité qu’il y aille dans la douceur quand j’aborde ce sujet-là, mais lui autant que moi a oublié le pourquoi du comment. « On dirait drôlement de l’ambition pure et dure, ça. » mon sourcil s’arque d’intérêt, mon sourire se dessine lentement. Il avait des plans donc, il savait qu’il voulait tester, avancer, essayer. À son honneur, et j’en profite pour perdre une seconde et une autre à penser à ce dans quoi il pourrait bien se mettre les mains, sa nouvelle lubie, son prochain projet. J’y pense, puis je pense au nôtre de projet, à notre conclusion, au livre qui a initié cette discussion, au retour en arrière qu’il a imposé, et à la rupture en elle-même. Pas facile du tout d’aborder le sujet y’a un an et des poussières, ce soir ça passe un peu mieux, du moins, ça m’en donne l’impression, et je renchéris avec la finalité que j’avais décidée à la dernière minute, lui qui s’étonne presque en précisant que dans sa tête, ça datait. « Pourquoi t’as rien dit? Rien fait? » que mon regard en coin lui demande, mais mes mots, eux, ils se taisent. Je t’aimais toujours trop pour franchir ce cap. Tu as eu plus de courage que moi sur ce coup-là. « Chacun ses talents. » lui, il s’était enlisé dans son empathie, dans sa faculté à voir le mieux, le meilleur. Moi, j’avais tiré violemment sur le pansement, je m’étais fait mal, mais j’avais arrêté la machine, plus perdu de temps dans un manège qui nous tirait concrètement vers le bas et rien que là. « Ça a pesé dans la balance. Que tu fasses rien. Que tu dises rien. » les doigts qui jouent avec les coins humides et retroussés du sous-verre de carton sous ma pinte, je lâche pas Tad des yeux, sachant très bien qu’il est au courant que sa flemme avait été l’étincelle, le déclencheur ce soir-là. Y’avaient des années et des tensions accumulées derrière, of course, mais qu’il bouge pas et subisse avait suffit à ce que je précipite le geste. À entendre Cooper qui précise l’apport positif que j’ai pu avoir dans sa vie, je me replace sur mon siège, momentanément inconfortable, comme incapable de concevoir qu’il ait tout de même gardé du bon, au final. « J'note ça, on va émouvoir les lecteurs. » et je pique, un brin sarcastique, la voix qui chante. Ouais, reparler de nos tares et de tout ce qui avait mal fonctionné replaçait en chronologie les pires côtés, les pires moments ; pourtant, il a pas besoin de les évoquer, nos bons souvenirs, pour que je me les rappelle à la volée. Et l’instant d’après, une longue gorgée de bière qui suit, je retrouve contenance, tente de. « T’as changé la mienne aussi. Dans le bon sens. » bien sûr, qu’il a changé ma vie. Bien sûr que 5 ans en relation avec un type qui était devenu plus qu’un meilleur ami, plus qu’un double, une connerie d’âme soeur ou ce que vous voulez, ça adoucit, ça apaise, ça améliore. « T'as pas juste testé mes limites et mon seuil de tolérance... » et je raille, parce que je sais faire que ça en ce moment, parce que c’est toujours comme ça qu’on a fonctionné, que les instants cheesy se faisaient rares même lorsqu’on était dégoulinants de salive et d’amour l’un pour l’autre. N’en reste que c’est là, on peut pas nier. « … y’a des moments avec toi où je voulais vraiment être une meilleure personne. » pour lui, pour moi, pour personne d’autre, parce que la Terre entière j’m’en balançais, quand y’avait Tad. « Des moments, j’ai dit. » pas tout le temps non plus. Et je bats des cils pour ajouter la touche charme à mon discours d’handicapée du coeur - ou presque. « Tu crois que je devrais commencer le chapitre en disant que maintenant, on arrive à se parler correctement sans se crier dessus et sans passer par la case passive-agressive, ou je garde ça pour la finale, comme cliffhanger? » |
| | | | | | | | tadriane ▲ nobody cares, and everybody does |
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