Itziar avait prévu de passer son samedi après midi à la plage, elle n'avait pas prévu de devoir ouvrir le bar à 17h pour remplacer une de ses collègues malade. C'était vraiment pas de bol. A 17h elle était censée être toujours sur la plage à profiter du beau temps. A la place, son bain de soleil avait été écourté et elle avait dru retourner chez elle pour se préparer au plus vite. Car oui, c'est une chose de remplacer quelqu'un s'en est une autre de l'apprendre deux heures plus tôt. Une chance qu'elle emmenait toujours son téléphone avec elle à la plage, sinon, elle n'aurait jamais vu le message à temps et ça aurait mis tout le monde dans une merde pas possible. Pour une fois qu'elle a de bonnes idées honnêtement, il faut bien lui reconnaitre ça. Elle avait donc du se dépêcher, ce qui n'était pas forcément à son gout, mais à 17h tapante elle était devant le bar, prête a ouvrir. Sans rire, elle devrait avoir une prime pour ce genre de choses. Les heures sup' ne compensent pas tout quand même, surtout que ce n'était un secret pour personne qu'ouvrir le bar n'était absolument pas la chose qu'elle préférait faire. Enfin si ça impliquait seulement d'ouvrir la porte et d'attendre les clients, elle n'aurait pas grand-chose contre ça, après tout ce serait presque être payée pour ne rien faire et ça, sincèrement ça n'aurait pas de prix. En revanche, ouvrir le bar ne se résumait pas seulement à ça et c'était bien le problème. A 17h à l'ouverture du bar c'était plus la course contre la montre que le repos. Il fallait qu'elle descende toutes les chaises des tables, tous les tabourets du bar et mette tout en ordre avant l'arrivée des clients, ou du moins qu'elle en fasse un maximum avant leur arrivée. En général il n'y avait jamais personne avant 18h, mais il y avait toujours des exceptions. Des habitués qui se pointaient tôt pour saluer leur pote barman ou qui venait commencer leur soirée de bonne heure, de très bonne heure. En clair, il fallait que tout soit prêt avant le rush et comme il était peu probable que beaucoup de personnes se pointent en même temps, une personne pour tenir le bar était entièrement suffisant. Le patron n'allait pas prendre le risque de faire venir plus de personnes de bonne heure, s'il n'y avait pas de client, il était perdant et ça il l'avait compris depuis bien des années.
Il lui faut une bonne quinzaine de minutes aujourd'hui pour descendre toutes les chaises et tabourets, passer un petit coup de lavette sur les tables et le bar et vérifier que tout est en ordre. Pour le coup, elle a été plutôt rapide, il faut dire qu'elle ne s'est pas arrêtée une seule seconde, histoire de se débarrasser du plus chiant rapidement. Comme ça, ça lui laisse le temps de trainer sur son téléphone et de souffler avant que ses collègues et les premiers clients de la soirée ne débarquent. Une fois qu'elle a fini ce qu'elle avait à faire, elle va se mettre derrière le bar et en profite pour allumer radio histoire de rendre le bar un peu plus vivant, en dépit du manque cruel de clients à cet instant. Elle sort son portable de sa poche arrière et s'assoie sur l'unique tabouret qui trône derrière le bar. Personne ne sait vraiment pourquoi il est là, après tout c'est pas comme si quelqu'un avait le temps de s'asseoir pendant les heures de rush. Ce tabouret était clairement là pour que quiconque ouvre le bar puisse s'asseoir en attendant que la soirée démarre réellement. Téléphone en main, elle scrute la salle des yeux une dernière fois pour être sûr de ne pas avoir oublié quoi que ce soit. Ses yeux se pose automatiquement sur une place toute spécifique au niveau du bar, une place qui avait pour habitude d'être occupée, un peu trop occupée d'ailleurs, mais qui depuis quelques mois et bien vide. C'est un petit sentiment de nostalgie qui l'envahit à chaque fois que son regard se pose sur ce tabouret vide. Comme les autres barmans elle s'était prise d'affection pour le jeune homme qui l'avait occupée quasiment tous les jours pendant des mois. Enfin, les gens vont et viennent visiblement et rien ne sert de s'inquiéter, elle est certaine qu'il va bien, contrairement à ce que lui a laissé entendre Josh. Une fois son petit tours de salle fait, elle pose les yeux sur son téléphone et ouvre instagram pour passer le temps avant l'arriver des clients ou de ses collègues.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
Samedi 21 avril. Demain, cela ferait exactement un mois que ce nouveau chapitre de mon existence, aussi imposé qu'inespéré, a débuté. Chacune de ses semaines avaient été ornées de difficultés, de mépris, de déni, de failles, mais aussi d'amitié solide, de soutien indéfectible, d'écoute patiente et angélique. Je me sentais parfois nager entre deux eaux, lorsque je quittais cet état où plus rien ne semblait m'atteindre. Secouer l'anesthésie des sentiments, des sensations, pour palper des bribes de présent, d'avenir. J'avais eu des moments où, épris de pulsions, je m'étais animé à prendre des décisions. J'avais ravagé mon salon, le dénudant de toutes les traces de mon ex fiancée. Je m'étais acharné sur ma voiture violemment, lorsque celle-ci avait refusé de démarrer. J'avais manqué de balancer un métronome à la tête de mon psychiatre, les nerfs soudainement déjantés, dérangés. J'avais éclaté de rire devant les propos sarcastiques de ma meilleure amie et j'avais commencé à parler à un ancien collègue. La route était sinueuse, floue, audacieuse, néanmoins, elle n'était ni barrée, ni sans issue.
Assis dans l'arrière-cour de ma maison, je me projetais intérieurement vers d'anciens samedis soirs. A l'université, ils avaient toujours un goût de fête et d'alcool. A l'âge adulte, ça dépendait vraiment des semaines, mais traditionnellement, ils avaient toujours quelque chose d'agréable. Je songeais au bar où je me rendais lors de ma dégringolade. Le lieu fatidique qui avait été témoin de mon être déchu, prisonnier d'une spirale infernale. J'avais franchement apprécié ce bar, parce que personne de mes amis proches ou de mes collègues n'avaient connaissance que je m'y rendais. Dans mon malheur, je m'y étais tissé de nouvelles relations. Ce lieu était devenu mon échappatoire, où je m'autorisais totalement à aller mal, à boire à outrance, à vomir une fois ou deux dans les toilettes. J'avais mémorisé les noms des barmans et barmaids, puis des clients réguliers. Je m'étais doté de la mission de boire un verre de chaque alcool qu'ils possédaient, commençant par les plus forts, bien entendu. J'ignorais où j'en étais dans ce palmarès, d'ailleurs. C'était un peu triste, d'abandonner ce projet en cours de route. Cette pensée fit naître un rictus sur mes lèvres, tandis que l'éventualité que je reprenne place sur un tabouret de ce bar m'effleure. Je n'y avais pas songé une seule fois ces dernières semaines, mais que m'en empêchait-il ? J'avais associé ce lieu à ma rupture et l'avais rejeté une fois mon suicide contrecarré, comme s'il était impossible qu'il puisse être le berceau de ma renaissance, et non de ma déchéance. Je me tordais pour jeter un coup d’œil à la pendule accrochée au salon. 16h30. Je me levais et m'ambitionnais de me préparer pour me rendre à Fortitude Valley.
Lorsque je poussais la porte, j'eus en premier lieu l'impression d'être la seule âme présente. Aucun client, les tables étaient inoccupées, le bar affichait un vrai désert. La personne assurant le service actuel était peut-être partie fumer ? Je finissais par remarquer Itziar, installée sur l'énigmatique et peu usité tabouret derrière le bar. Je sentais un léger pincement au cœur en la reconnaissant, sans être apte à réellement l'expliciter. Je demeurais planté quelques secondes, qui avaient des allures d'heures. J'inspirais profondément, l'odeur des produits ménagers flottait encore. Était-ce une bonne idée de revenir ici ? A cette question, je me répliquais que dans tous les cas, je n'avais rien à perdre. Et si jamais je n'assumais plus ce choix, je pouvais toujours faire marche arrière et revenir à Toowong.
Je m'orientais sans presse vers le bar, à quelques mètres à peine d'Itziar. Ce n'était pas ma place habituelle, mais je ne m'imaginais pas m'installer à l'autre bout du meuble alors que nous n'étions que deux valeureux en ce lieu. « Salut, » lui adressais-je. Je m'étais faufilé de manière si discrète que je n'étais pas certain qu'elle m'ait remarqué. Sinon, elle aurait probablement levé les yeux de son téléphone portable, où le fond d'Instagram défilait à vive allure à mesure des rejets de son pouce. « Tu me sers une bière ? » je demande poliment, désireux d'entrer dans l'ordinaire et chasser l'éventuelle surprise de mon retour, qui suscite parfois des interrogations rarement bienvenues.
Il est plutôt cool ce tabouret finalement, c'est bien dommage que personne n'ait jamais le temps de s'y asseoir. Enfin elle se dit surtout que c'est bien dommage qu'elle n'ait jamais le temps de s'y asseoir. Il y a des soirs franchement, une petite pause de ne serait-ce que cinq minutes ça serait pas trop demandé. Elle se l'imagine bien sa petite pause, en plein rush, s'asseoir juste cinq petites minute sur ce tabouret à ne rien faire, seulement se reposer les pieds et les jambes. Franchement, cinq petites minutes seraient vraiment cool. Ca doit être particulier en plus de se retrouver là assis derrière le comptoir, au milieu du brouhaha, mais ne pas servir de verre, ne pas répondre à une seule interpellation de clients un peu trop pressés qui voudraient qu'on les serve avant les autres, comme s'ils étaient tous seuls ou le centre du monde. Etre là sans être là en fait ça doit être une expérience assez intéressante, comme observer la scène à travers une vitre, le son et le ressenti en plus. Oué vraiment dommage qu'il ne soit là que pour faire joli, s'asseoir dessus quand personne n'est là, ça lui enlève tout son charme à ce pauvre tabouret. Enfin, elle est tellement dans ses pensées à se taper une crise existentielle à propos d'un tabouret de bar, qu'elle regarde à peine les photos qu'elle fait défiler sur instagram avec son pouce. Son doigt trouve machinalement le petit coeur en dessous des photos une fois de temps en temps, mémoire musculaire sans doute puisqu'elle regarde sans voir. Peut-être qu'elle vient de liker une photo d'un chien super moche ou d'un de ses ex en train d'embrasser sa nouvelle copine, ce serait bizarre, mais ce petit like qu'elle dépose sans même y prêter attention fera sans doute plaisir à quelqu'un.
Itziar est tellement dans ses pensées qu'elle ne se rend même pas compte que quelqu'un est entré dans le bar. Heureusement pour elle, il ne s'agit pas de son patron. Si cela avait été lui, elle se serait sans doute fait engueuler. Il est du genre sympa comme mec, mais il demande à ses employés un professionnalisme à toute épreuve, parfois elle a un peu l'impression qu'il pense qu'il dirige une grande multinationale, mais elle se garde bien de lui faire remarquer. Il lui aurait sans doute dit que si elle n'est pas capable de se détacher de son téléphone et d'être réactive, ce n'est pas la peine de venir. Cela aurait certainement été un peu extrême, mais elle peut très bien s'imaginer dire un truc comme celui-ci. Après, elle se serait sans doute défendue en disant qu'elle était toujours réactive et qu'une fois ça pouvait arriver à n'importe qui d'être un peu trop absorbée par autre chose que le travail. Surtout quand il est seulement 18h15 et que le bar est complètement vide. Ce n'est pas comme si elle avait fait attendre quarante personnes et mis tout le monde à la bourre. "Salut." Si elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un arrive à un moment ou un autre elle aurait surement sursauté et en aurait fait tomber son téléphone par terre par la même occasion. Elle se dépêche de mettre son téléphone dans sa poche arrière en se levant de son siège, la voix lui parait familière sur le coup, mais ce n'est que quand elle lève la tête qu'elle peut l'associer à un visage. Et pas n'importe quel visage. Dire qu'elle est surprise ne représente pas réellement son état d'esprit sur le moment. C'est presque comme si elle venait de voir un revenant, quoi que, c'est un peu le cas dans un sens. "ISY !" Un peu fort pour le coup, elle s'est emballée sans le vouloir, mais ça fait des mois qu'il n'a pas mis les pieds au bar elle commençait à se dire qu'il ne reviendrait peut-être plus jamais. C'est d'ailleurs ce que lui avait fait comprendre un de ses collègues et avec le temps elle avait fini par croire qu'il avait raison, mais visiblement non. "Tu me sers une bière ?". Un peu qu'elle lui sert une bière, d'ailleurs elle est déjà devant la tireuse, pinte à la main. "Je te l'offre même, cadeau de la maison." Lui dit-elle tout sourire. "Je pensais pas te voir ce soir, t'étais passé où ?" Direct comme question, peut-être déplacé quand on prend en compte le fait qu'elle n'est qu'une simple employée dans le bar dans laquelle il avait l'habitude de se mettre la tête à l'envers, mais elle sa curiosité maladive fait qu'elle ne peut même pas s'en empêcher. "Enfin t'as pas à me dire si t'as pas envie, je suis juste contente de te revoir. Bon retour à la maison" se corrige t-elle, même si elle meurt d'envie de savoir pourquoi il a littéralement disparus pendant plusieurs mois.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
Il m'avait fallu plus de courage que de raison pour pousser de nouveau, après plusieurs semaines d'absentéisme, la porte de ce bar. Situé dans le quartier de Fortitude Valley, il avait composé mon échappatoire, un refuge talentueux dans son anonymat, où je pouvais laisser aller mon désarroi. Personne de mes connaissances n'arpentait les murs de ce lieu, je ne risquais pas d'y croiser quelconques collègues ni amis. Certes, je n'étais pas non plus un visage totalement inconnu à Brisbane, ce qui m'avait amené à être reconnu une ou deux fois par des personnes qui me localisaient dans de très vagues souvenirs - des anciens camarades de classe, d'anciens joueurs de football australien. Rien de bien flagrant ni important. Néanmoins, remettre les pieds dans ce bar alors que je militais désormais contre les états d'âmes qui rythmaient mes larges consommations d'avant, suscitait des émotions particulières.
J'avais le sentiment d'être un imposteur, à me leurrer dans cette quête d'accepter toutes les peines qui m'avaient poussé à désirer mettre un terme à ma vie. J'avais l'impression que revenir dans ce bar, c'était m'autoriser à revenir dans mes malheurs du passé, bien qu'une partie de moi le faisait parce qu'elle ne souhaitait aucunement mettre une croix sur ce lieu. J'avais fini par me lier d'amitié avec les employés, j'avais pu y avoir des moments mémorables, même si je n'y allais jamais pour avoir du plaisir mais bien noyer mes chagrins. "Ils savent nager" m'avait un jour d'ailleurs répondu un des barmans, l'air entendu. J'imaginais qu'à force de servir des clients, ils parvenaient à les cataloguer. Les fêtards, les malheureux, ceux qui veulent se détendre après une semaine de travail houleuse... Je m'étais rarement confié au bar, je m'étais toujours fait la promesse en poussant ses portes que mes peines restaient dehors. Si je parvenais à ne pas les formuler à voix haute, j'étais toutefois incapable de les oublier.
Je m'étais installé à côté de la pétillante Itziar discrètement. J'inspirais profondément, avant de la saluer. La jeune femme se leva précipitamment, glissant son téléphone dans la poche arrière de son pantalon. Son comportement m'arracha un sourire, et les paroles qui suivirent vinrent rendre prodigieusement ridicules toutes les appréhensions que j'avais à revenir ici. La générosité et l'amitié d'Itziar me touchèrent droit au cœur de manière inattendue. J'avais toujours été en bons termes avec la jeune femme, mais je ne pensais pas qu'elle serait sincèrement heureuse de me voir débarquer de nouveau sur son lieu de travail. Je prenais la bière qu'elle m'offrait sans mot dire, ému avec ce même sourire aux lèvres, qui se métamorphosa en rictus lorsqu'elle me demandait où j'étais passé. Elle remballa sa curiosité par la suite, me souhaitant bon retour. « Merci Itziar. C'est super sympa, » prononçais-je avant de tremper mes lèvres dans la boisson. Les termes me semblaient bien pâles comparés à la vague de bons sentiments que m'avait offerte la barmaid. J'étais sans doute émotif et sensible après tout ce que je venais de vivre. Avec un peu de travail, ça irait mieux. C'était le genre de choses que j'arrivais à me persuader en ayant des bonnes surprises comme celle que je venais avoir en entrant ici.
« Je te raconterai peut-être au bout de quelques bières », annonçais-je à l'étudiante, balayant néanmoins rapidement ce passé pour attirer toute mon attention sur l'espagnole : « Quoi de neuf de ton côté ? Ça se passe toujours bien, ici ? » L'avantage d'être le seul client était que je pouvais presque monopoliser la serveuse. Et j'avais toujours été soucieux de son bien-être.
Elle est spontanée et curieuse comme fille, ce qui explique qu'avant même qu'elle n'ait pu réfléchir à si sa question était appropriée, les mots avaient déjà quitté sa bouche. C'était discret, bref et quelqu'un qui ne fait pas attention ne l'aurait surement pas vu, mais le sourire d'Isaac passant au rictus pendant un très court instant suite à sa question ne lui avait pas échappé et elle s'était donc rattrapée avec une aisance certaine. Isaac n'est pas seulement un de ses amis, du moins pas quand elle se trouve derrière le bar à travailler, quand elle est derrière le bar, il est un client et elle lui doit un certain respect et elle n'est très certainement pas là pour insister ou le mettre mal à l'aise, comme elle ne se gênerait probablement pas de faire dans un tout autre contexte. "Tiens !" Dit-elle en lui déposant sa pinte sur le comptoir. "Préparée avec amour juste pour toi." Ajoute t-elle avec un clin d'oeil sourire aux lèvres. Honnêtement là elle n'a qu'une envie, envoyer un sms à cet idiot de Josh pour lui dire qu'il s'était bien trompé à propos d'Isaac et qu'il ne lui était rien arrivé, contrairement à ce qu'il lui avait laissé entendre le jour où elle lui avait demandé s'il pensait que le jeune homme allait revenir un jour. Bon elle ne sait pas réellement s'il ne lui est rien arrivé donc elle ne dirait surement pas ça dans un sms, mais elle aimerait vraiment beaucoup lui dire qu'il s'est trompé et pas qu'un peu. Elle sait cependant qu'il bosse ce soir et qu'il ne devrait pas tarder à arriver, elle préfère donc ne rien envoyer et le laisser découvrir la surprise par lui-même quand il arrivera au bar. "T'as pas à me remercier, c'est normal" lui répond-elle et elle le pense sincèrement. Ce bar c'est un peu chez lui dans un sens, comme c'est un peu chez elle aussi. Même s'il n'était pas venu depuis un bon moment, il en avait passé des soirées ici et Itziar n'était pas la seule à avoir sympathisé avec lui pendant cette période, c'est quasiment tous les barmans qui le connaissent, il est donc un client un peu à part si on peut dire ça comme ça et il est donc normal pour la jeune femme de l'accueillir comme il se doit, avec une bonne bière bien fraiche au frais de la princesse. Bon plutôt au frais du patron, mais c'est qu'un détail ça.
"Je te raconterai peut-être au bout de quelques bières" il n'en faut pas plus à Itziar pour penser à une idée du tonnerre. "Ahh ? Attends alors, je vais t'en resservir une dans ce cas !" lance t-elle. Elle plaisante bien sûr, s'il a envie de lui raconter où il était passé et ce qu'il avait fait pendant ces deux ou trois derniers mois, elle préférait que ça vienne de lui et non pas de l'alcool lui donnant le courage de se livrer, même si c'est souvent plus facile et puis il y a toujours cet espoir de ne pas se rappeler le lendemain ce qu'on a dit en étant bourré. Ce qui dans certains cas, s'avère bien pratique tout de même. "Je rigole, tu sais bien qu'avec moi t'as pas à te forcer, ni même à répondre à mes questions un eu trop envahissantes." Elle est consciente de ça, c'est pour ça qu'elle n'est pas du genre à se vexer lorsqu'on ignore ses questions, elle est plus rongée par l'envie de poser sa question que par l'envie d'avoir une réponse au final. "Quoi de neuf de ton côté ? Ça se passe toujours bien, ici ?" Quoi que neuf de son côté ? Dur de savoir où commencer quand on n'a pas vu quelqu'un depuis des mois surtout quand on s'appelle Itziar et qu'on est une vraie pipelette. "De mon côté ? Pas mal de trucs." Dit elle en rigolant. "T'as le temps j'espère ?" ajoute t-elle avant de continuer "En vrai il y a pas vraiment de neuf de mon coté à proprement parler. Toujours la routine. Je suis toujours mes cours à la fac et je me surprend moi-même à trouver ça vraiment intéressant. D'ailleurs je suis fière de t'annoncer que j'ai validé mes exams, je sais pas comment je me suis débrouillée, mais j'ai tout validé, genre absolument tout, j'ai pas foiré une seule matière, clairement j'étais choquée. Puis bah comme tu peux le voir je bosse toujours au bar et ça se passe toujours bien. J'ai bien envie d'arrêter de temps en temps, mais j'ai pas les moyens alors je continue, mais au fond je me plais bien ici comme je t'ai déjà dit. Enfin voilà ma petite vie en ce moment, cours, bar, dodo et puis quelques sorties quand même quand je bosse pas, faut pas pousser, malgré la fatigue, j'aurai le temps de dormir quand je serai morte." fini t-elle. Elle pourrait continuer pendant des heures, mais bon, Isaac n'est sûrement pas venu là pour écouter un monologue. "Et toi Isy, t'as quoi de beau à me raconter sans que ça nécessite plusieurs bières ?" demande t-elle en souriant.
Isaac Jensen
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ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
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Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
Je reprenais petit à petit mes marques, dans ce bar que j'avais désigné comme refuge il y avait plusieurs mois de cela. Ce lieu qui avait abrité une partie de ma vie, de mes sentiment, de mes malheurs et que je cachais religieusement à mes proches, mes amis, mes collègues. J'avais en quelque sorte déployé un véritable double-jeu, vivant deux vies pourtant perpendiculaires qui se heurtèrent brutalement au même point d'impact, conduisant à un acte catégorique de ma part.
Je prenais une gorgée de la bière préparée avec amour juste pour moi par Itziar. Un sourire en coin mouva mes lèvres. J'avais toujours apprécié la manière de s'exprimer de l'étudiante, elle était simplement pétillante. La surnommée Izzie composait rapidement un petit soleil dans ce bar faiblement éclairé. Le sourire devint toutefois un rictus lorsque sa curiosité me propulsa à l'acte inavouable que j'avais commis en mars. Celui que j'avais prémédité, préparé, raisonné. Ma tentative de suicide ne tombait pas du ciel, elle m'avait obsédé de longues semaines avant que je ne la mette en oeuvre. Ici même, j'y pensais, j'établissais mon plan pour réussir avec brio cet envol. De toute évidence, j'avais lamentablement échoué, néanmoins, à l'heure actuelle, je ne pensais plus à mettre un terme à mon histoire, je songeais surtout à comment je pouvais continuer d'écrire sur les feuilles si abîmées de ce livre très malmené.
Je déclarais à mon interlocutrice que je nourrirais peut-être sa curiosité après quelques bières, sans conviction aucune. Vive d'esprit, l'espagnole s'enquit qu'elle parerait cette situation en me servant d'autres verres, tout en précisant quelques secondes plus tard qu'il s'agissait bien entendu là d'une plaisanterie. Je hochais la tête à l'affirmative, lui assurant que j'avais bien capté son humour. Itziar n'était pas du genre à forcer les gens, c'était une qualité que j'appréciais beaucoup chez elle d'ailleurs. J'avais rencontré une quantité de femmes qui lui ressemblaient, dotée d'une assurance indétrônable et d'une énergie inépuisable. Ces filles-là avaient souvent été très contrôlantes, copiant presque le stéréotype de la capitaine des cheerleaders du lycée. J'ignorais si c'était une règle, comme si certains traits de caractère vont forcément de paire, mais si c'était le cas, la barmaid constituait une bienheureuse exception.
Malin, j'attirais la conversation sur le cas de la Cortés, la questionnant sur les derniers événements de sa vie et comment son travail se passait. Itziar se lança dans des explications approfondies, me confiant ses réussites à ses examens auxquelles elle peinait à croire, ses aléas globalement positifs au bar, puis concluait sur sa routine parsemée de fêtes, comme pour tout bon étudiant qui se respecte. Son récit me remémorait mes propres années universitaires, je me ressassais d'ailleurs quelques éléments de celles-ci alors que la parole m'était de nouveau accordée. Je faisais tourner le verre sur la table distraitement, réfléchissant à ce que j'avais de beau à raconter sans que ça nécessite plusieurs bières. La tournure de phrase me faisait doucement sourire.
"Je t'ai déjà parlé de football australien ?" questionnais-je après quelques secondes de réflexion. Au regard d'Itziar, je me demandais si elle ne craignait pas que je lui bassine les oreilles avec ce sport un peu trop vénéré parfois au bar. Je m'élançais quand même dans ma petite histoire, épargnant une majeure partie du côté technique et sportif à l'espagnol. "Quand j'avais cinq ans, mon père m'a inscrit au club de football australien de la petite ville d'où je viens. Rapidement, j'ai détesté y aller. Je ne pouvais pas voir mes coéquipiers, je trouvais l'entraîneur franchement méchant, je haïssais ça. Je priais presque pour qu'un accident ait lieu et qu'il n'y ait plus de cours de football australien. Mais bien sûr, quitter n'était pas une option et j'ai continué à me rendre à chacun de mes entraînements, jusqu'à ce que je finisse par aimer ça. Jusqu'à ce que ça devienne littéralement une passion. Jusqu'à ce que j'organise ma vie autour de ce sport. Ado, j'ai vécu dans plusieurs familles hors de la ville où vivent mes parents parce que j'étais accepté dans des clubs plus importants et qu'ils habitaient trop loin pour que je reste avec eux. Puis, je suis entré à l'université de Brisbane grâce au football australien, on m'a repéré et j'ai eu une bourse comme ça, ils me voulaient dans leur équipe. Encore aujourd'hui, j'accorde une grande place dans ma vie à ce sport, même si j'ai d'autres priorités. Mais c'est quelque chose dont je suis fier. J'aime ce sport, sa communauté et ce qu'il m'a apporté. C'est quelque chose de beau dans ma vie qui n'a pas besoin de plusieurs bières pour être évoqué." Je conservais un sourire, démontrant qu'en effet, même si aujourd'hui le football australien avait été relayé à un autre plan et je n'en vivais pas comme j'avais tant espéré, je n'y tirais que du positif et de bons souvenirs. Peut-être un jour parviendrais-je à faire de même avec les chagrins qui me pesaient tant. "D'ailleurs, quand tu googles mon nom, tu trouves forcément des liens en rapport avec le football australien. Rien de phénoménal bien sûr, je suis loin d'être une star", prononçais-je avec un brin d'amusement. "Tu sais si ton nom est associé à quelque chose sur la toile ?" interrogeais-je curieusement l'espagnole.
Je prenais une nouvelle gorgée de ma bière, levant le regard vers Itziar. Je n'étais même pas sûr qu'elle savait ce que je faisais pour gagner ma vie, mais d'un côté, ce n'était pas comme si c'était quelque chose que l'on raconte dans un bar. En tout cas, ce n'était pas le genre de faits que je discutais ici. Auparavant, lorsque je pénétrais ce lieu, c'était pour vivre le moment présent et oublier - fuir - tout le reste. Je commentais les derniers événements, je mentionnais les actions des clients, je regardais le match qui passait à la télé. Je ne me suis jamais étendu sur ma vie personnelle, bien que forcément, mon caractère dépeignait toujours dans mes agissements et permettait aux habitués de savoir quel genre d'homme j'étais. Et puis, vu la quantité d'alcool que j'ingérais, j'ai sans doute dû dire et faire des choses dont je ne me souviens aucunement.
"Mais plus important : félicitations pour ta réussite aux examens, c'est génial. Tu as fêté ça ?" Mon regard prenait peu à peu plus de vie, plus d'entrain."Tu as combien d'années d'université à faire ?"
Elle n'a pas tourné sa question de façon anodine, c'est plutôt un moyen de lui montrer qu'elle respecte son désir de ne pas parler de ces quelques mois où il a disparu. Elle l'invite à parler de lui, mais il n'a pas à parler de ce qu'il veut garder secret ou du moins, ce qu'il ne peut pas dévoiler sobre, ça, ça peut attendre un autre jour, ou une autre heure, ou un autre lieu. Pour dire vrai, elle n'attend pas de lui qu'il lui en parle un jour, tout le monde à ses secrets, sa part d'ombre qu'il ne tient pas forcément à dévoiler et il n'y a aucun mal à ça, bien au contraire. Le monde irait surement bien mieux si tout le monde comprenait ça et ne se mêlait pas des affaires des autres. Enfin, c'est un débat pour un autre jour. Pour l'heure, apparemment le sujet semble être le football australien. Itziar ne peut s'empêcher de lui servir un regard interrogateur lorsqu'il prononce ses mots. Football australien, comment dire que ce n'est pas forcément sa tasse de thé ? Ni même un de ses centres d'intérêt ? Pour une espagnole, rien que l'appellation est une déclaration de guerre. Elle n'a que faire du football qu'on pratique chez elle, mais dans son pays, ce sport est une institution et tout le monde se réuni dans les bars pour les grands tournois afin de soutenir l'équipe nationale. Mais, le football australien, n'a rien du football pour elle. Le ballon n'est pas le même, le terrain n'est pas le même, les règles ne sont pas les mêmes, bref, rien n'est pareil et on pourrait continuer pendant des heures sur le sujet à démontrer tout ce qui ne va pas dans cette appellation et prouver que le football australien, ne mérite pas de s'appeler football. Si elle avait été un mec, il y a de grandes chances qu'elle se serait lancée dans un monologue pour donner ses arguments, mais elle, elle se fiche pas mal du football comme elle le connait en Espagne, mais aime quand même taquiner les australiens à ce sujet et quand on travaille dans un bar, les fans de football australien ne manquent pas.
"Non, je crois pas." Lui répond-elle "Mais fait bien attention à ce que tu vas dire, tu sais bien qu'en Espagne on joue au vrai football" ajoute t-elle en plaisantant. Elle qui jouait au football seulement pendant les cours d'éducation physique à l'école parce qu'elle n'avait pas le choix et la plupart du temps, elle se dévouait pour garder les buts puisqu'elle n'avait absolument aucune envie de courir. Bon n'allait pas croire non plus qu'elle était bonne gardienne de but, au contraire, elle était plutôt du genre à se pousser pour éviter de se prendre le ballon en pleine figure. Autrement dit, elle était complètement inutile et était sur le terrain seulement parce qu'elle n'avait pas le choix. Pour elle, le football est seulement une excuse pour aller prendre des verres dans un bar avec ses potes, ni plus, ni moins. Elle reprend cependant rapidement son sérieux pour écouter ce que Isaac lui raconte, surprise de voir que finalement bien que leurs deux football sont différents, leur expérience avec le sport en question ne l'est pas réellement. Isaac, ça aurait pu être elle quand elle avait football à l'école. Heureusement que c'est plus considéré comme un sport de mec et que ses parents ne l'ont donc jamais forcée à en faire en club. Bon la similarité s'arrête là, car lui il a fini par aimer ça. "Oh c'est marrant que ça soit devenu une passion avec le temps. En général on entend plus des histoires de gens qui détestent tel ou tel sport parce que leurs parents ont insisté pour qu'ils en fassent alors qu'ils ne voulaient pas." dit-elle, puis elle ajoute "Mes parents m'ont forcée à faire du piano pendant des années, je détestais ça et j'ai jamais réussi à apprécier en jouer par exemple." Elle n'a jamais apprécié et elle peut compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle a touché un piano depuis qu'elle a arrêté de prendre des cours, c'est pour dire. Quand il lui dit qu'elle peut trouver des liens à son sujet en rapport avec le football australien, elle sort son téléphone de sa poche pour aller voir d'elle-même. "Ahh mais c'est trop fort, il y a même des photos de toi et tout. T'es peut-être pas une star, mais quand même il y en a un paquet d'articles avec ton nom mentionné dedans." dit-elle étonnée. Elle n'aurait jamais soupçonné ça de lui, quoi que, c'est vrai qu'il est plus du genre sportif que mec qui se soule dans des bars, ça elle l'avait tout de suite remarqué malgré tout. Elle est en train de lire un article à son sujet quand il lui demande si son nom est associé à quelque chose sur la toile. Elle ne peut s'empêcher de rire nerveusement à cette question. "Je sais pas sais plus si je t'ai déjà raconté comment j'avais débarqué à Brisbane" Dit-elle. Elle ne pense pas lui avoir raconté tous les détails, il y a bien trop à dire en même temps et il n'y avait bien souvent pas le temps pour. "Pour te la faire courte, ma famille était propriétaire de gros casinos un peu partout en Espagne et mon père a détourné des millions d'euros venant des casinos pendant des années. Il s'est fait chopper." Explique t-elle brièvement. "Donc si tu tapes mon nom sur Google tu vas avoir à toute l'histoire, ou plutôt tout le scandale qui a raisonné en Espagne il y a un peu plus d'un an." ajoute t-elle d'un ton détaché avant d'ajouter "Enfin bon les trois quarts sont en espagnol donc la plupart des gens ici n'en comprennent pas un mot, ça m'évite de me taper la honte." Positiver face à l'adversité voilà sa technique. De toute façon elle ne peut pas y faire grand-chose, c'est son histoire sans vraiment l'être finalement.
Itziar est plutôt du style livre ouvert comme personne, elle n'a pas vraiment de secret, mais cette histoire là, c'est peut-être bien le seul truc sur lequel elle n'aime pas s'attarder. Non seulement parce que ce qu'il n'y a pas de quoi en être fière, mais aussi parce que ça lui rappelle qu'il y a un an, elle vivait la belle vie, loin de tous les problèmes des gens normaux. Alors, quand il change de sujet pour en revenir à ses examens, elle est soulagée et retrouve son entrain légendaire. "Merci !" Lui répond-elle quand il la félicite. "J'ai bien fêté ça même, enfin pour être honnête je me rappelle pas de la moitié de la soirée en question, je me suis réveillée avec un mal de crâne atroce, mais du coup j'imagine que la soirée était bien tu vois ?" Encore une soirée où elle avait beaucoup trop bu, ne se rappellent même pas comment elle était rentrée chez elle en un seul morceau, mais bon, c'était pour la bonne cause, les exams ce n'est pas tous les quatre matins donc il faut les fêter comme il se doit quand ils sont terminés. Sinon, quel est l'intérêt d'aller à la fac si on ne peut pas procéder de cette façon ? "Je suis pas bien sûre" dit-elle en rigolant "Je sais pas si je veux faire trois ans pour un Bachelor ou quatre ans pour un Master en fait. Donc il me reste entre deux et trois ans si tout se passe bien." Ou si elle ne pète pas un câble avant la fin et décide de tout plaquer pour aller pêcher la méduse en plein Océan Indien. Ca, seul l'avenir le dira, car Dieu sait qu'elle peut être imprévisible comme fille.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
J'avais haussé les sourcils, peu impressionné, lorsqu'Itziar m'avait mis en garde contre les propos que je choisirai vis-à-vis au football australien. Il y avait tellement de sortes de football, qu'une compétition en était née, à savoir quel pays détenait le meilleur sport. Personnellement, je ne m'intéressais aucunement au football dont l'Espagne se passionnait tant, ayant davantage le sentiment qu'il s'agissait de théâtre. Bien entendu, je me gardais de faire part de cet avis, préférant m'élancer dans un monologue narcissique relatant mon expérience de footballeur australien.
Je hochais la tête à l'affirmative lorsqu'elle remarquait le chemin peu atypique que mon cœur avait pris quant à cette obligation qui s'était métamorphosée en réelle passion. Elle m'expliquait avoir connu un parcours similaire avec le piano et qu'aujourd'hui, elle était très satisfaite de ne plus avoir à en jouer. Je pense que le fait qu'il y ait une communauté très soudée réunie par le football australien a aidé. Je marquais une pause, me remémorant tous ces moments où la passion et le cœur des gens étaient démontrés lors des manifestations sportives ou même des coups durs heurtant une équipe de football australien. C'était un sport typiquement d'ici, qui touchait ses habitants aisément. Quand j'étais ado, je ne vivais pas toujours chez mes parents parce qu'il m'arrivait d'être choisi pour jouer dans un club trop loin de la ville où ils habitaient. Du coup je vivais dans une famille qui donnait beaucoup au football australien parce qu'elle y avait des membres de leur famille y jouant ou un entraîneur ou un journaliste sportif ou autre... Ça reflète l'idée d'une grande famille.
Puis, Itziar se munit de son téléphone pour tapoter mon nom dans un moteur de recherche. J'étais surpris qu'elle connaisse mon nom de famille, mais après réflexion, ça démontrait surtout qu'elle avait bonne mémoire. Lorsque je payais avec ma carte bancaire, mon nom y était forcément inscrit. Peut-être lui avais-je même confié et je ne m'en rappelais plus, trop inhibé par l'alcool. Pour ce qui était de mon prénom Isaac, je m'étais toujours fait appeler Isy, ainsi, la majorité des articles mentionnait un Isy Jensen. Fait cocasse : peu de personnes de mon entourage savait même qu'Isy était un surnom et non mon réel prénom.
Je ris doucement devant la surprise de mon interlocutrice qui commentait ma présence sur la toile et jetais un coup d’œil à l'article sur lequel elle s'était arrêtée. Il décrivait un match que j'avais joué avec l'équipe universitaire, ce qui me rassurait assez. Je préférais qu'elle tombe sur ce genre d'événement que le drame que j'avais connu à mes seize ans lorsque le bus transportant mon équipe avait subi un accident de la route. Je remarque tout de même que tu as bien retenu mon nom de famille, signalais-je d'un aussi amusé qu'espiègle.
Je retournais la question à la barmaid, évitant ainsi la prolongation de ses recherches sur mon passé. Je répliquais un Vaguement lorsqu'elle m'interrogeait sur l'éventualité qu'elle m'ait raconté les raisons pour lesquelles elle s'était installée en Australie. Puis, elle m'en offrait les détails. Un rictus étira mes lèvres, ça ne devait franchement pas être évident de grandir dans ces conditions, je pouvais aisément comprendre que le fait d'être en Australie, loin de ce scandale, compose un salut pour l'espagnole. D'ailleurs, elle se ravissait du fait que les australiens parlaient rarement sa langue natale, et donc, pouvaient difficilement prendre connaissance de son passé. Je ne m'attardais pas sur les malheurs de l'étudiante ; si elle en ressentais le besoin d'en discuter un jour avec moi, bien entendu, je serai présent, mais en l'occurrence, je prononçais avec légèreté : De toute façon, je ne connais même pas ton nom de famille et si ça se trouve, je serai incapable de l'écrire. J'ai déjà eu assez de mal comme ça avec Itziar. Je lui offrais un sourire malicieux, me remémorant le nombre incalculable de fois où j'avais écorché le prénom de la jeune femme. Capitulant, elle m'avait suggéré de l'appeler Izzie, comme beaucoup la surnommait ici, mais ça ne m'allait pas, surtout quand moi, je me faisais appeler Isy. Alors, je m'étais évertué à savoir articuler le prénom Itziar, au risque de lui faire saigner les oreilles à plusieurs reprises. Par ailleurs, j'appréciais le fait de ne pas être comme tous les clients lambda qui l'interpellaient par son surnom pour être servis.
J'orientais ensuite la conversation sur la réussite académique de la barmaid. Elle me racontait la manière avec laquelle elle avait célébré, ce qui me fit rire et acquiescer. En effet, en général, lorsqu'on ne se rappelle pas d'une soirée mais que l'on n'a pas de mauvais pressentiments, c'est qu'elle a été excellente. Elle m'expliquait avoir deux ou trois ans supplémentaires à étudier, ce à quoi j'indiquais en relativisant : Tu as encore du temps devant toi pour décider. Je faisais tourner machinalement ma pinte entre mes mains, avant de boire une nouvelle gorgée. Tu aimerais rester ici après tes études ou retourner en Espagne ? Après tout, d'ici trois ans, sans doute que la risée créée par son père se sera dissipée, mettant à l'avant les magouilles d'un autre businessman ou les méfaits d'une personnalité politique.
Le sport et la musique étaient deux mondes très différents, ce qui expliquait sans doute que Isaac se soit épris d'une passion pour le football australien, alors que Itziar, elle ait plutôt éprouvé de la haine envers le piano. C'est peut-être un peu fort comme mot, mais c'est bien celui qu'elle employait quand elle disait à ses parents qu'elle voulait arrêter. "Je hais le piano !" était monnaie courante dans la voiture qui la conduisait à ses maintes heures hebdomadaires. Des fois elle variait un peu "Je déteste le piano !" disait elle. Le mot changeait et l'idée restait la même. Elle n'aimait pas ça et ça n'avait pas changé. Outre l'instrument pour lequel elle n'avait jamais réussi a éprouver une quelconque passion, elle n'aimait pas non plus la concurrence éternelle qui régnait entre tous les élèves de son école de musique. Ils avaient beau jouer ensemble, c'était à croire qu'ils jouaient les uns contre les autres, chacun voulant montrer qu'il était plus doué que ses camarades et la prof n'aidait en rien, leur rappelant que s'ils voulaient un jour rentrer au conservatoire, il fallait être les meilleurs. L'esprit d'équipe, ce n'était pas quelque chose que vous pouviez apprendre dans cette école de musique madrilène. Ici on formait des solistes, prêts à tout pour être les meilleurs et ça, ça n'a jamais motivé Itziar. "C'est souvent comme ça avec le sport j'ai l'impression." dit-elle. "Il y a toujours cet esprit d'équipe, qui fait vivre le truc et réuni les gens, c'est universel un peu. Ca te donne envie de te joindre à la fête. Je comprend que ça ait pu te plaire. Même moi quand je regarde le vrai football" Elle insiste bien sur le mot "vrai" en plaisantant "Je me dit que ça doit être cool d'être supporter, quand on voit l'ambiance, ça fait envie ... Bon après ça va bien cinq minutes, mais quand même" Oué le football, ou plutôt le vrai football, elle aime ça seulement à petite dose, disons une fois tous les quatre ans pour la coupe du monde, c'est largement suffisant, après elle se désolidarise complètement et ça en fait jaser plus d'un dans sa ville natale quand elle dit que la vieille gueguerre entre Madrid et Barcelone l'émoustille autant que le piano. Isaac lui raconte que quand il était ado, il lui arrivait de devoir vivre chez une famille assez présente dans le football australien, quand il était choisi pour jouer dans un club trop loin de Brisbane. "Tu devais avoir un bon niveau ?" demande t-elle, une autre question lui venant ensuite à l'esprit immédiatement "Je peux te demander pourquoi t'as pas fini joueur pro au final ?" Elle prenait des gants pour poser cette question. C'était peut-être un choix de la part d'Isaac de ne pas poursuivre dans le football, mais elle avait entendu tellement d'histoire à la télévision de jeunes prodiges du sport, obligés de stopper leur carrière avant même quelle n'ait commencé pour cause de blessure, si c'était le cas d'Isaac, elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie et préférait donc y aller avec des pincettes.
En voyant tous les articles dans lesquels le nom du jeune homme était mentionné, elle était vraiment impressionnée et surprise. Lui le mec qui venait se bourrer la gueule au bar comme s'est pas permis semblait avoir fait la fierté du club de football australien de Brisbane pendant des années avant de briller dans le club de l'université. Il y avait même des photos de lui avec les membres de ses équipes de l'époque. Soit les australiens ne rigolent vraiment pas avec ce sport, soit, les équipes étaient vraiment bonnes. Surement un peu des deux. Elle est toujours en train de faire défiler les articles sur son téléphone et ne peut s'empêcher de rire quand il lui dit qu'elle a bien retenu son nom de famille. "Travailler ici m'a permis de me rendre compte que j'avais une très bonne mémoire." Lui répond-elle toujours en riant. Et c'était vrai, elle ne s'imaginait pas qu'elle était capable de retenir autant de trucs avant de bosser au bar. Au début ce fut plutôt compliqué, il faut être honnête et nombre de fois elle avait dû retourner à une table pour redemander ce qu'ils avaient commandé, car à peine était-elle arrivée derrière le comptoir qu'elle avait oublié, puis au fil du temps c'est devenu de plus en plus facile, à tel point qu'elle est maintenant capable de retenir la commande d'une grande tablée et de déposer chaque verre devant son propriétaire, sans même avoir à redemander. Avec un peu d'entrainement, le cerveau humain fait donc des miracles. Ou presque. "D'ailleurs, j'ai même mémorisé tes codes de cartes bancaires, si tu vois des achats bizarres, saches que ça vient de moi." Elle ajoute ça en plaisantant. Même si elle aurait eu de nombreuses occasions de mémoriser ses codes. Il ne s'en souvient peut-être même pas, vu l'état dans lequel il se trouvait, mais à plusieurs reprises elle avait été obligée de lui confisquer sa carte bleue, seul moyen de l'empêcher de payer verres sur verres à son voisin de comptoir, qui n'avait aucun scrupule de profiter de la générosité d'un mec complètement pinté ou seul moyen aussi de l'empêcher de payer une tournée générale à tout le bar. C'était grâce à sa carte qu'elle avait connu son nom d'ailleurs, n'ayant jamais réussi à le comprendre parfaitement lorsqu'il lui marmonnait après un verre de trop.
Elle ne lui avait probablement pas raconté toute l'histoire, après tout, elle ne la racontait pas à grand monde. Ca n'intéressait personne et elle a toujours peur de passer pour la gosse de riche qui se plaint alors qu'il y a de bien plus grands malheurs dans ce monde. Elle ne veut pas non plus qu'on la plaigne alors en général elle reste vague sur les détails, à ses interlocuteurs de s'en contenter. Visiblement elle n'a jamais dû lui dire son nom de famille non plus, en même temps ce n'était généralement ni le lieu, ni le moment. "Tu t'es très bien débrouillé avec mon prénom, par rapport à d'autres qui pensent qu'Izzie est mon vrai prénom et ne trouve même pas ça bizarre pour une hispanique" Oué les gens repèrent généralement très vite qu'elle vient d'un pays hispanique, sans savoir lequel, mais ça ne les choque pas plus que ça que son "prénom" soit anglophone, allez savoir. "Cortés de Aguilar. Je contribue bien au cliché du nom de famille à rallonge en Espagne, mais c'est pas très compliqué à écrire non ?" lui dit-elle. En même temps elle a tapé son nom dans la partie notes de son téléphone pour lui montrer. "Au pire, Cortés suffit amplement." Ce sera déjà pas mal d'ailleurs.
Elle a du temps pour décider, c'est certain, c'est pour ça qu'elle ne sait pas réellement ce qu'elle veut faire. Rentrer en Espagne ou pas, c'est aussi une des questions à un million. "Je sais pas trop, j'ai plus grand-chose qui me rattache à l'Espagne finalement." C'est avec un peu de nostalgie qu'elle dit ça, mais c'est malheureusement vrai, elle vivait dans un milieu où tout se jouait sur le paraitre alors quand l'histoire avec son père a éclatée, la majeure partie de ses amis lui ont tourné le dos et ça ne s'est pas amélioré quand elle a quitté l'Espagne pour venir à Brisbane "L'histoire avec mon père ça a bien foutu la merde" ajoute t-elle avant de continuer "Je m'suis même faite larguée à cause de ça t'imagines ?" dur à imaginer sans doute, mais bien vrai. "Mais bon, c'pas si grave, on est bien à Brisbane. Si ça se trouve dans 10 ans je bosserai toujours au bar. D'ailleurs si c'est ça tu viendras toujours me voir ? Je t'offrirai toujours des bières même." C'était pas idéal de bosser ici, mais c'était loin d'être le bagne aussi.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
Je conjecturais la raison pour laquelle, contrairement à Itziar, j'étais parvenu à tant aimer l'activité extrascolaire que mes parents m'avait imposée dans mon enfance. A mes yeux, la communauté fondée autour du football australien y était pour quelque chose si bien qu'au final, j'étais fier d'en faire partie, ce que le Isaac âgé de cinq ans n'aurait jamais pu assimiler. J'avais découvert avec les années que les australiens étaient capables de beaucoup pour voir ce sport prospérer et qu'ils ne rechignaient jamais à épauler les jeunes travaillant dur pour prendre un jour la relève lors des démonstrations professionnelles. Plus d'une fois, j'avais eu le sentiment d'avoir été accueilli fièrement dans certaines familles d'accueil, tandis qu'à mes yeux, je n'étais franchement personne de spécial. Il était vrai que j'avais un parcours plus atypique que certains, un peu plus difficile. Si Laidley, petite ville de 3500 habitants, détenait son club, bien vite, mon père n'avait pas hésité à investir dans mon futur sportif. A ses yeux, avoir un fils que l'on qualifie d'espoir et auquel on attribue un large potentiel était synonyme de réussite grandiose. J'avais vite été coupé de ma famille et de mes amis et en définitive, le football régissait mon existence intégralement. Néanmoins, épris de la fièvre de cette activité, tous les sacrifices que je faisais pour m'améliorer, je les réalisais avec plaisir et en conscience qu'ils me rapporteraient un jour.
Un sourire amusé étira mes lèvres alors que l'espagnole enchérissait sur son soit disant vrai football. Je la mis faussement en garde : Arrête de me provoquer. Je jetais un coup d’œil sur l'écran de télévision certes allumé, mais dont le son était coupé. Ce n'était pas plus mal, sachant que lorsque les premiers clients arriveraient, ils ne se feraient pas prier pas pour demander à la barmaid de mettre tel match et s'esclaffer devant chaque prouesse sportive diffusée. T'as déjà regardé au moins un match de football australien ? C'est franchement différent du football de ton pays. Pas comparable, je dirais même.
La dextérité ahurissant de l'étudiante faisait valser les articles les uns après les autres et j'abandonnais promptement l'idée de regarder par-dessus son épaule, redoutant d'être étourdi par la rapidité de sa prise d'informations. Entre deux pages web, je l'entendais soupçonner que je détenais un bon niveau, avant de me demander pourquoi n'étais-je pas devenu joueur professionnel. Un sourire en coin apparut sur mon visage, certes sans joie, mais pas non plus démoralisé. Avec les années, j'avais accepté que ma vie prenne un tournant qui réduisait en poussières tous les sacrifices et les efforts que j'avais produits dans un but qu'elle rendait inatteignable. Ça n'avait pas été chose aisée, mais j'y étais parvenu. De plus, je n'étais pas le seul qui avait dû mettre un terme à sa carrière pour des raisons de santé et je n'avais pas eu à abandonner totalement le football australien. En effet, je jouais encore de manière officieuse, pour le plaisir ou dans le cadre de petites compétitions, et j'étais assistant-coach bénévole pour des gamins.
J'étais un joueur de haut niveau, ouais. C'est comme ça que je suis arrivé à Brisbane, le football australien m'a permis d'avoir une bourse qui m'a payé mes études. De quoi susciter des jalousie, mais encore une fois, plus d'un sportif était dans mon cas. Et lorsqu'on savait toutes les années de travail qui menait à cette bourse, on n'en dénigrait généralement plus le receveur. Avant que je ne doive arrêter, j'ai joué un peu pour les Brisbane Lions. Tu les as déjà vus jouer ? Enfin, mon histoire n'a rien d'original, j'ai eu une suite de blessures compliquées. Vu que j'étais borné, je continuais à jouer en étant blessé, ou pas complètement guéri du moins. Ça a finit que c'était vraiment stupide de ma part et au bout d'un moment, un docteur m'a informé que j'avais deux choix : soit j'arrêtais de jouer au football australien à ce niveau, soit je devenais Robocop. Je souris doucement, buvant une gorgée de ma bière. J'aime bien Robocop, mais bon, j'ai préféré conserver autant de chaire et d'os que possibles. L'histoire était relatée de manière détachée, presque comique.
Je faisais remarquer à Itziar sa connaissance de mon nom de famille et bien vite, elle me confirma avoir développé sa mémoire si bien qu'elle pouvait même utiliser ma carte bancaire sans mon autorisation, ce qui m'arracha un bref rire. Le pire, c'est que je n'en doutais même pas, mais heureusement, j'avais également conscience qu'elle n'avait pas hérité des tendances frauduleuses de son géniteur. D'ailleurs, j'expliquais à l'étudiante que vues mes prouesses en espagnol, je serai incapable de rechercher davantage d'informations sur le scandale orchestré par son père. Un sourire restait figé sur mes lèvres alors qu'elle articulait son nom de famille de manière si hispanique que je n'en compris rien. Elle me dit qu'il était à rallonge mais honnêtement, elle l'avait expulser de ses lippes si rapidement que j'étais incapable de soupçonner le nombre de lettres qu'il contenait. Manifestement, mon regard dû communiquer cette ignorance absolue, puisqu'Itziar l'inscrivit sur son téléphone et me fit part de l'orthographe de ce patronyme. Je fronçais les sourcils, ne me risquant pas à tenter de le prononcer, mais questionnais : Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Enfin, est-ce qu'il y a une traduction ?
Vint la question de l'avenir académique de la barmaid. Je lui figurais qu'elle avait encore bien du temps devant elle pour aviser de son futur. Souvent, en une année d'étude, beaucoup de choses se produisent et peuvent nous orienter autrement. Néanmoins, je me demandais si Itziar comptait rester en Australie ou si elle voulait continuer sa route vers d'autres pays. Elle m'expliquait ne plus avoir de raison de retourner dans son pays natal, me livrant quelques éléments peu amusants ayant suivis l'arrestation de son paternel. C'était juste pas la bonne personne pour toi, commentais-je lorsqu'elle m'annonça s'être même faite larguer à cette période. Je ris de nouveau devant sa conclusion, comme quoi il faisait bon vivre à Brisbane et que dans le pire des cas, elle avait un poste dans ce bar. Si tu me paies des bières, c'est sûr que je continuerai à venir ! Et l'espace d'un instant, je m'étonnais de la tournure de cette soirée. J'avais longuement hésité à remettre les pieds ici, pour diverses raisons, et finalement, je passais une excellente soirée en compagnie de la Cortés.
La compétition était lancée et elle ne manqua pas le sourire qui se dessina sur les lèvres d'Isaac quand elle insista sur le vrai football, qui n'était bien sûr pas le football australien. "Ou sinon quoi ?" le provoque t-elle tentant de rester sérieuse malgré la plaisanterie. Après tout, c'était elle qui servait les boissons ici, elle avait donc le dessus, puisque si elle ne voulait pas le servir, il ne pourrait pas boire. Donc c'était à lui de se tenir à carreau non ? "Je peux te raconter un truc ?" demande t-elle avant d'ajouter "Mais tu dois me promettre de pas de foutre de ma gueule." Oué ce qu'elle s'apprêtait à dire n'avait rien de très glorieux, elle n'en était pas fière du tout. C'était d'ailleurs une des plus grosse honte qu'elle s'était payée depuis son arrivée à Brisbane si on ne compte pas toutes les fois où elle avait confondu un mot avec un autre, provoquant donc des lapsus fabuleux. D'ailleurs certain de ces lapsus la poursuivait encore un an après, que ce soit au bar avec ses collègues ou à la fac avec ses potes. Ca la poursuivait tout autant que la bourde monumentale qu'elle s'apprêtait à dévoiler à Isaac. "Tu promets hein ? Ok. Bon c'est particulier votre sport là et quand j'ai débarqué au bar, j'en avais jamais entendu parler, je savais même pas que ça existait. Du coup la première fois qu'un client m'a demandé de mettre le football à la télé, je lui ais dit qu'il devait pas y avoir de match ce soir-là, car il y avait que du rugby chelou" Elle s'arrête un instant avant de continuer. "Je te laisse imaginer sa tête ainsi que celle de ceux autour de lui qui m'ont entendue." A ce jour, certain ne manquent pas de lui rappeler son erreur ou plutôt sa méconnaissance de la culture australienne. "Izzie tu nous mets le rugby chelou, s'il te-plait" est une phrase qu'elle entend au moins une fois par semaine et qui ne manque jamais de faire pouffer de rire, à son grand désarroi d'ailleurs. Elle ne s'était trompée qu'une seule fois et pourtant ça la poursuivait encore un an plus tard. Le pire dans tout ça c'est que ça les faisaient toujours autant rire. Bon au moins elle a ça comme mérite, faire rire des mecs dans un bar. Pas forcément donné à tout le monde cette aptitude non ? Elle prend ce qu'elle peut dirons-nous. "Sinon ça dépend ce que tu veux dire par regarder. J'ai déjà regardé au bar quand je bosse, du style je jette un coup d'oeil de temps en temps pour voir ce qu'il se passe, mais je me suis jamais posée devant un match, concentrée sur ce qu'il s'y passe." Elle avait déjà vu du coup, mais pas vraiment regardé si on est tatillon sur les mots. "Je m'y suis pas assez attardée pour comprendre quoi que ce soit aux règles par exemple." Précise t-elle. Elle comprend plus ou moins ce que les joueurs doivent faire, puisque pour elle ça ressemble pas mal au rugby. Même si, une fois de plus ça n'a surement rien à voir, comme elle ne connait suffisamment ni l'un, ni l'autre, elle ne voit pas de très grande différence. Clairement elle en connait tellement peu qu'elle serait capable de se mettre tout le bar à dos en une seule remarque hasardeuse. Chose qu'elle a bien compris et qu'elle ne tente donc même pas. En revanche, elle avait pu comprendre en un seul coup d'oeil que ce n'était pas du tout comparable au football comme on le connait en Espagne et en Europe par la même occasion.
Quand il lui dit qu'il était joueur de haut niveau, elle s'arrête de faire défiler les articles sur son téléphone le range dans la poche arrière de son jean avant d'attraper le tabouret derrière elle, de l'approcher du bar et de s'asseoir dessus continuant d'écouter Isaac. Il n'y avait aucun autre client dans le bar, autant se mettre à l'aise pour discuter, surtout quand on a un ancien joueur de football australien de haut niveau en face de soi. Clairement ça demande une attention totale et un confort maximal, histoire de bien profiter du moment. "Faut que je ramène un ballon la prochaine fois, je te le ferai signer, ça doit être collector ça." Dit-elle. Elle est sérieuse quand elle dit ça, mais c'est aussi un moyen de rendre la conversation un peu plus légère, car il lui apprend finalement qu'il a dû arrêter pour cause de blessure et elle se sent un peu idiote d'avoir posé la question. "J'ai dû les voir jouer, c'est ceux en bleu et rouge non ?" Elle en a tellement vu des équipes jouer et défiler sur l'écran de télévision du bar, qu'elle ne saurait même pas dire qui est qui. En revanche, elle tente tant bien que mal de repérer l'équipe de Brisbane quand elle joue, histoire de ne pas passer pour une complète outsider. "Je suis pas sûre que Robocop soit très bon en football australien en plus, il est plus doué avec un flingue à la main plutôt qu'un ballon." ajoute t-elle avant de continuer "en plus je crois pas que tu pourrais boire des bières si t'étais Robocop, tu finirais par rouiller." Et si elle ne pouvait plus lui offrir des bières, ce serait bien problématique non ? (Son patron ne serait sûrement pas de cet avis, mais il n'a clairement pas le même point de vue qu'elle sur la question).
Est-ce que son nom de famille avait une signification particulière. En toute honnêteté elle ne s'était jamais posée la question. Pour elle c'était un nom de famille comme un autre et elle n'y avait jamais attaché plus d'importance que ça. C'était son nom de famille. Après, elle n'avait jamais vraiment cherché plus loin. Peut-être aurait-elle dû, qui sait, elle aurait peut-être trouvé un lien de parenté avec un personnage important de l'histoire de l'Espagne, un prince ou quelque chose du genre. Peut-être qu'elle avait du sang bleu et qu'elle n'était même pas au courant. C'était peu probable soit, mais quand même. Quand on creuse en terrain inconnu on ne sait jamais sur quoi on va tomber. "J'avoue que je sais pas trop." Lui répond-elle en riant "Tu pourrais traduire Cortés par courtois ou poli. Pour Aguilar c'est un peu plus compliqué, il y a pas vraiment de traduction à proprement dite, c'est un nom propre qui pourrait désigner un nid de ... à merde comment on dit." Elle mime avec ses bras un oiseau battant des ailes comme si ça allait l'aider à trouver son mot. " D'aigle ! Un nid d'aigle ou un lieu escarpé et c'est aussi le nom de pas mal d'endroits en Espagne donc dans mon cas je pense que c'est plus ça. Donc genre Courtois de Aguilar." dit-elle en haussant les épaules "Mais j'en suis vraiment pas sûre." Ajoute t-elle. Petit cours de traduction donc peu convaincant dirons-nous. Elle aurait fait une très mauvaise prof, heureusement qu'elle ne s'est pas lancée dans cette voie, ce n'est clairement pas fait pour elle.
Elle avait cru pendant un moment que c'était la bonne personne pour elle, puis avec le temps elle avait réalisé que s'il avait été la bonne personne pour elle, il ne l'aurait probablement pas larguée quand elle était la plus vulnérable. Au contraire, s'il avait été la bonne personne, il aurait été là pour elle et elle ne serait probablement jamais venue s'installer à Brisbane. Un mal pour un bien. "A qui le dis-tu. Je m'étais jamais rendu compte à quel point "mon monde" était fake avant toute cette histoire, mais finalement je m'en porte pas plus mal." Ce n'était pas ce qu'elle disait il y a un an, quand elle allait jusqu'à dire que sa vie était fichue, mais en un an elle avait eu le temps de réfléchir et découvrir et elle était arrivée à des conclusions bien différentes. "Tu sais bien que si ça ne tenait qu'à moi je t'en offrirai autant que tu voudrais, mais j'ai bien peur de me faire virer quand même à un moment." Oué, car offrir des verres à des clients préférés ça marchait tant que ça restait discret et le patron ne le découvrait pas bien sûr. "Quand je pense que Josh m'avait fait comprendre que tu reviendrais probablement pas." déclare t-elle juste comme ça, car c'est ce qui lui passe par la tête sur le moment et qu'elle n'a pas assez de filtre pour se taire. "Tu penses que je devrai lui faire payer comment ? Une claque ? Le silence radio pendant une soirée ? Pire ?" Oué, car il mérite bien quelque chose pour avoir été si défaitiste non ? "Lui arracher la langue c'est trop excessif non ?" Pas assez de filtre chez elle je vous dis.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
Le football australien détenait une place très importante dans ma vie encore aujourd'hui bien que je n'y joue plus de manière compétitive. Il m'était arrivé de zapper sur quelques matchs du football auquel jouaient les européens et sincèrement, je n'avais pas accroché plus que cela à ce sport. Bien sûr, j'admirais les gestes et les prouesses des joueurs ainsi que la stratégie de chaque équipe, mais cette activité ne m'avait pas ultimement charmé. Comme quoi, les goûts et les couleurs sont dans la nature. De plus, je m'intéressais à un bon nombre de sport, étant quelqu'un de dynamique d'ordinaire, alors, le football avait eu plusieurs concurrents pour l'obtention de mon attention. Néanmoins, je ne relevais pas les petites provocations d'Itziar, réduisant cet échange à une échauffourée.
J'acquiesçais devant la demande d'Itiziar qui paraissait désirer me confier quelque chose. Je pris une gorgée de ma bière, mon regard rivé sur l'étudiante dont les confidences se dessinaient de plus en plus embarrassantes. Ça me fit brièvement rire qu'elle me demande à deux reprises de ne pas se moquer d'elle, ce qui en soit augurait mal pour que je tienne la promesse que je livrais : Promis, je me retiendrai. Je soutenais mon sourire alors qu'elle me relatait un de ses moments gênants australiens. Il était vrai que j'avais déjà entendu quelqu'un au bar la solliciter pour qu'elle mette le "football chelou" à l'écran et sur le coup, je n'avais pas vraiment soulevé ces propos. Il fallait dire que je n'étais jamais très sobre très longtemps à cette époque. En ce moment-même, je battais un véritable record : cela faisait peut-être quinze minutes que j'étais assis à ce bar et je possédais encore une totale capacité de mes moyens et de mes pensées. A se demander comment l'espagnole parvenait à m'apprécier, en m'ayant connu majoritairement bourré. Sans doute parvenais-je à demeurer quelqu'un de correct, même avec un taux d'alcoolémie au plafond.
Je questionnais mon interlocutrice sur ses connaissances du sport national. Elle m'expliquait avoir observé quelques moments à la dérobée, mais ne pas s'être réellement posée devant la télé pour comprendre toutes les spécificités de ce premier. Je hochais la tête, enchérissant : Et de ce que tu as vu, tu en penses quoi ? J'ajoutais, mettant aux oubliettes son "vrai" football. Sans avoir à le comparer à un autre sport.
J'exposais par la suite mon parcours sportif. Je ris doucement lorsqu'elle annonça qu'elle allait me faire signer un ballon "Je doute que tu puisses le vendre très cher sur ebay" et haussais les sourcils, impressionné, lorsqu'elle me décrit les maillots des Brisbane Lions. C'est ça, je vois que tu t'imprègnes rapidement des éléments incontournables à connaître quand on vit en Australie. Mon air espiègle nuançait mes propos et j'additionnais : Ça et comment survivre à une piqûre de méduse. Lors de la première conversation que j'avais eu avec Itziar, elle m'avait dit se rendre souvent à la plage dans son temps libre. Ma vocation paramédicale avait vite pris le dessus, la mettant en garde contre les animaux marins dangereux voire mortels et comment pallier aux blessures qu'ils pouvaient imposer à un être humain dans une abominable logorrhée. Je m'étais demandé le lendemain si j'avais traumatisée la jeune femme avec toutes mes explications, mais finalement, le lendemain, elle m'avait servi une bière avec son même sourire, ce qui m'avait rassuré. Surtout que dans mes vagues souvenirs, je lui avais décrit comment moi-même, j'étais persuadé que la faune australien semblait détenir pour vocation l'assassinat de ma petite personne - et de tout être humain maladroit ou envahissant -. Je lui avais raconté comment, lorsque j'étais enfant, je parvenais à me faire piquer par une méduse à la moindre virée à la plage. Ce qui en soit constituait un fait épatant puisque je ne me rendais que très peu sur ces lieux, ayant vécu les premières années de ma vie à Laidley. Une fois, j'étais même parvenu à me faire brûler par une méduse en fin de vie, asséchée et à l'agonie sur le sable, sur laquelle j'avais très intelligemment - et accidentellement - marché. Aussi, il m'était arrivé de me faire mordre par une quantité faramineuse d'insectes volants, ce qui avait résulté de plusieurs visites aux urgences. Je me souvenais encore très distinctement d'une piqûre en particulier : j'étais âgé de dix ans et j'avais dû réveiller mes parents en pleine nuit parce que je sentais mon visage enfler. Le terme "enfler" composait pleinement un euphémisme puisque lorsque mes parents s'étaient réveillés, mon père avait dû me demander qui j'étais. Si j'avais eu la taille d'un adulte, il aurait sans doute crié au cambrioleur. L'insecte m'avait rendu méconnaissable et bien sûr, par la suite, il avait fallu agir rapidement car ma trachée était menacée au fil des minutes qui défilaient si je continuais mon ascension prodigieuse vers Elephant Man. En somme, la faune australienne avait voulu me tuer, et j'avais conscience que si je lui en donnais l'occasion ou une seule bonne raison, même en tant qu'adulte, elle n'hésiterait pas à m'abattre.
Itizar m'arracha un nouveau rire en commentant l'éventualité que je sois devenu Robocop et je répliquais au risque de rouiller suite à une consommation de bière trop importante : Et arrêter la bière est impensable. J'ai vraiment pris la bonne décision, je pense.
La conversation s'orienta ensuite davantage sur la Cortés. Je la questionnais sur son nom de famille qu'elle me traduisait en m'offrant autant de termes que de gestes, ce qui figea un sourire sur mes lippes. Courtois de Aguilar, il fallait que je retienne cette appelation pour nos prochains échanges. Mon nom de famille est bien moins intéressant que le tien, mentionnais-je avec une bonne humeur que je n'avais pu goûter depuis un très long moment. C'est la version scandinave de "Johnson" si je me rappelle bien et ancre le fait que le premier de notre lignée état le fils d'un John.
Lorsque je questionnais Itziar sur l'Espagne et qu'elle m'apprenait davantage sur les conséquences des méfaits de son père, je commentais sa rupture avec son ex compagnon par le constat qu'il n'était pas fait pour elle. Je pouvais comprendre mieux que personne que perdre la personne que l'on affectionne de cette manière intense est très douloureux ; l'amour est souvent jaculatoire, il est excessif, ardent et exclusif, il règne en maître sur les autres sentiments et lorsqu'il se voit trahi ou blessé, il nous afflige cruellement de vives blessures. Je grimaçais en écoutant l'espagnole me présenter à quel point son monde avait paru faux, réalisant à mesure de ses propos que cette épreuve avait dû être très difficile pour la jeune femme. Heureusement, elle concluait en affirmant qu'elle ne s'en portait pas plus mal et cela prouvait à mon sens une force de caractère. Il n'était pas donné à tout le monde de savoir bâtir sur ses malheurs, d'apprendre de ses douleurs et en sortir plus puissant. La vie sème notre route d'embûches qui nous façonne indéniablement, il est cependant notre choix de déterminer si l'on veut en périr ou en grandir. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, concluais-je en levant mon verre à l'étudiante.
L'amusement et la sérénité s'évaporèrent de mon visage losrqu'Itziar m'annonça que Josh lui avait déclaré que je ne reviendrai sans doute pas au bar. Je devinais promptement le raisonnement du barman qui de surcroît avait l'expérience des clients. Il était facile de séparer l'ivrogne traditionnel de celui qui s'enivre depuis peu et s'enfonce dangereusement vers un gouffre assassin. Le regard qu'avait porté l'homme sur ma déchéance était beaucoup plus expérimenté que le neuf que possédait mon interlocutrice. Il avait observé chaque étape de ma descente aux enfers, et lorsque je pénétrais dans le bar arborant toutes les caractéristiques du fantomatique, il avait sans doute commencé à prévoir la fin de mes visites. J'ignorais s'il travaillait ce soir, mais dans tous les cas, il serait sans doute agréablement surpris de me compter de nouveau parmi ses clients. Itziar me chassait de mes pensées en décrivant toutes les punitions possibles à l'égard du manque de confiance de son collègue, ce qui allégea de nouveau mes états d'âme. Je pense que rien que le fait de lui chantonner un "Tu t'es trompé !" l'exaspérera assez pour composer une bonne vengeance. Josh était un chic type, mais il haïssait être dans le tort. J'avais déjà entendu un client remettre en question la monnaie qu'il lui avait rendue et la tension avait monté en flèche, même si Josh avait en effet, rendu un mauvais montant. Honnête, il avait fini par plaquer violemment les pièces manquantes sur le comptoir, menaçant ce dernier de se fissurer sous cet impact. Heureusement, il n'était violent uniquement envers les meubles et seulement lorsqu'on le contredisait ou qu'on commençait à semer le trouble dans le bar. Sinon, j'estimais qu'il devait être quelqu'un d'assez agréable à vivre, mais cela, Itziar était bien mieux placée que moi pour en juger, surtout qu'encore une fois, je n'avais jamais eu vraiment les idées claires lorsque j'étais en sa compagnie. D'ailleurs, qu'est-ce qui t'a incité à venir bosser dans un bar ? C'était par défaut ou c'était une expérience que t'avais envie de tenter ? Je prenais une gorgée de ma bière, avant d'enchérir : Et autre question ! Pourquoi Brisbane ? Pourquoi ne pas avoir été en Allemagne ou en France par exemple, où tu peux admirer ton football autant que tu le désires ? J'entendais quelques cyclomoteurs faire ronfler leur moteur devant la porte du bar, soupçonnant que bientôt, nous ne serons plus les seules âmes du lieu.
Il avait promis de se retenir de rire, face à sa mésaventure de novice dans le milieu du sport australien et il avait été fidèle à ses mots, ce qui fait grandement plaisir à Itziar, même si elle ne lui en aurait pas voulu de rigoler. Après tout, même elle en riait en y repensant. Elle s'était tapée la honte devant les clients, mais comme on dit, le bonheur des uns, fait le bonheur des autres. Dans la situation inverse, elle aurait été très certainement une des premières à rire de l'erreur, elle ne le prenait donc pas mal quand on lui rappelait cette soirée-là, mais ça lui faisait tout de même plaisir qu'Isaac respecte ce qu'elle lui demandait. La conversation ne s'attarda pas bien longtemps sur cette anecdote qui ne méritait au final pas autant d'attention que certains y prêtait. Isaac lui demanda ensuite ce qu'elle pensait du football australien, en se basant sur ce qu'elle en avait vu. Hors l'engouement pour le sport en lui-même qui lui rappelait l'engouement que l'on peut avoir en Espagne pour le football et qui donnait une ambiance chaleureuse et familiale au sport. La jeune espagnole devait bien avouer que ce sport avait l'air divertissant et plus complet que le football qu'on connait en Europe. Elle avait remarqué que les joueurs, bien que jouant principalement avec le pied, jouaient aussi avec les mains, ce qui ajoutait une difficulté de plus au fait que le ballon, n'était pas rond, mais bien ovale, à l'image d'un ballon de rugby. Pour elle ça ressemblait à un savant mélange entre le football et le rugby se jouant sur un terrain assez particulier. Elle avait bien compris que le but était de mettre le ballon entre les poteaux le plus de fois possible pendant le match, mais à part ça, elle n'en avait pas réellement capté les autres spécificités. Pour ça il aurait surement fallu qu'elle s'asseye devant un match, qu'elle le suive de A à Z, mais aussi que quelqu'un lui explique à mesure du jeu les différentes règles. Ou, à défaut, qu'elle se renseigne d'elle-même en lisant les règles sur internet, ce qui aurait été un bon début. "Je dois bien avouer que ça a l'air plutôt fun comme sport, je pense pas que je voudrais y jouer, mais à regarder, ça a l'air plutôt fun" lui répond-elle. Elle hésite à le taquiner en disant que ça ne vaut bien sûr pas le football qu'elle connait elle, mais bon, elle ne peut pas prétendre à vie être une experte du football à l'européenne, car clairement, niveau connaissance des règles, ce n'est pas ça non plus. Les sports de ballon, ça n'a jamais été son truc.
Ca alors, elle n'allait pas pouvoir se faire une fortune avec un ballon signé par Isaac, dommage, elle aurait pu tenter de lui faire signer d'autres trucs pour les vendre en lignes. Elle aurait pu vendre le verre dans lequel il venait de boire sa bière s'il avait été très célèbre. Il y a des gens suffisamment allumés pour acheter ce genre de choses, elle aurait pu en profiter pour se faire quelques centaines de dollars, ça aurait pu lui être utile. Tant pis, elle allait bien pouvoir trouver une autre utilité que celle de la rendre riche. "Je le garderai pour moi alors." dit-elle "Pour frimer en société. C'est un autographe super rare celui-ci je suis sûre que je pourrai en rendre plus d'un jaloux" ajoute t-elle en plaisantant. Le pire c'est qu'elle serait capable de se ramener devant un des clients du bar, lui annoncer qu'elle a obtenu l'autographe d'un certain Isaac Jensen et de feindre l'étonnement si le type en face lui dit ne pas savoir de qui elle veut parler. Ils se moquent d'elle de temps en temps, pourquoi ne pas inverser les rôles et se moquer un peu d'eux. "J'essaye de vite repérer ce qui est important." Lui dit-elle ensuite. "T'imagines si je savais pas quelle équipe était celle de Brisbane et que je faisais une gaffe pendant un match en encourageant l'équipe adverse ?" Elle se ferait probablement grossièrement huer, qu'elle travaille au bar (et donc soit la personne en charge de leur servir leur verre) "J'avais pas d'autre choix que de vite me mettre à la page un minimum" Elle est surprise quand il mentionne les méduses. Il lui avait parlé de ça une fois, alors qu'il était dans un état tout sauf sobre, elle se rappelle qu'il lui avait raconté ses mésaventures avec la faune australienne et lui avait aussi donné des conseils concernant les piqûres de méduses. Elle ne pensait pas qu'il allait se souvenir de ça étant donné qu'il avait mentionné ça dans un de ses monologues à la limite de l'inintelligibilité et ça lui fit aussi prendre conscience qu'aujourd'hui était surement une des rares fois où elle avait pu discuter aussi longtemps avec lui sans qu'il soit bourré et étonnamment, il était plus ou moins le même dans les deux cas, les propos incohérents en moins aujourd'hui, mais ce qui est sur c'est que même sobre, il était bienveillant ce qui ne le rendait que plus intéressant. "Ca fait un moment que je me suis pas faite piquer d'ailleurs. Je touche du bois" dit-elle en tapant doucement sur le comptoir en bois du bar. "Mais tes techniques marchent à merveille, je sais pas si j'avais eu l'occasion de te le dire. La preuve, je suis encore en vie." Finit elle en riant. Les méduses, surement le pire inconvénient du surf en Australie, certains dirons que c'est les requins, mais Itziar n'en a jamais croisé et elle ne s'en porte pas plus mal.
"Si t'étais robocop et buvais pas de bière on se serait peut-être jamais connus en plus" répond-elle. Car oui, s'il ne buvait pas de bière, il ne viendrait peut-être pas dans un bar et donc Itziar ne l'aurai jamais rencontré, ou alors, elle l'aurait rencontré ailleurs, dans un autre contexte et peut-être qu'ils ne se seraient pas entendus, qui sait.
Il disait que son nom de famille était moins intéressant, mais elle ce qu'elle voyait c'est qu'il en savait plus sur son nom qu'elle. Son nom était peut-être intéressant, mais elle n'en avait aucune idée. Lui il connaissait l'origine, c'était beaucoup plus classe tout de même que de dire qu'on ne savait pas trop. "Ah donc t'as des origines scandinaves ? Ou juste ton nom et ça s'arrête là ?" Finalement son nom était loin d'être inintéressant à y regarder de plus près il devait en dire pas mal sur son arbre généalogique et ses origines. "Et le père de John du coup, il s'appelait comment ?" elle demande ça avec le plus grand des sérieux, clairement s'il n'a pas la réponse, elle va passer sa nuit à cogiter sur ça, c'était certain.
Après réflexion, couper la langue de Josh était loin d'être la meilleure idée du monde, déjà ça pouvait l'envoyer directement en prison et de deux, c'était peut-être trop expéditif. La solution que proposait Isaac était bien prometteuse. "Ah pas mal comme idée." lance t-elle "Tu penses qu'il faut que je lui chantonne ça pendant combien de temps pour bien l'exaspérer." Elle ne voulait pas juste le taquiner ce Josh, elle voulait réellement l'exaspérer. Lui rabattre son caquet histoire qu'il tourne sa langue sept fois dans sa bouche avant de raconter n'importe quoi la prochaine fois pour s'éviter d'être défaitiste comme ça. "Je pense que lui chantonner ça chaque fois que je suis à côté de lui pendant une soirée pourrait faire l'affaire non ?" faut il encore qu'elle ne s'agace pas elle-même avant de l'agacer lui. "Le manque d'argent tout simplement. J'avais besoin d'un travail rapidement, j'avais pas de qualification donc j'ai pris le premier truc convenable qui venait en fait." Non, qu'on soit clair, jamais elle n'avait eu envie de tester cette expérience, mais c'était bien mieux que bosser au fastfood ou dans une boite de striptease selon elle. "Bonne question !" lance t-elle quand il demande pourquoi Brisbane et pas l'Allemagne ou la France. "Déjà je parle pas français ou allemand et surtout c'était pas assez loin de l'Espagne, je voulais partir le plus loin possible." Plus elle était loin, plus elle laissait les soucis derrière elle. "Et puis j'étais jamais venue en Australie alors quitte à se poser quelque part." Fini t-elle par un haussement d'épaules. Elle n'avait pas une histoire si intéressante que ça, c'était plus un concours de circonstances mélangées au hasard. "Puis j'étais persuadée que vous jouiez au football ici." rebondit elle. Elle avait été comme qui dirait, trompée sur la marchandise. "Et toi alors, pourquoi Brisbane et pas Sydney ou même Melbourne ? Je suis sûre que t'as une histoire plus intéressante que la mienne." A peine à t-elle posé sa question que des moteurs se font entendre dehors, signe que les clients ne vont surement pas tarder à débarquer "Je crois que notre tête-à- tête va être gâché très prochainement" ajoute t-elle en plaisantant.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Mon amour, mon âme lourde n'est plus pour toi. Toute fleur n'est pas rose mais chaque pleur est salé.
En bon passionné de football australien, je me devais de demander l'avis d'Itziar sur cette discipline. Je souris doucement lorsqu'elle m'avouait que ce sport lui semblait amusant, bien qu'elle ne se risquerait pas à le pratiquer. Ce serait drôle te de voir y jouer, commentais-je, un sourire narquois étirant délicatement mes lippes. Je marquais une pause, avant d'inviter : Si un jour ça t'intéresse de me voir jouer et que je te mette en prime dans les confidences des stratégies de mon équipe, fais-moi signe, je t'enverrai un texto. Je reconnaissais préférer regarder les matchs professionnels plutôt qu'amateurs et j'imaginais qu'il en allait de même pour la majorité des spectateurs. Néanmoins, j'étais aussi persuadé que le fait d'avoir une connaissance sur le terrain changeait la donne, l'idée seule de voir un ami se ridiculiser devant ses yeux étant aguichante. Qui sait, Itziar partageait peut-être ce même état d'esprit.
Je jugeais le plan financier de la barmaid basé sur mon autographe peu judicieux, ce que je lui exposais en toute franchise avec un sourire qui se métamorphosa en prompt rire lorsqu'elle me répliqua qu'elle le conserverait alors pour frimer par sa rareté. Ça, c'est sûr qu'il sera unique ! Je pris une gorgée de ma bière, me faisant la réflexion que cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas senti si léger. En discutant avec l'étudiante, les cauchemars qui me pourchassaient s'étaient tus, comme si le fait qu'elle ne soit pas dans la confidence de mes derniers agissements me permettait de repousser les raisons qui m'avaient poussé à attenter à ma vie quelques semaines plus tôt. Itziar parvenait-elle si bien à saisir toute mon attention qu'elle me libérait temporairement de mes récurrents démons ? Dans tous les cas, si j'avais hésité une petite heure plus tôt de pousser la porte du bar ; présentement, j'étais sincèrement heureux d'avoir posé ce geste.
Je félicitais la jeune femme pour avoir mémorisé les couleurs qu'arboraient les Brisbane Lions et acquiesçais devant ses justifications composées du besoin de détenir ce genre d'informations lorsqu'on travaillait dans ce bar. J'avoue qu'après le "football chelou", il était plus sage de ta part d'aller dans le même sens que tes clients. La conversation s'orienta ensuite sur les mises en garde que j'avais longuement offertes à Itziar peu après notre première rencontre. Je m'étais missionné de l'informer contre tous les dangers relatifs à la faune australienne et comment pallier aux diverses attaques de cette dernière. J'étais assez surpris que l'espagnole ne m'ait pas compté parmi les clients extrêmement lourds suite à ce monologue de ma part - et tous ceux dont je ne me souvenais pas. Manifestement, la jeune femme devait posséder une patience et une tolérance impressionnantes. Dans tous les cas, cette tirade n'avait pas été que néfaste puisque mon interlocutrice était, comme elle me le faisait remarquer, encore en vie. Et bien content que tu le sois, commentais-je en lui levant mon verre. Je pris une nouvelle gorgée et ris doucement lorsqu'elle ajoutait qu'en tant que Robocop, je ne serais jamais venu sur son lieu de travail et par définition, je ne l'aurais jamais rencontrée. J'ajoutais un maillon à cette chaîne : Et tu aurais peut-être fait la une des journaux australiens : Une jeune espagnole victime de l'impitoyable faune australienne.
J'eus un rictus lorsqu'Itziar me questionnait sur mes origines. J'ai peut-être des origines scandinaves qui remontent à des centenaires... Je ris doucement, m'imaginant des aïeuls vikings. Honnêtement, je ne saurais te dire. Il y a des Jensen dans la ville où je suis né depuis des décennies. Puis, une nouvelle réflexion s'imposa : comment se nommait le père de John ? Je haussais les épaules, toujours aussi ignare. Je le soupçonne de ne pas avoir de nom. Peut-être qu'il n'en avait pas besoin, si ça se trouve ils attiraient l'attention de leurs interlocuteurs en faisant des gestes ou en grognant d'une façon différente... ? L'on ne pouvait que conjecturer sur la question, n'est-ce pas ? A moins que le téléphone de la barmaid puisse éclaircir ce mystère ?
La punition de Josh face à son pessimisme fut abordée. Je suggérais à l'étudiante de toucher en plein cœur l’orgueil de son collègue en lui chantonnant qu'il avait eu tort. Je savais pertinemment que ça finirait par agacer le barman qui haïssait être dans le faux. Cette proposition charma l'espagnole, qui s'élança dans l'élaboration d'un véritable plan, calculant le nombre de récurrences minimale requis pour obtenir entière satisfaction dans la sentence envisagée. Je pense qu'une soirée est une bonne durée. L'exaspérer trop n'est peut-être pas une bonne idée pour assurer ton avenir au bar. Josh était certes un type réglo, j'ignorais s'il était du genre rancunier. Ainsi, je préférais mettre mon interlocutrice en garde de ses éventuelles foudres.
Ma curiosité prit de l'ampleur. Je questionnais Itziar sur son choix de travail, puis de destination d'escapade. Pourquoi s'était-elle rendue jusqu'à l'Australie quand une centaines d'autres pays se trouvent plus près de l'Espagne ? Y avait-il quelque chose qui l'avait attirée dans ce bar pour qu'elle y postule puis y soit employée depuis plusieurs semaines maintenant ? J'appris que l'aspect financier avait été majeur dans sa première prise de décision. Quant à l'Australie, ce territoire présentait l'avantage d'être loin des magouilles conquérantes de son père, une langue qu'elle maîtrisait assez bien y était parlée et cette contrée restait entièrement à découvrir pour la jeune femme. Quelle déception, commentais-je avec un sourire lorsqu'elle ajouta qu'elle était persuadée que le football européen était pratiqué à Brisbane. Si la nostalgie t'étreint trop, je peux essayer de te trouver un club qui se concentre sur ton théâtral football. Un air espiègle, j'enchaînais toutefois plus sérieusement, ayant bien retenu le manque d'argent évoqué par l'étudiante quelques minutes plus tôt : C'est toi qui a payé ton billet jusqu'ici ? J'imaginais que la somme avait quand même dû être assez conséquente vu la distance à parcourir. Je n'avais jamais voyagé aussi loin, je n'avais même jamais quitté le continent, néanmoins, je soupçonnais que l'on ne traverse pas plusieurs fuseaux horaires muni d'économies dérisoires. D'ailleurs, par extrapolation, je me questionnais sur le financement de ses études universitaires.
Je hochais la tête en signe de dénégation lorsqu'Itziar adapta le thème abordé à ma propre existence. Je pense que je risque de te décevoir... Je me suis installé à Brisbane simplement parce que son université m'avait repéré pour le football australien et que cette ville n'est pas très loin de celle où j'ai grandi. Je bus la dernière gorgée de ma bière, approuvant du regard les propos de mon interlocutrice comme quoi les premiers véritables clients - ceux qui payeraient pour leurs consommations - ne tarderaient pas. La porte s'ouvrit une poignée de minutes plus tard, un groupe constitué d'une dizaine d'habitués pénétrant les lieux puis sollicitant promptement l'espagnole pour obtenir leurs rafraîchissements favoris. Je saluais amicalement ceux que je reconnaissais alors qu'ils prenaient place à l'une des tables près d'une fenêtre teintée.
Ce serait drôle de la voir jouer au football australien, c'était le cas de le dire. Itziar ne se voyait vraiment pas jouer à ce sport, alors il y avait plutôt des chances que si elle s'y essayait, se soit une catastrophe, il n'y avait pas d'autre mot. Itziar était loin d'être une très grande sportive, c'était ça le truc. A Brisbane niveau sport clairement pour elle, ça se limitait au surf et à un peu de course à pied de temps en temps, quand elle se levait du bon pied et que l'envie lui prenait comme ça, mais c'était à peu près tout. Ca et le vélo, qui pour elle, n'était pas vraiment un sport, mais plutôt son moyen de transport de premier choix. Donc elle et le sport, on ne pouvait pas vraiment dire que c'était une histoire d'amour. Elle était même assez sélective sur ce sujet. "Je suis pas sure que ce soit très drôle pour moi par contre." Lui répond-elle. Oui ça serait sûrement drôle de la voir jouer, mais seulement pour les spectateurs, pas pour elle. D'ailleurs, elle est même certaine qu'avec sa chance, elle serait capable d'en ressortir avec quelque chose de casser, un bras ou une jambe, très probablement. Dans un mauvais jour, si le karma n'est pas de son côté, sûrement les deux. Donc pas vraiment une partie de plaisir pour elle. Après, c'était seulement des suppositions de la jeune espagnole, si ça se trouve elle pourrait se trouver une nouvelle passion, ou même un talent caché, on ne sait jamais. En revanche, la proposition d'Isaac de venir le voir jouer était bien plus intéressante pour elle, plutôt que lui la regarde jouer. "Ah, mais carrément, ça me botte plus que de jouer tu vois ?" lui répond-elle dans le plus grand des sérieux. "Faudra que tu me dises quand serait un bon jour pour que je passe voir ça et je viendrai avec grand plaisir." Quoi de mieux pour se mettre encore plus dans le bain du football australien que d'aller voir comment ça se passait en vrai et avoir en plus de ça des infos sur la tactique ? En un rien de temps elle allait devenir une pro, enfin une pro seulement sur le papier, mais une pro quand même.
Les sophistes ne disaient-ils pas que ce qui est rare est cher ? Donc un ballon signé par Isaac devrait être cher aussi non ? Peut-être pas, finalement, comme il avait dû arrêter sa carrière avant d'arriver au sommet, enfin, Itziar se contenterait d'une pièce unique, qu'elle entreposerait fièrement dans sa chambre comme si c'était un réel trophée d'un joueur célèbre qu'elle aurait fait signé à la fin d'un grand match. Elle serait même capable de lui inventer une histoire à ce ballon, elle pourrait peut-être même imprimer un des articles qu'elle avait consulté sur internet à propos du jeune homme pour le coller juste à côté, un moyen de montrer que non, elle n'est pas cinglé et que ce Issac Jensen existe bel et bien et est effectivement un joueur de football australien. Ca en clouerait sûrement le bec à plus d'un de voir ça.
"J'ai vite essayé de repérer qui ils soutenaient. J'ai même pas osé demandé au début, j'avais trop peur de me faire lyncher." dit-elle en plaisantant, même s'il y avait une part de vrai dans ce qu'elle venait de dire. Bien sûr, personne ne l'aurait lynchée pour avoir posé une question (aussi idiote pouvait-elle paraître pour quelqu'un qui été né et avait toujours vécu à Brisbane), mais elle c'était débrouillée pour deviner par déduction quelle équipe avait le soutien des personnes présentent au bar. Elle avait commencé par regarder les réactions dès qu'une équipe marquait des points puis avait ensuite fait ses propres recherches sur internet afin de voir notamment la couleur des différents maillots de l'équipe de Brisbane. Après ça, c'était beaucoup plus simple de suivre et de ne pas faire de bourde. Une tournée générale après une défaite de l'équipe locale aurait quand même fait un bide, elle avait dû se mettre à la page aussi rapidement que possible. Maintenant, elle était même au courant des matchs à venir à l'avance, c'est dire à quelle vitesse la jeune espagnole qui ne connaissait rien à ce sport un an auparavant été capable de s'adapter. D'ailleurs, il y avait des soirs de match où l'ambiance dans le bar été telle qu'elle se laissait emportée elle aussi par le jeu, ne connaissant pourtant que trois ou quatre règles à tout casser.
Il n'a pas tord, peut-être qu'elle aurait fait la une des journaux si elle ne l'avait pas rencontré. Cette une qu'il venait de proposer n'aurait vraiment pas été en sa faveur, dans 50% des cas cela voudrait dire qu'elle serait morte et dans 50% des cas cela voudrait dire qu'elle serait vivante, mais bien amochée. Pas fun, pas fun du tout. "Ou alors mon corps aurait disparu en mer, personne ne m'aurait retrouvée et comme je connaissais pas grand monde au début, personne ne ce serait inquiété et j'aurai disparu dans l'ignorance la plus totale." Ajoute t-elle au scénario avant d'ajouter. "Je préfère encore ta proposition, quitte à me faire avoir par la faune australienne, autant que ça fasse la une des journaux et que je m'en aille en faisant parler de moi." C'était effectivement beaucoup plus flatteur que d'être oubliée et donc voir son corps se décomposer dans l'océan pacifique sans que personne ne s'en inquiète. Pas très glorieux. Voire même plutôt triste.
"Ca doit être assez commun Jensen alors." Répond-elle sans que ce ne soit réellement une question, c'était plus une remarque, qu'elle aurait pu d'ailleurs faire dans sa tête. "Enfin peut-être moins que Johnson quand même." C'est vrai que des Johnson, il y en avait à la pelle et ce n'était pas seulement propre à l'Australie, mais bien à la plupart des pays anglophone. A croire qu'il y avait eu beaucoup de fils de John à l'époque. Ou que John était un prénom plutôt commun. Voire les deux. Sûrement les deux en y pensant. "Aaah t'as sûrement raison". lui répond-elle. "Ils avaient sûrement pas besoin de nom de famille, genre ils avaient juste un prénom et je pense que ça suffisait." Il faudrait sûrement se renseigner sur l'apparition des noms de famille pour en être certain, mais il y avait sûrement une époque où les gens n'avaient pas de noms de famille. Peut-être même qu'à une époque encore plus lointaine, les gens n'avaient même pas de prénom et se débrouillaient tout aussi bien comme ça. "Je suis certaine qu'ils communiquaient en faisant des gestes et en grognant à une époque." dit elle en plaisantant avant d'ajouter. "D'ailleurs si t'y pense, je suis sûre que la parole c'est juste une évolution des grognements, avec le temps on a eu plus de trucs à raconter et grogner devait plus être suffisant." Bon là on été pas vraiment sur des faits établis, elle n'en avait aucune idée et c'était plus une supposition qu'autre chose, mais elle trouvait que ça se tenait quand même plutôt pas mal comme théorie.
Il avait sûrement raison. Si elle pouvait agacer Josh, il pouvait trouver un moyen de l'agacer elle en retour, il fallait donc qu'elle l'énerve juste assez pour que ce soit satisfaisant pour elle, mais pas assez pour que lui ait envie de se venger et lui fasse payer d'une façon ou d'une autre. Il avait beau être plus vieux qu'elle et travailler là depuis un bon moment, quand il était de mauvais poil, il pouvait se comporter comme un vrai gamin et ça, clairement, Itziar ne voulait pas en faire les frais. "T'as raison, je voudrai pas qu'il me fasse la vie pendant un mois après ça. Je me contenterai d'une soirée, mais je vais quand même bien me faire plaisir." Bon elle aussi elle peut se comporter comme une gamine de temps en temps et en plus elle trouve ça hilarant.
La jeune espagnole ne peut s'empêcher de rire lorsque le jeune homme lui dit qu'il peut lui trouver un club de football théâtral. S'il savait qu'elle n'aimait pas réellement ça et qu'elle défendait ce sport par simple chauvinisme. "Oh c'est gentil !" lance t-elle avant de continuer "Mais je vais décliner ta proposition, ça me manque pas assez pour décider de me mettre à y jouer." Clairement, il y avait une bonne centaine de sports qu'elle n'appréciait pas et qu'elle préférerait pratiquer avant de s'inscrire dans un club de football "théâtral" comme il dit. "Plutôt mourir, je crois." finit elle à mi-voix comme pour se parler à elle-même. Le football, très peu pour elle. "Ouep !" répond-elle à sa question "J'ai claqué une bonne partie de ce qu'il me restait pour venir là, mais ça valait le coup." ajoute t-elle avant d'élaborer un petit peu. "La police n'a pas tout saisi quand mon père s'est fait arrêter, donc on avait encore quelques économies." Economies bien maigres par rapport à ce qu'elle avait connu toute sa vie, mais au moins ça lui avait permis de mettre les voiles. "En fait j'ai payé mon billet avec de l'argent sale quand j'y pense ... Une vraie rebelle." Finit elle en plaisantant. Même si effectivement cet argent devait bien être de l'argent sale.
"Oh non tu me déçois là." Répond-elle en faisant la moue "Je sais pas si je vais me remettre de cette déception, je m'attendais à une histoire grandiose moi." Continue t-elle un sourire blagueur se dessinant sur ses lèvres. "Je rigole. C'est cool quand même, ça t'as permis de faire un choix rapidement pour ta fac s'ils t'avaient repérés. Ca a dû être vachement flatteur aussi." Se faire repérer, c'était sûrement une des plus grandes attentes des sportifs au lycée, c'était la reconnaissance de son talent et l'ouverture vers une potentielle carrière professionnelle, c'était remarquable et soulignait bien le niveau d'une personne dans sa discipline. Elle remarqua du coin de l'oeil les clients venant d'entrer dans le bar, des clients réguliers qui venaient au moins une fois par semaine, s'asseyant en général toujours à la même table. Itziar savait qu'elle allait devoir se mettre au travail très rapidement, puisqu'ils connaissaient la carte par coeur et qu'il ne leur faudrait pas longtemps pour décider ce qu'ils voulaient boire. "Je crois que je dois me mettre au travail." Dit-elle à Isaac. "J'arrive." Lance t-elle ensuite dans la direction des clients qui venaient de lui faire signe. "Si tu veux boire quelque chose d'autre, fais moi signe." lui dit-elle "Et je t'envoie un sms pour le football australien, je compte bien venir te voir jouer. En tout cas, ça me fais plaisir de te revoir par ici." finit elle avant de laisser Isaac et de se diriger vers les clients venant d'arriver et qui semblait avoir passé le mot à tout le monde puisque le bar commençait à se remplir petit à petit. Finie la détente.