J'ai quitté mon poste un peu en retard et ce n'est pas bien grave. Kane sait ce que c'est et il se peut qu'il soit légèrement en retard, lui aussi. Je file sous la douche, quitte ma tenue de travail et enfile une jolie robe bordeaux. J'attache mes cheveux en un chignon rapide et je m'attèle au maquillage. Rien d'extravagant. Je ne me suis jamais maquillée et ce n'est clairement pas maintenant que cela va commencer. Un coup de mascara, un petit trait de liner et voilà comment je suis prête pile à l'heure. Je regarde mon reflet dans le miroir, enfile ma paire de vans noire et sors des vestiaires avec un large sourire sur les lèvres. Hannah pose sa main sur mon bras et je me retrouve à faire un demi tour pour lui faire face. Je suis dos à la porte quand elle me demande " Tu vas où comme ça ? " Je lui adresse mon plus beau sourire et souffle " Je vais prendre un petit déjeuner avec Kane, il ne devrait pas tarder, s'il n'est pas déjà devant la porte " Je ris doucement alors qu'elle me prend dans ses bras. Ça fait un petit bout de temps qu'on a pas eu le temps de se parler vraiment et ça me manque, je dois bien l'avouer. Hannah est la meilleure collègue que j'aurais pu espérer avoir et sa présence me fait beaucoup de bien. C'est la première personne à qui j'ai parlé de Kane, à qui j'ai parlé de ce que ça me faisait de le retrouver ici etc. " Pas de bêtises hein " Je lève les yeux au ciel et marche un peu à reculons. J'hausse les épaules et lance rapidement " Et la bêtise consisterait en quoi ? " Je ris légèrement et en me tournant, j'entre en collision avec... Kane. " En ça peut-être ? " J'entends mon amie rire et moi, je suis toujours là, mains sur les épaules de Kane, un sourire sur le visage. " Hey... " J'ai perdu ma langue et toute contenance. Il m'avait manqué. Vraiment très beaucoup.

Je dois dire que je suis plutôt très nerveux au boulot depuis l’autre jour. Etre prisonnier des flammes ça laisse des séquelles. Dès qu’on se retrouve sur un feu, je fais pas le fou. Je me lance pas dans des choses à risque. J’essaie d’ailleurs la plupart du temps de rester en retrait. De bosser de l’extérieur. D’aider la team comme je peux comme ça. J’ai remarqué qu’ils n’ont pas émis d’objection à ces petites modifications. Je pense qu’ils ne sont pas dupe, même si je n’ai rien dit véritablement. Je crois que je leur en suis reconnaissant, même si clairement je n’aurai pas vraiment de honte à avoir. Juste besoin d’un temps d’adaptation je pense. J’espère. Oui. Ca va revenir à la normal, certainement. Je suis confiant.

Cette fois ci je n’ai pas oublié mon rendez vous avec Wendy. Je suis même largement à l’heure. Il est 7h45 et on avait dit 8h. Je reste un peu devant l’hôpital à regarder mes messages et autres notifications. Puis je me décide d’entrer. Je souris aux membres du personnel que je connais et je me dirige naturellement vers le service de Wendy. Si je commence à discuter avec quelqu’un j’ai peur de finir en retard sur l’horaire et j’ai pas envie qu’elle pense que je la laisse tomber une fois de plus. Donc je vais être très attentif à elle cette fois. C’est Wendy d’abord, les autres après à ce moment précis.

Alors que je m’approche de la salle des infirmières, je me fais aborder par une nouvelle dans le service. On s’est croisé sur une intervention y’a quelques jours. Visiblement elle se souvient de moi parce qu’elle me fait un grand sourire en me disant bonjour.

« Hey, salut. Je cherche Wendy tu l’aurais pas vu ? Elle doit finir sa garde bientôt. »

Et là je vois le sourire de la fille qui s’en va brièvement, mais elle ne se démonte pas et m’indique que Wendy est effectivement dans la pièce que je soupçonnais. Alors je lui fais un sourire et la remercie avant de m’avancer par là bas. Je me retrouve ensuite avec une magnifique blonde qui me rentre dedans alors que j’entends les bribes d’une conversation. Un large sourire se forme sur mes lèvres parce que c’est Wendy. Mes mains se posent aussitôt sur sa taille pour la tenir. Ses pieds écrasent les miens et je baisse les yeux. Je remarque ses chaussures et OH GOD. Des vans old skool. My heart. On a les mêmes aux pieds. Je crois que ça m’émeus un peu trop parce que je sens le rouge me monter aux joues ainsi que mon coeur qui bat plus vite. Wendy est parfaite.

« Hey. »

On est très proche l’un de l’autre et je suis beaucoup trop content de la voir. J’hésite quand même, parce qu’on est pas seul. Y’a Hannah à côté et je sens le regard de l’autre nouvelle sur moi. Mais quand bien même, je vais déposer un rapide baiser sur ses lèvres pour la saluer comme il se doit. Faut que je montre qu’on est quelque chose tous les deux. Plus que des amis.

« Tu crois que tu vas pouvoir tenir toute seule ? »

Parce que je la tiens toujours.

« Mais si c’est une excuse valable je veux bien que tu restes collée contre moi. »

Je dis n’importe quoi mon dieu. Je crois que je suis beaucoup trop retourné par cette entrée en matière. Cette collision. CES CHAUSSURES. J’ai quand même un petit sourire assez timide sur mes lèvres. Je suis pas en toute possession de mes moyens.

Note à moi même : écouter les conseils de mon amie et les entendre aussi, par la même occasion. Si j'avais été un peu moins confiante et sûre de moi, rien de tout ça ne serait arrivé. Oui, je ne serais pas entrée en collision avec Kane et je ne me ridiculiserais pas devant tout le corps médical. Parce que la moitié de mes collègues ont leurs yeux rivés sur nous et ça me gêne un peu. Ses mains sur ma taille, mes mains sur son torse, je le regarde droit dans les yeux et ne bouge pas. On a l'impression que j'ai croisé le regard de Méduse parce que je suis là, stoïque, immobile et c'est aussi étrange qu'agréable. " Hey " Que je souffle après lui, mes yeux toujours collés sur son doux visage. Sur ce visage qui m'a terriblement manqué. Mais surtout celui qui aurait pu ne plus être aujourd'hui. Oui, j'ai peut-être été un peu perturbé par cet accident l'autre jour. Kane, mon doux Kane... Et pourtant, j'en vois défiler des pompiers pour des check ups après des incidents mais ça ne m'avait jamais frappé jusqu'à cette soirée avortée... Et alors que je m'apprête à lui demander comment il va, ses lèvres se posent doucement sur les miennes. Choquée. Perturbée. Mais absolument subjuguée. Et perdue aussi, bien entendu. " Hein ? " Que je demande en le dévisageant. Quoi, il a dit quoi ? Et je souris doucement. " Oh parce que j'ai besoin d'une excuse ? Et c'était quoi, ton excuse pour ce baiser ? Un bisou magique parce que t'avais peur que je me sois fait mal ? " Je suis un petit peu moqueuse mais c'est surtout pour me détendre parce que là, je suis une vraie pile électrique et j'ai terriblement envie d'hurler et de sauter de joie. Mes yeux toujours dans les siens, je mordille très légèrement ma lèvre inférieure et c'est la voix d'Hannah qui me fait revenir sur terre. " Bonne soirée les tourteraux ! Dégagez d'ici avant que je vous foute dehors " Qu'elle lance en riant avant de repartir à ses occupations. " On ferait mieux d'y aller, elle est pas très commode ces derniers jours " Soufflais-je en haussant les épaules. Et ma main droite glisse sur le bras de Kane pour finir sa course dans sa main. " Ça va depuis l'autre soir ? " Que je demande en me dirigeant vers la sortie des urgences. " Je meurrrrs de faim, on va où ? " Simple question. Et s'il n'a rien prévu, il y a des tas de choses à faire dans le coin ou près de chez moi. Je ne connais pas encore tout ici mais bon, l'idée est là.

C’est vrai qu’elle n’a pas besoin d’excuse pour se coller à moi. Je souris en l’entendant. Elle me demande à propos du baiser et je suis surpris. Est-ce qu’elle plaisante ? J’aurai dû esquiver ? J’avais juste envie de lui montrer qu’on est quelque chose de plus que des amis tous les deux. Peut être qu’elle ne nous prend pas de cette façon là. Je suis confus et puis je me rends compte qu’elle se joue de moi. Je suis beaucoup trop naïf. Elle se mordille la lèvre et j’ai juste envie de l’embrasser carrément, mais je vais éviter les trop grandes effusions en public.

« Parce que j’ai besoin d’une excuse ? »

Je reprends ses termes avec amusement. Un petit sourire se trouvant sur mes lèvres. Elle a l’air contente de me voir. Hannah nous fou gentiment dehors et Wendy me dit qu’elle va pas top ces derniers temps. J’oublie ça bien vite quand je sens la main de ma Wendy se glisser dans la mienne. J’aime le contact. On prend le chemin vers la sortie et elle me demande comment ça va. Je ne sais pas trop si je dois lui dire la vérité ou non. C’est tout un débat dans ma tête et elle demande où on va manger avant que j’ai le temps de lui répondre. Alors je prends la perche qu’elle m’a tendue pour ne pas m’étendre sur le sujet.

« Y’a le dinner juste en face qui est pas mal. »

J’ai pris beaucoup de petit déj par là bas au milieu de mes gardes quand j’étais ambulancier. A emporter oui. On a pas franchement le temps de rester sur place. Ma main dans celle de Wendy je la caresse doucement. J’aime beaucoup trop le contact.

« Et après le petit déj tu veux faire quelque chose ? »

Parce que j’aimerai  bien passer le plus de temps possible avec elle. Après c’est peut être maladroit de tenter de planifier les choses comme ça, je devrais me laisser aller au fil de la journée qui passe. J’ai effectivement peut être envie de la faire venir chez moi afin qu’on soit dans un lieu tranquille elle et moi, mais je ne vais pas lui dire. Je ne veux pas brûler d’étapes ou paraître trop pressé ou quoi. Je pense même pas au sexe en plus ! Juste pouvoir l’embrasser en toute intimité et tout ce que ce genre d’activité peu entraîner…

« J’ai rien en tête juste je me demande comme ça. »

Pourquoi je dis ça ? Ca sonne encore plus suspicieux en fait… Bordel, je crois que je suis nerveux. Non, j’en suis sûr. En tout cas nous voilà dehors, devant le dinner.

J'ai un sourire béat sur mon visage quand je vois Kane et j'ai envie de me gifler. J'ai vraiment envie de le faire mais avec ses lèvres sur les miennes, même pour quelques secondes, je me dis que c'est là que j'ai toujours voulu être, que c'est là que j'aurais toujours dû me trouver. " Non t'as besoin d'aucune excuse… " Que je souffle avec un léger sourire sur le visage. Il y a quelque chose d'indéniable, de fort et de complètement ouf entre nous. Je ne sais pas ce que c'est, c'est beaucoup trop nouveau pour moi et cette envie d'être proche de lui, cette passion et cette main qui glisse dans la sienne, ce n'est pas ce à quoi je suis habituée en temps normal. Peu fan des démonstrations publiques, préférant tout garder pour l'intimité mais avec lui, tout est différent. Il est un IL pour commencer, et pas un ELLE. Et ça, c'est quand même super important. Je ne fais pas plus attention que ça à Hannah qui se moque ouvertement de moi et on sort rapidement des urgences, main dans la main. Je suis sur un petit nuage et je ne veux pas en redescendre, pour sur. Je lui demande comment il va juste pour prendre la température et aussitôt, je me ravise. Il sait qu'il peut m'en parler quand il veut et je ne veux pas le forcer. S'il veut revenir dessus, il peut. S'il préfère laisser la question en suspens, je ne lui en voudrais pas. " Faisons ça alors " Que je lui souffle en me dirigeant vers le passage piéton, sa main caressant la mienne. Sourire sur le visage, je passe une main dans mes cheveux, un peu embarrassée par sa question. Un peu mais pas tant que ça non plus. J'ai très envie qu'il vienne à la maison, qu'on se pose dans mon lit et que l'on se repose tout en discutant, devant un film ou autre. Je ris alors qu'il dit qu'il n'a rien en tête. " Détends toi Kane. Je vais pas te lapider parce que t'as absolument rien prévu " Que je lui lance avec mon plus beau sourire, moqueuse et heureuse. " J'ai rien en tête non plus. Pas un truc trop épuisant parce que je bosse à 19h et il faudra que je me repose un peu… " Que je souffle en embrassant sa joue avec délicatesse une fois que nous sommes devant le dinner. " Il faut aussi que je nourrisse Clochette parce que sinon elle va me saccager la maison… " Je ne sais pas si je lui ai déjà parlé de mon chat mais si ce n'est pas le cas, maintenant il va savoir qui c'est et peut-être faire sa connaissance. J'entre dans le dinner, obligé de lâcher la main de Kane pour entrer. Un signe au serveur pour indiquer que nous sommes deux et on se retrouve rapidement à un booth, au fond du dinner. " Ça a été le boulot aujourd'hui ? Nuit plutôt calme aux urgences alors je suppose que de votre côté aussi ? " À moins qu'ils aient été appelés sur de gros feux plus loin en ville, feux dont les blessés n'ont pas été envoyés là où je bosse. Depuis le code black de la dernière fois, on est prêt à tout gérer ! C'est une question un peu moins large que celle précédemment posée. Mais ça me permettra surement de prendre la température aussi et ce n'est pas plus mal.

La voir sourire comme ça remplit mon coeur de joie. Elle est beaucoup trop parfaite. Je crois que j’en perds mes mots pour la qualifier. Mon cerveau gèle et je me retrouve comme un con perdu dans ma contemplation. Heureusement j’arrive quand même à rester un peu les pieds sur Terre. Elle est opé pour le dinner. Parfait. Elle doit sentir que je suis un peu nerveux parce qu’elle me dit de me détendre. Faut dire que cette remarque que j’ai fait était vraiment pas top. Je m’en veux encore. Mais l’amour ça me fait dire des conneries. Je suis pas du tout habitué. C’est la première fois qu’une fille me fait perdre la tête comme ça. Plus que juste pour du sexe je veux dire. C’est vrai que j’en ai eu d’autres qui ont réussi à me retourner le cerveau mais c’était surtout mon entrejambe qui réagissait. Là c’est mon coeur. Mon petit coeur qui se gonfle d’amour à chaque fois qu’il voit Wendy. Elle veut pas faire un truc trop épuisant. Je mets de côté l’idée de lui faire l’amour comme jamais pendant des heures. Mais clairement c’est sur ma bucket list.

La voir me fait oublier mes tracas de ces derniers jours. Ca fait un bien fou. J’ai juste l’impression que je vais être encore plus accro à elle si c’est possible. Une chose est sûre, je vais tenter de prévoir une autre sortie ensemble avant qu’on se quitte. Je veux que ce soit de plus en plus fréquent. J’en ai trop besoin.

« Moi aussi je bosse ce soir. »

Au moins nos emplois du temps ont l’air de concorder plutôt bien et c’est une bonne chose. J’ose pas imaginer si en plus on se loupait à cause du boulot.

« Clochette ? »

Ca doit être un animal de compagnie mais je n’en sais pas plus alors je demande. On entre dans le dinner, on se fait installer dans un coin tranquille et je suis un peu déçu de devoir lâcher sa main. Je regarde un peu le menu et elle demande à propos du boulot. Pas vraiment le sujet que j’ai envie d’aborder mais je comprends qu’elle se questionne.

« Ca a été oui. Calme aussi de notre côté. Pas de fatalité ni de blessé grave. Une bonne nuit. »

Je mets mon nez dans le menu, même si je sais déjà ce que je veux. Je regarde pour la forme. Je le repose assez vite d’ailleurs. J’observe Wendy qui est en train de choisir et je meurs d’envie de la prendre en photo mais j’ose pas. Ca ferait trop creep. Je lui demanderai une photo si je me trouve le courage. Une selfie, à deux, ça peut être sympa.

« Je vais prendre les toasts végétariens avec des oeufs. Un chocolat chaud aussi. »

Je lui dis pour son information. Je la quitte pas des yeux, fixant mon regard au sien dès qu’elle lève la tête du menu. Le serveur, un petit jeune qui me dit quelque chose, prend notre commande et puis je reporte toute mon attention sur Wendy.

« Ca me fait vraiment du bien de te voir. De passer du temps avec toi… Faut qu’on fasse ça plus souvent. »

Je crois que c’est maladroit de dire ça parce qu’on est qu’à l’étape des rendez vous. Enfin je crois. Si on traine ensemble souvent ça n’aurait pas ce côté romantique et officiel. Je m’en fou un peu au fond. Je sais juste pas si c’est son cas à elle.

« Si ça te tente… J’ai pas envie d’attendre une semaine pour te revoir. »

Je tends mon bras sur la table pour aller poser ma main sur la sienne. J’ai besoin de contact, même infirme comme celui là.

« Y’a quelques shows pas mal qui sont prévus cette année. Si t’as envie qu’on aille en voir ensemble… De tête je me souviens que y’a Parkway Drive, Panic at the disco, Taylor Swift. Y’a même Céline Dion qui passe ! »

Sûrement beaucoup d’autres mais là c’est les gros noms dont je me souviens. C'est plus loin que dans une semaine mais j'avais envie de lui en parler avant de proposer à quelqu'un d'autre de venir avec moi.

La seule raison pour laquelle j'ai proposé de se retrouver autour d'un petit déjeuner l'autre fois est assez simple : je sais que Kane a les mêmes impératifs que moi et qu'on ne va donc pas passer des heures au restaurant, des heures à marcher en ville ou à faire je ne sais quoi. On a tous les deux besoin de se reposer à un moment donné et d'être en forme pour la garde de demain. On est sur la même longueur d'onde, en quelque sorte et ça fait un bien fou, je dois l'avouer. Ça fait bien longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Et quand il m'interroge sur l'identité de Clochette, je le regarde avec de gros yeux. " Oh mon dieu. Je ne t'ai jamais parlé de Clochette ??? C'est ma chatte. Je l'ai depuis 2013. T'es pas allergique au moins ? " Non parce qu'alors là, ça serait la fin du monde et bien comme il le faut. Mais bon, je ne l'ai jamais vu éternuer en ma compagnie et je suis persuadée d'avoir des poils de chats un peu partout autour de moi voire même sur moi à longueur de temps. Je fais tout mon possible pour m'en débarrasser mais ce n'est pas toujours faciles. Les bandes collantes ça fonctionne bien mais il en reste toujours un peu. C'est comme pour tout. C'est rare de pouvoir finir le pot de confiture entièrement. " Une nuit comme on les aime " Que je souffle doucement, un léger sourire sur le visage. C'est le genre de nuit que j'aime parce qu'on vraiment être attentif avec les patients et la salle des urgences ne débordent jamais. Et puis je dois dire que depuis que Kane a eu son accident, j'ai peur de le voir débarquer sur un brancard. Doux Jesus que j'aurais pété un câble si je l'avais vu débarquer ce jour là… Le serveur est rapidement près de nous et je souris. " Je vais prendre les oeufs Bénédicte saumon avec un jus d'orange et une carafe d'eau s'il vous plait " Que je lance rapidement, fermant ma carte pour lui tendre et poser, à nouveau, mon regard sur Kane. Si beau, si rayonnant face à moi. " Faut absolument qu'on fasse ça plus souvent ouai " Que je souffle comme une ado de douze ans face à son amoureux du moment. Je me ressaisis doucement, passant une main dans mes cheveux avec un léger sourire. Et je crois qu'on a parlé plus ou moins en même temps parce que je capte quelques mots de sa phrase. Forcément, ça me fait rire. Le serveur apporte la carafe d'eau et je me sers rapidement un verre, ainsi qu'à Kane s'il en souhaite un. " Nos emplois du temps ont l'air de concorder donc on pourra se refaire ça un jour bientôt. Peut-être chez moi la prochaine fois ? Histoire de pouvoir s'endormir sur le canapé si on est trop fatigué " Pourquoi est-ce que je dis ça moi ? Je suis clairement entrain de l'inviter à la maison et… Je n'attends que ça. Être enfin dans l'intimité, pouvoir sourire et rire sans avoir peur que qui que ce soit me regarde de travers ou fasse une remarque du genre "regarde là moi, cette bécasse". Je me fiche des avis des autres, en temps normal, mais là… J'aimerais que tout soit parfait. Même si, disons le simplement, rien n'est jamais parfait. Et maintenant que j'ai parlé de s'endormir sur le canapé, c'est ce que j'ai envie de faire : m'endormir dans ses bras, sur le sofa. Sa main sur la mienne, ça me ramène directement au dinner et je l'écoute. " Tu m'as eu à Panic at the Disco et achevé à Taylor Swift " Que je souffle légèrement. " Y a Pink aussi en aout… Je peux pas manquer ça ! Je sais pas si t'aime… Elle fait sept dates il me semble, on peut en trouver une en commun si ça te dit " Je souris légèrement et tourne doucement ma main pour que nos paumes se touchent. Je lui souris et nos commandes arrivent tout aussi vite. Obligés de se séparer à nouveau parce que oui, j'ai besoin de mes deux mains pour manger. Je lui souris doucement et souffle un " Bon appétit " Je n'ai pas le temps de couper mon toast que mon téléphone sonne. Et c'est une sonnerie bien spéciale. C'est la chanson préférée de ma mère qui n'est que sa sonnerie. Comme ça je sais que je dois décrocher même en pleine nuit. Je fronce les sourcils, décroche et écoute ma mère parler. " Ça va pas maman ? " Que je demande inquiète. Mais rapidement, mon air anxieux disparait pour un large sourire. " Oui je suis avec Kane maman… Au dinner en face de l'hôpital " Je souris au jeune homme et lui souffle, après avoir posé ma main sur le téléphone " Elle voulait savoir si tu m'avais oublié une nouvelle fois " J'hausse les épaules, un peu joueuse et taquine. J'écoute les torrents de mots de ma mère et finis par ouvrir gros les yeux. " Mais ça va pas maman ! Oui oui c'est ça, allez, à ce soir " Que je raccroche après ce qu'elle vient de me dire. Oh my god. C'est la première fois de ma vie que ma mère me parle de préservatifs, lubrifiants et tout ce qui va avec. Enfin, aussi directement et avec un homme comme partenaire. Doux Jesus, j'en suis presque choquée, abasourdie et je comprends fatalement que ça pourrait arriver et que je ne sais pas si je suis prête. J'esquive le regard de Kane et enfonce une fourchette pleine de toast et saumon dans ma bouche.

J’ouvre de grands yeux quand elle parle de sa chatte. Je tente de me reprendre assez rapidement pour ne pas qu’elle remarque ma réaction. C’est un chat, au féminin, c’est tout ce que c’est, mais la façon dont elle l’a dit, je m’y attendais pas.

« Non non pas allergique. »

Mais pas fan non plus. Les animaux de compagnies, ça me connait pas, j’en ai jamais eu. J’ai toujours dit que les chats c’était comme des mini tigres et franchement ça me rassure pas cette image. Je suis sûr que je ferai un truc étrange le jour où je serai dans la même pièce que son chat. En espérant qu’il ne s’approchera pas trop de moi.

J’approuve son choix de petit déjeuner. J’aime aussi beaucoup les oeufs bénédicte, mais moins enthousiaste pour le saumon. J’espère qu’elle va pas trop puer le poisson après coup parce que je compte bien l’embrasser au moins une fois de plus avant de la laisser tout à l’heure. Elle aussi veut qu’on se voit plus et ça me fait du bien de l’entendre. Maintenant qu’elle l’a dit, elle va devoir s’attendre à des invitations de ma part assez fréquemment. A commencer par aujourd’hui là maintenant. Elle se passe une main dans les cheveux et j’ai très envie d’en faire de même. Dans ses cheveux à elle. Nicher mon nez et sentir son odeur. Ok elle sort d’une garde mais je suis sûre qu’elle sent divinement bon quand même. J’ai pas eu l’occasion de m’attarder là dessus encore aujourd’hui. On verra si j’ai l’occasion de le faire, subtilement bien sûr.

Je prends mon verre d’eau quand elle le remplit et bois une gorgée alors qu’elle parle de nos emplois du temps. Elle m’invite chez elle. Okay, elle est plus rapide que moi pour lancer les invitations. Elle est tellement parfaite.

« J’approuve la sieste sur le canapé ! »

Parce que je me l’imagine que trop bien. Elle dans mes bras. Oh god, je veux. C’est donc adjugé, pour « un jour bientôt » que je traduis comme « cette semaine ». Dans pas longtemps. Mon visage s’illumine quand elle approuve Panic at the disco. Je savais que Taylor Swift serait une valeur sûre, j’aime bien certaines de ses chansons et elle doit certainement faire un sacré show, mais je suis pas fan pour autant. Alors que Panic, c’est une autre histoire. D’ailleurs j’ai toujours pas acheté leur dernier album, c’est une honte, il faut que je le fasse dès que je me retrouverai sur mon ordi. Elle parle de Pink, j’approuve.

« Jamais vu mais je dis pas non ! »

Elle joue un peu avec nos mains et je nous regarde faire. J’aime excessivement ce geste simple. Mon coeur bat plus vite. J’en reviens toujours pas d’être avec elle comme ça, clairement en tant que couple. Je suis le mec le plus chanceux du monde. Je caresse sa main délicatement, la laissant mener la danse, sans jamais rompre le contact. Sauf que nos plats arrivent et on est obligé d’arrêter nos caresses.

« Bon app. »

Couteau, fourchette, je vais pour manger quand elle s’interrompt à cause de son téléphone. Je l’attends du coup. Poli. Toujours. En plus c’est sa mère d’après ses premiers mots. D’ailleurs ça me rassure pas ce qu’elle dit. Je l’imagine déjà en pleine urgences devoir me quitter dans les secondes qui arrivent mais non. Elle se détend, moi aussi. Je sens le rouge me monter aux joues d’un coup quand elle parle du lapin que je lui ai posé. Merci de me remémorer ça… Je me dis qu’elle doit toujours m’en vouloir un peu, sinon je ne vois pas pourquoi elle ferait une remarque de ce genre. Je tente un sourire comme pour rebondir sur sa vanne mais clairement je suis un peu pétrifié. Je ne sais pas ce qui s’est dit mais elle a vite raccroché et elle s’est mise à manger aussitôt. Une aubaine, elle n’a pas remarqué mon air, je respire un peu et commence à manger mon assiette. Nos regards s’esquivent et sur le moment, ça me va. Je laisse passer un instant, parce qu’en vrai, j’ai très faim. Je mange vite. Je fais une pause avant d’attaquer la seconde moitié.

« Je t’ai pas dit… Je vais aller en Angleterre pendant un mois en août. »

Je ne sais pas si c’est une bonne idée de lui dire que j’y vais avec une fille mais… Je suis bien trop naïf et honnête pour ne pas lui donner cette information.

« J’y vais avec Ariane. Ca va nous rappeler des souvenirs un road trip tous les deux. »

Comme au bon vieux temps.

« On va faire Leeds Festival. J’ai trop trop hâte. »

Et ça se sent dans ma voix que je suis tout excité à cette idée. C’est THE festival.

« En plus y’a Deaf Havana, Fall Out Boy, Panic at the disco, Post Malone, Kings of Leon, Don Broco, Hollywood Undead… »

Je dis tout ça d'une traite, je reprends ma respiration pour continuer après deux secondes de reflexion.

« Sum 41, Mike Shinoda… Et j’en oublie sûrement d’autres mais déjà rien que ça… Je vais mourir. »

Façon de parler. En tout cas le moment malaise est bien passé maintenant que je parle de musique et de mes projets. Je suis trop enthousiaste par tout ça. Ca fait juste des années que j’attends de faire ce voyage et 2018 c’est enfin programmé !

J’en oublie mon plat.

Ce n'est pas toujours facile de conjuguer vie privée et vie professionnelle et je le sais. J'ai assez vu mes parents se débattre avec ça, tenter de sortir de la base militaire tous les deux, pour profiter. Alors maintenant que je suis décidée à laisser entrer Kane dans ma vie, je veux tout faire pour que ça fonctionne et pour que ce soit bien moins difficile que ce que mes parents ont connu et que ce que mes collègues connaissent. Surtout qu'avec Kane, si on est sur des shifts différents, c'est impossible de se voir à moins de passer par la caserne pour moi et par les urgences par lui. En tant que visite et non patient, bien entendu ! C'est pour ça que je l'invite à la maison, pour bientôt. Avant ça, il va clairement falloir que je fasse les courses et le ménage. J'aimerais tellement trouver un colocataire aussi pour m'aider dans le paiement des factures et pour me sentir moins seule. Il faut que je me penche sur la question… Mais en attendant, prévoir des tas de choses avec Kane me semble plus intéressant. Je pourrais lui demander s'il n'a pas de collègues qui cherchent une colocation plus tard. " Alors on prévoit ça ! Panic At The Disco, Taylor et Pink ! Ça pourra pas être aussi bien que Paramore l'autre fois mais bon… " En fait, ça ne pourra pas être mieux sur un point de vue osmose entre nous mais relation à l'environnement extérieur, pas franchement difficile de faire mieux. " Les filles vont bien au fait ? " Que je demande rapidement. Je n'ai de nouvelles d'aucunes mais ce n'est pas comme si nous avions été de grandes amies par le passé. Peut-être Lene un peu. Et encore. Je ne la croise même plus dans le quartier, c'est pour dire. " Toi aussi ! " Que je souffle avant de commencer à manger. Enfin, j'aimerais bien mais ma mère m'appelle et c'est la conversation la plus embarrassante que j'ai eu à avoir de toute ma vie. Je l'aime, ma maman, mais elle est beaucoup trop protectrice et folle. Ce n'est pas bon pour moi, ni pour la couleur de mes joues. Alors quand je raccroche, mes yeux se posent sur mes oeufs et mon saumon. C'est mieux, bien mieux. Une bouchée, deux bouchées et je manque de m'étouffer quand Kane me dit qu'il part en Angleterre pendant un mois en août. Je tousse réellement, sentant une petite feuille de mâche collée dans mon oesophage. Je tousse doucement, bois de l'eau et le regarde avec un léger sourire. Il me faut quelques secondes pour retrouver mes esprits. " Cool " Et tout aussi sec, j'apprends qu'il y va avec Ariane. Un road trip. Comme quand on s'est rencontré. Je le regarde, l'écoute, tente d'enregistrer toutes les informations, bien qu'incapable d'y arriver réellement. Je connais la majorité de ses groupes. L'Angleterre est un pays magnifique mais… Mais ça craint. Devoir se séparer pour un long mois. Ça me fait chier, ça me pince le coeur mais je ne dis rien. Je préfère enfoncer un bout de saumon dans ma bouche quand il me dit qu'il va mourir. Et moi dont. Il va m'oublier, on va se perdre de vue. C'est le même schéma. Ou pire encore, il va rencontrer une anglaise, tout comme il m'a rencontré il y a plusieurs années. Frustration, estomac tordu, je lui adresse un sourire en attrapant mon verre d'eau. " C'est vraiment cool ! L'Angleterre est un pays magnifique pour avoir pu le visiter avec ma mère… " Que je souffle doucement. Oui, c'est rien de le dire. Et puis j'y ai vécu. Je m'apprête à dire que les anglaises sont pas mal mais me retient. " Il va définitivement falloir qu'on se voit plus avant que tu partes. Je voudrais pas que tu trouves une Wendy là bas et que tu m'oublies " Je ris légèrement mais pas tant que ça. Ce rire est faux, cette joie qu'on peut lire sur mon visage n'est un masque. Parce que maintenant que je suis sûre que je veux tenter quelque chose avec lui, aller plus loin, se découvrir… Il me glisse entre les mains. Et ça, ça craint. Et je le prends vraiment mal quand j'y pense. Ça ne me ressemble pas pourtant. Peut-être que … ? " Vous avez déjà préparé votre itinéraire ? " Que je demande, m'intéressant à tout ça, continuant de manger pour oublier tout ce qui se passe dans ma tête.

Elle dit que ça ne pourra pas être mieux que Paramore mais j’en doute. Ca sera forcément mieux que Paramore à mon sens. Parce qu’on sera que tous les deux cette fois, je ne mettrai pas deux amies dans le malaise, parce que oui c’est sûr c’est ce qu’il s’est passé. Leurs absences de réponses à mes messages, je ne l’ai pas oublié. Le temps a passé et je suis quand même soulagé de voir qu’elles ne m’en veulent pas particulièrement. C’est quand même vrai qu’il y avait une ambiance particulière à Paramore, parce que PARAMORE ! C’était la boucle qui a été bouclé, même 8 ans plus tard et c’est pas rien. Wendy l’a senti comme une soirée spécial et au fond c’est ce qui compte. Elle me demande à propos de Lene et Ariane. J’hoche la tête.

« Ouais, elles vont bien. »

Je suis vague parce que j’ai pas spécialement envie de raconter plus de détails les concernants. Wendy ne les connait pas plus que ça et j’ai pas envie de l’ennuyer avec ça alors que je suis sûre qu’elle a demandé ça par pure politesse.

Quand je mets le sujet de l’Angleterre sur le tapis je remarque qu’elle s’étouffe et je me dis que c’est pas bon signe. Ca la dérange ? J’ai prévu ce voyage depuis tellement longtemps, je ne compte pas le faire tomber à l’eau juste parce qu’elle n’aime pas cette idée. J’avoue que j’aimerai bien passer le mois d’août avec Wendy mais ça va passer vite, j’en suis sûr.  Je vais tellement m’amuser là bas, je le sens d’avance. Ou pas. J’ai tellement de grandes attentes que je vais peut être être déçu. Non. Impossible. L’Angleterre j’en rêve depuis tellement longtemps. Tous ces concerts qui se passent là bas de mes groupes favoris que je n’ai pas eu la chance de voir ou que très rarement parce que l’Australie c’est le bout du monde pour eux. Ces pensées ne m’empêchent pas d’être enthousiaste sur mon récit, je peux juste pas faire autrement. Mon excitation est palpable. La non réaction de Wendy en dit long aussi. Elle continue de manger puis m’adresse un sourire pour me dire que c’est cool. Je sais pas pourquoi je la sens une fois de plus juste dans la politesse. Je n’aime pas trop ça au fond, mais je n’ose pas lui dire le fin mot de ma pensée… Pourtant je m’étais promis d’arrêter de cogiter et d’agir plus. Il faut vraiment que je fasse ce que j’ai dit. Il ne faut pas qu’il y ait de filtre entre Wendy et moi. Qu’on soit honnête. Je ne veux pas d’une relation basé sur des faux semblants. Je veux du vrai, même si ça veut dire ne pas être toujours d’accord.

C’est vrai qu’elle a visité l’Angleterre plus jeune. Elle a fait un joli tour avec sa mère. C’est beaucoup de chance. Elle doit donc quand même comprendre mon besoin d’explorer un peu plus mes horizons, même si ça veut dire passer du temps sans elle. Je me sens soulagé quand je l’entends parler de ses craintes que je trouve une autre fille là bas. Elle a donc osé faire une remarque à propos de ce qui la dérange. Un doux sourire se forme sur mes lèvres et j’ai très envie d’aller poser ma main sur la sienne mais elle est en train de manger ça le fait pas trop.

« Impossible que je t’oublie. »

Ca sonne comme le moment parfait pour lui confesser que j’ai écrit deux chansons inspirée d’elle. Qu’elle est constamment dans mes pensées. Mais… J’ose pas. Kane t’es vraiment trop nul. Tu t’es promis d’oser les choses ! Hop hop hop ! Elle relance la conversation à propos de mon voyage, peut être qu’elle s’intéresse vraiment au fond.

« Oui on va faire une partie de la cote sud, puis Londres et on remonte tranquille jusqu’à Leeds. Je sens que ça va être juste un mois, mais c’est mieux que rien. »

J’ai même pensé à rester plus longtemps ensuite, tout en sortant une excuse à mon boulot mais je ne sais pas si je vais aller jusque là. Je suis beaucoup trop respectueux des règlements pour oser faire un truc pareil.

« Si t’as des endroits que tu recommandes j’essayerai de les caser dans notre planning. »

Je reprends de manger et j’arrête pas de repenser à ses paroles. « Je voudrais pas que tu trouves une Wendy là bas et que tu m’oublies. » Y’a pas de raison, non ? Non. J’ai un trop gros coup de coeur pour Wendy. Je doute trouver une fille qui me correspondent mieux qu’elle. Clairement y’aura pas de sexe pendant ce roadtrip et ce sera moins fun que mon tour de l’Australie. Enfin… Ca c’est si on est officiellement ensemble elle et moi. Peut être qu’il serait temps de mettre des mots sur notre histoire.

« J’ai l’impression qu’on est sur la même longueur d’ondes mais… Je préfère demander. L’entendre de ta bouche. Une confirmation… »

Putain Kane tu sais pas formuler tes phrases quand t’es nerveux. Oui. Je suis nerveux.

« Tu nous considères ensemble ? Parce que… C’est mon cas mais… Je sais pas si c’est aussi le tiens. Enfin, savoir que tu veux pas être remplacé ça veut tout dire mais… Enfin… Je préfère savoir si on est exclusif tous les deux. »

Oups. Peut être que cette précision d’exclusivité était un peu maladroite parce que ça sous entend des choses. Le rouge me monte aux joues et j’essaie de me justifier autant que je peux avant qu’elle ne puisse prendre la parole.

« Pas que je veux aller voir ailleurs mais si jamais on est pas exclusif ça laisse penser que je peux mais je sais pas alors je demande… »

Mon dieu Kane, tu t’enfonces. Pourquoi faut-il que le sexe soit au centre de la conversation?

« C’est secondaire le sexe. Je dis pas ça pour qu’on… »

KANE. TAIS TOI. En plus tu mens un peu. Ca reste important même si tu peux patienter.

« Je t’apprécie plus que juste pour ça. »

Est-ce que j’ai évité le pire avec cette dernière phrase ? Aucune idée. J’ai juste envie de m’enterrer six pieds sous terre.

« Apprécier c’est léger comme mot… »

Mais j’ai beaucoup trop peur de lui dire je t’aime. Même si clairement, je suis fou d’elle. OK KANE TU TE TAIS MAINTENANT.

Je ne peux pas nier le fait que de le savoir parti pendant un mois à l'autre bout du globe me fait chier. Et ça ne devrait pas. Il fait ce qu'il veut. Bien entendu qu'il fait ce qui lui chante mais j'aurais tellement aimé passer ces journées avec lui. Le temps commence à décliner à Brisbane et une soirée devant la télé à s'enlacer n'aurait pas été de refus. Mais je n'ai rien à dire. Et puis, je sais qu'il va en prendre plein la vue avec l'Angleterre. Magnifique pays. Les gens sont merveilleux là bas, souriant, toujours prêt à aider. Et je ne dis pas ça parce que ma mère est anglaise, loin de là pardi. Bon peut-être un petit peu. Je souris doucement quand il me dit qu'il est impossible qu'il m'oublie. J'aimerais vraiment y croire et pourtant… Pourtant, je doute de moi plus que jamais. Je n'ai rien de plus que les autres, loin de là même. Et qu'est-ce qu'on est tous les deux ? Je n'en sais rien. Je l'apprécie vraiment. Il fait battre mon coeur comme peu de personnes ont réussi à le faire. " C'est court un mois, c'est sur mais tu peux voir beaucoup de choses quand même.. Et puis, ça te donnera une excuse pour y retourner plus tard. Faire l'Irlande, le reste de l'Angleterre, l'Écosse, l'Europe carrément ! " Comme ce que j'avais fait avec ma mère une fois qu'elle avait quitté mon père. On avait surtout fait les grandes villes, on aurait des mois de voyage à faire mais ce n'était plus d'actualité. " Pas de soucis, je penserai à ça.. Et si tu pouvais me ramener une tasse officielle de Meghan et Harry, je te serai reconnaissante à vie " Les couples princiers, c'est ma faiblesse. Je planque ma tasse du mariage de Kate et William au fin fond de mon placard quand il y a des invités mais il m'arrive très souvent de boire mon chocolat chaud dedans. J'ai un peu honte de cette 'passion' en temps normal mais avec Kane, ça me semble tout ce qu'il y a de plus normal d'en parler. Avec lui, c'est beaucoup trop facile. Et c'est peut-être pour cela que j'ai un léger goût amer en bouche en pensant qu'il va filer un long mois. C'est plus fort que moi, j'y peux rien, je suis comme ça. Et rapidement, cette conversation prend un tournant plus… officiel et sérieux. Je ne m'attendais pas à ça. Il veut entendre quelque chose sortant de ma bouche. Bonjour ? Je pose mes couverts et bois un peu d'eau en l'écoutant. Mes yeux ne le quittent pas et je ne l'interromps pas. Il est lancé alors autant en profiter. Et je ne sais pas quoi répondre. On est exclusif. De mon côté c'est bien clair mais il semblerait qu'il ait besoin d'être rassuré. Ou alors que je lui enlève cette épine du pied, que je lui donne le feu vert d'aller copuler avec toute l'Angleterre. Mais il éclaire rapidement ma lanterne. Il ne veut pas aller voir ailleurs. Je n'arrive pas à décrocher mon regard du sien et mon coeur fond un peu plus à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Il est bien trop mignon pour son propre bien. Un être humain comme ça, ça ne devrait pas exister. " C'est la version 2018 de "est-ce que tu veux sortir avec moi ?" " Que je demande avec un petit rire, passant une main dans mes cheveux, glissant une mèche derrière mon oreille. " Si c'est la question, la réponse est oui, j'ai très envie d'être ta petite amie " Je ris quelques secondes. Plus pour faire passer la gêne de prononcer ces mots qu'autre choses. On a vraiment l'air de deux collégiens, c'est pitoyable. Mais je trouve ça tellement mignon et à notre image : des années de retard sur cette relation. " J'espère que tu m'apprécies plus que juste pour t'envoyer en l'air avec moi… Sinon, dis le tout de suite histoire de m'éviter la peine de coeur qui suivra " Que je souffle, sur le ton de la confession, un rire plutôt embarrassé ponctuant la fin de ma phrase. Il vient de le dire, ce n'est pas ça, loin de là même visiblement. Et je me lance sur la bande glissante. Sans protection, j'y vais. " Je te suis très reconnaissante pour pas me pousser dans ce qui est 'secondaire' comme tu le dis mais… je comprendrais si jamais tu en as marre et veux aller voir ailleurs. Je comprendrais très bien " Mais là encore, qu'il m'évite de tomber encore plus sous son charme et le dise tout de suite. Il peut m'achever maintenant, ça ira. " Je sais que c'est pas une relation simple avec moi… Et je suis désolée. 'Fin, si tu cherchais la simplicité, t'es mal tombé " Je ris légèrement et le regarde droit dans les yeux. Je sais bien que ce n'est pas facile, que je n'ai rien des autres filles. Attendre le deuxième, troisième, quatrième rencart ? Ça serait si facile ! Mais mes soucis sont plus difficiles à gérer qu'une simple courbe statistique. " Kane, moi aussi je t'apprécie plus que bien. Et j'ai pas envie que tu partes en pensant que c'est pas le cas " Je me lève doucement et me pose à côté de lui sur le banc. Je lui adresse un sourire. " Je rigolais pas tant que ça quand je disais que je voulais être ta copine hein… " Que je souffle avant de poser mes lèvres sur les siennes. Un léger baiser. " Par contre si tu me choisis, t'as un pack Carmichael qui implique une maman protectrice, fais attention " Il connaissait ma relation avec ma mère et il avait un avant goût du phénomène il y a quelques minutes ! Mais s'il était prêt pour cette relation, pour voir ce que ça va donner, je l'étais aussi.

L’entendre dire qu’un mois est court me conforte dans l’idée qu’elle n’est pas complètement à l’agonie de me savoir parti tout ce temps là. Ca va passer rapidement. Elle l’a dit elle même. J’aime penser que ça ira vite autant pour elle que pour moi. Elle est déjà en train de me brancher sur des autres voyages dans les environs et c’est vrai que c’est tentant, mais c’est aussi vrai que je ne suis pas riche. Je ne touche pas des millions en étant pompier. J’ai des collègues qui ont un deuxième job mais je ne sais pas comment ils font. Moi je préfère mener une vie simple plutôt que de me surmener. Faudrait que je me remette à jouer au loto de manière assidue. On sait jamais, peut être que ça pourrait tomber sur moi. Ca n’arrive pas qu’aux autres.

Je la trouve complètement adorable quand elle demande une tasse du nouveau couple princier.

« Ce sera fait. »

Pour qu’elle dise en être reconnaissante à vie, ça prouve qu’elle y tient vraiment et je vais réellement lui ramener cette tasse. Je veux lui faire plaisir. Je comptais lui ramener quelque chose. Un petit truc, mais si elle m’offre les idées sur un plateau, je prends aussi.

Alors que je me perds un peu dans mes questions, mes paroles, elle s’arrête de manger pour m’écouter et ça m’aide pas à ne pas perdre mes moyens. Voilà ce que ça donne un Kane nerveux. Il est tout rouge et il parle trop vite. Sans filtre. Je ne sais pas si c’est le meilleur côté de ma personne. En tout cas elle a le droit à de l’authentique là. Le vrai mess que je suis au fond. Le mec qui peut prendre des décisions qui ont un enjeu de vie ou de mort au boulot, mais qui aussi est nerveux devant une fille et une conversation un peu sérieuse, tendancieuse. J’aimerai bien avoir la même clarté d’esprit dans ma vie perso que dans ma vie pro. C’est plus simple au boulot, c’est des faits. Là c’est plus des suppositions… Pour ça que je veux l’entendre de sa bouche, cette confirmation. Je ne suis pas fort avec les sous entendus.

Elle me taquine comme quoi je ne suis qu’un espèce de lycéen, mais ok, je dois l’avoir mérité. Ca n’aide pas à ce que je dérougisse cette réflexion. Je ne suis pas encore serein, même si elle est souriante, et d’ailleurs magnifique. Mes yeux ne quittent pas son beau visage. Ma main a envie de se mettre en contact avec elle mais il faut que j’apprenne à être un peu plus patient. On est en train de manger ! Un peu de tenu quand même. Après je me dis que je pourrais toucher sa jambe avec la mienne mais non, j’ose pas. Je devrais peut être le faire et arrêter de me poser des questions. Non. Là, c’est juste pas le bon moment.

D’après ce qu’elle dit, c’est du sérieux tous les deux. Elle parle même de peine de coeur. Elle doit tenir à moi autant que moi. J’ai l’impression. J’espère. Ce serait bien.

« Beaucoup plus. »

Je réponds rapidement. J’ai pas envie qu’elle ait de doutes à ce propos. Même si mon entrejambe me dit le contraire. Je suis qu’un homme après tout. Je reste quand même maître de ma personne et je saurais patienter tout le temps qu’il faudra. En espérant que ça ne soit pas trop long quand même. J’ai déjà eu droit à ça avec Nina, et j’avoue, ça a valu la peine, mais quand même, c’était de la torture. Ce que Wendy dit ne me rassure pas. Elle n’a donc pas l’air d’être pressé pour passer à la vitesse supérieur. Merde. Fais chier. Pourquoi ? Pourquoi faut il que ça tombe sur moi les filles qui ont des soucis ou ont besoin de temps ? Je peux pas tout avoir ? Déjà qu’on a attendu 8 ans pour se revoir… Frustration quand tu nous tiens… Enfin, je pense ça maintenant mais je me dis que si on se retrouve chez elle ou chez moi, y’aura moyen de faire plus que deux baisers. Elle continue, parlant d’elle, que c’est pas simple avec elle. Si elle veut parler de sa mère, c’est pas un soucis pour moi. C’est les aléas de la vie. Je suis pas sûr de comprendre de quoi elle veut parler exactement mais elle insiste sur mon manque de chance avec elle. Ca la fait rire néanmoins. Moi je suis plutôt pétrifié, essayant de ne pas le montrer, les joues toujours bien roses. Je vais pour demander des informations sur ce qu’elle vient de dire mais elle reprend la parole. Elle dit mon prénom, ça sonne comme un truc super sérieux du coup. Mais quand elle se lève pour venir s’installer à côté de moi, j’apprécie ce geste. J’ai tellement envie de la toucher depuis qu’on a plus nos mains liés. Elle dépose un baiser sur mes lèvres. Je me relax un petit peu. Le contact me fait vraiment plaisir. Elle me parle de sa mère et oui, c’est bien ce que j’avais compris en premier lieu. Je glisse mon bras autour d’elle, profitant de l’avoir tout près de moi.

« Pourquoi tu dis que c’est vraiment pas simple avec toi ? Si c’est juste en rapport avec ta mère… C’est pas grave hein. Je sais que tu t’occupes beaucoup d’elle et je comprends qu’elle passe avant parce que c’est important mais… je vois pas ça comme un truc qui pourrait nous bloquer. »

Je me mords la lèvre en la regardant.

« Y’a autre chose que je devrais savoir ? »

Genre, combien de temps je vais devoir attendre avant qu’elle soit prête à sauter le pas avec moi ? Mais je ne le dis pas en tous mots, parce que ça le fait pas. Je verrai au jour le jour comment ça se passe entre nous. C’est vrai que je commence à réaliser que ça va être compliqué entre nous et j’espère que je saurais être patient. J’espère que l’amour sera plus fort que des petits problèmes qu’on pourra avoir. Oui, j’espère que ça ne sera que des petits problèmes. Je suis encore optimiste, même si je crains le pire après ce qu’elle vient de me dire.

« Je suis un peu inquiet je dois t’avouer… »

Parce que j’ai décidé d’oser dire les choses. D’être honnête. Sans filtres. Je pense que ça ne peut que nous aider dans cette relation.

« Je suis pas doué pour les sous entendus tout ça… Donc si jamais y’a des trucs que t’essaies de me faire comprendre, je préfère que tu sois direct avec moi. »

Assise en face de lui, je prends la parole et ne m'arrête pas. Je veux tout ça, bien sûr que je le veux et ce que je ressens pour lui dépasse bien les mots qui sortent de ma bouche. Kane, c'est un rêve, c'est une obsession que j'ai repoussé et repoussé parce que ne correspondant pas à celle que je suis. Enfin, je crois. Depuis quelques temps, je me pose tellement de questions que je pourrais écrire un livre juste avec des questions, sans réponse aucune. Suis-je vraiment celle que je pense être ? Ai-je passé onze ans de ma vie à me convaincre de quelque chose qui n'est pas le cas ? Non. J'ai couché avec des hommes et ça a été un désastre à chaque fois. Douloureux, ennuyeux, maladroit. Un cauchemar à chaque fois, au point où je me suis enfermée dans l'idée que ça, les relations hétérosexuelles, très peu pour moi. Pourtant, dès que je croise le regard de l'Australien, tout est différent… C'est comme si tout ce en quoi j'avais cru toutes ces années n'étaient que des mensonges. Et c'est peut-être le cas après tout. Je n'ai peut-être pas trouvé la bonne personne, ça n'a peut-être jamais été le bon moment. Et on sait tous que dans ce genre de choses, le moment est important, très important même. Je le regarde droit dans les yeux quand je m'assois à ses côtés et souris doucement. Je crois que je suis prête à lancer un pavé dans la marre. Et en même temps… Est-ce que ça ne va pas lui mettre trois fois plus la pression de tout savoir ? Il part bientôt, ça lui laissera le temps de se mettre la pression douze mille fois avant qu'il ne se passe quoi que ce soit. Ma mère. Oui, elle prend de la place dans ma vie mais pour combien de temps encore ? Et vu le nombre de fois où elle m'a poussé vers le jeune homme, elle sera heureuse de se débarrasser de moi, je peux vous le dire ! Y a-t-il autre chose qu'il devrait savoir ? J'hoche la tête, sans quitter son regard du mien. Je ne veux pas rompre ce lien. Je suis à nue, littéralement. Et si j'ai déjà discuté de ces choses avec mes copines, c'est différent de l'aborder avec son petit ami. Mais il a le droit de savoir que lorsque je dis que ce ne sera pas facile avec moi, c'est sur le point de vue charnel. J'ai peur. Et si ça se passait mal ? S'il me trouvait complètement nulle au lit ? Et s'il se rendait compte que ça ne va pas être possible sur ce point ? Les histoires de couples qui divorcent pour incompatibilité sexuelle fait souvent rire mais ça existe. Peut-être que c'est le moment d'inventer une connerie et de dire que j'attends le mariage avant de passer à l'acte. Mais quelle mytho je ferais. Et mentir c'est mal. " D'accord " Que je lance simplement en m'installant un peu plus confortablement face à lui. En tailleur assise sur le banc, je lui souris et pose mes mains sur mes genoux. Inspire, expire Wendy Carmichael. " Je dis juste que c'est compliqué avec moi parce que… je suis lesbienne " Je prends une petite pause avant de reprendre, me corrigeant rapidement " Enfin, j'ai toujours cru que je l'étais ! J'ai eu deux ou trois relations avec des hommes mais c'était une catastrophe à chaque fois. J'te fais pas de dessins mais bref, c'était … vraiment nul alors je me suis dis que j'aimais que les femmes d'un point de vue physique " Que je lance sur le ton de la confidence, grimaçant légèrement. C'est rien de le dire que c'était nul. Nul à chier même. Mais la question n'est pas là. " Alors ce que j'essayais de dire en disant qu'avec moi c'était pas la relation simple c'est que… On va dire que je suis toujours vierge et que je suis pas assez confiante à l'idée de passer à la casserole pour le moment. Pourtant l'envie de t'arracher tes fringues est très présente hein " Que je finis par dire avec un léger sourire sur le visage. Ouai, clairement, j'en rêve la nuit. Mais à chaque fois, ça s'arrête plus ou moins là. Je passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux, sur lesquels je tire légèrement. " J'ai peur de te perdre encore tu vois, à cause de ça… " Et j'ai baissé les yeux. Mes genoux sont plutôt sexy pardi. Pourquoi je lui parle de tout ça sérieusement ? Ah, parce qu'il veut que je sois direct avec lui. " Ça se trouve dans deux jours, j'aurais plus qu'une envie : ne faire qu'un avec toi. Mais ça peut prendre plus de temps. Enfin non, l'envie est là mais j'ai peur. Un éléphant ça apprend pas à marcher sur les pattes arrière, ni à tenir sur une balle en deux jours " Oui, je viens de me comparer à un éléphant mais c'est totalement ça. J'ai eu de mauvaises expériences et il est temps de me reconstruire pour avancer. Ne pas avoir peur. " Je tiens trop à toi pour foncer tête baissée Kane. Parce qu'on sait très bien que si je suis pas prête, ça foutra tout en l'air. T'es prêt à m'aider et m'attendre ? " Le pauvre coco, il se retrouve avec le boulet de base. Je le plains un peu. Beaucoup. Je lui adresse un petit sourire en coin. Je suis carrément gênée mais au moins je sais qu'il ne me forcera à rien. Et il a sa porte de sortie s'il le veut. Ce qui me ferait bien chier, avouons le. " T'as voulu que j'sois direct " Que je souffle en riant légèrement. Oui, c'est lui qui a demandé à tout savoir.

Elle confirme qu’il y a autre chose qu’elle ne m’a pas dit. Ok, je commence à craindre le pire. Je ne sais pas trop quoi, mais le pire quand même. Elle a l’air prête à me dire de quoi il s’agit. Je la regarde se mettre à l’aise et je ne sais véritablement pas à quoi m’attendre. Elle a déjà un mec ? Elle est promise à un autre ? Une autre ? Elle prend enfin la parole et j’étais pas loin. Ca fait super bizarre de l’entendre de sa bouche. Elle est lesbienne ? Mais… Non pas vraiment. Pas complètement. Impossible. Sinon je suis quoi moi là au milieu ? C’est mes cheveux qui l’ont induit en erreur ?? Elle doit lire l’incompréhension sur mon visage parce qu’elle se reprend, avec des mots qui sont déjà plus cohérent. Elle a eu que des mecs avec qui ça s’est mal passé physiquement de ce que je comprends. J’essaie de me faire violence pour pas l’imaginer avec une personne de sexe féminin, mais j’avoue que l’image va me suivre un moment. Je me retiens d’ouvrir de grands yeux quand elle se qualifie de vierge. No big deal, right ? Right. J’essaie de m’en convaincre en tout cas. Je suis légèrement rassuré quand elle dit qu’elle veut m’arracher les vêtements. Y’a donc bien de l’attirance pour moi de ce côté là, c’est pas que mon intelligence qui la fait craquer.

« Okay… »

Je me suis senti obligé de faire un commentaire parce qu’elle a marqué une pause et… Je sais clairement pas quoi faire de moi là. Mon bras toujours autour d’elle, je la regarde se passer les mains sur le visage. Je veux bien la croire que ce n’est pas facile à dire tout ça. J’essaie de la soutenir mais, faut que j’encaisse les informations en même temps. Je sais pas si je suis doué pour tout faire en même temps. Elle a peur de me perdre. Je peux la comprendre parce que… Moi même je suis très confus par toutes ces révélations. Je sais pas quoi faire de ma personne quand elle baisse les yeux, je vais juste instinctivement serrer ma prise sur elle. Je cherche quoi dire pour la rassurer ou quoi mais, les mots viennent pas. J’ai besoin d’un peu plus de temps pour pas dire de conneries. Elle reprend la parole, me rassurant encore plus. Elle sait juste pas quand elle sera prête. Elle a peur, il va falloir que je montre patte blanche pour la rassurer à mon tour. Je suis surpris par sa comparaison avec l’éléphant mais, ok. Elle n’a pas fini de parler. Elle prononce mon prénom une fois de plus et autant j’adore l’entendre dire, autant j’ai l’impression que ça ne fait que marquer l’importante et le sérieux de la conversation. Elle me demande si je suis prêt à attendre. Est-ce que je le suis ?? Putain j’en sais rien. J’aurai dit oui d’office mais, la vérité c’est que je sais pas.

« Ouais… Je pensais pas qu’il y aurait tout ça derrière ma requête. »

Je me suis un peu pris un tsunami en pleine face là. Mais il faut que je lui réponde. Le simple fait que je tente de gagner du temps doit me vendre sur ma réponse. Néanmoins, je lui dis ce qu’il est plus juste de dire.

« Bien sûr que je suis prêt à t’attendre. Surtout si c’est que deux jours… »

Parce que j’ai bien relevé que c’était une éventualité.

« Je plaisante, tu seras pas la première pour qui j’attends avant de pouvoir passer à ce niveau là. »

Y’a eu Nina, y’a eu Diana, ma première copine. Mais je ne vais pas lui faire un historique. D’ailleurs une fois que c’est dit, j’ai l’impression que ce n’était pas très judicieux de faire cette précision. Enfin, je sais pas, peut être que c’est mieux d’être honnête. Peut être qu’elle ne sera pas jalouses des filles qui ont été dans ma vie avant elle.

« Je saurais être patient. »

Je défais mon bras qui est autour d’elle pour aller poser ma main sur sa joue. Je me penche vers son visage pour y déposer un petit baiser. Je le fais durer un peu plus que ce que j’avais l’intention à la base. Le contact est vraiment trop doux, trop plaisant. Je pourrais l’embrasser pendant des heures, juste ça, oui. Tant que je suis en contact avec elle, je suis bien. Bien sûr que je vais attendre. Je suis dingue de cette fille. Comment j’ai pu en douter ? Je suis vraiment qu’un mec de base au fond… Mais non, elle est spéciale et mérite tout ce que je peux lui offrir, même si c’est du temps qu’elle veut. Je me détache de ses lèvres, restant tout proche d’elle, ma main toujours sur sa joue que je caresse de mon pouce. Je la regarde profondément, la trouvant tellement touchante, magnifique, honnête. Elle a eu le cran de me dire tout ça, je suis honoré qu’elle ait osé, qu’elle se sente assez à l’aise avec moi pour se faire. Ma main sur sa peau douce, je me perds dans ses yeux et puis…

« J’t’aime. »

Oh shit.

Je m'ouvre à Kane comme je ne me suis jamais ouvert à personne. Ce type est important pour moi, il est exceptionnel et il sort du lot. Il y a vraiment quelque chose entre nous. J'ai beau être une nana assez libre, qui parle d'absolument tout, je ne suis pas du genre à parler du fait que je n'ai jamais réellement couché avec un homme. Tentative, plusieurs oui mais aller jusqu'au bout ? Jamais. Ça n'allait jamais, je n'étais jamais dans le mood, trop douloureux. Et c'est pour ça que j'ai tellement peur d'en parler à Kane, que j'ai peur de tout lui avouer. Mais il l'a demandé. Il ne veut aucun secret entre nous et donc je me lance, une fois plus proche de lui, histoire de parler à voix basse et de pouvoir me cacher contre son torse si je me sens trop honteuse. Mais y a pas de quoi être honteuse bordel. J'ai vingt sept ans et j'ai toujours pensé être lesbienne, c'est la vie. Ma vie n'est pas un énorme mensonge, j'étais juste dans le flou jusqu'ici. Je le regarde et déglutis difficilement quand il dit qu'il ne s'attendait pas à tout ça. Je me retiens de fondre en larmes et de fuir, soufflant un léger " Désolée " En lui offrant mon plus beau regard de chien battu. Je suis tellement désolée de le peser avec tout ça, avec tout mon passé, mes questionnements. Il ne mérite pas ça. Il mérite une histoire simple, il mérite de rendre une femme heureuse sur tous les plans et elle de même. J'ai tellement peur de ne pas être celle qu'il lui faut. Ça me retourne l'estomac et à moins d'un retournement de situation total, je doute réussir à finir de manger mon petit déjeuner, même s'il est plus que bon pour ce que j'ai déjà mangé. Mais quand il dit être prêt à m'attendre, un sourire prend possession de mon visage. Il déconne sur la durée et je fronce les sourcils, ce géant sourire barrant toujours mon visage. J'aimerais que ce ne soit que l'histoire de deux jours mais j'ai un peu de mal à y croire. Même si je me sens un peu plus à l'aise avec tout ça, je sais qu'il me faudra plus de temps. J'ai envie de mettre toutes les chances de notre côté. Parce que oui, lui et moi, c'est un nous. J'apprends qu'il a déjà attendu pour d'autres filles et si ça pourrait me rendre jalouse comme pas deux, ce n'est absolument pas le cas. " T'es trop parfait, j'te mérite pas Kane… " Que je souffle en ayant le regard le plus tendre qui puisse exister. Il saura être patient et il n'a pas idée à quel point c'est important pour moi et que ça me fait du bien. Il a vraiment aucune idée de l'effet que ça a sur moi. Et si je pourrais penser que ce ne sont que des paroles en l'air pour m'avoir dans son lit, je connais assez bien Kane pour savoir qu'il ne dit pas ça pour que ma petite culotte tombe encore plus rapidement. C'est tellement parfait. Un poids en moins sur les épaules - même si je sais que je vais y repenser des dizaines de fois - et ce moment est si parfait. Il est si doux, si attendrissant. Un léger contact qui fait du bien, qui réchauffe l'âme et qui me montre vraiment qu'il attendra le temps qu'il faut. Oui, on peut ressentir tout ça dans deux paires de lèvres qui entrent en contact, je vous le jure. Sa main sur ma joue, je le regarde droit dans les yeux et quand les trois petits mots sortent de sa bouche, je ne bouge pas. Je suis figée face à lui. " J'espère que tu dis pas ça pour me faire tomber la culotte plus vite hein " Que je lance en riant légèrement, tentant de détendre l'atmosphère. Woaw, l'air est tranchant ici, c'est fou ça ! Et alors qu'on a l'air de deux statues de cire, je pose mes mains sur ses joues, mon front contre le sien et me glisse le plus proche de lui possible. À quelques centimètres de ses lèvres, je souffle doucement, " Non parce que ça pourrait peut-être marcher " J'embrasse doucement ses lèvres avant de reprendre ma position. " Le dis à personne mais j'crois bien que moi aussi… " C'est un murmure, quelque chose que seul nous deux pouvons entendre. " Si ça a juste glisser de ta bouche comme ça et que tu le penses pas vraiment, on fera comme si on avait rien entendu mais ouai, moi aussi " Je ne vais pas dire l'inverse alors que je ne pense qu'à lui, que je ne rêve que de lui et que je suis prête à me mettre à nue pour le garder à mes côtés. Je ferais tout pour lui, pour sure. Je l'embrasse doucement, avec tendresse et amour. " On finit ce petit déjeuner et on va chez moi regarder un film au lit ? " J'avais proposé comme prochain date mais je n'avais plus qu'une envie maintenant : me retrouver seule avec lui, l'embrasser, le regarder, le manger tout cru sans personne pour nous regarder. On fermera la porte pour que Clochette ne débarque pas. Oui, rien que ça. Je l'aime. Et il est temps que l'on se découvre tous les deux.