T’as fumé. Tu as fumé, juste assez pour avoir un sourire débile. Tu as bu, un peu. Juste assez pour te décider à faire de la merde au milieu de la rue dans laquelle tu te trouvais. Pas assez pour déambuler en zigzagant non plus, ou pour dégueuler à tous les coins de rues. Mais t’es quand même un peu bourré. Tu ne sais plus trop pourquoi tu as fait ça. Tu ne sais pas si c’est parce que ta date Tinder ne s’est jamais pointée, ou si c’est parce que, tu avais juste envie de te mettre un poil trop bien – parce que tu n’avais pas trop fait attention à la limite que ton corps pouvait supporter sans se mettre à faire tout et n’importe quoi. Tu piges pas. Tu ne piges pas pourquoi les gens ne se montrent pas. Pourquoi ils font miroiter des trucs, pourquoi ils semblent intéressants et sympathiques par écrits, pour finalement se comporter comme des abrutis. Est-ce que c’était par pure moquerie, ou est-ce que c’était parce que tu l’avais soudainement apeuré ? L’idée peinait à faire son chemin dans ton esprit : tu l’avais vite écartée. Et, plutôt que de rentrer chez toi après être sorti du bar de ta défaite, tu t’es mis à déambuler dans les rues. Tu t’es mis à déambuler, comme un idiot. L’envie de faire un truc t’a tiraillé l’estomac. L’envie de tenter quelque chose t’a trotté dans la tête. T’as envie d’oublier les applis de rencontres stupides. Les jugements physiques. T’as envie d’oublier les tentatives de drague foireuses dans les bars. T’as juste besoin de compagnie. Tu demandes pas grand-chose, au fond. Juste cinq minutes d’attention. Pas moins, pas plus. Surtout pas plus. Alors, tu as trouvé un marqueur. Tu as trouvé un carton de taille raisonnable – ni trop grand, ni trop petit. Juste assez pour t’en faire une pancarte. Free hugs. Et tu la tiens fièrement. Comme un grand gamin. Comme si c’était la meilleure chose que tu avais à faire. Il te manquait peut-être quelques marqueurs de couleur. De quoi faire l’arc-en-ciel. De quoi célébrer convenablement le début de la Pride Month. Mais tant pis. Tant pis, tu ferais sans, en te contentant de brailler « Câlins gratuiiiits ! » au milieu de la rue. Tu allais finir par te faire embarquer, probablement. Tu allais finir par te faire contrôler, parce que tu avais les yeux un poil trop explosés. Parce que ça devait tout de même se voir que tu n’étais pas dans un état normal. Tant pis. Au pire, ils t’emporteraient. Au mieux, quelqu’un te ramènerait par pitié. Et peut-être même que tu finirais par l’avoir, ton câlin. Peut-être que tu finirais par l’avoir, ton instant d’attention. Peut-être que tu finirais par la trouver, cette douce et chaleureuse impression.
On était samedi soir et pour une fois, Itziar n'avait pas bossé au bar. Elle avait demandé un jour de congé, c'était l'anniversaire d'une de ses potes et elle ne voulait clairement pas manquer la soirée, même si ça voulait dire qu'elle devait dire byebye à sa paye du soir et tous les pourboires qu'elle aurait pu gagner un samedi soir. Au programme, before chez la birthday girl, tournée des bars et boite de nuit, tout ça, bien sûr agrémenté d'alcool à gogo. Histoire d'économiser, Itziar avait d'ailleurs insisté pour qu'ils se rendent tous dans le bar où elle travaillait, histoire de pouvoir boire à l'oeil et autant dire, qu'elle n'y était pas allée de main morte. Elle n'était d'ailleurs même pas sûre de comment elle avait fait pour rentrer en boite sans se faire recaler par le videur. Ca resterait un mystère, car il était plutôt évident que demain, elle aurait sûrement quelques petits trous de mémoire. Enfin, espérons pour elle, car l'alcool à tendance à lui faire faire n'importe quoi, comme aller goulûment embrasser un mec sur la piste de danse. Mec qui s'est avéré être beau de loin, mais loin d'être beau. Le genre de truc que vos potes remettent encore sur le tapis trois mois plus tard. Elle n'avait plus vraiment les yeux en face des trous et son pote lui avait promis de lui payer quatre shooters si elle allait emballer quatre mecs, alors autant dire qu'elle n'a pas réfléchi bien longtemps. Go for it! Tu t'en rappelleras pas demain. Qu'elle s'était dit, une fois qu'elle s'était réellement rendu compte de la tête du mec. Elle les voulait ses quatre shooters gratuits, car selon elle, elle était pas encore assez bourrée. Quelle bonne blague. Résultat des comptes, elle était loin d'avoir décuvé quand ses potes avaient décidé de mettre fin à la soirée et de rentrer chez eux. Chacun était reparti de son coté et elle titubait dans les rues de Fortitude Valley, ses talons à la main avec une de ses copines, tentant tant bien mal de retrouver son vélo (vélo qu'elle avait accessoirement laissé chez elle et n'avait donc pas utilisé ce soir) qu'elle aurait juré avoir déposé devant le bar. Il ne lui en fallu cependant pas beaucoup pour oublier ce qu'elle était en train de chercher quand elle aperçu un type avec une pancarte qui titubait quasiment autant qu'elle. De loin, elle pensait que c'était un SDF en train de faire de la manche. Bah oué, qui d'autre peut bien se promener dans la rue avec une pancarte ? En s'approchant un peu plus par contre elle fut capable de lire ce qui était inscrit sur la pancarte et surtout entendre ce qu'il était en train de brailler. Ce n'était peut-être pas un SDF finalement. Câlins gratuits. Là tout de suite, clairement ça semblait être une bonne idée. Un regard vers son ami et elle accélère (du moins autant que possible dans son état) en direction du mec. Ouvrant grand les bras à mi-chemin. Niveau perception de la distance, on n'y était clairement pas. Pour finalement finir par se jeter lourdement dans les bras du mec qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve et de lui donner un bon gros câlin de meuf bourrée, appuyant les 3/4 du poids de son corps sur lui. "¡Hola Papito!" lui lance t-elle "T'es qui ?" lui demande t-elle ensuite. Clairement parler anglais dans un tel état d'ébriété pour elle relève du défi, tout se mélange dans sa tête et elle ne sait même pas réellement ce qu'elle veut dire. "Elle veut un câlin elle là-bas aussi." ajoute t-elle pointant du doigt sa pote, bien plus sobre qu'elle qui clairement, n'a pas du tout l'air de vouloir lui faire un câlin contrairement à ce qu'Itziar vient de dire. "Et t'as pas vu mon vélo ?" Ca lui revient en tête d'un coup et même si c'est certain qu'il ne l'a pas vu, elle est trop faite pour s'en rendre compte.
Tu n’as même pas eu le temps de vraiment comprendre ce qu’il t’arrivait. Qu’est-ce que tu espérais, au juste ? A quoi t’attendais-tu ? Tu ne sais pas. Mais tu as tout de même besoin de trois secondes de réflexion pour comprendre ce que faisait la jeune blonde qui s’avançait vers toi, bras écartés. Tu as écarté les bras, toi aussi. Comme si tu allais prendre le vent. Comme si tu allais décoller de la planète, et partir vers le ciel en évitant de t’accrocher dans les immeubles autour de toi. Trois. Deux. Un. Collision. Tu as lâché un léger soupir, ainsi que ta pancarte, alors que tu faisais un pas en arrière, pour éviter de te vautrer complètement sur le sol. Tu as souri. Tout de même. Tu as souri, alors que tu lui rendais son étreinte. « Merciiiii ! » as-tu piaillé, trop content d’avoir enfin quelqu’un qui voulait bien te faire un câlin. « ¡Hola Papito! » entends-tu, en provenance de la demoiselle qui s’écrasait littéralement contre toi, très vite enchaîné d’un « T’es qui ? » Tu as souri, enchanté par l’échange qui venait pourtant tout juste de commencer – peut-être parce que tu étais un peu défoncé. « J’m’appelle Archie ! Et toi ? » demandes-tu en retour. Tu souris. T’as ce grand sourire de gamin heureux. Faut croire qu’il t’en fallait peu. Faut croire qu’il ne te fallait pas plus qu’un câlin pour rattraper, au moins un peu, ta soirée ratée. « Elle veut un câlin elle là-bas aussi. » entends-tu, alors que tu relèves la tête vers son amie. « Ah ouiiii ? » as-tu demandé, alors que tu te relevais un peu pour écarter les bras dans sa direction. « Câlin ? » demandes-tu, alors que tu souris de toutes tes dents. Elle n’avait pas l’air de vraiment s’approcher. Elle n’avait pas vraiment l’air de vouloir se blottir dans tes bras tatoués. Peut-être que tu lui faisais peur. Peut-être qu’elle n’aimait pas le contact ? « Et t'as pas vu mon vélo ? » Tu as tourné la tête vers la blonde, avant de grimacer un peu. « Je ne me souviens pas de ton vélo … » expliques-tu, en penchant la tête sur le côté. « Il ressemble à quoi ? » enchaînes-tu alors, en regardant partout autour de toi. Tu t’es penché, un instant, pour ramasser ta pancarte. Parce qu’on ne savait jamais : tu n’étais pas à l’abris d’un câlin surprise. Tu souffles, tu réfléchis, avant de désigner un poteau lumineux. « C’est ton vélo ? » demandes-tu, en désignant un vieil ensemble rouillé, dont les roues avaient été volées il y a probablement quelques années. « Si tu l’as perdu il y a trèèèès longtemps ! » lances-tu en riant. Tu serres ton carton contre toi. Tu serres ton carton, amusé. Eclaté contre cette pensée. Peut-être que vous pouviez faire quelque chose. Peut-être que tu pourrais l’aider. Jouer aux détectives, et le retrouver. « T’es allée où, avec ? » demandes-tu, le plus sérieusement du monde. Dans ta tête, tu ne parvenais même pas à imaginer qu’elle ne soit pas venue avec. Pourquoi est-ce que les gens mentiraient ? Pourquoi est-ce que les gens raconteraient n’importe quoi ? Elle avait l’air gentille. Elle t’avait offert un câlin, alors que les autres n’avaient fait que te contourner. Pour t’éviter. Pourquoi donc, pour quelles raisons est-ce qu’elle te mentirait ? Tu voulais croire en un monde plus beau. Tu voulais croire en des gens meilleurs que tes dates tinder. Des gens meilleurs que ceux que tu avais pu croiser ailleurs. Une autre fois, il y a à peine quelques heures. « Hey, hey, monsieur ! Vous auriez pas vu le vélo de la daaame ? » demandes-tu alors, au premier passant qui venait de faire l’erreur de s’approcher un peu de trop. « On va le retrouver. » lances-tu à l’attention de ta nouvelle amie, en hochant gravement la tête. Même s’il fallait le signaler auprès de la police. Même s’il fallait le compter dans les vélos portés disparus. Il ne pouvait pas s’être enfui bien loin, si ?
Dernière édition par Archie Allen le Dim 10 Juin 2018 - 21:28, édité 1 fois
Elle pouvait clairement imaginer sa pote quelques mètres derrière elle, bras croisés sur la poitrine, la patience qui disparaissait de plus en plus. Il était très tard. Ou très tôt, ça dépend comment on voit les choses. Elle avait surement envie d'aller se jeter dans son lit et dormir, mais elle était bien trop sympa pour laisser Itziar rentrer seule dans cet état. Donc elle attendait gentiment que la jeune espagnole veuille bien revenir vers elle pour continuer leur chemin vers Toowong. Chemin qui était encore bien long, d'où l'intérêt de ne pas s'attarder pendant trop longtemps. Le plus vite elle déposait Itziar à Toowong, le plus vite elle allait pouvoir rentrer chez elle. Itziar, elle, ne voyait pas vraiment les choses de cette façon. Elle n'avait pas spécialement envie de rentrer, surtout qu'elle savait qu'elle allait devoir marcher pendant un bon moment et ce n'était pas réellement ce qui l'emballait le plus sur le coup. Donc ça ne la dérangeait absolument pas de prendre son temps, surtout qu'elle était là sans l'être et suivait plus sa pote qu'autre chose quand elle n'était pas distraite par un mec offrant des câlins gratuits par exemple. "Moi c'est Itziar !" Lui répond-elle. "Mais tu peux m'appeler Izzie si c'est plus simple." Izzie, surnom qu'elle avait adopté quand on avait écorché son prénom la première fois qu'elle s'était présentée à quelqu'un. C'était devenu un peu comme un nom d'usage à force, au bar tout particulièrement. Allez faire comprendre et prononcer son prénom à des mecs complètement bourrés, dans un environnement des plus bruyants. C'est quasi impossible. Donc plutôt que de voir son prénom écorché à chaque fois, elle avait adopté Izzie qui était beaucoup plus courant pour les anglophones. Au bar, pour la plupart des habitués elle était donc Izzie et ils ne savaient même pas que ce n'était pas son prénom. Au final ça ne la gênait pas tant que ça, ça lui permettait de faire la différence entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. "Archie c'est ton vrai prénom ?" Lui demande t-elle. Elle n'a jamais rencontré de mec qui s'appelait comme ça et elle se demandait donc si c'était un surnom ou pas. Elle ne manque pas d'entendre son amie dire son nom, clairement agacée quand elle dit à Archie que cette dernière voudrait bien un câlin elle aussi, ce que visiblement, elle ne veut absolument pas. "Ah bon j'crois qu'elle veut pas en fait." annonce t-elle avant d'ajouter en chuchotant (ou du moins dans sa tête elle chuchotait) "Elle est un peu rabat-joie des fois faut pas lui en vouloir." Elle n'avait pas tort, mais bon, elle aurait pu s'empêcher d'afficher sa pote comme. Si elle avait été sobre elle n'aurait surement pas dit ça (quoi que, elle ne se serait probablement pas jetée dans les bras d'Archie non plus), mais l'alcool en avait décidé autrement.
Visiblement il a l'air d'attaque pour l'aider à chercher son vélo et lui pose plusieurs questions, censées permettre de le retrouver. Ou du moins, censées permettre de trouver un vélo qui n'a jamais disparu, mais ça c'est juste un infime détail. "Euh bah c'est un vélo." répond-elle. Elle ne sait pas comment décrire son vélo autrement que comme ça. "Il est gris et puis voilà." Rien de bien utile comme information. Des vélos gris il y en a une bonne dizaine à la ronde. Ce n'est donc pas vraiment d'une grande aide. "Ahhh et il a un antivol rose fluo accroché à la roue." Ca c'est déjà mieux et permet de limiter un peu les options possibles. Elle explose de rire quand il lui pointe un vélo, ou plutôt ce qu'il en reste en disant que ça peut être le sien si elle l'a perdu depuis longtemps. "Mais non je l'ai perdu ce soir." Lui répond-elle en riant avant de continuer "Je suis venue de chez moi à ici avec." Ca aurait pu être vrai pour tous les soirs où elle bosse au bar, mais ce soir, elle n'est absolument pas venue jusqu'ici avec son vélo. "Elle est pas venue avec son vélo !". Lance son amie en essayant de garder son calme, malgré sa patience qui s'évaporait de minute en minute. "Elle sait pas ce qu'elle dit." Itziar s'empresse de répondre avec une certitude sans faille, ce qui fait lever les yeux au ciel à sa pote. "Merci !" dit elle au jeune homme quand il lui dit qu'ils vont retrouver son vélo. "Ok, j'ai eu ma dose. Itziar t'es pas venue en vélo, je sais pas où t'es allée chercher ça, mais t'es bourrée et tu perds la tête." Elle avait visiblement fini d'être patiente. "T'es sûre ?" demande Itziar. "Oui ! A 100% donc arrêtez vos conneries." Si elle était sûre à 100%, elle devait avoir raison finalement. A moins qu'elle mente, mais la jeune espagnole connaissait son amie, elle était plus rabat-joie que menteuse. "Bon bah sinon on fait quoi du coup ?" demande Itziar se tournant vers son nouvel ami. "Pourquoi t'es tout seul ?" Ajoute t-elle avant de continuer. "Tu veux venir avec nous ?" Idiot comme proposition, mais sur le moment ça lui semble plutôt fun.
« Moi c'est Itziar ! » te balance-t-elle à la figure, alors que tu la regardes, interloqué. Itz-quoi ? Tu essaies vainement de répéter. Tu essaies vainement de murmurer le nom qu’elle t’avait soufflé, tel un demeuré. « Mais tu peux m'appeler Izzie si c'est plus simple. » Si c’est plus simple ? Tu hoches la tête. « Izzie ! » réussis-tu même à fièrement répéter. Izzie, c’est plus facile à prononcer. Pour toi, au moins. « Archie c'est ton vrai prénom ? » Tu as grimacé, un peu. Tu as grimacé, en hochant négativement la tête. « En vrai c’est Archibald mais … Mais c’est mooooooche. » lances-tu, avec un air complètement outragé. Tu ne saurais expliquer les raisons. Tu ne saurais dire précisément pourquoi, mais tu n’aimais pas. Parce que c’était long. Parce que les consonnances te donnaient l’impression d’avoir la bouche remplie de marshmallows, et que ce n’était pas la chose la plus agréable du monde. Parce que ça t’arrachait un sourire crispé, à chaque fois que tu l’entendais. Même quand tu le prononçais. « It … Itz … Ça vient d’où, ton prénom ? » demandes-tu finalement. Tentative puis abandon. « Puis toi aussi, t’as un prénom bizarre comme elle ? » demandes-tu à l’attention de la jeune femme qui ne semblait pas vouloir de ton câlin. Conclusion que tu te fais, alors qu’elle attend les bras croisés que vous ayez fini votre bordel. Conclusion que tu te fais, rapidement appuyée par celle d’Itziar. Tu rigoles doucement en haussant les épaules alors qu’elle te dit qu’elle est un peu rabat-joie. Ça t’arrive aussi, alors tu pardonnais. Ça t’arrivait aussi, d’être un peu chiant, un peu con, alors tu lui pardonnais.
Elle possède un vélo qui ressemble à un vélo. Tu grimaces un peu, convaincu que cet élément n’allait pas particulièrement vous aider. « Ahhh et il a un antivol rose fluo accroché à la roue. » C’était tellement inattendu que tu t’es entendu explosé de rire, sans être moqueur pour autant. Rose fluo. Tu étais sûr que ce serait un cadeau parfait pour Neptune. « Tu l’as trouvé oùùù ? Rose fluo, c’est trop bieeen ! » demandes-tu, véritablement intéressé. Tu te calmes, un peu, pour essayer de te reconcentrer. Tu lui désignes un vieil engin rouillé. Tu lui désignes l’engin, mais à priori, ce n’était pas ça. C’était quelque chose de plus récent. Perdu cette nuit. Perdu après qu’elle soit venue avec. Perdu ? Ce n’est pas ce qu’à l’air de dire la copine de ta nouvelle amie. Elle, elle semble plutôt perdre patience, et tu as même l’occasion d’assister à une mini-dispute entre les deux – surtout la demoiselle contre la blonde. Ce que tu en retiens, surtout, c’est que ça ne sert à rien de chercher le vélo d’Izzie. Parce qu’elle n’était pas venue avec. Parce qu’il n’était pas perdu. Tu te grattes les cheveux, alors que tu croises les bras, sans vraiment trop quoi faire. Sans vraiment trop savoir quoi dire. Peut-être que tu étais un peu déçu d’abandonner les recherches – ça avait l’air tout de même d’être une activité assez drôle à faire, surtout au milieu de la nuit. « Bon bah sinon on fait quoi du coup ? » demande alors Itziar. Instant de réflexion. Qu’est-ce que vous alliez bien pouvoir faire, s’il n’y avait pas de vélo à rechercher ? « On va voir si y’a des gens qui veulent des câlins ? » proposes-tu alors, juste après t’être souvenu que tu avais encore ta pancarte dans la main. « Pourquoi t'es tout seul ? » Nouvelle question qui s’enchaîne avec un : « Tu veux venir avec nous ? » Tu as haussé les épaules. « Si tu veux. Vous allez où ? » Parce que c’était peut-être une information importante à avoir. « Mais j’suis tout seul parce que … Parce que je suis tombé sur un con. » avoues-tu, alors que tu baisses honteusement la tête. « Genre … J’avais invité ma date Tinder à venir prendre un verre, mais il est jamais venu. Alors j’ai un peu bu tout seul. » Et t’as un peu fumé, mais tu n’es pas certain que c’est vraiment nécessaire de le rajouter. « C’est nul, c’t’application. Les gens sont cons dessus. » Comme s’ils l’étaient moins en dehors. « Mais dans la vraie vie, y’a des gens qui veulent bien d’mes câlins, alors tout va bien ! » termines-tu, alors que tu te décides à lui sourire de toutes tes dents. Gamin véritablement heureux. Gamin un peu moins triste qu’il y a quelques dizaines de minutes. Inconscient. Presque innocent.
Il n'essaye même pas de prononcer son prénom et ça ne l'étonne même pas. Il y en a pas des masses qui s'y risquent, surtout quand ils viennent de se rencontrer. Il choisit plutôt son surnom. Plus simple à prononcer pour un anglophone, plus commun aussi. Quoi que visiblement lui aussi il en tient une bonne niveau prénom. Archie est bien un surnom comme elle l'avait deviné. Elle commence vaguement à comprendre l'obsession qu'on les anglophone avec les surnoms, ou plutôt les diminutifs. Archibald devient donc Archie, c'est sûr que c'est beaucoup plus cool à l'oreille. Ca fait plus jeune et ça rappelle pas un vieil oncle qui fume la pipe à table le dimanche au repas de famille. "C'est vrai que c'est moche." Lâche t-elle. L'alcool ne ment jamais. Même si sobre elle se serait surement gardée de lui dire ça. Pas super comme première approche on va dire. "Enfin c'est pas à moi de juger." Se rattrape t-elle quand même. Oué elle reste mine de rien un minimum polie, même en étant complètement bourrée. Résultat d'années d'entrainement. "Ca vient d'Espagne." Répond-elle simplement comme si c'était la chose la plus évidente. "Déjà il est pas du tout bizarre mon prénom." Trouve t-elle important de mentionner avant de continuer. "Et elle s'appelle Ashley, comme une fille sur deux qu'on croise ici." Bon une fois sur deux c'était peut-être un peu exagéré, mais l'idée était là, elle avait un prénom plutôt commun. "Ash pour les intimes, mais je te déconseille de l'appeler comme ça, car elle a pas l'air contente." C'était effectivement le cas de le dire, même si pour le moment elle semblait encore prendre son mal en patience et endurer sans rien dire, juste en levant les yeux au ciel de façon répétée.
Il explose de rire quand elle lui parle de son antivol rose fluo et sur le coup elle ne comprend absolument pas ce qu'il y a de drôle. Elle le trouve très bien son antivol. En plus, il est tellement voyant qu'elle ne peut pas louper son vélo même s'il y en a cinquante autres identiques juste à côté. "Sur Amazon ! Duhh !" Lui répond-elle. Ce n'était bien sûr pas dans un magasin spécialisé qu'elle avait trouvé un truc pareil, surtout pour le prix qu'elle l'avait payé. On trouve de tout sur Amazon, elle ne sait même pas comment il a fait pour ne pas y penser. Vous voyez un truc cool dans la rue, vous pouvez être sûrs de trouver le même truc cool pour moins cher sur Amazon. C'était prouvé scientifiquement. Enfin presque. Disons que c'était prouvé dans 99% des cas. Pour le pourcentage restant, c'était les loupés. Cette magnifique bouée donuts qui semble énorme sur la photo sur le site, le prix est bas, c'est suspicieux, mais why not, c'est Amazon, alors tout est possible ... Puis finalement la fameuse bouée arrive et mauvais signe le colis est minuscule. Bénéfice du doute accordé, peut-être que c'est juste super bien dégonflé ... Ou en fait c'est que la fameuse bouée géante est à peine assez large pour servir de bracelet. Le prix venait donc de là.
"Carrément !!!." répond-elle quand il propose d'aller voir si d'autres personnes veulent des câlins. Elle est plus qu'emballée par l'idée et elle a complètement oublié qu'il y a pas plus de dix minutes elle n'arrêtait pas de dire qu'elle avait mal aux pieds. La douleur a disparu comme par magie et elle a l'impression qu'elle pourrait retourner danser en boite pendant des heures, enfin si c'était pas fermé. Elle jette un oeil vers Ashley et voit l'expression de désapprobation sur son visage couplée à un regard qui veut clairement dire "si t'y vas je t'étripe.". Le genre de regard qui vous glace le sang, tellement elle a l'air sérieuse. "En fait elle veut pas et là elle me fait légèrement peur, j'ai pas très envie de la contredire." C'est pas tant qu'elle n'a pas envie de la contredire, c'est plutôt qu'elle a très peur de la contredire. Nuance. "On rentre chez moi." Lui répond-elle. "Enfin elle me ramène après elle va chez elle." Elle fait une moue attristée quand il lui raconte sa mésaventure avec son rencard. "C'est nul Tinder." Lui répond-elle. "La dernière fois tu devineras pas, j'avais un rencard avec un mec. Il m'a dit qu'il avait 30 ans, donc nickel. Tu devineras pas quel âge il avait en vrai." Raconte t-elle, laissant un peu de silence pour l'effet dramatique. "En vrai le gars avait la quarantaine passée. Il a cru que j'allais coucher avec lui ? Il a fumé le mec." Finit-elle de raconter. C'est vrai qu'elle en avait vu des vertes et des pas mures sur cette application. "Moi je veux bien de tes câlins alors t'en fais pas." Lui dit-elle en le prenant une nouvelle fois dans ses bras, un peu plus calmement que la première fois. "Du coup tu viens avec nous ou pas ? Elle va pas attendre longtemps Miss Grumpy là-bas." demande t-elle. "Je t'entends Itziar !" est la réponse qu'elle entend venir d'Ashley.
C’est vrai que ton prénom est moche. Tu ris comme un con. Tu ris comme un con, alors qu’elle essaie vainement de se rattraper. « T’as le droit, j’le pense aussi. » Tu étais probablement trop bourré pour lui en vouloir comme il le fallait. Tu étais probablement trop défoncé pour prendre correctement la mouche et la détester. Itz-quelque chose, elle vient d’Espagne. Ou plutôt, son prénom vient d’Espagne – peut-être qu’il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives. « Tu viens d’Espagne, alors ? » demandes-tu, presque innocent. Elle te présente son amie, son surnom. Elle te la présente, et te déconseille de l’appeler par son diminutif. Tu hausses les épaules avant de gueuler un « Bonjour Ashleeeeeey ! » réellement enjoué. La demoiselle en face de vous ne semble pas aussi amusée que vous. Pas aussi encline à vos conneries qui semblaient durer depuis une éternité. Mais putain. Putain, pour une fois, tu te sentais bien. Pour une fois, pour la première depuis cette soirée ratée, tu avais l’impression que ça valait quand même le coup d’avancer. Tu pourrais presque en soupirer d’aise. Tu pourrais presque sauter de joie partout. Comme si ça allait t’aider.
« Carrément !!! » te lance-t-elle, alors que tu lui proposes d’aller faire des câlins aux autres passants. Tu sautilles en applaudissant doucement. Si elle était d’accord, c’était merveilleux. Si elle était d’accord, c’était le truc le plus cool de ta soirée. « En fait elle veut pas et là elle me fait légèrement peur, j'ai pas très envie de la contredire. » lance alors ta nouvelle amie, après avoir jeté un coup d’œil à sa copine. Tu t’es tortillé. Tu t’es tortillé, pour jeter un coup d’œil à Ashley. « J’avoue. » lâches-tu, tout bas. C’est vrai qu’elle n’a pas l’air très contente à l’idée. C’est vrai qu’elle n’a pas l’air vraiment enchantée à la perspective d’aller faire des câlins à tout le monde. « Elle n’aime pas le contact humain ? » demandes-tu. Peut-être que … Peut-être que ça expliquait tout. Peut-être que c’était la clé de cet étrange personnage. « On rentre chez moi. Enfin elle me ramène après elle va chez elle. » essaie-t-elle de t’expliquer, juste avant que tu ne lui expliques ce que tu faisais ici, dans un tel état. Tinder, c’est nul. Tu hoches la tête. C’est vrai que c’était nul. Nul de juger les gens sur leur physique. De ne pas se pointer par lâcheté. « La dernière fois tu devineras pas, j'avais un rencard avec un mec. Il m'a dit qu'il avait 30 ans, donc nickel. Tu devineras pas quel âge il avait en vrai. » Tu hausses un sourcil. Tu hausses un sourcil, le sourire en coin. Quel âge ? « En vrai le gars avait la quarantaine passée. Il a cru que j'allais coucher avec lui ? Il a fumé le mec. » Tu as ris, en imaginant parfaitement un mec du genre de Saint-Clair s’amuser ainsi. Trop imbu de lui-même, trop Et toi ? Toi, t’étais du genre à t’en foutre. Tu étais du genre à te foutre de l’âge des gens, tant que tu trouvais ton arrangement. Tant que tu pouvais t’amuser, un peu. Mais tu pouvais comprendre. Tu pouvais comprendre que ce n’était pas le délire de tout le monde. « Il était vieux et moche ou juste vieux ? » demandes-tu, toujours amusé par cette perspective. « Moi je veux bien de tes câlins alors t'en fais pas. » dit-elle alors qu’elle t’attrape dans ses bras. Tu as eu un glapissement enjoué. Tu as eu un piaillement tout content, alors que tu la serrais du mieux que tu pouvais. « Du coup tu viens avec nous ou pas ? Elle va pas attendre longtemps Miss Grumpy là-bas. » Tu ris, en l’entendant. Tu ris, alors que tu hoches la tête. C’est vrai qu’elle n’avait pas l’air patiente, sa pote. C’est vrai qu’elle n’avait pas l’air spécialement indulgente. « Suivons-laaaa. » lances-tu, alors que tu t’aventures à la suite de l’autre jeune femme. Jeune femme qui gueule, visiblement pas contente de son nouveau surnom. « C’est vrai qu’elle est ronchonne, un peu. » dis-tu, tout bas – au moins dans ta tête -, à … Itziar – si c’était ce que tu avais compris. « Tu habites loin d’ici ? » demandes-tu. Parce que chez toi, c’était carrément loin. Parce que … Parce que tu craignais que ça ne prenne du temps. « Dis, on va prendre le bus ? » questionnes-tu. Un bus vide. Avec juste le chauffeur pour supporter vos conneries et un mec avec un survet’ et des écouteurs. Les gens de la nuit. Les gens de la nuit dans les bus. Des mines fatiguées, parfois. D’autres gens à complètement bourrés, s’ils arrivaient à monter.
Il n'a pas l'air de lui en vouloir pour la remarque sur son prénom. Tant mieux. Elle avait clairement manqué de tact sur ce coup-là. Un manque de tact qu'on pouvait sans aucun doute mettre sur le compte de l'alcool. C'était peut-être sa chance que le jeune homme soit tout aussi fait qu'elle. Peut-être avait il été sobre qu'il l'aurait mal pris. Pour l'heure, ça le fait rire surtout et c'est la réaction qu'espérait obtenir la jeune femme. "Je viens d'Espagne à 100%, bien vu Sherlock." Elle se moque un peu de lui. Elle est surprise qu'il ait eu besoin qu'elle lui dise que son nom avait une origine espagnole pour comprendre. En général elle n'a pas besoin d'articuler plus de trois mots pour qu'on lui demande si elle vient d'Espagne ou d'un pays d'Amérique latine. Son accent ne laisse pas vraiment place au doute. Certain n'aiment pas être grillés par leur accent, elle, elle s'en fiche pas mal. Elle fait des efforts pour l'atténuer au maximum, mais si elle ne le perd jamais, ça ne la dérange pas plus que ça. C'est son identité après tout et elle en est plutôt fière. Après une rapide discussion dans le dos d'Ashley, Archi se décide à l'interpeller. Elle ne sourit même pas. Elle n'est pas d'humeur. Elle est fatiguée, elle veut rentrer chez elle, mais en même temps elle ne veut pas laisser Itziar seule. Ashley c'est un peu la maman de son groupe d'amis, elle est un peu plus âgée que la jeune espagnole. Ce n'est pas qu'elle est méchante, dans n'importe quelle situation elle aurait été amicale avec Archie sans sourciller. "Faut pas lui en vouloir, elle en a eu assez pour la soirée." Itziar trouve important de préciser. Elle ne veut pas que le jeune homme le prenne mal, même si, vu son état, il y a peu de chance qu'il prenne quelque chose mal. Ou du moins, quelque chose aussi futile que quelqu'un qui n'a pas envie de discuter ou se joindre à la fête. Ce n'était pas non plus qu'elle n'aimait pas le contact humain non plus, elle n'était pas affectueuse plus que la normale, mais elle n'avait rien contre le contact humain. Disons qu'elle avait plutôt eu sa dose pour la soirée. "Non elle a juste envie de rentrer chez elle en fait." explique t-elle au jeune homme. "En vrai elle est super gentille, même si là elle a plutôt l'air effrayante." Si elle n'était pas gentille, Itziar ne serait pas amie avec elle après tout et puis, surtout, si elle n'était pas gentille, elle serait déjà partie seule en direction de chez elle, laissant Itziar se débrouiller seule pour rentrer chez elle, ce qui clairement ne serait pas du joli, vu la quantité d'alcool qu'elle avait ingéré au cours de la soirée.
Lorsqu'il lui parle de Tinder elle ne peut s'empêcher de repenser à son dernier rencard raté en date. Le rencard qu'elle avait eu avec ce mec qui s'appelait Caligula. Déjà qui s'appelle comme ça ? Mais surtout qui est assez taré pour se faire passer dix ans plus jeune en espérant que ça ne se remarque pas ? Caligula déjà et il ne devait malheureusement pas être le seul. "Il était vieux. Pas moche pour son âge, il ne faut pas exagérer non plus, mais les photos de son profil étaient clairement des vieilles photos et j'aime pas qu'on se fiche de moi." Explique t-elle à Archie. Oué le mec n'était pas un vieux crouton. Il était bien conservé pour son âge, mais la jeune espagnole n'aime pas les menteurs, elle n'avait donc pas apprécié ce petit (gros) détail. "Tiens regarde c'était lui." ajoute t-elle en sortant son téléphone de sa poche pour récupérer une des photos qu'elle avait enregistrée, histoire de le repérer là où ils avaient convenu de se retrouver. "Genre sur cette photo il avait à peine 30 ans, je suis d'accord, mais en vrai il en avait bien 40." C'était pour ça qu'elle n'aimait pas plus que ça les sites de rencontre, mais ça ne la calmait pas suffisamment pour s'en détacher complètement. Voyez le paradoxe. Archi a l'air opé pour rentrer avec elle, c'est donc sourire aux lèvres qu'elle lance en direction de son amie "C'est bon Ash on est prêts à y aller." Ce n'était pas forcément ce que son amie avait en tête, mais elle avait l'air de ne pas contredire l'idée. Sûrement parce que Archie n'avait pas l'air offensif comme mec. "J'habite à Toowong." Lui répond-elle, même si ce n'était totalement sa question. Elle ne saurait dire si c'est loin d'ici. Tout est une question de perspective. Il lui faut en général une bonne demie heure à vélo pour aller de chez elle au bar, à pied, c'est donc un peu plus loin. Tout dépend de ce qu'il entend par loin. Il lui demande s'ils vont prendre le bus et elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle n'a aucune idée du plan qu'avait Ashley pour la raccompagner jusque chez elle. "Ash on prend le bus ?" lui demande t-elle, ce à quoi la jeune femme se dépêche d'acquiescer par un signe de tête. "Oui on prend le bus." répond-elle à Archie. "Ca te vas comme plan alors ? On prend le bus, on va chez moi et après on voit ? Sauf si t'as déjà des idées." Est-ce qu'elle venait d'inviter un parfait inconnu rencontré dans la rue chez elle ? Totalement.
Son amie en avait eu assez pour la soirée. Assez pour la soirée. Tu voudrais bien comprendre pourquoi. Tu voudrais bien piger pourquoi. Peut-être que c’était en lien avec le taux d’alcoolisation de la jeune fille. Peut-être pas. Tu n’en avais, au final, aucune réelle idée. Parce que tu ne la connaissais pas tant que ça. Parce que tu étais trop même trop alcoolisé pour convenablement y penser. Alors, tu te retrouves, sans même savoir comment, à changer de sujet. A parler de Tinder, de Tinder et des matchs douteux. « Il était vieux. Pas moche pour son âge, il ne faut pas exagérer non plus, mais les photos de son profil étaient clairement des vieilles photos et j'aime pas qu'on se fiche de moi. » Tu hoches la tête. C’est vrai que ce n’était pas cool quand il y avait erreur sur la marchandise. Quand on vous mentait, volontairement. Et elle te le montre. Elle cherche une photo sur son téléphone, et elle te le montre. C’était Saint-Clair. En plus jeune, certes, mais c’était Saint-Clair. Et toi, comme un con, tu t’es tordu de rire comme un phoque. Comme si c’était la blague la plus merveilleuse qu’on venait de te faire. « Oh, c’est tout lui, ça ! » t’es-tu exclamé. Et puis t’as rougi, un peu. T’as rougi, en réalisant que tu venais d’avouer que, d’une certaine manière, tu le connaissais. Et tu as réalisé qu’il fallait peut-être que tu te taises. Qu’il était peut-être grand temps que tu fermes ta gueule, avant de partir sur les récits de vos ébats. Parce que ça aurait été gênant, n’est-ce pas ? Parce que ça aurait peut-être été un peu dérangeant.
« C'est bon Ash on est prêts à y aller. » dit-elle alors, avant de te préciser qu’elle habitait à Toowong. Tu essaies d’évaluer. Tu essaies de calculer, dans ta tête, mais, même si tu parviens à situer le quartier, c’est compliqué. C’était peut-être un peu trop loin pour ton corps alcoolisé. C’était peut-être un poil trop loin, mais probablement pas autant que ton propre appartement. Appartement dont tu ne savais pas encore comment regagner. Alors, tu demandes. Tu demandes si vous prenez le bus. Parce qu’au fond, tu as un peu peur qu’elle te dise que vous alliez marcher. « Oui on prend le bus Ça te va comme plan alors ? On prend le bus, on va chez moi et après on voit ? Sauf si t'as déjà des idées. » Tu secoues la tête, hausses les épaules. « Ça me va, le bus. » dis-tu. Tu n’avais pas vraiment envie d’être compliqué. Tu n’avais pas vraiment envie de marcher quinze bornes non plus, à travers toute la ville. « Et après … Je sais paaas. » ajoutes-tu, en réfléchissant sérieusement. Vous trouveriez bien sur place. Vous réussiriez bien à trouver une quelconque activité. Et puis, il y a eu le bus. Il y a eu le bus, qui s’est arrêté juste devant vous. Le bus, dans lequel vous avez grimpé. Coquille de métal géante, quasiment vide. Musique à faible volume, qui se diffuse jusqu’à vos oreilles. Musique sur laquelle tu ne peux t’empêcher de remuer, entraîné. Tu sautillerais presque, debout, en essayant de ne pas trop t’éloigner de la barre verticale sur laquelle des milliers de mains s’étaient déjà posées. « On pourra danser ! » t’exclames-tu alors, comme si c’était l’idée du siècle. « Tu as de la musique chez toi ? » demandes-tu, pour t’en assurer. Peut-être qu’elle n’avait rien de tout ça – mais ce serait bien triste, au fond. Qu’est-ce que c’était, une vie sans musique ? Une vie sans se trémousser stupidement sur un rythme entraînant ? Sans se trémousser comme tu le faisais actuellement. Sans avoir l’air d’un parfait abruti. Sans avoir l’air d’un idiot perdu au fond du bus. Bus qui s’agite, un peu, et tu te rattrapes de justesse à la barre, en lâchant un « Oh ! » de surprise, avant de te mettre à pouffer.
Elle lui montre une photo du mec en question. Ce fameux Caligula. D'ailleurs depuis son plan foireux avec lui, elle avait désactivé son compte Tinder. Comme si ça lui avait servi de leçon une bonne fois pour toute. Si seulement. Ca lui avait servi de leçon pour le moment, dans quelques temps, elle aura très certainement oublié cette mésaventure et sera repartie pour un tour. Il n'y avait aucun doute la-dessus. La jeune espagnole ne comprend pas vraiment la réaction de son nouvel ami sur le coup. Il se met à rire. Elle, elle trouve ça pourtant tout sauf drôle. Elle s'est quand même faite avoir comme une bleue, par un mec un peu creepy. Ca ne l'avait clairement pas faite rire sur le moment et ça ne la faisait pas rire maintenant non plus. "Tu le connais ?" Lui demande t-elle. Visiblement son éclat de rire avait quelque chose à voir avec ça puisqu'il lui dit que cette histoire c'était lui. Il faisait donc ça avec tout le monde ? Archie avait peut-être eu la chance (malchance ?) de croiser sa route de la même façon et donc connaissait la bête. Qui sait ? En tout cas, elle était quand même curieuse d'en savoir plus à ce sujet. Il y avait quelque chose de rassurant à se dire qu'on n'était pas la seule à être tombée dans le panneau. Même si ce n'était pas le cas de Archie, elle s'imaginait bien que le mec n'en était pas été à son coup d'essai. C'était certain. L'inverse n'était pas envisageable.
Elle ne savait pas trop s'ils devaient prendre le bus ou pas. Elle était sortie de la boite avec l'idée de rentrer chez elle, Ashley devait la raccompagner et c'était tout. Elle suivait juste son amie sans vraiment savoir si cette dernière l'emmenait à l'arrêt de bus le plus proche ou si elle comptait la faire marcher jusqu'à Toowong. Archi avait donc bien fait de demander, car Itziar, elle suivait juste à l'aveugle sans être au courant de quoi que ce soit et au final, ça ne la dérangeait pas plus que ça. A cette heure-ci elle avait un peu oublié que Toowong, ce n'était pas forcément le quartier le plus proche de Fortitude Valley, elle avait aussi oublié que quand elle bossait au bar, elle prenait son vélo et qu'à 4h du matin quand elle faisait la fermeture, le trajet du retour lui paraissait durer une éternité. Elle aurait très certainement pensé à ce détail si elle n'avait pas 4 grammes dans le sang. "C'est toujours mieux que marcher." Dit elle a Archie quand il lui dit que le bus lui convient. Entre s'asseoir sur un siège en attendant d'arriver à destination et marcher des kilomètres dans un état pas net, le choix était vite fait. Il n'a pas d'idée quant à ce qu'ils pourraient bien faire une fois chez elle. Ce n'est pas bien grave, elle est certaine qu'ils trouveront bien une fois arrivés. Il n'y avait pas de doute là-dessus. Mettez deux personnes sous influence dans une maison, ils trouveront toujours de quoi s'amuser. C'était l'avantage. "On verra bien sur place." Ajoute t-elle avant de continuer. "Faut déjà qu'il arrive ce bus." Ca ne fait même pas cinq minutes et pourtant elle en a déjà marre d'attendre et se demande pourquoi personne n'a eu l'idée d'inventer les bus sur demande, sans vraiment se rendre compte qu'un taxi c'est surement l'équivalent d'un bus sur demande, mais passons.
Le bus arrive pour son plus grand bonheur, elle va pouvoir se laisser tomber sur un des sièges et attendre. En montant elle se rend compte qu'elle est bien moins stable sur ses jambes qu'elle ne l'aurait imaginé. D'ailleurs, Ashley est obligée de la tenir pour ne pas qu'elle tombe quand le bus redémarre avant même qu'elle ne soit assise. Elle la pousse sur le premier siège. "Ahhh mais oui super idée ça !" répond-elle quand Archi propose de danser une fois chez elle. Elle a déjà bien dansé ce soir, mais sur le moment elle se dit qu'elle pourrait danser un peu plus encore. Surtout s'ils mettent de la bonne musique. "Bien sûr que j'ai de la musique !" Lui lance t-elle. "Pour qui tu me prends Archibald ?" Elle fait exprès de l'appeler par son nom entier, elle est d'ailleurs surprise de s'en souvenir. Elle réfléchit quelques secondes à ce qu'elle pourrait mettre comme musique une fois qu'ils seront chez elle puis repense à un détail plutôt important et qu'elle avait complètement oublié l'espace d'un instant. "Ahhh mais j'ai des colocs' par contre." Lance t-elle a l'attention d'Archie. "Du coup on va pas pouvoir mettre fort, ils doivent dormir là je pense." Oui ils doivent très certainement dormir et il y a fort à parier que si elle les réveille avec de la musique à fond à cette heure-ci, elle va avoir de gros problèmes et elle n'a absolument aucune envie de se faire sermonner par Wesley. Elle pouffe de rire quand elle le voit manquer de tomber dans le bus. S'il s'était écrasé la tête la première, elle aurait sans doute ri aux éclats. "On arrive bientôt." annonce Ashley. "Ok alors moi j'ai un plan." Ajoute Itziar pour Archie. "On rentre sans faire de bruit, on file dans ma chambre et on met la musique pas trop fort et on danse." Explique t-elle avant d'ajouter quand le bus s'arrête. "L'essentiel c'est de pas faire trop de bruit." Oué ça c'était capital. Elle descend du bus, non sans mal, par chance, l'arrêt de bus est proche de chez elle. "Ash t'es pas obligée de nous raccompagner jusqu'à la porte, je vais retrouver le chemin." Il y avait quoi, même pas 100 mètres à faire, c'était largement faisable sans un chaperon. Ce que son amie sembla accepter, lui demandant seulement de lui envoyer un sms une fois à destination. "Bon bah c'est juste là-bas." Dit elle a Archie en pointant quelque part vers leur droite. "On y va ?" demande t-elle ensuite.
« Tu le connais ? » te demande-t-elle, en te parlant de Caligula. Tu hoches la tête, positivement. Tu hoches la tête, alors que tu essaies de calmer ton rire. « C’est mon voisin. Puis des fois on c … » commences-tu, avant de rougir d’un coup. Tu t’es interrompu, en réalisant ce que tu étais en train de lui raconter. « Mais il est pas méchant, au fond. Juste un peu … Manipulateur. » Terrifié à l’idée d’être vieux et seul, peut-être. Terrifié à l’idée de perdre son étrange pouvoir. Tu n’en avais aucune idée. « Mais désolé que t’aies eu à le rencontrer .. comme ça. » A travers une application. Au milieu de mensonges. Tu ne pouvais pas non plus lui souhaiter ça.
Itziar, elle n’a pas trop l’air de vouloir attendre le bus longtemps. Toi, tu t’en fous un peu. Tu t’en fous, parce que c’est calme, que le coin est calme, et que tu peux essayer de comprendre le regard complètement blasé d’Ashley. Ashley qui semble visiblement en avoir marre de vous supporter. Peut-être que tu n’entrais pas dans ses plans non plus. Peut-être que, sans toi, Itziar aurait été chez elle depuis longtemps, et que l’autre jeune femme serait couchée. Tu n’en avais aucune idée. Tu n’y pensais pas vraiment non plus, en réalité. Puis, vous êtes montés dans l’engin placardé de publicités. Et alors, tu as eu quelques idées. Tu as eu quelques idées sur comment poursuivre votre soirée. Danser. « Bien sûr que j'ai de la musique ! » dit-elle, juste après que tu lui aies demandée. Tu as soufflé, soulagé. « Pour qui tu me prends Archibald ? » ajoute-t-elle alors, en t’arrachant une grimace. « Pas Archibaaaaaald. » t’exclames-tu, alors que ta tête se penche sur le côté. « C’est mooooche. » répètes-tu, comme si elle ne semblait pas l’avoir enregistré. Peut-être qu’elle le faisait exprès. Exprès pour t’offusquer. « Ahhh mais j'ai des colocs' par contre. » réalise-t-elle soudain. « Moi aussi ! » lances-tu, sans réfléchir, comme un gamin. « Ils sont gentils ? » demandes-tu encore, avant de l’entendre enchaîner sur le fait que ça conditionnerait un peu, voir beaucoup, le volume de la musique. Tu souffles. Tu souffles, un peu, avant de hausser les épaules, et de continuer à te trémousser. Est-ce que c’était grave, au fond ? Tant que vous pouviez danser. Tant que vous pouviez écouter de la musique, ça t’allait. Tu manques de t’étaler. Tu manques de t’étaler, et tu l’entends pouffer à tes côtés. Tu as eu un sourire, amusé par ta propre connerie. Tu as eu un sourire, avant de la rejoindre dans un léger rire. T’es con. T’es con, mais bourré comme tu l’es, tu t’en fous. T’es bien. T’es juste bien. Mais Ashley est là. Pour vous rappeler que, bientôt, il faudra descendre. Bientôt, il faudra filer du bus. Bientôt, il faudra descendre. Okay. Tu hoches la tête, doucement, alors que la blonde se décide à t’annoncer un plan. « On rentre sans faire de bruit, on file dans ma chambre et on met la musique pas trop fort et on danse. » Tu pourrais presque sautiller sur place en approuvant, mais le coup de frein du bus te rappelle rapidement à l’ordre. « L'essentiel c'est de pas faire trop de bruit. » ajoute-t-elle enfin, avant de prendre le chemin de la sortie. « Oui ! » réponds-tu alors, plutôt ok avec le plan qu’elle avait élaboré. Tu t’es alors tourné vers la chauffeuse du bus, pour lui faire un grand coucou, et sauter sur le trottoir en lançant un « Au revoir ! » plutôt enjoué.
Izzie, elle propose à Ashley de vous laisser là. Izzie, elle dit qu’elle connait le chemin. Tu la crois – tu croirais aveuglément presque n’importe qui, de toute façon. « Bon bah c'est juste là-bas. » dit-elle, alors qu’elle te pointe un coin sur votre droite. Tu hoches la tête, alors qu’elle te demande si vous y alliez. « Bah oui ! » t’exclames-tu, en sautillant sur quelques pas. Tu souris. Tu souris, tout content, alors que tu évolues dans la direction qu’elle t’avait désigné. Puis tu t’es arrêté. Tu t’es arrêté, à quelques pas de la porte d’entrée. « Maintenant, faut plus faire de bruit ? » as-tu demandé, alors que tu essayais déjà de faire tes pas un peu plus légers. Peut-être que la tâche n’allait pas être si aisée. Alors, tu souffles. Doucement, tu souffles, comme si tu avais besoin de toute la concentration du monde pour y arriver. « Go … ? T’as les clés ? » demandes-tu, en chuchotant, alors que vous vous approchiez de la porte d’entrée. Peut-être qu’on vous pourrait vous confondre avec des bandits, avec l’allure que vous aviez.
Visiblement il connait Caligula bien plus qu'elle ne le pensait. Ils sont voisins. Quelle chance pour Archie pense t-ironiquement. Elle avait rarement croisé un mec aussi narcissique et imbu de sa personne que ce type. Elle ne s'imaginait pas l'avoir en voisin et devoir faire la conversation avec lui en rentrant chez elle. Plutôt mourir en fait. "Des fois quoi ?" demande t-elle. Elle ne comprend pas trop sur le moment. Il allait dire un truc, puis il se stoppe net. Elle ne peut pas s'empêcher de demander, bien trop curieuse pour laisser passer ça. Il allait dire un truc, qu'il aille au bout de sa pensée. Il n'était pas méchant, non au contraire c'était plutôt l'inverse, il arrivait bien à vous caresser dans le sens du poil, meilleure technique de manipulation jamais inventée. Franchement depuis le temps qu'elle traînait sur Tinder, c'était sans doute un miracle de ne pas être tombée sur un mec comme ça bien avant. Elle pouvait donc s'estimer heureuse et voir le bon côté des choses. "T'as pas à t'excuser pour lui." D'un ce n'était absolument pas sa faute à lui, il n'était pas du tout responsable de son voisin et de deux, elle n'était pas non plus traumatisée à ce point. Certes, ça l'avait très fortement refroidie, mais bon, pas de quoi lui faire perdre le sommeil ou autre. C'est le jeu des applications de rencontre, on ne sait jamais sur qui on va tomber en face à face. Dès fois les gens sont cool et des fois, on tombe sur un vieux mec narcissique au possible. Pile ou face.
Elle l'embête en l'appelant Archibald et visiblement, ça marche. Ca la fait rire de plus belle, car elle est fière de son coup. "C'est justement pour ça que je t'ai appelé comme ça." Ajoute t-elle en riant. Au cas où il n'avait pas compris que c'était pour blaguer. "Ahhh t'as des colocs toi aussi ?" Parfait, il allait sûrement comprendre qu'il allait falloir contrôler le volume histoire de ne pas ouvrir les portes de l'enfer. "Ils sont super sympas." Dit elle, elle n'échangerait ses colocataires pour rien au monde. Honnêtement, elle était persuadée d'avoir tiré le gros lot avec eux et ne se voyait pas en changer de si tôt au risque de tomber sur des rabats-joie jamais contents. "Mais faut vraiment pas les réveiller." ajoute t-elle. Oué ils sont sympas, mais il y a des limites quand même. Ils restent humains et ils ont beau être les meilleurs colocataires du monde, il fallait tout de même un minimum de respect et ça, ça passait par le silence ou du moins, le moins de bruit possible. Simple règle de courtoisie. Le trajet en bus lui parait extrêmement rapide, surement parce qu'elle est complètement bourse et qu'avec Archie qui manque de tomber elle se tape certainement un des meilleurs fous rire de la soirée. Elle se demanderait même si elle n'a pas dormi tellement c'est passé vite, mais elle est loin de s'en plaindre. Elle a passé assez de temps dehors, elle a un petit peu hâte de rentrer chez elle. Surtout que la suite de la soirée s'annonce plutôt fun. Elle en a totalement occulté la fatigue qui se faisait sentir il y a de ça une bonne heure maintenant. Ashley s'en va de son côté et Itziar se retrouve donc seule avec Archie prêts à prolonger la soirée un peu plus longtemps avec une after-party officieuse.
Il est prêt à se diriger vers chez elle, ça tombe bien. Il ne leur faut pas longtemps avant d'atteindre la porte d'entrée. L'avantage d'habiter proche d'un arrêt de bus. C'est bien plus pratique qu'on ne pourrait l'imaginer. Archie s'est arrêté. Visiblement, il a bien imprimé qu'il ne faut plus parler trop fort maintenant et se faire les plus discrets possibles. "Oui là faut qu'on soit silencieux." Lui répond-elle commençant à mettre la main dans son sac à la recherche de ses clés. "Bon on peut parler quand même." Ajoute t-elle avant de continuer "Ils dorment avec leur porte fermée et puis la maison est quand même bien isolée. Faut juste pas crier quoi." Oui, les murs ne sont pas en papier mâché, mais ce n'est pas non plus un bunker. Tout est dans la nuance. "Elles sont là !!" Lance t-elle triomphante en lui agitant les clés devant le nez. Elle galère un peu avant de mettre la bonne clé dans le trou de la serrure, ses perspectives un peu différentes de la réalité à cause de l'alcool. La porte ouverte, elle invite Archie à entrer avant de se diriger vers le salon dans un premier temps. "Tu veux boire un truc ?" Lui demande t-elle. "Une bière ?" Peut-être pas très judicieux. "Ou de l'eau ?" Bien mieux comme choix, mais elle le laisse décider pour lui-même, il est majeur et vacciné. "Je vais aller me prendre un truc à boire." annonce t-elle. "Si tu peux prendre mon pc qui est sur la table basse." ajoute t-elle en pointant du doigt "Et si tu veux, tu peux t'installer dans ma chambre, c'est la deuxième porte à droite." finit elle en pointant le couloir du doigt.
« Des fois quoi ? » te demande-t-elle, alors que tu rougis, un peu. Tu te sens idiot. Tu te sens stupide. Tes doigts viennent agiter tes cheveux, nerveusement. « On discute ! » lâches-tu connement, en espérant que la discussion filerait sur autre chose. Rapidement. T’étais plutôt ok avec ta sexualité, mais de là à raconter tes ébats avec la première rencontrée, peut-être pas. Peut-être pas. Alors, Izzie, elle te taquine. Elle t’embête, volontairement, alors qu’un sourire finit tout de même par éclaircir ton visage. « Ahhh t'as des colocs toi aussi ? » Tu as piaillé un oui, heureux. « Elle s’appelle Neptune ! » ris-tu. « Elle est affreuse quand elle s’y met, mais j’crois qu’c’est ma meilleure pote quand même. » ajoutes-tu. T’en es sûr. Tu te sentirais bien seul, si elle s’en allait, hein ? Tu te sentirais bien con. « Ils sont super sympas. » Ses colocs à elle aussi, sont supers sympas. Tant mieux. T’as pas envie de voir des mauvaises personnes en permanence – et puis, peut-être que les antipathiques n’ont pas de colocataires. « Mais faut vraiment pas les réveiller. » Tu hoches la tête. Okay. Tu pouvais y arriver, n’est-ce pas ? Alors, tu t’appliques. Tu t’appliques à essayer de marcher droit pour descendre du bus. Tu t’appliques à presque jouer au ninja alors que tu arrives devant chez elle. Là, il fallait être silencieux. Tu hoches la tête, le plus sérieux du monde, en plaçant ton index sur tes lèvres. Tu serais sage. Aussi silencieux qu’une image. « Bon on peut parler quand même. Ils dorment avec leur porte fermée et puis la maison est quand même bien isolée. Faut juste pas crier quoi. » Tu t’es redressé, un peu. « Oh. Ok. » Tu as souri. « Je crierais pas. » Tu ferais de ton mieux pour ne pas couiner comme une gamine de douze ans également. Pour ne pas trop laisser déborder ta joie dans tous les sens. Tu pouvais essayer.
« Elles sont là !! » lance-t-elle soudain, un sourire de victoire accroché aux lèvres. Les clés. Tu as sautillé sur place en applaudissant doucement. Première victoire sur votre fin de soirée déjà bien entamée. Lutte légère pour entrer à l’intérieur de la maison. Lutte légère de ta compagne d’infortune, pour faire rentrer la clé dans la serrure. Nouvelle victoire. Nouvelle victoire, et voilà qu’elle t’invite à entrer. Elle te propose à boire. Elle te propose une bière. Ou de l’eau. Tu hausses les épaules. « De l’eau, ça me va. S’il te plait. » Là, de suite, une bière, fraiche ou tiède, ne te tentait absolument pas. Pas après l’alcool que tu avais déjà ingurgité. « Si tu peux prendre mon pc qui est sur la table basse. » te propose-t-elle alors, en pointant du doigt l’objet. Tu hoches la tête, avant d’attraper l’ordinateur entre tes doigts. « Y’a le chargeur avec ou … c’est déjà dans ta chambre ? » demandes-tu, en regardant un peu stupidement autour de toi. « Et si tu veux, tu peux t'installer dans ma chambre, c'est la deuxième porte à droite. » Tu relèves la tête pour essayer d’enregistrer correctement les informations. Tu relèves la tête, pour essayer de correctement capter où tu devais aller. Et, tu te diriges. Tu te déplaces, presque à pas de loup, pour essayer de ne réveiller personne. Deuxième porte. A droite. Tu devrais pouvoir y arriver. Tu devrais y arriver, sans de planter de côté, tout en sachant compter. Tu as poussé la porte, en essayant de ne rien faire tomber. Tu as poussé la porte, avant de déposer le pc sur le bureau. Tu as souri. Tu as souri, amusé, avant de t’asseoir, impatient, sur le lit. Tu aurais peut-être pu l’allumer. Tu aurais peut-être dû l’allumer. Mais tu ne voulais pas non plus t’immiscer dans sa vie privée. Tu souffles. Tu souffles, alors que tes mains viennent se déposer sur tes genoux. Attendre, un peu. Juste quelques secondes, avant que la demoiselle n’apparaisse dans la pièce. « J’suis prêt ! » lances-tu joyeusement, en te relevant subitement. Tes doigts se sont placés devant ta bouche, surpris par toi-même. « Oups. » murmures-tu. « Je dois encore travailler ça. » ajoutes-tu finalement, toujours souriant. Contrôler tes excès de joie. Te maîtriser, au moins un peu, pour éviter de réveiller ses colocataires. Pour éviter de vous faire disputer. « Tu veux mettre … Un truc genre Just Dance, ou des musiques au pif et on laisse aller ? » demandes-tu. Comme si c’était la question la plus importante du monde. Comme si vous dépendiez de la réussite de cette mission.
Elle lève un sourcil inquisiteur dans sa direction quand il lui dit qu'il discute avec Caligula. Ce n'était pas forcément le genre de réponse qu'elle attendait. Après tout, il s'était stoppé net deux secondes plus tôt quand il parlait de lui, tout ça pour ne pas dire qu'il discutait ... Elle avait donc énormément de mal à y croire. Elle avait beau être complètement faite, elle n'était pas non plus née de la dernière pluie et discuter avec son voisin ce n'était pas normalement quelque chose de honteux. Enfin, elle ne comptait pas demander plus que ça. Après tout, elle n'avait pas de quelconque intérêt pour le type et se fichait bien de savoir ce qu'un narcissique comme lui pouvait bien faire avec son voisin. "Okkk !" Lui lance t-elle donc. "Tant mieux pour toi, je te le laisse." Ajoute t-elle. Non non, elle ne l'a pas du tout mauvaise, mais clairement si ce mec pouvait rester le plus loin d'elle possible, elle ne s'en porterait que mieux. Archie lui apprend qu'il a une coloc' apparemment à la fois affreuse et sa meilleure pote. Soit il est un peu maso comme mec soit la fille c'est l'allégorie d'un grand huit. Il n'y avait pas cinquante solutions. "Tu dois pas t'ennuyer avec elle alors." Lui répond-elle. Ses colocataires à elle étaient loin d'être affreux, au contraire, ils étaient tous plus gentils les uns que les autres, même si au début elle ne pensait pas forcément ça de chacun d'eux, ça avait bien changé en un an. C'était un peu comme sa famille australienne, elle savait qu'elle pouvait compter sur eux s'il y avait un soucis. Ils ne s'ennuyaient pas non plus, même si tout le monde avait sa vie de son côté, travail, études et tout ce qui va avec et donc était plutôt occupé en général et il était bien souvent difficile de réunir tout le monde au même endroit au même moment. Ils trouvaient toujours un moment pour faire quelque chose à deux ou plus de temps en temps. Itziar n'en demandait pas beaucoup plus étant elle aussi bien prise entre les cours et le bar.
Il lui assure qu'il ne criera pas, c'est parfait. Visiblement il est encore suffisamment sobre pour se contrôler. Elle ne veut pas de problème avec ses colocs', la solution de facilité aurait été de rentrer seule, mais inviter Archie chez elle pour une after-party, ça lui paraissait et lui parait toujours être la meilleure idée du monde sur le moment. Elle est bourrée, mais elle n'en oublie pas ses bonnes manières et en bonne hôtesse, elle propose à boire à son invité (bon ok, elle avait surtout soif elle-même, mais elle n'oublie pas de partager, c'est pas mal déjà.) et lui donne quelques instructions avant de se diriger vers la cuisine. "Le chargeur est dans ma chambre normalement." Lui répond-elle. Normalement. C'est-à-dire qu'aussi loin qu'elle se souvienne sur le moment, elle avait laissé son chargeur dans sa chambre, à moins que sa mémoire lui fasse défaut. Elle attrape deux verres et la bouteille d'eau avant de se diriger vers sa chambre. En entrant elle remarque que le jeune homme ne s'est pas perdu entre là et le couloir. Il est assis sur son lit et se lève dès qu'elle entre. "Archie !" Lance t-elle aussi fort que lui avant de se rappeler qu'elle lui avait bien dit qu'il ne fallait pas de bruit. Raté pour cette fois-ci. Elle met un doigt devant sa bouche, signe qu'il faut diminuer un peu le volume. "C'pas grave." ajoute t-elle en posant les deux verres sur son bureau avant de les remplir. "Tien." dit elle en lui tendant un des deux verres. Elle en profite pour allumer son ordinateur que le jeune homme a posé sur bureau. Il lui demande si elle veut mettre Just Dance et elle n'entend même pas la fin de sa phrase tellement cette idée lui parait bonne. "Ohhh ouiiii Just Dance, super idée." lance t-elle, essayant de parler le moins fort possible. "On va pouvoir tenter de reproduire les chorés'" ajoute t-elle en lançant youtube. Elle ne met pas bien longtemps à trouver son bonheur parmi toutes les vidéos que youtube lui propose. "Haaaan il y a Despacito ! Faut qu'on la fasse c'est obligé." Surement cliché, mais elle adore cette chanson et elle se fiche bien de ce que peuvent penser les autres de ça. Surtout quand elle est bourrée. "Ohhh il y a aussi Rasputin." Là c'était plus pour la choré que la chanson en elle-même, très clairement. "Vient voir ce qu'il y a et choisit la première t'es l'invité." Lance t-elle à Archie, lui faisant signe de s'approcher de l'ordi, avant de se décaler pour lui laisser la place. "Dommage que j'ai pas la console, ça aurait été encore plus drôle." Heureusement que youtube est quand même là pour qu'ils puissent profiter du jeu d'une autre manière.
« Le chargeur est dans ma chambre normalement. » Tu hoches la tête, avant d’y filer. Tu uses d’un peu de concentration pour ne pas te tromper, et te souvenir de ses indications. Izzie est arrivée peu de temps après que tu aies posé le pc sur le bureau et que tu te sois installé sur le lit. « Archie ! » lance-t-elle joyeusement, en réponse à ton piaillement d’adolescent. Vous vous retrouvez tous les deux avec la main devant la bouche, comme des idiots. Comme des enfants devant l’étendue de leur connerie. « C'pas grave. » t’assure-t-elle finalement, alors que sur tes lèvres apparait ton habituel sourire d’enfant. Elle t’a tendu un verre d’eau, que tu as saisi entre tes doigts en soufflant un merci. Danser, maintenant. Maintenant que ta gorge est un peu moins sèche. Tu proposes un Just Dance. Parce que tu t’en fiches d’avoir l’air ridicule. Parce que ça t’amusera toujours autant de tenter de te dandiner comme ce que tu vois à l’écran. « Ohhh ouiiii Just Dance, super idée. » lance-t-elle, alors que tu sautilles en frappant doucement des mains. « On va pouvoir tenter de reproduire les chorés. » entends-tu, alors que tu hoches la tête. Absolument. Tu restes à ses côtés, fixant l’écran sur lequel défilent les titres proposés. « Haaaan il y a Despacito ! Faut qu'on la fasse c'est obligé. » Tu ris, doucement. Tu ris, en hochant la tête. Tu t’en foutais. Tant que tu dansais. « Ohhh il y a aussi Rasputin. » Tes épaules se sont tortillées. Comme si l’idée te plaisait. Rasputin, c’était finir en sueur en moins de cinq minutes. C’était se tourner au ridicule en autant de temps, mais c’était bien se marrer également. « Viens voir ce qu'il y a et choisis la première t'es l'invité. » Tu souris un peu, avant de te placer devant l’ordinateur pour voir ce qu’on te proposait. « Dommage que j'ai pas la console, ça aurait été encore plus drôle. » Tu hausses les épaules. Ce n’était pas très grave : tu te sentais capable de t’en sortir tout de même. Tant pis pour les points, c’est vrai. « En vrai … J’ai entendu parler d’un truc qui s’appelle Just Dance Now. Mais j’ai jamais essayé. C’est genre … pour mettre sur le pc, avec le téléphone. Mais. J’crois que tu peux faire une chanson ou deux puis faut payer. Pour le coup, c’est peut-être mieux de faire sur YouTube … » Et puis peut-être que ça consommait pas mal de batterie, aussi. « Oh mon dieu. » laches-tu soudainement, en arrêtant de scroller vers le bas de l’écran. « Y’a Shape Of You. » Tu t’es tourné vers elle avec un regard suppliant. Toi aussi, t’étais peut-être un peu cliqué. C’était probablement l’une des chansons qu’on avait trop entendues cette année. Mais malgré tout, elle te donnait toujours envie de gigoter. Elle te donnait toujours envie de te remuer, et presque de chanter – mais peut-être que cette fois-ci, il faudrait te retenir, si tu ne voulais pas te faire dégager. « On peut, on peut ? S’il te plaiiiit, Izzie ! » murmures-tu, comme un gamin. « Puis on pourra même faire Despacito juste après, promis ! » Comme ça, vous auriez fait les chansons les plus clichées de l’année. Vos tubes de « l’été ».