C’était un compliment qui venait de lui, qui venait de quelqu’un que Nadia ne portait pas dans son coeur, qu’elle avait tant jugé et pourtant c’est un inévitable sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres lorsqu’il avait prononcé ces trois mots. Il était rare pour elle de recevoir des compliments de la part de la gente masculine, sûrement à cause de son côté un peu sauvage, très peu sûre d’elle, se laissant difficilement aller avec le sexe opposé. C’est un sentiment de culpabilité qui fait finalement surface alors que l’institutrice réalise que son jugement avait été trop hâtif et que si elle se permettait de voir une Ariane qui se comportait presque pareil comme une déesse, il n’y avait aucune logique dans ses pensées envers Andy. Puis encore une fois, la culpabilité de comparer Ariane à Andy, même s’il était probable que le compliment la ferait sourire, voire éclater de rire. « En fait, t’es une espèce d’Ariane au masculin. Vous devez bien vous entendre ! » Andy fumait et avec de petits mouvements de la main, Nadia chassait la fumée, gênée par l’odeur. Si sa meilleure amie venait la chercher, l’odeur qu’elle porterait sur elle l’amènerait à la questionner et à jouer les mamans de substitution en lui demandant si elle avait fumé et c’était également la raison pour laquelle elle tentait de chasser les nuages qu’envoyaient Andy. Encore une fois, Nadia devait apparaître comme une snob coincée, ce qui n’était pas le cas. Ce soir était une des rares fois où elle s’était sentie plutôt bien en présence de quelqu’un qu’elle ne connaissait que très peu, dans une soirée sans ses amis proches. L’institutrice s’étonnait elle-même et serait probablement félicitée par Ariane, ou grondée pour avoir osé trouver Andy sympathique et finalement pas si repoussant qu’elle ne l’avait pensé. Il était assez étrange de voir comme le physique changeait dans son esprit lorsque le caractère de la personne semblait plus agréable, une pensée qu’elle chassa comme la fumée de cigarette en répondant à Andy. « Je sais pas trop, je lui ai envoyé un message et elle va venir. C’est simple entre nous, en fait. » Nadia n’avait pas relevé le commentaire d’Andy, qui restait dans l’optique de lancer régulièrement des piques comme pour contrebalancer les choses gentilles qu’il lançait ici et là. « Euh, faut que je vois avec elle. Si tu te comportes bien, normalement, ça se pourrait qu’elle accepte ! » Nadia tentait à nouveau de plaisanter avec l’étalon colombien, sachant pertinemment qu’elle pouvait se brûler les ailes à tout moment. Attrapant son téléphone, Nadia avait envoyé un énième sms à Ariane, préparant le terrain, ne voulant pas qu’Andy soit privé du luxe d’être raccompagné. Il n’était pas dans son état normal, il n’était pas en forme, il avait besoin de retrouver le confort de sa maison. « Je suis sur Fortitude Valley, ça fait un détour mais rien d’énorme. On va voir si elle est ok ! » Ariane serait d’accord. L’héberger pendant des mois avait eu l’avantage de permettre à Nadia de lui demander à peu près tout, et de l’avoir dédommagée en essence pour un petit bout de temps maintenant. Et avant qu'Andy et Nadia n'aient eu le temps de réfléchir plus longtemps, la rousse leur faisait déjà signe depuis le parking qui donnait sur la terrasse. La soirée avait été courte, mais avait crée des liens que Nadia n'aurait jamais soupçonné.