J’avais besoin de m’éloigné un peu, retrouver un peu le calme à l’extérieur du campement. Assit sur une souche d’arbre, contemplant le soleil qui se lève et inonde la pleine d’une douce lumière, réchauffant l’air frais de cette fin de nuit, je parviens à recentrer mon esprit. Ce cauchemar, bien que paraissant extrêmement réel, n’est pas réel. Il ne sera jamais réel. Je ne pense pas qu’on puisse rencontrer deux Tsunami dans sa vie. Ou du moins survivre à deux vagues de la sorte. La prochaine fois je ne serais sans doute plus là pour parler de traumatisme ou avoir de tels cauchemars. Et puis Ambroise ne risque pas de mourir de ci tôt, non ? Je pousse un lourd soupire et me passe les mains sur le visage et dans les cheveux, alors qu’un bruit attire mon attention. Celui des fermetures éclaires des tentes qui se dézippent et les murmures des gens qui commencent à se rependre dans le campement.
Je reste encore plusieurs minutes sur ma souche avant de finir par le lever. M’étirant un bon coup, prenant une profonde inspiration pour reprendre le total contrôle sur mes pensées, je retourne vers les cendres du feu de camps, attrapant un café et des tartines au passage. Apercevant Ambroise, je m’installe à ses côtés et, après quelques instants de silence, le temps de prendre quelques gorgé de mon café, je lui demande s’il a bien dormit. C’est avec un sourire qu’il me répond avoir parfaitement dormi comme un bébé et je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Personne ne sait tout ce que je donnerais pour pouvoir dormir une nuit entière sans être réveillés par des cauchemars ou simplement être allongé, là, sous l’emprise d’insomnies. Mais je ne dis rien de tel, étant donné que ce n’est pas la faute de quiconque que je ne puisse pas dormir correctement et hoche doucement la tête «C’est super » dis-je avec un sourire sincère « Au moins tu vas pouvoir survivre à cette journée de marche» je rigole légèrement et hausse les épaules « Si je me rappelle bien, aujourd’hui ça va être cool avec seulement une petite quinzaine de kilomètres, mais demain ça va être chaud. Autant au niveau de la température qu’au niveau physique de la marche. Il me semble que Caleb a dit qu’on fera bien trente kilomètres et... » je lance un coup d’œil espiègle à Ambroise « Donc ne comptes pas sur moi pour t’entrainer sur du ABBA ce soir» le prévenais-je en souriant. Je ne vais sans doute pas résister à danser de nouveau un peu, mais je ne pense pas faire long feu cette nuit.
Ambroise fini tout de même par poser la question que je redoutais un peu : où étais-je passé ? Je ravale mon malaise avec une longue gorgé de mon café et hausse les épaules «J’arrivais plus à dormir donc j’ai décidé de faire un petit tour en vers la forêt » dis-je en désignant le chemin que j’ai suivi « J’ai trouvé un super spot pour observer le levé de soleil. C’était très agréable» expliquais-je en mordant dans ma tartine et décide de ne pas parler de mon cauchemar. Du moins pas encore, pas tout de suite. Peut-être que l’occasion se présentera en chemin ? Comme me l’a dit Sybbie, parler de telles choses ne pourrait que me faire le plus grand bien.
Après une bonne vingtaine de minutes à discuter de sujets légers, nous décidons de finalement nous atteler au pliage de la tente et sac de couchage. Ça nous prend bien moins de temps que ce que nous avions imaginé à la base et j’offre même mon aide aux autres qui galèrent bien plus que nous. Et après 10 minutes, les tentes et sac de couchages sont dans la remorque de la voiture de service et tout le monde est fin prêt pour repartir. Caleb nous donne quelques explications sur le chemin et nous nous mettons en route. Très rapidement, Ambroise et moi reprenons nos positions de dernier du groupe afin de pouvoir discuter en toute tranquillité sans être gêner par d’autre gens.
Ambroise a particulièrement bien dormi cette dernière heure, mais évidemment le réveil est compliqué. Il tient à ces précieuses minutes avant qu’on ne lui adresse la parole, et l’expression de son visage suffit à tenir éloignée toute personne trop enthousiasme. Bien qu’avec ses cheveux encore ébouriffés et son air un peu juvénile, on pourrait ne pas le prendre au sérieux, son regard est là pour remédier à ça. On est loin de la bulle d’éveil qu’il apprécie, de l’espace cotonneux à la sortie du lit. Il n’est pas question de ça aujourd’hui, et il se met un peu à l’écart pour prendre son petit déjeuner, cherchant le calme. Ce dernier n’est troublé que par Clément, qui le rejoint plus tard avec ses propres tartines. Les réponses de Bonnie sont courtes et vont droit au but, comme ses questions. Clément a un peu plus envie d’élaborer, pointant comme une bonne chose le fait qu’il ait pu bien dormir car il pourra ainsi survivre à la journée de marche. L’australien ne peut qu’acquiescer. Si aujourd’hui encore, ça sera tranquille, demain devrait s’avérer compliqué avec au moins trente kilomètres de marches. Un sourire à l’évocation de la soirée d’hier, qui ne leur a pas permis de se reposer entièrement à danser comme des fous.
« Rien qu’à l’idée j’ai pas non plus envie de me défouler avec de la danse. Et je pense que j’aurais même pas la foi pour du ABBA après trente kilomètres de marche tu sais... » répliqua-t-il en riant légèrement. « Donc tu vas être tranquille à ce niveau-là », ajouta-t-il d’un ton espiègle, connaissant les goûts de son meilleur ami et son dégoût habituel pour le groupe suédois. Lorsqu’il est question du sommeil de Clément, les choses se corsent un peu et Bonnie croit deviner une sorte de malaise ; il connaît trop son ami pour passer entièrement à côté. Ne pouvant plus dormir après s’être réveillé, Clément a simplement fait un tour dans la forêt, et a été témoin du lever du soleil. Ambroise hoche la tête, terminant de manger tout en écoutant. Il ne soupçonne pas clairement qu’il y a autre chose, puisque la première partie de la nuit Clément a réussi à s’endormir, c’est qu’il n’y a pas encore à trop se soucier d’insomnies comme à l’appartement, où Ambroise en véritable oiseau de nuit entend souvent le néo-zélandais à des heures très tardives.
Ils discutent ensuite de sujets communs, tout en finissant de déjeuner et en se motivant pour plier le camp. Ce qui est relativement rapide contre toute attente, puisqu’ils arrivent à accorder leurs efforts de manière efficace. Et ils ne sont pas en retard. Tout est remballé et placé dans la voiture de service. A l’heure prévue passée d’à peine cinq minutes, le groupe est fin prêt à partir et écoute les dernières explications de Caleb. Très rapidement ils se mettent en route, et les deux amis se retrouvent en fin de cortège, reprenant une conversation et sautant de l’une à l’autre naturellement, avec quelques pauses et silences lorsque cela devient un peu difficile. Bonnie a une certaine forme physique grâce à la pratique du surf, mais l’endurance est loin d’être une de ses qualités, aussi essaye-t-il de minimiser ses efforts et d’avancer à son rythme. Qui n’est pas aussi mauvais qu’imaginer. Une femme, la quarantaine sûrement, a plus de mal que lui, comme certains autres qui, à la fin de la matinée, sont bien contents de la pause de midi. Ce n’est cependant pas une rando de pro, et le groupe trouve un rythme de croisière acceptable et pas trop épuisant pour les plus lents.
Rien d’extraordinaire ne se produit pour la première partie de la journée, et c’est au milieu de l’après-midi qu’Ambroise décide de parler. Sentant que l’atmosphère est bonne, et le moment propice. « Sybbie m’a raconté que vous aviez discuté une nuit où t’arrivais pas à dormir », commence-t-il en gardant ce ton de la discussion, calme, presque léger. « Ça t’arrive souvent les cauchemars ces temps-ci ? » Il ne dit pas explicitement ce qu’elle lui a raconté, et il suppose qu’il est à peu près au courant de tout, mais Clément est tout à fait au courant que les jumeaux n’ont aucun secret et discutent de tout. De tout. « Et tu sais, faut pas t’inquiéter, c’est pas une grosse embrouille ou une dispute qui mettra un terme à notre amitié du jour en lendemain, t’es bien trop catégorique à ce sujet..» précise-t-il avec un léger sourire. En espérant que Clément se confie à lui tout de même, ça sert à sa les meilleurs amis.
Comme chaque matin, les réponses d’Ambroise à mes questions sont courtes, claires et précise. J’ai apprit avec le temps qu’il ne semble que froid et qu’en vrai c’est sa juste sa façon à lui pour nous montrer qu’il n’est pas encore totalement réveillé. Et puis de toute manière il n’aime pas parler pour ne rien dire, ne paraphrase jamais et va toujours droit au but. Même si j’ai eu un peu de mal dans un premier temps avec ce côté un peu trop direct, je trouve ce côté de son caractère très agréable, étant donné qu’on sait tout de suite sur quel pied danser et nous ne sommes jamais réellement prit au dépourvu lorsqu’on lui pose une question. Aujourd’hui ne fait donc pas exception, mais je décide toutefois d’élaborer un peu plus ma réponse. Sûrement un moyen personnel pour essayer de penser à autre chose.
Et au final mon commentaire, concernant mon refus de recommencer à me déchaîner sur du ABBA ce soir, à au moins le mérite de dérider mon jeune ami qui me confirme que je serais bien tranquille aujourd’hui. «Ah ! Merveilleux » souriais-je à mon tour, amusé «Ecouter du ABBA deux soirs de suite ça ne passera pas » ne pouvais-je m’empêcher de préciser, gardant toutefois un sourire en coin. Ambroise me connait, il sait que je déteste ce groupe et à quel point je dois me faire violence pour essayer de supporter ne serait-ce qu’un peu leur chanson. Ainsi donc, souriant, je continue à manger puis lui explique furtivement et sans rentrer dans les détails qu’au petit matin j’ai été faire un tour dans la forêt pour observer le lever de soleil, taisant les réelles raisons qui m’ont poussé à y aller. Ambroise, me connaissant parfaitement et sachant que me brusquer est la meilleure manière pour me braquer, décide de ne pas poser d’avantage de questions et nous finissons notre petit déjeuner en silence.
Après quelques minutes, lorsqu’il est temps de plier bagage, nous décidons de nous lever, rongeons nos sacs, plions nos sacs de couchage et notre tente puis chargeons le tout dans la voiture de service. C’est avec seulement cinq petites minutes de retard sur notre planning, que nous nous mettons en route, Ambroise et moi prenons la dernière place du cortège et laissant nos discussions aller bon train. Plusieurs sujets sont abordé, allant des plus philosophique aux plus banals, entre coupés toutefois par quelques silences lorsque le souffle nous manque à cause de brusques efforts physiques ou quand le terrain requiert notre totale attention. Le repas de midi arrive à point nommé et après bien deux heures de repos nous reprenons notre ascension.
Encore une fois, nos discussions vont bon train. Mais, après un temps de silence, Ambroise saute sur l’occasion pour me poser des questions sur mon réveil bien matinal d’aujourd’hui. De façon détournée, il souhaite savoir ce qui s’est passé, étant donné que Sybbie n’a pas gardé secret mes confessions nocturnes d’il y a deux nuits avant le départ du trek. C’est dans un soupire que je maudis, pendant une fraction de seconde, la jumelle de ne pas avoir tenu sa langue avant de me dire que c’est logique qu’elle en parle à Ambroise. Ils n’ont aucun secret l’un envers l’autre. Mais j’avoue que la discussion que j’ai eue avec Sybille faisait parti de ces choses que j’aurais préféré qui restent entre elle et moi. Je ne voulais pas inclure son frère dans cette histoire, mais j’aurais dû le précisé clairement. Et encore, pas sûr qu’elle gardé son silence face à Ambroise.
Lorsque ce dernier tente de me rassurer que ce n’est pas à cause d’une dispute –bien que, certes, violente- que notre amitié volera en éclat, je sens mon cœurs se serrer. Ce n’est pas forcément l’impression qu’il me donne, mais je décide de ne rien dire dans ce sens là et hoche simplement la tête avec un sourire, reconnaissant d’avoir eu cette précision de sa part « Pour ce qui est des cauchemars …oui» avouais-je en baissant le regard sur le chemin « ça doit faire à peu près un mois que j’ai régulièrement des insomnies, toutes les nuits de cette dernière semaine» expliquais-je «Je revis encore et toujours le moment de l’impacte du Tsunami. Ça c’est la base. Mais le cauchemar se décline en plusieurs versions différentes. Parfois je me noie, parfois je survis, parfois c’est Moana qui meurt, alors qu’on ne l’avait pas encore à l’époque, parfois je me retrouve juste à errer à tout jamais seul en Thaïlande » je prend une profonde inspiration «Cette nuit c’était toi qui mourrait dans mon rêve » soufflais-je, la gorge serrée. «Alors oui je sais que ce n’est qu’un rêve, que ça n’arrive pas vraiment, mais les images sont toujours tellement claires et lucides que j’ai vraiment du mal à me dire que ce n’est qu’un rêve et non la réalité »
Je prends une profonde inspiration et enfoui mes mains dans mes poches afin de cacher les tremblements dont elles commencent à être victime. «et t’as raison, faut vraiment que je me calme en ce qui nous concerne nous deux » grimaçais-je « On s’est expliqué, on a tout mit à plat mais je …sais pas pourquoi j’arrive pas à me détendre. C’est totalement idiot et … enfin, bref. Désolé de t’infliger ça, j’vais faire un effort. Promis» en temps général je suis un homme de parole, mais est-ce encore le cas aujourd’hui ? Ou n’est-ce que des paroles en l’air ? J’aimerais me persuadé que je suis bel et bien sincère quand je dis ça mais je n’ai pas non plus envie de m’avancer trop rapidement sur un terrai qui, je sais, est glissant.
Le matin se déroule normalement, sans précipitation, et sans qu’on empiète dans la bulle d’Ambroise. Et il apprécie fortement. Le reste de la matinée est aussi sans accroc, à base marche et de discussions avec Clément qu’il est agréable de retrouver comme un ami, à parler de tout et de rien, et qui n’a pas l’esprit à moitié là. Car Bonnie le connait assez pour savoir quand il est dans le présent ou non, et récemment ça n’a que rarement été le cas. Mais depuis qu’il a jeter ses notes et placé son livre dans le sac d’Ambroise, il est bien plus détendu et dans l’instant. Ambroise profite d’un temps de silence en début d’après midi pour parler d’un sujet qui le préoccupe un peu. Mine de rien. Sybille lui a parlé de cette nuit où elle était tombée sur Clément, réveillé par un cauchemar, et sujet à des insomnies récurrentes. Bonnie avait plus ou moins perçu cette dernière habitude, en raison de ses horaires personnels tardifs, mais n’avait aucune idée du reste jusqu’à ce que sa sœur le mentionne. Sans rentrer dans les détails cependant, il ne savait ni le contenu du rêve ni l’exactitude des mots échangés entre eux. Sybbie avait réussi à le rassurer, et à lui donner un dernier coup de fouet pour ce trek, c’est tout ce qu’il savait. Il se doute que d’autres informations se sont échangées, mais sûrement assez insignifiantes pour que sa jumelle ne juge pas utile de lui en faire part. Ou alors lui-même a été le centre de la conversation à un moment donné, plus que ce qu’elle lui a raconté, et il n’est pas sûr de savoir de quoi il en retournait.
Evidemment Clément ne pouvait que s’y attendre. Les MacLeod partagent tout, à tel point qu’alors que personne n’était au courant, Sybille avait droit à quelque confession sur ce beau brun bouclé à l’accent charmeur qui faisait trembler les défenses d’Ambroise. Le réveil nocturne de leur ami commun dont ils s’inquiètent tout deux ne fait pas exception. Et l’australien suppose que ce matin n’a pas été différent des autres. Il sait qu’il touche juste à la réaction du comédien, qui se pli cependant à répondre après que Bonnie lui ait assuré clairement, et peut-être pour la première fois, que leur amitié n’est plus et n’a jamais été en jeu, à quelque moment que ce soit. Il n’a pas l’habitude de dire ce genre de choses à voix haute, et il espère ne pas paraître aussi mal à l’aise qu’il l’est intérieurement, faisant son possible pour être au contraire rassurant. En tout cas, il est absolument sûr de lui en disant cela. Ensuite il écoute avec attention les explications de Clément au sujet des cauchemars. Rien de joyeux, sans surprise. Le tsunami qui revient en toile de fond, mais les détails changent, incohérents d’un songe à l’autre, improbables et pourtant qui semblent réalistes. Parfois il s’agit à nouveau de sa famille, ou de lui, de noyade ou de survie, de solitude, de la disparation des êtres chers à son cœur, que ce soit Moana ou, comme ce matin, Ambroise. Ce dernier ne peut s’empêcher de faire le lien avec les dernières insomnies et nuits perturbées de Sybille à l’approche de leur anniversaire, et ce dessin le représentant sur un lit d’hôpital. Mourant sans doute, elle n’a pas pu le confirmer ou l’infirmer, mais les ailes d’anges et l’expression d’apaisement ne laissent pour Bonnie qu’un léger doute.
Cependant, ça ne signifie absolument rien. Comme il l’a répété à sa sœur, les rêves ne sont jamais prémonitoires. Ils ne signifient rien, ne font que matérialiser des peurs ou des aspirations bien réelles qui correspondent à la personne. Pas de vision du futur là-dedans, simplement des craintes ou des espoirs déformés par le cerveau qui traite les informations la nuit. Et on s’en souvient, ou non, c’est le hasard. Reste que les sensations peuvent rester dans le corps, et Clément n’a pas l’air encore tout à fait remis du cauchemar vivace de cette nuit. « A part te répéter ça et me voir bel et bien vivant, tu peux pas faire grand-chose d’autre... » soupire Ambroise, frustré de ne pouvoir aider réellement son ami, mais aussi résigner. C’est un domaine que personne ne maîtrise, et tout ce qu’il sait c’et qu’il faut se détendre avant de dormir, il paraît que le yoga et la méditation fonctionne. Que ça ne coûterait rien à Clément d’essayer. Mais que ni l’un ni l’autre ne sait comment s’y prendre. Peut-être Sybille... Bref. « T’as jamais rien trouver qui pourrait te permettre de mieux dormir ? » demande-t-il alors simplement.
Puis Clément revient sur le sujet de leur amitié, ce qui fait hausser les épaules à Bonnie. « Pareil, je sais pas quoi faire de plus à part te le dire et redire et tout... Pour moi j’ai l’impression qu’on est bien comme avant, à part que t’as plus le temps de rien entre toutes tes occupations, ça me fait chier mais c’est pas grave ce sont tes passions, j’sais bien que je suis pareil. » De but-en-blanc, sans s’arrêter pour respirer ou presque, il n’hésite pas à lâcher un bout de ce qu’il a sur le cœur. Mais globalement, il est à présent content pour lui, ravi de le voir progresser et que son travail porte ses fruits. L’inquiétude est la seule chose négative qui reste, à part le sentiment égoïste que son meilleur ami lui manque mais qui, à cause de sa nature indépendante, fini presque par disparaître. Ça lui fait peur, un peu, mais il est aussi rassuré de se savoir encore autonome. Contradictions. « Mais doit bien y avoir un truc qui te chiffonne pour que tu bloque encore là-dessus... » souffle-t-il, à la limite du soupire. « Si c’est Andreï on s’est pas revus, et c’est pas prévu. » Il passe sous silence les sms, et l’émotion bizarre à l’idée qu’en effet il ne reverra plus le russe. M’enfin c’est passé, il doit se faire une raison. Chacun a pris son pied, même s’il ne dirait pas non pour recommencer. « Et si c’est pas ça, ben rentre-toi dans le crâne que tout va bien entre nous, j’te le répète, arrête de te prendre la tête avec ça », conclu-t-il avec un sourire, en regardant son meilleur ami. Passer plus de temps ensemble leur fera du bien, c’est certain, et c’est tout l’intérêt de cette semaine.
Je pense que si Ambroise n’avait pas instauré le sujet maintenant, je l’aurais sûrement fait moi-même plus tard, lorsque nous aurions été seul et en toute intimité dans notre tente. Mais au final, pourquoi ne pas profiter de ce calme de fin d’après midi pour m’ouvrir un peu plus à ce sujet ? Ayant bien retenu la leçon que m’a donnée Sybille, je décide qu’il est grand temps qu’Ambroise et moi parlons réellement. Non pas que nous ne le faisons pas depuis le début, mais aucun des sujets que nous évoquons ne nous concernent personnellement. C’est donc, sans grande hésitation, que je parle ouvertement de mon cauchemar, le récurant, celui qui me tient éveillé bien trop souvent et bien trop longtemps ces dernières nuits. Se déclinant dans plusieurs possibilités et mettant en place un nombre effrayant de scénarios, il me semble tellement réel. Mais je sais bien que ce n’est pas le cas et qu’Ambroise, à vingt trois ans, est jeune, en pleine forme et ne va donc pas mourir de si tôt. C’est d’ailleurs ce qu’il me dit, lui : qu’il est bel et bien vivant et que ces rêves ne sont pas réels. Le soupire avec lequel il conclut ses paroles ne semble pas être le genre de soupire ennuyé mais plutôt l’inquiétude qui se dégage de lui.
«Je sais bien … » soufflais-je, simplement, en haussant les épaules, me taisant lorsque mon meilleur ami me demande si je n’ai jamais rien trouvé qui pourrait m’aider à mieux dormir « avant j’avais Moana» avouais-je en grimaçant, posant mon regard sur le sol «Mais même elle n’arrive pas à me calmer assez pour me donner un repos digne de ce nom » je déglutis difficilement et pince les lèvres en déviant le regard sur les arbres à notre droite « J’arrivais bien à dormir avec toi aussi» marmonnais-je finalement, sans réfléchir. C’est mon cœur qui parle là, avouant ces désirs que j’ai gardés enfouit un peu trop longtemps. Et c’est une vérité tellement réelle que s’en est douloureux. Car oui, la proximité physique avec mon meilleur ami me manque.
Comme il le dit lui-même à l’instant, tout est rentré dans l’ordre, tout est comme avant. Mais ce n’est que moralement, amicalement. Nous n’avons plus cette proximité naturelle, celle qui nous rapprochait régulièrement. Que ce soit en étant couché l’un sur l’autre sur le canapé, quand il me caressait les cheveux, quand nous nous frappions gentiment pour rigoler ou quand nous nous prenions tout simplement dans les bras. Tout ça n’est plus et je sais que j’en suis la cause première. Depuis l’histoire avec Andreï, c’est comme si j’avais mit en place une barrière pour m’empêcher de tomber à nouveau pour ce parfait australien. J’ignore, d’ailleurs, aussi fort que possible, les paroles d’Ambroise lorsqu’il dit que ça le fait chier que je n’ai plus autant de temps qu’avant mais qu’il accepte tout ça. Si je n’avais pas fermé mon ouï à ça, je pense que la pression qui s’est envolé de mes épaules depuis hier midi, reviendrait m’écraser de tout son poids.
Et au final, Ambroise décide de remettre Andreï sur le tapis. Brièvement, il m’explique qu’ils ne se sont pas revus et que ce n’était pas prévu. Quelque part, j’en suis rassuré. Mais d’un autre côté, ça m’embêterait presque tout autant. Peut-être aurais-je préféré me dire qu’Andreï est la cause de tout ça, que c’est à cause de lui qu’Ambroise et moi ne sommes plus aussi proches qu’avant. Mais, sachant qu’il ne l’a plus revu, je me rends compte que je suis la seule et unique cause à cette distance. «je ne t’en veux pas » dis-je, sincère «Ni à toi ni à lui. Je veux dire, c’est du passé. On est tous passé à autre chose » ce qui est tout à fait vrai en plus. A la northlight, tout va pour le mieux entre Andreï est moi. Notre relation est à nouveau passée de professionnelle à amicale et il nous arrive de rigoler même à nouveau lors des pauses. Et pour ma part je garde juste un mauvais souvenir de cette soirée, mais c’est tout. Je l’accepte bien mieux qu’avant et ça ne fait que s’améliorer avec le temps.
Prenant une profonde inspiration en entendant Ambroise dire de me rentrer dans le crâne que tout va bien entre nous, j’esquisse un mince sourire « J’vais demander conseil à mon oncle Paul. Vu qu’il est neurochir’ peut-être qu’il saura inventer une opération qui puisse nous permettre d’implanter une idée qui restera en permanence dans notre cerveau» lâchais-je sur un ton bien plus léger et avec une certaine ironie qui contraste fortement avec le ton sérieux sur lequel nous avons échangé jusqu’à présent. S’en suit ensuite une longue discussion sur ce fameux Paul, dans laquelle je présente mon oncle jusque dans les moindres détails.
C’est donc, encore plus serein et détendu que la veille, que j’aide Ambroise à monter notre tente lorsque nous arrivons à la fin de notre deuxième étape et, après avoir déroulé les matelas et les sac de couchages, je me couche dans un soupire, m’allongeant de tout mon long «Je crois que je vais sauter le dîner ce soir » avouais-je, les paupières clauses. «J’ai juste envie de me deshabiller, m’allonger et dormir jusqu’à nouvel ordre» dis-je, persuadé que si je m’endors maintenant, j’aurais de bonnes chances de faire une nuit entière.
Profitant d’une meilleure ambiance, et d’un silence, Ambroise aborde le sujet des insomnies de Clément, dont il est parfaitement au courant. Sybille lui en a parlé plus précisément, mais il savait depuis longtemps que son ami avait des difficultés à dormir. Tous les deux à l’écart du groupe, ils en discutent tranquillement, Clément expliquant ses cauchemars récurrents et notamment le dernier. Mais Bonnie ne sait que dire à par lui répéter qu’il est bien vivant et qu’il n’y a pas de soucis à se faire. Il l’a déjà rassuré sur leur amitié, et continu de penser qu’il y a une raison à ces rêves, à ces insomnies, à cette distance entre eux. Il refuse de porter crédit aux paroles d’Aisling, bien qu’elles lui reviennent en tête à ce moment. Il ne les croyait pas sur le moment, il ne les croit pas davantage maintenant, et puis avec les fumées droguées entourant ces souvenirs, il doute au-delà de l’implication de ces mots. Il se concentre comme toujours sur les solutions qu’il pourrait apporter, jugeant cela bien plus utile qu’une tape dans le dos et des mots compréhensifs mais faux. Il suppose cependant que Clément a déjà entendu toutes les recommandations et en a mis en place quelques-unes... Il doit bien savoir ce qui marche ou non.
Ainsi son ami lui explique que Moana et sa présence l’aidait auparavant à repousser ses mauvais rêves, mais que ce n’est plus suffisant. Et puis Bonnie aussi a ce talent de permettre au néo-zélandais de passer une bonne nuit, ce qu’il accueille avec un simple hochement de tête. Il connait ça, avec Sybille notamment, étant rassuré et habitué à sa présence depuis toujours. Il n’y a bien qu’elle lorsque ses nuits sont mouvementées qui parvient à avoir cet effet sur lui. Sinon ce n’est guère un dormeur difficile, car ses nuits sont naturellement courtes. Et puis il arrive à dormir à peu près partout lorsque l’envie lui prend. Reste que si il peut apporter un peu de meilleur à Clément, il veut bien essayer. Mais tout est rentré dans l’ordre entre eux, comme il le répète à nouveau. Dans tous les sens du terme pour lui, ils sont toujours proches. Autant qu’ils peuvent l’être avec la distance à cause des activités de chacun. Surtout de Clément à vrai dire, toujours à droite à gauche. Ce genre de relation, qui arrive naturellement, se travaille tout de même, surtout pour un Ambroise qui ne fait pas ce genre de chose habituellement. Ce n’est pas une personne tactile de base, et si au début il avait toujours ce manque de la présence de son meilleur ami, aussi bien physique que morale, c’est comme s’il avait été sevré. Il accepte davantage l’emploi du temps chargé de son ami pour sa passion, se fait une raison.
Cependant il craint que quelque chose ne reste cachée, et en pendant furtivement à Aisling, il choisit de parler d’Andreï pour rassurer Clément. Ils ne se sont pas revus, et n’ont pas cherché à le faire. Il ne précise qu’il a pourtant son numéro, et surtout pas qu’il aurait apprécier une autre rencontre. Mais le destin corse l’affaire et sa fierté l’empêche de faire le premier pas. Il se dit qu’il doit tourner la page, comme à chaque fois, même si c’est plus difficile. Au moins son meilleur ami n’aura plus à en souffrir, même si face au russe cela rentre peu en ligne de compte, tout égoïste qu’est Bonnie. Mais voilà, Clément lui a réussi à passer à autre chose, enterrant cette mauvaise soirée dans le passé et ses rancœurs avec. Il n’est plus énervé à ce sujet, tout est rentré dans l’ordre. Ambroise esquisse un sourire, mine de rien soulagé, en hochant la tête. Il rajoute encore qu’il doit bien se rentrer dans la tête que tout va bien entre eux. Clément plaisante au sujet de son oncle neurochirurgien et, bien qu’il ne trouve pas cela très marrant, Ambroise rit doucement en retenant le côté de son cerveau empreint de logique et de premier degré de faire un commentaire, n’ayant pas repéré l’ironie dans tout ça. Il saute sur l’occasion pour poser des questions sur ce Paul dont il a déjà entendu parlé par intermittence. La discussion se poursuit sur le sujet pendant une bonne partie du chemin, jusqu’à dévier sur autre chose, et ainsi de suite, reprenant un cours léger et naturel.
Le soir venu, le rituel commence de la même manière. Installation du camp avant de passer à table. Les deux amis montent leur tente avec moins de difficultés de la veille, et y répartissent leurs affaires. Avec un soupire, Clément s’étale de tout son long sur son matelas, par-dessus son sac de couchage. Pensant à passer le dîner, il a dans l’idée de dormir directement. Ambroise s’assoit sur son propre matelas disposé à côté, il hausse les épaules. « Comme tu veux, j’préviendrai les autres, mais moi j’ai trop la dalle. » Il lui sourit légèrement, et lui promet de ramener un truc s’il décide quand même de rester. Finalement au bout de quelques minutes, Bonnie le laisse seul se reposer, et va aider les autres à préparer le repas tranquillement. Après avoir prévenu le guide et quelques autres afin que personnes ne s’inquiètent si Clément ne vient effectivement pas, il reste silencieux en effectuant ses tâches. Ecoutant les autres, il apprécie de ne plus avoir à discuter, se mettant volontairement un peu à l’écart. La bonne humeur règne parmi le groupe, chacun aide comme il peut, et tout se met en place très vite. Alors qu’il reçoit son assiette, Ambroise jette un coup d’œil vers sa tente, hésitant à aller prévenir son ami. Mais les différents “bon appétit” qui retentissent alors que chacun s’installe sont sûrement suffisant. Se trouvant une place à côté de la jeune irlandaise, il passe le repas à discuter avec elle de tout et de rien, mais surtout des pays qu’elle a déjà parcouru.
Cependant, Clément reste dans ses pensées quelques peu inquiètes. Il n’est pas du genre à angoisser pour un rien, mais il faut croire que Sybille déteint sur lui. Depuis qu’ils habitent seuls, elle a toujours veillé à ce qu’il mange bien, et à ce qu’il mange tout court, à cause de son rythme biologique décalé il lui arrivait de ne faire que deux repas dans la journée, ou de sans cesse grignoter. De la même façon il n’a pas envie que son meilleur passe une soirée sans manger après l’effort qu’ils ont fourni aujourd’hui, amené à se répéter. Ainsi, il sort de table – pour ainsi dire – plus tôt que les autres, dès qu’il a fini de manger. Il capture deux pommes, une chacun, et un morceau de pain et de fromage pour le proposer à Clément. Il retourne dans la tente, et y entre assez doucement au cas où son ami est bel et bien endormi. « Hey... Clément ? » Dans la pénombre sur soir qui s’avance, il distingue que son ami ne dort pas et se redresse même dans son sac de couchage. Allant se poser sur le sien, il lui montre ce qu’il a rapporté. « Tiens, je t’ai pris ça, pour que tu manges quand même. » Il prend lui-même une des pommes en guise de dessert, et mord dedans. « T’as dormi un peu ? » demande-t-il pour lancer la conversation, mais celle-ci s’avère assez courte, les deux étant rattrapés par la fatigue. Son fruit terminé, Ambroise se change en silence avant de se glisser dans son sac de couchage. Mais il s’arrête, les yeux fixés sur le plafond de leur tente, et il se relève finalement. Comme un chien cherchant à trouver sa place, sauf que lui a une idée. Il pousse son matelas de camping pour le coller à celui de Clément, puis se faufile à nouveau dans son sac de couchage. Ainsi très proches, côte à côte, c’est un peu comme s’ils dormaient ensemble dans le même lit. Sans autre idée derrière la tête, Bonnie s’allonge sur le côté, cale son oreiller comme il l’aime, puis ferme les yeux, avec un léger soupire. « Bonne nuit. » souffle-t-il faiblement, en espérant que leur proximité permette à son meilleur ami de mieux dormir, comme il l’a avancé plus tôt dans la journée.
Parler est agréable. Parler avec quelqu’un de confiance fait énormément de bien. Dans le fond, je savais bien que me confier à Ambroise, évoquer avec lui les craintes engendrées par les cauchemars, mes peurs d’en voir notre relation entachée, me délivrerait d’un poids certain. Sans même avoir à dire ou faire quoique ce soit, la simple présence de mon meilleur ami m’est bénéfique en bien des points. Ses paroles, elles, sont, comme toujours, très sensées et parfaitement bien pensées. En peu de mots il parvient à poser les questions justes, celles qui m’obligent à réfléchir un minimum. Toutefois, les réponses viennent de manière tout à fait naturelle et me semblent parfaitement logiques. Ainsi, nous passons d’une discussion obligatoire à des sujets bien plus doux et chaleureux, comme d’habitude.
Arrivé à la fin de notre seconde étape, nous montons notre tente avec beaucoup plus de facilité et l’aménageons rapidement afin, qu’en revenant du dîner, nous n’aurons plus qu’à nous glisser dans nos sac de couchages. Toutefois, alors que je suis allongé là dans l’optique de me reposer quelques instants et laisser disparaître un peu la fatigue musculaire, je décide de sauter le dîner de ce soir, persuadé que si je m’endors maintenant j’aurais de bonnes chances pour dormir plus de 3h de suite. Peut-être même arriverais-je à garder les yeux fermés jusqu’au bout de la nuit ? Ambroise m’informe tout de même que lui ne pourra décemment pas sauter le repas de ce soir et décide d’ailleurs assez rapidement d’y aller sans moi. Je ne l’en empêche pas, bien au contraire et, une fois seul, je retire mes vêtements afin d’être plus à l’aise. Me tournant sur le côté, roulé en boule, bras gauche sous ma tête, je ferme les yeux et suis très rapidement transporté dans un sommeil léger mais qui me semble réparateur.
Cela dit, je prends en compte tous les bruits de dehors. Que ce soient les ‘bons appétits’, les discussions ou les bruis des couverts sur les assiettes mais aussi, et surtout, le son des pas qui s’approchent de la tente puis la fermeture éclaire qui s’ouvre. Je me redresse lorsqu’Ambroise m’interpelle et devine un sourire sur son visage alors qu’il m’informe m’avoir apporté quelque chose à manger. Sortant les bras de mon sac de couchage, j’attrape la pomme, le fromage et le pain qu’il me tend et ne remarque que maintenant que mon ventre réclame un minimum de nourriture. Ni une ni deux, j’ouvre le bout de pain et place le fromage entre les deux tranches avant de mordre dedans. Je pousse un petit soupire de contentement, remerciant silencieusement mon meilleur ami pour cette charmante attention et mange le maigre repas qui a, tout de même, un effet requinquant. « Ouais, un p’tit peu » répondais-je, lorsque l’australien me demande si j’ai réussi à dormir un peu, avant de mordre de le fuit. Je ne me lève que pour jeter le trognon de pomme à l’extérieur dans le champ, puis je retourne me coucher.
Encore une fois, j’essaie de trouver une position confortable, mais c’est un peu plus dur cette fois-ci. Encore plus avec Ambroise qui décide de jouer les déménageurs, faisant un sacré bruit dans la tente. Toutefois, cette agitation n’a que pour but de rapprocher son matelas du mien afin que nous soyons plus proches l’un de l’autre pour la nuit. Allongé sur le dos, je tourne mon regard vers le jeune homme et répond à son ‘bonne nuit’ par un doux sourire. « Bonne nuit, oui» soufflais-je alors que ma main vient effleurer son épaule. C’est bel et bien la preuve qu’il m’a parfaitement bien écouté tout à l’heure, non ? «merci » murmurais-je avec douceur.
Pour m’avoir écouté ? M’avoir conseillé ? Agir pour mon bien être ? Mettre ses propres principes de côtés pour moi ? Me supporter, moi et mes sautes d’humeur, moi et mon emploie du temps beaucoup trop chargé ? De m’avoir obligé de le suivre dans cette aventure, de m’avoir remis en place dès le premier jour et d’avoir fixé les limites que je ne devrais pas franchir ? Ou tout simplement d’être mon meilleur ami ? J’ai tant de raisons de remercier Ambroise que je ne saurais réellement dire pourquoi je lui dis ça maintenant. Je décide de ne pas extrapoler d’avantage et me tourne de l’autre côté. Mais alors que je cale bien ma tête sur mon bras, j’ai tout juste le temps de me dire que les prochains jours ne pourront qu’être meilleurs, que je tombe dans un sommeil profond et tranquille. Et c’est la première fois en deux mois que je parviens à faire une nuit complète. Je me réveil une ou deux fois, mais me rendors directement. Et j’avais totalement raison : le reste du trek était une aventure incroyable, autant physique qu’humaine et surtout, lorsqu’Ambroise s’endors sur mon épaule dans le bus qui nous ramène à nouveau à Brisbane, je suis persuadé que notre amitié est à nouveau comme avant, voire encore meilleure.