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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 30 Juil 2018 - 22:35


We all run for something.
Yasmine & Sohan



AVENGEDINCHAINS


Sohan n'était pas le mec le plus sportif du monde. Il n'avait pas de tablette de chocolat, ni des biceps de la taille des cuisses de certains, pourtant il aimait le sport. A petites doses certes, mais il aimait ça. Il appréciait plus de regarder que de pratiquer, mais ça ce n'était qu'un détail, qui expliquait sûrement qu'il était loin d'avoir le physique d'un dieu grec. Il avait joué au football pendant des années, sans que ça lui plaise réellement. C'était plus pour son père qu'il avait continué si longtemps. Son père était bien trop content de le voir sur le terrain, d'aller l'encourager lors des matchs, Sohan avait eu peur pendant longtemps, que s'il arrêtait le football, ça allait décevoir son père et c'est pourquoi il n'a rien dit pendant de longues années. Après tout, ce n'était pas si terrible, il courrait derrière un ballon et courir, il aimait bien ça, ce qu'il aimait beaucoup moins, c'était se faire tacler, bousculer et tout ce qui finissait avec lui, couché sur la pelouse du terrain. Il aurait été parfaitement content de faire des allers retours en courant pendant quatre-vingt-dix minutes, sans avoir à se soucier du ballon ou redouter une énième chute provoquée par un adversaire un peu trop à fond dans le jeu. Sohan lui, il n'était pas comme ça. Trop précieux, voilà ce que disait son entraineur à son égard. Il était bon, mais il était trop précieux pour être excellent, il n'aimait pas la confrontation et n'aimait pas tomber et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il ne l'avait jamais nié et ce dès les débuts. Quand on lui demandait pourquoi il n'était pas plus agressif ou plus combattif sur le terrain il répondait simplement qu'il ne voulait pas tomber et se faire mal. Ca faisait rire en général, il y avait de quoi se demander ce qu'il faisait dans un club de football s'il ne voulait pas tomber. Ce n'était pas forcément son choix et donc voilà pourquoi il était là. Dès son plus jeune âge il avait la fâcheuse manie de ne pas vouloir décevoir les gens, à commencer par (et surtout) sa propre famille. S'il avait le choix de rester sur le banc de touche durant l'intégralité du match, il n'hésitait pas une seule seconde malgré tout. Quand il a arrêté le football son père a été un peu déçu, il n'avait pas réussi à le cacher malgré toute la volonté du monde, après tout, Sohan était doué, il s'entraînait depuis des années et avait atteint un certain niveau, en revanche il n'était pas le meilleur et il ne l'aurait jamais été, il ne voulait d'ailleurs pas l'être. Son père avait tenté de la convaincre de reprendre pendant un moment, puis voyant que Sohan ne changerait pas d'avis, il avait fini par lâcher l'affaire et accepter le fait que son fils n'aimait pas le football. Il restait toujours les matchs de football à la télévision, chose qu'ils avaient continué à partager tous les deux et avec le temps, Amjad avait réalisé que c'était largement suffisant pour lui. Qu'il n'avait pas besoin de voir son fils jouer pour partager quelque chose avec lui.

Si Sohan a abandonné le football depuis des années, il y a une chose qu'il n'est pas près de mettre de côté et c'est le footing. C'est son petit rituel à lui, depuis des années, il court dès qu'il en a l'occasion. Le matin avant d'aller travailler, le soir s'il n'a pas eu le temps de le faire le matin. Il trouve toujours un moment pour s'adonner à ce passe-temps. Il a beau être scotché à son ordinateur 99% du temps, pour le reste, il aime bien aller prendre l'air, contre toute attente. Le footing c'est donc son dada et encore plus depuis que Yasmine est revenue à Brisbane. Avant qu'elle ne parte pour le Niger, ils couraient ensemble de temps en temps, mais c'était extrêmement rare. Quand elle est revenue c'est comme s'ils s'étaient mis d'accord sans se concerter que ça pouvait devenir leur nouveau truc, rien qu'à eux. Ils se voyaient régulièrement, bien plus qu'avant, c'était un peu comme un moyen de rattraper le temps perdu. Rattraper les quelques mois pendant lesquelles sa soeur était à des milliers de kilomètres. Ils partageaient quelque chose ensemble et ça ne faisait que les rendre encore plus proches qu'avant. Pour Sohan, les footings avec Yasmine étaient ses footings préférés sans aucun doute. Aujourd'hui, il avait dit à Yasmine qu'il la retrouverait à l'angle de la rue de ses parents. Il aurait bien été sonner à la porte pour aller la chercher, mais il ne voulait pas tomber sur l'un de ses parents, il n'avait aucune envie d'entendre une remarque, même s'il le concevait totalement qu'attendre à une dizaine de mètres de chez ses parents étaient la chose la plus étrange qui soit. Il avait envoyé un sms à Yasmine pour lui dire qu'il était arrivé et regardait en direction de la maison familiale. "Le premier au panneau stop !". Lui lance t-il quand elle arrive quasiment à sa hauteur avant de partir en courant, ne lui laissant même pas le temps de dire quoi que ce soit. Enfantin comme idée ? Oui absolument.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 6 Aoû 2018 - 22:20

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khadji² (#1)

Son téléphone portable vibra tellement fort qu’il s’échoua face contre la faïence du lavabo au-dessus duquel elle était postée, droite comme la justice. Heureusement qu’elle venait de couper le robinet, évitant à l’appareil de subir un énième dégât relatif à son manque de soin à son encontre, comme en témoignait la fissure impressionnante qui traversait son écran tactile. Le visage ruisselant d’une rosée rafraîchissante, Yasmine l’attrapa du bout des doigts pour consulter le message matinal que son frère venait de lui envoyer ; il l’attendait à une bonne dizaine de mètres de la maison familiale pour honorer leur nouveau rituel, mis en place bien avant son voyage au Niger, mais devenu un incontournable depuis son retour ; c’était leur moment à eux, une espèce de réunion en comité restreint qui leur permettait d’actualiser leur petite vie aux yeux de l’autre, et de retrouver la complicité qu’ils avaient été contraints – qu’elle leur avait contraints – de laisser de côté le temps d’une mission humanitaire. Dix mètres. Elle roula des yeux si fort que ça la chatouilla à l’arrière du cerveau. Cette précaution lui serrait le cœur en vérité, et pas seulement pare qu’elle pensait sincèrement qu’Amjad et Fatima n’attendaient qu’une chose : que leur fils fasse le premier pas pour ne serait-ce que passer à la maison leur dire bonjour. Mais c’était délicat, davantage pour Sohan sur lequel l’opprobre avait été jetée à la seconde même où il avait pris son courage à deux mains pour révéler son homosexualité à ses parents. Ça la dépassait. Comment des gens aussi bons pouvaient se montrer si durs et intolérants envers leur propre fils ? Surtout que ça ne changeait rien concrètement ; Fatima craignait de ne jamais assister aux noces de son fils, ne jamais avoir la chance de chérir ses petits-enfants, mais dans quel monde vivait-elle ? Elle qui ne ratait pas une occasion de se renseigner sur tout et n’importe quoi était passée outre le mémo indiquant que tous ces soi-disant privilèges n’étaient plus seulement réservés aux hétérosexuels ? Quant à son argumentation pseudo-religieuse comme quoi l’homosexualité était un pêché ; faire preuve d’intolérance, c’en était un aussi, soit dit en passant. La jeune femme inspira longuement, sentant la peine l’envahir, ce qui fit trembloter ses lèvres en même temps qu’elle rédigeait un rapide « j’arrive tout de suite. » à l’adresse de Sohan. Elle reposa son téléphone, et puis elle se tamponna le visage avec la serviette en éponge qu’elle attrapa en vol, avant de se diriger vers la porte de la salle de bain.

Resserrant sa queue de cheval, fixée bien haut sur le sommet de son crâne, elle fit un demi-tour pour récupérer son portable, oublié sur le bord du lavabo. Son regard croisa son reflet dans le miroir, et pendant une seconde à peine, elle se demanda si ses cernes finiraient par disparaître un jour où l’autre ; son thérapeute, toujours aussi mal lunée au demeurant, lui avait conseillé la pratique d’une activité physique pour s’épuiser, libérer des endorphines, et trouver le sommeil plus rapidement une fois sa tête posée sur l’oreiller. Sohan avait beau ne pas être un sportif de haut niveau, il savait donner un coup de collier pour rendre leurs séances footings épuisantes, et depuis que le rythme de leurs petites rencontres sportives était devenu plus soutenu, elle admettait qu’il lui était plus aisée de se détendre et de s’endormir. Mais ses nuits restaient courtes. Incapable de faire de siestes sur les lits en guimauve mis à disposition dans la salle de repos des infirmières, elle n’en finissait plus d’accumuler du sommeil en retard, rendant ses gardes à l’hôpital éprouvantes, et ouvrant la porte à ses crises d’angoisses qu’elle tentait de dissimuler en se gavant de sucre et de café pour ne pas flancher. Elle chassa une mèche échappée de sa queue de cheval, se promettant à elle-même de demander conseil à Clara, experte en matière d’anticernes, et toupilla sur la semelle de ses chaussures de running, parée à l’action.

Le temps de récupérer deux petites bouteilles d’eau bien fraîches dans le réfrigérateur, et elle quitta la maison Khadji. Dévalant la rangée de marche du porche en petite foulée, elle accéléra la cadence pour arriver plus vite près de son frère qui lui lançait déjà un défi – et pris de l’avance, sans même attendre qu’elle ne réagisse. Le faisant avec un temps de retard, Yasmine poussa sur ses jambes élancées, et se lança à bonne allure pour le rattraper. Ce qu’elle ne réussit pas à faire, prise de court, et secrètement décidée à le laisser remporter la partie. Elle fit néanmoins mine de mal prendre son affront sportif, et s’arrêtant progressivement, arrivée à la hauteur de la ligne d’arrivée, elle lui lança la petite bouteille d’eau qui lui était réservée « Bravo, sale tricheur. » s’offusqua-t-elle en arabe en même temps, feignant d’être une mauvaise joueuse, mais ne pouvant retenir un large sourire, tout en fossettes, tandis qu’elle débouchait sa propre bouteille. Elle en but une longue gorgée, tachant de reprendre son souffle entre deux rasades, et finit par le pointer d’un index gentiment délateur « C’est stupide de m’attendre à dix mètres de la maison. » Elle attaquait fort, mais marcher sur des œufs était devenu difficile pour Yasmine – ne pas parler des parents, ne pas parler d’Hassan, c’était un exercice pénible, voire profondément douloureux, et ce pour tous les deux. Elle reprit, grimaçant en rebouchant sa bouteille « Surtout que je suis sûre qu’aucun esclandre n’éclaterait si t’osais venir sonner à la porte. Tu devrais tenter. » Elle ne le laissa pas répondre tout de suite, lui laissant volontairement le temps de mûrir son conseil. Faisant virevolter sa queue de cheval lorsqu’elle tourna la tête de droite à gauche, elle observa rapidement l’activité matinale sur Logan City, et finit par lui proposer « On commence doucement en marchant, pour dire de s’échauffer un peu ? »

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyMar 7 Aoû 2018 - 21:25

Non ce n'était pas du tout fairplay de commencer leur séance de footing comme ça. Il le savait et il s'en fichait, d'ailleurs il riait en même temps qu'il courrait. Il n'y avait pas de doute quant au fait qu'il arriverait à l'intersection avant sa soeur. Après tout, il avait lancé lui-même le départ. Il était donc prêt à partir au moment où il l'avait décidé et il avait aussi une dizaine de mètres d'avance sur sa soeur. La recette magique pour gagner un petit sans même forcer. Yasmine, une fois arrivée à sa hauteur ne manqua d'ailleurs pas de lui faire remarquer que c'était purement et simplement de la triche. Oui ! Et alors ? "Merci madame la mauvaise perdante." Lui répond-il sans la moindre gène. Il voyait bien à son sourire qu'elle était loin de l'avoir mauvaise, mais honnêtement, taquinait sa soeur, c'était son petit bonheur, si on pouvait dire ça comme ça. A quoi bon avoir une soeur s'il ne pouvait pas l'embêter un petit peu, même à trente-cinq ans. Ils ont beau avoir bien grandi depuis leur enfance, s'il faut se chamailler comme au bon vieux temps, il n'est clairement pas en reste sur ce point. "Avec un peu d'entrainement, tu pourrais presque arriver à mon niveau." Ajoute t-il avec un clin d'oeil. Niveau digne des plus grands coureurs du dimanche, bien loin de ceux qui font des courses pour la performance et qui par-dessus le marché, trouvent ça fun. Ce n'est pas du haut niveau pour lui, mais c'est déjà un niveau quand même. Mieux que rien si vous lui demandez son avis. Le sourire qu'il avait dessiné sur les lèvres jusqu'à maintenant s'efface en une demie seconde face à ce qu'elle lui dit après."Tu sais bien que c'est compliqué." Soupire t-il. Il ne la contredit absolument pas quant au fait que ce soit stupide. A la limite, il serait même le premier à reconnaitre qu'attendre à dix mètres de la maison de ses parents, c'est très certainement la chose la plus stupide qui soit. Ou alors, si ce n'est pas la plus stupide, car il y a toujours moyen de faire pire, c'est une des plus stupides et de loin. Pourtant, ce n'est pas si simple. Rien n'est jamais simple de toute façon. "T'en es sûre ?" Lui demande t-il vraiment pas convaincu quand elle lui dit que rien n'éclaterait s'il tentait de sonner chez lui. Il n'était pas de cet avis. "C'était pas cette impression que j'avais la dernière fois que je leur ai parlé." Ajoute t-il. Il n'a pas spécialement envie de parler de ça, là, maintenant. Le footing, ce n'est pas sacré pour lui, mais presque. C'est sa manière de commencer la journée sur le bon pied et de manière positive. Certain font du yoga, lui il court. Parler de ses parents, n'est malheureusement pas forcément comme quelque chose qu'il considère de positif. Ou du moins, plus maintenant. "Si c'est pour me prendre la porte en pleine figure, c'est pas la peine Yas." Finit il. Ou du moins, il espère que ce sujet en restera là, même si connaissant sa soeur, il savait qu'il y avait au moins 50% de chance qu'elle ne se contente pas de ça et il le comprenait d'un côté. En même temps, elle aussi subissait cette situation. Elle se trouvait en plein milieux de cette histoire ça ne devait pas être facile pour elle non plus et il le concevait totalement. Malheureusement, il ne voyait pas ses parents revenir sur leur position dans un futur proche. Il se l'était mis en tête avec le temps, peut-être qu'elle devrait en faire de même."Bon sinon tu me fais même pas de câlin pour me dire bonjour avant de courir ?" lui demande t-il se tournant vers elle en lui tendant les bras.

Elle lui propose de commencer en marchant pour s'échauffer, il acquiesce avec un signe de tête. "T'es rouillée c'est pour ça ?" demande t-il quand même en plaisantant. Bah, oui, il était quand même venu ici pour courir, marcher n'était pas forcément dans ses plans, même si c'était un très bon échauffement et tout bon sportif sait que s'échauffer avant l'effort pour éviter toute blessure. Il regarde rapidement dans chaque direction ne sachant pas trop où aller ce matin. "Tu veux qu'on aille par où ? On fait le tour du quartier ou on va au parc ?" L'un ou l'autre, ça lui convenait. Du moment qu'il courrait avec sa soeur, il aurait même été prêt à aller dans les quartiers les plus malfamés de Brisbane s'il le fallait. Il n'était pas forcément question de faire du tourisme, mais juste de profiter du moment pour prendre des nouvelles de sa soeur et passer un bon moment avant de commencer sa vraie journée. "Le parc ça peut être sympa non ?" Avec l'hiver qui était bien entamé les couleurs du parc avaient quelque chose d'apaisant, selon Sohan et il trouvait agréable de courir dans ce décor, bien plus que de faire le tour du pâté, même s'il avait déjà couru des centaines de fois au parc, il avait une nette préférence pour cet endroit. "En plus à cette heure-là il doit pas y avoir grand monde là-bas." Ce qui était encore plus agréable et beaucoup plus rare en été.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyMer 8 Aoû 2018 - 15:40

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Yasmine aurait aimé pouvoir échanger sa place avec Sohan. Même le temps d’une heure ou deux, et ce juste pour mieux cerner la délicatesse de la situation dans laquelle il était embourbé depuis trop longtemps maintenant. Elle avait beau le comprendre en théorie, connaître avec précision son état d’esprit lui aurait mieux permis de le conseiller, de l’apaiser aussi ; elle n’aurait pas refusé une expédition dans les rouages bien huilés de son cerveau complexe et brillant, prête à tout pour déchiffrer les codes et énigmes dissimulant le chagrin qu’elle croyait percevoir lorsqu’elle se risquait à le questionner sur le sujet, mais qu’il s’évertuait à ne pas laisser évacuer, sûrement par crainte de la heurter. A de multiples occasions, elle avait essayé de se mettre dans ses chaussures pour tacher de trouver une solution aux différends qu’il partageait avec leurs parents. Ça l’avait tourmenté longtemps, et encore aujourd’hui, se retrouver au milieu de ce conflit n’était pas ce qu’elle vivait de plus agréable. Y penser avait d’ailleurs tendance à l’angoisser davantage, surtout que le jeune homme était aussi en froid avec Hassan. Elle n’était pas sans savoir que les membres des deux camps n’arriveraient à rien s’ils ne s’obstinaient pas à mettre un peu d’eau dans leur vin chacun de leur côté, en particulier Amjad et Fatima ; elle avait toujours secrètement espéré pouvoir être celle qui trouverait la recette miracle permettant de mieux faire passer les pilules qu’ils devraient tous accepter d’avaler sans rechigner. Dans son raisonnement d’idéaliste profondément attachée à sa famille, elle aurait voulu les rendre moins amères, ces fameuses pilules, quitte à les préparer elle-même s’il le fallait, pour de nouveau instaurer l’équilibre qui avait donné à leur enfance des allures d’existence parfaite. Cette pression qu’elle s’imposait l’avait suivie jusqu’au Niger. Quand elle se connectait à son compte Skype pour discuter un peu avec son frère, une seule question lui tournait en boucle dans la tête : est-ce que tu as eu des nouvelles des parents, et Hassan, tu lui as parlé récemment ? Ça lui faisait du mal de jouer les catalyseurs en permanence. Mais c’était son rôle, ça l’avait toujours été, de contenir l’électricité dans l’air à la seule force de sa volonté pour ne pas faire empirer la tempête, et ramener un peu de chaleur et de lumière. C’est pourquoi elle entama directement la discussion par le gros morceau, rompant avec ses talents diplomatiques pour enjoindre le jeune homme à admettre que l’attendre dans Logan City était une précaution inutile et stupide.

« Je sais. Je sais pas. » se contredit-elle, répondant tour à tour à ses questions, et faisant remuer sa queue de cheval pour la replacer entre ses omoplates tendues par le petit effort qu’elle venait d’accomplir. Elle soupira par les narines, serrant de nouveau le bouchon de sa bouteille d’eau pour s’assurer qu’elle était bien fermée, tout en s’approchant de lui. Elle écarta les bras, ses épaules se haussant d’un même chef, quand elle ajouta « Tout ce que je dis, c’est que si vous restez chacun dans votre coin à attendre que l’autre fasse le premier pas, rien ne changera jamais, parce que vous êtes tous d’abominables têtes de mules qui refusent d’admettre que tout ça, là. » Avec son index, elle engloba circulairement l’espace vide entre elle et Sohan ; sensé représenté le conflit qui se jouait entre lui et ses parents, il était immense et creux « Ça sert à rien. Si ce n’est vous rendre tristes et… et… et aigris, voilà. » conclut-elle, hésitant sur son dernier terme. Elle ne le dit pas, mais elle mettait Hassan dans le lot. Sohan le comprendrait sans qu’elle n’ait besoin d’expliciter de toute façon, et comme elle n’avait pas l’intention de le faire, sentant déjà une forme d’agitation particulière lui remuer l’estomac, elle se rua jusque dans ses bras pour le serrer contre elle. Sa requête ayant été satisfaite, elle se recula, ricanant à sa boutade « Hin hin, t’espères. » lui répondit-elle, et elle acquiesça pour qu’ils prennent la direction du parc. Se plaçant à ses côtés, Yasmine marqua une pause, l’étirant plus que de raison lorsqu’ils prirent la route à pieds, et se décida à reprendre la parole une fois l’angle dépassé « T’as plus envie d’en parler, c’est ça ? » Son ton s’était subtilement radoucit. Elle n’attendit pas qu’il lui réponde, et pour la seconde fois, elle soupira fort par les narines. Glissant sa bouteille d’eau dans la ceinture de son pantalon de sport, elle ne rompit pas sa marche, mais tendit le bras pour le passer sur en travers des épaules de Sohan, et elle lui frictionna la nuque, en disant « Excuse-moi. » Et en même temps, toujours en marchant à bon rythme, elle ferma un instant les yeux, soupirant fort une dernière fois.

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 13 Aoû 2018 - 23:53

Elle ne sait pas. Il ne lui en veut pas. Il sait qu'elle ne pense pas à mal en lui suggérant de venir sonner chez ses parents. Il le sait lui-même, au fond de lui que malgré tout, malgré le froid qu'il y a entre eux, ils seraient sûrement contents de le voir, même si c'est seulement pour le croiser cinq minutes, échanger quelques mots et rien de plus. Il le sait parce que malgré tout, à lui aussi ça lui ferait plaisir de voir ses parents. Même s'ils n'approuvent pas de son "mode de vie" comme ils disent. Ils restent ses parents après tout et ce malgré leurs différends. Il a donc toujours besoin d'eux dans un sens, même s'il a trente-cinq ans et sait très bien se débrouiller tout seul. "Tu vois." Répond-il à sa soeur. Il n'y a aucun jugement dans sa réponse, ce n'est pas négatif. Simplement un constat de sa part. Si même elle ne sait pas si cela leur ferait réellement plaisir de la voir, comment pourrait il savoir ? Elle vit avec eux après tout, elle semble être la mieux placée pour savoir, la mieux placée pour entendre les conversations à son égard s'il y en a. Si elle ne sait pas. Il ne veut pas prendre le risque d'être déçu une fois de plus. Se faire claquer la porte au nez serait pour lui bien plus dur que la situation actuelle. Ce serait comme remuer le couteau dans la plaie. Bien sûr, il y a une chance sur deux que ça se passe différemment, mais il n'a pas spécialement envie de prendre le risque. Pas maintenant en tout cas. Peut-être jamais. D'un autre côté, elle a raison sur toute la ligne. Toute cette histoire ne sert à rien du tout. A part déchirer la famille en deux avec Yasmine en plein milieu. Ils étaient tous aussi têtus les uns que les autres, personne ne voulant, ou n'osant faire le premier pas et voilà ce que ça donnait après des années. Sohan incapable de sonner chez ses parents et préférant attendre sa soeur à dix mètres de la maison. Il avait de quoi rire tellement ça semblait grotesque comme situation et pourtant, c'était loin d'être une blague et chaque partie semblait camper sur ses positions. "J'admets que ça ne sert à rien." Lui répond-il tout de même. Il n'aurait peut-être pas dit ça il y a quelques années de cela. Il y a quelques années de cela, il aurait sûrement dit que ça servait à montrer qu'il ne changerait pas d'avis, qu'il ne changerait pas qui il est. Que cette histoire et surtout le fait qu'il ne se plierait pas aux désirs de ses parents ni ne changerait pour eux c'était sa façon à lui de prendre position. Maintenant, beaucoup de temps c'était écoulé, cette théorie avait bien été démontrée et il y avait fort à parier que ses parents avaient fini par comprendre que c'était comme ça et pas autrement. "Je suis pas aigris moi." Ajoute t-il croisant les bras sur sa poitrine. Triste peut-être un peu, mais aigris ? Non, impossible. Il est un peu sur la défensive, la conversation a beau avoir  commencé à propos de ses parents il a comme l'impression qu'elle parle aussi de Hassan. En soi, le contraire serait impossible et ce qui se dit de son histoire avec ses parents, peut s'appliquer à son histoire avec Hassan, pour des raisons totalement différentes.

Il passe ses bras autour d'elle quand elle s'approche pour le câlin tant attendu. Ca la détourne de la conversation qu'il n'a pas envie de continuer et ça lui fait chaud au coeur par la même occasion. "J'espère pas justement." Dit il avant d'ajouter "Je compte pas te ménager." En réalité il n'est pas là pour faire un entrainement de fou ni courir un marathon en un temps record, il faut quand même qu'il aille bosser après et donc qu'il soit en état de bosser toute la journée. Ces séances de jogging c'est un moyen de commencer la journée du bon pied, pas de courir à ne plus pouvoir marcher. C'est censé être un moment de détente. Ils commencent donc à marcher vers le parc et pour le coup. Yasmine comprend qu'il n'a plus envie de parler de ça. "Pas vraiment. Désolé." Lui répond-il. Il est quand même un peu tiraillé. Il n'a pas envie d'en parler, mais d'un autre côté ce serait mentir de dire qu'il n'est pas un minimum curieux de savoir comment ses parents (et Hassan) vivent la situation. Est-ce qu'ils parlent de lui de temps en temps ? Est-ce qu'ils sous-entendent par moment qu'ils aimeraient bien le revoir ? Il a plein de questions, mais il se garde bien de les poser. Yasmine n'est pas là pour ça. Ce n'est pas parce qu'elle est entre les deux qu'elle doit faire l'intermédiaire. Elle s'excuse et il tourne la tête vers elle, surpris. "T'as pas à t'excuser." s'empresse t-il de dire. Ce n'est pas sa faute, elle n'a rien à se reprocher elle dans toutes ces histoires. "Je sais que toi t'es au milieu et que ça doit être super chiant." Et encore il est certain que chiant n'est même pas un mot qui représente correctement la situation de sa soeur dans tout ça. "Je peux pas t'en vouloir de tenter de débloquer la situation, mais moi j'ai l'impression que c'est peine perdue." Finit il. Ca semble sûrement défaitiste comme visions des choses, mais c'est un peu comme ça qu'il voit le truc malheureusement. Il a l'impression qu'ils sont tous autant qu'ils sont, coincés dans leur position depuis tellement de temps que c'est bien trop compliqué d'en sortir et de faire bouger les choses. "Je sais pas, si la situation devait s'améliorer, tu crois pas que depuis toutes ces années les choses auraient déjà changé ? Tu penses réellement que papa et maman sont capables de mettre de côté leurs opinions et croyances ? J'ai énormément de mal à y croire donc je vois pas comment on pourrait avancer comme ça." Malgré tout, il comprend ses parents d'un côté, ils sont de l'ancienne génération, très ancrés dans leurs principes, leurs croyances, leurs traditions, c'est compliqué de passer à côté, mais c'est là tout le problème.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyJeu 16 Aoû 2018 - 20:23

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khadji² (#1)

« Que vous êtes défaitistes, tous autant que vous êtes. » rétorqua Yasmine en secouant la tête, et son regard crocheta le chemin qu’ils foulaient en cadence. Elle rompit l’étreinte de son bras, posé nonchalamment sur les épaules de Sohan. Au passage, elle lui repoussa gentiment la tête pour qu’il soit légèrement déséquilibré, souriant à moitié ; même si foncièrement, elle refoulait cette envie fugace, mais fréquente, de pleurer. Ne pas pouvoir faire grand-chose pour régler la situation qui scindait leur famille en deux la rendait plus brute de décoffrage qu’elle n’aurait souhaité l’être. Mais la pression qui pesait sur ses épaules était telle qu’elle s’octroyait le droit de rompre avec ses bonnes habitudes en ne tournant plus autour du pot. Ça suffisait de se soucier de préserver les siens en restant douce et compréhensive à outrance – là, elle avait juste envie de les secouer fort, de les réveiller. Elle réussissait à comprendre les griefs de chacun, même si elle s’était toujours rangée du côté de Sohan, mais enfin ! A un moment donné, se complaire dans le conflit, et ne rien faire pour le régler, c’était faire son lit pour mieux se coucher. Yasmine ne réussissait pas à comprendre comment ils ne pouvaient pas ne serait-ce que tenter quelque chose ; c’était à leur portée, elle en restait persuadée. S’il en résultait un sentiment de déception, sonnant la coupure définitive des liens entre eux, au moins, ils auraient la satisfaction de se dire qu’ils avaient essayé, et cesserait de miroiter des et si qui les rendaient moroses à force de les ruminer. Qu’attendaient-ils, tous ? Qu’elle rapporte de longues discussions nocturnes aux uns et aux autres, qu’elle polisse leur besoin latent de connaître tout ce qu’il se disait dans le dos de chacun ? Elle ne le ferait pas, parce qu’il ne se disait rien. Ils savaient tous très bien comment leur famille fonctionnait : on préférait taire les regrets, étouffer la tristesse, et agir plutôt que de décrier en pleurant et en tapant des pieds. Amjad et Fatima n’oseraient jamais lui avouer que Sohan leur manquait, mais elle, elle le sentait, elle savait ; ça lui suffisait pour l’enjoindre à les contacter.

« Je leur cherche pas d’excuses, je suis de ton côté, mais tu crois pas qu’il faut un peu plus de temps à des gens comme nos parents pour accepter que leurs enfants ne rentrent pas dans les normes de leurs traditions ? » Elle se faisait l’avocate du Diable, c’était bien la première fois. Elle déglutit, reniflant l’air moite du matin en tournant le regard dans sa direction, et en levant les mains devant elle en guise de bouclier de fortune – Sohan n’était pas quelqu’un de virulent, elle préférait assurer ses arrières, sur ce coup-là cependant « Je veux pas comparer nos situations, on est loin d’être logés à la même enseigne, mais tu sais, maman me tanne toujours autant pour que je trouve un bon musulman à épouser. » Encore la semaine dernière, elle lui avait raconté pour la énième fois depuis qu’elle était rentrée comme ça lui plairait d’avoir à organiser un mariage pour sa fille. Yasmine n’avait pas retenu le roulement d’yeux qui avait accompagné son discours, et elle s’était tut – incroyable, mais vrai, une grande première, là encore ; comme quoi, les choses pouvaient bel et bien changer, la preuve en était « Même si ça me donne envie de hurler, je fais en sorte qu’elle comprenne que c’est pas dans mes projets, et que ça le sera sans doute jamais. » Pas dans l’immédiat en tout cas, et quand bien même ça le serait, elle ne comptait pas reproduire le schéma traditionnel emprunté par ses parents. En attendant, elle n’y pensait absolument pas. Elle reprit, baissant ses mains pour les laisser pendre le long de son corps « Et je crois qu’elle commence tout doucement à se faire à l’idée – un orteil à la fois, Sohan. » Elle le bouscula délicatement, pour le déséquilibrer une seconde fois « Le chemin est long, mais pas impraticable, je te le jure. » Et la parole de Yasmine était d’or ; si elle faisait ce genre de promesses à haute et intelligible voix, c’était parce qu’elle y croyait dur, à ce mieux dans les relations entre ses proches. Continuant sur sa lancée, elle en profita pour lui demander, d’une toute petite voix « T’as pu parler à Hassan, récemment ? »

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 3 Sep 2018 - 22:59

Est-ce qu'ils sont défaitistes ? Surement. Du moins Sohan ne la contredirait pas sur ce point. Oui il était défaitiste face à cette situation. Oui il avait du mal à voir comment ça pourrait bien finir malgré tout. Autant que ça pouvait le peiner, il n'arrivait pas à se projeter dans le futur et s'imaginer attablé avec ses parents autour d'un repas. Ca le désolait, mais il ne voyait pas comment c'était possible. Ca faisait donc surement de lui un défaitiste, mais il n'avait aucun mal à le reconnaitre. "Les chiens ne font pas des chats." se contente t-il de répondre à sa soeur. Réponse un peu facile, certes, mais il ne peut pas nier. Il ne peut pas contredire non plus le fait que ses parents soient défaitistes eux aussi. Il n'incrimine personne. Il sait parfaitement que dans cette histoire, chacun à ses tords et ça inclue lui-même. Il a beau être défaitiste, il n'en reste pas moins réaliste et même si ça ne change pas grand-chose à la situation actuelle, ça reste mieux que rien et un léger pas en avant que de reconnaitre qu'il n'est ni tout blanc, ni tout noir et qu'il en est de même pour ses parents. Si seulement ils pouvaient tous se mettre d'accord sur ce point et en discuter ensemble, la situation se débloquerait sans doute, mais ça, visiblement, ce n'était pas dans un futur proche.

Yasmine dit vrai. Elle a raison sur toute la ligne et d'ailleurs il ne peut s'empêcher de faire oui de la tête à plusieurs reprises avant de lui répondre. "T'as entièrement raison et je le sais bien, mais je sais pas, au fond j'aimerai bien que pour une fois, ils fassent un peu abstraction de leurs traditions archaïques et qu'ils fassent un petit effort ou du moins qu'ils tentent." Il sait tout ça. C'est encré dans sa tête, pourtant il ne semble pas capable d'agir en prenant tous ses facteurs en compte. Il a du mal à passer outre le fait que ces parents ne sont pas comme ses amis et n'ont pas été élevés dans une société progressiste et relativement ouverte d'esprit. "Je sais aussi que je peux pas forcément attendre ça d'eux, ils sont plus tous jeunes, c'est tard pour changer comme ça, mais bon je me dis que ..." Il ne finit pas sa pensée et se contente de hausser les épaules à la fin de sa phrase. Il voudrait croire qu'il n'est jamais tard pour changer, mais il se dit aussi que si rien n'a changé après toutes ses années, est-ce que ça va finir par changer un jour ? Pour lui rien n'est moins sûr. Il sait qu'ils ne vont pas se réveiller un matin et être les personnes les plus tolérantes qui soient face à sa situation, c'est impossible, ça ne marche pas comme ça, pourtant de temps en temps, pendant de brefs instants, il ne peut pas s'empêcher d'espérer avant de revenir à la réalité. "Ca m'étonne même pas." Dit il à sa soeur, sourire aux lèvres quand elle lui dit que leur mère la tanne toujours à propos du fameux bon musulman qu'elle finira par épouser. A une époque il aurait sûrement plaisanté et ajouté qu'elle avait qu'à s'arranger pour se marier avec Hassan, histoire de faire taire leur mère et vivre sa vie de son côté, mais ça, c'était avant. "Je sais qu'elle te fera la vie si un jour tu ramènes un mec non musulman, mais je suis sûr qu'elle s'en remettra." continue t-il avant d'ajouter "Sauf si tu te convertie, là je crois qu'on sera logé à la même enseigne toi et moi." Il plaisante légèrement, car finalement il vaut mieux rire de la situation et s'en amuser plutôt que pleurer. Cependant, il voyait toujours une différence dans sa situation et celle de sa soeur. Lui le secret avait été révélé, il avait été clair avec ses parents quand au fait que c'était comme ça et pas autrement, il ne les avait pas préparés à l'idée. Il n'avait jamais fait aucun sous entendu, n'avait jamais tâté le terrain. Pendant des années, il n'avait pas osé dire quoi que ce soit, avant de ne plus pouvoir vivre comme ça. "Est-ce que tu crois qu'elle commence à comprendre ? Ou est-ce qu'elle fait semblant de comprendre pour que tu sois contente, alors qu'au final elle s'en fiche bien et reste campée sur ses positions ?" Lui demande t-il. Il n'y avait sûrement pas de réel moyen de savoir ce qu'il se passait dans la tête de Fatima, mais c'était une question totalement valable selon lui. Comprendre était différent de faire semblant de comprendre. "Je crois que le problème aussi c'est qu'ils ont bien compris que je ne changerai pas, que c'était comme ça et pas autrement. Ca aide pas la situation je pense." continue t-il.

Cette histoire était un joyeux bordel, mais une chose était sûre, c'était que Yasmine était bien plus optimiste que lui. "C'est pas beaucoup un orteil à la fois." Oui il n'y met vraiment pas de la bonne volonté pour le coup et il pourrait reconnaitre que c'était mieux que rien. D'ailleurs au fond de lui, il savait que c'était mieux que rien, venant de sa mère, c'était même énorme. Petit à petit, c'était tout ce qu'il pouvait demander de quelqu'un qui avait été élevé dans la tradition et qui y était extrêmement attaché. Elle n'était pas née comme lui en Australie, ni à la même époque, ce n'était pas comparable et elle ne pouvait donc pas se détacher de ce qu'elle connaissait aussi facilement que lui. Lui demander de faire ça serait comme lui demander la lune et ça, Sohan le savait malgré tout. "Mais bon si t'as raison, j'imagine que l'avenir nous le dira non ?" demande t-il en regardant sa soeur, lui offrant un sourire forcé appuyant parfaitement ses propos. Si elle disait vrai alors le temps ferait les choses et il n'y avait donc pas de raison de débattre sur le sujet pendant des heures non ? "Non j'ai pas eu l'occasion de lui parler, ni de le voir d'ailleurs." Lui répond-il quand elle lui parle d'Hassan. La vérité c'est qu'il n'a ni tenté de le voir, ni tenté de lui parler, ce dont il n'est pas forcément fier d'ailleurs. Là encore, une histoire bien compliquée pour pas grand-chose. "T'as eu de ses nouvelles toi ? Il va bien ?" Demande t-il tout de même. Il se doute bien que sa soeur a eu des nouvelles d'Hassan, après tout, elle se retrouve au milieu une fois de plus et lui, malgré tout, il ne peut pas s'empêcher de demander s'il va bien, parce qu'il reste son ami et il s'intéresse à lui. Même s'il ne lui parle plus depuis un bon moment.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyJeu 6 Sep 2018 - 19:57

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khadji² (#1)

« Justement, ils ne sont plus tout jeunes, Sohan. » répliqua la jeune femme dans un filet de voix, le regard perdu au loin. L’expression grave et impassible qu’elle emprunta rendit sa peau plus lisse et dure, un peu comme une sculpture taillée dans le marbre, et ses mâchoires roulèrent visiblement dessous, tant elle serra les dents. Elle le fit sans y songer plus concrètement que ça, emportée par l’élan de ses arguments, et non sans regretter aussi vite la bassesse de sa répartie, elle l’expulsa dans un profond soupir. Son visage se détendit lentement, elle ressentit même un soulagement d’avoir pu libérer cette crainte à peine dissimulée, et constata que le poids qu’elle ressentait au niveau de sa poitrine, près de son cœur en vérité, devenait moins pénible à supporter, alors qu’elle continuait de marcher, droite comme la justice. Sohan n’était pas sans savoir qu’Amjad n’avait pas une santé de fer, et qu’il avait tout juste eu de la chance de se sortir de la très mauvaise passe qu’il avait rencontré quelques temps plus tôt. Il ne fallait pas être médium pour deviner et comprendre ce qu’il se passerait s’ils ne mettaient pas leurs rancœurs de côté avant que les choses tournent définitivement au vinaigre : ils se rabibocheraient sur le lit de mort du vieil homme, et quel genre de souvenirs ça laisserait à Sohan par la suite ? N’avoir pu profiter des derniers instants de son père que pour faire amende honorable et apaiser les regrets qu’il redouterait d’emporter avec lui dans la tombe, c’était une éventualité atroce pour Yasmine, mais elle ne pouvait pas le faire entendre de cette manière à son frère. Ça le blesserait intimement, et titillerait dangereusement la culpabilité qu’il devait déjà ressentir – à tort, néanmoins. Elle se mura dans un silence de courte durée, laissant son fil de pensées défiler, et sa langue se délier pour partager plus adroitement son avis sur la situation qui la tourmentait, et monta même un vague comparatif entre leurs deux situations pour alléger son discours, et proclamer une sorte de « tous dans le même bateau » malavisé. Mais quelque chose la gêna dans la façon dont Sohan défendait sa cause, cette fois-là. Yasmine fronça graduellement les sourcils.

« Maman ne sait pas faire semblant. » Il n’avait pas côtoyé leurs parents depuis si longtemps qu’il avait oublié qu’ils étaient des gens bien avant tout ? Manquant cruellement d’indulgence dans certains cas de figure, ceux qui les touchaient de bien trop près, mais à côté de ça, profondément bons, patients, et prêts à aider leur prochain au point de s’oublier, parfois ? Elle faillit rappeler à Sohan qu’ils avaient sciemment pris soin des Jaafari après le décès de leurs parents, les considérant comme leurs fils et les traitant comme tels encore aujourd’hui, qu’ils s’étaient bien trop souvent sacrifiés pour asseoir l’avenir prospère de leurs enfants et leur permettre d’évoluer dans un monde qu’ils avaient, eux, été forcé d’apprendre à connaître, et ce à renfort de volonté et de bonne foi. Yasmine tiqua, vraiment. Battant des paupières pendant un moment, elle laissa un rire rentré dépasser ses lèvres nues « Je sais pas quelle image tu gardes d’elle, mais elle est loin d’être capable de ce que tu l’accuses de faire avec moi. » En somme, de lui retourner le cerveau pour qu’elle croit en ses boniments hypocrites et s’en contente dans l’attente fébrile d’une nouvelle attaque vile à propos de ses fréquentations sentimentales. Elle secoua la tête tout de suite après, faisant valdinguer sa queue de cheval entre ses omoplates, et souriant toujours, mais pas vraiment de joie.

Elle préféra soudain ne plus s’exprimer sur ce sujet ; Sohan avait partagé son point de vue d’entrée de jeu, il lui avait même fait savoir qu’il ne préférait pas en parler, aussi accepta-t-elle silencieusement de battre enfin en retraite, même si elle avait la désagréable impression que son frère s’était créé tout un monde autour du conflit qui le séparait de leurs parents – il en perdait la vraie notion de ce qui faisait des Khadji ce qu’ils étaient : des bonnes personnes, incapables de céder à la vilénie pour obtenir gain de cause, et qui au contraire, courbaient l’échine devant ce qu’ils considéraient hors de leur portée et de leur conception.
Elle calma habilement son désaccord avec Sohan en se réinsérant tranquillement dans la conversation, chuchotant tout d’abord « L’avenir nous le dira. » C’est avec une pointe d’amertume qu’elle fût bien obligée de se ranger à la conclusion de son aîné. Et tandis qu’elle réenclenchait la machine à tracas, elle retourna la tête vers lui ; Hassan dut avoir les oreilles qui se mirent à siffler mélodieusement lorsqu’elle lui répondit « On se voit souvent, toujours le même. » Elle arrêta son geste de remettre une mèche de cheveux derrière son oreille, puisqu’elle les portait en queue de cheval – pendant une fraction de secondes, elle l’avait oublié –, et reprit avec un sourire en biais « Il commence à grisonner, et ça lui va plutôt bien. Tu devrais l’appeler. » Elle sembla être frappée par une révélation, qu’elle traduisit par une petite tape du dos de la main en travers de la poitrine de Sohan « Tiens, t’as qu’à prendre le prétexte de vouloir lui souhaiter son anniversaire ! C’est bientôt, ça lui fera plaisir. » Et elle opina du chef, avant de reprendre, tout en détournant soigneusement la tête pour faire mine de s’intéresser aux parterres de fleurs qu’ils dépassèrent en entrant dans le parc « Je crois qu’il fréquente quelqu’un. C’est ce que maman soupçonne en tout cas, et je crois qu’elle voit juste pour une fois. » Et pour une fois, Yasmine n’était pas totalement fermée aux rumeurs colportées par maman Khadji – Parce qu’elle appréciait beaucoup la jeune femme à qui elle prêtait une histoire avec Hassan, et que si ça s’avérait sérieux, ça voulait dire qu’il avait définitivement tourné la page de son divorce. A force d’autopersuasion, elle réussirait sans doute à vraiment s’en réjouir, plutôt que de laisser à peine poindre le sourire crispé qui s’étendit douloureusement sur son visage quand elle se risqua à vriller la tête pour croiser le regard de son frère.

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyMar 11 Sep 2018 - 23:06

Sohan devait bien reconnaitre que sa soeur était loin d'être gâtée avec tous les têtus qui l'entouraient. Il devait aussi reconnaitre que ce n'était pas pour ça qu'il faisait plus d'efforts que ça. Pourtant, il savait très bien que ses parents n'étaient plus tous jeunes. Il n'avait pas réellement besoin de Yasmine pour lui rappeler ce détail. Il y pensait régulièrement. Aussi bien quand il se disait que ses parents étaient sans doute trop vieux pour revenir sur leurs convictions, que quand il se disait qu'au fil des ans, il allait un jour être trop tard pour faire la paix avec eux, ou au minimum, enterrer la hache de guerre. "Je sais Yasmine." Lui répond-il. Il aurait été tenté de soupirer en guise de réponse, mais la voix de sa soeur lui avait indiqué que ça n'aurait pas été une réaction des plus judicieuses. "Je pense à ça bien plus souvent que tu crois." Il y pensait tellement qu'il y avait eu des fois où il s'était retrouvé à deux doigts de contacter ses parents. Il avait attrapé son téléphone, composé le numéro, il ne lui restait plus qu'à lancer l'appel, pourtant à chaque fois il s'était dégonflé, ne sachant pas quoi dire si l'un des deux lui répondait. C'était idiot. On sait toujours quoi dire à ses parents et dans le pire des cas, l'un des deux auraient sûrement trouvé quoi dire, mais non, il s'était toujours démonté au dernier moment. Pourtant, il ne voulait pas rester en froid avec ses parents jusqu'à leur mort et il se disait qu'au fond d'eux, s'en était de même. Il restait leur fils après tout, gay ou pas.

Sa cadette n'a pas l'air d'accord avec qu'il vient de dire. Il lève un sourcil interrogateur dans sa direction, même si au fond de lui, il sait pertinemment qu'elle a raison. Non leur mère ne sait pas faire semblant. Si elle savait faire semblant elle aurait sans doute fait semblant d'accepter l'homosexualité de son fils, tout en continuant d'espérer secrètement que ce ne soit qu'une passade et qu'un jour il se réveillerait et viendrait lui présenter une jolie jeune femme. Si elle savait faire semblant, c'est ce qu'elle aurait fait. Dans son cas à lui, elle n'a pas du tout accepté son homosexualité et n'a pas fait semblant, elle était bien trop franche pour ça. Elle ne l'avait pas accepté, mais ça ne l'empêchait cependant pas d'espérer que ce ne soit qu'une phase, une passade et qu'un jour ça passerait comme un mauvais rhume. "Non t'as raison, elle sait pas faire semblant." Accorde t-il à sa soeur avant d'ajouter "Mais ça ne l'empêche pas de vouloir imposer ses idées par contre." Sur ce point tout le monde campait un peu sur ses positions, que ce soit Sohan ou ses parents. Ce n'était donc pas un reproche purement méchant. Il savait très bien que dans cette histoire, tout ce qui pouvait être attribué à ses parents, pouvait s'appliquer à lui aussi. Il ne se faisait pas d'illusion, il n'était pas forcément le gentil de l'histoire. "La dernière image que j'ai eu d'elle était pas très bonne." Répond-il un peu amer, vu comment leur dernière conversation s'était terminée. "Ca éclipse pas tous les bons souvenirs, mais ça met quand même une sacrée ombre au tableau." Ajoute t-il. Bien sûr qu'il ne va pas oublier que sa mère est une mère des plus aimante qui s'est toujours coupée en quatre pour ses enfants, mais c'était plus fort que lui, il avait énormément de mal à mettre de côté la rancoeur qu'il gardait enfouie au fond de lui.

Cette conversation n'allait pas plus loin, sa soeur respectant son choix de ne pas vouloir en parler. C'était une des choses qu'il appréciait chez sa soeur. Elle savait insister quand il fallait, mais elle savait aussi quand s'arrêter, ce qui n'était pas forcément donné à tout le monde. Parler d'Hassan, même si ce n'était pas une situation beaucoup plus simple était beaucoup moins compliqué pour Sohan. La situation en elle-même était beaucoup moins compliquée. Il était juste question de deux mecs aussi butés l'un que l'autre qui n'arrivait pas à faire le premier pas pour mettre un terme à une histoire dont personne ne se souvenait la raison. Il était surtout question de savoir qui allait mettre son ego de côté de le premier ranger sa fierté et faire un pas en avant. Autant cela pouvait paraitre simple, autant les deux étaient tellement têtus que cela pouvait prendre un moment. "Ah ! C'est bien ça." dit il quand sa soeur lui apprend qu'elle le voit régulièrement. Il aimerait bien en dire de même, mais ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas croisé, même de loin. "Ah oué ? Il commence à montrer des signes de vieillesse ? Il le vit pas trop mal ?" se permet il de plaisanter, même s'il ne peut s'empêcher de penser que s'il n'était pas brouillé avec le principal intéressé, il pourrait avoir les réponses sa bouche directement et non par l'intermédiaire de sa soeur. "Je sais pas trop." Ajoute t-il quand au fait qu'il devrait l'appeler. C'est vrai que ça ferait sûrement plaisir à Hassan, surtout pour son anniversaire. Ca fait toujours plaisir quand vos amis pensent à votre anniversaire, mais il y avait quelque chose qui dérangeait Sohan dans cette idée-là. "Ca fait pas un peu bizarre ? Genre ça fait un bail que je ne t'ai pas adressé la parole, mais bon anniversaire ?" demande t-il sceptique. Quelque chose semble manquer, faire ça serait occulter sans explication cette longue période pendant laquelle ils ne se sont pas côtoyé. Pas vraiment le meilleur moyen de régler les non-dits. "Ca fait un peu soudain non ?" Est-ce que le fait que ce soit soudain ou non fait une grande différence ? Probablement pas et c'était toujours mieux que rien. Un orteil à la fois, comme ses parents, il devrait prendre exemple sur eux finalement. "Ah ? Tu penses pas qu'elle idéalise un peu ? Il verrait qui ?" Sohan savait que Hassan n'avait pas été le plus heureux en amour, il serait donc ravi de l'apprendre en couple, mais les soupçons de maman Khadji n'étaient pas toujours fondés. "Qu'est-ce qui te fait penser qu'elle a raison cette fois-ci ?" Il ne devrait pas poser autant de questions sur Hassan compte tenu de l'état de leur relation, mais il ne pouvait, malgré tout, pas s'en empêcher.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 17 Sep 2018 - 20:14

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khadji² (#1)

« Il ronchonne, mais il saura gérer. » Elle marqua une pause dramatique, qu’elle rompit en faisant la moue « Tant qu’il garde ses cheveux. » ajouta-t-elle dans un petit rire contenu, et elle inclina légèrement la tête sur le côté, admirant au passage la moindre feuille, la moindre fleur qu’ils rencontrèrent sur le chemin du parc. Le ton léger qu’elle emprunta tranchait avec la morosité qui avait teinté leur échange jusque-là. C’était pour cette raison qu’elle avait choisi de bifurquer du côté d’Hassan, d’ailleurs. Parler de lui aussi ouvertement, même si elle s’échinait souvent à paraître plus détachée qu’elle ne l’était dans ces cas-là, avait tendance à la rendre plus joyeuse et volubile, comme si elle s’insufflait une petite dose d’énergie en secret qui lui permettait de balayer les derniers résidus de contrariété qui souillaient son organisme et ses pensées. C’était toujours momentané, pourtant c’était une tactique dont elle usait plus que nécessaire dans l’espoir de s’apaiser sans devoir faire réellement appel au principal concerné. Aussi, elle n’exprima pas davantage la théorie qui avait commencé à s’ancrer en elle, et ce tout de suite après la conversation qu’ils avaient eue tous les deux, assis sur les balançoires du square. A savoir qu’Hassan appréciait de prendre de l’âge plus qu’il ne voulait bien l’admettre, tout simplement parce qu’il y avait une époque où il ne s’imaginait pas atteindre celui qu’il s’apprêtait à décrocher, à l’image d’un pompon de fête foraine, dans quelques jours. Il s’autorisait de nouveau à se projeter dans des situations aussi douces et banales que des balades à moto, et même si ce n’était pas grand-chose pour le commun des mortels, c’était une preuve irréfutable pour Yasmine que la dépression du jeune homme n’était plus seulement en train de lentement s’estomper, mais qu’elle disparaissait enfin pour lui permettre de mieux envisager l’avenir probant qu’elle lui prescrivait sans d’autre avis médical que le sien, et c’était déjà pas mal. Elle aurait volontiers ajouté à cette ordonnance une injection d’amour fraternel que seul Sohan était capable de lui fournir, intimement convaincue que c’était ce qui leur manquait à tous les deux pour mieux guérir les blessures qu’ils léchaient chacun dans leur coin, murés dans leur amour-propre et les non-dits qui n’en finissaient plus de dresser remparts et barrières entre eux. Malgré ses efforts, aucun d’eux n’étaient enclins à accepter la petite piqûre qu’elle s’était tant de fois proposée de leur faire, et encore une fois, Sohan déclina habilement.

« Au contraire, c’est l’occasion parfaite. » Yasmine ne se démonta pas.  Elle prit une très grande inspiration, agitant ses mains agiles devant elle en exposant son point de vue. Elle leva si haut ses sourcils qu’ils frôlèrent l’implantation de ses cheveux « Ça fait un bail que je ne t’ai pas adressé la parole, alors je profite de ton anniversaire pour y remédier, et t’inviter à boire une limonade pour trinquer à tes rides et à nos retrouvailles. » Elle positionna ses mains aux doigts écartés devant son visage, les agitant comme des marionnettes et ouvrant la bouche pour donner un impact plus Broadway à son discours teinté d’enthousiasme. Mais elle ne tint par longtemps la position, et finit par grogner en shootant dans un caillou invisible, traînant à ses pieds.
Elle baissa la tête furtivement, la relevant aussi vite pour tourner le menton dans la direction de son frère qu’elle toisa rapidement par-dessous une rangée de cils « Il te manque pas ? Sois honnête. Je suis partie huit mois, il m’a autant manqué que toi, et même si on est proches, on l’a jamais autant été que lui et toi. » Leur relation n’était pas la même non plus. Un constat acrimonieux, légitime, toutefois. Elle continua de le toiser une poignée de secondes, puis détourna la tête dans un sourire presque douloureux, à peine parée à dévoiler le postulat établi par Fatima à la suite de ses observations de l’attitude de son fils d’adoption – il découchait souvent, abandonnant le confort de son petit chez lui pour retrouver celui d’une mystérieuse comparse de marteau. Ça aussi, c’était une preuve qu’il allait mieux, le fait qu’il fréquente potentiellement quelqu’un, et c’était pour cette raison que Yasmine culpabilisait à l’idée de s’en désoler un peu « Ginny McGrath, je pense pas que tu la connaisses. » Elle, elle la connaissait en revanche – comme on peut connaître la maman d’un petit garçon aussi malade que le sien, en partageant ses craintes, et en faisant en sorte de faciliter leur quotidien à l’aide d’heures supplémentaires dans un service qui n’était pas le sien, de voix de dessins-animés, et d’histoires de pirates et de trésors oubliés. Yasmine l’aimait beaucoup, et ça ne la surprenait pas du tout qu’elle se soit rapprochée d’Hassan de cette façon, car comme elle s’apprêtait à le faire savoir à son frère après avoir longuement avalé sa salive… « Elle est forte, très douce aussi. Son petit garçon a été hospitalisé pendant longtemps, et elle était là tous les jours, à sourire plus que la moitié du personnel. Pourtant, c’était son fils qui était allongé dans un lit d’hôpital, plongé dans le coma. » Elle serra les lèvres, secoua imperceptiblement la tête en reportant son attention sur ce qui défilait sous ses pieds ; le bitume sale qui constituait l’allée du parc « C’est quelqu’un de bien pour lui, elle est cool, vraiment. D’après maman – et il m’en a parlé aussi pas mal quand je l’avais sur Skype, n’essaie même pas de me convaincre qu’elle fabule. » Elle s’arrêta nette, pilant sur ses tennis, et dressa son index sous le nez de Sohan en guise de gentille menace. Elle le fixa, ses yeux en amandes ne bougeant pas d’un poil, puis elle cligna de nouveau, reprenant son chemin en même temps que le cours de ses propos « Il a passé ces derniers mois à l’aider à bricoler dans sa maison. On sait tous ce que ça signifie quand tu  bricoles jour et nuit chez quelqu’un hein, pas besoin de te faire un dessin. » Elle n’était pas disposée à partager sa douteuse conception des moments qu’Hassan passait en compagnie de la fée Ginny, se refusant à les imager, même dans son esprit, étroitement fermé à ce genre de séance privée. Une vague de chaleur empourpra subtilement son visage, qu’elle redressa d’un coup en affectant de se concentrer sur quelque chose au loin. Tout doucement, elle attrapa le bout de sa queue de cheval pour, aussitôt, la rebalancer par-dessus son épaule en se raclant brusquement, et bruyamment, la gorge ; elle sentait qu’elle se braquait, et elle refusait de comprendre pourquoi exactement. Alors, elle se rua sur la première porte de sortie qu’elle entrevoyait lorsqu’ils entrèrent enfin dans le parc tant convoité. D’un coup de menton, elle désigna un coin pentu « On démarre de là-bas, ou quoi ? »

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 1 Oct 2018 - 21:24

Sohan ne peut s'empêcher de rire d'un rire franc, un rire qui vient du coeur face à la remarque de sa soeur quant à Hassan et sa chevelure. Hassan et ses cheveux. Une blague qui a toujours été récurrente chez les Khadji. Ce n'était pas méchant. Juste un moyen de taquiner l'intéressé. "S'il t'entendait, il te dirait sûrement que tu vas lui porter malchance." répond Sohan en plaisantant. Même si avant que Hassan perde tous ses cheveux, il y avait sûrement le temps. S'il faisait partie des chanceux, ça ne lui arriverait peut-être jamais. Sohan espérait secrètement que pour lui ce serait le cas. Il n'avait rien contre le fait de vieillir. Ce n'était pas quelque-chose qui le gênait ou l'inquiétait plus que ça. Il prenait ça comme la suite logique des choses sans réellement s'en préoccuper. En revanche, s'il pouvait choisir quelque chose, ce serait certainement de garder ses cheveux. Persuadé que le crâne chauve était bien la coiffure qui ne lui irait jamais. Vieillir et être vieux, oui. Vieillir et devenir moche, ça non. Là ça finirait probablement par lui poser problème.

Yasmine avait sûrement raison. Même si Sohan ne voulait pas l'admettre. A un moment ou un autre, il faudrait bien qu'il renoue les liens avec lui. Après tout, Hassan était ce qu'il avait de plus proche d'un frère. Il n'avait peut-être pas le même sang, mais au fond d'eux, ils étaient de la même famille et toute cette histoire était donc complètement bête. Ca ne faisait de bien à personne et créait des tensions pour rien au final. "C'est sûrement l'occasion parfaite, mais il y a un soucis là-dedans." offre t-il en guise de réponse à sa cadette avant de continuer. "C'est cramé à dix kilomètres que ce que tu viens de dire, ça vient de toi et pas de moi. Du coup, je pense que ça aurait pas forcément l'effet escompté." Est-ce qu'il y mettait de la mauvaise volonté ? Un petit peu, oui, il fallait bien l'avouer. Cependant, il gardait tout de même l'idée en tête, car Yasmine avait raison. Contacter Hassan pour son anniversaire c'était un excellent moyen de renouer le dialogue. Il n'y avait pas besoin d'inventer une quelconque raison de réapparaitre après des années sans se parler. Un anniversaire, ça lui offrait une raison toute prête sur un plateau. Pourquoi fallait il que sa soeur soir toujours la voix de la raison ? Il aurait bien aimé lui dire haut et fort qu'elle avait tort pour une fois, mais non. Elle avait bel et bien raison, comme la plupart du temps. D'ailleurs, elle ne manque pas de taper juste une nouvelle fois quand elle demande à Sohan si Hassan ne lui manque pas. "Bien sûr qu'il me manque." avoue t-il. Il ne tente pas de mentir, il ne tente pas de nier. Yasmine savait, c'était sûrement pour ça qu'elle avait posé la question. Pour entendre la réponse de ses propres oreilles. Sohan n'avait donc pas vu l'intérêt de mentir, surtout qu'elle ne l'aurait proclament pas cru. C'était évident que Hassan lui manquait. Ils étaient comme des frères. Il lui manquait autant que sa soeur lui avait manqué quand elle était partie au Niger, sauf que ça durait bien plus longtemps. D'ailleurs, s'il était totalement honnête, il lui dirait que ça lui arrivait de penser à quelque chose de drôle, d'attraper son téléphone prêt à taper un sms avant de se souvenir qu'entre Hassan et lui, les choses n'étaient plus comme avant et donc de reposer son téléphone avec une pointe de déception. "C'était une des personnes avec qui j'étais le plus proche. C'est comme si je ne te parlais pas pendant des années, ça serait exactement la même chose pour moi." C'était sans doute un peu réducteur, mais c'était bel et bien la vérité.

Ginny McGrath, un nom qui lui était familier. Il l'avait déjà entendu à plusieurs reprises. "Je la connais." répond-il à sa soeur avant de s'empresser d'ajouter. "Enfin, j'ai déjà entendu son nom." Andre lui avait parlé d'elle à plusieurs reprises quand ils étaient encore ensemble. Ca remonte donc à un moment déjà, mais il se souvenait du nom, car Andre avait l'air de l'apprécier à l'époque. Il participait à ses workshops et ne manquait pas de tarir d'éloges quand il en parlait à Sohan. Mise à part cela, Sohan ne savait rien de la jeune femme en question et n'aurait pas imaginé tout ce que Yasmine venait de lui raconter. Certaines personnes n'ont vraiment pas de chance et pourtant, elles parviennent à garder une certaine joie de vivre. Que ce soit seulement en apparence ou pas. "Je veux pas essayé de dire que maman fabule, mais ce n'est pas parce qu'il te parle d'une femme qu'il sort avec non ?" demande t-il avant d'ajouter. "Ca pourrait pas être simplement une de ses amies ? Si elle a vécu des choses pas faciles, elle a peut-être trouvé une oreille attentive auprès de Hassan. Après tout, il a traversé des trucs lui aussi." Une explication qui se tient, selon Sohan qui sait que les dernières années n'ont pas été toutes roses pour son ami ce qui lui fait donc penser que la fameuse Ginny pourrait simplement être une amie pouvant totalement comprendre ce qu'il avait pu vivre et ressentir. "Je sais pas trop, si ça se trouve ce bricolage, ça lui permet de se changer les idées." dit il ensuite en haussant les épaules. "Pourquoi tu lui demandes pas directement au pire ? Toi qui a l'air de savoir comment lancer des conversations ?" Il affiche un petit sourire narquois à la fin de sa phrase, faisant référence au message préfabriqué que sa soeur lui a proposé d'envoyer à Hassan quelques minutes plus tôt.

Lorsqu'ils entrent dans le parc, Yasmine indique un endroit pentu comme point de départ de leur footing, ce qui ne manque pas de faire sourire Sohan. "Tu veux voir si je suis toujours endurant ?" Lance t-il, commençant à trottiner vers la pente. "Sinon, assez parlé des autres ! Comment ça se passe pour toi à l'hôpital ? Pas trop dur de reprendre un peu la routine ?" demande t-il, même si hôpital et routine ne sont clairement pas deux mots allant ensemble. Il se disait que le travail de sa soeur à Brisbane était surement plus routinier que son travail au Niger.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyVen 5 Oct 2018 - 18:12

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khadji² (#1)

« Si tu comptes ne plus m’adresser la parole un jour, préviens-moi un peu à l’avance pour que je puisse m’y préparer. » lança Yasmine entre deux bribes de phrases prononcées par Sohan. C’était dit sur le ton de la plaisanterie, mais elle sentit les petits cheveux sur sa nuque se dresser d’un coup lorsqu’elle s’imagina rester sans nouvelles de son frère pendant une durée indéterminée. Elle savait qu’elle n’y survivrait pas. De toute façon, il faudrait qu’ils aient tous les deux une bonne raison pour que ça leur frôle l’esprit, alors elle n’avait pas besoin de se torturer à ce propos. Si Yasmine était bien sûre d’une chose, c’était que l’entente qui la liait à Sohan ne se tarirait jamais. En y réfléchissant, elle ne se souvenait même pas d’une querelle quelconque avec lui, même pour une broutille sans importance. Sans doute parce qu’elle s’échinait à ne pas rentrer dans le cercle vicieux des conflits sans fin avec les gens qu’elle aimait le plus ; elle s’excusait trop rapidement en règle générale, tout le monde le savait, et parfois, elle en soupçonnait certain d’en profiter un peu. Ça ne lui ressemblait tout simplement pas de se battre verbalement, et de laisser exploser ce qui la taraudait pour faire souffrir les autres, et se venger d’une manière ou d’une autre. C’était l’une des raisons qui l’avaient d’ailleurs poussée à prendre le large quand, huit mois plus tôt, elle s’était aperçue qu’elle s’était laissé aller à la rancune tenace et affirmée. Joanne en avait fait injustement les frais, lui laissant un goût amer qui allait de paire avec les regrets qu’elle nourrissait de plus en plus en resongeant à tout ce qu’elle avait eu le culot de lui cracher à la figure, pensant que défendre Hassan en s’en prenant à son ex-femme aurait une espèce d’influence sur le mal qui le rongeait à cette période précise. Résultat des courses, ça n’avait fait que leur faire du mal à toutes les deux ; davantage à Joanne, si elle devait être honnête avec elle-même, et elle essayait de l’être, la plupart du temps.
C’était un beau hasard qu’elle se remette à penser à Joanne au moment même où elle déployait ses soupçons en ce qui concernait la vie sentimentale d’Hassan. Finalement, elle se retrouva soudain dans la position de Sohan, et se surprit à ne plus avoir envie de parler de toute ça. C’était pourtant elle qui avait jeté la première pierre, déterminée à donner des nouvelles à son frère pour qu’un quelque chose le pousse à reprendre contact avec lui, et à de nouveau partager les secrets qu’il n’aurait pas idée de partager avec elle. Son cœur se mettant en route avant même qu’ils ne débutent leur vrai footing, elle usa de pirouettes détournées pour éviter de s’épancher davantage sur cette histoire de liaison supposée, et lorsque Sohan rebondit sur son analyse dictée par leur mère, elle haussa les épaules.

« Moi non plus, je sais pas. Je suis pas une experte en la matière, mais je crois qu’on sent ces choses-là quand elles se produisent, et je fais confiance au flair de maman. Elle a des années d’expertise, elle. » C’était un argument qu’elle bricola en dernier recours, omettant de mettre sur le tapis le fait qu’elle n’avait jamais senti quand sa propre fille fréquentait des hommes qu’elle n’aurait pas acceptés à sa table – à croire que les qualités d’observatrice de Fatima n’étaient pas sans failles, la preuve en était. Elle renifla, alternant les mouvements pour rabattre ses cheveux échappés de son élastique derrière ses oreilles, et celui de faire virevolter sa queue de cheval entre ses omoplates tendues par une tension qui progressa dans tout son corps qu’elle réchauffa en se mettant soudain à sautiller sur place.
Elle émit un rire sec et furtif en entendant Sohan lui soumettre son idée de lui poser directement la question, et sans chercher à tourner autour du pot pour une fois, elle lui avoua « J’ai pas envie de savoir pour être honnête. » C’était vrai sans l’être ; une partie d’elle mourrait d’envie de savoir si sa théorie était juste, alors que l’autre la suppliait de ne pas creuser pour préserver ce qui menaçait d’éclater en mille morceaux si toute la lumière était faite sur le sujet – son cœur manque un battement, et elle toussa pour atténuer le bruit mat qui s’échappait de sa poitrine. Montrant son frère du menton, un sourire en biais fendit l’expression mi-figue mi-raisin qu’elle arbora pour garder la face « Mais toi, si jamais tu te décides à l’appeler… c’est un truc qu’on fait, il parait, demander des nouvelles des amours des autres. Et t’es mieux placé que moi pour récolter les détails qui vont avec. Nan vraiment, je passe mon tour sur ce coup-là. » Et bien décidée à changer de sujet, elle désigna ensuite un coin du parc d’où ils pourraient partir pour enfin commencer ce pour quoi ils s’étaient donnés rendez-vous « Pas besoin, je sais très bien que tu t’es empâté. » Avant de partir en troisième vitesse, elle lui fila une petite tape dans l’abdomen.

Tout en riant dans ses moustaches, elle dévala la pente, ralentissant graduellement pour qu’il la rattrape. Le temps de discerner sa question, et elle lui répondit après avoir serré les lèvres quelques secondes « Ça va. » Pas d’explications plus enthousiastes, pas de résumés complets de ces dernières gardes comme elle en avait pris l’habitude de le faire depuis ses dix dernières années d’exercice. Le faire, ce serait devoir inclure certains faits qu’elle n’avait pas envie d’aborder avec quelqu’un d’aussi proche et soucieux de sa santé que l’était Sohan : ses envies de plus, ses insomnies, ses crises d’angoisses, et cette sensation grandissante de couver plus qu’un vulgaire mal du pays.
Elle expira par petites colonnes d’air, tachant d’apaiser ses palpitations, et lui accorda un regard de côté en calant son rythme de course sur le sien « Je dors pas très bien depuis que je suis rentrée. » C’était tout ce qu’elle consentait à lui dire, et puisqu’elle n’avait pas envie de s’y attarder, elle enchaîna rapidement, lui demandant en retour « T’y penseras plus sérieusement, à papa et maman ? »

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyMar 9 Oct 2018 - 22:41

Il tourne la tête instantanément en direction de sa soeur quand sa phrase parvient à ses oreilles. Ne plus lui parler ? Une idée complètement idiote selon lui. Il a bien du mal à imaginer comment il pourrait en arriver là un jour. D'ailleurs, ça lui parait tellement insensé qu'il s'empresse de lui répondre. "Ca n'arrivera jamais, je pourrai pas faire ça." Il le pensait sincèrement. Il ne plaisantait pas là-dessus. Dans sa tête, c'était inconcevable de ne pas adresser la parole à sa soeur. Lorsqu'elle est partie au Niger et qu'elle était loin de lui, ça avait été extrêmement dur, il ne pourrait donc jamais cesser de lui parler. Certes, il aurait sûrement dit la même chose à Hassan et à ses parents il y a quelques années de ça et pourtant ... Mais il était persuadé qu'avec Yasmine c'était différent. Surtout qu'il avait déjà bien assez de mal à vivre le fait qu'il ne parle plus ni à ses parents, ni à Hassan, il sait qu'il ne supporterait pas d'en plus s'éloigner de sa soeur. C'était sans doute extrêmement cliché, mais il se disait qu'il n'y survivrait probablement pas.

"Elle aime faire croire qu'elle a des années d'expertise, plutôt." Lui répond-il. Après tout, quand il a annoncé son homosexualité, ça avait l'air d'être un sacré choc, aussi bien pour Amjad que pour Fatima. Signe qu'elle ne s'y attendait sûrement pas. Même si au final, il avait bien du mal à croire que ça ne lui ait jamais traversé l'esprit. Il était persuadé que pour ce genre de choses, les parents avaient comme un sixième sens. Alors, même si c'était un choc pour eux, que ça allait complètement à l'encontre de leurs valeurs et de leurs traditions, Sohan avait tout de même un peu de mal à croire que ses parents et sa mère en particulier, n'y ait jamais pensé. Ce n'était pas comme s'il avait ramené beaucoup de filles chez lui quand il était adolescent et ce n'était pas pour rien qu'il avait toujours esquivé autant que possible les questions de sa mère quant à un futur mariage et de futurs enfants avec une bonne musulmane, comme elle aimait préciser. "Ou alors, elle est juste douée pour flairer ce genre de choses ... chez les autres." finit il en riant. Il fallait bien avouer que quand il s'agissait de savoir si telle ou telle personne avait un ou une partenaire, Fatima était extrêmement douée. Difficile de savoir si c'était un talent particulier, mélangé à un bon sens de l'observation ou si cela venait du bouche-à-oreille quand elle discutait avec ses amies en prenant le thé. Yasmine lui avoua finalement ne pas vraiment vouloir connaitre la réponse à cette question, ce qui surprit légèrement Sohan et il devait bien avouer qu'il ne savait pas trop d'où venait ce manque d'intérêt. Elle était proche de Hassan après tout. Elle n'entretenait pas forcément la même relation que Sohan avait pu entretenir avec lui par le passé, mais ils étaient proches. Ne devait elle pas être contente pour lui et vouloir en savoir plus sur une potentielle petite amie ? Surtout après sa relation compliquée avec Joanne. Une nouvelle femme dans sa vie ne pouvait que lui faire du bien selon Sohan. "Ah donc en fait, il faudrait que je me réconcilie avec lui pour pouvoir te servir d'espion c'est ça ?" demande t-il en plaisantant. Il savait bien sûr que ce n'était pas la raison de l'insistance de sa soeur à ce sujet et que ce n'était pas pour son bien personnel qu'elle insistait, mais bien pour Sohan. Même s'il commençait à connaitre la chanson et n'y mettait toujours pas plus de bonne volonté, il appréciait qu'elle ne lâche pas l'affaire pour autant. "Bon, je te propose un truc." lui dit il, large sourire dessiné sur les lèvres "Quand on sera rabiboché, la première question que je lui poserai ce sera celle-ci, mais je préciserai bien sûr que c'est toi qui veut savoir. Ca te convient ?" Oui ça impliquait qu'il reparle à Hassan, mais si Yasmine faisait pression sur lui comme ça, il se doutait qu'elle faisait très certainement la même chose avec Hassan avec peut-être un peu moins d'insistance. Ce n'était sans doute qu'une question de temps avant que l'un ou l'autre ne décide de crever l'abcès. "Empaté ? C'pas moi qui mange les petits plats de mamans et toutes ses pâtisseries." Lui lance t-il avant de courir après elle. Il arriva rapidement à sa hauteur. "Ce serait pas des petites poignées d'amour qui sont en train de faire leur apparition là ?" demande t-il en plaisantant, la pinçant légèrement au niveau de la hanche. Il se moquait d'elle, mais ça le faisait bien rire.

Il préféra tourner un peu la conversation vers elle. Après tout, depuis le début, c'était lui et ses histoires le sujet de conversation numéro un et ce n'était pas forcément ce qui l'intéressait le plus. Lui, il voulait savoir comment allait sa soeur. Comment elle vivait son retour à Brisbane. Si elle n'avait pas trop de mal à se réaclimater à la vie urbaine. "Ca va ? C'est tout ? T'es sûre ?" demande t-il. Il s'attendait à plus. Il s'attendait à ce qu'elle lui parle de son travail comme elle avait l'habitude de le faire. Ca va, n'était pas une réponse qu'il aimait entendre. Ca va, pour lui, ça voulait dire tout le contraire. "Je t'ai connue plus loquace." Dit il simplement. Il ne veut pas trop la forcer ou trop insister. Après tout, elle respecte toujours quand il ne veut pas trop en dire et c'est donc logique d'en faire de même quand il s'agit d'elle, même si ce n'est pas l'envie qui manque. "Tu fais des cauchemars ?" demande t-il au hasard quand elle lui dit ne pas dormir beaucoup depuis son retour. Il sait qu'il y a sans doute des dizaines de causes possibles, mais les cauchemars sont ce qui lui vient en tête en premier. "T'en parles avec quelqu'un ?" demande t-il ensuite. Il se doute qu'elle ne voudrait pas forcément parler de ce qu'il ne va pas avec lui, mais il espère tout de même qu'elle ne garde pas ça pour elle. Il n'est pas médecin, mais il sait que ce n'est jamais bon. "J'y penserai, oui." consent il quand elle lui demande pour leurs parents. Cependant, il la connait, elle n'est pas très différente de lui finalement. "Toi aussi il y a des trucs dont tu veux pas trop parler on dirait." Oué il avait bien compris qu'elle avait dit ça pour changer de sujet. Il n'était pas dupe. "Même si c'est pas avec moi, tu penseras sérieusement à en parler avec quelqu'un ?" Il serait son oreille attentive si elle en avait besoin, c'était évident, mais il pouvait comprendre qu'elle ne veuille pas tout lui dire.
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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyVen 12 Oct 2018 - 16:30

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Est-ce que ça lui convenait, que son frère joue les intermédiaires, et se rancarde sur les histoires de cœur de leur ami commun ? Ils n’avaient plus quinze ans, et Yasmine faillit le lui rappeler en endossant son ancien costume de la petite sœur geignarde qu’elle avait sûrement été dans un passé plus ou moins éloigné.  A la toute dernière seconde, elle s’abstint de tout commentaire qui aurait reflété une quelconque humiliation ressentie par l’adolescente enfouie très profondément en elle. Aussi, elle rentra farouchement le menton, fronçant le nez du même coup « Nan, laisse tomber. » rétorqua-t-elle tout simplement, balayant toute cette histoire d’une main molle, et secouant la tête pour chasser les dizaines d’arguments bien ficelés qui dissuaderaient le jeune homme de se lancer dans la pêche aux infos pour son compte – et pour celui de Fatima. De toute façon, tout finissait par se savoir dans le cercle très restreint des Khadjaafari ; elle n’aurait qu’à patienter un peu pour connaître le fin mot de l’histoire, même si ça lui laissait présager des ruminations dont elle n’avait pas besoin de s’encombrer l’esprit en ce moment. Elle nota néanmoins le changement de cap dans le fil de pensées de son aîné qui, au début de leur conversation, avait démontré peu d’entrain à la tâche de recontacter Hassan. Désormais, il projetait ouvertement de lui poser des questions, quelle belle avancée ! Un peu mal à l’aise, elle ne bouda pourtant pas son plaisir en concluant mentalement qu’il finirait par céder à ses encouragements à un moment donné, et le sourire qui remonta ses pommettes illumina tout son visage. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’ils ne soient réunis, et ça la ravissait sincèrement, l’enthousiasmait à un point qu’elle ne saurait exprimer autrement qu’en couinant d’allégresse, et lui passait même un peu de baume sur son cœur battant la chamade à cet instant de la conversation.  

« Ce serait pas de la jalousie que je perçois dans le son de ta voix ? Je comprends, faut dire que je porte l’embonpoint bien mieux que toi, merci maman. » dit-elle, se reculant de quelques pas pour échapper à la tentative de pincement de son frère. Elle s’arrêta de courir un instant pour le laisser passer devant, puis reprit sa course en accentuant sa démarche pour donner l’impression de défiler avec une grâce dont elle n’était malheureusement pas détentrice ; ça n’empêcha pas les coureurs qui passèrent à côté d’eux de lui jeter un regard libidineux, tandis qu’elle éclatait de rire pour se dérober des questions plus pointues posées par Sohan.

A ce propos, Yasmine se donna le temps de mieux réfléchir à ce qu’impliquerait d’admettre qu’elle n’allait pas aussi bien qu’elle le prétendait aux yeux de tous. Les soupçons qui accompagnèrent la réaction du jeune homme lui firent retrouver peu à peu tout son sérieux, et se concentrer sur la portion de chemin qui s’étalait devant leurs yeux. Elle ne devait pas se sentir honteuse de l’état de confusion générale dans lequel elle se trouvait depuis son retour, et elle ne devait pas s’en vouloir non plus de ne pas avoir envie d’en parler, tel était le conseil prodigué par son thérapeute de malheur. Mais chaque fois qu’on lui demandait si elle allait bien, et qu’elle répondait que oui, elle ne pouvait se détacher du sentiment lancinant de se jouer vulgairement des autres pour préserver les secrets qu’elle avait emporté avec elle dans sa valise ; elle était devenue une dissimulatrice de talent, et ce n’était pas un fait qui la flattait, bien au contraire : mentir était un péché qu’elle paierait tôt ou tard, elle le sentait dans ses os malmenés par la pression de ses pas courus sur le bitume. Seulement, ça avait toujours été son rôle, d’étouffer ses difficultés pour se concentrer sur celles des autres, et ne pas laisser sous-entendre que quelque chose ne tournait pas rond chez elle. C’était pourtant le cas depuis un moment déjà ; elle se considérait bien encadrée par le médecin qu’elle voyait régulièrement, et bien qu’elle ait refusé une quelconque médication, elle s’obstinait à juste vouloir suivre les conseils qu’il lui prodiguait pour retrouver un rythme de sommeil régulier, et mieux gérer les vagues d’angoisse qui la paralysait parfois. Elle se disait qu’elle s’en sortait pas mal en définitive – la vérité, c’était que sa concentration périclitait, que sa patience s’effritait, qu’elle se sentait tiré vers le bas, entre toute autres choses. Yasmine savait que la bonne volonté qu’elle mettait à réunir ses forces pour paraître moins fragile qu’elle ne l’était finirait par faiblir, et qu’elle craquerait devant les mauvaises personnes, celles qui s’inquiéteraient au point de vouloir l’aider. C’était exclu, sauf que son autre problème, c’était qu’elle ne savait pas comment contrer cet orage menaçant qui la suivait partout. Elle le sentait à deux doigts d’éclater, et ça la terrifiait, rajoutant des raisons à son angoisse de se manifester dans les moments les moins opportuns : un cercle vicieux, elle venait de trouver l’étiquette à apposer sur ce qu’elle vivait secrètement depuis qu’elle était rentrée.

« Ça m’arrive, mais c’est pas aussi régulier que tu l’imagines. » Le choc de ses pas sur l’asphalte résonna à l’intérieur de sa boîte crânienne lorsqu’elle débita ce mensonge sans démontrer la moindre hésitation « C’est surtout que j’ai du mal à trouver le sommeil à cause des habitudes que j’avais prises là-bas. C’est normal, t’inquiète pas. » Encore une fois, elle ne cilla même pas. En revanche, elle laissa poindre un sourire, se préparant à prononcer sa phrase suivante « Je devrais me trouver une de ces machines, tu sais ? Celles qui diffusent des bruits de nature sauvage ou d’océan pour aider à faire abstraction du reste, ça aide pas mal, à ce qu’on dit. » Elle chipa la bouteille d’eau qu’elle avait glissé dans la ceinture de son pantalon de sport, et renifla, ravalant au passage l’amertume qu’elle ressentit quand elle fut obligée de faire une concession, et de dire la vérité pour calmer ce qu’elle décelait dans la voix grave de son frère « Ils m’ont assigné un thérapeute au St-Vincent’s. Elle prit une gorgée de sa bouteille, une gorgée qu’elle avala lentement « Je le vois plusieurs fois par semaine. Il est agréable comme une porte de prison, et je le soupçonne de détester son boulot, mais il sait écouter. » Et en effet, elle aurait mis un point final à cette révélation avec joie, enchaînant sur autre chose, si Sohan n’avait pas enchaîné ; Yasmine rit nerveusement « Chacun son tour – attention, j’accélère ! » Elle lui lança sa bouteille, puis feinta pour éviter le groupe de coureur qui les avaient dépassés quelques minutes auparavant. S’échappant une fois de plus pour obtenir sa revanche sur le coup fourré fomenté par son frère lorsqu’ils s’étaient rejoints dans la rue de leurs parents, elle creusa l’écart entre eux.

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Message(#)We all run for something. ft. Yasmine EmptyLun 15 Oct 2018 - 20:28

Finalement, elle n'a pas l'air totalement pour son idée de contacter Hassan et de demander pour elle si, selon les doutes de Fatima, il aurait une femme dans sa vie. Sohan lui ne voulait qu'aider. "T'es sûre ?" insiste t-il avec un sourire taquin dessiné sur les lèvres. "Ca aurait pu faire une bonne approche, mais bon, tant pis. Dans dix ans on finira bien par se parler de nouveau." Il abuse un peu sur ce coup. Notamment parce qu'il espère bien ne pas passer les dix prochaines années de sa vie brouillé avec Hassan. Cette idée lui glaça le sang instantanément. S'il ne pouvait pas se rabibocher avec Hassan, ce serait tout de même un énorme échec pour lui, malgré le fait que jusqu'à présent, il n'ait pas fait grand-chose pour changer la situation. S'il ne se rabiboche pas avec Hassan d'ici les dix prochaines années, cela voudrait aussi sûrement dire qu'il ne se rabibocherait jamais avec lui, à un moment où un autre la distance entre deux personnes devient bien trop importante. Et puis aussi il abuse sur ce coup-là, car il n'est pas forcément en position de plaisanter sur ça. Quoi que, il vaut sûrement mieux en rire qu'en pleurer. Il le sait de toute façon au fond de lui que avec Hassan, ils finiront bien par revenir l'un vers l'autre. Ca ne sera pas forcé, le destin aura sûrement quelque chose à voir là-dedans, c'était impossible que ça finisse autrement.

Il fait une tête outrée quand elle parle de jalousie et de son pseudo embonpoint. Faisant par la même occasion mine de regarder autour de lui, comme si elle parlait d'une personne extérieure qui n'était pas lui. "Euh euh ... Tu veux qu'on fasse un concours ? On prend une bonne vingtaine de kilos et après on voit qui est le plus beau ?" Propose t-il en plaisantant totalement. Ce serait certainement une des idées les plus bêtes au monde que de prendre du poids à ce poids, volontairement, pour finalement décider de comparer. Il n'y avait rien de logique là-dedans et tout allait à l'encontre de ce que quiconque recommanderait. "Quand tu verras que je suis plus beau que toi, on pourra reparler de jalousie." Lui dit il ensuite. Il aurait presque pu lui tirer la langue comme quand ils étaient encore enfants et se chamaillaient pour des broutilles. Au fond, ils n'avaient pas forcément changé. A la différence qu'ils ne se chamaillaient plus pour des jouets et avaient tout de même bien mûri depuis. Encore heureux d'ailleurs, sinon il y avait quand même de sérieux soucis à se faire. "En plus, une fois qu'on aura pris vingt kilos, ça nous donnera une bonne raison de devoir courir encore plus souvent ensemble pour virer tous ces kilos superflu." Ajoute t-il. A bien y réfléchir c'était peut-être une solution pour passer encore plus de temps avec sa soeur, même si passer encore plus de temps avec elle, ça voulait aussi dire lui donner encore plus d'occasions de lui forcer la main pour faire un pas vers leurs parents et vers Hassan. C'était un peu un dilemme mine de rien et puis, il n'avait pas vraiment envie de prendre vingt kilos. Même s'il serait prêt à défendre le contraire face à sa soeur, il n'était pas persuadé que ça lui aille réellement.

Ca le rassure de l'entendre dire qu'elle ne fait pas autant de cauchemars qu'il peut l'imaginer. Il ne sait pas trop si elle dit ça pour faire bonne figure et ne pas l'inquiéter ou si elle est réellement sincère. Elle a l'air sincère, mais il ne peut s'empêcher de se dire qu'il y a toujours une part de doute. Que peut-être, elle est bonne menteuse et lui il est content d'entendre ce qu'il veut entendre. Elle ment, il est content, la discussion en reste là. Ca pourrait totalement être une solution et comme il ne sait pas, il ne veut pas insister. Il n'est pas là pour la vexer ou la froissée. Cette sortie matinale est surtout censée être un moment de détente, pas un interrogatoire. "Les habitudes que t'avais pris là-bas ? C'est-à-dire ?" ne peut il s'empêcher de demander malgré tout. "Tu sais que je m'inquièterai toujours pour toi." Ajoute t-il. C'était la vérité. Il savait que sa soeur n'était plus un bébé ou une petite fille que l'on doit protéger, mais elle restait sa petite soeur et il ne pouvait pas ne pas s'inquiéter, c'était plus fort que lui et ça ne changerait probablement jamais. Non pas que ce soit une mauvaise chose de toute façon. Pas de son point de vue en tout cas. Ca prouvait qu'il tenait énormément à elle. "T'essayes de me faire comprendre que c'est ce que tu veux pour ton anniversaire ? Tu sais que c'est pas tout de suite encore ?" lui demande t-il en riant quand elle lui parle de cette fameuse machine qui diffuse des bruits de nature. "Plus sérieusement, ça peut être une solution, si ce genre de bruits t'aident, tu devrais en acheter une et voir si ça fonctionne." Oui ça pouvait sûrement être une bonne solution. ll savait qu'elle n'avait pas dormi dans des hôtels cinq étoiles au Niger et s'était donc habituée au bruit environnant. Il peut donc imaginer que se trouver dans un tout autre contexte peut-être plutôt déstabilisant pour son cycle de sommeil. La machine ne résoudrait peut-être pas tout, mais ça pouvait aider, il en était persuadé. "C'est bien." répond-il quand elle lui dit qu'elle voit un thérapeute avant d'ajouter. "Mais tu lui parles aussi un peu au moins ? C'est une chose de voir un thérapeute, s'en est une autre de parler de ce qu'il ne va pas." Voir un thérapeute, c'était le début. Si elle ne lui parlait pas de ses soucis, est-ce que c'était réellement bénéfique ?

Elle sait éviter les sujets qui fâchent et il ne pouvait pas la forcer à parler si elle ne voulait pas. Elle était suffisamment têtue et douée pour changer de sujet et esquiver les questions qui fâchaient. Il savait aussi que d'une manière générale, il n'était pas possible de faire parler quelqu'un qui ne voulait pas parler. Avec son travail dans la police de Brisbane il avait pu assister à quelques interrogatoires dont certains ressemblaient plus à un jeu de roi du silence qu'autre chose. L'humain est doté d'un libre arbitre, s'il ne veut pas faire quelque chose, à moins d'être sous la contrainte, il ne le fera pas. Même la contrainte d'ailleurs ne peut rien à ça dans certains cas. Il ne pouvait que lui courir après. Au final, c'était ça qu'ils étaient venus faire là. Courir. "Hé !!!" Lui lance t-il essayant tant bien que mal de resserrer l'écart qu'elle avait réussi à mettre entre eux en partant comme une furie. "On fait un jogging ou tu te prépares à affronter Usain Bolt ? J'croyais qu'il avait pris sa retraite." Lui crie t-il toujours à sa poursuite. Visiblement la course d'aujourd'hui allait être beaucoup moins calme qu'il ne l'avait imaginée.
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