Les journées de Douglas étaient bien remplies. Quand il n'était pas en cours, il était en stage dans le cabinet de Milena où les dossiers ne cessaient d'arriver. Quand il n'était pas au travail, il passait son temps à réviser en ponctuant ses pauses en se rendant dans les associations où il est bénévole pour aider. Tout cela ne lui laissait que peu de temps pour lui, pour ses propres loisirs, mais ce soir il avait décidé de s'accorder ne serait ce que quelques heures pour lui. Il n'avait pas encore choisi le programme de la soirée, mais une chose dont il était certain, c'est qu'il n'était pas décidé à rentrer immédiatement à la maison avec Archie, il avait envie d'être un peu seul.
Après avoir réfléchi à ce qu'il pourrait faire, il opta pour une soirée cinéma. Il avait eu simplement le temps de grignoter un petit sandwich en quittant le cabinet et puis, il s'était rendu sur place directement avec sa moto. Passant un peu de temps sur la route dû aux bouchons, il n'arriva que plus tard au complexe de loisirs. Le parking était plein. Il fallait s'en douter, il y a tout pour que les personnes s'amusent, alors forcément, ça attirait du monde. Douglas finit par trouver une place, il laissa sa moto et prit son casque à la main tout en suivant les flèches indiquant la direction à suivre pour se rendre au cinéma.
Il n'était jamais venu auparavant, il faut dire qu'il n'était pas du genre à sortir très souvent non plus. Une fois dans le complexe, il continua son chemin jusqu'à tomber sur l'ascenseur les menant à l'étage du cinéma. L'anglais avait comme un mauvais pressentiment, il était claustrophobe et ne supportait pas d'être enfermé dans un peut espace, mais il n'allait tout de même pas grimper plusieurs étages à pied. Ça aurait été deux ou trois, il l'aurait fait sans problème mais pas là. C'est donc la boule au ventre qu'il entra dans la petite cabine où un homme était déjà présent. Il le salua avec un sourire et son extrême gentilesse comme toujours.
Les portes se referment et la boîte métallique commence son ascension. Le souffle du jeune homme se fait de plus en plus saccadé, totalement paniqué par cet endroit. Mais il n'était pas au bout de sa surprise. L'ascenseur s'arrêta brusquement, il tangua et Douglas dû se retenir contre la paroie pour ne pas vaciller. Il se maudissa de ne pas s'être écouté et commença intérieurement à se mettre à prier pour que ce ne soit que quelques minutes, sinon c'était la crise d'angoisse assurée. À cet instant, il avait presque oublié qu'il n'était pas seul.
Après quelques âpres négociations, Seymour se voyait contraint de quitter sa boutique ce soir pour aller rejoindre sa sœur qui l'attendrait au cinéma pour qu'ils aillent se voir un film ensemble, ce qu'ils n'avaient plus fait depuis un petit moment déjà, mine de rien. Bon ok, elle n'avait pas non plus eu à trop le tanner pour qu'il accepte de sortir pour l'accompagner parce qu'elle savait qu'en annonçant le film qu'elle voulait aller voir, il serait obligé de lui dire oui, vu qu'il voudrait le voir lui aussi. Bah oui, outre le fait d'être un nerd avéré, Seymour était aussi cinéphile et il avait attendu depuis des semaines la sortie de ce film, ayant vu au bas mot la bande annonce de ce dernier au moins une quarantaine de fois. Il fallait juste qu'il voit pour s'organiser rapport à la fermeture de la boutique du coup. En général, c'est lui qui s'en chargeait toujours, vu qu'il habitait juste au-dessus de cette dernière, ça lui semblait logique que lui qui n'a pas de trajet à faire pour rentrer de son boulot soit celui qui s'en charge. Ouais, il était du genre cool comme patron, enfin il essayait toujours de l'être le plus possible en tout cas et ça aidait que l'un de ses meilleurs amis soit aussi son partenaire à la boutique. Ça serait donc lui qui s'occuperait de faire la fermeture pour cette fois, l'ayant poussé lui aussi à sortir, arguant que ça n'était pas en se terrant dans son antre qu'il allait faire des rencontres. Commentaire qui le fit tiquer sur le moment, à croire que sa sœur était venu le voir pour le mettre dans le coup, vu que c'était son refrain à elle aussi ces derniers temps. Il était presque certain qu'au sein de sa famille, chacun complotait derrière son dos pour cette grande cause qu'était son célibat prolongé. Oh il savait que ça partait d'une bonne intention hein, mais il commençait à doucement se lasser qu'on essaye de lui arranger des rencards sans le prévenir. Surtout quand personne ne semblait parvenir à cibler le type de femmes qui pourrait lui convenir. M'enfin…
Se rendant jusqu'au complexe du côté de Redcliffe, Seymour était arrivé un peu plus tôt que prévu, prévoyant qu'il devrait tourner un peu avant de trouver une place vu que l'endroit serait pas mal fréquenté à cette heure-ci. Une fois garé, il entrait donc dans le bâtiment, non sans aller jeter un rapide coup d’œil à la fréquentation du Laser Game. Oui, c'était un de ses endroits préférés en ville en dehors de sa boutique, pour la simple et bonne raison que c'était l'éclate ce genre d'endroit. Être comme plongé dans un jeu vidéo, évoluer dans cette ambiance feutrée mais limite un peu anxiogène avec les lasers, la musique et l'adrénaline qui montait en cours de partie. Combien de parties avaient-ils déjà fait ici avec sa petite bande ? Oh il avait arrêté de compter à force, c'est dire et on le connaissait bien là-bas, assez pour que l'un des employés lui fasse signe en l’apercevant. Mais plus le temps de rêvasser trop longtemps non plus, sa sœur ne devrait plus tarder à arriver. Se dirigeant vers l'ascenseur, il se glissait dans la cage de ce dernier, appuyant sur l'étage du ciné, se mettant contre la paroi du côté opposé ensuite, histoire de ne pas rester en plein dans le passage si jamais d'autres personnes entraient encore avant que lui ne sorte. Oui, avoir des manières ça pouvait encore être possible de nos jours, je vous assure. Et il avait eu raison de se décaler puisqu'il fut rejoint quelques secondes plus tard par un jeune homme à qui il rendit son sourire poli lorsqu'il le rejoignit dans l'ascenseur. Ils allaient tous les deux au même endroit en plus, de ce qu'il pu voir. Mais au-delà de ce détail, son esprit fut bien vite accaparé ailleurs puisqu'en effet, la cabine venait de stopper sa route, les laissant coincé entre deux étages. Voilà qui allait compliqué les choses dis donc.
Douglas est assez sensible comme garçon, bien que certains diront qu'il est un coeur d'artichaut et qui ressemble à une gamine quand il pleure, il n'en a pas grand chose à faire. C'est vrai qu'il est souvent très sensible, qu'il prend les choses beaucoup trop à coeur, mais c'est aussi un côté de sa personnalité. Tout comme son mode de vie qui peut pousser les gens à se moquer de lui. Mais qu'importe, il a fini par s'y habituer et essaye tant bien que mal de faire avec. De toute façon, ce n'est pas non plus comme s'il avait le choix.
Bien décidé à s'octroyer une petite sortie pour la soirée, le jeune étudiant en droit avait opté pour le cinéma. Ça devait faire plusieurs années qu'il n'avait plus mis les pieds dans un tel établissement alors ce soir était l'occasion de remédier à tout cela. Il avait d'abord jeté un coup d'oeil aux films qui étaient à l'affiche, parce que vouloir aller au cinéma c'était bien, mais si c'était pour qu'aucun film ne l'intéresse, il n'y avait pas vraiment d'intérêt à y aller. L'un de ceux affichés avait retenu son attention et c'est donc celui-ci qu'il irait voir.
Une fois sur place, Doug avait mis plusieurs minutes à tourner en rond avant de trouver enfin une place qui s'était libéré, et lorsqu'il fut enfin soulagé de s'être garé, il ne lui manquait plus qu'à se rendre à l'intérieur pour aller jusqu'à l'étage où se trouvait le cinéma. Le bâtiment abritait plusieurs loisirs tel que le laser game par exemple. Le bouclé en avait déjà entendu parler, mais il n'avait jamais fait ce type de jeu, peut-être que c'était vrai après tout quand on lui disait qu'il était coincé. Mais Douglas avait l'habitude de privilégier le travail et les autres avant de s'occuper de lui-même. Peut-être qu'un jour il ira, mais pour le moment c'est le cinéma et c'est déjà un pas en avant pour quelqu'un qui ne sort quasiment jamais en temps normal.
Après avoir regardé autour de lui, il décida de ne pas perdre plus de temps au cas où il y aurait beaucoup de file d'attente au cinéma, sans plus attendre, il se dirigea vers l'ascenseur et au moment où il voulut appuyer sur le bouton, ce dernier était déjà sélectionné. Sans doute parce que l'homme avec lui dans la cabine allait au cinéma aussi. Le trajet commençait bien quand la cabine s'arrêta brusquement. Essayant de garder son calme, il espérait qu'elle allait reprendre son chemin, mais celle-ci resta bloquée et Douglas commençait à sentir la crise d'angoisse se rapprocher à grands pas.
Appuyant frénétiquement sur le bouton d'aide afin d'obtenir une personne et expliquer le problème, mais même ça, ça ne fonctionnait pas. Il était seul. Seul avec cet inconnu qui allait très certainement perdre son sang froid s'il restait trop longtemps enfermé avec le claustrophobe.
" - Aller.. Réponds je t'en supplie.." murmura-t-il plus pour lui-même que pour réellement créer une conversation.
Douglas est quelqu'un de très calme en temps normal, mais s'il y a des choses qui peuvent le faire totalement perdre pied, c'est bien être enfermé dans un lieu exigu et la proximité d'une étendue d'eau. Toutes les deux minutes, il réiterait son geste dans l'espoir que quelqu'un réponde, que quelqu'un se rende compte qu'il y avait un ascenseur de bloqué avec deux personnes à son bord. Mais c'était plus pour essayer de se contrôler lui-même en vain puisque son souffle se faisait de plus en plus saccadé et il peinait à trouver de l'oxygène.
Ah la grande question de la sensibilité masculine. On pourrait débattre des heures sur le sujet en vérité vu qu'il y avait de quoi faire mais pour sa part, Seymour était plutôt du genre à largement accepter le fait que chacun ait son propre degré de sensibilité. C'était un trait de caractère qui pouvait dépendre de tout un tas de choses après tout : l'éducation reçue, les épreuves traversées, la relation faites aux émotions, l'environnement social et parental, etc. Pour sa part, il se considérait comme l'étant aussi, il n'hésitait pas à montrer sa joie (ce qui le faisait souvent passer pour un gamin aussi, car voir un quasi quarantenaire sautiller sur place face à un coffret collector, oui pour certains ça frisait le ridicule) mais aussi son côté plus délicat (oui, il pleurait encore et toujours devant les mêmes scènes de films, vues et revues des dizaines de fois pourtant, voir plus). Ses parents lui ont appris à exprimer ce qu'il ressentait sans lui inculquer cet impératif que d'autres trouvaient visiblement nécessaire et qu'il trouvait idiot, celui selon lequel un homme qui se respecte est un homme qui ne pleurait pas, qui ne montrait pas ses faiblesses. Et oui, de nos jours il y avait encore pas mal de ce genres d'idioties qui circulaient dans ce monde, pour les hommes comme pour les femmes et c'était un constat qui parfois avait de quoi démoraliser. Peut-être aussi pour ça que lui aimait sa vie telle qu'elle était, même si ça le faisait passer pour un mec frappé du syndrome de Peter Pan. Ce qui n'était pas correct en plus. Seymour a la tête sur les épaules, sinon sa boutique aurait coulée depuis longtemps déjà, mais il savait juste conserver sa part d'enfance en lui et se réjouir des petits plaisirs de sa vie. Après tout, mieux valait qu'il soit heureux ainsi que mal dans un job qui lui plombait le moral, pas vrai ? Puis maintenant tout le monde dans sa famille s'était fait à l'idée qu'on ne le changerait plus.
Devant retrouvé sa cadette au ciné puisque cette dernière l'avait tanné pour qu'ils y aillent ensemble, ne s'étant pas accordé un moment de complicité depuis un petit bail, Seymour était arrivé au complexe avant l'heure du rendez-vous, sachant que sa sœur arriverait pile à l'heure convenue et pas avant, du coup il flânait un peu avant de s'avancer pour prendre l'ascenseur. Jusque là, aucun soucis, il vérifiait rapidement sur son portable si elle ne lui avait pas envoyé un message entre temps et à l'étage d'après, quelqu'un le rejoignit dans la cabine. Poli et courtois lui aussi, il le salua de ce coup de tête qu'on connaît tous, celui qui est le symbole international d'un bonjour concis adressé à quelqu'un qui nous est inconnu mais qu'on considère quand même, assez en tout cas pour le saluer. Il se rend lui aussi au cinéma de ce qu'il peut en voir, il commença à se demander s'ils n'iront pas à la même séance (après tout, qui sait) mais son attention est soudainement focalisée sur tout autre chose. En effet, l'ascenseur vient de s'arrêter net entre deux étages et les voilà qui se retrouvaient donc coincés. Pas la situation la plus agréable qui soit, on va pas se mentir mais Seym' sait que l'incident sera réglé dans les meilleurs délais, du moins il l'espère. C'est alors qu'il remarque que son compagnon de mésaventure lui n'a pas l'air de prendre tout ça avec la même légèreté. Hypothèse la plus plausible à cette différence ? Ce dernier devait sûrement être claustrophobe, ce qui expliquait ce qui avait tout l'air d'être le début d'une belle crise de panique. « Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais prenez une bonne inspiration, retenez votre souffle trois/quatre secondes et expirez aussi longtemps. Ils vont arriver, quand je ne sais pas malheureusement, mais ils viendront. L'avantage d'avoir un ascenseur aux parois transparentes. » tenta-t-il d'ironiser un peu, jetant un coup d’œil aux passants au dehors, qui n'avaient pas encore remarqués leur arrêt pourtant. La sonnette d'alarme aurait-elle un problème ou est-ce que celle-là était une silencieuse histoire que tout le complexe n'ait pas à subir le hurlement ? Il espérait que ça soit la seconde option car la première n'apporterait rien de bon.
Bien que Douglas ai été élevé avec certains principes, parfois rigides selon certains, il n'avait été éduqué en disant que l'homme était un être supérieur et que la femme n'était rien comparé à ce dernier. Même si son père, lorsqu'il était alcoolique lui avait dit plusieurs choses qui resteraient probablement ancrées à jamais dans son esprit, il se fichait bien de montrer ses émotions, il était d'ailleurs un grand émotif, ce qui lui valait la comparaison à une fillette pour son père. Il avait mis du temps à comprendre qu'il avait tord et qu'un homme n'est qu'un être humain, qui fait des erreurs et qui a des sentiments comme tout le monde.
Il n'était pas le dernier à montrer quand il avait mal, quand il était heureux, quand il était déçu, quand il était triste, mais parfois oui, il se repliait sur lui-même, laissant sa foi faire le reste et éclairer son chemin.
La cabine dans laquelle il était monté quelques secondes auparavant s'arrêta, le tirant alors brusquement de sa rêverie. Pourquoi fallait-il que le seul soir où il avait décidé de sortir, une telle chose se passe ? S'il n'avait pas la foi, il dirait probablement qu'il était maudit. Peut-être que c'était le cas après tout, aller savoir !
Le tout étant qu'il était bloqué dans cet espace confiné et que s'il ne trouvait pas rapidement une solution pour se sortir d'ici, c'est dans une ambulance qu'il allait finir !! Tentant en vain de faire ce qu'il pensait le mieux, c'est-à-dire appuyer sur le bouton prévu à cet effet, mais il n'eut aucun retour. Une première pression, puis une seconde. Il continua s'appuyer frénétiquement comme si ça pouvait changer quelque chose. C'est alors que l'homme présent dans la cabine avec lui se manifesta. Il en avait presque oublié sa présence tant il était paniqué par cette interruption.
" - Pour le coup, je ne sais vraiment si le fait que les parois soient transparentes soit une bonne ou une mauvaise chose.."
Douglas avait peur du vide, et voir tout ces gens qui s'agitaient en bas comme des petites fourmis n'était pas vraiment là pour le rassurer. Et si l'ascenseur se décrochait et tombait ? Et si.. Le jeune anglais se mit à imaginer les pires scénarios sans penser un seul instant que si jamais l'alarme n'avait pas fonctionné, des passants finiront bien par se rendre compte que l'ascenseur est bloqué et pire, qu'il y a des personnes dedans !
" - Sincèrement, même avec la meilleure volonté du monde, je n'y arrive pas. Je ne peux pas respirer alors que j'ai l'impression d'étouffer enfermer ici.."
Il se souvenait alors des nombreuses heures qu'il avait passé enfermé dans un placard parce que son alcoolique de mère en avait décidé ainsi. Voilà certainement l'origine de sa phobie. Son regard se reporta sur l'homme à ses côtés.
" - Comment faites-vous pour rester aussi calme ? Et si la cabine venait à s'écraser par terre ? Ou même si personne ne se rendait compte que nous sommes bloqués ici ?"
Dans ce genre de moment, le jeune anglais n'avait plus du tout une manière cohérente de penser. Lui qui était d'ordinaire calme et posé, ne l'était pas du tout à l'heure actuelle.
L'Homme est faillible, ça aucun doute à avoir là dessus. Personne, et je dis bien personne n'était parfait. Certains pouvaient en avoir l'air, mais justement, bien souvent ça n'était que ça, du vent, un mirage et rien de plus. Seymour lui de ce côté là avait eut bien de la chance que ses parents lui aient inculqués des principes et des valeurs qui ont fait de lui ce qu'il était aujourd'hui. Faire des erreurs faisait partie de la vie, sa mère lui avait toujours dis que tomber n'était pas ce qui était le plus important, mais plutôt de se relever quoi qu'il arrive parce que l'on pouvait toujours apprendre de ses erreurs. Tout comme il était important de ne pas garder pour soi ce que l'on ressentait. Pas indéfiniment en tout cas, car tôt ou tard, ça finissait toujours par engendrer plus de problèmes et de conséquences que d'en parler directement. Mais là encore, c'était comment lui voyait les choses, comment on lui avait appris à appréhender la vie, d'autres n'étaient pas aussi chanceux de ce côté là. Il serait donc toujours éternellement reconnaissant envers ses parents pour lui avoir offert ce cadeau là ainsi qu'au reste de sa fratrie. Pas étonnant que pour lui la famille ait tant d'importance du coup, et ce même si eux aussi étaient loin d'être parfaits, il n'y avait qu'à les voir lors des repas de famille pour s'en convaincre.
D'ailleurs, ce soir il se doutait qu'il aurait enfin un peu de répit quand au sujet de son célibat. Sa sœur était bien l'une des seule dans la troupe qui ne lui rappelait pas sans arrêt qu'il était le seul encore célibataire en ce moment. Comme s'il n'y avait aucun autre sujet sur lequel ils pouvaient tous parler autrement. Ok il ne rajeunissait pas, mais bon, ça ne voulait pas pour autant dire qu'il avait une obligation de se caser juste pour leur faire plaisir et se retrouver dans une relation sans aucune signification, non ? Surtout que sa vie lui, il l'aimait comme elle était. Il aimait la personne qu'il était, ayant su garder une part d'innocence et d'optimisme dans un monde qui devenait de plus en plus sombre. Alors oui, bien souvent ça lui donnait l'air de refuser de grandir et un côté enfantin mais il préférait ça à tirer la gueule sans arrêt, détester sa vie et tout le monde autour de lui comme certains. Puis vivre de sa passion, c'était pas ce qu'on recherchait tous dans le fond ? Lui y arrivait alors pourquoi le lui reprochait-on sous prétexte que ça n'était pas commun ?
Bref, ce soir il venait voir un film pour se changer les idées, initiative de sa cadette qu'il n'avait pas beaucoup vu ces derniers temps mais il aurait sans doute du retard puisque l'ascenseur dans lequel il se trouvait avec un autre homme venait de tomber en panne. Rien d'inhabituel en soi, même si ça pouvait être problématique pour le coup. Mais plus pour son compagnon de mésaventure qui semblait être du genre claustro. Ça ne l'énervait pas pour autant, il comprenait que la situation puisse être source d'angoisse pour lui. Seymour tentait donc de le faire relativiser, histoire qu'il puisse faire baisser son niveau de stress. Tentative vaine semblait-il vu ce que venait de lui répondre ce dernier. « [color=#003366]En effet, il y a des bons et des mauvais côtés à tout ça.[color] » lui concéda-t-il avant de hocher simplement la tête à ce qu'il dit en retour. Lorsqu'il repris la parole pour lui demander comment il faisait pour rester aussi calme, il esquissa un sourire. « Ma sœur m'attend là haut, donc si elle ne me voit pas arriver elle va m'écrire et au pire je peux la prévenir qu'on est coincé là pour qu'elle aille prévenir les secours donc déjà, ça m'évite de penser au fait qu'on reste coincés là. Quant au reste, je fais le choix de penser que ça n'arrivera pas. » dit-il en haussant simplement les épaules. « Et puis chacun a ses peurs, vous c'est les espaces clos, moi c'est les insectes. Fichez-moi devant une guêpe et je flippe tout autant. » Comme quoi, tout était relatif quand on est fasse à ses peurs, ce qui peut-être l'aiderait à relativiser encore une fois pour qu'il puisse se détendre le temps qu'on vienne les débloquer.
Malgré que sa mère soit partie alors que le jeune garçon n'était encore qu'un poupon, il avait tout de même reçu une éducation stricte avec des principes. Principes qu'aujourd'hui rythmaient sa vie. Il faut dire que déjà grandir dans une famille croyante et pratiquante c'était déjà un principe en soi. Et même si ses parents n'avaient jamais eu un quelconque soucis avec le fait qu'il ne suive pas forcément cette voie en grandissant, c'était grâce à celle-ci qu'il s'en était sorti face à son père et ensuite, pour remonter la pente doucement mais sûrement. Alors oui, Douglas n'était pas le genre de personnes à juger qui que ce soit pour une raison quelconque. C'était plutôt le genre à essayer de comprendre pour untel agit de telle manière plutôt que de telle autre.
Cette soirée qu'il pensait être une bonne chose était en train de totalement tourner en catastrophe. Tout d'abord, il n'avait pas trouvé de places sur le parking et avait tourné durant de longues minutes. Puis le voilà désormais bloqué dans cet ascenseur avec un homme plis que calme, ce qui étrangement, à tendance à l'angoisser encore plus. Il savait plus ou moins comment gérer ses angoisses, il lui suffisait d'inspirer doucement, mais malgré cela, lorsque ça lui arrivait, il ne pouvait pas forcément se réguler aussi facilement que ça.
Un coup d'oeil autour de lui, comme à la recherche d'une sortie envisageable. Puis, le vide en bas qui menaçait de se rapprocher s'il faisait des mouvements trop brusques. Douglas était totalement paniqué à l'idée de s'écraser par terre dans cette cabine avec cet inconnu. Il n'avait jamais regretté sa vie, mais tout de même, il lui restait un certain nombre de choses à accomplir avant de mourir.
Un soupçon de soulagement s'empara du jeune anglais lorsqu'il entendit les propos de son interlocuteur. Il était attendu, donc forcément, la demoiselle finirait bien par s'inquiéter en ne le voyant pas arriver. Alors oui, il fut rassuré, mais pas assez pour retrouver un souffle normal et cesser de chercher une issue à ce qu'il voyait comme un piège. Douglas était un peu comme un animal pris au piège dans la forêt.
Quand son interlocuteur lui avoua ses peurs, Douglas aurait aimé lui dire qu'il avait peur de tellement de choses que c'en était presque risible. Mais il n'en dit rien. Il repensa à la crainte de l'inconnu, peut-être qu'une autre personne aurait pu se moquer, mais lui n'était pas comme ça, et puis, vu sa position, il était us que mal placé pour faire un quelconque commentaire là-dessus.
" - Il manquerait plus qu'on soit enfermé ici avec une guêpe et on aura tiré le gros lot.."
Le jeune homme commençait à trembler et, tenir sur ses jambes devenait de plus en plus compliqué. Il s'était alors assit sur le sol de la cabine en attendant, ce n'est pas non plus comme s'il avait une autre possibilité. Il commença à suffoquer alors il espérait que s'occuper l'esprit avec autre chose suffirait à faire passer sa crise d'angoisse.
" - Elle s'appelle comment ?"
Il parlait bien évidemment de la soeur du jeune homme qui se tenait devant lui.
Ses parents aussi lui avaient inculqués certains principes, pas forcément les mêmes mais Seymour était conscient d'avoir eu de la chance de ce côté là. Ses parents s'étaient impliqués avec chacun de leurs enfants, que ce soit avec son aîné ou les deux autres. Pas quelque chose que font forcément tous les parents, il était donc toujours redevable aux siens et il faisait en sorte de le leur rendre quand il le pouvait et de les rendre fiers. Bien sûr, vu son choix de carrière actuel, il savait qu'il avait un peu baissé dans leur estime (du moins tout au début) mais ils avaient fini par s'y faire et à le soutenir car il bossait dur et ça c'était une des valeurs qui comptait le plus pour eux. Quant à la religion, ma foi (ah ah jeux de mots), bien que croyants, ses parents n'avaient jamais imposés à leurs progéniture quoi que ce soit, ce que lui appréciait même s'il respectait aussi le choix de certains dans ce domaine là (tant que ça ne blessait personne ou ne discriminait pas). Il ne saurait même pas réellement dire si lui était croyant aussi en vérité, il était certain qu'une puissance supérieure existait pour sûr, mais vraisemblablement pas sous les traits d'un homme barbu qui créchait dans un nuage. Il croyait déjà plus en la Force pour dire, mais ça c'était un autre débat (qu'il avait déjà eu de nombreuses fois avec ses deux meilleurs amis d'ailleurs… mais on s'égare encore là).
Soirée ciné en perspective pour lui et sa cadette, histoire de passer un peu de temps ensemble. Après la galère du parking (même s'il était en avance pour justement tenter de l'éviter), il avait fait un rapide détour au laser game avant de s'avancer vers l'ascenseur pour atteindre l'étage du cinéma. Lieu où se rendait aussi l'autre homme qui entrait dans la cabine peu après lui. Mais les voilà tous les deux piégés, ce dernier se stoppant dans son ascension. Voilà qui promettait de ternir la soirée mais le propriétaire de la boutique de comics lui ne souffrait pas de claustrophobie, contrairement à son camarade d'infortune. Après tout, le centre était très fréquenté à cette heure là, sans compter qu'on pouvait les voir là où ils étaient, les parois étant transparentes. Quelqu'un allait forcément remarqué qu'ils étaient coincés et on les sortiraient de là, restait juste à savoir combien de temps tout ça prendrait. Seymour tenta rapidement de calmer autant que faire se peut la crise d'angoisse qui pointait le bout du nez chez Douglas. Comme dit, sa sœur l'attendait là-haut et si ça n'était pas elle qui lui enverrait un message pour l'enguirlander d'être en retard, il pourrait toujours lui envoyer un message lui disant qu'ils étaient coincés. Pas de panique à avoir, puis il ne le jugeait pas, lui aussi avait une peur idiote : celle des guêpes. « Alors là croyez bien que vous auriez une furieuse envie de m’assommer parce que je serais en train de crier comme une fillette si c'était le cas. » admit-il, sentant des frissons lui parcourir le dos rien qu'à l'idée de se retrouver dans un si petit espace avec une de ces bestioles.
Se mettant assis à son tour, toujours pour tenter d'aider son voisin dans sa crise, le quasi-quarantenaire sourit et répondit à sa question. « Talulah. Oui, nos parents aiment les prénoms originaux, on a tous eu le droit à un prénom qu'on ne voit pas à chaque coin de rue. Sauf peut-être mon frère aîné, quoi que… Cameron s'est commun comme prénom de garçon selon vous? » demanda-t-il en grimaçant légèrement alors qu'il tentait lui-même de voir s'il connaissait d'autres hommes dans son entourage direct ou pas portant ce nom, comme si c'était une question existentielle soudainement. Secouant la tête doucement, il regarda en direction de Douglas avec un sourire gêné. « Désolé pour ça, j'suis du genre à déblatérer à tout bout de champ par moment, et surtout des âneries comme ça. Faites pas attention. » s'excusa-t-il tout en tapotant ses doigts sur son poing, signe de sa gêne.
Généralement quand Douglas devait se rendre quelque part, il prenait sa moto pour être sur place assez rapidement et éviter les bouchons, surtout aux heures de sortie de bureaux. Sa moto, c'est un peu comme son bébé, il y tient comme à la prunelle de ses yeux et c'est sans doute pour cette raison qu'il passe plus de temps au garage que chez lui. Il s'inquiète pour un rien et dépense des sommes faramineuses juste pour entretenir son bolide. Mais il faut aussi se dire que c'est son unique moyen de transports, en dehors de sa moto, il prend les transports en commun.
Ce soir, il avait pris sa moto pour se rendre au cinéma, c'était toujours plus pratique, surtout lorsqu'il ressortirait de la séance. Il sera déjà assez tard dans la soirée et il ne voudrait pas atteindre une demi-heure à un arrêt de bus pour pouvoir rentrer chez lui et dormir quelques heures avant de devoir enchaîner avec la journée qui pointerai le bout de son nez.
Arrivé au cinéma, il hésite entre emprunter l'ascenseur qui est sa bête noire ou bien prendre les escaliers. Bien qu'il y a tout de même pas mal d'étages à gravir il n'était pas un grand sportif dans l'âme, même s'il lui arrivait de faire du sport de temps en temps, mais sans excès non plus. Optant pour la solution de facilité, il s'était engouffré dans l'ascenseur avec un autre homme. Un simple sourire en guise de bonjour puis les portes s'étaient refermées sur lui. Les étages défilaient sur le petit cadran, jusqu'à s'arrêter brutalement.
Crise de panique, souffle incontrôlable, l'inconnu présent dans la cabine avec Douglas essayait tant bien que mal de le rassurer, de rationaliser la situation pour éviter une panique encore plus grande. L'ascenseur était arrêté en plein milieu de sa course et le bouton pour appeler les techniciens ne fonctionnait pas. C'était un peu comme si le mauvais sort s'acharnait sur lui, qu'avait-il fait pour mériter ça ? Ça ne pouvait pas être le karma qui se venge, Douglas a toujours été quelqu'un d'adorable.
Les minutes s'écoulent, les heures aussi peut-être, en réalité il n'avait aucune idée depuis combien de temps il était suspendu à plusieurs mètres au-dessus du sol. La soeur de l'inconnu qui l'attendait au niveau du cinéma, et lui qui était tout simplement seul. La solitude devait être son second prénom.
" - Et quand bien même ce serait le cas, ce n'est certainement pas moi qui me permettrait de vous juger. Je ne fais pas partie de ces personnes qui jugent sur les peurs des autres."
Il ne juge pas tout court. Si c'était arrivé, il aurait très certainement essayé de faire en sorte de relaxer l'homme et de trouver une solution pour écraser l'insecte histoire qu'il se sente plus serein. Donc en fin de compte, il avait pareil pour lui.
" - L'originalité est toujours mieux que le commun, au moins on retient les prénoms plus facilement. Enfin je trouve. Et pour le prénom de votre ainé, je dirais que c'est un prénom qui existe après je ne le qualifierai pas de commun pour autant."
Sans savoir pourquoi, Douglas a toujours aimé ce prénom, Cameron il trouve ça très joli et probablement que le jour où il pourra fonder sa propre famille, ce sera dans la liste des prénoms qu'il établira au préalable.
" - Je suppose que pour le coup, vous aussi avez un prénom original ?"
Alors que l'inconnu s'excusa de parler autant, Douglas lui adressa un fin sourire.
" - Non non au contraire, continuez.. Ça me permet d'oublier qu'on est suspendu au-dessus du vide.. Et puis, je ne parle pas autant normalement moi non plus.. Je suis plutôt du genre à écouter qu'à être celui qui parle pour dire vrai.."
Avoir une moto, hum ma foi il y avait déjà songé, mais il savait très bien qu'il ne tarderait pas à avoir des problèmes avec un tel véhicule s'il se décidait à en acheter un. C'était forcément plus pratique pour circuler dans les bouchons, se faufiler dans le trafic et se trouver une place pour stationner mais une voiture, c'était plus pratique quand on a besoin de déplacer des cartons assez régulièrement et surtout plus sûr quand on avait un côté maladroit, même s'il était involontaire. Pour Seymour, la prunelle de ses yeux c'était plutôt sa collection de figurines ou de dvds. Oui, je sais, ça ne sonne pas pareil mais c'était pourtant la même chose pour lui, il y faisait attention, y mettait de l'argent et du temps. Mais on acceptait plus d'un homme qu'il bichonne une bécane qu'une figurine en plastique, même si cette dernière pouvait valoir son pesant d'or elle aussi pour les connaisseurs. Chose que peu de personnes comprenait même au sein de sa famille donc vous voyez. Ceci dit, Seymour n'en avait plus rien à faire depuis longtemps, chacun son truc dans la vie après tout, non ? Puis il fallait bien de tout pour faire un monde aussi, des mecs qui aimaient les motos, d'autres qui préféraient la gonflette ou l'escalade, bah lui c'était le cinéma, les bandes dessinés et les séries télés.
Ça au moins, il l'avait en commun avec sa sœur, ce côté cinéphile et c'est pour ça qu'il se trouvait au complexe ce soir. Sortie ciné pour passer un peu de temps ensemble, ce qu'ils n'avaient pas pu trop faire ces derniers temps. Sauf que l'ascenseur du bâtiment semblait avoir d'autres projets pour lui et son compagnon d'infortune. Bloquant en pleine ascension et entre deux étages, les voilà coincés et en plus, le bouton d'alerte ne semble pas fonctionné. De quoi suffire amplement pour coller une crise de panique à n'importe qui, surtout une personne atteinte de claustrophobie comme cela semblait être le cas du jeune homme qu'il avait à ses côtés. Le pauvre, il n'avait vraiment pas de chance se dit-il et il se mit à tenter de le réconforter aussitôt. Après tout, il n'allait pas lui en vouloir de ne pas réussir à se contrôler face à sa phobie quand lui en ferait de même face à une guêpe, ce qu'il confia à Douglas, la conversation s'étant tout naturellement engagée entre eux entre temps. « Moi non plus, enfin j'essaye de le faire au maximum en tout cas. Ne fais pas à ton voisin ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse, un principe que malheureusement beaucoup de gens de nos jours semblent complètement avoir zappé. » répliqua-t-il en haussant les épaules.
Répondant à la question que le jeune homme lui posa après, Seymour devait avouer que lui aussi aimait l'originalité, pas que s'appelle Paul ou Sarah était nul ou ringard, non loin de là, mais s'il avait conclus une chose à propos des prénoms que l'on donne à ses enfants, c'est que mine de rien, ils ont une influence sur le caractère dudit enfant. Car chacun des membres de sa fratrie avait son propre caractère, bien différent même si en apparence similaire sur certains points. « Ah ça je peux le dire oui, mes instits n'ont jamais eu de mal à s'en souvenir. » concéda-t-il en riant un peu avant de hocher la tête quand l'autre homme supposa que lui aussi avait un prénom original. « Exact. Seymour, Pas vraiment le prénom auquel on pense en voyant un bébé mais apparemment si pour mes parents. » rétorqua-t-il en souriant doucement avant de s'excuser d'être si bavard. Il savait que ça pouvait en énerver certains (et encore là il était seul, il fallait le voir avec l'un ou ses deux meilleurs amis en même temps…) mais contre tout attente, il ne semblait pas contre, vu que ça lui faisait penser à autre chose et qu'il était du genre à écouter parler plus qu'à le faire lui-même, faisant sourire Seymour du coup. « Je vois. Mais du coup, à moi de vous demander votre prénom, je crois que vu la situation dans laquelle on se trouve, c'est le minimum de connaître le nom de mon partenaire d'infortune. » argua-t-il en esquissant un sourire.
Douglas était la gentilesse incarnée alors forcément, ce n'était pas le genre de personne qui allait critiquer untel ou untel pour avoir telle peur ou bien agir de telle façon. Il s'était toujours dit que si les personnes agissaient de telle manière et pas d'une autre, c'est qu'ils devaient avoir une raison. Beaucoup agissaient en fonction de leur passé, lui le premier. Alors, bien qu'il soit croyant, qu'il est hérité des principes qu'on lui avait inculqué, ce n'était pas dans ses intentions d'être méchant gratuitement juste parce qu'une personne ne faisait pas comme avait l'habitude de faire. C'est ça aussi le pouvoir d'une société, c'est de pouvoir évoluer avec des personnes différentes.
" - De toute façon, la société actuelle n'est plus ce qu'elle était il y a quelques années. Elle se dégrade petit à petit et on est obligé de subir ce qui arrive.."
Plus le jeune homme y réfléchissait et plus il était déçu de voir à quel point la société se dégradait, ce qui faisait que son mode de vie était d'autant plus étrange pour tous les jeunes qu'il pouvait côtoyer. D'ailleurs, peu de personnes comprenaient comment on pouvait être comme lui, il était souvent désigné comme quelqu'un de coincé, mais aucun n'avaient chercher à comprendre son mode de vie.
" - Est-ce qu'en voyant la tête d'un bébé on peut prétendre qu'il peut porter un prénom plutôt qu'un autre ? J'ai toujours préféré ce qui est original, dans la société actuelle, se détacher des autres ne peut être que positif. Enfin d'après mon point de vue, après chacun à le sien."
En effet, en entendant le prénom de l'homme coincé avec lui dans la cabine d'ascenseur, il n'y avait rien de plus original. Il n'avait jamais entendu, mais en soi, il trouvait ça joli, aussi bien à porter qu'à le prononcer. Et puis, même s'il appréciait pas, de toute façon, ce n'était pas lui qui était concerné.
" - Rien d'aussi original que vous. Douglas." fit-il avec un fin sourire au moment où la cabine se mit à bouger, faisant paniquer encore un peu plus Douglas.
" - C'est rien Douglas, tout va bien se passer.. On va sortir d'ici et tout ira bien.." murmura-t-il comme une sorte de prière à lui-même.
Ah ça pour ça, il y avait toujours une raison derrière les actions et réactions des personnes, forcément. Mais celle-ci pouvait être bonne ou mauvaise, selon la situation. Comme beaucoup de choses si ce n'est tout l'existence humaine, tout n'était pas blanc ou noir, mais plutôt une infinité de nuances de gris (non, sans mauvais jeux de mots avec les bouquins ici je vous assure). Pour certains c'était un conditionnement, pour d'autres simplement un comportement de merde. Pour donner un exemple plus concret, c'était comme de revenir à dire que tous les pitbulls étaient des chiens méchants, alors qu'en vérité c'est l'éducation qu'on leur a donné qui les rend dangereux et ça Seymour pouvait vous le démontrer en direct, l'un des pensionnaires du refuge était un pitbull d'une gentillesse incommensurable (il l'adopterait bien s'il n'avait pas déjà trop d'animaux chez lui). Et pour en revenir à notre sujet, malheureusement le monde agissait de plus en plus comme un animal mal dressé. Le j'm'en-foutisme galopant des gens mettaient à mal beaucoup de choses de nos jours et c'était vraiment quelque chose qui le rendait dingue. Surtout que personne ne semblait s'en émouvoir, sauf quelques exceptions comme lui et le jeune homme lui faisant face. « Hélas oui, mais trop peu le réalise et quand ça arrivera enfin, il sera sûrement déjà trop tard, » Le constat était pessimiste pour le coup mais ça ne l'empêcherait pas lui de continuer à être prévenant avec les autres, souriant et poli, croyez-le bien.
La discussion à présent bien entamée entre eux, le jeune homme semblait un peu moins paniqué par la panne d'ascenseur, ce qui soulageait Seymour, au moins ça marchait ne serait-ce qu'un peu comme technique. « Oh je ne dis pas le contraire, je dis souvent qu'avoir sa part d'originalité est bon, mais pour en revenir au bébé, ma mère semble y croire en tout cas, Après c'est pas forcément une référence en la matière non plus. » dit-il en riant doucement. Il adorait sa mère, mais un prénom un peu moins vieillot quand même, il n'aurait pas dit non. Voulant savoir le prénom de son partenaire d'infortune, il sourit quand il dit qu'il n'avait pas un prénom aussi original que lui (ça on s'en serait douté) et il appris donc que le jeune homme répondait au nom de Douglas. Seulement, la cabine se mit à bouger, relançant sa crise d'angoisse, mauvais timing. « Le système cherche peut-être à se remettre en route. » Hypothèse qu'il émettait sans conviction aussi tira-t-il de sa poche son portable pour envoyer un message à sa sœur, qu'elle aille prévenir au plus vite le staff du complexe pour qu'on vienne les sortir de là. « Eh bien enchanté de faire votre connaissance Douglas, même si il aurait mieux valu pour nous deux qu'elle se fasse dans d'autres circonstances, » ajouta-t-il alors, esquissant un léger sourire. C'est certain qu'il aurait préféré le rencontrer de manière plus conventionnelle mais comme on dit, certaines choses arrivaient pour une raison et peut-être qu'ils se retrouvaient là tous les deux précisément pour ça.
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by Wiise
Dernière édition par Seymour Cavanaugh le Ven 7 Sep 2018 - 14:29, édité 1 fois
Plus le temps passait et plus la société se dégradait. Il y a des choses qui n'auraient pas existé quelques années en arrière et maintenant, c'est devenu quasiment monnaie courante. Douglas avait du mal à accepter tout ces changements. Les personnes devenaient de plus en plus étriqués et malheureusement, pour ceux qui ne rentrent pas dans le moule, comme lui, la vie quotidienne devenait un véritable calvaire s'ils avaient le malheur de croiser les mauvaises personnes. Fort heureusement, ça ne lui était encore jamais arrivé, il y avait eu les critiques des enfants quand il était à l'école, mais rien de méchant comme s'obstinaient à qualifier ses professeurs, mais ils n'ont sans doute aucune idée du mal que peuvent faire de simples paroles. Douglas a toujours eu recours à la foi pour se sortir des situations un peu délicates alors oui, ça l'a beaucoup aidé, d'autres n'ont pas cette chance de se raccrocher à quelque chose pour sortir la tête de l'eau.
Les deux hommes abordaient ensuite le sujet des prénoms originaux. Ses parents à lui n'avaient pas été chercher trop loin son prénom, bien qu'il ne soit pas si courant que ça, du moins pas quand il vivait en France puis en Angleterre, et ici, il n'avait encore croisé personne avec le même prénom que lui. En revanche, pour son interlocuteur, ses parents avaient été pris d'une inspiration soudaine et l'avaient prénommé d'une manière plus qu'originale, mais aux yeux du jeune étudiant, ce n'était pas plus mal, ça permet de retenir plus facilement. Ça marque l'esprit. Mais il faut tout de même se mettre à la place de l'enfant lorsqu'on trouve un prénom à son enfant, tous ne sont pas faciles à porter.
Le fait de parler avait permis au jeune Anderson de se calmer un peu, de s'occuper assez l'esprit pour oublier où il était et qu'il ne pouvait pas en sortir pour le moment, mais alors que les choses s'arrangeaient, du moins c'est ce qu'il pensait, l'ascenseur émit une secousse qui poussait Douglas contre la paroi, les mains sur le sol, comme s'il essayait de se blottir encore plus contre le fond de cette cabine métallique, mais en vain. Il finit par se mettre à murmurer des propos incompréhensibles pour une autre personne que lui. En vérité, il était en train de prier, d'implorer de ne pas mourir si jeune alors qu'il n'avait pas accompli le quart de ce qu'il devait faire.
La voix de son compagnon de cabine le sorta de ses pensées au moment où il s'exprima. C'est avec un sourire forcé qui lui répondit, non pas qu'il netait pas enchanté, mais plutôt qu'il était d'accord avec lui sur le fait que leur rencontre aurait dû avoir lieu ailleurs.
" - Enchanté."
Il espérait ne plus avoir longtemps à tenir ici, parce qu'il se sentait de plus en plus mal, parce qu'en plus de ses angoisses, ça jouait beaucoup sur son coeur qui était déjà fragile et qui n'était pas assez fort pour supporter une telle dose d'adrénaline non souhaitée.
Ah ça les mots ça pouvaient faire bien plus mal que des coups, Seymour le savait bien et c'est précisément pour ça qu'il essayait de toujours utiliser les siens en gardant ça en tête. Un bleu, ça s'effaçait avec le temps, le corps était prévu pour ça, mais les insultes ou les remarques reçues elles pouvaient restées à jamais des blessures invisibles chez une personne. Et dans l'ère de l'impunité de la liberté de paroles qu'offrait Internet et les réseaux sociaux de nos jours, ça n'était pas prêt de s'arranger sur ce point non plus. Oui, il y avait de quoi être sérieusement pessimiste quant à l'avenir de cette planète et de ses habitants mais lui refusait de l'être totalement. Il y avait encore des exemples de personnes qui elles aussi luttaient pour faire réagir les esprits autour d'eux, il y avait donc encore de l'espoir de voir le monde changé, et dans le bon sens cette fois. Mais c'est vrai qu'être "différent" de nos jours ça relevait presque du parcours du combattant quotidien, de devoir se justifier d'être qui on était face aux autres juste parce que inconsciemment, la masse s'était vu donné un pouvoir de contrôle sur tout le monde. Que dirait ce cher Geroge Orwell s'il voyait ce qu'était devenue la société et le monde à présent. Ça lui faisait toujours bizarre de penser combien son roman était criant de vérité et pourtant écrit bien avant l’avènement de la société hyper-connectée. Mais bon, ça c'était un tout autre débat, et certainement pas la principale préoccupation de nos deux hommes pour le moment.
Coincés dans l'ascenseur depuis une vingtaine de minutes maintenant, la discussion c'était engagée entre eux, Seymour ayant remarqué assez rapidement que Douglas avait tous les signes d'une crise d'angoisse. Tentant donc de le distraire de celle-ci en commençant à parler pour qu'il se focalise sur ses paroles plutôt que sa claustrophobie, ils en étaient arrivés à discuter de prénoms. Ses parents avaient fait fort dans le domaine, donnant à chacun de leurs enfants un prénom assez original, ça on ne pouvait pas le contredire et il devait admettre qu'il était d'accord avec son compagnon de mésaventure, un peu d'originalité, ça ne faisait pas de mal de temps à autres. Lui l'était à sa façon d'ailleurs, donc il serait bien hypocrite de dire le contraire, pas vrai ? Au bout d'un moment, la cabine se mit à remuer sans pour autant se remettre en marche. Ce qui forcément devait en rajouter une couche pour le pauvre Douglas, qui semblait balbutier pour lui-même tandis que Seymour lui tentait toujours de rationaliser la situation et de prévenir sa sœur pour qu'elle aille prévenir les secours du centre pour qu'ils viennent arranger tout ça. Une nouvelle fois, le proprio de la boutique tenta de faire diversion en admettant qu'il aurait espéré faire la connaissance du jeune homme dans d'autres circonstances, car il avait l'air d'être quelqu'un de tout à fait intéressant et mature pour l'âge qu'il semblait avoir. De quoi lui donner envie d'apprendre à la connaître par la suite, si tant est qu'ils parviennent à garder le contact après cet incident. « Ma sœur a prévenu l'équipe de l'entretien, ils vont arriver bientôt. » annonça-t-il alors, après avoir lu sur son écran de portable le message qu'il venait de recevoir de sa petite sœur. Ne restait plus qu'à attendre encore un peu qu'on vienne les libérer de ce piège de cristal. Seymour sourit tout seul en pensant à ça, forcément, c'était une telle référence au film avec Bruce Willis. Il pariait que lorsqu'il parlerait de ça avec Peter ou Stew, tous les deux penseraient direct à ça aussi. Pas étonnant que ces trois là s'entendent toujours aussi bien quand on sait qu'ils étaient similaires sur beaucoup de sujets.
Douglas ne faisait malheureusement pas parti de tout ces jeunes qui ne pensaient qu'à faire la fête, à vider des bouteilles d'alcool juste pour faire comme les copains puis coucher avec le premier venu. Au fond, il avait même du mal à comprendre les personnes qui agissaient ainsi, mais ils n'avaient pas reçu la même éducation, et il n'irait jamais critiquer les choix qu'ils avaient fait. Si leur vie leur convenait ainsi, alors qu'il en soit ainsi, mais qu'on ne vienne pas le critiquer parce qu'il n'agissait pas comme toutes ces personnes. Évidemment, ce n'était pas aussi simple que ça et il en avait fait les frais mais qu'mporte, il tentait de faire bonne figure quoiqu'il arrive, c'était important de ne pas montrer que tout cela l'avait atteint, l'avait fait lâché prise et l'avait totalement abattu.
Coincé dans ce fichu ascenseur depuis ce qui lui paraissait être une éternité, Douglas tentait de maîtriser son angoisse, et il avait quasiment réussi à la dompter puisqu'il avait entamé une conversation avec Seymour. Il tenait le bon bout, tout du moins jusqu'à la cabine se mette à bouger replongeant le jeune étudiant dans sa crise de panique. Coincé contre une des paroies transparentes comme si ça pouvait l'aider à mieux appréhender la situation. Au lieu de ça, il se remit de plus belle à paniquer et se mit même à prier. Son pauvre compagnon devait très certainement le prendre pour un homme à moitié fou avec ses paroles incompréhensibles, avec sa peur phobique de rester enfermé et même de mourir ici dans cet ascenseur, mais il n'avait jamais rien dit pour le déstabiliser, au contraire il avait tenté de le rassurer depuis le moment où ils s'étaient retrouvés bloqués tous les deux dans cette cabine.
Alors que Douglas parlait tout seul pour se rassurer, Seymour le sortit de sa transe en lui annonçant qu'il venait de prévenir sa soeur et qu'elle allait demander de l'aide pour les sortir d'ici. Le cauchemar était bientôt terminé, mais même si celui-ci n'avait probablement pas duré très longtemps, pour le jeune anglais, il avait l'impression qu'il était resté enfermé durant plusieurs heures. Et l'air commençait sérieusement à lui manquer, tout comme son corps qui manifestait les effets de son angoisse avec des membres engourdis.
" - Vous pensez qu'ils vont mettre combien de temps ?"
L'état du jeune garçon commençait à empirer et ce n'était qu'une question de minutes avant que son corps entier ne soit totalement engourdi et qu'il manque d'oxygène, entraînant alors une perte de connaissance. Il avait besoin de maintenir un lien avec Seymour pour ne pas sombrer à l'instant précis où il parlait avec lui.
" - J'ai parfois l'impression que la vie s'acharne sur les mauvaises personnes et prend un malin plaisir à torturer ceux qui ont déjà eu beaucoup d'obstacles à franchir pour arriver là où ils en sont aujourd'hui."
Pourquoi lui confiait-il une telle chose ? Et puis, qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à faire après tout ? Ce n'était probablement pas son avis et il devait être pressé de pouvoir sortir de cette cabine d'ascenseur pour se débarrasser de lui.