Encore un point commun insoupçonné entre les deux jeunes hommes. Seymour n'avait jamais été fêtard, en tout cas pas dans le sens où la plupart des gens peuvent l'entendre. Pour lui faire la fête c'était plutôt faire nuit blanche à jouer à la console ou faire une partie endiablée de Donjons & Dragons ou tout autre jeu de rôles ou de société même. C'était rire avec ses potes à faire des quizz entre eux autour d'une bonne pizza et de cochonneries du même style. Et oui on peut le dire, à quasi quarante piges, Seymour n'avait jamais eu de cuite à ce jour. Boire à outrance ne l'avait jamais intéressé et il était trop responsable de nature pour tenter l'expérience même à son âge. Vieux avant l'heure comme lui avait reproché son aîné par le passé mais bon, ça ne lui manquait clairement pas et il se navrait de voir ce genre de comportement se répandre dans la jeunesse actuelle. Donc sans le savoir, Seymour savait ce que c'était que de ne pas forcément rentrer dans le moule et de se le faire reprocher, loin de se douter aussi pourtant de combien le jeune homme coincé dans la cabine d'ascenseur avec lui avait pu réellement en souffrir.
Tentant de son mieux de faire en sorte que Douglas ne pense pas à leur situation vu que ce dernier souffrait de claustrophobie selon toute vraisemblance, la conversation s'était entamée entre les deux et allait plutôt bon train. Pas que tout ça soit une occasion très agréable de faire de nouvelles connaissances mais Seymour appréciait le raisonnement du jeune homme assis à ses côtés pour l'instant. Mais la cabine s'agita au bout d'un moment, sans réellement pour autant bouger, ce qui ne fit qu'en rajouter une couche pour le plus jeune qui se mit à marmonner de son côté. Le proprio de la boutique décida donc qu'il était le moment de prévenir sa sœur de ce qui était en train de se passer ici afin qu'elle puisse prévenir les secours, qu'on vienne les tirer de ce fichu ascenseur, et de préférence avant que Douglas ne finisse pas réellement se sentir mal. « Je n'ai ai pas la moindre idée malheureusement. Mais au moins maintenant ils savent qu'on est là, ça ne devrait plus trop tarder je pense. » répondit-il à son compagnon d'infortune, essayant de se montrer le plus rassurant et le plus confiant possible pour ne pas encore aggraver son état qui semblait s'empirer.
Surpris de l'entendre alors reprendre la parole, surtout pour lui livrer une telle confidence, Seymour fit une moue dubitative alors qu'il réfléchissait à ce qu'il venait de lui dire. « Je crois que je ne me trompe pas en disant que vous ne devez pas être le seul à le penser. Je me le dis parfois aussi et pourtant, sur le papier, j'ai vraiment pas de quoi me plaindre. Je crois que c'est très humain comme réaction. On sait qu'il ne faut pas se fier aux apparences et qu'on ne doit pas en principe envier les autres sans savoir les détails de leur vie mais c'est ancré en nous et de nos jours où tout ou presque est devenue une façon de dire qu'on appartient à un groupe ou l'autre, ça ne doit que renforcer la chose. » admit-il en déposant ses coudes sur ses genoux, laissant pendre ses mains dans le vide alors que son crâne s'appuyait doucement contre la paroi de l'ascenseur derrière lui. « Je sais que je dois sûrement être la dernière personne avec qui vous voudriez parler de ça, mais si vous en avez besoin, je suis tout ouïe. Parfois simplement se plaindre une bonne fois, vider son sac même si ça ne changera pas forcément la donne, ça fait du bien. Et en plus à part moi personne ne vous entendra... » lança-t-il presque comme pour l'encourager à le faire. C'est ce que lui faisait parfois seul chez lui, quand il en avait besoin. Cathartique même si simpliste comme processus et Douglas semblait bien en avoir besoin avec ce qu'il venait de dire.
Même si plus d'une fois on avait dit à Douglas qu'il pouvait pleurer, montrer ses émotions aux autres, avec certaines personnes il avait encore du mal. Il faut dire qu'il était toujours gentil avec tous, et parfois même naïf. Il lui arrivait de pleurer mais rarement devant les autres, parce que le regard des autres était bien trop compliqué à supporter pour le jeune anglais. En revanche, il était très émotif, si bien que pour quelqu'un avec de mauvaises intentions, on pouvait aisément savoir si on avait ou non touché la corde sensible le concernant. On lui avait déjà dit qu'il devait se méfier, son père lui avait répété avant de finalement se retourner contre lui et de profiter de sa faiblesse en tant qu'enfant.
La conversation entre les deux hommes se fit plutôt naturellement bien que ce ne soit pas le fort du jeune anglais, tout allait bien, jusqu'à cet instant où la cabine avait décidé de lui faire une nouvelle frayeur, comme si elle allait se décrocher. Au lieu de ça, elle se mit à bouger sans pour autant que le système se remette en route, provoquant alors une nouvelle vague d'angoisse chez le jeune Anderson, qui paniqua de plus belle. Pensant même que c'en était fini, il vient à lancer des propos qu'il n'aurait jamais dû dire, jusqu'à ce que Seymour vienne lui annoncer une bonne nouvelle. Ou en tout cas, un début de bonne nouvelle. Il avait prévenu sa soeur et cette dernière était partie prévenir les services techniques. C'est décidé, même s'il devait monter vingt étages à pied la prochaine fois, il le ferait plutôt que de se retrouver à nouveau dans une telle situation. Son état ne s'améliorait pas vraiment et il avait réellement besoin d'être sorti d'ici le plus rapidement possible. Pour le coup, il n'était plus certain d'aller voir le film pour lequel il était initialement sorti.
Seymour avait raison sur un point, il ne fallait pas envier les autres, pourtant le jeune Douglas se souvenait de ses visites chez Sol pour l'aider avec son système électrique. Cette immense demeure qu'il aurait tant aimé posséder, cette image parfaite de la vie de famille, de l'accomplissement d'une vie entière, il l'avait envier sans savoir ce qu'il y avait derrière, bien que ce ne soit pas de manière méchante, il avait imaginé être à sa place et profiter de tout cela, lui qui n'avait même pas encore son diplôme en main. Il n'avait rien accompli dans sa vie d'adulte. Rien.
" - Oh vous savez il n'y a pas grand chose à dire, ma vie est loin d'être palpitante. En temps normal je ne sors jamais, et pour une fois que j'avais décidé de faire une entorse à mes habitudes, me voilà retrouvé bloquer dans un ascenseur, je pense bien que le message est désormais transmis, je n'essayerai plus de m'aventurer dans ce type de sortie. Il faut croire que je ne suis bon qu'à aider les autres, à les conseiller alors que je ne sais même pas le faire pour moi-même. J'ai toujours aidé les autres parce que c'est la seule chose que je sache faire correctement."
Son père l'avait tellement rabaissé, humilié que le jeune garçon en avait perdu sa confiance en lui. Et le métier d'avocat n'est pas facile, c'est plutôt tout le contraire. Les gens n'hésitent pas à vous marcher dessus pour progresser plus vite que vous dans l'échelle de la hiérarchie. C'est comme ça que ça marche dans ce métier et dans beaucoup d'autres malheureusement. Et tôt ou tard, Douglas se fera écraser parce qu'il n'est pas assez fort pour ce genre de situation. Peut-être même qu'il n'est pas du tout fait pour être avocat et plaider une cause au barreau, avec potentiellement une vie en jeu entre ses mains.
Avoir un cœur bon dans un monde cruel est courageux et non une faiblesse. Voilà une phrase qui résumerait bien la chose. Car en effet, de nos jours, être serviable, gentil et à l'écoute des autres naturellement était souvent perçu comme une faiblesse ou associé à une tentative de manipulation, les arrières pensées présentes en faisant cette bonne action. C'était hélas la réalité pour un bon nombre de personnes, qui ne faisaient que donner l'impression de vouloir votre bien que pour au final s'enrichir eux-mêmes d'une façon ou d'une autre. Il le voyait avec son propre frère qui le tannait toujours pour qu'il vienne l'aider lorsqu'il avait un soucis avec son ordi, lui promettant une bière pour le remercier de ce service. Un simple exemple et pas réellement méchant mais ça vous donne une idée de combien ce genre de comportement pouvait s'être répandu de nos jours. Il fallait donc savoir s'endurcir, apprendre à dire non mais ça n'était pas aussi facile que ça parfois, surtout quand on avait été habitué à être ainsi depuis longtemps. Il y aurait malheureusement toujours des personnes qui sauront abuser de vos faiblesses, c'était ça aussi le propre de l'être humain, un exemple de sa complexité parmi tant d'autres.
Après tout, si Douglas était tombé sur quelqu'un d'autre, il aurait tout aussi bien pu se voir juger une fois de plus, tout le monde n'était pas aussi compréhensif que le plus âgé des deux pouvait l'être. Mais Seymour ne pouvait décemment pas le laisser affronter sa crise d'angoisse sans faire quelque chose, il était comme ça, et s'il s'écoutait d'ailleurs, il y aurait une bonne trentaine de chiens et au moins autant de chats chez lui en plus des siens. S'il pouvait aider, il estimait qu'il devait le faire, quitte à se faire rembarrer mais au moins il aurait tendu la main plutôt que de faire comme si Douglas n'existait pas. Et là, puisqu'il n'était pas ingénieur et qu'il n'y connaissait rien en électricité ou composants d'ascenseur, tout ce qu'il pouvait faire pour l'aider c'était de tromper son angoisse en monopolisant son cerveau ailleurs, en lui faisant la conversation. Méthode qui s'avérait plutôt efficace jusqu'à ce que la cabine s'agite à nouveau sans préavis et sans pour autant se remettre en marche. Ce qui le poussa à envoyer un message à sa cadette qui devait l'attendre plus haut pour la prévenir qu'ils étaient coincés et d'informer les secours pour qu'on vienne les récupérer avant que ce pauvre Douglas ne finisse par réellement se sentir mal, lui qui perdait de la couleur à mesure que les minutes s'écoulaient.
La conversation reprenant de plus belle entre eux après ce rebondissement dans leur situation actuelle, Seymour partagea son avis sur la question, admettant que lui aussi parfois pensait que le sort semblait s'acharner sur lui sans raison même si en théorie il devrait avoir la vie bien plus facile que pas mal de monde. Mais encore une fois, c'était selon lui une réaction 'normale' surtout si oui, le pauvre ne sortait pas beaucoup et que lorsqu'il se décidait enfin à le faire, il se retrouvait coincer dans un ascenseur alors qu'il souffrait de claustrophobie. « Je ne peux pas vous laisser penser ça. C'est une simple coïncidence, rien de plus. Ça aurait pu arrivé à n'importe qui, la preuve moi aussi je me retrouve coincé là. Je ne sais pas ce qui vous pousse à dire ça aussi catégoriquement, mais si vous n'étiez pas sorti, qui sait si on se serait jamais rencontré autrement ? Vous voyez où j'essaie d'en venir en disant ça ? Ne pas laisser le négatif prendre le pas sur le reste. Pas facile je sais, surtout de nos jours mais j'aime à me dire qu'il vaut mieux avoir des regrets que des remords et passer son temps à se demander comment on aurait pu vivre au lieu de simplement le faire, en ses propres termes. Bon sang je cause comme ma mère d'un coup. » dit-il en riant doucement en réalisant combien en effet, il venait de tenir un discours similaire à ce que sa mère avait pu lui tenir par le passé quand il en avait assez d'être appelé nerd ou geek à tous bouts de champs. Ce qu'il avait fini par revendiquer aujourd'hui, comme quoi, elle ne pouvait pas tout à fait avoir tort en lui ayant dit ça. « Puis on peut très bien s'amuser en restant chez soi. C'est ce que je fais la plupart du temps avec mes meilleurs amis. Pas besoin de sortir et de croiser la moitié de la ville pour prendre du bon temps. » concéda-t-il simplement en esquissant un léger sourire vers Douglas.
Douglas n'était pas certain qu'il puisse faire confiance à toutes les personnes qu'il croisait. Sans doute certaines lui faisaient un grand sourire par devant, mais dertiere, ils étaient les premiers à se moquer ou même à le juger. Au fond, même si Douglas avait toujours trouvé du réconfort dans sa foi, il n'était pas moins blessé par les pensées ou les agissements des autres, il avait simplement appris à ne pas se montrer blessé quand cela arrivait. Et malheureusement pour lui, durant son enfance, c'était tous les jours. D'autant plus quand on vous demande de raconter ce que font vos parents, pour un gamin qui n'a aucun souvenir de sa mère, c'est assez compliqué. Et ça avait été le début de la fin pour lui.
Certes depuis il avait grandi mais ça ne l'empêchait pas pour autant d'être encore blessé par les réflexions que l'on pouvait lui faire. La vérité c'est que Doug ne comprenait pourquoi il était la cible de tant de critiques, était-il seul à vivre différemment de toutes ces personnes ? Non certainement pas, et pourtant, c'est à lui qu'on s'en prenait. Il avait déjà été jugé par bon nombre de personnes sans que jamais celles-ci n'essayent de savoir pourquoi il est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui. Mais ce n'est pas vraiment le sujet actuel.
Non, le sujet actuel c'est plutôt cette cabine d'ascenseur dans laquelle les deux hommes sont coincés depuis ce qui lui paraît une éternité et qui menaçait de tomber sans prévenir. Il avait réussi à maîtriser son angoisse une première fois, mais la vie, une fois de plus en avait décidé autrement. Elle se mit à tanguer puis, plus rien. Comme pour rappeler à Douglas qu'il était toujours dans le vide et que la conversation à laquelle il prenait part n'était pas assez pour lui faire oublier totalement. Depuis cette secousse, il n'avait plus bougé, blotti dans un coin de la cabine, il avait peur que le simple fait de respirer ne provoque une autre secousse. Mais la vérité c'est qu'il se sentait de plus en plus mal, et même si tout à coup le pessimisme semblait être sa seule barrière pour se protéger de tout cela, son interlocuteur lui, ne semblait pas être de son avis. Bien sûr qu'il avait raison, et même plus que ça, mais Douglas était bien trop paniqué à cet instant précis pour être positif.
" - Vous savez je ne suis pas le genre de personne à se plaindre constamment que ses pâtes sont froides quand il sort au restaurant, ou bien à pester contre le trafic quand il est sur la route. Mais parfois, il y a des choses qui font mal, qui sont ancrées en vous quoique vous faisiez. Alors de l'extérieur, un inconnu ne peut pas le déceler, et pourtant, c'est ce qui forge la personne. Je ne me suis jamais plains de l'enfance que j'ai pu mener, j'aurai pu, mais je ne l'ai pas fait, parce que ce n'est pas comme ça qu'on m'a appris à être.."
Pourtant ce soir, sans savoir ce qui le poussait à agir ainsi, il avait presque envie de vider son sac, de tout balancer juste pour avoir l'espoir de se sentir plus léger, mais pour l'avoir déjà fait avec Archie, il savait que c'était une perte de temps et qu'au final, ça ne retirait pas le poids qu'il portait sur ses épaules.
" - Après je suppose qu'on a tous une interprétation du terme s'amuser. Pour moi c'est de lire des livres, d'écrire, ou de simplement donner de mon temps dans des associations de personnes qui en ont besoin. Pour moi c'est ça m'amuser alors je suppose que certains seraient hilares en voyant ce que je fais pour m'amuser."
À la fin de sa phrase, le jeune brun fut pris d'une violente toux, très certainement liée à sa crise d'angoisse. Les yeux rouges et la voix faible, il se tourna vers son interlocuteur.
" - J'espère qu'ils seront bientôt là, parce que je ne vais plus tenir très longtemps Seymour.."
C'était la dernière phrase qu'il prononcea avant de fermer les yeux pour tenter de calmer les symptômes de son corps.
De tous temps, la différence a été quelque chose qui fait peur, les exemples dans l'Histoire ne manquent pas pour l'étayer. Qu'il s'agisse des coutumes, de la langue des autres ou de leur apparence, croyances et tout ce que l'on peut d'avoir de différent. Les personnes rousses persécutées durant le Moyen-Âge, les esclaves, les femmes, des ethnies au sein d'un même pays… Oui, la différence faisait encore beaucoup de ravage de nos jours, même si selon certains ont était dans un monde plus tolérant actuellement. Mais difficile de trouver sa place malgré tout, surtout quand on sort du lot d'une façon ou d'une autre parce que malheureusement 'la masse' vous fait sentir qu'être vous-même n'est pas la norme. Oui, il y avait vraiment de quoi philosopher un bon moment sur le sujet mais ça n'était ni l'endroit ni le moment de le faire. De toute manière, Seymour était par chance pour Douglas, quelqu'un de très ouvert d'esprit et d'acceptant. Pour lui de toute manière, à part sa claustrophobie apparente, il était un garçon comme n'importe quel autre et il le serait toujours même s'il lui disait préférer les hommes ou être très religieux. C'était qui il était et tant que ça ne faisait de mal à personne d'autres, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'il soit ainsi ? Strictement rien, pas au point en tout cas qu'il se mette à le juger sans le connaître et à lui tourner le dos alors qu'il avait visiblement besoin d'être rassuré en ce moment.
Lui faire la conversation paraissait être la solution la plus simple et la plus efficace pour le distraire de son angoisse et ça avait plutôt bien fonctionné jusqu'à ce que la cabine sursaute sans bouger, ajoutant au calvaire du jeune homme. Ceci décida Seymour a prévenir sa sœur que la situation puisse se débloquer plus vite car l'état de Douglas n'allait pas en s'améliorant et même s'il connaissait les gestes de premiers secours, il préférait quand même que le pauvre ne tombe dans les pommes si c'était possible. Ne s'étant cependant pas attendu à ce qu'il reprenne la parole après ce mauvais coup de la cabine, il continuait donc à discuter mais cette fois avec plus de sérieux vu ce qu'il venait de lui dire. Quelque chose devait lui peser sur la conscience, mais il n'irait pas lui demander quoi, ils ne se connaissaient pas assez pour attaquer une telle chose, surtout dans une telle situation, ça ne ferait sans doute qu'ajouter de l'angoisse au jeune homme qui n'en avait pas besoin. « Exactement, chacun à sa façon de s'amuser, moi c'est lire aussi, comics comme bouquins, de passer des soirées devant un dvd entre potes ou avec ma sœur, jouer à la console ou à des jeux, organiser des soirées dans la boutique pour mes clients ou emmener une douzaine de chiens en promenade au refuge parce qu'autrement personne ne le fait par manque de temps. Le problème ça n'est pas tant ce qu'on aime faire je dirais, c'est que les autres pensent être en droit de vous le reprocher parce que vous ne faites pas la même chose. C'est une plaie rampante de nos jours que ce perpétuel jugement de l'autre. » conclu-t-il en haussant les épaules. Parler de ça durant des heures n'allait pas les avancer et Douglas devenait vraiment fébrile.
« Ca va aller Douglas, ils arrivent. » dit-il au jeune homme tout en lui tapotant doucement l'épaule en apercevant derrière celui-ci une échelle qu'on déployait depuis le rez-de-chaussée. Rapidement, un homme grimpa sur cette dernière en leur adressant un signe de la main pour leur indiquer que le problème allait être réglé et il se hissa sur le toit de la cabine, faisant quelque peu bouger celle-ci sous cet apport de poids supplémentaire. « On va pouvoir bientôt sortir, c'est bientôt fini. » lança-t-il au jeune homme tout en se levant pour essayer de voir ce qui se tramait et les secours n'avaient pas l'air plus affolés que ça, le problème ne devait donc pas être trop sérieux. Et en effet, quelques instants plus tard, la cabine se remit en marche pour s'arrêter un peu plus haut au palier du prochain étage. Enfin ils étaient libres. Tendant sa main à Douglas pour qu'il puisse l'aider à se relever, Seymour lui sourit doucement. « Je vous ferais grâce de ne pas chanter avec ma voix très féminine un bon petit 'Librés délivrés' pour célébrer ça. » ajouta-t-il en plaisantant, toujours dans l'optique de détendre son compagnon d'infortune qui devrait sans doute être quand même examiné par le médecin sur place vu son état et Seymour comptait bien resté là jusqu'à ce qu'il soit certain que tout allait bien. Après ce qui venait de se passer, hors de question qu'il le plante là juste parce qu'ils étaient enfin sortis de ce maudit ascenseur.
Il n'y avait pas vraiment de journée type pour le jeune homme, il allait au travail, épluchait des dossiers et rédigeait certains documents avant d'avant l'approbation de sa supérieure. Les choses se passaient bien, mais il avait également besoin de se reposer un peu, de décompresser. Voilà la raison pour laquelle il était venu ce soir au cinéma, sans se douter que la soirée pourrait se dérouler de cette façon. Il avait fait l'effort, pour une fois de sortir, de ne pas s'isoler et finalement il en payait le prix, à se demander si le sort ne se retournait pas contre lui pour avoir essayer de faire les choses autrement.
Douglas avait alors entamé une discussion avec le jeune homme à ses côtés, Seymour qu'il s'appelait et le temps s'était écoulé alors qu'ils semblaient avoir les mêmes avis sur les mêmes sujets. Peut-être que cet accident allait finalement leur permettre de se rapprocher et pourquoi pas de nouer des liens en dehors de ce centre. Peut-être même qu'ils seront amenés à se revoir dans d'autres circonstances, à discuter d'autres sujets et à mieux apprendre à se connaître l'un et l'autre.
Puis, il y avait eu cette secousse, replongeant Douglas dans sa panique, l'obligeant à se concentrer au maximum sur sa respiration pour ne pas perdre conscience ici, dans cette cabine, sous les yeux de son acolyte. Il ne voulait pas non plus imposer une telle chose à Seymour qui avait très certainement une autre perspective de la soirée en tête.
Concernant leur point de vue sur l'amusement, Doug était plutôt content qu'on ne le prenne pas pour un fou, un coincé ou encore tout autre mot qui servait à le décrire en temps normal. Il faut dire qu'il ne vivait pas vraiment comme les autres, et ça, c'était compliqué à accepter pour toutes ces personnes qui considéraient qu'il fallait absolument rentrer dans un moule pour s'intégrer. Comme le fait d'aimer les hommes ou les femmes, ils se sentaient obligés de coller des étiquettes sur chacun, pour le jeune anglais, il n'y avait pas réellement d'étiquettes qui lui convenait et c'est sans doute ça qui choquait le plus.
La discussion continua jusqu'à ce que Douglas avoue qu'il était au bout, qu'il ne tiendrait plus longtemps dans de telles conditions. Il était épuisé tant physiquement que mentalement et son corps ne répondait plus vraiment comme il le souhaitait. Fermant les yeux pour se reposer - ou pour se préparer à sombrer dans l'inconnu - Seymour lui dit qu'ils allaient bientôt être secouru, et effectivement, du bruit se fit entendre de l'autre côté de la cabine, mais il n'eut pas le courage d'observer le spectacle. La cabine se remit à bouger et des bruits provenaient du toit de celle-ci. Douglas ne voulait plus se battre, il était à bout, et c'est à ce même moment que la cabine reprit sa route pour atteindre l'étage supérieur. Les portes les laissa alors respirer et le jeune homme tendit sa main pour aider Douglas à s'extirper de cette cabine de malheur.
" - Merci." murmura-t-il comme s'il venait de passer des jours enfermés ici alors qu'il ne s'agissait que de quelques minutes, ou heures, il ne savait pas trop.
En essayant de se concentrer sur les pas qu'il faisait, il dut tout de même se rattraper au montant pour ne pas tomber. Il était à bout de force et marcher jusqu'au cinéma lui semblait impossible. De toute façon, il ne comptait plus y aller, il voulait juste retourner chez lui, se mettre sous sa couette et tenter d'oublier ce fâcheux épisode de la soirée.
" - Merci pour tout.. Je.. Je ne serai certainement pas dans cet état si vous n'aviez pas été là.. Mais je ne veux pas gâcher votre soirée plus que je ne l'ai déjà fait.."
Douglas devait vraiment faire peur à voir puisqu'un médecin le prit en charge. Les examens ne duraient que quelques instants, histoire de s'assurer qu'il aille bien. Ce n'était qu'une crise d'angoisse, mais ça pouvait parfois être assez inquiétant quand on voyait là où ça menait. Une fois sur pied et un peu retapé, il se rendit compte que Seymour était toujours là. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'une idée germa dans sa tête.
" - Merci encore.. Je me demandais si vous accepteriez qu'on échange nos numéros et qu'on puisse convenir d'un endroit où se retrouver un jour.. Enfin si vous ne voulez pas, je comprendrai.. Je me disais simplement qu'on a pas mal de choses en commun et que ça pourrait être sympa d'en discuter dans un endroit sans ascenseur.."
Il avait repris des couleurs et sa respiration était quasiment retourné à la normale.
" - Voici le mien en tout cas." dit-il en lui tendant un papier griffonné de sa main où était inscrit son numéro.
HRP:
Je pense qu'on peut clôturer le sujet si ça te convient :3