| | | (#)Lun 13 Aoû 2018 - 13:03 | |
| Ca n’avait pas été trop difficile de convaincre Tony de me donner l’adresse de Lene. A partir du moment où je lui ai dit que j’allais faire des efforts pour apaiser les tensions dans notre famille, il s’était détendu et m’avais noté ces quelques mots sur un bout de papier arraché d’un vieil agenda de travail. J’étais alors en direction de Toowong, sans être vraiment étonnée de la savoir habiter dans ce quartier. Et peut être même qu’en creusant bien, je connaissais déjà son adresse. Il me semblait bien l’avoir aperçu sortir d’une belle maison alors que je faisais mes leçons de conduites dans le coin. D’ailleurs, ce jour-là, la moindre manœuvre que j’avais entrepris était une véritable catastrophe. Encore aujourd’hui, je me demande comment j’ai bien pu réussir à avoir ce foutu permis. Mais peu importe la manière, tant que j’avais enfin dégoté le grâle, soi-disant ce qui manquait à mon palmarès. Au moins à présent, je ne risquais pas de tomber sur Lene en voulant prendre un taxi, si elle était toujours dans la branche d’ailleurs. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait se passer dans la vie de ma cadette, que ce soit concernant son travail, sa vie privée, sentimentale. Je ne m’étais jamais posé la question et à vrai dire, ca ne m’intéressait absolument pas. Je ne venais pas ici pour jouer la parfaite grande sœur, il était bien loin le temps ou je tentais de faire plaisir à mes parents en surveillant et protégeant cette gamine. J’ignorai même s’il avait existé un jour. Je passais la grille qui menait à une petite cour juste avant de devoir gravir quelques marches pour enfin pouvoir poser mon doigt sur la sonnette. Deux petits coups, j’attendais sagement, presque comme une potiche sur le pas de la porte. Ceux qui me voyait attendre pourraient penser que j’étais une commerciale venue vendre des produits en faisant le porte à porte. Il me manquait sans doute une petite valise à la main. En regardant la sonnette, deux noms y apparaissaient. Lene Adams et Matt McGrath. Pourquoi n’étais-je pas étonnée de la savoir en colocation avec ce clown ? J’espérai que ce ne soit pas lui qui m’ouvre la porte et même qu’il soit absent. La porte en question fini d’ailleurs par s’ouvrir, laissant filer un chien entre mes jambes, manquant de me faire tomber au passage. « quel accueil… » je levais les yeux et fit face à Lene qui, d’après son air étonné se demanda bien ce que je pouvais faire ici. « Salut Lene. Est-ce que je peux entrer ? » non pas que ça me dérangeait de rester dehors, mais il faisait un peu frais et je n’avais pas envie de discuter dans ces conditions. « Rassure-toi, je viens en paix. »
|
| | | | (#)Mer 29 Aoû 2018 - 20:34 | |
| Dans une casserole, faire fondre 70 g de beurre, et ajouter la même quantité de farine hors du feu. Mélanger pour que le beurre soit absorbé. Ajouter 50 cl de lait très progressivement en mélangeant pour empêcher la formation de grumeaux. Ouais, elle avait beau relire plusieurs fois la recette afin de ne pas faire d’erreur et réaliser cette recette qui lui avait été vendue comme « hyper facile », toujours est-il que sa préparation n’arrête pas de faire des grumeaux et qu’elle commençait à être lassée de la cuisine alors qu’elle n’en est qu’au cinquième essai. QUI a osé lui dire qu’apprendre à cuisiner, c’est simple ? Commander des pizzas et ouvrir des paquets de chips, ça, c’est de la cuisine simple. Des lasagnes (non surgelées, on s’entend) c’est carrément avoir passé trois-quatre étapes au-dessus. Personne n’aurait pu lui conseiller d’apprendre à se faire un bol de céréale sans renverser son lait d’abord. Là, on aurait franchi une vraie étape franchissable. Et Lene s’impatiente. Jusqu’à ce que son salut – ou du moins, ce qui l’était avant qu’elle ne sache quelle main a appuyé sur la sonnette- sonne à la porte. Sans attendre, elle baisse la cuisson avant de se diriger vers la porte où Patacroute trépigne, soit parce que c’est le facteur, soit par le fait que d’avoir fait la cuisine ait annulé sa balade. Le résultat, c’est que l’animal file à travers la porte, manquant de renverser au passage sa visiteuse. Lene est sur le champ interloquée, muette. « quel accueil… » Eva reste fidèle à elle-même avec son commentaire condescendant et si Lene aurait trouvé de quoi lui répondre sans trop attendre dans d’autres circonstances, de se demander ce qu’elle peut bien foutre là l’empêche d’ajouter quoique ce soit. Merde, elle s’est perdue et le hasard fait mal les choses ou quoi ? « Salut Lene. Est-ce que je peux entrer ? » Entrer ? Dans sa maison. Son lieu de vie. Souiller son chez elle. Elle s’apprête presque à rappeler le chien avant de lui dire non, mais Eva enchérit assez pour que Lene ait la curiosité de savoir ce qu’elle veut. « Rassure-toi, je viens en paix. » Elle a envie de lui rire au nez, parce que ça n’arrivera jamais que l’une aille en paix chez l’autre. Eva est bien trop détestable, embourgeoisée, condescendante et précieuse. « Oh, et en quel honneur ? » réplique Lene, avant de se dire qu’elle a un plat en cuisine qui continue de l’attendre et que là, elle a bien besoin de s’occuper les mains. « Tu as jusqu’à ce que je fasse re-rentrer le chien. » Qu’elle ajoute, ouvrant la porte derrière pour laisser entrer sa sœur avant de retrouver sa place devant les fourneaux lui indiquant du nez le siège de cuisine où elle peut s’installer. |
| | | | (#)Lun 3 Sep 2018 - 14:24 | |
| Il était bien évident que je ne m’attendais pas à un accueil des plus chaleureux de la part de ma charmante jeune sœur. Chacune de nos rencontres étaient parsemées de chamaillerie, remarques glaciales et parfaitement bien placée. Les quelques mots qu’avait prononcé Lene à propos de ma stérilité m’étaient restés en tête bien longtemps. Un cadeau du ciel que je ne puisse pas avoir d’enfant. Je me doutais que notre relation nullement chaleureuse ne pouvait lui faire dire le contraire. Mais, j’avais décidé ainsi de mettre un peu d’eau dans mon vin. Mariée depuis quelques semaines à présent, il est vrai que j’avais presque regretté l’espace d’un instant que Lene ne soit pas présente. J’avais d’ailleurs trouvé étrange qu’elle ne soit même pas venue, ne serait-ce que pour rire de l’hypocrisie de l’événement. J’étais certaine qu’elle n’en pensait pas moins. J’ignore pourquoi ce sentiment m’était traversé. Pourquoi il y avait comme un manque, pourtant, j’avais choisi volontairement d’écarter Lene de cet événement. M’étant tout de même demandé si je ne devais pas l’y convier, quelques jours avant la célébration. Puis le temps avait filé si rapidement, le jour J était venu. J’étais à présent Eva Adams Brownson. J’avais décidé de garder mon nom de famille puisqu’il était bien trop important à mes yeux et que cette signature était bien connue de tous et si précieuse. Je crois que la dose d’endorphine produite par mon corps ces derniers temps avait grandement contribué à mes humeurs pacifistes. J’étais à présent bien plus sereine et un sentiment de liberté s’était épris de moi. Plus aucun sujet tabou ne mettait de distance entre Roman et moi, et c’était surement là, le principal. « Oh, et en quel honneur ? » Lene égale à elle-même, je me doutais bien que ma venue ici devait lui faire une drôle d’impression. Mon regard en disait long sur mes intensions et je lui demandais simplement de baisser la garde, l’espace d’un instant. Elle me laissa alors entrer. « Tu as jusqu’à ce que je fasse re-rentrer le chien. » très bien, j’avais un peu de répi donc. Je la suivais dans sa cuisine, obligée de regarder chaque détail de cette maison. « C’est plutôt sympa… » pas forcément à mon gout, mais c’était un minimum rangé et je n’attendais pas attend de ma sœur. J’avais toujours cette image d’elle d’une adolescente qui n’était pas capable de prendre soin d’elle et de son environnement, que ce soit matériel ou humain. J’étais également bien surprise de voir qu’elle cuisinait également. En réalité, Lene n’était autre qu’une inconnue à mes yeux. Et j’étais surement la même pour elle. « Je me suis mariée… début juillet. Simon a du te raconter. » du moins, s’ils s’étaient croisés d’ici là. Tony s’en était peut-être chargé aussi. « Roman et moi faisons une petite célébration à la fin du mois, au ranch. » inutile que c’était pour remercier l’ensemble des convives qui avaient activement participé à cet heureux événement, puisqu’il n’y avait contribué en rien. « si tu veux venir. Sache que tu y seras la bienvenue. » le terme était un peu fort. « Si je suis venue ici, c’est que je voulais avant tout qu’on puisse enterrer la hache de guerre, toi et moi… que l’on cesse d’être l’une sur l’autre… moins d’animosité entre nous… » dis-je tout en la regardant cuisiner sa préparation pleine de grumeaux.
|
| | | | (#)Mer 19 Sep 2018 - 13:24 | |
| « C’est plutôt sympa… » Elle serre les dents, se retenant de lui répliquer qu’elle n’est pas non plus obligée de commenter son intérieur, ça sonne faux et en plus de ça, elle s’en moque. Mais, histoire de faire durer plus de deux minutes sans accroche une de leur rencontre, Lene ne dit rien et se contente de lui désigner là où elle peut s’asseoir tandis qu’elle retourne à sa béchamel et à son plat de lasagne qui ne ressemble pas encore à grand-chose. Eva prend la parole, Lene se contente d’écouter. « Je me suis mariée… début juillet. Simon a du te raconter. » Elle était au courant et si elle est venue pour lui annoncer la nouvelle, elle aurait pu s’éviter un trajet et se contenter d’un faire-part. « Non, Simon ne parle pas de toi. » Qu’elle lâche, des fois qu’elle se méprenne sur leur petit frère qui la déteste presque autant qu’elle. Ce n’est pas parce que monsieur fait encore « parti de la famille » qu’il en parle. La vérité, c’est qu’il ne le fait pas. « Mais, j’ai un pote photographe qui m’a passé la nouvelle. » Qu’elle sache tout de même qu’elle le savait et qu’elle s’en fichait. Tony aurait pu lui dire, mais la vérité est qu’hormis quand il doit lui confier Elliott faute de mieux, ils ne se parlent plus. « Roman et moi faisons une petite célébration à la fin du mois, au ranch. » Quel intérêt ? Elle se retient de poser la question, Eva annonce la raison de sa venue et Lene préfère se concentrer à préparer son diner correctement plutôt que de faire la conversation. « si tu veux venir. Sache que tu y seras la bienvenue. » Ses paroles se répètent plusieurs fois dans sa tête pour être sûre qu’elle l’ait bien entendu. Depuis quand Eva l’invitait quelque part ? Jamais. Et cette information la pousse à se méfier des fois qu’elle ait décidé un retour de karma. « Si je suis venue ici, c’est que je voulais avant tout qu’on puisse enterrer la hache de guerre, toi et moi… que l’on cesse d’être l’une sur l’autre… moins d’animosité entre nous… » Et en quel honneur ? Qu’elle sache, c’était elle qui avait instauré cette tension entre elle, pourquoi ça devait changer maintenant alors qu’elle avait eu ce qu’elle voulait ? « Donc, je ne suis pas invitée au mariage, mais à la petite surprise partie du mois d’après. T’as peur de quoi ? Que je débarque et que je maudisse ton premier né avec un rouet ? » Qu’elle rétorque, fidèle à elle-même, elle n’achète pas de suite les propos de sa sœur, c’est même très gros, voir trop gros. Mais, faut-il croire que la récente trentaine de Lene et les reproches de Matt sur son mauvais caractère ont eu une incidence et l’ont amené à mûrir un peu. Elle se reprend, acceptant de faire preuve de bonne foi. « Okay. C’était bas. » Elle a du mal à le reconnaître, et encore plus à prononcer la suite parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle serait sans ses piques. « J’arrête. » Au moins pour ce soir et sous réserve de provocation. Bien évidemment. « Mais, je ne viendrais pas. » Elle veut bien faire des efforts, mais parader à une soirée qui n’est pas la sienne, où sa présence suscitera des chuchotis qui feront passer Eva pour une bonne samaritaine pour avoir invité sa paria de sœur, on ne va pas abuser. « C’est pas que je ne prends pas en considération le fait que tu aies du ravaler ta fierté pour le faire mais je ne serais pas capable de ravaler la mienne et passer sur l’occasion d’humilier nos parents. » Oui, parce qu’en plus d’Eva, Lene ne les oublie pas. Et si elle peut se taire pour une sœur qui a toujours eu l’honnêteté de lui faire comprendre qu’elle ne l’a jamais aimé, Lene n’est pas capable d’en faire autant pour les deux personnes censées l’aimer sans réserve mais qui n’ont pas hésité à la foutre dehors. « Tu veux rester dîner ? » Qu’elle ajoute, parce que pour le moment, son plat ressemble à quelque chose et well, elle essaie. |
| | | | (#)Mar 25 Sep 2018 - 13:38 | |
| J’ignorai pourquoi j’avais tout cette fâcheuse tendance à croire que Simon pouvait répéter le moindre de mes faits et gestes à qui voudra l’entendre. Alors que oui, Lene avait raison, Simon ne parlait pas de moi et il se moquait sans doute de ce qu’il pouvait bien se passer dans ma vie. Il avait été présent à mon mariage pour la seule raison qu’il en avait l’obligation. Voulant faire sa place, la moindre occasion était bonne. A ce mariage, il y avait des personnes d’influences et c’était l’occasion pour lui de placer ses pions, jouer les bonnes cartes, bluffer ce monde dans lequel il voulait percer. Il portait parfaitement bien le costume que lui avait tailler notre propre père. A part ça, rien ne l’intéressait en effet, ma vie encore moins. Alors aller en conter les péripéties à Lene… « Mais, j’ai un pote photographe qui m’a passé la nouvelle. » J’étais bien curieuse d’en savoir plus à ce sujet mais je n’avais pas envie de mener mon enquête auprès de Lene. Il s’agissait peut-être d’un des photographes rencontrés lors de mes prospections pour soit le faire part, toit le photographe officiel de notre cérémonie et la fête qui en suivait. D’ailleurs, j’avais reçu les dernières photos il y a quelques jours et j’avais hâte de les montrer à nos invités lors de cette fameuse réception à laquelle je venais de convier Lene. « Donc, je ne suis pas invitée au mariage, mais à la petite surprise partie du mois d’après. T’as peur de quoi ? Que je débarque et que je maudisse ton premier né avec un rouet ? » Je restais de marbre devant sa dernière réplique. « je me serai bien passé de celle-ci. » Lene, toujours le mot pour faire plaisir. « Okay. C’était bas. J’arrête. » je prenais ça pour des excuses dissimulée. « Ma proposition est réelle. » reprenais-je. « J’ai pensé à t’inviter au mariage puis, les choses se sont enchainés, tout est passé très vite. » et peut être bien que finalement, ca m’arrangeait qu’il en soit ainsi. « Mais, je ne viendrais pas. » bon, je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’elle accepte après tout. J’avais fais un pas en avant. Elle ne reculait pas pour autant mais elle n’en ferait pas un de plus non plus. « C’est le dernier dimanche du mois. » si jamais elle changeait d’avis, mais je ne m’attendais pas à la voir. « C’est pas que je ne prends pas en considération le fait que tu aies du ravaler ta fierté pour le faire mais je ne serais pas capable de ravaler la mienne et passer sur l’occasion d’humilier nos parents. » Il était inutile d’en rajouter une couche. J’allais donc lui répondre par un sourire et ajouter que ma visite surprise était fini mais contre toute attente, Lene me fit une proposition à son tour. « Tu veux rester dîner ? » J’hésitais à me retourner pour voir si quelqu’un n’était pas planté derrière moi sans que je ne le remarque. Lene Adams venait-elle de m’inviter à rester avec elle pour partager un repas qu’elle préparait elle-même ? C’était déjà une première pour moi de la voir aux fourneaux mais ce serait encore plus inédit de goûter à ce qu’elle préparait. De quoi pourrions nous parler si j’acceptais de diner avec elle ? C’était une toute nouvelle expérience et de manière générale, j’étais plutôt frileuse devant l’inédit. « Eh bien… » j’étais hésitante et après tout, le pas que j’attendais de sa part, elle venait de le faire. « Roman n’est pas là ce soir et personne ne m’attends non plus… » mon mari était au ranch de ses parents comme il était courant en cette période. « Je veux bien rester. » dis-je en la regardant faire sa béchamel qui m’avait l’air pleine de grumeau. J’ignorais si c’était le moment ou non de donner des cours de cuisine à Lene, au risque de me faire jeter dehors aussitôt. Mais visiblement, c’était plus fort que moi. « Tu devrais recommencer… tu n’en feras rien. » J’allais à ses côtés pour y voir plus claire. « En réalité, tu dois mettre ton lait au fur et à mesure, pour éviter les grumeaux… » je n'étais pas une grande cuisinière mais j'appréciais de temps en temps faire de la bonne cuisine et j'avais quelques astuces à force d’expérience sans doute et aussi à force de voir Myriam faire lorsque j'étais plus jeune. La femme de ménage de nos parents qui quelques fois dans la semaine nous préparait aussi de bons repas. Elle m'avait appris beaucoup. « Enfin, tu fais comme tu veux... »
|
| | | | (#)Jeu 27 Sep 2018 - 1:51 | |
| « Je me serai bien passé de celle-ci. » En même temps, on peut pas demander à Lene d’arrêter un mécanisme de défense qui est le siens depuis qu’elle est capable de parler. Attaquer Eva, c’est s’assurer de l’affaiblir assez pour que ça ne soit pas elle qui porte le premier coup et garde la joute. Forcément, puisque cette dernière est en cours de mea culpa. Lene tente de jouer à l’adulte et de retenir ses remarques, ce qui n’est pas facile. Notons toutefois qu’elle se reprend rapidement. « Ma proposition est réelle. » insiste Eva, bien que dans le domaine de la persuasion, il lui reste un sacré long chemin à faire. Lene reste calme, mais elle ne peut pas empêcher ses tripes de lui crier de lui balancer la sauce au visage avant de se barrer en courant avec son chien sous le coude parce que maintenant, la sorcière connait son antre. « J’ai pensé à t’inviter au mariage puis, les choses se sont enchainés, tout est passé très vite. » Bon ça, elle n’a pas besoin de justifier. Dans l’hypothèse que Lene ait à se marier un jour, elle sait déjà qui ne sera pas conviée à la noce et cela peu importe l’effort. Mais bon, une remarque, c’est bien assez et bon Eva pouvait faire ce qu’elle voulait. Elles n’avaient de famille qu’un nom et une vague enfance commune. Rien d’autre. Et c’est pourquoi, elle lui donne très vite sa réponse : elle ne viendra pas. La décision n’est pas tant tournée contre Eva, même si l’idée que sa sœur passe pour charitable en invitant le petit canard de la famille lui donne de l’urticaire. Mais c’est surtout parce qu’elle sait qu’elle sera incapable de voir ses parents agir avec elle comme si de rien était sans leur faire regretter leur décision et bon, Lene est dans un assez bon jour pour ne pas gâcher celui d’Eva. « C’est le dernier dimanche du mois. » Qu’elle précise, ce qu’elle fait bien, des fois que ce jours-là, elle est la flemme et se décide à jouer les piques assiettes en amenant Andy avec elle. Mais bon, cela reste peu probable. Plus fort que son côté profiteuse, il y’a sa fierté. Elle justifie toutefois les raisons qui la poussent à refuser. Elle ne dirait pas que c’est sa faute à elle, mais si elle peut supporter Eva dans son entourage parce qu’elle estime qu’elle ne peut pas l’atteindre. Les parents, c’est une autre paire de manche, un level de haine supérieur. Un peu coupable malgré tout parce qu’elle se montre réfractaire à ce pas en sa direction (quoique qu’elle dirait qu’elle en a fait un en la laissant parler et en ne l’insultant pas trop violemment) et devant son plat de lasagne qui n’en est pas encore mais qui sera bien suffisant pour deux, elle se décide à l’inviter. Vraiment pour dire qu’elle mûri et parce que, comme l’avait pointé Tony la dernière fois, si elles veulent être présente pour Elliot, il faudra des compromis. « Eh bien… » Bon, elle n’a pas l’air jouasse. Lene ne compte pas sans offusquer, c’est proposé sans prétention. « Roman n’est pas là ce soir et personne ne m’attends non plus… » Donc, ça veut dire que oui ou que non mais sans lui sortir de mauvaise excuse ? « Je veux bien rester. » Bien, voilà une réponse. Maintenant, Lene n’avait plus qu’à faire un repas correct. Des fois que si ça se digère mal, elle ne se retrouve pas avec une plainte pour tentative d’homicide aux lasagnes avariées. Lene n’ajoute rien, revenant à sa casserole qui ne donne pas un résultat plus concluant. « Tu devrais recommencer… tu n’en feras rien. » ajoute Eva, provoquant un léger spasme chez Lene qui ne supporte pas qu’on lui donne des conseils mal venus. Mais, elle retient son retour parce qu’elles doivent montrer de la maturité. « En réalité, tu dois mettre ton lait au fur et à mesure, pour éviter les grumeaux… » Et depuis quand Eva sait-elle cuisiner ? Mademoiselle a qui on a toujours tout servi sur un plan d’argent ? Lene ne prend pas la peine de sortir la vanne. « Enfin, tu fais comme tu veux... » Elle se pince la joue, se retenant très très fortement avant de se retirer. « Tu peux la faire sinon ? Je m’occuperais de la bolognaise. » Elle le propose gentiment, au moins parce que comme ça, elle se défait de la tâche difficile. « J’ai un deuxième tablier, si tu ne veux pas te salir. » A vrai dire, c’était celui de Matt, une des merdes qu’elle avait acheté au téléachat parce qu'elle trouvait drôle qu'il y'ait un torse musclé et poilu dessiné dessus. Elle lui tend l’objet, nouant le nœud dans son dos avec une sollicitude surprenante. « Et donc, depuis quand tu sais cuisiner ? » Qu’elle demande, curieuse, tout en coupant ses tomates dans son coin. Après tout, s’il faut faire la conversation. |
| | | | (#)Jeu 4 Oct 2018 - 10:57 | |
| La position de Lene était bien claire, elle ne se présenterai pas à cette célébration post mariage. Et j’en avais fini d’être si insistante, ca pourrait poser question, être louche finalement. Mais ce n’était pas un piège que je lui tendais pour autant. Qu’elle puisse penser ce qu’elle veut après tout, de mon côté, j’avais mis suffisamment d’eau dans mon vin. On pouvait sans doute remercier Milena qui pendant des mois et des mois me disait que je pourrais aussi être en paix avec moi-même si j’arrivais à faire la paix avec ma sœur et mes démons. Lene faisait en effet partie de ces démons qui me hantaient, je n’étais pas capable de le formuler ainsi il y a encore quelques mois, plutôt du genre à vouloir l’écarter de tout et de ne la lier d’aucune façon à ma vie. Mais finalement, j’étais bien obligée d’admettre qu’elle restait ma sœur et que nous étions bien liées. Elle avait pris une part importante de ma vie à un moment donné, tellement que j’avais tout fait pour l’éloigner de notre famille. La tenant première responsable des malheurs que notre famille pouvait connaitre. Lene était mon ennemi numéro un et elle me l’avait bien rendu. Il serait peut-être temps de mettre tout nos différents de côté. Milena était certaine que ça ne pourrait qu’aller mieux ensuite, j’avais du mal à y croire mais petit à petit, l’idée faisait son bout de chemin dans ma tête. Etant libérée de plusieurs poids maintenant : l’annonce de ma stérilité était si libératrice pour moi, maintenant, j’avais d’autres chats à fouetter, Lene en faisait partie. Voyant Lene faire sa cuisine, c’était bien plus fort que moi de lui donner des directives, plutôt des conseils sur sa manière de faire. « Tu peux la faire sinon ? Je m’occuperais de la bolognaise. » J’entendais un grincement dans sa voix, un agacement que j’avais prévu mais qu’elle tentait de dissimuler avec tant d’effort, la proposition était tout de même faite gentiment. Et en même temps elle se libérait sans doute de cette tâche. « J’ai un deuxième tablier, si tu ne veux pas te salir. » très bien, un tablier. « je veux bien ! » dis-je en attachant déjà mes cheveux avec l’élastique que j’avais au poignet et retroussant mes manches. Lene me tendit le tablier en question et mon air dépité en disait long sur ce que je pouvais penser à ce sujet. Elle m’avait eu et je sentais bien son air satisfait qu’elle pouvait avoir en nouant le nœud derrière moi. « et bien me voilà en tenue de combat… » avec un corps d’athlète poilu, la perfection. Je tentais d’en faire abstraction et je me mis à nettoyer la casserole que Lene avait utilisé avant de m’en servir moi-même pour faire cette béchamel. « Et donc, depuis quand tu sais cuisiner ? » tout en préparant mes ingrédients, je lui répondais. « On peut pas vraiment dire que je sais cuisiner. C’est plutôt Roman, d’habitude qui fait la cuisine. Mais j’ai quelques reflex. J’ai longtemps observé Myriam. » Farine, lait, beurre, je pouvais commencer à cuisiner. « Et tu sais, ca commence à faire longtemps que je suis partie du domicile familial, je te promets qu’il y a beaucoup de chose que je sais faire par moi-même. J’ai beau avoir une femme de ménage qui vient six heures par semaine chez moi, j’en fais suffisamment aussi. » et cuisiner faisait partie des choses que nous faisions nous même. J’observais la maison de ma sœur, elle ne semblait pas vivre seule ici ou en tout cas, il y avait des affaires qui traînaient un peu partout qui ne semblaient pas lui appartenir. « Tu es en colocation ? » dis-je avec une once de jugement dans ma voix. Pour moi, les colocations étaient destinées aux pauvres étudiants, aux personnes un peu paumées, aux gamins sans avenir… pas pour des personnes adultes et responsables.
|
| | | | (#)Dim 7 Oct 2018 - 16:54 | |
| Non parce que, elle veut bien essayer d’être sympa et de prendre sur elle, allant même jusqu’à accepter qu’Eva dans la maison et encore plus osé, l’inviter à dîner. Mais, ce n’était pas la porte ouverte à ce que cette dernière se permette de lui donner des conseils qu’elle va prendre pour des ordres. Très certainement que, pour que cette soirée ne se termine pas en eau de boudin, il voudrait mieux que le langage s’en tienne à des affirmations, voir des questions mais que surtout pas, elles n’entrent dans le domaine de l’impératif. Là, il y’en a une qui risquerait de faire partir la mèche à laquelle elle se retient de mettre feu. Malgré tout, elle sait se saisir de la remarque d’Eva pour déléguer cette béchamel qu’elle tente de faire depuis presque une heure et sans succès. Au moins, elle ne sera pas venue pour rien. « Je veux bien ! » Qu’elle répond à son offre de tablier, Lene observe sans peine cette tête qu’elle fait à la vue du motif mais bon, pour se recevoir de la sauce en pleine tronche, y’a pas besoin d’un dessin spécial « et bien me voilà en tenue de combat… » Qu’elle commente avec de s’y mettre, Lene se range un peu plus loin pour commencer à découper ses tomates. Elle attendra que le feu soit libre pour la suite et parce que de passer la soirée à s’observer dans le blanc des yeux en silence ne la tente pas, elle se risque à poser des questions car après tout, il est surprenant d’entendre qu’Eva sait faire quelque chose d’autre que de casser les burnes. « On peut pas vraiment dire que je sais cuisiner. C’est plutôt Roman, d’habitude qui fait la cuisine. Mais j’ai quelques reflex. J’ai longtemps observé Myriam. » Ouais, Myriam. Les yeux de Lene se lèvent au ciel à l’entente du prénom de cette dernière : La gouvernante de la fratrie Adams. Il ne s’agit pas d’une personne qu’elle tient en estime, toujours derrière son cul à la réprimander tandis que l’autre avait droit à tout. Il est des noms à ne pas prononcer. « Et tu sais, ça commence à faire longtemps que je suis partie du domicile familial, je te promets qu’il y a beaucoup de chose que je sais faire par moi-même. J’ai beau avoir une femme de ménage qui vient six heures par semaine chez moi, j’en fais suffisamment aussi. » Eva, ou comment placer dans la conversation qu’elle a toujours des laquais. Lene ne rit pas mais elle a beau avoir quitté le domicile familial, comme elle dit, elle a toujours le sentiment d’entendre leur mère dès qu’elle s’exprime. N’empêche, elle garde la curiosité de demander ce qui se cache derrière son « suffisamment. » « Tu es en colocation ? » demande alors Eva, Lene en vient à s’apercevoir qu’elle a les yeux qui traine et un peu partout, on peut voir des restes d’affaire que Matt n’a pas emporté avec lui. « Non, je vis seule avec mon chien. » Elle répond simplement, puis avant qu’Eva ne pose la question que tout le monde se plait à poser, elle prend les devants. « Matt est parti vivre de son côté il y’a quelques mois. » |
| | | | (#)Lun 15 Oct 2018 - 21:40 | |
| J’ignorai si c’était une bonne ou une mauvaise idée d’être restée pour aider Lene à préparer ce repas et surtout pour rester manger ensuite. J’étais venue ici dans la simple idée de faire un pas en avant, pas vraiment de faire semblant de créer un lien fraternelle avec elle. J’avais été surprise par sa proposition, agréablement peut être mais c’était pour moi encore trop tôt pour me sentir totalement à l’aise ici. Alors j’étais concentrée sur ma tâche, la béchamel et je m’étais mis une espèce de pression m’obligeant à la réussir. Si non, j’étais sûre d’en entendant parler pendant un moment. Celle qui se permet de donner des conseils pour au final ne pas être foutu de les appliquer. J’espérais que mes années à observer Myriam allaient enfin payer. Je restais silencieuse avant d’observer la maison de Lene. J’étais pas si surprise en voyant ces vêtements et quelques autres affaire qui devaient appartenir à un homme. Il me semblait bien qu’en effet Tony m’avait dit que Lene ne vivait pas seule mais c’était il y a bien longtemps à présent. « Non, je vis seule avec mon chien. » je la regardais, surprise par cette réponse, ça devait se lire sur mon visage d’ailleurs. « Je cr… » Lene pris aussitôt la parole. « Matt est parti vivre de son côté il y’a quelques mois. » Ah voilà ! Matt, ce prénom me disait bien quelques choses maintenant. « C’est ce qu’il me semblait oui… » j’étais bien curieuse de savoir ce qui avait causer leur séparation, enfin, le fait qu’il soit partie d’ici. « Il a fini par craquer ? » osais-je demander, cet humour qui ne faisait sans doute rire que moi dans cette pièce. « T’es sûrement aussi bien à vivre seule avec ton chien. » et quand on parle du loup, voilà que la bête poilue arrive en courant dans la cuisine, faisant le tour de la table et allant ensuite se coucher aux pieds de sa maitresse. « C’est là que j’étais censée m’en aller non ? » une fois que le toutou avait fini sa promenade dans la cour. Je diminuais la puissance sous la casserole où la sauce commençait à épaissir, sans l’ombre d’un grumeau, alléluia. « Ce sera prêt dans deux minutes… » J’estimais avoir fini mon job et je pouvais enfin retirer ce tablier immonde que je portais depuis plusieurs minutes. « T’as des projets en ce moment ? » j’ignorai tout de Lene et peut être que pour commencer, en savoir un peu plus sur elle, sur ce qu’elle pouvait faire en ce moment, ça pouvait être un bon début. « tu conduis toujours des taxis ? » |
| | | | (#)Lun 29 Oct 2018 - 20:38 | |
| Aucun Adams ne croirait à la scène qui est en train de se produire et à raison, parce que Lene prend beaucoup sur elle pour ne pas céder à ce tempérament qui la pousse à chercher à blesser Eva dès que celle-ci apparait dans son champ de vision. Après tout, ce n’est jamais chose aisé que de ne pas activer un mécanisme qui lui est propre depuis son tout âge et si jamais elle cède, elle pourra toujours répondre à son aînée qu’elle est ainsi par sa faute, parce que sa jalousie et ses brimades ont fait d’elle la saleté qu’elle incarne aujourd’hui. Elle se mord toutefois les lèvres, gardant en tête de ne rien répondre parce que dans le fond, ce qui lui ferait le plus mal dans cette histoire, ce serait qu’Eva obtienne gain de cause parce qu’elle se montre la plus adulte auprès d’elle. En revanche, elle ne peut s’empêcher de se mettre sur ses gardes dès le moment où elle se risque à poser des questions personnelles, sur des sujets dont c’est une surprise que ça puisse l’intéresser. Mais au lieu de s’étonner longtemps, Lene se dit qu’elle doit probablement se demande si quelqu’un d’autre arrivera ou non. « C’est ce qu’il me semblait oui… » Ouais, qu’elle en profite si jamais elle avait un mot à dire de travers parce que ce serait bien la seule fois où Lene le lui passerait. Quoique, elle serait capable de prendre pour elle les propos d’Eva aussi. « Il a fini par craquer ? » Le couteau dont Lene se sert fait un arrêt net après avoir tranché la tomate. Elle reste interdite deux secondes, à se demander ce qu’elle insinue par là, à se mordre pour ne pas répliquer à ce qui doit être une tentative d’humour. Du moins, afin d’être adulte, c’est ce dont elle essaie de se persuader. « T’es sûrement aussi bien à vivre seule avec ton chien. » La remarque résonne assez mal en elle. Lene ne souhaite pas spécialement vivre avec quelqu’un à ce moment précis mais en l’entendant et y réfléchissant, elle se dit que l’opinion d’Eva lui fait probablement le même effet que les paroles qu’elle avait eu à son égard le jour de la naissance d’Elliott, quand elle lui a dit qu’adopter restait une possibilité. « C’est là que j’étais censée m’en aller non ? » Elle la coupe dans ses pensées. Lene suit des yeux le chien qui revient au salon pour se poser sur son coin du canapé. Lene se retourne après avoir repris ses tomates en main. « Tu fais ce que tu veux. » Qu’elle répond, simplement. Elle ne va pas la retenir pas plus qu’elle ne la mettra dehors, si c’est ça sa pensées. « Ce sera prêt dans deux minutes… » Qu’elle annonce, rapidement, elle rassemble ses tomates dans une casserole pour l’y remuer avec la sauce qu’elle a acheté. « Parfait, je prends les fourneaux juste après. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle n’ajoute rien de plus. Visiblement, il semble plus simple pour Eva d’avoir à faire la conversation, même si Lene ne peut s’empêcher de se mettre sur ses gardes. « T’as des projets en ce moment ? » Elle arque un sourcil. Profiter que Matt soit sur la table pour se moquer de lui, lui rappeler qu’elle est sortie avec un bon à rien, elle comprend mais depuis quand s’intéresse t-elle à ses envies. « Je prépare une course. » Qu’elle répond, sur la défensive parce qu’autrement, ça ne serait pas naturel. « Tu conduis toujours des taxis ? » Parce que forcément, qui dit « course » devait aussi dire que c’était relié à son travail. Alors qu’elle tente de s’appliquer sur sa sauce qui cuit, elle répond en haussant les épaules. « Non, je travaille dans une caserne de pompier maintenant, mon taxi a fini à la casse. » |
| | | | (#)Jeu 15 Nov 2018 - 12:03 | |
| Le chien de Lene de retour, j’étais bien censé débarrasser le plancher une fois qu’il avait fini son tour de maison. C’était la parole d’une Lene qui ne semblait pas très ouverte à m’écouter alors que j’avais à peine mis un pied chez elle. Mais elle s’était vraisemblablement détendue et apaisée ensuite. J’ignorais si faire la cuisine la rendait plus douce et plus humaine, mais il semblerait que ça lui réussisse. J’avais ensuite participé à l’élaboration de son plat à lasagne alors en effet, partir avec cette odeur italienne dans les narines serait de la torture. Les tensions pouvaient encore être palpable, nos échanges n’étaient pas si naturels que j’aurai apprécié qu’ils soient mais c’était mieux que ça ne l’avait jamais été. Je n’étais pas venu ici avec des souhaits de gamine irréalisables. Mon idée n’était pas de retrouver une sœur que je n’avais jamais eu, simplement de pouvoir avoir une relation d’adulte à adulte, sans crépage de chignons et remarques déplacées surtout que Lene était très douée à ce petit jeu. Des remarques tranchantes qui me remettent bien en place et qui peuvent parfois même me toucher. J’avais beau dire ce que je voulais, que Lene ne faisait plus partie de cette famille, qu’elle n’était personne à mes yeux, je devais bien avouer qu’il m’était difficile de rester toujours indifférente à ses propos. Maintenant que mon rôle dans cette cuisine était fini, je restais en retrait, lui demandant ensuite quels étaient ses projets du moment. Quitte à rester pour manger, autant faire passer le temps plus vite en discutant. « Je prépare une course. » réponse assez brève et très vaste, une course de quoi ? Je ne la savais absolument pas sportive au point de courir un marathon mais en même temps, ne j’avais aucune idée de ses prouesses physiques. Mais pour une ancienne surfeuse, il fallait surement avoir une bonne condition pour aller caresser les vagues. « Une course de ? » les compétitions sportives ne m’avaient jamais vraiment attirée. Je préférais entretenir mon corps par des entrainements réguliers, de l’activité physique un peu chaque jour, mais je n’ai jamais ressenti le besoin de repousser mes limites et de prouver quoi que ce soit, pas sur ce point-là. J’avais suffisamment à faire dans ma vie professionnelle où là, j’avais le discours tout à fait opposé. Lene m’annonce ensuite ne plus être taxi mais dans une caserne de taxi, j’en étais presque bouche bée. « une caserne de pompier… » la surprise était totale. « tu y fais quoi ? » j’étais bien curieuse de savoir à quel poste elle pouvait bien être. Être pompier ou travailler dans ce domaine exigeait forcément d’avoir un peu d’empathie pour les autres, d’être un minimum altruiste. J’avais des difficultés à imaginer Lene à sa place dans cet endroit. |
| | | | (#)Dim 18 Nov 2018 - 14:27 | |
| Elle tente de ne pas le regretter aussitôt après lui avoir dit qu’elle pouvait rester là parce qu’elle réalise qu’elle va devoir passer toute une soirée avec Eva. Cela n’était pas arrivé depuis plus de quinze ans, à l’époque où elle était encore une adolescente, où elle vivait chez ses parents qu’Eva aussi et même encore à ce moment-là, c’était soit le silence, soit la Troisième guerre entre les deux sœurs mais jamais rien de cordial à partager. Ce soir est donc un véritable inédit et là où Lene aurait été capable de tenir un semblant de conversation pendant quelques minutes, elle réalise que là, elle va devoir tenir plusieurs heures et que ça demande une patience qu’elle n’a jamais eu. Dieu merci, en tant que digne fille de son politicien de père, Eva reste parfaitement capable de brasser du vent et faire semblant de s’intéresser à elle en lui posant des questions, ce que Lene est bien incapable de faire à cause de la certitude que ses réponses seraient d’un ennui. Ce n’est pas pour autant que la brune cherche à lui glisser le plus d’informations. Lene s’était toujours évertuée à en faire le moins savoir sur elle-même. « Une course de ? » Elle sait qu’elle a lancé le sujet, qu’elle aurait pu répondre qu’elle n’a rien de prévu mais dans la mesure où elle a brièvement évoqué le sujet, elle ne peut pas vraiment faire marcher arrière et faire genre qu’elle ne veut rien en dire. « De voilier. » Parce que oui, elle devine la surprise sur son visage, mais elle a bel et bien un voilier désormais. « Je fais Sydney-Hobart après Noël, j’essaie de m’entrainer tous les week-end pour ça. » Il ne resterait qu’à Eva à cacher sa joie d’apprendre que Lene s’apprête à faire l’une des courses de voiliers les plus dangereuses et qu’il reste une possibilité infime d’accident. Enfin, elle sait que si les situations étaient inversées, elle aurait cette pensée automatiquement. Eva en vient à demander des informations sur sa vie professionnelle. Visiblement, l’absence de son bon vieux tacot sur le devant de la maison ne l’a pas effleuré. « Une caserne de pompier… » Les bras ont de lui en tomber. Pourtant, dans les faits, Lene n’avait pas l’impression que ce soit surprenant. Elle a toujours été formée aux bons gestes et la forme sportive demandée pour l’exercice de cette fonction. « Tu y fais quoi ? » Là, c’est Lene qui est surprise. La question est ridicule. Que peut-on faire à son avis dans une caserne de pompiers ? « Bah, la vaisselle ! A ton avis, qu’est-ce qu’on fait dans une caserne ? » Forcément qu’elle s’agite, parce que ce que sa question insinue est en train de commencer à la chauffer |
| | | | (#)Mer 19 Déc 2018 - 13:13 | |
| Lene avait toujours été imprévisible, loin de rentrer dans des cases, d’accepter d’avoir une étiquette collée sur le front. Le contraire aurait sans doute facilité notre vie de famille. Nous aurait évités d’avoir à cacher un squelette dans un placard. Je pouvais lui accorder une chose, sans elle, je n’aurai sans doute pas autant développé mon sens de la stratégie, du complot, de la manipulation. Il fallait de toute évidence éloigner le noyau pourri avant qu’il ne contamine les membres de ma famille. Je n’avais jamais cherché à connaitre ma propre sœur, jamais cherché à la comprendre non plus. Mon seul but avait toujours été de la garder loin afin de préserver la parfaite image des Adams. Cette famille soudée et sans problème, un modèle de force, cette famille qui en impose. Il était impossible qu’un scandale familial vienne nous faire de l’ombre et nuise à la carrière de mon père, de ma carrière aussi. Il est certain que je ne serai pas à ma place aujourd’hui si notre nom avait été sali à cause de Lene. Etouffer le problème dans l’œuf. Et les années sont passées et j’en sais toujours si peu à propos de ma sœur. On ne se connait pas, on ne connait l’une de l’autre que ce qu’on a toujours voulu voir et rien de plus. Mes derniers problèmes et surtout toutes mes discussions récentes avec Milena m’ont permises de faire du tri dans mes pensées, de revenir en arrière et d’y voir plus clair. Il n’était pas question pour moi de me faire une nouvelle sœur, de jouer à la grande sœur parfaite. Il était simplement temps de terminer cette guerre et d’apaiser tout le monde. Sydney-Hobart faisait partie de cette imprévisibilité. Jamais je n’aurai pensé qu’elle participerait à ce genre d’événement et qu’elle en serait même capable. Mais si elle avait pu faire du surf pendant de longues années, l’eau ne lui faisait pas peur, naviguer pendant quelques jours. « Tu connais les risques, je suppose. » passer par-dessus bord, la noyade, le froid… « qu’est ce qui peut bien te passer par la tête pour vouloir sans cesse jouer avec le feu ? » intrépide, je n’employais pas un ton accusateur, je me posais simplement des questions. Comment peut-on avoir ce gout pour le risque sans arrêt. De qui pouvait-elle bien tenir ça ? « j’espère en tout cas que ça se passera bien... » je ne pouvais que lui reconnaitre son courage à cet instant présent. J’apprenais ensuite qu’elle était donc pompière. Après l’appel de la mer, l’appel du feu, deux éléments aussi dangereux l’un que l’autre… j’en revenais à ma conclusion. Lene était une boule d’énergie, une boule de nerf et peut être qu’elle avait ce besoin de flirter avec la mort pour se sentir vivre. « et pour Noel, tu as prévu quoi ? » là n’était pas le but de la convier à notre petit repas de famille, elle n’était absolument pas la bienvenue. « tu vas sans doute être très occupée pour la course, de toutes façons… »
|
| | | | (#)Lun 14 Jan 2019 - 21:36 | |
| Elle devait reconnaitre à Eva de faire l’effort. Non pas qu’il soit d’une capitale importance à ses yeux que cette conversation termine sur une note positive mais si Eva fait preuve de maturité, alors elle doit en faire autant, au moins pour l’empêcher de ressortir d’ici avec l’image de « grande personne » tandis que celle de « gamine trop gâtée » lui resterait collée à la peau. A ce jeu, elle ne peut pas accepter qu’elle gagne alors tant que la perche ne sera pas lancée, Lene n’en fera rien. Ce consensus n’empêche pas pour autant qu’il reste très compliquée pour la benjamine Adams de faire la conversation avec son aînée tant ses histoires ne peuvent que très peu l’intéresser. De lui demander ses projets, elle en serait incapable parce qu’elle devine aisément une répondre ronflante qui témoignerait de la personnalité sans intérêt d’Eva. Une bonne chose que ce soit elle qui soit capable de mettre ses à priori de côté parce qu’autrement, le silence ferait son bruit avant de déboucher sur une traditionnelle dispute. « Tu connais les risques, je suppose. » Une question qui n’en est pas une. Lene lève les yeux vers sa sœur, cherchant à déceler dans son regard si elle est en train de penser qu’elle est à six mois de possiblement se débarrasser à jamais d’elle. Malheureusement, le ton est trop neutre pour y déceler une imagination fertile où elle disparaitrait en passant par-dessus bord. Les risques, évidemment que Lene les connaissait. Il n’y avait qu’à se replonger vingt ans en arrière, où la course avait parlée d’elle pour le nombre de mort que cette édition avait compté. Mais, c’était quelque chose que Lene voulait faire et ça, elle ne laissera pas une chance potentiel d’y rester l’en empêcher. Ce n’est pas un argument qu’elle exposerait à sa sœur mais elle n’a rien à perdre, et si la tempête qui avait ravagé Brisbane deux ans plus tôt lui avait appris quelque chose, c’est qu’elle ne manquerait à personne. « Je les ai tous en tête. » Qu’elle répond en haussant les épaules, comme si ce n’était. Après tout, mieux vaut mourir en prenant un risque qu’être bêtement renversée par une voiture. « Qu’est ce qui peut bien te passer par la tête pour vouloir sans cesse jouer avec le feu ? » ajoute Eva, sans montrer la moindre once de l’inquiétude que l’on aurait pu attendre avec ce type de question. Lene quant à elle reste dubitative. Elle n’a pas l’impression de jouer avec le feu. A vrai dire, elle a l’impression de prendre un véritable risque pour la première fois de sa vie. Ses épaules se lèvent à nouveau, sa bouche étant incapable de trouver une véritable réponse à cette question. « J’espère en tout cas que ça se passera bien... » conclut-Eva sans avoir eu de réponse de sa sœur qui ne la quitte pas du regard, elle sait que ce n’est que de la politesse mais elle n’était pas obligée de le dire, la bienséance n’avait jamais eu place entre elles. « et pour Noel, tu as prévu quoi ? » Elle change de sujet tout au tout, amenant une grimace sur le visage de Lene si elle compte à nouveau l’inviter quelque part où elle devra se cogner la face de ses parents. « tu vas sans doute être très occupée pour la course, de toutes façons… » Poursuit Eva, provoquant un soulagement chez Lene, qui perçoit son ajout comme une tentative de se défausser d’elle, comme si elle s’était rendu compte d’avoir dit une connerie. « Je travaille le soir du réveillon, puis le matin, je prends l’avion pour Sydney avant de lancer la course le lendemain. » Encore une fois, sa réponse reste factuelle, comme si elle n’essayait même pas d’éveiller l’attention de sa sœur. « Mais ne t’en fais pas, je n’aurais pas eu l’intention de venir le passer en famille. » Qu’elle ajoute en sortant le couvert de ce soir pour le poser sur sa table de cuisine. « Tu ne t’ennuies pas ? Quand tu as avec eux à brasser du vent ? Je suis sûre que maman fait toujours sa dinde aux marrons et que papa fait toujours semblant d’aimer ça, qu’il prend toujours un moment avec Tony et Simon pour fumer un cigare entre homme en te laissant parler chiffon avec maman. Puis qu’on en est à se poser des questions, t’as jamais eu envie de poser un coup de pieds dans la fourmilière ? » |
| | | | (#)Dim 27 Jan 2019 - 15:36 | |
| Le programme de Lene pour les fêtes ne me faisait absolument pas envier. Travailler un soir de Noel était difficilement envisageable pour moi. Prendre un avion ensuite pour aller a mille kilomètres dans le but de risquer sa vie sur un bateau l’était encore moins. « Tu ne t’ennuies pas ? Quand tu as avec eux à brasser du vent ? Je suis sûre que maman fait toujours sa dinde aux marrons et que papa fait toujours semblant d’aimer ça, qu’il prend toujours un moment avec Tony et Simon pour fumer un cigare entre homme en te laissant parler chiffon avec maman. Puis qu’on en est à se poser des questions, t’as jamais eu envie de poser un coup de pieds dans la fourmilière ? » Je pensais encore à ma rencontre dernièrement avec Levi, qui s’entendrait surement encore très bien avec Lene s’ils se revoyaient, où il me disait n’avoir aucune attache et ne dépendre de personne. Me renvoyant en pleine face que ma vie était bien nulle avec toutes mes obligations. Seulement, cette vie là me permettait d’avoir des remparts et des béquilles pour ne pas tomber. Sans toutes ces sécurités qu’étaient ma famille, mon époux, mon travail, je n’ai aucune idée de comment je pourrais encore tenir debout. C’était pour moi impensable de vivre sans savoir de quoi serait fait mes lendemains, le contrôle et la routine m’étaient indispensables. Pourtant, j’avais déjà songé à tout envoyer balader, l’idée me venait soudainement mais repartait aussi vite. Changer de travail, arrêter de répondre toujours oui aux désirs de papa et maman, pousser un cri quand j’ai l’impression que l’étau se serre, comme une scène angoissante d’un film d’horreur où les murs se rapproche de ses victimes, ce sentiment de manquer d’air. Puis j’me dis que c’est ça ma réalité, que c’est ça ma vie et qu’elle a toujours été ainsi. Qu’elle a fait ce que j’étais aujourd’hui et j’en étais assez fière. Ma réussite professionnelle n’était que le fruit de mon travail, de mes engagements et de mon implication chaque jour dans les tâches que j’entreprends. Faire ses preuves, se dépasser et donner toujours plus, c’est ce qui rythme mes journées, ce qui me motive et me nourrie chaque jour. Ce qui me rend fière. Je vois parfaitement ce que veut dire Lene, cette routine qui s’installe, ces mêmes scènes qui se répètent à chaque rassemblement familiale. Les moments privilégiés entre père et fils te faisaient comprendre que tu ne seras jamais dans la même cours malgré tous les efforts fait pour être au sommet. Ce sentiment qu’il y aura toujours à faire ses preuves et que même si ta place au sein de cette société est bonne, tu resteras une femme. Une femme qui plus est ne peut répondre à sa fonction d’enfanter. J’ai bien senti cette déception familiale, ce semblant de reproche comme si c’était ma faute. Je me redressai face à Lene, gardant la tête haute. Finalement, si j’avouais. « c’est pas impossible… » j’étais venue pour baisser les armes, jouer carte sur table. « mais j’ai pas de grandes ambitions de liberté non plus. J’ai un cap à maintenir, finalement, tout ça, ça me va. J’ai pas besoin de plus ou d’autre chose. Et si un jour j’ai envie d’hurler un bon coup, il suffit de me rendre compte que j’ai beaucoup de chance pour ne pas le faire. On est une famille de privilégiés ici à Brisbane, dans le Queensland, j’suis reconnaissante de tout ça… j’aurai la sensation de planter un couteau dans le dos de nos parents. » des remords sans doute, mais des regrets… bonne question. |
| | | | | | | |
| |