Assise sur le fauteuil à côté du lit de maman, je soupire doucement. Il est tard, vraiment très tard et j'attends qu'Andrew vienne faire son diagnostique post opératoire. Maman avait dit fini les opérations mais j'ai réussi à la convaincre. Une dernière, le tout pour le tout. Et la première chose qu'elle a fait en ouvrant les yeux, c'est signer ce foutu ordre de ne pas réanimer. Si quelque chose tourne mal, elle refuse qu'on la sauve, elle en a assez, elle s'est assez battue. Il n'y a plus grand monde à l'hôpital et je devrais être rentrée depuis longtemps mais je refuse de l'abandonner ici, toute seule. Je ferme les yeux, ma main sur la sienne, prête à me réveiller si elle vient à bouger. Je commence presque à m'endormir quand j'entends la porte de la chambre s'ouvrir. Je me tourne vers celui que je pense être le médecin. Mais ce n'est pas le cas. " Papa ? " Comment est-ce que je peux l'appeler comme ça ? Il n'est pas mon père, tout juste mon géniteur. " Gwendolyn " C'est tout ? Connard, retourne d'où tu viens et ne fais jamais demi tour, merci. " Tu n'as rien à faire ici " Que je lance en détournant le regard, posant les yeux sur ma mère, toujours paisiblement endormie. " Je doute qu'elle ait envie de te voir après toutes ces années " Ça fait quoi ? Dix ans qu'on ne s'est pas vu alors il peut retourner d'où il vient. Sauf que ce qu'il m'annonce me tord les boyaux. " C'est ta mère qui m'a appelé et demandé de venir pour que tu ne sois pas seule quand elle… " Il est incapable de finir ma phrase et moi je suis incapable de croire les mensonges qui sortent de sa bouche. " Jamais elle n'aurait fait ça et je n'ai pas besoin de toi ! J'ai perdu mon père quand j'avais seize ans, je n'ai pas besoin de lui maintenant. Et je m'appelle Wendy, pas Gwendolyn " Que je souffle en me levant pour lui faire face. On ne s'est pas vu depuis qu'il m'a dit que je devais consulter un médecin parce que l'homosexualité est une maladie. Oui, une maladie qu'on chope la tête entre les jambes d'une personne du même sexe que soi, c'est bien connu. Il a le dossier de maman en mains et son regard change. " Miriyan l'a opéré ? Hors de question qu'il s'occupe d'elle ! " Il est rouge, les sourcils froncés et je ne l'ai pas vu comme ça depuis longtemps. Qu'est-ce qu'il se passe ? À lui aussi, il lui a dit de se faire soigner ? " C'est le meilleur traumato de la ville ! Bien sûr qu'il va s'occuper d'elle ! Tu te prends pour qui au juste ? Tu disparais pendant onze ans et tu penses que tu as le droit de donner des recommandations quant aux soins de maman ? Vous êtes divorcés, tu n'as plus ton mot à dire ! " Que je crache, haineuse comme jamais. On ne m'a jamais vu comme ça. " Wendy chérie, s'il te plait… " Je me tourne vers ma mère et quand son regard se pose sur mon père, elle sourit, ce qui me retourne l'estomac. Elle l'aime toujours. Onze ans après. Putain que ça fait mal. Elle l'a quittée pour moi, je le sais bien. Elle l'a quittée pour me protéger. Et parce qu'il était complètement taré avec cette idée de me faire 'soigner'. " Il ne veut pas que le Docteur Miriyan fasse ton suivi et je veux savoir pourquoi " Que je lance en croisant les bras sur ma poitrine. C'est quoi son excuse à la noix ? Il s'est tapé sa mère, sa petite soeur ?! " Alors ? J'attends ! Et j'ai pas toute la nuit " Que je crache en dévisageant mon géniteur. Ce caractère de cochon, je le tiens de lui. S'emporter facilement, c'est tout lui. Mais il n'y a que lui qui me met dans cet état. Et alors qu'il commencerait presque à ouvrir la bouche, c'est la porte qui s'ouvre à nouveau. Ma mère se redresse doucement et moi, je suis bien contente que le principal intéressé soit parmi nous.
La pauvre Wendy. L'état de sa maman s'était dégradé. Alors, bien sûr, il n'avait pas pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil. et de proposer son aide au besoin. Chose que Wendy avait accepté. Ca avait été compliqué. Vraiment compliqué de faire accepter à sa mère que ... Et bien, qu'il y avait une chance que la chirurgie fonctionne bien et qu'elle aille mieux. Bien mieux. Seulement, comme toute chirurgie, c'était ... parfois ... Comme dire ... Et bien, rien n'était certain. Il y avait des complications parfois. Pas toujours. Mais ça arrivait. Bien malheureusement. Quoi qu'il en soit, Andrew n'était pas parti. Pas encore. Non. Ca faisait déjà quelques heures qu'il avait terminé. Mais quand il opérait quelqu'un, il ne partait pas. Il préférait attendre un peu. Et revenir plus tard. Pour s'assurer que tout allait bien. Et puis, il était resté pour Wendy également. Ce n'était pas forcément la forme. C'était une situation difficile pour elle. Et c'était compréhensible d'ailleurs. Son père ou sa mère ... serait dans la même situation, il serait inquiet. Aussi. Donc, s'il pouvait accorder un peu de son temps à Wendy et la rassurer. L'aider. Lui remonter le moral, ça ne serait pas une mauvaise chose en soit. Bien au contraire. "Elle est encore là ?" avait demandé Andrew. On lui fit un signe de la tête. Un signe positif. Il prit une lente inspiration. Ca serait pas une mauvaise chose si ... Et bien, si elle rentrait chez elle. Non. Ca pourrait être bien qu'elle rentre à la maison un moment. Pour se reposer. Parce qu'elle allait finir par être exténuée. Et ce n'était pas bon pour elle. Ce n'était clairement pas bon. Elle avait besoin de repos. Elle avait de dormir un peu. Sans quoi, il y aurait deux Carmichael hospitalisées. Et Andrew n'avait pas besoin de cela. "J'vais aller les voir avant de partir." Ouais. C'était une bonne chose. Ca lui permettrait de vérifier comment allait sa patiente. Et de conseiller à Wendy d'aller faire un tour. De revenir plus tard. Après, est-ce qu'elle accepterait de le faire, ça, c'était une autre histoire. Ainsi donc, il avait fini par se diriger vers la pièce en question. On lui avait porté à sa connaissance que la mère de Wendy avait signé un ordre de ne pas réanimer. Il en avait été surpris. Il aurait pensé que sa mère ... Et bien, se battrait, malgré tout cela. A croire qu'elle était épuisée de lutter et qu'elle avait envie de tout stopper. En quelque sorte. Il prit une lente inspiration. Wendy était au courant. Du moins le pensait-il. Et elle devait être dans tous ses états. Sa main posée sur la poignée de la porte, il finit par l'abaisser et pousser quelque peu la porte. "Bonsoir Wen ..." Il n'avait pas fini sa phrase. Car celle-ci n'était pas seule. Oh, bien sûr, il y avait sa mère. Mais il y avait également un homme. Un homme qu'il n'avait jamais vu. Son père ? En tout cas, il semblait être assez âgé pour l'être. Ou alors un oncle. Va trop savoir. mais il avait un air de ressemblance ... avec son propre père. Bah ... C'était sans doute une coïncidence. "Bonsoir, je suis le docteur Andrew Miriyan." Le type faisait une gueule de trois kilomètres de long. Et Andrew ... ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se passer. "Tout va bien ici ?" Il posait la question. Même s'il se doutait que ce n'était pas le cas.
Je ne comprends pas pourquoi ma mère m'a fait ça. Franchement, pourquoi lui demander de venir ici, maintenant ? On a survécu onze ans sans lui et maintenant que ma mère est au plus bas, il revient comme une fleur ? Je déteste cette situation et quand ma mère me prend la main pour me calmer, je ne peux me détacher d'elle, loin de là. Il est tard, je suis fatiguée, je n'ai pas dormi depuis des heures - surement beaucoup trop - et je suis au bout du rouleau. Kane me manque et j'aimerais qu'il soit à mes côtés, j'aimerais qu'il soit là pour me soutenir, pour poser sa main dans mon dos et me faire comprendre qu'il n'y a aucun soucis, que tout va bien se passer. Je pourrais appeler la sécurité pour faire sortir mon père mais je ne suis pas la patiente et à moins que les machines de ma mère se mettent à s'affoler, je n'ai pas mon mot à dire. J'ai besoin de réponse à mes questions, à toutes mes questions et j'en ai des tas. Je sens que je ne vais pas dormir cette nuit. Mon regard est froid, perçant et assassin. Concrètement, si j'avais des balles à la place des yeux, mon père ressemblerait à un bout de gruyère. Je le déteste et je me demande vraiment comment il peut avoir le culot de se pointer ici. Surtout maintenant. C'est avec ma mère que je dois aussi avoir une conversation. J'aurais du commencer par elle. Mais je n'en ai pas la force. Et rapidement, nous ne sommes plus que nous trois, Andrew nous rejoint. " Bonsoir " Que je souffle avec un léger sourire. Mon sauveur. Il m'a permis d'opérer il y a peu de temps avec lui et là, il a donné une nouvelle chance à ma mère. La dernière parce que je sais qu'après ça, elle veut arrêter. Elle en a assez de se battre et je peux le comprendre. Je ne l'accepte pas mais je le comprends. " Pas vraiment " Que je lance en coupant mon père qui repose le dossier médical de ma mère au pied de son lit. " Mon père veut que vous quittiez le cas et je voudrais savoir pourquoi " Et telle une enfant de dix ans, j'expose mon père au monde entier. Après tout, c'est un pauvre abruti alors pourquoi est-ce que je me gênerais ? Je le déteste ! Ça me sidère qu'il agisse comme ça, qu'il refuse que le meilleur chirurgien de la ville finisse son travail. On leur apprend à abandonner leurs soldats sur le terrain ? Non, je ne crois pas ! " Nous parlerons de ça ce soir Gwendolyn " Que mon géniteur souffle me faisant perdre les pédales en un claquement de doigts. " Wendy ! Je m'appelle Wendy ! " Que je grogne en le regardant droit dans les yeux. " On lave pas son linge sale en public, c'est ça hein ? Mais je bougerais pas d'ici tant que tu m'auras pas expliqué pourquoi tu ne veux pas du Dr Miriyan sur le cas de maman " Je me fais de plus en plus agressifs, je deviens rouge et mon coeur bat plus vite et plus fort. Ma mère exerce une pression sur ma main et je tourne le visage vers elle. Elle ne veut pas que je me donne en spectacle mais je n'en ai rien à faire. Je veux mes réponses et je les aurais, coute que coute. " Je ne veux pas qu'il s'occupe d'elle parce que je veux que vous restiez le plus loin possible des Miriyan. Ou qu'ils restent le plus loin possible de vous " Je fronce les sourcils, complètement perdue et le regard de mon père glisse sur Andrew qu'il regarde avec admiration tout en étant… comme dégoûté " Ce médecin est ton cousin Wendy " Woaw, il a fait l'effort. " Son père est mon grand frère. On s'est disputé quand j'avais seize ans, Andrew n'était qu'un enfant à l'époque. Ils m'ont tous renié, j'ai changé de noms et… voilà " Eh bah, c'était pas si compliqué que ça. Mais là, je réalise ce que ça veut dire. Andrew, mon cousin ? J'ai de la famille ? Il a osé me renier alors que sa famille lui a fait la même chose des décennies avant ? Si j'avais des doutes sur le fait que mon père est un abruti fini, j'en ai la confirmation ! " Tu m'as fait exactement ce qu'ils t'ont fait... " Que je souffle, bien trop abasourdie pour répondre quoi que ce soit d'autre pour le moment.
La tension était palpable. Il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas comment. Mais il venait de débarquer au milieu de quelque chose ... qui était sans doute une affaire de famille. Enfin, il pensait à cela. Après, il ne pouvait pas en être certain. Il était ... disons qu'il observait cet homme. Cet homme qui ressemblait un peu à son père. Ils avaient quelques traits communs. C'était bizarre. C'était étrange. Etonnant. Perturbant d'ailleurs. Mais Andrew n'était pas là pour cet homme. Non. Il était là pour Wendy. Il était là pour la mère de Wendy. Oui. Donc, le reste, il s'en fichait un peu. Alors, le brun avait mis les pieds dans le plat. Demandant si tout allait bien même s'il se rendait compte que ce n'était pas le cas. Non. Il voyait très bien que c'était ... chaud. Si on pouvait dire ça ainsi. Est-ce qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas ? L'homme avait reposé le dossier médical. Il semblait grincer un peu des dents. Wendy brisa le silence en expliquant que son père voulait qu'il dégage de ce cas. "A moins de bosser au conseil d'administration, ça n'arrivera pas." Autant que les choses soients claires et nettes. Non. Il s'était adressé à Wendy. Pas à l'individu qui l'observait. Qui continuait de grincer des dents. Il était sur la réserve. Enervé. Andrew, lui, il faisait son boulot. Elle était sa patiente. Il était là pour la mère de Wendy, ça ne changerait pas. En tout cas, l'homme faisait une scène. Et Wendy n'hésita pas à poursuivre. Oui, bon, il était clair que le chirurgien se sentait un peu de trop, là, pour le coup. Wendy s'énervait. Le manque de sommeil, c'était pas bon. Non. Elle était à bout. "Hey Wendy. Doucement." lui avait-il demandé. C'était mieux si elle se calmait. La pression de sa main, enfin, de la mère de Wendy sur sa fille permettrait sans doute de se calmer. Son père commençait à parler. Apparemment, il avait un différend ... avec les Miriyan. Il ne comprenait pas. Pas vraiment. "Ah oui ? Et pourquoi donc ?" demanda-t-il. "Je n'ai pas le plaisir de vous connaître." Loin de se douter qu'ils étaient parents. Enfin, que c'était son oncle. Andrew manqua de s'étrangler quand il entendit que ... qu'il était cousin avec Wendy. Il regarda la blonde avant de reporter son regard sur l'homme. "C'est une blague ?" Apparemment. Non. Son père ... s'était son frère. Whaaaa ... Première nouvelle du jour. Andrew ne se souvenait pas ... d'avoir eu un oncle. Son père ne lui en avait jamais parlé. Jamais. Non. Pas une photo dans l'album. Rien de tout ça. Comme si ... Comme s'il s'était chargé de faire disparaître la moindre photo. Comme s'il avait voulu effacer son existence. Andrew avait reporté son regard sur Wendy. Il était ... sur le cul. Vraiment. Il était mouché. "Vous ..." Il ne savait pas comment tourner sa phrase. Mais alors pas du tout. Ca faisait bizarre ... De se découvrir de la famille. Oh, c'était pas pire quand il avait su qu'il avait un fils. Mais là ... "Qu'est-ce qui ... Nous prouve que c'est la vérité ?" Parce qu'après tout, hein, il pouvait balancer cela ... sans fondement. Si ça se trouvait, c'était juste la première idée qui lui était venu par la tête. Même si c'était gros. Vraiment gros. Il ne savait pas trop où il avait pu pêcher ça. Andrew ? Un oncle ? Il avait dû mal à le croire. Non. En fait, il ne le croyait pas.
Il ne m'avait pas fallu longtemps pour perdre complètement les pieds aujourd'hui. J'étais un peu plus résistante que ça en temps normal mais là… Là, ça touche la corde sensible, ça fait remonter absolument tout ce que j'ai pu refouler pendant plus de dix ans. Mon père, celui qui m'a renié, appelé au secours par ma mère, celle qui m'a toujours tendu la main. Je suis folle, ça me rend complètement folle. Comment peut-elle me faire ça ? Pour me protéger ? De quoi peut-il me protéger, sérieusement ? Qu'il soit là ou non ne changera rien. Je ne veux pas de lui dans ma vie. Et je veux qu'il dégage bien rapidement. Je peux lui payer son billet d'avion pour rentrer chez lui, loin de moi, s'il le souhaite. Je suis tellement en colère que j'en oublie presque qu'Andrew est un de mes supérieurs et que ça craint fortement de réagir de la sorte devant lui. Inspire, expire. J'essaye réellement de me calmer quand mon ton virulent est quelque peu réprimandé par Andrew. Rien de bien officiel, mais ses quelques mots, ce doucement me fait comprendre que je dépasse les bornes. C'est comme si je venais de me faire réprimander par un supérieur. Et je savais bien qu'en plus d'être arrogante et virulente avec mon père, tout ça stressait ma mère et s'il y a bien une chose dont elle n'a pas besoin, c'est de ça. Alors j'essaye de me calmer, du mieux que je peux. Je rêve de sauter au cou de mon père et d'hurler qu'on a pas besoin de lui ici. Mais quand je regarde ma mère, mon coeur se brise. Je le reconnais ce regard, ce petit coup d'oeil plein de sens. Et ça me tue, un peu plus, comme si c'était possible. Mais si je pensais en avoir déjà vu des vertes et des pas mûres, la bombe que balance mon père m'achève totalement. Andrew, mon cousin. Qu'est-ce que c'est que cette connerie. Ça choque Miriyan aussi et ça me rassure. Il n'était pas au courant, il ne m'a pas caché ça … Et donc, il ne m'a pas proposé de revenir au bloc avec lui parce que je suis de la famille et voulait passer plus de temps avec moi. Parce que oui, après le choc de la nouvelle, je me pose dix mille questions à la minute. J'arrive pas à croire qu'il m'a fait ce que sa famille lui a fait ; le renier pour ce qu'il est, d'une certaine manière. Comment est-ce que c'est possible ? " Ce n'est pas pareil " que ronchonne mon père en regardant Andrew, attendant une réaction de sa part. Et ça ne met pas trop longtemps à arriver. Il a pas tord. Il est plus rationnel que moi et ça fait du bien. C'est peut-être pour ça qu'il est médecin et que je n'ai pas réussi à avoir mon internat à l'époque ; il est calme en situation de crise et moi, je perds le cheminement de ma pensée. Mon père bouge, se penchant pour attraper quelque chose dans sa veste et moi je tourne le visage vers ma mère. " T'étais au courant ? " Elle secoue le visage de droite à gauche. Elle ne m'a jamais menti alors je la crois. Mon père quand à lui… Il m'en faut plus que ça pour y croire. Même si, je dois bien avouer qu'avoir de la famille, ça serait quand même plutôt pas mal… " Ma preuve de tout ce que je dis, c'est ça " Qu'il lance en tendant son porte feuille en direction d'Andrew et de moi. Un peu au milieu, comme si c'était au plus courageux de le prendre. J'attrape l'objet en cuir et l'ouvre. Il y a quelques photos dans la partie gauche et je les sors toutes. Ma mère et lui lors de leur mariage, une photo d'eux avec moi dans les bras de ma mère le jour de ma naissance, une photo de moi sur mon vélo rose et sans roulettes, des dents manquantes. Et puis, la dernière photo est plus ancienne, la couleur est un peu passée, un peu jaunit. Il y a trois hommes et une femme sur cette photo. " Et qui sont ces gens ? " Que je demande en tendant le cliché à Andrew. Parce que moi, je ne connais absolument personne là dessus. Si ce n'est une version rajeunie de mon père. Je jète un coup d'oeil et sors le dernier cliché du porte feuille. Un bébé et mon père, quinze ans tout au plus. Je montre le cliché à Andrew " C'est toi ça ? " que je lance en riant nerveusement. Il a l'air perdu. Je ne l'ai jamais vu comme ça, ça me fait bizarre, très bizarre… Et si j'avais réellement de la famille ? Un cousin, un petit cousin... Come on Andrew, illumine ma lanterne, je suis perdue là !
désolée du retarrrrd... Je suis ENFIN de retour en France, je m'y remets pour de bon. 1000 fois sorryyyyy
Une blague ... Une sacrée blague. Ou un gag. Il ne peut pas dire. Mais c'est un peu n'importe quoi. Il aurait un oncle, il le saurait, non ? C'est une grosse blague. Ca ne peut pas être autre chose. Andrew remarque le regard un peu désespéré de Wendy qui se tourne vers sa mère et qui lui demande si elle est au courant. La malade nie. Ou alors, elle n'est vraiment pas au courant. Andrew n'a aucune raison de mettre sa parole en doute. Après tout, les mourants, ou les personnes bien malades ne font pas de cachoteries. Non. Il cotoie la mort. Tous les jours. Ou presque. Il sait que les malades n'ont pas vraiment le temps de cacher des choses. Non. Parce que certains ... sont proches de la mort. Et quand on l'est, on cherche plutôt à dévoiler la vérité sur telle ou telle chose. Enfin, jusqu'à présent, c'est ce que Andrew a pu constater. Mais peut-être que tout le monde ne fait pas vraiment la même chose. Peut-être que certains s'en foutent. Et rêvent de foutre le bordel dans la vie de ceux qui restent en vie. Mais il doute, il doute fortement que c'est ce que veut la mère de Wendy. Mais son père ... Lâcher ça sur eux ... c'est une bombe. C'est une sacrée bombe. Et surtout, personne ne s'y attendait. Surtout pas Andrew. Alors, bien sûr, le chirurgien demande des preuves. Parce qu'il n'est pas crédule. Il n'est pas du genre à croire tout ce qu'on lui dit simplement parce qu'on le lui dit. Il est presque certain que ce type est en train de se foutre de leur gueule. Sans aucune honte. Pour autant, il finit par sortir son portefeuille. Et Wendy le récupère. "C'est ça votre preuve ? Un portefeuille ?" Il secoue la tête. C'est ridicule. Et il est prêt à le dire d'ailleurs. Seulement, Wendy en sort des photos. Ca ne lui dit rien. Jusqu'à la dernière. Elle lui tend le cliché. Il le prend entre ses mains. Fronce des sourcils. Beaucoup même. Il redresse la tête en direction du père de Wendy. "Non ... C'est pas possible ..." C'est clairement une vraie photo. Elle serait pas aussi jaunie, oui, ça pourrait être une retouche photoshop ou une connerie dans le genre. Mais là ... Oui, là, c'est vraiment ... Andrew est sur le cul. Et pas qu'un peu d'ailleurs. Il n'en croit pas ses yeux. Pour lui, c'est ... il a l'impression ... En fait, il ne sait pas trop. Il est bizarre. Il est vraiment bizarre. Wendy le sort de ses pensées tandis qu'elle lui demande si c'est lui sur la photo. "Je ... présume. Parce que ce sont mes parents qui sont sur la photo." Il prend un coup de vieux dans la gueule. Et pas qu'un peu. Parce que sur la photo, Andrew doit avoir ... Un an ? Peut-être bien. Peut-être moins. Et il en a bientôt quarante. Alors, oui, ça le rajeunit pas. Il regarde Wendy. Il regarde le type qui est en face de lui. Son oncle. Il a vraiment du mal à croire que c'est son oncle. D'autant plus que son père ne lui a jamais parlé de lui. Non. Il n'a jamais évoqué un frère. Ou alors, Andrew ne s'en souvient pas. "Lien de parenté ou pas, peu m'importe. Je ne me déchargerai pas de ce cas." dit-il en fronçant des sourcils. Andrew préfère en revenir à sa patiente. Parce que là, tout de suite, le plus important, c'est la santé de sa patient. Savoir qu'il a encore de la famille qu'il ne connaît pas, oui, c'est ... Il ne va pas dire que c'est magique. Mais c'est étonnant. Il a une petite cousine qu'il ne connaît pas. Ou presque pas. Et Wendy se retrouve avec un petit neveu. Et une petite cousine. Quand sa soeur va savoir ça, il se doute qu'elle va ruer dans les brancards pour apprendre à connaître Wendy. C'est certain.
C'est bien mon père ça. On ne le voit pas pendant des millénaires et quand tout est au plus mal, au plus négatif, voilà qu'il débarque et shoot dans la fourmilière au passage. Il ne prend absolument personne d'autre que lui en compte et c'est triste. Mais je n'y peux rien. Dans cette tourmente, dans cette chute sans fin, c'est Andrew et moi. Et clairement pas lui. Je rêve. Je suis en colère contre mon père, contre cet homme qui aurait du être là toute ma vie mais qui m'a privé de lui même mais de sa famille aussi au passage. De ma famille. Je sens la moutarde me monter au nez et j'essaye de ne rien dire, les yeux sur Andrew pour voir ce qu'il en dit parce que moi, je suis clueless pour tout dire. Et quand je l'entends dire que ce n'est pas possible, le visage un peu plus blanc qu'il y a quelques minutes, je déglutis difficilement et retiens les larmes qui viennent chatouiller mes yeux. C'est une sombre blague. Où est la caméra cachée ? Je veux trouver cette putain de caméra ! Et quand je tourne le visage vers ma mère, elle baisse le regard. Elle ne savait pas qu'Andrew était de notre famille mais elle savait que mon père avant de la famille quelque part. " Maman " Soufflais-je, ma voix se brisant alors que je me tourne à nouveau vers Andrew, lui demandant s'il s'agit de lui. Je sens la main de ma mère tentant de prendre ma main mais je relève mes bras, les croisant sur ma poitrine. Pas maintenant. Je me sens trahie. C'est horrible. Je déteste ce sentiment. Il faut croire que dans cette famille, ils ont tous décidé de me décevoir. Chacun leur tour. Je suis ra-vie. Et plutôt en colère, on ne va pas se voiler la face. Je jette un coup d'oeil au cliché et souris légèrement. Cher oncle, chère tante, enchantée. Moi c'est Wendy. Enfin, Gwendolyn. Mais puisque le nom a été choisi par mon père, j'ai décidé d'en changer. " Cette famille est pleine de secret, c'est quoi la prochaine bombe que vous allez me pondre ? " Que je demande en regardant mon père et ma mère. Andrew n'est pas concerné par ça parce que notre lien de parenté est une surprise alors bon. Il va pouvoir m'en dire plus sur ma famille paternelle et j'ai hâte d'en savoir plus sur lui mais il remet l'église au milieu du village et j'aime beaucoup ça. Ça nous permet de diriger la chose. Je tends tout à mon paternel et alors que je m'attends à l'entendre s'opposer à nouveau, ma mère se racle la gorge, attirant mon regard. Elle a les larmes aux yeux, elle aussi, et son ton est clair et concis. Elle a prit sa décision et que celui qui soit contre aille se faire foutre. " Il n'y a pas de cas. J'ai signé un ordre de ne pas réanimé. Je ne veux plus être soigné. Pas plus que ce que je reçois déjà actuellement. J'en ai assez d'être un cobaye, d'être entrain de souffrir à longueurs de journées " Et si je savais pour l'ordre de ne pas réanimer, ce n'est pas le cas pour le reste. Ma gorge se sert et je me laisse tomber sur le fauteuil à côté du lit. " Tu peux pas me faire ça maman… Tu peux pas baisser les bras maintenant " Que je souffle doucement alors que les deux autres hommes de la pièce nous regarde. " Cela fait plus d'un an que je suis comme ça ma chérie… Ton père est là, tu as retrouvé ta famille, tu ne seras pas seule quand mon heure arrivera " Qu'elle souffle et ça me rend carrément folle. Je me lève tout aussi rapidement que je me suis assise et m'énerve sur ma mère. " Il est de retour et alors ? Je ne compte pas lui pardonner comme tu l'as fais ! Il voulait me faire soigner parce que j'aimais les filles maman ! Il m'a renié parce que j'étais amoureuse d'une femme, tu te rends compte ? " Bienvenue dans la famille Andrew. " Tu seras content de savoir que j'ai un petit ami, papa " Que je lance, hargneux sur le dernier mot de ma phrase. Et je contourne Andrew pour quitter la pièce comme une furie. Je ne vais pas loin et m'effondre le long du mur. Comment peut-elle renoncer ? Qu'est-ce que je vais être sans elle ? Je ne m'en remettrais jamais. Je le sais d'avance. Et j'ai les yeux rivés sur la chambre pour voir qui va sortir en premier. Sûrement Andrew pour finir sa tournée, mon père n'en ayant rien à faire de tout ça. Il doit me prendre pour la gamine qu'il a abandonné.
C'est un truc de dingue. Là, tout de suite, Andrew aurait bien signé pour une petite bière. Une grande bière même. Il faut dire que c'est quelque chose à laquelle il ne s'attendait pas. Apprendre qu'il a une famille du côté de son père ... Qu'il a une petite cousine. Une tante à l'article de la mort. Un oncle aussi. Bon, il est vrai que les retrouvailles, c'est pas génial. Ca aurait été mieux d'une autre manière, c'est certain. Mais si ça se trouve, il n'aurait jamais eu l'occasion de ... Et bien, d'apprendre qu'il a une famille du côté de son père. Il ne dira pas que c'est une bonne chose de savoir. Mais il est vrai que ça aurait été plus simple ... de l'apprendre ... autrement. Enfin, c'est fait. Et là, pour l'heure, Andrew n'a pas vraiment envie de parler de ça. Non. Pour l'heure, il doit se concentrer sur la mère de Wendy. Sur sa tante. Il doit ... Il sait qu'elle ne veut pas poursuivre les soins. Il sait qu'elle n'en a marre de se battre. Et qu'elle ne peut plus se battre. Ou ne veut plus le faire. Pour autant ... Il est médecin. Et c'est son rôle ... C'est son rôle de tout faire, ou presque, pour sa patiente. Et il tient à rappeler qu'ils ne sont pas là pour se disputer ou quoi que ce soit dans le genre. Non. "C'est plus une bombe là. C'est carrément du nucléaire." Il passe une main dans ses cheveux. Il n'arrive pas à y croire. Non. Vraiment pas. Quoi qu'il en soit, sa tante ne perd pas de vue que ... qu'elle ne veut pas qu'on s'acharne sur elle. Elle veut juste ... être le plus confortable possible, sans souffrir. "J'ai bien compris que vous ne vouliez pas d'acharnement thérapeutique." Il le sait. Il pensait ... que Wendy aurait réussi à ... Et bien, à la convaincre de ne pas lâcher l'affaire. De ne pas baisser les bras. Mais il faut croire que ... Et bien, que ce n'est pas suffisant, bien malheureusement. Et c'est dommage. Après, il peut comprendre. Elle souffre bien assez comme ça. "Mais vous restez quand même ma patiente, quoi qu'il arrive." Et même si c'est sa tante. D'ailleurs, il a encore du mal à réaliser. Il peut la tutoyer. Ils sont de la même famille après tout. Mais il n'est pas proche. Pas encore. Et il préfère garder cette ... disons que c'est mieux pour tout le monde qu'il ne soit pas aussi proche que ça d'eux. Ca aidera pour les soins. Même s'il se rend compte que ce sont peut-être les derniers moments qu'il peut avoir avec sa tante. Ca craint. Mais c'est comme ça.
Mère et fille discutent. Andrew reste en dehors de ça. Une nouvelle fois, Wendy tente de convaincre sa mère. Mais c'est mal parti. Très mal. D'ailleurs, Wendy finit par se lever. Et elle éclate. Elle explose, en quelque sorte. Oui. Elle est ... Elle est en pétard. Et pas qu'un peu. C'est normal. Si sa mère, à lui, baissait les bras comme elle le fait, il aurait de quoi être en pétard, lui également. Seulement, elle semble vouloir que père et fille se réconcilient. Et ça, c'est au dessus de Wendy. Elle ne veut pas. Sans le vouloir, Andrew assiste toute à la scène. Et la blonde claque la porte. Assez rapidement. Andrew lui embête le pas. Quelques minutes plus tard. Il la trouve adossée au mur. Assise. Elle n'est pas bien. Il est pas forcément dans son assiette. Mais il tient le coup. Il le doit. D'abord, parce qu'il a une garde à assurer. Ensuite, parce qu'il ne peut pas laisser Wendy comme ça. Il s'installe à côté d'elle. En silence. "J'vais pas ... te demander ... comment tu vas. Parce que je vois très bien ... que c'est pas la joie." Mais alors clairement pas. "En tout cas ... en me levant ce matin ... j'aurais jamais pensé .... que je pourrais apprendre une telle chose." Et ça le perturbe. Fortement. Une cousine. Quand sa soeur va savoir ça, elle va vite vouloir rencontrer Wendy, c'est certain. Il tourne la tête sur le côté et regarde la blonde. "Je crois qu'il nous faudrait une bonne bière pour digérer tout ça. T'en penses quoi ?" C'est une invitation comme une autre. A la base, Andrew a fini depuis un petit moment. Il est simplement resté pour voir sa patiente et s'assurer que tout va bien. Est-ce que c'est une bonne chose qu'il soit resté pour sa patiente ? Va savoir. En tout cas, il est là. "Moi, en tout cas, j'vais aller boire un verre." Descendre une bonne bière. Il ne fera pas plus. Il doit garder les esprits clairs quand même mais bon.
Tout va si vite dans ma tête. J'essaye de connecter les points, de tout relier ensemble, de tout comprendre. C'est difficile pour moi. J'ai l'impression d'avoir cinq ans à nouveau. J'ai l'impression qu'on me teste. Il doit y avoir une caméra cachée quelque part et bientôt, quelqu'un va sortir de derrière les rideaux en criant "on t'a bien eu !". Mais non, il ne se passe rien. Rien d'autres que les mots de ma mère qui ne veut plus se battre. Je ne peux même pas lui en vouloir. C'est à croire qu'elle a retrouvé son mari, que la boucle est bouclée et que voilà, c'est tout. Et je me sens trahie comme jamais. J'ai envie d'appeler Kane, de tout lui dire mais je suis tout bonnement incapable de me calmer, de tout emmagasiner. Et puis, il est au boulot. Peut-être même sur une intervention et je le gênerais plus qu'autre chose. Je devrais prendre sur moi mais quand ma mère défend mon père une nouvelle fois, je ne peux plus me contenir, me retenir. C'est fini de jouer l'autruche pour lui faire plaisir. Je ne veux pas de lui ici et le plus vite il l'aura compris, le mieux ça sera. Je réagis comme une enfant et j'entends très bien la voix cassée de ma mère qui m'appelle quand je claque la porte. Je sers les poings et me retiens de revenir et d'hurler à nouveau. Elle n'y peut rien. Elle est amoureuse et l'a toujours été. Elle m'a protégé pendant de nombreuses années de lui et maintenant, elle a besoin qu'il me protège de ce qui va arriver. Bien, très bien. Je n'ai aucune envie qu'il me protège. Qu'il retourne d'où il vienne, qu'il me laisse souffrir. Je n'ai pas besoin de lui. Il y a Kane, mes amis et puis, Andrew maintenant. D'ailleurs, lorsque j'entends sa voix et relève le visage, j'essuie mes larmes. Pleurer ne sert à rien. Un sourire se dessine sur mon visage quand il annonce qu'il ne va pas me demander comment je vais. Merci dieu. Parce que je crois qu'il a eu un aperçu plutôt parfait de mon état. Moi qui n'aime pas me montrer faible face à des collègues, je me sens carrément honteuse d'avoir craqué de la sorte. " C'est plus des shots de Tequila dont j'aurais besoin " Que je souffle doucement en me redressant, attrapant le bas de mon t-shirt pour essuyer les quelques larmes qui finissent leur course sur mes joues rougies. " Je suis désolée d'avoir craquée comme ça mais… ça me rend folle. Quand on est parti, il n'a pas cherché à nous retenir y a dix ans. Et là, il revient comme une fleur avec son lot de surprise " Que je souffle. Je n'y comprends rien. Et ça me fatigue tellement. Je ne dors plus la nuit, de peur que le téléphone sonne et là, ça. Qu'on arrête de s'acharner sur moi ! Merci bien. " On va au bar en face ? " Que je lui demandais légèrement, un triste sourire sur le visage. Je sors mon téléphone de mon jeans et envoie rapidement un message à ma mère, pour lui dire que je l'aime. Parce que c'est la vérité, je l'aime malgré le coup qu'elle vient de me faire. " Tu penses que je devrais accepter son retour sans rien dire ? " Que je demande simplement pour avoir son avis. Pas forcément impartial mais j'en avais besoin. Parce que je suis perdue. Et je suis avec lui. C'est lui qui est face à moi. Sympa la rencontre cousin-cousine. Mais je crois que là, je voulais son avis. On avait bien discuté lors de notre rencontre il y a quelques mois. Et même s'il s'agissait de circonstances personnelles, j'avais besoin de son avis. Il allait me prendre pour une folle, c'est clair et net. Bienvenue chez les Carmichael.
C'est une bombe. C'est une véritable bombe qui vient d'exploser au dessus de leur tête. Que ça soit celle d'Andrew. Ou bien celle de Wendy. L'un comme l'autre, ils sont un peu désarçonnés par rapport à tout cela. Ils se retrouvent ... Et bien, ils sont de la même famille. Et c'est dingue. Façon de parler, bien évidemment. Mais l'un comme l'autre, ils ne s'attendaient pas à cela. Non. Andrew est très famille. Il adore sa petite soeur. Quand il peut passer du temps avec elle, il s'arrange. Avec son fils, avec Alana, oui, il en fait de même. Il ne laisse personne de côté. Mais là ... Là ... Il ne s'attendait pas vraiment à avoir une petite cousine. Non. C'est tout neuf. C'est ... Dingue. Oui, c'est vraiment dingue. Il a tout à apprendre sur Wendy. Il connaît quelques brides. Ce qu'elle a bien voulu lui raconter, l'autre fois, quand ils étaient au bloc opératoire. Mais ça ne fait pas tout. Il a tout un tas de choses à découvrir sur elle. Et ça commence maintenant. Oui, ça commence maintenant. Alors, Andrew est là. Il est là pour soutenir Wendy dans ce moment difficile. Sa tante, son oncle, il ne les connaît pas vraiment. Wendy, il a eu l'occasion de la côtoyer. De bosser avec elle. Donc, forcément, quand elle part comme ça, en claquant la porte, oui, il ne peut pas rester, comme ça, à ne rien faire. A ne rien dire. Il ne peut pas faire comme si ça ne le touche pas. Ce ne n'est pas le cas. Ca le touche. Oui. Wendy renifle un peu. Il constate qu'elle a les yeux un peu rouges. Oui. C'est pas simple pour elle. La blonde a le cul entre deux chaises, en quelque sorte. Et il est clair qu'il n'aimerait pas être à sa place, là, tout de suite. Oh que non. Wendy lui avoue qu'elle aimerait bien boire quelques verres de tequila. Andrew acquiesce un léger sourire. "Techniquement parlant, rien ne nous empêche d'aller boire quelque chose de plus fort." Enfin, surtout lui. Il n'est plus en service. A la base, il a fini depuis longtemps. Mais il voulait rester un peu. Pour sa patiente. Pour être là. Si jamais elle avait des questions. Et pour épauler Wendy un peu. au final, il a bien fait. Oui. Il a bien fait de rester. Sans quoi, il n'aurait ... il n'aurait jamais su. Du moins, il en doute. Elle s'essuie quelque peu le visage. Avant de regarder Andrew. Et de s'excuser. "Ca arrive à tout le monde de craquer, ne t'inquiète pas pour ça." Il secoue la tête. "Ca prouve, d'ailleurs, qu'on est humain. Et qu'il y a des choses qu'on ne peut pas supporter." Du tout. Wendy n'a pas à s'en faire. Oh que non. Il va pas lui jeter la pierre, c'est certain. Craquer, ça fait du bien parfois. Beaucoup de bien. Oui. Wendy propose d'aller au bar en face. Il hoche la tête. "Bonne idée." ils ont besoin de ça. "Juste le temps, de récupérer mes affaires. On se retrouve là-bas directement ?" Ca sera plus simple. Oui. Bien plus simple. La blonde en profite pour lui poser une question. Et de savoir ce qu'il ferait, lui. "Je pense que je prendrais quelques jours. Le temps d'y réfléchir." S'il était brouillé avec son père, il est clair qu'il prendrait un peu de distance. "Parce que prendre une décision toute de suite, j'suis pas certain que j'prendrais la gueule." Et qu'il n'aurait pas envie ... de lui coller son poing dans la figure. "Laisse-toi le temps. Et de l'espace surtout." C'est le meilleur conseil qu'il puisse lui apporter. Le premier en tant que cousin.
Une dizaine de minutes plus tard, il est en bas. Avec sa veste. Et ses affaires. Wendy n'est pas bien loin. "On rentre boire ce verre ?" Ou ces verres. Il ne sait pas trop ... Il ne sait pas trop combien il va en boire. Au moins un. Deux peut-être. Il n'a pas envie de se saouler non plus pour autant. Il pousse la porte. Leur premier tête à tête dans un bar en tant que cousin. Et dire que quelques mois plus tôt, ils bossaient sur une chouette intervention. Et elle lui ramenait, le jour suivant un bon brownie. Et là ... Et là, leur relation change. Du tout au tout. C'est étrange. Bizarre. "Le bar ? Ou bien une table ?" lui demanda-t-il.
Je n'arrive pas à y croire. J'ai donc un cousin, de la famille que je n'ai jamais rencontré et dont je ne connaissais pas l'existence jusqu'il y a quelques minutes. C'est carrément ouf. Je connais tout le monde du côté de ma mère mais de mon père… C'est le grand désert. Ça me sidère totalement mais ça ne m'étonne pas venant de mon père. Après tout, il nous a ignoré pendant plus de dix ans parce que la femme que je suis ne lui plaisait pas, c'est pour dire. Je suis assise dans un coin, essuyant mes larmes et j'ai très envie de retourner dans la chambre de ma mère pour hurler sur mon père. Mais ça demande bien trop d'efforts et maintenant qu'Andrew est à mes côtés, je n'ai pas envie de le laisser tomber. C'est une épreuve pour lui aussi quand même. Comment est-ce qu'ils ont pu nous faire ça ? Que s'est-il passé entre nos pères pour qu'ils ne se mentionnent pas, à aucun moment de leur putain de vie ?! Je suis furax mais il faut que je me détende et plus vite que ça. Je vais finir par faire peur à quelqu'un et, pour tout dire, je me fais déjà peur à moi même, c'est pour dire. " Buvons quelque chose de plus fort alors " Soufflais-je avec un léger sourire sur le visage. Il n'a pas besoin de voir ma tête d'enterrement, de voir la haine et la rage dans mes yeux parce qu'il s'est retrouvé face à la même galère que moi. Mon dieu, je serais devenue folle s'il avait su et ne m'avait rien dit ! Dieu merci, nous n'en sommes pas là. Mes mains tentent d'effacer les larmes de mon visage mais je sais que c'est peine perdue. Je dois ressembler à un petit panda et je doute que ce soit beau à voir. Mais ce n'est pas bien grave. Il a raison, craquer, ressentir quelque chose c'est prouver qu'on est humain. J'aurais préféré le prendre autrement mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas contre Andrew et je pense qu'il l'a comprit. Il est loin d'être idiot et il m'a entendu hurler sur mon paternel. Lui n'y peut rien. Mais on a vraiment l'air comme deux ronds de flan, c'est presque drôle. C'est si étrange mais je suis contente que ce soit Andrew qui soit de ma famille et pas qu'un de mauvais et de méchant. Ça me soulage mais ça me fait poser encore plus de questions. Pourquoi les Miriyan se sont divisés en deux camps ? Pourquoi est-ce que mon père a changé de noms ? Ce n'est pas rien… " Oui, retrouvons nous là bas. D'ici une dizaine de minutes ? " Que je demande avec un léger sourire. Il faut que je me ressaisisse. J'ai l'impression que le monde se repose tranquillement sur mes épaules et ce n'est pas facile à gérer. Je n'avais vraiment pas besoin de ça aujourd'hui. Ni demain. Ni jamais en fait. J'écoute son conseil et souris légèrement. " Ça marche… Je vais essayer de faire ça " Mais je sens que ça ne va pas être franchement facile de laisser du temps et de l'espace puisque les jours de ma mère sont comptées… Je sens que mon père ne va pas quitter son chevet. Alors qu'Andrew file, je retourne dans la chambre embrasser le front de ma mère et lui souhaiter une bonne soirée, ignorant complètement mon père et le son de sa voix. Qu'il aille se faire foutre. Un tour par les urgences pour choper du coton et un peu de solution saline pour ôter les traces noires sur mes joues. Un câlin à Hannah et je la laisse - répondant vaguement à ses réponses - pour filer vers le bar. Andrew est rapidement là et on entre dans le bar. " Une table. Et si c'est près des fléchettes, c'est encore mieux " Que je souffle avec un léger sourire sur le visage. Ça me fera du bien de balancer ma flèche avec colère. Si on y ajoute une photo de mon père, ça marchera tout aussi bien, voire même mieux. " Tu veux quoi ? Je vais me prendre une Guinness pour commencer " Que je souris légèrement. Je ne suis pas du genre à boire en temps normal mais là, j'ai bien envie de plonger dans un océan de tequila. Je soupire doucement et file au bar, n'ayant pas vraiment laisser le temps à Andrew de refuser que je lui paye un verre. Un sourire échangé avec le serveur, le regard triste et je suis rapidement de retour à table. " J'te jure, ça me fait trop bizarre de me dire qu'on est de la même famille… Je pensais que j'aurais jamais de cousin dans le coin et pourtant… Mon père m'a toujours dis qu'il était allemand et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a déménagé en Allemagne… J'y comprends vraiment rien " Que je souffle en plongeant mes lèvres dans ma boisson. Non mais quelle arnaque je vous jure. J'ai l'impression que toute ma vie n'a été qu'un gros mensonge. Comment a-t-il pu être militaire en Allemagne ? J'avais de nombreuses questions à lui poser, plus tard. " Dis moi tout sur toi alors cousin… " Il en savait plus sur moi que moi sur lui. Faut dire que j'avais éclaté dans la chambre en balançant à mon père que j'étais en couple avec un homme - et pas n'importe lequel - après des années avec des femmes… Sympa la rencontre. Non mais je vous jure.
Ils se séparent. Pour le moment. Andrew doit revoir deux ou trois choses avant de partir, même si, à la base, il a fini sa journée depuis un petit moment. Et dire qu'il était resté pour la mère de Wendy. Pour s'assurer que tout va bien. En ne restant pas, il n'aurait pas assisté à cette scène. Enfin, sans doute que le père de Wendy aurait quand même fait un scandale en voyant le nom d'Andrew comme médecin mais bon. Il n'aurait pas su ... Il n'aurait jamais su que ... Et bien, qu'il avait encore un oncle. Son père ne lui en a jamais parlé. Et il ne sait pas vraiment ... Il ne sait pas vraiment pourquoi il lui a fait de telles cachoteries. C'est quand même dingue. Qu'il ne soit pas au courant que son frère ait eu une fille, d'accord. Pourquoi pas. Mais son père a pris soin de ne jamais parler de son oncle. Il ne comprend pas. Maintenant ... maintenant qu'il sait que ... Et bien, qu'il a un oncle, et une famille du côté de son père, oui, Andrew va avoir une sérieuse conversation avec son père. C'est certain. Il veut savoir ce qui s'est passé. Et pourquoi il n'a eu vent de cet homme que maintenant. Il veut savoir pourquoi diable il y a eu cette fissure dans la famille. Il ne va pas dire que c'est important. Mais un peu quand même. oui. Vraiment important. Il doit comprendre ce qu'il s'est passé. Et pour cela, oui, il n'a qu'une chose à faire. C'est de poser les bonnes questions. Tout simplement. Mais il est clair que ça ne va pas rester comme ça. Oh que non. Andrew aura les réponses aux questions qu'ils se posent. Que ça soit Wendy. Ou bien le chirurgien.
Ce dernier récupère ses affaires et comme convenu, il retrouve sa jeune cousine devant le bar. Ils entrent et Wendy demande une table, si possible, près des fléchettes. "Tu veux y jouer ?" Sans doute. Sinon, elle ne parlerait pas de ça. "Ca fait longtemps que j'ai pas joué aux fléchettes j'dois avouer." Il a un hochement de la tête. Mais ça veut pas dire pour autant qu'il ne sait pas y jouer. Non. Quand il était gosse, il aimait bien. Après, avec l'armée, il a un peu ... Il avait pas forcément le temps. Non. Wendy lui demande ce qu'il veut boire. "J'vais prendre la même chose que toi." Ouais. Il est prêt à aller chercher les boissons mais Wendy est plus rapide que lui. Alors, il en profite pour ... Et bien, pour s'installer à une table qui n'est pas loin des fléchettes, justement. Il y a un peu de musique. Un peu d'ambiance. Quelques habitués sont présents également. Quand il y pense ... Une cousine. Il a de la famille. Encore. Il va sur ses quarante ans et il apprend encore des choses sur cette famille. C'est quand même dingue. Wendy revient quelques minutes plus tard avec les boissons. "Merci." Elle est ... sur le cul. Autant que lui. Et elle qui pensait qu'elle était allemande. "Non, j'peux te dire que mon père est né ici, en Australie. Et j'peux présumer que ça doit être la même chose pour ton père." Enfin, dans la logique des choses. Il voit mal son père être né en Australie et son oncle dans un autre pays. Enfin, il peut se tromper. Il a tellement de mal ... Et bien, il a tellement de mal à comprendre ce qui est en train de se passer. Andrew porte sa boisson à ses lèvres. Il a dû mal à croire ce qui est en train de leur arriver. Wendy veut en savoir plus sur lui. "Mes parents sont à Sydney. J'ai encore une grand-mère sur Sydney aussi. J'ai une petite soeur. Roxane. Elle va bientôt avoir vingt-cinq ans." Oui, ils ont quinze ans d'écart. "D'ailleurs, quand elle va savoir que tu existes ..." Il a un hochement de la tête. "elle va être super contente." Et pas qu'un peu. "Comme tu le sais ... j't'en ai parlé pendant l'intervention, j'ai servi mon pays un moment. Avant de revenir deux ans ici." Il marque une pause pour boire un peu. "Avant de partir pour le Mali en mission humanitaire." Il va pas dire qu'il a adoré. Mais ça a été une expérience. Une sacrée expérience. "J'suis revenu en 2015." Et voilà quoi. Elle sait pour son fils. Il a dû lui en toucher quelques mots la dernière fois. Il ne sait plus. "J'ai été marié. Mais ça n'a pas duré longtemps. En fait, j'crois qu'elle m'aimait pas vraiment." Il secoue la tête. Sa meilleure amie de l'époque. "Comme elle était israélienne, j'crois qu'elle voulait juste une carte pour pouvoir rester en Australie. Elle est partie un mois après notre mariage. et j'l'ai jamais revu." Il ne sait pas trop ce qui a pu se passer. Pourquoi elle est partie, comme ça. Ouais.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Certes. Mais il est où m'adage qui dit qu'un fantôme qui revient dans votre vie, fout tout en l'air. Je suis perdue. Mon père est de retour, ma mère ne veut plus se faire soigner, le Docteur Miriyan est mon cousin. C'est carrément dingue et je n'arrive pas à tout comprendre, à tout emmagasiner. Il va me falloir du temps pour m'accommoder à toutes ces nouvelles. Et j'ai clairement besoin de me détendre, de souffler un peu. Alors cette virée au bar est une bonne idée et quand je demande à filer près des fléchettes, c'est pour me détendre. Pour pouvoir balancer un objet pointu dans une cible, imaginant la tronche de mon père à la place des cercles de couleurs différents. BOUM ! Un oeil en moins ! " Moi non plus mais j'en ai besoin pour me détendre je crois bien " Je ne sais même plus ce dont j'ai besoin et envie, c'est triste. Je suis triste. Et ça m'énerve. Je déteste ne pas avoir le contrôle de ma vie et là, franchement, c'est roue libre. Je profite d'aller chercher les boissons pour remettre de l'ordre dans mes idées mais ça ne fonctionne pas. En même temps, à quoi est-ce que je m'attends ? À ce que les oiseaux fassent cui-cui dès demain ? Non. La vie n'est clairement pas belle et le retour de mon paternel est une bombe. Et, comme à sa grande habitude, il a amené une armada de mini-bombes avec lui. Je le déteste. Je m'assois à côté d'Andrew et lui souris doucement. " Oui… J'ai un point en commun de plus avec lui " Être née en Australie. J'ai toujours pensé qu'il était né en Allemagne, ma mère en Angleterre et moi ici. Enfin, à Perth mais l'idée est la même. Il faut croire que non. J'espère que le mensonge n'est pas héréditaire en tout cas. Et puis, je cherche à en savoir plus sur lui. C'est mon cousin et nous avons vingt-sept putain d'années à rattraper. C'est fou. Je tente de me détendre et l'écoute. Donc ma famille est sur Sydney, là où j'ai passé cinq ans de ma vie. Je me prends une nouvelle claque virtuelle et celle-là me sonne carrément. C'est pas croyable, pas possible. Je veux pas y croire. Et si j'avais croisé ma grand-mère à l'hôpital pendant mon stage là bas ? Je ne le savais pas et ne le saurais jamais. C'est complètement fou. Une cousine un peu plus jeune et ça m'arrachait un petit sourire. Elle va être super contente et moi je vais l'être tout autant. J'adore rencontrer de nouvelles personnes et là, c'est tout particulier. Je l'écoute et grimace légèrement quand il me parle de son ex femme. C'est moche, vraiment moche. Mais ça arrive un peu trop souvent malheureusement. " C'est dommage que ça se soit passé comme ça avec ton ex-femme mais bon… Elle a plus perdu que toi " Que je souffle doucement en souriant. " De mon côté, pas grand chose d'intéressant. J'ai vécu 6 ans à Perth avant de déménager en Allemagne parce que mon père a été muté là bas. Armée donc. Mes parents ont divorcé parce que le jour où j'ai dis à mon père que j'étais lesbienne, il m'a demandé de me faire soigner… " Un connard et ce depuis toujours. Mes mains se resserrent autour de mon verre et je soupire fortement. " Suite à ça, j'ai vécu quelques mois à Londres chez la famille de ma mère. Puis on est revenu sur Perth. Deux ans. Histoire que je finisse mes études et après ça on est parti en road-trip aux USA. On aimait beaucoup voyager avec ma mère " Ça me permettait de découvrir de nouvelles cultures et elle, je pense que ça lui permettait de voyager, d'oublier que l'homme de sa vie était un abruti. " Suite à ça, elle a emménagé à Brisbane et moi à Sydney pour mes études. 3 ans de médecine, 2 d'inf comme je t'ai dis au bloc l'autre fois… Et je suis venue vivre ici à noël 2016 parce que ma mère allait mal… Et voilà " Que je souffle doucement. Mon histoire est vite résumée. Bien entendu, il y a des petits moments précieux mais ce sont les grandes lignes. " Je suis fille unique du coup, y aura pas plus de famille de mon côté, t'inquiète pas " Que je souffle en riant légèrement, buvant une gorgée de ma boisson avant que je la réchauffe. " On joue ? Et le perdant paye la prochaine tournée ? Une petite anecdote à chaque tour pour celui qui fait le moins de point ? " Ça nous permettra d'apprendre à nous connaitre un peu plus, différemment qu'en ouvrant son coeur.
Une soirée ... riche en révélation. Et pas qu'un peu. Apprendre qu'il a un oncle. Apprendre qu'il a une cousine. Une tante. C'est pas évident. C'est dur. Mais qu'importe. Au moins, il sait. Au moins, il connaît la vérité. Et ça, c'est plutôt chouette. C'est vraiment chouette. Il est vrai que ... Et bien, il est vrai qu'il aurait préféré le découvrir d'une autre manière. Mais qu'importe. C'est fait. Il est au courant. Elle l'est aussi. Et Wendy a le droit d'être plus perturbée que lui. Car après tout, sa mère ne va pas très bien en ce moment. Pas du tout d'ailleurs. Donc, il va faire en sorte ... Qu'elle pense à autre chose ce soir. Et puis, c'est bien. Ils vont en profiter pour parler un peu. Pour ... pour faire connaissance. Jouer aux fléchettes également. Même si ça fait un petit moment ... qu'il n'a pas eu l'occasion de le faire. Mais ça va lui faire plaisir de jouer. C'est certain. "Je sais pas si elle a perdu quoi que ce soit." Il secoue la tête en portant son verre à ses lèvres. "Elle a eu ce qu'elle voulait. Le droit de pouvoir rester ici." Des fois, il se demande. Il se questionne. Il a envie de savoir ce qu'elle est devenue. Ce qu'elle fait. Et surtout, pourquoi elle a disparu, comme ça, du jour au lendemain. C'est la grande question. Si elle ne l'aimait pas et qu'elle voulait juste la carte, elle aurait pu ... Elle aurait pu lui en parler. Ca n'aurait pas peut-être pas changé la décision. Et peut-être qu'ils se seraient quand même mariés pour l'aider. Mais bon. Il ne saura jamais. Sauf s'il finit par lui mettre la main dessus. Mais il en doute. Il en doute totalement.
Quoi qu'il en soit, Wendy parle un peu d'elle. De ce qu'elle a pu faire. De ce qu'elle a pu vivre. Andrew se rend compte que ... Et bien, il se rend compte qu'elle ne s'entend clairement pas avec son père. "Et je suppose que ta mère t'a soutenue." Du moins, c'est l'impression qu'il a. Enfin, c'est pas qu'une impression. Il en est certain d'ailleurs. C'est dommage de briser une famille de la sorte simplement parce qu'on ne veut pas vivre avec son temps et qu'on n'accepte pas les choses. C'est dommage. Vraiment. Est-ce que son propre père aurait réagi de la sorte s'il avait appris que son fils est homo ? Bon, c'est pas le cas. Mais Andrew essaie de se mettre dans cette situation. Ses parents ont toujours été compréhensibles. Si on lui demande son avis, il ne pense pas ... Il ne pense pas que ça se serait produit de la sorte. Enfin, il peut se trompe. Une vie riche en rebondissement pour Wendy. Elle a beaucoup voyagé. Et elle accorde beaucoup d'importance à sa mère. Même si c'est pas la joie avec son père, au moins, elle reste proche de sa mère. Et elle va pouvoir découvrir sa famille du côté de son père. Parce que maintenant que le chirurgien sait qu'elle fait partie de sa famille, il ne va pas la lâcher. C'est certain. Il ne va pas non plus la harceler. Il ne va pas non plus l'appeler à longueur de journée. Mais oui. Il ne compte pas l'abandonner. Il se met à sourire quand il lui dit qu'il n'y aura pas plus de famille de son côté. "Peut-être. Ou alors, si ça se trouve, on est loin du compte et on nous a encore caché pas mal de choses." Il secoue la tête. "En tout cas, j'en reviens pas ... que mon père m'ait caché qu'il a un frère." C'est quand même grave. "Qu'il soit pas au courant qu'il ait pu avoir une fille, d'accord. Mais qu'il m'ait caché un frère ..." Ouais. C'est pas normal. Du tout. Il est clair qu'Andrew va avoir une discussion avec son père. De là à dire que ça va se transformer en dispute, peut-être pas. Mais il a envie de savoir ce qui s'est passé. Pourquoi il a fait comme si son frère n'existait plus. Qu'est-ce qui est à l'origine de cette brouille ? Il doute pouvoir les réconcilier. Son oncle ... son oncle n'était pas très enjoué de le voir dans les parages. Mais savoir ce qui s'est passé, ouais, ça pourrait être une bonne chose.
Wendy regarde son cousin et lui propose une partie de fléchettes. "Avec plaisir." Il a un hochement de la tête. "J'vais récupérer les fléchettes." Il se lève aussitôt, ou presque. Se rapproche de la cible. Et décroche les fléchettes. Il revient près de Wendy et lui confie les fléchettes. "Honneur aux dames." lui dit-il dans un grand sourire.
Oui bon, il n'avait pas tord au sujet de son ex-femme ; elle avait eu le droit de rester sur le territoire australien sans trop de soucis. Mais ça me faisait vraiment chier pour lui. Je n'avais pas envie de savoir qu'on s'était servie de lui et de la pire manière qui soit. Franchement. Je pensais qu'il n'y avait qu'aux États-Unis que ce genre de choses existait mais ce n'est pas le cas, bien entendu. Ici aussi, il y a des tas de choses à faire pour pouvoir rester. La politique migratoire en Australie est l'une des plus dures et je suis bien contente d'être née ici pour ça. Je n'avais pas eu de problèmes à ce sujet au moins. Il y avait eu d'autres soucis dans ma vie mais pas celui-ci, c'est déjà bien. Et rapidement, je faisais un rapide compte rendu de ma vie à Andrew. Je n'arrondissais pas les angles parce qu'il n'y avait aucune raison de le faire. Mon père était un abruti et je voulais donner l'image complète du personnage à Andrew. Il est ma famille maintenant et s'il veut se faire une idée de prendre contact avec son oncle ou pas, je pense que ces quelques informations sont celles qu'il faut donner. " Oui ma mère m'a soutenu à la seconde où je lui ai dis. Elle a vu que ça me pesait depuis quelques temps et qu'en lui parlant, en m'acceptant, elle enlevait un énorme poids de ma poitrine " Elle avait eu la réaction parfaite lorsque je lui avais annoncé que j'étais amoureuse d'une fille de la caserne et que les garçons, très peu pour moi. Mon père, quant à lui, avait eu la pire des réactions qui puissent exister. Les opposés, en quelque sorte. Et ma mère avait pris un tournant déterminant dans sa vie pour me protéger. Je lui devais énormément, pour ne pas dire tout. Elle m'a toujours laissé le champ libre pour faire mes expériences et je sais qu'elle a été bien assez triste quand ma relation avec Lennon s'est arrêtée brusquement. Mais comme ma mère m'a toujours choisi, je l'ai choisi aussi. Et peut-être que ça a fait mal, beaucoup de mal, mais c'était la meilleure des choses à faire. Je n'ai aucun doute là dessus. Je tente de laisser tout ça de côté et quand Andrew me dit qu'on va peut-être apprendre des tas de choses, je grimace un peu. Non, vraiment, si on pouvait s'arrêter là, ça serait vraiment cool. Mais je devais avouer que j'avais terriblement peur que mon père ne finisse par m'apprendre qu'il avait refait sa vie et qu'il a un, deux ou plus d'enfants avec une autre femme que ma mère. Je crois qu'elle serait contente pour lui. Mais moi je ne pourrais pas l'accepter, oh non. Je crois que ça serait la dernière trahison qu'il pourrait me faire. Et j'avais peur de ça, vraiment. Une très petite partie de mon coeur voulait lui pardonner son ignorance, son imbécilité. Peut-être 0,1%. Mais ce sentiment existe, très très au fond. " Tu sais, il n'a pas donné de signes de vie en dix ans… À sa propre fille… Son sang ! " Baissons donc ce pourcentage à 0,0001. Parce que je ne pourrais jamais lui pardonner. " Mon père a peut-être fait pareil. Il les a coupé de sa vie et voilà… Il a été jusqu'à changer de nom de famille tu sais. Il ne fait pas vraiment parti de votre famille " Que je souffle avant de me raviser " De notre famille " Je souris légèrement et bois une gorgée de ma boisson. Je ne voulais pas qu'Andrew entre en conflit avec sa famille pour mon père. Il n'en vaut pas le coup. Voilà ce que je me répétais sans cesse. Quand, plus jeune, je me sentais mal de ne pas avoir de père présent, je me disais qu'il n'en valait pas le coup. Et j'avais raison, en soit. " Je suis sûre que tu vas te rendre compte que mon père est un gros abruti " Que je lance avant de parler de jouer aux fléchettes et de ces confessions qu'on pourrait avoir en jouant. C'est une petite façon de se confier, d'apprendre à se connaître. Et quand Andrew revient avec les fléchettes et me les propose par galanterie, je grince un peu des dents. Je ne dis rien mais ça hurle en moi. Vingt minutes dans la même pièce que mon père et j'étais complètement enragée. Je lance ma fléchette et me retrouve loin du centre et des points. C'est pas bien. Alors, confessions. " Je suis contente que tu sois mon cousin. Je me demandais si mon père était un enfoiré ou si c'était de famille, d'où le fait qu'il ne nous a jamais parlé de sa famille. Mais je vois que le problème, c'est lui " Parce qu'Andrew est un super gars. Il est gentil, posé, calme. Rien à redire là dessus. C'est un très bon médecin aussi. Il est très respecté à l'hôpital et c'est vraiment cool…
Accueil
La pauvre Wendy. L'état de sa maman s'était dégradé. Alors, bien sûr, il n'avait pas pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil. et de proposer son aide au besoin. Chose que Wendy avait accepté. Ca avait été compliqué. Vraiment compliqué de faire accepter à sa mère que ... Et bien, qu'il y avait une chance que la chirurgie fonctionne bien et qu'elle aille mieux. Bien mieux. Seulement, comme toute chirurgie, c'était ... parfois ... Comme dire ... Et bien, rien n'était certain. Il y avait des complications parfois. Pas toujours. Mais ça arrivait. Bien malheureusement. Quoi qu'il en soit, Andrew n'était pas parti. Pas encore. Non. Ca faisait déjà quelques heures qu'il avait terminé. Mais quand il opérait quelqu'un, il ne partait pas. Il préférait attendre un peu. Et revenir plus tard. Pour s'assurer que tout allait bien. Et puis, il était resté pour Wendy également. Ce n'était pas forcément la forme. C'était une situation difficile pour elle. Et c'était compréhensible d'ailleurs. Son père ou sa mère ... serait dans la même situation, il serait inquiet. Aussi. Donc, s'il pouvait accorder un peu de son temps à Wendy et la rassurer. L'aider. Lui remonter le moral, ça ne serait pas une mauvaise chose en soit. Bien au contraire. "Elle est encore là ?" avait demandé Andrew. On lui fit un signe de la tête. Un signe positif. Il prit une lente inspiration. Ca serait pas une mauvaise chose si ... Et bien, si elle rentrait chez elle. Non. Ca pourrait être bien qu'elle rentre à la maison un moment. Pour se reposer. Parce qu'elle allait finir par être exténuée. Et ce n'était pas bon pour elle. Ce n'était clairement pas bon. Elle avait besoin de repos. Elle avait de dormir un peu. Sans quoi, il y aurait deux Carmichael hospitalisées. Et Andrew n'avait pas besoin de cela. "J'vais aller les voir avant de partir." Ouais. C'était une bonne chose. Ca lui permettrait de vérifier comment allait sa patiente. Et de conseiller à Wendy d'aller faire un tour. De revenir plus tard. Après, est-ce qu'elle accepterait de le faire, ça, c'était une autre histoire. Ainsi donc, il avait fini par se diriger vers la pièce en question. On lui avait porté à sa connaissance que la mère de Wendy avait signé un ordre de ne pas réanimer. Il en avait été surpris. Il aurait pensé que sa mère ... Et bien, se battrait, malgré tout cela. A croire qu'elle était épuisée de lutter et qu'elle avait envie de tout stopper. En quelque sorte. Il prit une lente inspiration. Wendy était au courant. Du moins le pensait-il. Et elle devait être dans tous ses états. Sa main posée sur la poignée de la porte, il finit par l'abaisser et pousser quelque peu la porte. "Bonsoir Wen ..." Il n'avait pas fini sa phrase. Car celle-ci n'était pas seule. Oh, bien sûr, il y avait sa mère. Mais il y avait également un homme. Un homme qu'il n'avait jamais vu. Son père ? En tout cas, il semblait être assez âgé pour l'être. Ou alors un oncle. Va trop savoir. mais il avait un air de ressemblance ... avec son propre père. Bah ... C'était sans doute une coïncidence. "Bonsoir, je suis le docteur Andrew Miriyan." Le type faisait une gueule de trois kilomètres de long. Et Andrew ... ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se passer. "Tout va bien ici ?" Il posait la question. Même s'il se doutait que ce n'était pas le cas.