Le Deal du moment : -25%
PC Portable Gamer 16,1” HP Victus 16 – 16 ...
Voir le deal
749.99 €

Aller à la page : Précédent  1, 2

 Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar

Anonymous
Invité
Invité
  

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty
Message(#)Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 EmptyMar 23 Oct 2018 - 0:21

Paul lui en expliquait un peu plus sur sa relation avec ce fameux Hadès et ses quelques déboires liés à l'alcool. Elle se voulait rassurante envers Paul quant à son petit dérapage induit très certainement par une consommation un peu abusive d'alcool par quelqu'un qui n'en avait pas l'habitude. Itziar aussi pouvait se rappeler de quelques bêtises qu'elle avait pu faire lors de ses premières soirées alcoolisées, alors qu'elle était encore au lycée. Ses bêtises à elle étaient plus nocives qu'une simple insulte destinée à une fille sous le coup de la colère mélangée à un verre de trop. Non, son truc à Itziar et à ses amis de l'époque c'était de s'en prendre aux souffres douleurs du lycée. C'était bien plus drôle selon eux. Un petit verre de trop et hop ils étaient partis pour inventer des rumeurs à diffuser sur telle ou telle personne qu'ils n'appréciaient que peu. C'était de la méchanceté simple et gratuite et avec du recul elle en avait plutôt honte. Elle se rendait aussi compte que ça n'avait absolument rien de drôle. Elle avait des oeillères à cette époque, se sentait au-dessus des lois et était complètement déconnectée du monde réel. "Ah ..." est la seule chose qu'elle trouve à répondre quand il lui dit que la fille en question se trouvait tout bonnement dans les bras du fameux Hadès. "Et c'était qui cette nana ? Il tient des filles dans ses bras comme ça lui ?" demande t-elle ensuite en levant un sourcil. Elle ne dirait pas qu'il avait bien fait de la traiter de pute, car le mot était tout de même un peu fort et bien trop irrespectueux, mais elle trouvait que sa réaction, si elle n'avait pas été aussi démesurée au niveau des mots, aurait été totalement justifiée. Après tout, personne n'apprécie voir son mec dans les bras de quelqu'un d'autre et encore moins avec un verre dans le nez, quand les émotions sont décuplées.

Il lui demandait ce qu'elle avait vu. Si elle devait la faire courte, elle dirait simplement qu'elle en a sûrement vu beaucoup trop. C'était cependant bien plus compliqué que ça. Elle n'avait sûrement vu que la partie supérieure de l'iceberg. "J'ai vu des gens boire à s'en rendre malade et je parle pas simplement, boire et vomir parce que t'as un peu exagéré. J'ai vu des gens chercher la merde pour rien parce que ça faisait des heures qu'ils enchaînaient les verres." Explique t-elle. Ce serait vraiment trop compliqué de choisir une seule situation qui engloberait la totalité de sa pensée. Surtout qu'elle n'avait pas seulement vu les alcooliques, elle avait pu voir les proches aussi. "A côté de ça, j'ai vu des gens qui avaient un alcoolique à la maison et qui venaient broyer du noir au bar, préférant attendre que le mec finisse par s'endormir d'avoir trop bu avant de rentrer." Oui ce qu'elle avait vu ce n'était bien sûr par tout. Tous les alcooliques ne traînent pas dans les bars et donc elle n'a pas forcément une vision globale de ce que ça pouvait avoir comme impact sur les gens. "C'est très moche comme maladie et le pire c'est que ça fait souffrir aussi bien la personne que son entourage qui est complètement impuissant face à ça la plupart du temps." Elle ne voulait pas non plus le refroidir face à Hadès après tout, il avait peut-être une réelle volonté de s'en sortir, elle ne connaissait pas le type et ne pouvait donc pas juger sans savoir. Surtout, ce n'était absolument pas sa place, mais Paul lui avait demandé et elle n'avait pas pu lui mentir, ni même embellir la chose. Il était médecin, il était capable de comprendre et de se forger sa propre opinion. "Un beau mec comme toi n'a jamais eu de relation avant ? J'ai du mal à te croire." Lui répond-elle, histoire de rendre la conversation un peu plus légère, avant qu'elle ne prenne une tournure un peu trop sérieuse. "Et tu sais, il y a pas de mode d'emploi dans une relation. Elles sont toutes différentes, alors t'as pas à t'inquiéter pour ça, tu trouveras vite ce qui fonctionne pour toi." Là encore, ce n'était pas à elle de lui dire quoi faire.

Elle avait demandé s'il avait d'autres talents cachés sans être réellement sérieuse, c'était plus sur le ton de la plaisanterie et pourtant, il s'avérait qu'il avait bien d'autres talents cachés. Langue vivante, chimie. Il était complètement polyvalent. Il lui aurait dit qu'il pouvait réciter des pages entières de Wikipédia que ça ne l'aurait même pas étonnée à ce stade. "Ah bah attend, tu veux que je te parle seulement en espagnol à partir de maintenant ? Tu vas t'améliorer en un rien de temps." Lui propose t-elle en ne plaisantant qu'à moitié seulement. Si ça lui disait elle le ferait avec grand plaisir appréciant toujours autant de pouvoir parler sa langue natale. Un bon moyen aussi pour elle de reposer un peu son cerveau qui n'entend que de l'anglais H24 et est donc toujours bien content de ne pas avoir à fournir trop d'énergie une fois de temps en temps. "Oh non, mais tu vas pas me faire réviser dès maintenant, je viendrai te voir quand ça sera critique." Réviser oui, réviser trop longtemps en avance, non ce n'était quand même pas elle et puis elle était malgré tout très bien organisée. Avec les cours à concilier avec son travail au bar, elle se devait de tenir un planning afin de ne rien oublier et surtout afin de pouvoir tout finir dans les temps. "J'rigole hein !" lui lance t-elle ensuite quand elle se rend compte que ça remarque l'a pour le moins perturbé. Elle avait dit ça pour rire, elle savait bien qu'il ne comptait que lui montrer son armoire à pharmacie, en tout bien tout honneur, rien de plus. Mais il fait l'air de croire qu'elle était sérieuse, ce qui visiblement, le mettait mal à l'aise. Elle mettait donc dans un coin de sa tête que ce genre de sous-entendus un peu douteux ne passaient vraiment pas très bien avec le jeune homme. Elle ne pu s'empêcher de rire ensuite à sa remarque quant à la musique. Aller au bout de sa tristesse, c'était effectivement une belle représentation de ce qu'il en était. "C'est ça ! on se met de la musique bien triste, on pleure un bon coup pour tout évacuer et on passe à autre chose." Idem avec la musique entrainante quand elle se sentait de bonne humeur, c'était un moyen de rester dans cet état d'esprit le plus longtemps possible.

"Bon je te fais confiance alors !" Lui dit elle quand il lui dit que Supernatural est dans la catégorie séries fantastiques et donc techniquement, n'est pas censée faire peur. "Par contre si ça me fait peur et que je fais des cauchemars, faudra pas t'étonner si je débarque dans ton lit." Ah bah oui, c'était son idée cette série, si elle avait peur et avait des problèmes pour dormir, c'est bien évidemment lui qu'elle viendrait embêter ensuite. C'était logique non ? Elle n'allait par exemple pas aller embêter Nathan qui lui n'y serait pour rien. Il lui explique un peu ce qu'il a comme jeu et ça la conforte vraiment dans son idée de se faire une soirée jeux vidéos et pizzas entre colocataires. "Ok, faut vraiment qu'on se fasse ça, ce jeu ou faut se passer la manette me dit trop." ajouter à ça le fait qu'elle n'avait pas touché une console depuis des années, c'était un peu comme Noël avant l'heure. "La prochaine fois qu'on est en même temps à la maison et qu'on a le temps de se poser j'te ferai ça alors. Tu verras c'est super bon et pas vraiment très compliqué." Pas compliqué c'était le plus important, comme elle n'était absolument pas un cordon bleu, il lui fallait des recettes simples, mais efficaces.

Il lui parle de sa pathologie et elle se sent un peu bête de ne pas comprendre quand il lui explique. Elle ne saurait pas dire si sur le moment il s'agit de la barrière de la langue ou du fait qu'elle ne s'y connait absolument pas en terme médical. Elle sait que demander un peu plus de précision est un peu osé, mais elle préfère ça, plutôt que de faire semblant de comprendre. "Ah d'accord. Ca je connais. Enfin, de nom, je sais pas réellement ce que ça implique." Elle avait déjà entendu ça auparavant, mais elle ne savait pas ce que cela voulait réellement dire. Puisque qu'à première vue, Paul avait absolument tout d'un jeune homme complètement normal. "Donc t'es pas malade en fait ?" lui demande t-elle avec un tact complètement inexistant. Quand il a mentionné une quelconque pathologie un peu plus tôt, elle s'attendait réellement à une maladie or de ce qu'elle en savait, l'autisme, n'en était pas vraiment une à proprement parler. Ou du moins comme ça qu'elle le comprenait. "Ah donc pour la faire courte, sans vouloir être irrespectueuse bien sûr, en gros tu es juste pas du tout doué pour tout ce qui est interaction sociale c'est ça ? Faut que tu te forces ? C'est pas naturel pour toi si j'ai bien compris ?" lui demande t-elle tentant de comprendre du mieux qu'elle pouvait. "C'pour ça que t'as cru que j'étais sérieuse tout à l'heure quand je parlais de ta technique pour attirer les gens dans ton lit ?" lui demande t-elle. Si c'était ça, elle saurait pour plus tard que ce n'est pas que ça ne passe pas avec lui, c'est simplement qu'il ne comprend pas ces choses-là de façon ironique.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty
Message(#)Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 EmptyMer 24 Oct 2018 - 21:06

L'alcool m'avait donné depuis toujours bien des raisons d'être détestée. A commencer par mes sales expériences au lycée, alors que mes contemporains prenaient leurs première cuites, et que j'étais la cible de leur colifichets. Heureusement, à l'heure de picoler, la plupart du temps, j'étais enfermé chez moi, à réviser mes cours, à lire un bouquin, à embêter Allan, Sara, ou Clément. Mais plus tard, avec le décès de Jim, ou encore tout simplement en fac de médecine, j'avais appris quels ravages exactement cela faisait sur le corps, et ça me répugnait. Et cette soirée là, mon unique beuverie, je m'étais rendu compte des bons et des mauvais côtés. Les bons côtés c'était que sous alcool, j'étais un peu plus "normal", je riais plus facilement, j'avais l'air moins bizarre. Les mauvais ou plutôt LE mauvais, c'était que j'avais la sensation de perdre le contrôle de moi-même, et j'avais horreur de ça. Itziar me tira de mes pensées en me demandant ce que Hadès pouvait bien foutre avec une fille au bras. Je soupirai presque silencieusement.
« Et bien... Je suppose qu'on était pas vraiment ensemble à ce moment là. On a juste... Passé un moment ensemble, et ensuite on s'est disputés, et je n'ai pas eut de nouvelles pendant une semaine, et quand je l'ai revu, il était dans ce bar, au bras de cette fille.» Et combien d'autres filles avait il vu pendant cette semaine là? Cette question me taraudait l'esprit. Est-ce que le fait qu'on ai pas vraiment été ensemble, était vraiment une excuse valable pour être au bras d'une femme ?  Surtout après m'avoir dit qu'il m'aimait.
« Je sais pas si tu te souviens, mais pendant quelques jours il y a eut une tâche de sang sur le mur près de la porte.» Et je refusais que qui ce soit y touche d'ailleurs. J'avais fini par la nettoyer moi-même. « C'est arrivé quand... On s'est disputés.»Parce qu'il avait frappé le mur si fort, en pensant probablement à mon crâne qu'il avait finit par y laisser des plumes, ou plutôt du sang.

Je l'écoutais ensuite répondre à ma question, concernant les alcooliques leur quotidien et ceux de leurs familles. Et ce qu'elle me racontait me semblait encore plus triste que tout ce que j'avais pu imaginer. Pourrais-je supporter ça sur le long terme ? Pourrais-je vivre avec ça ? Je n'en avais aucune idée. Je baissais donc un instant le regard vers le sol, écoutant encore et toujours ses propos et les transposant à ma propre situation. L'équation était simple, mais la réponse, elle, était loin de l'être, et mes capacités scientifiques n'y changeraient rien.
« Tu n'as jamais eut envie d'agir? De dire non à un client qui avait déjà assez bu?» Je savais bien que ce n'était pas si simple que ça d'agir, ou de faire quelque chose, mais ma question résidait surtout sur l'envie. Est-ce qu'elle avait déjà eut envie de le faire.
Je lui fis un petit sourire lorsqu'elle me dit que j'étais un "beau mec", ce que je pris au sérieux bien évidemment. Je ne détestais pas mon physique après tout, je savais qu'il était loin d'être ingrat.
« Personne ne s'est jamais intéressé à moi de cette façon là.» Et c'était bien vrai, parce que tout le monde savait ce que j'étais et ne voyait plus que ça, collé sur mon front. « Et je ne crois pas que j'étais prêt. Je ne suis toujours pas sûr de l'être.» Mais au fond me dirait-elle sûrement, quand est-on vraiment prêt pour se lancer dans la grande aventure qu'est l'amour?
Sa phrase suivante me poussa une nouvelle fois à réfléchir.
« Et qu'est-ce qui fonctionne et ne fonctionne pas pour toi?» Ce n'était pas de la curiosité mal placée, au contraire, j'essayais de comprendre ce qui pouvait être perçu comme normal ou au contraire, pas du tout. J'étais un peu perdu dans tout ça, et même si à raison, elle ne voulait pas me dire ce que j'avais à faire, j'avais besoin de "standards" sur lesquels me fixer une base, tout simplement.

Et suite à mes révélations, Itziar me proposa de ne me parler qu'en espagnol à partir de maintenant et tout de suite mes yeux s'illuminèrent et c'est donc en espagnol que je lui répondis.
« Oui, fais-le s'il te plait, je t'en serais extrêmement reconnaissant.» Bon, ok, mon accent était à revoir, et mes mots un peu brouillons, mais j'en étais au tout début de mon apprentissage, et discuter en espagnol avec une vraie espagnole ne serait que tout bénéfice pour moi.
« Au dernier moment donc?»Répondis-je, sur le ton de l'humour. Je savais que c'était ce que faisaient la plupart des gens, et je comptais bien lui expliquer que c'était le meilleur moyen de se foirer !
Elle me dit ensuite que ce qu'elle avait énoncé plus tôt était une plaisanterie, et bien que je ne répondis qu'en soulevant légèrement le menton pour acquiescer, je notai dans mon esprit que ceci était donc une plaisanterie. Décidément mon apprentissage du second degrés s'avérait long et ardu... Mais je finirais par y arriver, du moins je l'espérais.
Je soulevai une nouvelle fois le menton pour acquiescer lorsqu'elle confirma mes dires concernant la musique. Effectivement, la musique pouvait aider à aller au bout de nos émotions, à vider notre sac en somme et c'était bénéfique, du moins davantage que de rester là, avec nos assentiments.
« Du coup, maintenant, je saurais quand tu es triste.» Dis-je avec un petit sourire. Qui sous-entendait que j'irais la voir pour essayer de la consoler si le cas se présentait.
« On a qu'à dire que si tu as envie d'en parler, tu mettras de la musique triste, comme une sorte de code secret entre nous.» Oui, j'avais ce côté enfant, qui aimait bien les codes secrets, les messages codés et tout autres choses. Alors voilà, si elle était d'accord avec ça, je saurais désormais que si elle mettait de la musique triste sans mettre de casque ou d'écouteurs, c'est qu'elle voudrait en parler.

« Si ça fait peur, je pense que je serais content que tu le fasses, parce que j'aurais sans doute peur aussi.» Je ris légèrement, bien que derrière ce rire il y avait une vérité. Je n'étais pas particulièrement froussard, les insectes par exemple ne m'effrayaient pas, mais les films d'horreur c'était une autre histoire.
« Je proposerai à Nathan et on se trouvera une soirée pour faire ça. Ce sera même ma tournée de pizzas.» En rentrant de l'hôpital rien de plus facile que de prendre ça au passage, et puis j'adorais par dessus tout faire plaisir aux autres.
« Ca me va, ça me permettra d'en apprendre plus sur la culture espagnole. Tu as prévu de cuisiner quoi exactement?» Parce que quand j'apprenais une langue, je ne me contentais pas seulement d'apprendre les mots, j'aimais tout savoir du peuple qui allait avec.

« Dans les faits, non, je ne suis pas malade. Ca n'altère pas ma santé.» Ca ne faisait pas de mal à mon corps et ça ne risquait pas de me tuer, en gros, voilà pourquoi ça ne rentrait pas de la case maladie, mais il y avait pourtant bien des symptômes et des handicaps au quotidien.
« C'est... Je ne déteste pas communiquer ou voir des gens, au contraire. Mais j'ai souvent du mal à trouver mes mots, et je suis souvent compulsif, je ne remarque pas quand les gens sont gênés ou agacés.» Et c'était bizarre, non ? D'en avoir conscience mais pourtant d'être incapable de le faire dans les faits. Par exemple, je pouvais me mettre à utiliser des termes compliqués et médicaux, sans me rendre compte que la personne en face de moi ne comprenait rien, tant qu'elle ne me le disait pas clairement avec des mots.
« En fait... Il faut me dire les choses clairement. Si je t'agace, si tu ne comprends pas ce que je dis, il faut me le dire. Je ne peux pas le comprendre en lisant sur ton visage.» Il me semblait que ce soit la façon la plus simple de l'expliquer, en fait. « Mais j'ai fais des progrès, je comprends quand-même pas mal d'expressions non-verbales, et j'ai appris à me fier au regard.» Une chose assez rare chez les Asperger, je savais lire dans le regard, du moins dans une certaine limite. Et d'ailleurs dire ça me ramenait à l'époque où je ne savais même pas décrypter un sourire, et encore moins en faire moi-même.
« Oui, c'est pour ça. Mais maintenant je sais que c'est une plaisanterie, donc la prochaine fois je le comprendrais comme tel !» Dis-je avec un petit sourire, pour tenter de dédramatiser la situation.  
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty
Message(#)Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 EmptyLun 29 Oct 2018 - 1:04

Itziar écoute avec attention ce que Paul lui raconte. Elle hoche la tête pour acquiescer, un moyen de lui montrer sans le dire qu'elle comprend ce qu'il lui dit et qu'elle est en train d'intégrer l'information. Elle ne veut pas répondre trop rapidement. Elle ne veut pas l'influencer. Se mêler de son histoire avec Hadès, c'est hors de question, elle veut tenter d'être la plus neutre possible dans ses propos, même si, Paul étant son colocataire elle allait forcément être de son côté. C'était inévitable, elle était humaine et elle ne pouvait pas être complètement objective vis-à-vis de la situation puisqu'elle ne connaissait pas Hadès et que les seules informations qu'elle avait à son sujet étaient celles que Paul lui avait dévoilées. Malheureusement pour lui, ce n'était pas forcément la description du prince charmant qu'elle avait pu obtenir. "Je vois." Lui répond-elle en réfléchissant. La situation était assez compliquée. D'un côté à cette époque, Hadès et Paul n'étaient pas encore ensemble il n'était donc pas très juste d'incriminer le jeune homme sur ce point, d'un autre côté, si ce dernier avait un quelconque intérêt pour Paul à ce moment-là, il n'était pas forcément très correct de s'être comporté de la sorte. Elle pouvait bien voir les deux côtés du tableau. "Tu t'es peut-être un peu emporté sur ce coup-là, mais bon, t'avais bu, on peut pas t'en vouloir non plus. Tes émotions étaient décuplées, ça se comprend. Hadès aurait pu être un peu plus réglo aussi. Dans une histoire il y a forcément deux personnes et les deux ont des torts en général." La faute était toujours partagée. Certes Paul avait peut-être réagi un peu violemment à cause de l'alcool, mais Hadès n'avait pas non plus à aller se réfugier dans les bras de la première venue à cause d'une petite dispute. Ça allait donc dans les deux sens. Elle est surprise voire même choquée quand il lui parle de la tache de sang sur le mur. Elle avait effectivement remarqué cette trace pourpre sur le mur qui avait disparu aussi vite qu'elle était apparu. Elle ne s'était pas trop posée de questions sur le moment. Se disant qu'il s'agissait surement d'une tâche de nourriture ou quelque chose du genre. Elle ne s'attendait pas à ce que ce soit du sang, arrivé là parce que ce fameux Hadès c'tait un peu trop énervé. "Il t'a pas touché j'espère." Lui demande-t-elle un peu inquiète. Qu'il frappe le mur c'est une chose. Qu'il frappe Paul en est une autre. Elle ne le connaissait pas depuis si longtemps que ça, mais c'était clairement la chose qu'elle n'accepterait pas et malgré le fait qu'elle ne soit pas bien costaude, elle serait capable d'aller chercher ce Hadès pour lui régler son compte. Dispute ou pas, elle ne cautionnait absolument pas la violence.

Est-ce qu'elle avait déjà eu envie de dire non à un client ? Bien sûr. D'ailleurs elle avait déjà refusé à plusieurs reprises de servir un verre à quelqu'un parce qu'elle avait jugé que la personne avait déjà bien assez bu pour la soirée. C'était bien plus courant que Paul pouvait l'imaginer. Ça valait autant pour les alcooliques que pour les gens qui venaient simplement faire la fête en buvant un peu trop de verres. Si elle jugeait qu'une personne avait bien trop bu et que ça devenait à devenir dangereux pour lui ou pour les autres, elle n'hésitait jamais à dire non. "Si si, d'ailleurs, ça m'arrive de refuser, mais t 'sais, la personne se barre et va ailleurs, il y aura forcément quelqu'un quelque part qui lui servira un verre." Ce n'est qu'une solution temporaire. Elle ne peut pas retenir quelqu'un. Elle peut contrôler les verres qu'elle sert, juger de l'état de certaines personnes, mais une fois qu'ils quittent le bar, elle ne peut plus grand-chose. Elle avait aussi pu remarquer que ces personnes qui voulaient à tout prix leur verre savaient se faire rusés, se mettre dans la peau d'un mec sobre pour convaincre qu'un verre de plus ne ferait pas tant de mal que ça. Elle se faisait avoir des fois aussi. Elle n'avait pas les yeux partout et elle ne pouvait pas non plus contrôler ses collègues, c'était donc assez compliqué.

La jeune espagnole est surprise quand son colocataire lui dit que personne ne s'est jamais intéressé à lui de cette façon-là. "Ah oué ? T'es sûr que c'est pas plutôt que tu t'en étais jamais rendu compte ?" lui demande-t-elle. Elle a énormément de mal à y croire, mais elle se rend compte avec les explications du jeune homme, qu'il y a sans doute plus qu'une simple question d'apparence. Il n'était pas prêt. Voilà ce qu'il lui explique. Ça aussi, ça l'étonne. Ou du moins, elle a un peu de mal à comprendre ce qu'il veut dire par-là. Il a la trentaine, on aurait pu croire qu'il aurait été prêt depuis longtemps. Elle, elle avait treize ans la première fois qu'elle était sortie avec un garçon, ça lui paraissait donc impensable qu'à son âge, il ne se sente pas prêt, mais après tout, elle ne le connaissait pas plus que ça et il avait certainement ses raisons. "Si je t'avais pas en face de moi et que je pouvais pas voir ton visage si sérieux, je croirai que tu me fais une blague." Lui dit-elle le plus sérieusement du monde. "Faudra vraiment que tu m'expliques un jour, car je suis pas sûre de saisir comment c'est possible." lui dit elle. Non, vraiment elle ne voyait pas. "Tu t'étais jamais intéressé à personne de cette façon avant Hadès." Lui demande-t-elle. Il fallait de tout pour faire un monde après tout, mais il était vrai que pour elle c'était tout de même plutôt étrange et elle ne pouvait pas comprendre.

Elle fut cependant un peu surprise et prise de court par la question du jeune homme. Ce qui fonctionnait ou pas pour elle, ce n'était pas réellement quelque chose auquel elle avait réellement pensé. Elle avait beau avoir eu pas mal d'aventures dans sa vie, sa plus longue relation n'avait duré que deux ans et le mec l'avait fait venir dans un lieu public afin de la larguer sans qu'elle ne puisse lui faire une crise. La relation avait eu des hauts et des bas en deux ans et n'avait pas forcément été des plus matures, elle ne pouvait donc pas réellement dire ce qui fonctionnait ou pas pour elle à 100%, mais elle avait tout de même ses préférences et avait mine de rien appris de ses erreurs du passé. "Pour commencer, comme on en a parlé tout à l'heure, la violence, je supporte pas la violence. Je peux comprendre la colère, mais j'peux pas vraiment comprendre la violence." Lui explique-t-elle pour commencer. Pour le reste, il lui fallut réfléchir un petit peu, c'était un peu le genre de question qui demandait de la réflexion, il y avait sans doute plein de choses qui fonctionnaient ou ne fonctionnaient pas pour elle, mais du tac au tac, c'était bien plus compliqué que ça y paraissait. "Pour moi ce qui fonctionne le mieux c'est la communication, j'préfère qu'on me dise ce qui va pas directement plutôt que ça finisse en dispute parce qu'il y a plein de petits non dits qui s'accumulent. J'suis pas du genre à me vexer pour rien alors j'préfère qu'on me dise les choses." Ce qui n'était absolument pas le cas avec son ex qui avait plutôt tendance à user et abuser des remarques passives agressives quand quelque chose lui déplaisait. Ce qui par la suite énervait Itziar et donc une chose en entrainant une autre, c'était bien souvent parti pour une dispute. "Enfin j'sais pas trop quoi te dire j'suis pas une experte non plus, puis ça dépend des partenaires aussi j'imagine." Oué car son ex justement, était du genre à se vexer pour rien et donc lui dire ce qui n'allait pas avait tendance à le faire bouder tel un gamin, ce qui n'était pas forcément au gout de la jeune espagnole.

Itziar affiche un large sourire quand il lui qu'il serait extrêmement reconnaissant si elle lui parlait en espagnol. Elle trouvait ça fun comme idée, même si au début elle allait surement oublier qu'elle avait promis de faire ça. Elle côtoyait tellement peu d'hispaniques ici que la langue qui lui venait en premier ces derniers temps était bel et bien l'anglais. "Tu fais de l'espagnol depuis longtemps ?" lui demande-t-elle en espagnol, ne prenant pour le coup pas la peine de parler plus lentement que la normale. Un moyen de tester un peu son niveau de compréhension et de s'adapter par la suite si besoin. "Pas au dernier moment, mais presque." Lui répond-elle en riant quand il la questionne sur ses révisions. "J'ai un planning très serré." Explique-t-elle un peu plus. Planning qui ne laissait pas forcément de place à beaucoup de changements. Allier les cours, le travail et la vie sociale n'était définitivement pas une chose aisée, mais c'était pour la bonne cause. "Maintenant tu vas pouvoir connaitre mon humeur rien qu'avec ce que j'écoute. Pas moyen de te cacher des trucs à partir de maintenant." À moins de mettre des écouteurs pour écouter sa musique, ce qui était une solution aussi et qui était ce qu'elle faisait quand elle voulait réellement se couper du monde. Si elle avait de grosses révisions à faire, elle se vissait généralement ses écouteurs dans les oreilles avec de la musique calme et sans parole histoire de se créer une bulle et pouvoir se concentrer pleinement. "Ca me va ! J'aime bien ce petit côté secret, genre il y a que nous deux au courant. Bon je promets de pas en abuser non plus, sinon les autres risquent de pas apprécier d'entendre ma musique trop forte." oui il fallait tout de même penser aux autres qui n'avaient aucune idée de ce que mettre de la musique comme ça voulait dire et donc se fichaient bien qu'elle veuille en parler avec Paul. Ca viendrait perturber leur tranquillité et ce ne serait donc pas apprécié.

"Et mais c'est toi l'homme fort là c'est à toi de me protéger, il en faut au moins un des deux qui n'ait pas peur, sinon on va pas s'en sortir." Lui répond-elle en plaisantant. Elle pensait qu'il avait déjà vu la série et donc qu'il savait à quoi s'attendre, mais il s'avérait que ce n'était pas vraiment le cas. Techniquement ce n'était pas une série d'horreur, ça devrait aller, si c'est un peu gore dans le pire des cas, ça va la dégouter, mais elle n'en fera pas des cauchemars. Normalement. Elle acquiesce d'un signe de tête quand il lui dit qu'il proposera à Nathan pour qu'ils s'organisent cette soirée pizza et jeux vidéo. Cette perspective l'enchantait particulièrement et elle ne se serait jamais douté qu'elle apprécierait ce côté de la colocation et pourtant. "Oh là tu me mets la pression là." Dit elle en plaisantant quand il lui dit qu'il pourra en apprendre plus sur la culture espagnole. "Sinon je sais pas trop, j'suis pas la meilleure des cuisinières, mais genre une bonne tortilla, ça me semble obligatoire pour l'entrée peut-être avec une paella." Bon pour la paella, ce n'est vraiment pas ce qu'elle sait faire, mais comme c'est ce qui représente le plus l'Espagne selon elle, ça lui semble logique de s'atteler à cette préparation, elle fera du mieux qu'elle peut pour préparer un truc potable.

Il lui explique sa pathologie. Ce n'est pas une maladie comme il le dit, ça n'altère pas sa santé. Elle hoche la tête en signe d'acquiescement. Quand il lui en dit un peu plus, elle ne peut s'empêcher de penser que ça explique finalement pas mal de choses qu'elle trouvait étranges dans son comportement. Elle se rend compte que toute la communication non verbale, qui est logique pour elle, a dû être apprise par le jeune homme, que ce n'était pas inné chez lui et que ça ne l'est toujours pas. "Je comprends mieux." lui dit-elle avant de continuer. "Mais du coup, qui t'a appris tout ça ? Un médecin ? Ou t'a appris par toi-même en faisant attention aux expressions des gens ." Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un d'autiste avant lui et donc elle avait sûrement énormément de choses à apprendre à ce sujet. "Moi je ferai plus attention et t'inquiète pas, si tu m'agaces tu t'en rendras très vite compte." Lui dit elle en plaisantant. Elle n'était pas du genre à avoir sa langue dans sa poche et s'il fallait être cash, ça ne lui posait pas de problème. Il n'avait donc pas à s'inquiéter pour ça. Maintenant qu'elle savait ce qu'il en était, elle pourrait adapter son comportement. "En tout cas, j'suis contente que tu me l'ais dit, ça doit pas être forcément facile de se dévoiler comme ça." Surtout quand ils ne se connaissaient pas tant que ça au final.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty
Message(#)Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 EmptyMar 6 Nov 2018 - 13:02

Certes ce soir là, Hadès et moi n'étions pas vraiment ensemble. Mais comment étais-je supposé apprendre à contrôler ma jalousie dans un cas et pas dans un autre puisqu'aux deux moments je l'aimais? Décidément, les standards humains me laissaient régulièrement dans l'incompréhension la plus totale. Certes, j'étais aussi le premier des deux à n'avoir aucune envie de m'engager. L'idée même d'être en couple aurait pu me donner de l'urticaire et me donner l'envie de fuir en courant à l'autre bout du monde. Je n'étais aujourd'hui toujours pas certain que l'engagement était une bonne chose. Sans doute avais-je une vision enfantine et simpliste de la chose en m'étant imaginé que le fait d'aimer quelqu'un suffisait à lui montrer une sorte de fidélité et surtout à s'efforcer de ne pas blesser cette personne? Je n'y comprenais pas grand chose, il fallait le dire honnêtement. Ma vision était sans nulle doute biaisée, et je savais que ça m'avait toujours causé des problèmes et que ça m'en générerait toute ma vie.
« J'en doute pas. Je suppose qu'aller boire déjà était sauf une bonne idée, pour commencer.» Mais quelles étaient les chances pour que je tombe sur lui, dans ce bar là? C'est pas comme si la ville en était remplie. Je crois que j'étais né sous une sorte de mauvaise étoile et qu'elle s'évertuait à me pourrir la vie.
« Est-ce que je suis fou de penser qu'avec ou sans engagement quand on aime quelqu'un on ne doit pas le blesser?» La question bien que probablement sous un air stupide était légitime, non? Ou bien elle me ferait encore une fois passer pour un gars bizarre.
La question suivante d'Itziar me fit sourire légèrement, elle s'inquiétait pour moi. Il y avait de rares cas, comme celui-ci où je savais le voir.
«Non. Il ne m'a pas touché.» Et je me rappelais si bien des nombreux coups que j'avais pu subir tout au long de ma vie, que jamais je n'aurais pu tolérer ça, de personne. Encore moins du mec que j'aimais. Mais au final est-ce que ça aurait été vraiment pire que me briser le coeur en partant comme il l'avait fait alors que j'essayais simplement de l'aider? Certes de façon maladroite, mais le fait était là.

Elle avait donc déjà dit non à un client trop ivre. Ca ne m'étonnait pas, bien que je ne la connaissais que très peu, il m'apparaissait clairement qu'elle était plutôt du genre intègre. Et puis il existait peut-être bien une règle tacite dans le métier de barman/barmaid qui disait que continuer à donner de l'alcool à quelqu'un qui était déjà bien ivre relevait de la mise en danger d'autrui? Enfin peut-être pas puisqu'elle avait dit qu'il y avait forcément un vendeur quelque part qui leur donnerait ce qu'ils veulent. Je trouvais ça triste en un sens, d'aimer l'argent au point de manquer de principes. « Oui, je comprends. On ne peut pas sauver tout le monde, et encore moins ceux qui refusent de l'être.» Que pouvait-elle faire contre un gars qui se foutait de sa santé et voulait juste, être ivre en permanence jusqu'à en mourir à petit feu? L'attacher à une chaise? Je supposai que le bar ne contenait pas assez de chaises pour tous les attacher. « Mais refuser prouve déjà que tu es une personne de principes.» Je lui adressai un petit sourire. Au moins elle, elle refusait, et même si la personne trouvait ensuite quelqu'un d'autre pour lui fournir son alcool, elle avait sa conscience pour elle, et ça c'était beaucoup.

Sa question me fit réfléchir. C'était tout à fait possible après tout, puisque je ne remarquai pas ce genre de choses, probablement encore moins que tout le reste. « C'est possible... Mais je n'ai jamais été très entouré. Donc je ne vois pas qui aurait pu s'intéresser à moi de cette façon.» Je passai le plus clair de mon temps seul ou avec ma famille, et je n'avais jamais vraiment eut d'amis, alors l'équation trouvait vite sa solution. En général on me regardait plus comme une bête curieuse qu'autre chose.
« C'est si étrange que ça?» L'interrogeais-je seulement. Il était vrai que la plupart des gens connaissaient l'amour et les relations bien avant d'avoir 30 ans, mais il devait bien exister des neurotypiques qui ne s'intéressaient pas à ça, non? Et qui à mon âge vivaient tout comme moi seulement leur première expérience du genre.
« J'y ai pensé. Je suppose que c'est normal d'y penser, mais j'avais aucune idée de comment ça fonctionnait, et j'avais déjà tant de choses à apprendre..» Et je ne voulais pas m'embarrasser de ce truc en plus.
Apprendre le non-verbal me prenait beaucoup de temps depuis toujours.
« C'est même pas que je me suis intéressé à Hadès c'est que... C'est arrivé tout simplement.» Comment l'expliquer autrement? Avant personne ne s'intéressait suffisamment à moi pour me faire ressentir ce genre de sentiments, et Hadès était arrivé, et j'étais tombé amoureux, sans même avoir le temps d'y réfléchir. Et depuis c'était juste plus fort que moi et ma volonté.

Itziar m'expliqua ensuite ce qui ne fonctionnait pas pour elle, à savoir la violence, ce qui semblait logique en tout état de cause. Qui aimait se faire taper dessus? Et surtout, à quoi ça avançait, sinon détruire la personne?
« Moi non plus...» Répondis-je dans un souffle. La violence était pourtant omniprésente dans ce monde. Je relevai le regard vers elle.
« Quelqu'un a déjà été violent avec toi?» On ne savait jamais, peut-être bien qu'elle avait vécu ça au final. Ce que je n'espérais pas, parce que je trouvais ça d'autant plus horrible de s'en prendre physiquement à une femme. Mais était-ce réellement pire? Ce qui était vraiment pire c'était tout simplement de s'en prendre à plus faible que soi.
Je soulevai le menton pour acquiescer à son affirmation suivante. Elle avait bien raison. « Le problème c'est que souvent les autres ne supportent pas d'entendre des vérités qui dérangent.» Parce que souvent la vérité dérange, autant se l'avouer. Souvent elle blesse. Mais est-ce qu'on n'est pas sensé considérer que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort? Et les blessures de la vérité ne nous tuent pas à ce que je sache.
« Je dis toujours ce que je pense.» Et ça m'a valu bien des ennuis de par le passé, mais qu'importe, j'étais conçu comme ça et il ne pouvait en être autrement. « Je suppose que l'honnêteté est aussi une bonne base d'amitié.» Je n'avais certes pas une grande connaissance des relations, quelles que soient leurs types, mais j'avais au moins pu me faire mes propres idées. Et plus je discutais avec Itziar, plus je me rendais compte qu'à certains détails près, notre vision du monde se rejoignait sur bien des points.

La conversation se poursuit un petit peu en espagnol et pour l'instant je n'avais pas trop de mal à suivre, ce qui me fit ressentir un peu de fierté. J'avais toujours eut des facilités pour les langues vivantes, et j'espérais bien en apprendre un maximum avant de quitter ce monde. « Deux mois je dirais à peu près!» Lui répondis-je toujours en espagnol.
Pas au dernier moment mais presque qu'elle me dit, ce qui me fit rire. « Tu sais que ce n'est pas bon de bourrer ton cerveau de nombreuses informations en un cours laps de temps?» Je fis une petite moue réprobatrice, probablement un peu bizarre parce que celle là restait à travailler et ris une nouvelle fois. « Et tu y arrives?» Parce que oui, entre les cours, le travail et sa vie sociale, ça devait être tout sauf simple.
Je me contentai de sourire concernant la musique et l'humeur qu'elle signifiait. Et il en serait autant pour elle. Ce qui risquait d'enlever une grosse part de secret entre nous, et donc de nous rapprocher. C'était mon but après tout, je ne voulais que m'entendre avec mes colocataires et même devenir leur ami si jamais c'était possible.
« Alors on fait comme ça ! Oh t'inquiète pas j'ai l'ouïe fine, si tu mets ta musique un peu fort quelques minutes ça suffira pour que je vienne te parler.» Et je le ferais, parce que nous savions maintenant que si elle faisait ça, c'était parce qu'elle avait envie de me raconter ce qui n'allait pas, et que si je faisais ça, c'était pour la même raison. Et cette espèce de complicité naissante entre nous me ravissait au possible. Je n'avais rêvé que de ça toute ma vie, avoir moi aussi une vraie vie sociale, et depuis que j'étais ici, elle se créait doucement mais sûrement.

« Moi un homme fort? Je crois que tu t'es trompé de personne...
» J'eus un rire. « Je peux m'occuper des araignées ou autres insectes si tu veux mais en ce qui concerne les humains...» J'en étais incapable. Je n'avais jamais levé la main sur qui que ce soit. « Et puis je te signale que nous ne pouvons pas combattre tout ce qui n'est pas vivant, à savoir les esprits, les fantômes, les démons...» Si tant est qu'ils existaient, déjà, et nous n'avions aucunes armes contre eux. Après tout qui d'après-vous gagne dans un combat entre un mortel et un immortel?
« Mais non, on cherchera tous les deux sur internet et on fera ça ensemble!» J'étais loin d'être le Dieu des fourneaux, mais je savais lire une recette et faire des dosages précis, ça devrait aider, du moins le supposais-je.
« J'ai hâte qu'on fasse ça.» C'était sincère, j'avais vraiment hâte de passer un autre moment avec elle, et il serait sûrement encore une fois riche en rires et discussions interminables.

« J'ai vu plusieurs psychiatres, et avec la plupart ça a été désastreux, ce qui fait que je n'ai commencé à apprendre qu'à partir de les quinze ans.» Un sacré temps perdu n'est-ce pas? « Mais mon dernier psychiatre, Daniel m'a presque tout apprit. Et sinon j'ai aussi suite à ses conseils, beaucoup observé les autres pour apprendre.»  Oui, la meilleure école était bien d'observer les autres et d'agir par mimétisme, et même si c'était loin d'être tout à fait ça, ça devenait de plus en plus naturel.
Son affirmation suivant eut le don de me faire sourire. « Ah oui, tu es plutôt colérique?» Ca pouvait convenir à son tempérament après tout. Les Espagnols aussi de base étaient souvent des gens au caractère bien trempé, et ce n'était pas nécessairement pour me déplaire. J'aimais les gens qui avaient leurs avis et les exprimaient.
« Non, ça ne l'est pas. Mais tu fais partie des rares personnes qui me montrent que je ne suis pas supposé en avoir honte.» Si j'avais du mal à dire ce que j'étais c'était parce que j'avais subis beaucoup de moqueries et de coups, mais il existait de rares personnes comme elle, qui me voyaient au delà de l'autisme, et ça ça valait plus que tout l'or du monde à mes yeux.
Néanmoins, mon biper retentit dans la pièce, accroché aux passants de mon pantalon, comme toujours, je le saisis et regardai rapidement l'inscription en me levant d'un bond.
« Il faut que je file, j'ai une urgence... On se revoit vite pour la paella alors.» Et c'est sur un sourire, prenant mes affaires, que je sortis de la maison en trombe, direction l'hôpital.  
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty
Message(#)Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar  - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Insomnia._ Itziar Cortés de Aguilar

Aller à la page : Précédent  1, 2