Bien évidemment que de voir Ariane s’amuser au chat et à la souris en attisant les désirs probablement malsain et glauque de son stalkeur le fait réagir, et même au quart de tour, ce qui pour un Tad au petit matin, est un record qu’il aurait pu souligner si le ton de la conversation était encore à la rigolade. Mais il ne l’est pas. Il fulmine. Il fulmine devant la puérilité de la jeune femme et son inconscience totale du danger qu’elle serait en train de courir alors qu’elle répond au téléphone, d’un air de défi. Comme si c’était quelque chose qui se faisait quand un maniaque, après avoir fait un p’tit chez un membre de sa famille, démontre qu’il possède des informations aussi personnelles qu’un numéro de téléphone portable. Non, ce n’est en rien une banalité et ça l’exaspère Tad, parce que l’impression qu’il a de tout ça, c’est de se retrouver face à une adolescente qui goutte pour la première fois le danger de sa vie et qui apprécie que ça en rende sa culotte humide. Une gamine et malheureusement pour Ariane, ses décisions concernant cette affaire-là ne touche pas qu’elle, parce que le type a su montrer qu’il pouvait trouver des proches, des proches qui, ils le savent tous les deux ne réagiraient pas aussi bêtement que la rousse et peut-être que la probabilité que son entourage réprouve devrait la faire réfléchir deux fois. Mais ça, réfléchir, c’était sans compter sur le caractère de merde, responsable de leur rupture deux ans plus tôt, qui revient au galop. «
Et toi tu joues à quoi avec tes pulsions de chevalier servant pas du tout nécessaire? » Il se demande bien, parce que là, tout ce que sa raison lui dit, c’est qu’il aurait dû garder porte close et la laisser se démerder avec ses problèmes, ce qui a 99% de chance d’être la fin de cette histoire parce qu’il n’a aucune envie de jouer au parent avec Ariane si elle décide de jouer les justicières elle-même.
« Les flics vont pas courir après un troll qui s’incruste dans ma vie parce que je lui ai dit qu’il avait des mommy issues. Y’a pire que ça comme situation problématique dans le monde, y’a aucune raison de me foutre au top de la pile. » Non, évidemment. Le truc, c’est un mec normal qui a un peu le seum de s’être fait remettre en place, s’il a un problème, il le dit et confronte la personne. Un malade mental, ça passe des appels et se pointent chez tes proches mais visiblement expliquer ça à celle qui vient de régrésser de quinze années dans sa tête, ça parait impossible et là, Tad est tellement partagé entre la colère et l’envie d’en avoir plus rien à foutre de ce qu’elle fait qu'il n'en ajoute pas plus, parce qu’après tout, ils ne sont plus ensemble, pourquoi s’emmerder, elle est grande et n'a visiblement que faire de son opinion. Le problème, c’est que ça ne tient pas qu’à elle.
« T'es pas dans un film Tad. Le gars va pas me prendre en otage pour que tu puisses te transformer en héros et débarquer pour me sauver à la course juste entre la scène d’explosion et le générique. » Il a un rire soudain, moqueur, ce qui est rare mais de l’entendre parler de héros, c’est à se demander si elle ne fait pas exprès de jouer les allumeuses pour ensuite faire la pauvre demoiselle en détresse. Aussi malade que le mec, visiblement.
« J’ai jamais eu l’intention de jouer les héros. » Qu’il réplique d’un ton sec pour couper à toute idée qui pourrait se forme dans sa tête. Il a l’intention de rien du tout Tad, il démissionne. Elle veut gérer ça comme une grande, grand bien lui fasse.
« Et pour info, c’est toi qui te pointe inquiète, chez moi, qu’un mec ait réussi à trouver ta maman. C’est à croire que tu as tellement besoin d’attention, que tu t’en fiches que ça vienne d’un mec malade. » Juste pour re-préciser le contexte parce que le
« oh la la, j’ai peur qu’il s’en prenne à toi » Curieusement quand ça ne la touchait pas elle, c’était soudainement un danger. Enfin, visiblement, ce genre de conversation est à ajouter à la liste des sujets quand elle écrira la suite de son bouquin, parce qu’elle ne tarde pas à prendre la fuite.
« Garde tes ordres pour toi, merci pour le café, bonne vie. » Il esquisse un sourire alors qu’elle plie bagage et avant qu’elle ne claque la porte, il ne se prive pas d’ajouter la mention suivante.
« S’il arrive un truc à Nadia, je t’en tiendrais pour responsable ! » Parce que, encore une fois, elle n’est pas seule dans cette histoire mais l’égoïsme est une tare difficile à combattre.