« Moi je suis bien heureuse de pas pouvoir y retourner. » Stephen n'avait certainement pas eu la même adolescence que Carter. Depuis le temps que les deux se connaissaient, ils n'en avaient que très peu parlé, si tant est qu'on puisse appeler ça parler. Stephen et Carter avaient toujours évité les sujets qui fâchent, comme si les moments qu'ils passaient ensemble étaient exclusivement destinés à être de bons moments, des moments où l'on se changeait les idées. Il préférait ne pas relever, poursuivant cette lancée de non-évocation de souvenirs douloureux comme ils le faisaient si bien depuis des semaines. Peut être qu'un jour, les deux décideraient de passer le cap des conversations légères pour enfin aborder leurs histoires mutuelle et mieux se connaître l'un l'autre, mais pour le moment tout ce dont ils avaient besoin était de faire le vide, de se reposer. Etendu sur le lit, tout ce qu'il attendait était d'être rejoint par la brune pour une sieste de trente six heures amplement méritée. C'était ce dont il avait besoin, et sûrement qu'elle aussi. "Pas méchant Fawkes, réaliste." Le nez enfoui dans l'oreiller, le kinésithérapeute n'avait jeté qu'un bref coup d'oeil à la jeune femme qui troquait sa tenue féminine pour l'un de ses tshirts avant de s'échouer à ses côtés sur le matelas. Stephen n'avait pas eu besoin de plus de cinq secondes pour venir se blottir contre elle, et ce même s'ils avaient une assez grande différence de taille. La tête contre sa poitrine, les paupières closes, il se laissait enfin aller. Ecoutant cette fatigue qui n'avait de cesse de lui marteler de se reposer depuis des semaines. « Vraiment ? Je m’inquiète. » faisant un bref mouvement de la tête pour lui signifier que ce n'était rien, le brun relevait le menton pour déposer un baiser sur la joue de la jeune femme. "C'est pour ça que t'es la non ? pour qu'on dorme ?" qu'il répondait en esquissant un sourire. C'était valable pour elle aussi de toute façon. Stephen n'oubliait pas que même si sa vie était chaotique, celle de Carter n'était pas en reste non plus, même si elle avait cette manie de toujours faire passer les autres avant elle. « Tout finir par s’arranger tu sais ? Je sais que tout te tombe dessus d’un coup, mais… faut que tu te dises que ce n’est qu’une période à passer.. qu’un jour ou l’autre tu te réveilleras et plus rien ne sera aussi compliqué. Ta vie rendra dans l’ordre, bientôt tout ira bien je te promets. » La brune débitait ces paroles qui lui faisaient un bien fou avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Toutes ces choses qu'il n'osait pas se dire, tant il avait l'impression que la bataille était perdue d'avance. Ouvrant la bouche comme pour répondre quelque chose, le kiné n'en eut pas vraiment l'occasion. Carter avait poursuivi en évoquant leur relation qu'il avait maladroitement incorporé dans son lot de problèmes. « Puis en ce qui concerne ce qui se passe entre toi et moi… Je ne veux pas être un problème de plus dans ta vie Stephen… » Elle avait soupiré, comme résignée. Peut être qu'elle souhaitait renoncer, que c'était aussi trop compliqué pour elle aussi. Stephen secoua négativement la tête, se relevant doucement pour regarder Carter avec davantage de profondeur. "Je sais pas si tout rentrera dans l'ordre avec le procès. Honnêtement j'en doute." un rire nerveux sortait d'entre ses lèvres, rapidement dissipé par sa main qui passait sur son visage pour se remettre les idées en place. "mais je veux pas que tu quittes mon quotidien. Pas maintenant, et même si on s'engueule à chaque fois. J'ai l'impression... qu'il faut juste que ça se mette en place, toi et moi. Qu'on prenne nos marques. Je sais pas ce qu'on est, je sais pas où on va, mais tu me fais du bien. T'es tout sauf un problème, une complication tout au plus." De nouveau, ses lèvres se posaient contre les siennes tandis que ses bras attiraient à lui le corps frêle de la jeune femme. Rien n'avait de sens entre eux tant tout les opposait, mais contre toute attente ils se complétaient entre les étincelles que leurs caractères différents provoquaient. Sans Carter, Stephen aurait certainement pété un plomb, et même si leurs disputes étaient quasi quotidiennes elles en valaient la peine.
La brune ne savait pas si un jour elle serait capable de parler de tout ça avec Stephen, encore une fois la peur que son regard change envers elle était bien trop forte. Carter avait peur qu’on la regarde comme une victime ou qu’il y est de la pitié. Son passé était vraiment la chose qu’elle gardait le mieux dans sa vie, parfois elle en parlait sans vraiment le vouloir enfin il y a qu’un seul et unique sujet qu’elle balançait pas comme ça. Ce qui s’était passé quand elle avait trois ans, c’était juste impossible. Le reste était tout aussi grave, mais moins que cet épisode-là. La brune secoua doucement la tête tout en se changeant arrêtant de penser à tout ça, ce n’était pas le moment et elle ne pouvait pas savoir comment les choses allaient se passer avec Stephen. Peut-être qu’ils en arriveraient à ce stade-là, pour le moment ce n’était pas le cas, ils préféraient juste passer des moments calmes ensembles. « C’est noté, si j’dois faire de la rééducation je me tournerais pas vers toi puisque tu ne veux pas le faire. » Ouais enfin elle espérait quand même que cette chose n’arrive jamais sinon ça voudrait dire qu’elle s’était vraiment fait mal durant une de ses chutes. Rien de mieux pour avoir honte, c’est vrai que son équilibre était absent, mais ses chutes ne lui faisaient pas aussi mal que ça. La photographe se retrouvait sur le lit à son tour avec le kiné contre elle. Sa main toujours dans ses cheveux alors qu’elle avouait enfin son inquiétude par rapport à l’état de Stephen, c’était plus fort qu’elle. La dernière fois qu’ils avaient pu se voir, il avait déjà les traits tirés, mais là c’était juste pire. Elle laissait un petit rire sortir de sa bouche en entendant sa remarque, c’est vrai que ça faisait parti de sa venue pour le week-end. « Ouais, je suis surtout là pour que tu dormes, que tu manges et que tu te reprennes en main. » Avant la semaine qui arrive pour lui, elle voulait juste qu’il aille bien alors que ça n’allait pas durer. Au moins, ça marcherait pour deux jours. La jeune femme faisait de son mieux, elle ne savait pas si ça marchait, elle espérait dans tout les cas. Elle essayait de le rassurer par rapport à ce qu’il se passait dans sa vie, c’était qu’une période à passer et tout rentrerait dans l’ordre par la suite, elle ne doutait pas de ça. Il est vrai que c’était compliqué, qu’il avait envie de tout laisser tomber, mais il ne devait surtout pas faire un truc pareil. La brune enchaînait assez rapidement sur ce qu’il se passait entre eux, il en avait parlé après tout et s’il voyait tout ça comme un problème, elle préférait mettre fin à cette relation que de rajouter une source d’ennui dans sa vie. Carter n’avait pas envie d’avoir ce rôle, elle n’arriverait jamais à accepter ça, mais en même temps elle ne savait même pas si tout ce qui se passait entre eux pouvait prendre fin. Malgré les disputes, ils finissaient toujours par se retrouver, c’était juste plus fort qu’eux. « Non, bien sûr que tout ne rentrera pas dans l’ordre avec ce procès, mais après le jugement tu pourras juste tout remettre en ordre que tu obtiennes la garde d’Ana ou non. Ce sera juste plus simple. » Parce qu’il n’aurait plus du tout la pression du jugement, c’est vrai que s’il n’obtenait pas la garde de sa fille ça allait être compliqué à gérer pour lui, qu’il allait encore une fois se retrouvait au fond du gouffre, mais c’était aussi l’occasion pour lui laisser tout ça derrière pour avoir en quelque sorte une nouvelle vie. « J’ai pas envie que ça s’arrête non plus. » La photographe laissait ses mots sortir de sa bouche avant que la kinésithérapeute repose ses lèvres sur les siennes et qu’elle se retrouve de nouveau contre lui. Elle ne savait pas ce qu’elle pouvait rajouter de plus. Carter n’avait jamais vécue ce genre de relation avec quiconque, elle ne savait pas ce qu’il fallait faire ou même espérer pour la suite. Enfonçant sa tête dans son torse, elle fermait les yeux doucement tout en posant une de ses mains sous son haut pour toucher sa peau.
« C’est noté, si j’dois faire de la rééducation je me tournerais pas vers toi puisque tu ne veux pas le faire. » Stephen souriait en coin à cette remarque. Il ne doutait pas une seconde de ce qu'il se passerait si Carter avait besoin d'un kiné. Dans un premier temps elle ferait appel à lui, dans un second ils s'engueuleraient et elle irait ailleurs. Finalement, le confrère chez qui elle aurait été ne la mettrait pas en confiance et le brun était persuadé qu'elle reviendrait entre ses mains en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire. Stephen avait fini par cerner sa voisine et sa façon de fonctionner. Son caractère était au moins aussi pourri que le sien, sûrement pour ça qu'ils s'entendaient si bien. Plutôt que de répondre à cette idiotie il se contentait juste de pincer sa taille de ses doigts, comme pour lui signifier d'arrêter de dire des bêtises sans prononcer un quelconque mot qui pourrait devenir une source de discorde. Ce n'était pas le bon moment de toute façon. Le planning du weekend était parfait sans vouloir l'obscurcir par un mot plus haut que l'autre. Dormir, si toutefois il y arrivait, c'était l'objectif principal fixé par Carter, et elle était bien décidée à y arriver. « Ouais, je suis surtout là pour que tu dormes, que tu manges et que tu te reprennes en main. » Secouant doucement la tête, le kiné répondit avec peu d'optimisme : "t'es bien ambitieuse .." tandis que ses jambes se mêlaient à celles de la jeune femme qui l'avait rejoint sur le matelas. L'esprit encombré par des idées négatives, l'estomac noué... Stephen était un paquet de nerfs. Bien trop fier pour avouer clairement ses faiblesses, il se contenter de laisser la brune observer ses traits tirés et chasser ses inquiétudes du mieux qu'il le pouvait en minimisant la gravité de la situation. Il mettait sa santé en péril en agissant ainsi mais c'était comme s'il n'avait aucun contrôle. « Non, bien sûr que tout ne rentrera pas dans l’ordre avec ce procès, mais après le jugement tu pourras juste tout remettre en ordre que tu obtiennes la garde d’Ana ou non. Ce sera juste plus simple. » et là, cette remarque eut le don de le faire tiquer, de sortir de son demi sommeil pour observer la jeune femme avec un regard dur, mêlé de tristesse et de colère. "Je te promets Carter que si je perds je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour récupérer cette petite. C'est tout ce que Rachel m'a demandé de faire. Prendre soin d'elle, et il est hors de question que je me résigne à la laisser entre les mains de quasi inconnus qui n'ont jamais été foutus de s'occuper de leur fille." qu'il soufflait d'une voix à peine audible, mais ferme. Pour Anabel, et par extension pour le souvenir de sa femme, Stephen était prêt à tout. Il était hors de question pour lui d'accepter son sort si le jugement rendu lui retirait la garde de la fillette. Ce serait tourner définitivement la page, ce serait comme si son mariage n'avait été qu'une vague parenthèse et qu'on lui ordonnait de passer à autre chose. Il n'était pas prêt à ça, mais il n'était pas non plus prêt à s'étendre davantage sur le sujet. Carter lui glissait un « J’ai pas envie que ça s’arrête non plus. » auquel il répondit par un baiser pour clore un moment cette session confessions : parler n'était pas son fort. Lorsque leurs lèvres se séparaient et que Carter fit passer ses doigts gelés sous son t-shirt pour que sa peau soit en contact avec la sienne, Stephen passa un bras derrière elle, laissant doucement retomber sa tête sur l'oreiller. Le sommeil le gagnait tout doucement, même si ses inquiétudes lui menaient la vie dure. Entre tourner la page et se battre pour un souvenir, le kiné avait définitivement la tête à deux doigts de l'implosion. "Tu vas vraiment rester ici à me regarder dormir ?" qu'il soufflait à moitié éveillé. Ses insomnies à répétition semblaient le laisser tranquille, Carter dans ses bras. Stephen était à peine conscient de ce pouvoir qu'elle avait sur lui. Partager ses inquiétudes sans avoir à le formuler verbalement, être là l'un pour l'autre. La photographe prenait une partie de son stress chaque fois qu'elle était là, comme pour le décharger de ce fardeau qu'était devenu sa vie.
Carter ne savait pas réellement ce qu’elle pourrait faire si elle se trouvait dans ce genre de situation. Ô grand miracle, elle n’avait jamais eu à consulter un kinésithérapeute malgré son manque flagrant d’équilibre. La jeune maman comptait bien faire en sorte que cela continue ainsi, ce n’était pas dans son programme parce qu’importe qui était son kiné, elle allait se prendre la tête avec lui. Carter n’était pas la spécialiste pour prendre soin d’elle et surtout de sa santé, elle était plus du genre à faire ce qu’elle avait envie même si ça voulait dire aggraver les choses. Elle frappait immédiatement les doigts de Stephen qui venait de lui pincer la taille, ce n’est pas pour autant qu’elle s’éloignait de lui. La brune était bien là puis elle avait une mission bien précise en tête. La jeune femme avait envie qu’il s’endorme, elle finirait sûrement par le suivre même si elle n’avait pas autant besoin que lui de dormir. Le plus importante c’est que lui dorme plus que quelques minutes. « J’ai déjà réussie à faire en sorte que tu te rases, j’doute pas de mes capacités pour le reste. » Cette action restait une petite victoire à ses yeux, si dans le peu de temps qu’il restait dans le week-end, elle arrivait à faire ce qu’elle avait envie, ça serait plus qu’une petite victoire à ses yeux. Carter connaissait que trop bien son état pour savoir à quel point ça pouvait être inquiétant, il était hors de question qu’elle le laisse dans cet état et qu’elle le regarde juste mettre sa santé en danger sans rien dire. Le procès, la garde exclusive d’Anabel et tout le reste étaient des sujets sensibles entre eux pourtant ils continuaient d’en parler. Il fallait bien qu’ils en parlent un jour ou l’autre, il avait besoin de le faire et elle était là pour l’écouter. La photographe faisait de son mieux pour le rassurer ou même le conseiller, ce n’était juste pas simple parce qu’à côté de lui, sa situation était bien plus simple. La brune leva les yeux au ciel en voyant le regard qu’il venait de poser sur elle, tout comme les paroles qu’il lui lançait. Elle lui avait dit durant l’échange de message qu’ils avaient eu, qu’il avait intérêt de se battre s’il perdait parce qu’elle ne le laisserait pas tranquille si c’était le cas. Même si officiellement ce n’était pas sa fille, ça ne changeait rien qu’à ses yeux Anabel serait bien mieux avec Stephen. « Je t’ai dit de le faire, sinon je deviendrais ton pire cauchemar. Crois-moi, je ne rigole pas avec ça. T’as vraiment pas d’autres choix que de te battre pour Anabel, pour Rachel et surtout pour toi. Vous avez besoin l’un de l’autre surtout avec ce qu’il s’est passé. » Ce n’était pas possible qu’elle lui dise autre chose que ça, bien que si Carter finissait par perdre Thaïs, elle baisserait juste les bras. La photographe ne pouvait pas se battre contre le père de sa fille, elle le savait que trop bien, malgré tout elle avait un peu d’espoir pour le coup. Elle partait automatiquement perdante, ils avaient deux modes de vie totalement différents, lui avait eu une vie plutôt calme alors que la sienne avait été plus qu’horrible. Carter n’avait jamais fait les bons choix, elle ne doutait pas une seule seconde que tout ça allait se retourner contre elle. Ses yeux se fermaient pour ne pas penser à tout ça comme pour ne pas penser à leur relation qui n’avait aucun sens, aucune logique et surtout aucune étiquette. Tout ce qui se passait entre eux était complexe et elle était tout comme lui, perdue. La jeune maman n’avait jamais vécue une relation de ce genre-là puis ils étaient passés du calme absolue à des disputes constantes et blessantes. Elle espérait doucement que tout cela s’arrête bientôt pour que les moments comme celui qu’ils étaient en train de passer ensemble soit plus présent, c’était plutôt agréable d’avoir sa tête contre son torse. Les deux peaux étaient en contact l’une de l’autre, les jambes entremêlaient et la fatigue qui tombait doucement. « Tais-toi et dors. » Bien sûr que non qu’elle n’allait pas rester là à le regarder dormir, il n’y avait rien de plus étrange que ça. Carter avait juste besoin qu’il s’endorme, elle le sentait doucement lâcher prise et tant mieux.
La photographe était restée une bonne heure dans le lit avec Stephen qui s’était finalement endormi, un petit miracle. La jeune femme avait réussie à se détacher de lui sans le réveiller avant de prendre la direction de la cuisine. Après l’opération dormir, la prochaine étape était celle de manger. Peut-être qu’elle avait eu beaucoup trop d’ambition, elle avait eu la brillante idée de vouloir cuisiner, mais honnêtement elle le faisait depuis peu et ses doigts ne ressemblaient plus à grand-chose. Elle espérait que le kiné ne se réveille pas avant qu’elle ait finit, elle était foutu sinon. Stephen n’allait pas se gêner pour se moquer d’elle.
Stephen n'aurait jamais pensé trouver le sommeil de cette façon. Carter contre lui, sans la moindre dispute à l'horizon, sans la moindre tension. C'était un moment encore bien différent des précédents, comme si à chaque fois qu'ils se voyaient ils faisaient des efforts pour mettre de côté leurs caractères diamétralement opposés. « J’ai déjà réussie à faire en sorte que tu te rases, j’doute pas de mes capacités pour le reste. » qu'elle lançait avec une pointe de satisfaction. Elle n'avait pas tord. Carter savait se montrait convaincante, à moins que ce ne soit Stephen qui soit bien trop faible pour protester face à cette petite brune au tempérament bien trempé. Le jeune femme était bien décidée à le faire reprendre des forces, et même si habituellement la contredire était un jeu, cette fois ci le kiné n'avait clairement pas envie de le faire. Sa santé avait été reléguée au dernier plan ces derniers jours. Le procès qui approchait lui avait fait perdre tout bon sens. Se nourrissant à peine, dormant quelques heures par nuit.. il était à deux doigts de l'épuisement, et ça, Carter l'avait bien senti. « Je t’ai dit de le faire, sinon je deviendrais ton pire cauchemar. Crois-moi, je ne rigole pas avec ça. T’as vraiment pas d’autres choix que de te battre pour Anabel, pour Rachel et surtout pour toi. Vous avez besoin l’un de l’autre surtout avec ce qu’il s’est passé. » Stephen secouait négativement la tête, embrassant avec douceur le sommet de son front. "Tu sais que t'es tout sauf un cauchemar pour l'instant.." qu'il soufflait, choisissant délibérément d'éluder le sujet de la bataille judiciaire dans laquelle il était plongé malgré lui. Ce n'était pas le bon moment d'y songer, pas maintenant qu'il commençait enfin à se détendre. Sa respiration était plus lente, et après quelques minutes, la brune lui lança un « Tais-toi et dors. » auquel il avait protesté brièvement. Définitivement, il avait une très mauvaise influence sur elle à force d'user de l'impératif à tout va, mais pour le moment c'était le cadet de ses soucis.
Stephen s'était endormi rapidement, Carter contre lui. La présence de la brune l'avait apaisé. Pas de cauchemar, pas de tension. Un sommeil de plomb duquel il émergea après ce qu'il lui avait semblé être une nuit entière. "Cart ?" qu'il marmonnait en dégageant sa tête enfouie dans son oreiller. Pas de réponse. Se retournant, il voyait bien que la jeune femme n'était plus avec lui, alors haussant un sourcil il décida de se lever pour explorer les quelques pièces de la maison. Pas de Carter dans la salle de bain, descendant les escaliers il pénétra dans le salon où elle n'était pas non plus.. ne restait plus que la cuisine, bien sûr. Stephen s'y rendit immédiatement, découvrant la jeune femme en train de s'activer derrière le plan de travail. "T'es sûre que tu veux tenter de cuisiner quelque chose ? On peut se faire livrer un truc." Non pas qu'il doutait des compétences culinaires de sa voisine. Ou peut être que si, un tout petit peu. "Pourquoi t'es pas restée ? Je pensais que le deal c'était qu'on fasse une sieste" s'approchant, il fit glisser ses bras autour de sa taille pour l'attirer à lui, déposant un baiser sur le sommet de son crâne pour observer de plus près ce qu'elle tentait de leur préparer.
La photographe était restée dans ce lit le temps qu’il s’endorme, elle avait attendu une bonne heure avant de se détacher de lui pour s’occuper autrement. La brune n’allait pas rester à le regarder dormir jusqu’à ce qu’il se réveille, c’était plus que glauque. Alors elle l’avait simplement laissé dormir et était partie dans le salon pour le remplacer dans son canapé. Elle aurait pu se forcer à dormir à son tour, sauf qu’elle n’en avait pas besoin et ni envie d’ailleurs. La jeune femme avait enfin pris son téléphone pour donner des informations à ses parents, des messages froids et courts. Ce rendez-vous était toujours dans son esprit, ces mots qui lui annonçaient qu’elle n’aurait pas d’autres choix que de laisser sa fille à son père s’il en avait envie. C’était juste invraisemblable pour elle, elle n’arriverait jamais à se faire à cette idée-là. Elle avait eu l’habitude de voir sa fille rejoindre son père pour quelques semaines, mais là c’était juste impossible à ses yeux. Carter allait se retrouver toute seule, il y aurait sa sœur, mais ce n’était pas pareil. Le lien de sa fille était plus qu’important à ses yeux, elle ne se voyait juste pas vivre sans elle, ce n’était pas possible. La photographe bougea enfin pour rejoindre la cuisine, elle allait s’occuper l’esprit en cuisinant si c’était possible. Au moins, elle pourrait forcer Stephen à manger quand il se réveillera après sa sieste. Malgré toutes les bonnes intentions qu’elle avait, ce n’était pas une grande réussite. Carter savait cuisiner, avec un enfant c’était un peu la base quoi que non, mais elle avait appris quelques plats pour faire plaisir à sa fille. Mais la brune n’était pas non plus un chef, elle venait de se couper plusieurs fois les doigts, mais qu’importe. Elle ne comptait pas arrêter, elle s’occupait l’esprit d’une manière différente de ce qu’elle avait l’habitude et fini par sursauter en entendant la voix de Stephen. Définitivement, son esprit était plus que bien occupé au point qu’elle n’avait rien entendue. « Bordel… Je t’ai pas entendue. » Carter leva les yeux au ciel tout en continuant ce qu’elle faisait sans se retourner, il allait la rejoindre, non ? « Tu me fais pas confiance en matière de cuisine ? Et j’suis certaine de ce que je fais. » Aussi étonnant que cela puisse être. Un léger sourire en coin finit par se dessiner sur ses lèvres en sentant ses bras autour de sa taille et son corps contre le sien. Une de ses mains glissait sur son bras doucement avant de tourner légèrement la tête pour le regarder. « Parce qu’on avait un deal ? » La jeune maman souriait en coin avant de se tourner pour que ses bras entourent le cou de Stephen et que ses yeux puissent se planter dans les siens. « C’est toi qui devait te reposer, pas moi. J’suis pas restée pour que tu puisses te reposer tranquillement et parce que c’est glauque que je te regarde dormir. » Peut-être qu’elle avait pris une photo aussi, juste pour l’embêter la prochaine fois, mais ça elle n’allait pas lui dire sinon il allait la tuer. Ses deux mains sur sa taille, elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer ses lèvres rapidement sur les siennes avant de reprendre la parole. « T’as bien dormi au moins ? » Parce que dans tout ça, c’était la chose la plus importante, bien plus importante que son départ du fameux lit.
Stephen était encore dans cet état de demi sommeil, sans une quelconque notion du temps pour lui rappeler quelle heure il était ou que chaque seconde qui passait le rapprochait encore un peu plus de ce procès qu'il redoutait tant. Well done Fawkes. La brune avait réussi son objectif du weekend, et bien qu'il soit trop fier pour l'avouer, Stephen lui devait une fière chandelle. Une journée de plus à ce rythme et sa santé mentale n'aurait pas survécu. « Bordel… Je t’ai pas entendu. » un sourire en coin qui étirait ses lèvres, et le voilà s'approchant de la photographe pour passer ses bras autour de sa taille, et en profiter pour jeter un coup d’œil sur le plan de travail, histoire de deviner ce qu'elle concoctait. « Tu me fais pas confiance en matière de cuisine ? Et j’suis certaine de ce que je fais. » Il haussait les épaules, accueillant avec douceur le contact de sa main froide contre son bras. "Je dis juste que je ne t'ai jamais vue à l'oeuvre." En y réfléchissant bien, la seule et unique fois que ces deux là se sont retrouvés pour produire quelque chose de comestible de leurs mains s'était soldée par un échec retentissant. Enfin, un échec culinaire uniquement. "Si ma mémoire ne me fait pas défaut, la dernière fois, tu as lâchement abandonné mon estomac pour filer au premier." qu'il lui reprochait d'un air faussement déçu. Contrairement à Carter, Stephen était tout sauf attiré par la nourriture. En témoignaient ses placards injustement répartis entre nourriture saine et équilibrée pour Anabel, et paquets de chips pour lui. « Parce qu’on avait un deal ? » Se retournant, la photographe se hissait sur la pointe des pieds pour déposer un baiser contre les lèvres du brun qui resserrait son étreinte en retour. Il hochait doucement la tête, l'ombre d'un sourire qui planait sur son visage. Carter avait définitivement un effet positif chez lui, apaisant ses tensions, déridant ses traits. "J'avais en tête qu'on ne bouge pas de la haut, mais visiblement t'as envie de me faire perdre mes abdos." qu'il lançait avec amusement, avant de se faire rattraper par la réalité par la brune qui corrigeait : « C’est toi qui devait te reposer, pas moi. J’suis pas restée pour que tu puisses te reposer tranquillement et parce que c’est glauque que je te regarde dormir. » touché. Secouant doucement la tête, Stephen s'écarta doucement pour faire quelques pas en direction du réfrigérateur et d'en tirer une bouteille d'eau. « T’as bien dormi au moins ? » Haussant les épaules, il répondait avec amusement par un "Si je te dis non tu considères tes efforts comme un échec ?" avant de dévisser le bouchon pour boire par petites gorgées. "T'essaie de cuisiner quoi exactement ?" haussant le sourcil, il reportait son attention sur le plan de travail que dissimulait à moitié la fine silhouette de Carter. Pour lui, tout ce qui ne s'apparentait pas à des pâtes où une pizza était abstrait.
Toute son attention avait été apportée aux gestes qu'elle était en train de faire. A quel point qu'elle n'avait pas fait attention a l'arrivée de Stephen dans la cuisine, maintenant elle ne pouvait faire qu'attention puisque les deux corps étaient collés l'un contre l'autre. Ce week-end était bien différent des autres fois où ils avaient pu se retrouver dans cette maison. Les disputes étaient loin d'eux pour le moment, mais la photographe ne doutait pas une seule seconde qu'elles feraient un grand retour dans très peu de temps. Tout était bien trop beau. Un petit rire sorti d'entre ses lèvres avant de lever les yeux au ciel face à sa seconde remarque. C'est vrai que son plan de base avait été de préparer des crêpes, mais en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elles s'étaient retrouvés en second plan et oubliées par la suite. « Parce que c'est de ma faute ? » Elle haussait les sourcils tout en le regardant. Carter avait une autre version et dans la sienne, le coupable se trouvait être la personne qui été contre elle. « Je me souviens qu'une certaine personne et je me suis juste dévouée pour la réchauffer. » Elle haussait simplement les épaules comme si elle avait utilisé le moyen le plus logique pour le réchauffer. Carter le retrouvait avec le sourire ce qui était une bonne chose, il allait mieux et c'était bon signe. Même si au fond d'elle, elle savait parfaitement que Stephen allait se laisserait de nouveau aller quand chacun reprendrait leur routine quotidienne, que cette bulle éclaterait et que la réalité les rattrape. La brune préférait le voir comme ça, c'était déjà moins inquiétant et juste plus agréable. Encore une fois un sourire en coin se dessinait sur ses lèvres alors que sa prise sur le haut du kiné augmentait légèrement. Ils reprenaient leur habitude de se taquiner, être sérieux longtemps n'était pas leur fort. « Tu sais je peux pas te faire perdre quelque chose qui est inexistant chez toi. » Le brun venait de lui tendre une perche pour qu'elle mette une nouvelle fois son ego à mal. La plupart du temps elle racontait n'importe quoi simplement pour l'embêter, elle savait très bien qu'il avait des abdos même si pour certaines personnes cela pouvait être étonnant vu ce qu'il pouvait manger. De ce côté-là, elle n'était pas mieux, mais la brune avait la boxe pour se dépenser et se défouler - même si elle avait un peu mis cette activité de côté en ce moment. Une fois les deux corps éloignaient, elle reprenait ce qu'elle faisait avant son arrivée tout en se montent bien plus attentive, ce serait bien son genre de se faire parce qu'elle était en train de parler avec Stephen. Ouais elle était pas le genre de femme qui pouvait faire deux choses à la fois, enfin elle le pouvait, mais elle n'assurait pas la bonne exécution des deux tâches en question. « Quoi qu'il arrive c'est une réussite, Holloway. Ne gâche pas mon moment de gloire. » Peut-être qu'elle en faisait un peu trop pour le coup, mais c'était une deuxième victoire sur son programme de ce week-end et elle était certaine que ça lui avait fait du bien sauf que jamais il ne l'avouerait. Prenant le torchon qui été à ses côtés, elle finit par l'envoyer sur son voisin qui continuait à mettre en doute ces capacités à cuisiner. « Je cuisine... » Carter insista sur ce mot avant de continuer. « Du chili. » Sa mère avait été capable de lui apprendre étant donner qu'il s'agit du plat préfère des Reed et il lui avait laissé le champ libre alors bon. « C'est le plat préfère de mes parents adoptifs. » Information inutile, mais c'était tout de même sorti de ses lèvres.
« Parce que c'est de ma faute ? » Le sourcil relevé, la brune le défiait presque du regard en poursuivant par un « Je me souviens qu'une certaine personne avait froid et je me suis juste dévouée pour la réchauffer. » qui terminait de rejeter les torts sur lui. Stephen protestait à peine, levant les yeux au ciel tout au plus. C'était une chose qu'il ne pouvait pas vraiment réfuter après tout, même si lui se rappelait d'une certaine jeune femme qui avait retiré son haut et abandonné la pâte à crêpes à son triste sort sur le plan de travail. Cette fois ci cependant, Carter avait l'air de tenir à ce qu'elle était en train de préparer. L'espace d'une seconde, Stephen songeait qu'il devait vraiment avoir une triste mine pour qu'elle préfère la présence d'un saladier à la sienne. « Tu sais je peux pas te faire perdre quelque chose qui est inexistant chez toi. » qu'elle lui lançait alors qu'il était en train d'ouvrir le réfrigérateur pour en sortir sa bouteille d'eau. "Je savais bien que ma brioche te faisait craquer" Opter pour l'autodérision était une solution de facilité ce soir. Stephen était bien trop usé pour protester, et en toute honnêteté bien trop instable encore. Il préférait laisser son ego de côté pour revenir auprès de la brune qui était elle, bien disposée à jouer les mères poules ce soir. « Quoi qu'il arrive c'est une réussite, Holloway. Ne gâche pas mon moment de gloire. » le torchon qu'elle lui avait lancé au vol fut esquivé de peu malgré ses réflexes diminués par la fatigue. "T'es sûre que ça va les chevilles ?" comme un écho à ce qu'elle, pouvait lui lancer habituellement. Des rôles inversés le temps d'une soirée, entre une Carter qui prenait les rennes et un Stephen qui se laissait guider. « Je cuisine... » elle précisait avec insistance. Oui bon, soit. « Du chili. » Encore un truc qu'il aurait été capable de commander. Il s'apprêtait d'ailleurs à le lui dire dans un demi-sourire, mais elle poursuivait : « C'est le plat préfère de mes parents adoptifs. » Cet adjectif le fit tiquer. Adoptifs ? "Je savais pas que tu avais été adoptée." En fait, en y repensant bien, il ne savait que très peu de choses à son sujet. Jusqu'à maintenant, Stephen était persuadé de connaître Carter sur le bout des doigts, anticipant ses réactions, ayant exploré chaque moindre parcelle de son corps, mais ce n'était pas suffisant. "Parle moi de toi" il demandait en laissant de nouveau glisser ses bras autour de sa taille pour se rapprocher d'elle et observer ce que cuisinait la brune avec plus d'attention. Vu d'ici ça n'avait pas l'air bien compliqué, mais il y avait fort à parier que s'il s'y mettait le kiné se couperait un doigt. "Tu passes tellement de temps à vouloir t'occuper des autres et à tout faire pour eux que tu passes complètement à côté." Stephen songeait vaguement à tout ce qu'il savait déjà au sujet de Carter, mais en refaisant l'inventaire, il s'aperçut que ça ne concernait que son histoire récente. Son divorce, la bataille pour la garde de sa fille, et c'était à peu près tout. La brune était secrète, trop secrète sûrement. Il voulait en savoir plus, il voulait la connaître entièrement, et ne pas uniquement partager avec elle ce qu'elle voulait bien lui laisser voir.
La dernière fois qu’elle avait eu l’idée de faire quelque chose à manger pour le kinésithérapeute, ils avaient finis ensemble à l’étage, dans la chambre de son voisin pour se réchauffer mutuellement, même si elle était la fautive pour le coup. Il était évident que Stephen allait avoir froid sans son haut, mais la vue était bien trop agréable pour lui proposer de remettre son haut. Carter restait une femme après tout et avait aussi ses faiblesses. Clairement il faisait partie d’une d’elle surtout quand ils se retrouvaient ensembles. La brune arrêta rapidement ce qu’elle faisait pour le regarder tout en penchant la tête, elle s’attendait à beaucoup de choses sauf à cette réponse qui ne lui ressemblait pas. Carter avait l’habitude de mettre à mal son ego et il avait pour habitude de se plaindre, de la contredire alors que là pas du tout. Son état était bien plus grave que ce qu’elle peut croire. « Tu es vraiment à bout. » Honnêtement, elle ne savait juste pas quoi dire d’autres, elle ne s’attendait juste pas à ça et en même temps, elle ne voulait pas en rajouter une couche. Stephen n’avait sûrement pas besoin d’elle pour savoir que son état était inquiétant et grave aussi. Il devait s’en douter, même si depuis des jours il ne faisait rien pour arranger les choses laissant la peur de perdre sa fille prendre le dessus sur tout le reste. Carter baissa rapidement les yeux comme s’il y avait un quelconque changement chez elle ou alors qu’elle faisait réellement attention à ses chevilles. « J’ai encore de la marge, mais merci de t’en inquiéter. » Un grand sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’elle ne retourne à ses occupations, définitivement la cuisine était un bon moyen pour s’occuper l’esprit même si sans le savoir, elle pensait à ses parents en faisant ce plat. C’était assez comique dans le fond, elle laissait une révélation sortir de sa bouche sans savoir pourquoi. Enfin ce n’était même pas important, il s’agissait seulement d’un détail sur sa famille, un détail futile, mais qui prenait son sens pour le kiné apparemment. Ses épaules se haussèrent c’était qu’un détail, elle avait retrouvée son père biologique et elle avait pris son nom de famille puisque c’était important pour lui et pour elle aussi. « C’est compliqué. Puis tu as dû voir régulièrement mon père biologique, c’est pour ça. » Sa langue glissa sur ses lèvres tout en haussant encore une fois les épaules comme pour mettre fin à ce sujet. Carter était souvent mal à l’aise de parler d’elle, parce que ce n’était pas important à ses yeux et parce que son passé était un de ses plus grands secrets dans la vie. La brune ne voulait pas se dévoiler, elle ne voulait pas parler de ses faiblesses ou même de ses erreurs. Sa vie n’avait pas été simple et ne le serait jamais. « Il n’y a rien d’intéressant à dire sur moi, tu sais. » Stephen semblait bien déterminer à ce que sa propre vie soi le sujet de discussion, elle n’en avait pas envie. Ce n’était pas contre le kiné, elle était comme cela avec tout le monde, c’était un réflexe depuis des années. « Le fait de passer à côté m’arrange bien en fin de compte. » Ouais, c’était un bon compromis. Elle pouvait s’occuper l’esprit en s’occupant des autres et en même temps on ne cherchait pas à en savoir plus sur elle ou simplement essayait de l’aider. La brune préférait se débrouiller toute seule, se montrer comme une femme forte alors qu’elle était plutôt faible dans le fond. La photographe finissait par déposer ce qu’elle avait dans les mains avant de relever la tête pour le regarder dans les yeux, elle n’était plus en train de rire ou même de faire semblant. Elle était très sérieuse, comme jamais il n’avait pu la voir depuis qu’ils se connaissaient. « Promets-moi que tu vas continuer de me regarder comme tu me regardes actuellement… Je veux pas que tu me regardes avec de la pitié ou comme si j’étais une victime. J’le supporterai pas. » La brune avait besoin d’entendre ses mots avant de lui donner une partie de sa vie, une partie d’elle. La partie la plus importante et qu’elle ne donnait pas à n’importe qui. A part son père, il serait sûrement la seule personne dans cette ville à connaître tous ses secrets.
« Tu es vraiment à bout. » qu'elle lui lançait comme une conclusion, un fait qui s'imposait de lui même face à ses réactions qui ne lui ressemblaient pas. Stephen donnait le change, mais pas suffisamment pour tromper la brune qui le connaissait décidément plutôt bien. Elle savait qu'il camouflait ses faiblesses en tenant debout. C'était sûrement son égo qui le poussait à le faire d'ailleurs. Jouer au type meurtri et paniqué devant son amante n'était pas prévu dans les plans. Heureusement pour lui la brune ne poursuivait pas, préférant à la place relever sa remarque sur son pseudo égocentrisme : « J’ai encore de la marge, mais merci de t’en inquiéter. » qu'elle balançait avec un large sourire qui chassait la constatation morose faite précédemment, sans savoir que le sujet vers lequel il s'orientait maintenant en était un des plus glissants. Stephen laissait tomber pour s'approcher près d'elle, piqué de curiosité face à ce petit bout de femme dont il ne connaissait au final pas grand chose. « C’est compliqué. Puis tu as dû voir régulièrement mon père biologique, c’est pour ça. » Vaguement, pour lui c'était son père et il n'avait jamais fait de distinction. « Il n’y a rien d’intéressant à dire sur moi, tu sais. » Stephen levait les yeux au ciel tandis que ses mains encerclaient sa taille avec douceur. Ses lèvres se plantaient doucement au sommet de son crâne pour l'encourager à poursuivre. « Le fait de passer à côté m’arrange bien en fin de compte. » "Raconte moi" il reformulait. Pas question pour elle de se dérober, Stephen avait vraiment envie de savoir toute l'histoire, et pas uniquement se contenter de partager des moments sympas en mettant au placard les soucis pour quelques heures. Il se disait vaguement qu'en connaissant Carter d'une façon différente ils arriveraient à mieux gérer leur relation. Où peut être que ce serait pire. Avec elle, le kiné ne savait jamais sur quel pied danser. « Promets-moi que tu vas continuer de me regarder comme tu me regardes actuellement… Je veux pas que tu me regardes avec de la pitié ou comme si j’étais une victime. J’le supporterai pas. » Se retournant pour lui faire face, la photographe prit une expression des plus sérieuse. Stephen ne s'attendait pas à ce qu'elle débute son récit par une telle mise en garde. L'une de ses mains vint doucement se poser contre sa joue, son visage s'approchant du sien pour déposer ses lèvres contre les siennes. "Je te promets Carter. Quoique tu me dises." et c'était bien ça la question : qu'allait elle lui dire ?
Qu’est-ce qu’elle avait cru ? Que ce moment n’arriverait jamais et que Stephen ne chercherait jamais à la connaître entièrement ? La brune avait réussie à se mentir à ce point, elle s’était voilée la face et maintenant elle faisait face à la réalité encore plus avec son insistance lui prouvant qu’elle ne pourrait pas y échapper. Cette fois, il n’était plus question de passer à travers, elle était le centre de l’attention, tout ce qu’elle détestait. Baissant les bras, elle se tournait vers lui pour le faire promettre, même si son regard allait changer quoi qu’il puisse se passer ou quoi qu’il puisse lui dire. Ce qui s’était passée dans sa vie n’était pas anodin, cela changeait le regard de quiconque qui était au courant, c’était comme ça. Carter croyait en ses mots, elle avait confiance en lui, mais la réalité serait différente. Passant une main sur son visage, elle finit par prendre la parole, c’était comme un pansement, il fallait tout sortir d’un coup en espérant que ce ne soit pas si horrible que ça. « J’suis née à Brisbane par une mère porteuse. J’ai vécue avec mon père avant d’être kidnappée quand j’avais trois ans. J’ai… » Elle soupira passant sa main sur son visage avant de reprendre. « J’ai été abusé sexuellement avant de finir chez ma famille adoptive et pas de façon très… légale. J’ai atterris à Wichita où j’ai grandis entre séjour à l’hôpital après les agressions dont j’étais victime. Un mec avec qui j’ai grandis a eu du mal à accepter que je pouvais être bisexuelle et déjà à l’époque, je ne faisais rien pour arranger les choses. J’en avais rien à faire de son avis alors. » Ouais, elle en avait fait qu’à sa tête à ses risques et périls. Elle n’en avait rien eu à faire, elle avait continuée de vivre sa vie et même avec des femmes. Déjà à l’époque elle se foutait de tout et de tout le monde, elle aurait dû apprendre de ses erreurs et pourtant. « Puis j’suis rentré à Harvard pour mes études, le paradis puisque j’étais loin de mes parents, mais l’enfer aussi. C’est quand j’suis arrivée à Boston que j’ai commencé à boire, à beaucoup trop boire et à beaucoup trop fumer. J’ai complètement déraillée, j’ai commencé à me droguer, j’ai fait deux tentatives de suicide et une fausse couche. J’me sentais pas bien, j’faisais pas réellement à ma santé, je pensais juste que c’était mieux si j’étais pas là, plus là. » Elle ne savait pas réellement comment expliquer les choses, c’était la pire période de sa vie et elle n’avait pas tout raconter loin de là. Il restait à raconter la pire chose qu’elle avait pu vivre dans sa vie, la chose qu’elle voulait à tout prix oublier, mais c’était impossible. Même ses séances chez sa psychologue ne l’aidait pas, rien ne pouvait l’aider de toute manière, elle devait faire avec. « Puis… j’ai beaucoup voyagé dès que je pouvais, j’allais ailleurs pour me changer les idées. J’suis partie à Londres quelques jours.. » Sa langue glissait sur ses lèvres, est-ce qu’il voulait réellement tout savoir ? « J’ai été violée. » Comme d’habitude elle voulait minimiser les choses alors elle haussa simplement les épaules. Ce n’était pas rien et ça ne le serait jamais quoi qu’elle puisse faire ou même dire. « C’est pour ça que j’ai commencé la boxe, j’ai décidée à ce moment précis qu’aucun homme avait le droit de lever la main sur moi sans que je ne puisse me défendre. Au début c’était un moyen pour me défendre et c’est vite devenu quelque chose où je pouvais me lâcher surtout quand j’étais en colère. Après la suite est plutôt simple, j’ai continué de vivre à Boston pour finir mes études et avoir mon diplôme de droit. J’ai retrouvé mon père biologique et quand j’suis tombée enceinte, on a pris la décision de vivre à Sydney avant que ce soit le bordel et que je vienne m’installer à Brisbane. » Alors que ses mots étaient sortis de sa bouche, elle avait baissé la tête pour regarder ses mains, se concentrant sur autre chose que sur l’homme qui se trouvait en face d’elle. Son récit venait de mettre fin à la pseudo bonne ambiance qu’il avait eu entre eux, mais il avait eu envie de savoir, maintenant il était au courant.
Stephen avait doucement retiré sa main de la joue de Carter pour la faire revenir à sa place initiale contre sa taille. Il ne s'attendait pas à une telle mise en garde, même si c'était sûrement simple pour lui de dire ça. Sa vie étant lisse et presque banale quand on y repense bien. La seule excentricité de son quotidien était sa naissance à des milliers de kilomètres de là, mais pour le reste Stephen était un type plutôt lambda. La photographe prit une inspiration, comme pour débiter son histoire d'une traite pour éviter d'avoir à trop en dire, éviter de s'étendre. Lui l'écoutait le plus calmement possible, sans rien dire même si quelques questions lui brûlaient les lèvres parfois. « J’suis née à Brisbane par une mère porteuse. J’ai vécue avec mon père avant d’être kidnappée quand j’avais trois ans. J’ai… » kidnappée ? ses sourcils s'étaient froncés. Il comprenait mieux ce qu'elle voulait dire par "la traiter comme une victime" puisque le reste de son récit n'allait faire qu'empirer : « J’ai été abusé sexuellement avant de finir chez ma famille adoptive et pas de façon très… légale. J’ai atterris à Wichita où j’ai grandis entre séjour à l’hôpital après les agressions dont j’étais victime. Un mec avec qui j’ai grandis a eu du mal à accepter que je pouvais être bisexuelle et déjà à l’époque, je ne faisais rien pour arranger les choses. J’en avais rien à faire de son avis alors. » son corps tout entier qui se raidissait et ses doigts qui venaient se glisser aux siens alors qu'il attrapait sa main pour l'encourager à poursuivre. « Puis j’suis rentré à Harvard pour mes études, le paradis puisque j’étais loin de mes parents, mais l’enfer aussi. C’est quand j’suis arrivée à Boston que j’ai commencé à boire, à beaucoup trop boire et à beaucoup trop fumer. J’ai complètement déraillé, j’ai commencé à me droguer, j’ai fait deux tentatives de suicide et une fausse couche. J’me sentais pas bien, j’faisais pas réellement à ma santé, je pensais juste que c’était mieux si j’étais pas là, plus là. Puis… j’ai beaucoup voyagé dès que je pouvais, j’allais ailleurs pour me changer les idées. J’suis partie à Londres quelques jours.. » Elle ponctuait à nouveau son récit d'une pause tandis que ses doigts mêlés aux siens caressaient doucement la paume de sa main, comme pour lui montrer qu'il était là, qu'ils étaient ensemble dans cette cuisine et que ce passé était loin derrière elle. « J’ai été violée. » Son cœur ratait un battement, la vie de Carter avait été mouvementée, mais pas forcément dans les bons sens du terme. Il la connaissait assez bien pour savoir que ce mouvement d'épaules n'était que sa volonté de dédramatiser les choses. Ses lèvres se posaient sur le sommet de son crâne, comme si ça pouvait changer quelque chose à sa peine. « C’est pour ça que j’ai commencé la boxe, j’ai décidée à ce moment précis qu’aucun homme avait le droit de lever la main sur moi sans que je ne puisse me défendre. Au début c’était un moyen pour me défendre et c’est vite devenu quelque chose où je pouvais me lâcher surtout quand j’étais en colère. Après la suite est plutôt simple, j’ai continué de vivre à Boston pour finir mes études et avoir mon diplôme de droit. J’ai retrouvé mon père biologique et quand j’suis tombée enceinte, on a pris la décision de vivre à Sydney avant que ce soit le bordel et que je vienne m’installer à Brisbane. » Elle n'avait pas été plus loin. Le reste de l'histoire, il le connaissait. "C'est fini Carter.." qu'il glissait à la jeune femme, relevant son menton pour croiser son regard. "J'étais pas prêt à m'imaginer le quart de ce que tu m'as dit là.." même un dixième, honnêtement. "et j'aimerai tellement que tu puisses oublier tout ça et enfin être tranquille." il secouait doucement la tête, approchant son visage pour embrasser doucement ses lèvres, son front se reposant sur le sien.
Parler de son passé ce n’était pas facile, elle n’aimait pas ça. Elle haïssait ça parce qu’elle avait l’impression de passer pour une femme faible, pour une personne qui avait besoin d’aide comme rien n’allait dans sa vie. Carter n’avait pas envie qu’on lui colle cette étiquette de victime, elle faisait constamment comme si de rien était, souriant et se montrant présente pour les autres. C’était tellement plus simple pour elle, elle pouvait mettre de coté tous ses soucis et faire en sorte que la vie des autres soit bien meilleure que la sienne. Stephen était la seule personne qui ne faisait pas partie de sa famille qui était au courant de ce qu’elle avait pu vivre, elle venait de lui ouvrir une partie d’elle sûrement la plus importante, celle qui expliquait pourquoi elle était comme ça maintenant. La brune lui donnait aussi la possibilité de lui faire du mal en utilisant tout ça contre elle, même si elle avait une confiance aveugle en Stephen. Elle savait parfaitement qu’il n’utiliserait pas tout ça contre elle, mais c’était tout de même une pensée qui avait traversée son esprit. Le père de sa fille comptait bien utiliser tout ça pour avoir la garde de Thaïs alors ouais, elle n’avait pas pu supprimer cette pensée. Le kinésithérapeute releva sa tête pour que les deux regards ne se croisent, elle était surprise de voir qu’il la regardait comme tout à l’heure, il avait le même regard. « Je crois que personne n’est réellement prêt à s’imaginer ce genre de chose… » Puis avec les années qui étaient passés, elle avait réussi à donner le change aux autres. Il suffisait de sourire, de faire comme si tout allait bien pour que personne ne se doute de ce qu’il s’était passé dans sa vie, de ce qu’elle portait sans cesse sur les épaules. Même si tout cela s’était passé il y a des années, ça avait incontestablement un impact sur sa vie actuelle et sur sa vie future. La brune devrait en parler plus régulièrement, plus facilement, mais elle n’en était pas capable. Elle n’était pas capable d’accepter le fait que certaines personnes pourraient la regarder comme une victime, elle ne pouvait pas. Après ce baiser, elle laissait un fin sourire se dessiner sur ses lèvres avant qu’une de ses mains ne se pose sur la joue de son voisin. « J’aimerai aussi que ce soit possible, mais ça serait bien trop facile. Je dois vivre avec, je le fais depuis des années et je peux continuer de le faire encore des années. Il faut juste.. que je battes sans cesse pour ne pas retomber dans tout ça. » L’alcool, la drogue et le reste. C’était sa fille qui était sa bouée de sauvetage, c’était grâce à elle qu’elle était sorti de tout ce bordel alors ouais, elle ne pouvait pas la perdre. La brune avait juste besoin de ce petit bout de vie près d’elle pour ne pas laisser ses démons reprendre le dessus. « A toi maintenant. Parle-moi de toi. » Même si clairement elle ne s’attendait pas à des révélations comme les siennes. Ils étaient différents sur tout les points, c’était presque un miracle qu’ils arrivent à s’entendre à ce point. La brune en profitait pour qu’ils changent de sujet, qu’ils arrêtent juste de se concentrer sur elle et sa vie de merde.
Stephen n'était pas du genre à juger qui que ce soit. Il n'avait pas été élevé comme ça même s'il se complaisait dans le monde de clichés et de banalités dans lequel il vivait. Jamais un faux pas, jamais un faux pli, le jeune homme était aux antipodes de ce qu'était Carter, si bien qu'il ne pouvait que acquiescer lorsqu'elle lui répondait par un « Je crois que personne n’est réellement prêt à s’imaginer ce genre de chose… » Un fin sourire était finalement venu se glisser sur son visage lorsque leurs lèvres se séparaient. Toute cette histoire était loin derrière elle, au final c'était sûrement ce qui avait le plus d'importance maintenant. « J’aimerai aussi que ce soit possible, mais ça serait bien trop facile. Je dois vivre avec, je le fais depuis des années et je peux continuer de le faire encore des années. Il faut juste.. que je battes sans cesse pour ne pas retomber dans tout ça. » L'une de ses mains glissait contre son cou, trouvant sa place sur sa joue avant de déposer un baiser sur le sommet de son front d'un geste infiniment protecteur. "Et tu continueras de le faire, pour Thaïs." qu'il rétorquait. S'il y avait bien une personne au monde pour qui la brune devait continuer d'agir c'était bien sa fille. Le lien qui les unissait primait sur tout le reste, et surtout sur ces conneries qu'étaient l'alcool ou la drogue. « A toi maintenant. Parle-moi de toi. » Il haussait les épaules, avant de répondre d'un ton plus léger : "t'es prête à t'ennuyer ?" tandis qu'un sourire amusé se formait au coin de ses lèvres. "Je suis un "bébé échange universitaire"" qu'il commençait en mettant des guillemets sur l'expression. "Ma mère est partie faire ses études en Irlande et finalement.. elle a trouvé mon père et je suis née un an plus tard. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé ensuite puisqu'elle ne m'en a jamais parlé, mais elle a fait ses valises pour Brisbane quand j'avais six ans et depuis c'est le silence radio. J'ai changé de nom pour prendre le sien, et elle ne m'a jamais plus parlé de lui." Il haussa doucement les épaules, comme résigné. Son père n'avait jamais vraiment causé un quelconque manque chez lui tant sa mère assurait pour deux. "J'ai perdu mon accent, gagné en bronzage et j'me suis fait des amis facilement. Pour le reste.. tu connais. J'ai été à la fac, j'ai travaillé comme kiné généraliste un moment avant d'ouvrir le cabinet il y a deux ans. J'ai une assistante qui me sauve la vie et ... c'est à peu près tout." sûrement la vie la plus banale qui soit si tant est qu'on faisait abstraction du cancer qui avait balayé sa famille en un claquement de doigts.
Accueil
« Moi je suis bien heureuse de pas pouvoir y retourner. » Stephen n'avait certainement pas eu la même adolescence que Carter. Depuis le temps que les deux se connaissaient, ils n'en avaient que très peu parlé, si tant est qu'on puisse appeler ça parler. Stephen et Carter avaient toujours évité les sujets qui fâchent, comme si les moments qu'ils passaient ensemble étaient exclusivement destinés à être de bons moments, des moments où l'on se changeait les idées. Il préférait ne pas relever, poursuivant cette lancée de non-évocation de souvenirs douloureux comme ils le faisaient si bien depuis des semaines. Peut être qu'un jour, les deux décideraient de passer le cap des conversations légères pour enfin aborder leurs histoires mutuelle et mieux se connaître l'un l'autre, mais pour le moment tout ce dont ils avaient besoin était de faire le vide, de se reposer. Etendu sur le lit, tout ce qu'il attendait était d'être rejoint par la brune pour une sieste de trente six heures amplement méritée. C'était ce dont il avait besoin, et sûrement qu'elle aussi. "Pas méchant Fawkes, réaliste." Le nez enfoui dans l'oreiller, le kinésithérapeute n'avait jeté qu'un bref coup d'oeil à la jeune femme qui troquait sa tenue féminine pour l'un de ses tshirts avant de s'échouer à ses côtés sur le matelas. Stephen n'avait pas eu besoin de plus de cinq secondes pour venir se blottir contre elle, et ce même s'ils avaient une assez grande différence de taille. La tête contre sa poitrine, les paupières closes, il se laissait enfin aller. Ecoutant cette fatigue qui n'avait de cesse de lui marteler de se reposer depuis des semaines. « Vraiment ? Je m’inquiète. » faisant un bref mouvement de la tête pour lui signifier que ce n'était rien, le brun relevait le menton pour déposer un baiser sur la joue de la jeune femme. "C'est pour ça que t'es la non ? pour qu'on dorme ?" qu'il répondait en esquissant un sourire. C'était valable pour elle aussi de toute façon. Stephen n'oubliait pas que même si sa vie était chaotique, celle de Carter n'était pas en reste non plus, même si elle avait cette manie de toujours faire passer les autres avant elle. « Tout finir par s’arranger tu sais ? Je sais que tout te tombe dessus d’un coup, mais… faut que tu te dises que ce n’est qu’une période à passer.. qu’un jour ou l’autre tu te réveilleras et plus rien ne sera aussi compliqué. Ta vie rendra dans l’ordre, bientôt tout ira bien je te promets. » La brune débitait ces paroles qui lui faisaient un bien fou avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Toutes ces choses qu'il n'osait pas se dire, tant il avait l'impression que la bataille était perdue d'avance. Ouvrant la bouche comme pour répondre quelque chose, le kiné n'en eut pas vraiment l'occasion. Carter avait poursuivi en évoquant leur relation qu'il avait maladroitement incorporé dans son lot de problèmes. « Puis en ce qui concerne ce qui se passe entre toi et moi… Je ne veux pas être un problème de plus dans ta vie Stephen… » Elle avait soupiré, comme résignée. Peut être qu'elle souhaitait renoncer, que c'était aussi trop compliqué pour elle aussi. Stephen secoua négativement la tête, se relevant doucement pour regarder Carter avec davantage de profondeur. "Je sais pas si tout rentrera dans l'ordre avec le procès. Honnêtement j'en doute." un rire nerveux sortait d'entre ses lèvres, rapidement dissipé par sa main qui passait sur son visage pour se remettre les idées en place. "mais je veux pas que tu quittes mon quotidien. Pas maintenant, et même si on s'engueule à chaque fois. J'ai l'impression... qu'il faut juste que ça se mette en place, toi et moi. Qu'on prenne nos marques. Je sais pas ce qu'on est, je sais pas où on va, mais tu me fais du bien. T'es tout sauf un problème, une complication tout au plus." De nouveau, ses lèvres se posaient contre les siennes tandis que ses bras attiraient à lui le corps frêle de la jeune femme. Rien n'avait de sens entre eux tant tout les opposait, mais contre toute attente ils se complétaient entre les étincelles que leurs caractères différents provoquaient. Sans Carter, Stephen aurait certainement pété un plomb, et même si leurs disputes étaient quasi quotidiennes elles en valaient la peine. 